• il y a 6 mois
80 ans plus tard, l'émotion est toujours là, Denise se souvient de la guerre, les bombes et l'arrivée des Américains à Saint-Étienne.

Transcription
00:00Quand ça sonnait, qu'il y avait tous ces avions,
00:03ça faisait un bruit épouvantable, moi je criais, j'avais peur.
00:06Je n'ai jamais oublié ça parce que j'avais peur.
00:23On avait les cartes d'alimentation mais c'était difficile et puis on ne trouvait pas.
00:28On trouvait quelques pommes de terre, alors on mangeait même les épluchures.
00:35Mon père, à l'époque, il faisait le majordome dans une maison de tissage,
00:42il s'occupait du tissage et après, quand arrivait midi,
00:46il allait chez la femme du patron éplucher les pommes de terre, faire les légumes,
00:53et il ramenait les épluchures de pommes de terre à la maison en disant que c'était pour le lapin.
00:59On avait ces épluchures, on les passait à la poêle et on mangeait ça, il n'y avait pas autre chose.
01:05A l'époque, tout était mauvais, il n'y avait pas d'œufs, c'était une poudre jaune,
01:11on appelait ça la poudre d'œuf.
01:13Topinambours, tabagas, tous ces trucs-là.
01:17On était habitués, bien sûr qu'on n'était pas bien gros.
01:22Après les vitres, il y avait des volets avec des persiennes,
01:25on collait des journaux sur ces persiennes pour faire voir que c'était tout noir.
01:32Parce qu'il y avait à la Gestapo, il y avait tout un tas de gens qui passaient le soir,
01:37dès qu'ils voyaient la lumière, ils sifflaient.
01:40Alors, on avait intérêt à fermer parce qu'ils montaient chez vous
01:45et la radio, on l'écoutait, mais tout doucement, il ne fallait pas que les petits frères fassent du bruit.
01:50C'était les soirs surtout que mes parents...
01:53Mais j'entendais bien quand il y avait des mots de passe,
01:57je ne me rappelle plus exactement ce qu'il y avait, mais je sais que mes parents disaient...
02:02Ils connaissaient, ils arrivaient à connaître après les mots de passe,
02:06ce que ça voulait dire, si c'était mieux ou pas,
02:10Quand il y avait les alertes, quand ça sonnait, qu'il y avait tous ces avions,
02:15ça faisait un bruit épouvantable, moi je criais, j'avais peur.
02:20Et oui, là vraiment, j'ai jamais oublié ça parce que j'avais peur.
02:28Dans la grande rue, il y avait beaucoup de camions, avec des gens et ils chantaient, ils criaient,
02:35ils étaient dans les remorques derrière et puis ils étaient contents.
02:41Ils montaient, ils montaient et ils montaient, ils montaient.
02:44Ils sont là, on les regarde, on les regarde, on les regarde, on les regarde.
02:51Ils étaient dans les remorques derrière et ils étaient contents.
02:56Ils montaient, ils faisaient Bellevue-la-Terrasse ou la Terrasse-Bellevue.
03:01Et là, assis, les gens étaient heureux. Après, ils chantaient.
03:07Il y avait des grands camions très hauts.
03:08Alors, je sais qu'on n'arrivait pas à monter dans leur cabine tellement c'était haut.
03:13Puis on était petits.
03:14En plus, moi, je n'étais pas grande.
03:17Et ils nous donnaient des chugons.
03:19Oui, oui.
03:20Alors, on avait un petit peu peur.
03:22Je sais, quand à la maison, on disait, tiens, on nous a donné des chugons.
03:25Veux-tu jeter ça ? Jette ça.
03:27C'est peut-être empoisonné, on ne sait jamais.
03:29Alors, et puis, on ne savait pas ce que c'était qu'un chugon.
03:33C'était nouveau.

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