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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Première partie d'Europe Un Soir et dans un instant j'accueillerai Catherine Ney et Louis Dragnel pour commenter l'actualité mais d'abord bonsoir à Marie Guevenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer.
00:16On va parler de la Nouvelle-Calédonie dans un instant mais d'abord parce que Marine Le Pen vient de parler d'Emmanuel Macron à l'instant, elle dit qu'elle aurait préféré qu'Emmanuel Macron ne parle pas des Européennes. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
00:30Moi je trouve bien d'avoir un président de la République qui au contraire est prêt à parler d'Europe quand on voit à quel point l'Union Européenne sur les sujets qui concernent très directement les Français est essentielle.
00:42Et donc au fond ce que veut Marine Le Pen dans le cadre de la campagne électorale c'est le problème de Marine Le Pen mais je pense qu'en tant que Français on peut se féliciter d'avoir un président qui prend la parole sur l'Europe quand il a envie de prendre la parole sur l'Europe.
00:53Y compris ce soir dans les 20h de TF1 et de France 2.
00:56Bien sûr.
00:57Vous revenez, vous étiez en Nouvelle-Calédonie il n'y a pas si longtemps que ça. Quelle est la situation sur place ?
01:04J'étais en Nouvelle-Calédonie il y a 10 jours, je suis rentrée il y a 10 jours. La situation sur place elle s'améliore mais elle reste extrêmement difficile.
01:15Elle s'améliore comment ?
01:17Elle s'améliore, très clairement Nouméa a été bloquée avec des quartiers où des gens sont restés isolés dans l'impossibilité de sortir chez eux pendant 15 jours pour certains d'entre eux.
01:31Et aujourd'hui ces quartiers ont été libérés.
01:33Y compris la route qui mène à l'aéroport.
01:35Y compris la route qui mène à l'aéroport, y compris des quartiers qui étaient vraiment bloqués de façon très durable et très enquistée donc ces quartiers ont été libérés.
01:41En revanche, ce qui est extrêmement compliqué pour le travail des forces de l'ordre, 3500 policiers et gendarmes sur place envoyés en renfort.
01:48Avec du matériel.
01:50Avec du matériel, avec des engins blindés.
01:52Ce qui reste extrêmement compliqué c'est que la physionomie des lieux est très facile à bloquer.
01:58L'archipel est très facile à bloquer, en l'occurrence l'île est très facile à bloquer.
02:02Parce qu'il y a une seule route et vous tronçonnez un arbre, vous mettez un pylône par terre et la route est bloquée.
02:07Et ça se reproduit ?
02:08Et ça se reproduit en fait de façon extrêmement régulière, c'est-à-dire qu'un barrage est enlevé, d'abord par une action de police ou de gendarmerie,
02:16généralement très violente puisque vous avez des armes à feu, vous avez des engins explosifs sur les barrages,
02:20donc c'est très violent pour nos forces de l'ordre qui sont exposées et qui font un travail honnêtement formidable dans des conditions très difficiles.
02:25Et une fois que ce barrage est enlevé, parce qu'il y a des habitants insalubres, parce qu'il y a des jeunes qui sont à la dérive très clairement,
02:33qui reprennent les barrages et remettent du matériel pour bloquer.
02:36Vous dites justement à ces jeunes et à ces populations, je ne sais pas si elles vous écoutent, mais en tout cas vous pouvez passer un message ce soir sur Orpah, qu'est-ce que vous leur dites ?
02:43La difficulté c'est qu'en réalité elles n'écoutent pas grand monde, ces populations des métiers.
02:49Donc il y a deux actions, il y a une première, d'abord vous avez une branche radicalisée des indépendantistes qui sont ceux de la CCLT.
02:55Ça veut dire que le gouvernement est impuissant ?
02:56Non, non, ça ne veut pas dire que le gouvernement est impuissant.
02:58La preuve, c'est qu'on ne vous écoute pas.
03:00Les gens qui ne veulent pas écouter, n'écoutent pas, effectivement.
03:06Mais il y a le maintien de l'ordre qui fait qu'aujourd'hui on a rétabli des positions, de toute façon très clair sur Nouméa et sur son agglomération, on a repris du terrain.
