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Le projet Agora a été mis en place par la BRI (Banque des Règlements Internationaux), la Banque de France et six autres banques centrales afin de faciliter les paiements transfrontaliers grâce à la blockchain. Emmanuelle Assouan, directrice générale de la stabilité financière et des opérations de la Banque de France, expose pour SMART PATRIMOINE les enjeux de ce projet.

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00:00Et c'est parti pour l'Eco des cryptos, le rendez-vous dédié aux crypto-monnaies, aux
00:07crypto-actifs de SmartPatrimoine. Nous vous proposons de retrouver l'interview que donnait
00:11Emmanuelle Assoyant il y a quelques jours à Pauline Grattel sur ce plateau. Emmanuelle
00:15Assoyant qui est directrice générale de la stabilité financière et des opérations au
00:18sein de la Banque de France, elle revenait sur les projets de tokenisation menés par la Banque de
00:24France. Le projet autour de la BRI que vous mentionnez est sept banques centrales qui
00:33représentent sept zones monétaires différentes. Cette zone monétaire c'est l'euro, la Banque de
00:38France qui représente l'eurosystème, le concert des banques centrales de la zone euro. Du côté
00:43de l'Europe il y a aussi la livre sterlin mais aussi le franc suisse. On a du côté des Amériques
00:49le peso mexicain et le dollar américain et du côté Asie on a le won coréen et le yen japonais. On
00:58s'est toutes mises ensemble en associant, et ça va venir dans une phase ultérieure, des acteurs du
01:04secteur privé, des banques, pour essayer d'améliorer via la tokenisation en utilisant la tokenisation
01:10de notre système monétaire international. Ce qu'on veut faire très concrètement c'est un système,
01:15une plateforme unique partagée entre nous tous de paiements avec ces sept devises différentes,
01:24ce qui n'a jamais été fait, pour s'échanger des paiements aussi bien sous forme de monnaie de banque
01:33centrale que de monnaie de banque commerciale. Un des aspects innovateurs, en plus du fait que ce
01:39soit une plateforme partagée, c'est qu'on utiliserait pour cette plateforme, ce système,
01:45la blockchain, un registre distribué, et que pour la représentation de la monnaie on utiliserait
01:51des tokens, des jetons, qui emportent beaucoup beaucoup d'informations, plus que ce qu'on a
01:56l'habitude de faire, et ça c'est permis grâce à, c'est permis par la technologie blockchain et tout
02:03ce qui est smart contract. Et pourquoi cette idée ? Est-ce que c'était pour pallier un problème déjà
02:09existant, Emmanuelle Assoy ? Alors la réalité, la tokenisation, on regarde depuis longtemps, on est
02:15obligé de le regarder parce que pour notre mission de stabilité monétaire, de stabilité financière,
02:21ça se développe, il faut voir, s'assurer qu'on régule correctement pour qu'il n'y ait pas de
02:28contradiction avec notre mission. Et puis on est des banques centrales, on a beaucoup beaucoup
02:33d'opérations et de différents systèmes, et on regarde toujours les nouvelles technologies pour
02:40savoir si elles ne sont pas à même d'améliorer nos processus. Et en fait on a un problème avec
02:46les systèmes, avec les paiements transfrontières, qui sont aussi transdevises, c'est qu'ils sont
02:51beaucoup plus lents, beaucoup plus coûteux, beaucoup plus inaccessibles que les paiements
02:57domestiques, et c'est souvent très peu proportionné. Donc c'est un sujet qui est bien identifié,
03:02notamment dans l'enceinte du G20, une enceinte globale au niveau international, qui s'est fixé
03:10un certain nombre d'objectifs pour améliorer la rapidité et l'efficacité sur ces paiements
03:15internationaux. D'ici 2027, l'objectif c'est de s'assurer que 75% des paiements transfrontières
03:21puissent être faits en moins d'une heure, et que le reste soit fait en moins d'une journée. On est
03:26très très loin du compte actuellement. Oui, c'est ce que j'allais dire, on en est où actuellement à titre de comparaison ?
