• il y a 6 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00Place à vous Emmanuelle Ducrox, bonjour Emmanuelle !
00:02Bonjour Dimitri et bonjour à tous !
00:04On le voit bien, le climat politique est déjà tendu et confus, ça ne va pas s'arranger.
00:07Voilà que les agriculteurs de la FNSEA et des jeunes agriculteurs menacent le gouvernement de redescendre dans la rue lundi prochain.
00:14Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ce regain de tension ?
00:16La raison est très terre-à-terre.
00:17Toute une partie des aides de la PAC ne leur ont pas été payées.
00:21Les versements sont en retard de plusieurs mois.
00:23Il s'agit des aides pour les exploitations en agriculture bio et puis pour ce qu'on appelle les MAEC,
00:28c'est les mesures agro-environnementales et climatiques.
00:30En gros, l'argent que l'Europe verse aux fermes qui ont investi, changé leur pratique pour préserver l'eau,
00:34la biodiversité ou pour émettre moins de carbone.
00:37Les fermes qui font ce que la société exige d'elles.
00:40Bon, elles ont droit à cet argent, malheureusement ils n'y arrivent pas, pourquoi ?
00:42Mais non, une partie de cet argent, une centaine de millions d'euros quand même,
00:45les fermes l'attendent depuis des mois.
00:47Il correspond à des déclarations PAC faites en mai 2023, il y a donc 13 mois.
00:51Normalement, la France verse ses aides en fin d'année calendaire.
00:54Comme il y a eu un changement des règles de la PAC, un délai était prévu, anticipé.
00:58L'État, par la voix du Premier ministre Gabriel Attal, avait promis en pleine crise agricole un paiement au 15 mars.
01:03Délai pas tenu.
01:05On a ensuite dit aux agriculteurs le 15 juin, tout sera versé.
01:08Problème, un grand nombre de fermes n'ont toujours pas vu la couleur de cet argent.
01:11Les syndicats agricoles ont donc posé un ultimatum, 6 mois de retard, ça suffit.
01:15Si vendredi tout n'est pas payé, ils reprendront les manifs lundi.
01:18Mais il y a un problème avec le versement de cet argent ?
01:20Il y a plusieurs problèmes, notamment la complexité des nouvelles consignes,
01:23mais ça n'est pas l'essentiel du dossier.
01:24L'essentiel des retards vient des logiciels qui sont utilisés dans les départements
01:28pour saisir les données environnementales et les faire remonter, pour déclencher les paiements.
01:33Iris et Osiris, ce sont les noms des deux fameux logiciels, sont truffés de bugs.
01:37L'administration perd des informations, elle doit revenir plusieurs fois sur les dossiers,
01:41c'est un vrai casse-tête et ça n'est pas nouveau.
01:43Mais la mise en place des nouvelles mesures environnementales a rendu tout ça ingérable.
01:48Tout le monde se renvoie la balle, les départements, les régions,
01:50le prestataire informatique, les services de l'État,
01:53merveille de notre mille feuilles administratives,
01:55exactement ce que les agriculteurs dénonçaient au début de l'année,
01:59les promesses d'allègements se sont déjà envolées.
02:02Ça rappelle le problème aux armées avec le logiciel Louvois de versement des soldes.
02:07Bon, il y a une chance que le délai fixé par les syndicats vendredi pour avoir tout l'argent,
02:11que ce soit tenu ?
02:12Il faudrait un miracle.
02:13J'ai eu accès à une enquête interne faite par le ministère de l'Agriculture
02:16qui tente de résoudre le problème depuis des mois.
02:19Dans le meilleur des cas, à fin juin, il restera 25 à 40% des paiements bio à effectuer.
02:24Pour les mesures environnementales, 30 à 50%.
02:27On ne parle pas de quelques ratés.
02:28On parle de dizaines de milliers de fermes et au bas mot qui attendent cet argent.
02:32Et ça met les exploitations en grande difficulté.
02:35Alors il reste trois jours pour remettre Iris et Osiris sur pied
02:38et apurer les retards où les tracteurs ressortiront.
02:41On devrait les revoir dans la rue.
02:43Rendez-vous lundi matin, on va suivre ça avec intérêt.
02:45Merci beaucoup Emmanuel Ducrot.