03:14De force du coup ?
03:15Oui, de force, effectivement.
03:16On a réussi à reprendre du terrain sans, malheureusement, en constatant le fait que le dialogue que l'on a ouvert, et la main tendue qu'on a donné, n'est à ce stade pas prise par les barragistes.
03:31Donc nous, avec l'action des gendarmes et des policiers, l'ordre revient, mais ça reste difficile pour la population.
03:38Situation des ressortissants français qui ont pu partir.
03:43En revanche, il y a eu des ressortissants étrangers, et là la France a été impuissante puisque ce sont les compagnies aériennes des autres pays qui ont dû venir faire évacuer leurs ressortissants.
03:54Comment est-ce que vous expliquez ça ?
03:55Non, non, ce n'est pas vrai du tout.
03:56D'abord, je rappelle qu'en Nouvelle-Calédonie, il n'y a pas de ressortissants français.
04:00Il y a des ressortissants étrangers qui devaient être raccompagnés chez eux.
04:04Et puis, en Nouvelle-Calédonie, tout le monde est français.
04:06Donc, il y a les hexagonaux, puis il y a les français qui vivent dans nos cas.
04:09Pour préciser, c'est qu'il y a eu dans les premiers jours qui ont suivi l'éclatement, l'embrasement, le Japon, la Nouvelle-Zélande et l'Australie qui ont demandé à pouvoir évacuer leurs ressortissants présents en Nouvelle-Calédonie.
04:22Et donc, on a vu des avions, notamment australiens, atterrir à Nouméa pour évacuer leurs ressortissants.
04:28C'était peut-être plus ça le...
04:31Qu'est-ce que ça dit ? Parce que, pardon, pour compléter, l'impression qu'on a, c'est que le message qui est envoyé par ces pays en faisant ça, c'est qu'ils n'ont pas confiance dans l'État français pour assurer la sécurité et la protection de leurs ressortissants sur le territoire français.
04:45Comment vous avez vécu ça, vous ?
04:48Ce qui a été extrêmement compliqué au départ, c'est que l'aéroport était un des points de cible des émeutiers.
04:55Et la route qui acheminait les voyageurs à l'aéroport était prise d'assaut par les émeutiers.
05:01Et donc, tant que cette route n'était pas libérée, n'était pas stabilisée, il était impossible d'assurer la sécurité des voyageurs.
05:09Et la première des actions des forces de l'ordre a consisté à libérer justement cette route et à permettre l'acheminement en sécurité de l'ensemble des voyageurs, qu'ils soient étrangers ou français.
05:21Il y avait une autre question, Madame la Ministre.
05:23La planification qui est faite aujourd'hui par la gendarmerie consiste à sanctuariser 23 unités de force mobile en permanence, donc même avec la période des Jeux Olympiques, il y aura minimum 23 unités de force mobile jusqu'à Noël prochain.
05:36Donc ça, c'est la réponse sécuritaire.
05:38Mais de l'autre côté, où en est le dialogue politique ? Est-ce qu'il y a une issue possible ?
05:42Parce que le sécuritaire, c'est évidemment très important et c'était la priorité, vous l'avez dit.
05:46Mais là, on a l'impression que tout est au point mort.
05:50Encore une fois, tout n'est pas au point mort.
05:52D'abord, en termes de maintien de l'ordre, on a objectivement progressé.
05:55Après, je ne veux pas dire que la situation est idéale.
05:57Là, je parle de la situation politique.
05:58Le Président a proposé trois choses.
06:00Un, un accord global.
06:01Globalement, on a énormément de mal à voir comment toutes les parties prenantes en Nouvelle-Calédonie peuvent arriver à un accord global, sachant qu'ils sont encore en train de s'affronter.
06:09Deuxièmement, il était question, le Président l'a posé sur la table, d'un vote par tous les Calédoniens de cet accord global.
06:15Et troisièmement, le Président a même évoqué la possibilité d'un référendum national sur la question calédonienne.
