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00:0020 ans ? Non, arrête, dis pas n'importe quoi. 20 ans, t'es sérieux ou pas ? Ouais, 20 ans déjà. Non,
00:13je te dis, mais en fait, sincèrement, moi, je... Ouais, j'ai pas, j'ai... En fait, je... J'ai pas,
00:22j'ai pas la mémoire du temps comme ça. Mais en fait, je fais pas ces calculs-là. Tu vois ?
00:26Pour dire la vérité, en règle générale, je me souviens pas trop des dates d'anniversaire. Déjà,
00:33pour me souvenir des dates d'anniversaire de mes enfants, j'ai du mal. Donc, imaginons,
00:38voilà, ça reste entre nous. Donc, sincèrement, si tu n'étais pas venu, je n'aurais pas... J'aurais
00:46pas fait attention. Je trouvais qu'on était beaucoup plus fort au championnat d'Europe.
00:53Ouais. Dans le jeu, sur la France ? Dans le jeu, c'est-à-dire que même au niveau des
01:00entraînements, sincèrement, il y avait un niveau incroyable. Et je crois que ça s'est vu sur le
01:07terrain. Et puis, il y avait aussi cette confiance en nous, c'est-à-dire que nous avons gagné la
01:14Coupe du Monde en 98. Et on se sentait fort. Et c'était vrai. Alors, pas du tout. Non,
01:31sérieusement, non. Si jamais on m'avait demandé on a joué contre qui, quel a été le résultat du
01:40premier match, je n'aurais pas su, ouais. Non. Je me souviens des deux très, très grands
01:49attaquants devant. Parce que quand il y avait des duels de la tête, on se sentait un peu ridicule.
01:56Et donc, on avait l'impression qu'ils cachaient le ballon. Tu vois, tu es derrière eux. Et donc,
02:03ouais, voilà. Je me souviens de cet épisode-là, en tout cas. Avec Laurent, avec Marcel, avec Liza,
02:09mais en même temps, on avait les armes pour résoudre ces problèmes-là. Voilà,
02:18je pense qu'on se sentait vraiment très fort. Et ouais, même aujourd'hui, quand j'essaie de
02:27me souvenir, j'ai vraiment l'impression qu'en 2000, on était très, très fort. Vraiment.
02:33Soit tu gagnes, soit tu perds. Soit tu continues, soit tu rentres à la maison. Donc, ça change tout.
02:41Bon, ce match contre l'Espagne, je me souviens très, très bien. Mais vraiment très, très bien.
02:47Parce que sincèrement, je ne comprenais pas grand-chose à Monitis. Parce que c'est vraiment,
02:55ouais, je crois que c'est la première fois sur un terrain où je me sentais dépassé par un joueur.
03:01Et pourtant, j'essayais quand même de rectifier. Parce que quand tu es en match,
03:06bon, une fois, tu te fais dribbler, donc tu essaies d'analyser la situation pour essayer
03:11de donner la bonne réponse au prochain duel. Et à chaque fois, il passait. Et j'avais l'impression,
03:18je me disais, mais c'est qui, lui ? Et je me souviens à la mi-temps du match,
03:22que Christian Carambeu était venu me dire, non, mais il n'est même pas passé et tout ça. Et je
03:29lui dis, mais Christian, t'es sérieux ? Le mec, je n'arrive pas à l'attraper et tout. Et d'abord,
03:33j'avais changé de chaussure aussi. Parce que là, on se rassure. On se dit, les crampons,
03:37ce ne sont pas les bonnes chaussures. Il faut changer de chaussure. Ça va aller mieux. J'ai
03:43changé de chaussure et ça n'allait pas mieux du tout. Franchement, je crois qu'il m'avait bien
03:47en main. Je crois qu'après le match, il a dû dire, ah ouais, tu verras. On m'a dit qu'il était
03:52bon, mais quand même. C'était un calvaire. Oui, c'était un calvaire. En plus, j'ai provoqué pénalty
03:59sur lui. Et sincèrement, je dois avouer que souvent, je me dis, mais en fait, il y a des
04:08entraîneurs qui ne regardent pas les matchs en fait. Parce que l'entraîneur adverse l'a fait
04:12sortir. Et là, je me suis dit, ah ouais, super. Et là, j'ai recommencé à jouer. Je me suis senti
04:21beaucoup plus libre. Et je n'ai pas compris pourquoi l'entraîneur l'avait fait sortir. Parce
04:26qu'effectivement, pour moi, c'était lui qui faisait la diff. Je me souviens que ça paraissait
04:35très injuste. C'est pour ça que je me souviens. Et je me dis que peut-être que tout d'un coup,
04:40il s'est dit qu'il faut qu'il participe aussi au show. Donc, je siffle un pénalty. Je me souviens
04:48bien sûr. De toute façon, on prend un pénalty qui est mérité. Parce qu'effectivement, je touche
04:56le pied de Mounitis. Mais de mémoire, en tout cas, c'était très immérité le deuxième pénalty. Et
05:03donc, c'était assez incompréhensible. Et surtout, c'était en fin de match.