03:31A titre de comparaison, c'est très différent d'un corridor à l'autre. Entre Paris et New York, ça va
03:37beaucoup plus vite qu'entre l'Afrique du Sud et la Corée. Les corridors sont plus ou moins
03:45complexes, mais il y a des corridors, des chemins qui peuvent prendre plusieurs jours, voire plus de
03:53dix jours, et ça on considère que c'est inacceptable. Il y a une autre dimension qui est le coût, c'est
03:58s'assurer que les frais associés à ces paiements transfrontières ne dépassent pas 1% du montant
04:04transféré. On est encore loin du compte. Donc l'objectif c'est, d'ici 2027, d'arriver à ces objectifs.
04:11Pour une entreprise qui fait un virement entre Paris et New York, a priori ça devrait être très
04:17rapide, moins d'une heure, et pour des chemins un peu plus longs et un peu plus éloignés, eh bien
04:22on doit considérer que ce n'est pas moins d'une journée. Un point important, c'est qu'on a une
04:29intuition, on la partage tous collectivement, BRI, les 7 banques centrales et les personnes qu'on
04:34mettra autour de la table du secteur privé sur ce projet Agora, c'est que la technologie qui est en
04:40train de se développer et qu'on connaît maintenant bien de la blockchain, c'est un moyen vraisemblablement
04:47d'arriver à améliorer ces processus. Donc vous disiez objectif 2027 pour le projet Agora, en attendant...
04:56Pour les objectifs du G20, pour le projet Agora, c'est avant on espère, faire un prototype d'ici
05:02à peu près 2025. On est en 2024, donc c'est ambitieux, c'est dans un an, mais c'est un
05:08premier prototype pour se faire une idée, pour arriver à construire un consensus sur l'objet,
05:14qu'est-ce qu'on veut en termes de besoins utilisateurs, c'est pour ça qu'il y a le secteur privé qui doit
05:19être là autour de la table, qu'est-ce qu'on a comme consensus en termes de technique, il y a
05:25plusieurs blockchains, il y a plusieurs façons de les accommoder, et puis il y a tout un enjeu associé
05:31aux droits, aux aspects juridiques qui sont très importants, d'autant plus important quand on a
05:357 zones monétaires très différentes qui ont l'habitude de réfléchir différemment sur ces
05:40sujets. Donc je rectifie l'objectif, plutôt 2025 pour le premier prototype, donc d'ici les
05:47prochains mois, quelles sont vos perspectives au sein de la Banque de France ? Alors d'ici,
05:54on va continuer donc sur cette lancée Agora qui concerne les paiements transfrontières, et
06:00puis depuis 2020 en fait, si on représente l'eurosystème, donc l'ensemble de l'euro au sein
06:07du projet Agora, c'est parce que depuis 2020, on a pris beaucoup d'avance à la Banque de France,
06:12on est particulièrement en première ligne sur la tokenisation de la finance, on a mené 12
06:20expérimentations sur ces sujets d'amélioration des processus de paiement transfrontières,
06:25mais aussi de règlement d'actifs financiers, actions, obligations, fonds, via des systèmes
06:32de blockchain et la mise en place d'une monnaie numérique de banque centrale de gros, qui est
06:36vraiment à l'origine du projet. Au sein de l'eurosystème, on est dans une phase exploratoire
06:48sur savoir tester la monnaie numérique de banque centrale de gros sous différentes formes possibles,
06:54et à l'issue de cette phase exploratoire que nous menons avec le marché, avec un certain
06:59nombre de candidats qui se sont manifestés pour faire un certain nombre d'expérimentations,
07:05à l'issue de cette phase exploratoire qui se terminera en 2025, on sera en mesure, grâce à
07:12Agora, grâce à cette phase exploratoire différente au sein de l'eurosystème, de dire au sein de
07:19l'eurosystème s'il faut ou non lancer une monnaie numérique de banque centrale de gros pour faciliter
07:25le règlement d'actifs et pour faciliter les paiements transfrontières vus depuis l'euro.
07:30Voilà donc c'était l'interview d'Emmanuel Assoyant, directrice générale de la stabilité
07:37financière et des opérations au sein de la Banque de France. Et quant à nous,
07:40on se retrouve tout de suite dans Enjeu patrimoine.

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