06:21Politiquement, on a l'impression que ce qui a été proposé est énorme et qu'on n'est même pas à la première brique.
06:28Il y a trois choses.
06:29D'abord, la situation calédonienne, ce n'est pas d'hier qu'elle est compliquée.
06:32Donc, elle ne va pas se régler en 48 heures, effectivement.
06:35Il y a trois choses qui ont été provoquées et qui ont été proposées par le Président de la République.
06:39Un, le premier objectif, c'est le rétablissement du maintien de l'ordre.
06:44On n'y est pas complètement, mais on a nettement progressé par rapport à il y a trois semaines.
06:47Deuxième proposition, qui est ce que vous appelez l'accord politique.
06:51Comment on réussit à progresser ?
06:53Il a installé une mission de trois hauts fonctionnaires qui incarnent l'État impartial
06:58et qui, depuis maintenant plus de dix jours, reçoit l'ensemble des élus indépendantistes, non-indépendantistes,
07:08les acteurs de la société civile, des chefs d'entreprise, des présidents d'associations, cultuels,
07:14des chefs de communautés, des chefs de tribus, pour justement faire en sorte de savoir où sont les zones de gouvernance.
07:23Mais on a l'impression que du côté des indépendantistes, il n'y a aucune concession possible.
07:27Moi, je ne crois pas complètement ça.
07:29Ce qui se joue aujourd'hui, très clairement, c'est une prise de pouvoir dans le mouvement indépendantiste.
07:38Il y a aujourd'hui une partie du mouvement indépendantiste qui se radicalise,
07:42avec une génération d'indépendantistes qui ne s'épreuvent pas renouées.
07:45Vous voulez dire encore plus qu'avant les émeutes ?
07:47Oui, très clairement. Je pense que vous aviez des acteurs indépendantistes qui sont aujourd'hui des acteurs connus, reconnus,
07:53qui ont un combat qui est celui de l'indépendance de la Nouvelle Calédonie,
07:57mais qui sont quand même habitués au dialogue, qui sont habitués à trouver, pas forcément des accords,
08:03mais en tout cas, le fait de discuter.
08:05Et vous avez une génération d'indépendantistes qui sont dans la radicalisation et dans la violence.
08:11Et pour eux, il n'y a pas de dialogue possible.
08:13Et on ne discute pas avec eux de tel point ou de tel point du projet de loi.
08:17On ne discute pas avec eux parce qu'ils sont dans une logique de violence absolue sur un projet qui est la Calédonie indépendante.
08:27Je crois que nous sommes à date, dans une situation compliquée.
08:32Je propose, Madame la Ministre, que vous reveniez dans quelques jours, parce que sinon on peut en discuter encore très très longtemps.
08:38C'est malheureusement de cette question de la Nouvelle Calédonie.
08:42En tout cas, merci beaucoup d'être passée par Orp.
08:44Dans quelques mois, ou même dans 40 ans, comme dit une autre figure de l'opposition qui propose un process long et un référendum.
08:51Non mais, blague à part, je pense qu'on va y revenir dans quelques temps.
08:54Et vous reviendrez sur Orp pour en parler.
08:57Évidemment, peut-être en conclusion, une dernière chose parce que c'est extrêmement important.
09:01Aujourd'hui, il y a des entreprises qui se sont fait vandaliser, piller, incendier.
09:05Un milliard d'euros de dégâts.
09:06Exactement. Il y a des dégâts qui sont évalués mais qui sont considérables.
09:10Il y a probablement aussi des gens qui vont être au chômage.
09:13Et donc, ce volet-là aussi, cet objectif-là qui a été fixé par le Président de la République,
09:17c'est de permettre à ces entreprises de se reconstruire.
09:20Aujourd'hui, avec Bruno Le Maire, on a pris des mesures d'urgence qui vont leur permettre de faire face.
09:23Fonds de solidarité, prise en charge de l'activité partielle,
09:26engagement des banques et des assurances à les aider.
09:28Et donc, on est aussi aux côtés de ces entreprises dans ce moment difficile.
09:31Merci de passer ce message.
09:32Merci beaucoup, Marie Guevenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer sur Europe 1.