05:07Ah oui ! Ah non, mais c'était incroyable. C'était incroyable ce match-là. De toute façon,
05:17les Portugais, ils sont très forts. On savait qu'ils jouaient très bien. Effectivement,
05:22il y a ce pénalty. Et ce pénalty était assez incroyable. Il y a eu effectivement les Portugais
05:30qui étaient très mécontents. Parce qu'en fait, ils n'avaient pas vu la main. Donc,
05:36ils ne comprenaient pas. Ils trouvaient que c'était très injuste. Et c'est vrai que je
05:40me souviens. Après, je ne me souviens pas que le match était arrêté pendant longtemps et qu'on
05:46était au milieu de terrain. Je sais que Zizou a tiré le pénalty. Et ça faisait quoi ? 1-1 ou 2-1 ?
05:542-1, but en or. Ah, c'est le but en or ? C'était pendant les prolongations ?
05:59C'était pendant les prolongations. Ok, donc je ne me souvenais pas de ça.
06:02Avant la finale, il y a des émotions qui sont différentes. Parce que tu joues contre l'Italie.
06:14Et moi, à l'époque, je jouais en Italie. Donc, ce n'est pas la même chose que jouer le Portugal
06:19ou l'Espagne. Et on a toujours l'impression que ça va finir par tourner dans leur sens. Parce que
06:29même s'ils ne jouent pas bien, il va y avoir un coup franc, un corner ou quelque chose comme ça.
06:34Et on sait que ça va être compliqué. Vers la fin du match, je crois qu'il y a Del Piero qui
06:40part en profondeur. Et moi, je suis derrière lui. Et je suis énervé. Je me dis que le mec va marquer.
06:48Je vais lui mettre une boîte derrière. Je lui dis quitte à faire, je vais le sécher. Et je me dis
06:55qu'on ne sait jamais, il peut rater. Il faut savoir que ça va vite. Et il a raté. Et je crois qu'il a
07:03eu deux occasions comme ça. Je crois qu'il y a de mémoire deux occasions où vraiment il peut faire
07:08le 2-0. Et quand Sylvain marque, à ce moment-là, moi j'ai aucun doute qu'on va gagner. J'ai aucun
07:19doute. C'est-à-dire qu'il va avoir le but en or. Mais je n'ai pas de doute qu'on va gagner. Tu ne peux
07:28plus perdre en fait. Parce que c'est de la psychologie. C'est-à-dire que tu as une équipe en
07:34face qui gagnait 1-0, qui se fait égaliser. Il reste très peu de temps. Il faut être super fort
07:44mentalement pour repartir avec, je dirais, une envie qui est détachée de la tristesse qui vient de se
07:56passer. C'est-à-dire que tu as pris un cours moral. Parce qu'en fait, quand tu joues au foot, très
08:01souvent, ce sont des émotions contre des émotions. En fait, tu essaies de gérer les émotions. Mais là,
08:06au contraire, nous, ça a décuplé notre force. Ça veut dire que les mecs, ça va être très compliqué
08:13pour qu'ils s'en sortent. Et c'est ce qui s'est passé. Nous sommes sur une dynamique qui fait
08:20qu'il y a des grandes chances que ça tourne en notre faveur. Et donc, tu te dis, OK, on va y aller.
08:31Tu perds 1-0. Tu égalises. Tu gagnes. Et en plus, je t'ai dit, c'est contre l'Italie. Donc, c'est
08:39juste incroyable. Ça, c'est des moments... En fait, je pense que tu ne peux pas décrire à
08:53quelqu'un ses émotions. C'est impossible. Je ne pourrais pas te trouver les mots, d'ailleurs,
08:59pour décrire ses émotions. Parce que c'est juste... Je ne sais pas. Tu sens un truc qui te traverse,
09:12qui est un truc individuel, en même temps collectif avec tes coéquipiers et aussi avec
09:19le public. Mais c'est pour ça qu'on aime le foot. Parce que justement, c'est des émotions
09:29incroyables. T'imagines tes supporters. Tu pars de chez toi. Tu viens au match. Tu regardes le
09:38match. Tu souffres parce que ton équipe perd 1-0. Il reste 5 minutes. Tu espères. Et tu te dis non.
