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00:00Je suis Aurélie Palu, professeure au lycée Ozen à Toulouse et j'enseigne en prépa EC, ECG et ECT.
00:10Il est très fréquent que le thème soit un nom. L'an dernier, on avait cette exception avec le
00:19verbe aimer. Mais face à un nom, il va falloir s'interroger sur le déterminant qui a été choisi.
00:24Le monde, c'est d'abord notre monde, celui auquel nous avons accès immédiatement,
00:30et celui à partir duquel nous allons construire des idées plus ou moins abstraites. Bien
00:35évidemment, on pourra jouer sur ce déterminant, se demander ce qu'est un monde et s'il existe des
00:42mondes. Ensuite, pour traiter ce sujet, il serait bon de l'habiller avec des verbes. Par exemple,
00:49habiter le monde, comprendre le monde ou encore refaire le monde. Il faudra aussi l'habiller avec
00:56des noms. L'ordre du monde, la fin du monde ou la beauté du monde. Et puis, bien évidemment,
01:02on s'interrogera sur les expressions courantes. Il faut de tout pour faire un monde où le monde est
01:06petit. C'est un thème qui va être dense, qui va être riche parce que le terme est polysémique.
01:16Il faudra vraiment exploiter cette polysémie du terme. Moi, je crois beaucoup à ce dialogue que
01:22l'on va vous proposer entre philosophie et littérature. Parce qu'en philosophie, il faudra
01:27s'interroger sur la vision du monde qui a été celle des Épicuriens, des Stoïciens, de Platon,
01:33d'Aristote ou de Kant. Et en littérature, les romans ou les oeuvres sont là pour représenter
01:41le monde, mais aussi pour créer des mondes alternatifs. Bien évidemment, c'est un thème
01:47qui est ambitieux, qui est difficile, mais c'est peut-être ça aussi tout l'intérêt de ce thème
01:51puisqu'après tout, nous allons passer plusieurs mois sur ce sujet et l'objectif sera de construire
01:56une culture dense pour proposer une pensée personnelle et subtile. C'est un terme qui
02:07va exiger plusieurs approches. Une approche astronomique, une approche physique et métaphysique,
02:14géographique, politique, sociologique avec les classes sociales comme des mondes, littéraire
02:21et logique. Donc comment éviter la dispersion ? On peut dans un premier temps essayer d'étiqueter
02:29le monde en fonction de différentes échelles. D'abord l'échelle astronomique avec l'idée de
02:35ce monde dans l'univers. Ensuite, une échelle plus géographique, le monde c'est la terre avec ses
02:43territoires et ses frontières. Troisième aspect, un aspect peut-être anthropologique et sociologique,
02:49donc le monde c'est une civilisation, une culture ou encore une classe sociale, le monde ouvrier.
02:57Et puis dernier temps, une échelle plus individuelle avec les mondes intérieurs, le monde psychique.
03:04Mais là encore, on a affaire à une certaine diversité. Alors sans vouloir conclure trop
03:09vite, on peut peut-être estimer que le monde doit être considéré comme un tout avec une
03:17organisation et une structure. Je crois aussi qu'il sera important de réfléchir aux nuances
03:26entre cosmos, monde et univers. Le cosmos, c'est ce qui a donné le terme cosmétique,
03:32le cosmos c'est l'idée d'un monde harmonieux, d'un tout ordonné. Par contraste, le monde c'est
03:42peut-être quelque chose de plus complexe. Si on met en dialogue le monde et l'univers,
03:48je dirais que l'univers c'est ce qui est infini, par contraste avec le monde qui aurait un centre
03:56et une structure. Réfléchissez bien aux nuances entre ces termes parce qu'on va parler d'homme
04:00du monde, mais on ne parlera pas d'homme du cosmos. On parlera d'univers mental, de monde
04:07intérieur, mais pas de cosmos intérieur. Donc attention à ces nuances. Et puis, dernière chose
04:13peut-être, c'est la question du lien entre l'homme et le monde. Là-dessus, il y a une citation de
04:18Merleau-Ponty qui me semble très éclairante, c'est la suivante. D'un côté, l'homme est une partie du
04:24monde, de l'autre, il est conscience constituante du monde. C'est-à-dire que l'homme est à la fois
04:30dans le monde, il en fait partie, il subit des influences, mais il est aussi hors du monde dans
04:40la mesure où il peut le contempler, le penser, le nommer. Et à la fin, il faudra se demander si ça
04:48n'est pas, en quelque sorte, notre regard qui dessine le monde et notre langage ou notre pensée
04:55qui constitue le monde en tant que tel.
05:02Je crois qu'il va falloir prendre en charge la singularité de chaque sujet. A mon avis, c'est ce qui ferait la qualité d'une copie, c'est-à-dire que le sujet est souvent une formulation courte, une citation, une question ou une expression.
05:17Et donc, chaque mot compte. Donc, il va falloir commencer par définir les termes du sujet, interroger les liens entre ces termes et puis essayer de montrer les limites ou les nuances du sujet.
05:30La bonne copie, c'est celle qui va se battre, en quelque sorte, avec le sujet, qui va plutôt problématiser le sujet, c'est-à-dire montrer qu'il y a un problème et qui va soulever toute une série de questions.
05:43Donc, en fait, l'écueil, ce serait de proposer une réponse toute faite, de clôturer trop vite la réflexion ou d'essayer de réciter le cours.
05:52Il faut vraiment s'adapter au sujet qui vous est proposé et convoquer de façon souple, de façon subtile, les cours et les références que vous aurez pu emmagasiner pendant l'année.
06:13Sous-titrage Société Radio-Canada