09:41Et on commente l'actualité avec Louis de Ragnel.
09:44Je ne vous ai pas dit bonsoir mais c'est l'occasion, mon cher Louis, bonsoir.
09:48Bonsoir, Pierre.
09:49Bonsoir, Catherine Ney, éditorialiste sur Europe 1.
09:53Cette question de la Nouvelle-Calédonie, on a l'impression,
09:57et Marie Guevenoux vient de quitter ce studio, Catherine Ney,
10:00que c'est, j'ai utilisé le mot de Marine Le Pen, du process long,
10:05mais ça va être très très long, la reconstruction.
10:08Ceux qui avaient signé les premiers accords disaient qu'on pourrait faire des référendums dix ans plus tard.
10:14Et le président Chirac, qui était un homme avisé, avait dit que ça prendrait beaucoup plus de temps
10:19et qu'il fallait encore repousser de dix ans.
10:21Et dans le fond, c'est à Emmanuel Macron qu'a échoué le rôle de faire appliquer,
10:28de faire, de mettre, d'organiser ces référendums.
10:31Il y en a eu trois.
10:32Il y en a eu trois.
10:33Et le dernier a été les indépendants qui ne s'y ont pas pris part.
10:39Mais ils ont bien eu lieu.
10:42Et les trois ont demandé, enfin, ont dit que l'île voulait rester.
10:46Voilà, on en est là.
10:47Et puis, le président a voulu aller plus loin, plus vite,
10:52revenir sur le blocage du code électoral qui faisait que des gens,
10:56des Français étaient privés de droit de vote,
10:58ceux qui étaient arrivés en 98 et aînés depuis.
11:01Et puis, je pense que ça a été, on n'a pas pris le temps de négocier.
11:04Et peut-être que les indépendantistes, s'il y avait un vote,
11:07s'il y avait ces nouveaux électeurs, se seraient trouvés minoritaires
11:10et donc auraient été dépossédés de leurs pouvoirs.
11:13Est-ce que c'était d'ailleurs jouable de négocier avec eux ?
11:17C'est un blocage parce que c'est à leur foi.
11:19Si tout le monde vote côté loyaliste,
11:22ça veut dire qu'aujourd'hui, les indépendantistes n'ont pas la majorité.
11:27Louis Dragnel, en conclusion de cet épisode calédonien sur Europe 1 ce soir.
11:31C'est très, pardon, c'est un peu bateau ce que j'ai.
11:33Je trouve que la situation est extrêmement compliquée
11:36parce qu'il y a des racines non réglées,
11:39des promesses non tenues avec un peuple d'origine
11:43qui n'a aucune envie de ce qu'on peut lui apporter.
11:46C'est ça. C'est pour ça qu'ils remettent les barrages.
11:49Il y a eu un plan qui a été organisé il y a une dizaine d'années
11:51pour former une élite canaque.
11:53Et figurez-vous, le premier médecin canaque
11:56est sorti de l'école de médecine en 2018.
11:59Et en réalité, les canaques ne veulent pas entendre parler de ça.
12:04C'est pour ça que je vous dis que c'est très compliqué.
12:06Je suis un amoureux inconditionnel de l'intégrité du territoire français.
12:11Je trouve qu'il faut aussi parfois savoir s'adapter en fonction de certaines spécificités.
12:15Mais je pense qu'on a trop donné l'impression aux canaques
12:19qu'ils pourraient un jour avoir l'indépendance.
12:21Je rappelle quand même que les accords de Nouméa,
12:24dans les accords de Nouméa,
12:26clairement on comprend que l'objectif à terme est d'arriver à l'indépendance.
12:29On leur a vendu ça aux canaques.
12:31Ils y ont cru.
12:33Et moi, pour le coup, je ne suis pas du tout en phase
12:35avec ce qu'il y avait dans le contenu des accords de Nouméa.
12:37Je suis favorable à ce que la France reste en Nouvelle-Calédonie,
12:41que la Nouvelle-Calédonie reste française.
12:43Et je pense qu'on a beaucoup à vendre aux canaques.
12:46Il faut simplement leur montrer.

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