09:46Là, c'est mort. En même temps, tu te dis non. On ne sait jamais. Et là, égalisation. Là déjà,
09:52tu es très très loin. Et là, le but de David ? Voilà. C'est ça. C'est ça la beauté du foot.
10:02La beauté du sport. Et en fait, très souvent, je dis aux gens que nous sommes des êtres d'émotion.
10:09Nous ne sommes pas des êtres de raison. C'est les émotions qui nous gouvernent. Et donc,
10:16à ces moments-là, ce n'est que des émotions. Que des émotions. Tu vois, j'ai des frissons.
10:22C'est un truc de malade. C'est juste incroyable. C'est surréaliste. C'est surréaliste. Tout le
10:32monde devrait avoir le droit de vivre des émotions comme ça au moins une fois dans sa vie.
10:36Je me souviens très très bien de ça. Déjà, j'avais fait le con parce que j'étais tellement
10:47heureux que je me souviens que je ne pouvais plus d'attendre la coupe. Et j'avais vu la coupe et
10:56j'avais été la chercher. Ça ne me ressemble pas trop. Mais bon, là, j'étais ailleurs. Non,
11:02je me souviens très bien parce qu'il y a tous les coéquipiers qui étaient derrière en train de
11:08rigoler. Mais moi, je voyais ça et je me disais « mais attends, je ne vais pas attendre. Il faut
11:12attendre. » Et je suis parti prendre la coupe et tout. Et c'était très émouvant. C'était très
11:18émouvant. On a gagné la coupe du monde. C'est un truc énorme quand même. Et bien, ce n'était pas
11:26la même chose. D'accord ? Ce n'était pas la même chose parce que la coupe du monde, on avait
11:32l'impression qu'il fallait le fêter avec plein de gens. Avec ta famille, avec les spectateurs,
11:41avec la France tout entière. Et là, nous étions restés sur le terrain. On était restés longtemps
11:51et on ne voulait pas partir. On rigole, on s'amuse, on est en train de raconter des conneries,
11:56des trucs. Tu vois, comme des enfants en fait. Et c'est ça le foot. Parce que c'est ça le foot.
12:02C'est ces émotions-là en fait. Tu es là, tu es avec tes copains, on est là, on discute. On se
12:08chambre sur le terrain. Et ouais, c'est ces moments-là. C'est ces moments-là qui sont les
12:18plus importants en fait quand tu joues au foot. C'est vivre ces émotions-là en fait et les
12:25partager. C'est un truc que tu ne décides pas en fait. Tu ne te dis pas tiens, viens, on va rester
12:30sur le terrain avec la coupe au milieu, on va taper la discussion. Parce que s'il y en a un qui
12:34dit ça, tu te dis mais attends, mais t'es sérieux ou quoi ? Qu'est-ce que tu fais ? On va rentrer
12:38dans les vestiaires. Mais là, non. On voulait rester là, tranquille. Et puis, je pense qu'il
12:45y a dû y avoir quelqu'un qui est venu nous dire les gars, mais réveillez-vous, il faut rentrer dans
12:49les vestiaires. C'est sérieux ou pas ? Franchement, on était très, très fort. C'est ce sentiment que
12:56j'avais moi. On était très fort, très calme, très fixé sur l'objectif sans avoir besoin de le dire.
13:06Tu vois ? Et d'une grande maturité aussi parce que je te dis, on avait gagné la Coupe du Monde
13:1298 et on avait fait la demi-finale en 96. En fait, c'est un bloc qui va ensemble, en fait.
13:21Non, c'était génial. Ça arrive après la victoire en France en 98. Donc, ça veut dire que les deux
13:32compétitions qui se suivent, tu as gagné. Et là, tu as eu des émotions juste incroyables. C'est-à-dire
13:39être sur les Champs-Élysées quand tu as gagné la Coupe du Monde, c'est juste un truc de fou.
13:45Deux ans après, tu vas présenter la Coupe d'Europe aussi au Criant, je crois, de mémoire.
13:55Non, non, ça n'a pas de sens. Même dans un rêve, tu vois ce que je veux dire. Tu te dis,
14:04attends, mais c'est une blague. Non, non, c'est incroyable. Incroyable.
14:34Sous-titrage Société Radio-Canada

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