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Sources
Pierre-Henri Gouyon https://www.youtube.com/watch?v=ZlJ6cmB567s
Musique https://www.youtube.com/watch?v=39PVEaSytpo

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quel devrait être l'idéal d'un enseignant dans la part de variation gêne/environnement ?
100% gêne, ça voudrait dire que chaque enfant connaît le même environnement.

Quels sont les 3 exemples donnés pour illustrer que le changement d'environnement change tout pour les gênes ?
Galactosémie, obésité, sexe.

Quelle proportion des individus naît intersexué ?
Plusieurs pourcent. (1,7 % en France en 2019.)

#gouyon #génétique #gauche #science #environnement #gène #professeur #biologie #politique #sexe #éducation #obésité #éthique #conférence #extrait #ethiqueettac

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00 (musique)
00:08 Maintenant, où en est-on aujourd'hui ? Comment se fait-il que ce clivage politique sur les gènes et l'environnement reste aussi fort ?
00:13 Et qu'est-ce qu'on peut faire par rapport à ça ?
00:16 Eh bien, je pense qu'une raison simple de ne pas aimer les gènes quand on est de gauche, c'est d'avoir pas bien compris la génétique.
00:24 C'est bien ça que je reproche à mes collègues qui s'occupent de ces questions sur le plan politique et social.
00:33 C'est qu'assez souvent, ils ne se donnent pas le mal de bien connaître les aspects scientifiques dont ils parlent.
00:37 Et ce qui se passe, c'est que si vous pensez, comme les généticiens des années 30, que lorsqu'il y a un gène qui décide de quelque chose,
00:47 c'est foutu, c'est comme ça, eh bien, évidemment, les gènes sont très très mauvais pour une vision sociale du monde.
00:56 Cela veut dire que vous pourrez toujours changer le système social, les gens resteront tels que leurs gènes leur ont dit d'être.
01:02 Et évidemment, du coup, il n'y a plus de moyens d'améliorer une situation qui ne nous convient pas par des voies sociales.
01:10 Et évidemment, à ce moment-là, tout dépend de savoir ce que déterminent les gènes et ce qu'ils ne déterminent pas.
01:16 Je voulais tout de suite vous dire que cette vision est totalement fausse.
01:21 Je vais essayer maintenant, pendant les quarts d'heure qui restent, de vous dire ce qu'il en est.
01:29 Premièrement, on peut essayer de mesurer la part des gènes et de l'environnement dans un caractère.
01:35 Alors ça, c'est quand même une drôle de question. Quelle est la part des gènes et de l'environnement dans la détermination d'un caractère ?
01:39 C'est une question qu'on se pose couramment en science et on sait faire ça.
01:43 Mais quand ça sort hors des milieux scientifiques stricts, je craque. Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas du tout ce qu'on fait.
01:50 Par exemple, il y a une trentaine d'années maintenant, un chercheur français a montré que le QI des enfants qu'il avait étudiés dans les écoles primaires françaises
02:04 était pour moitié déterminé par les gènes et pour moitié déterminé par l'environnement.
02:09 Après une manip tout à fait bien faite.
02:13 Il faut pouvoir en reparler, mais il a trouvé ça. Qu'est-ce que ça veut dire 50% ?
02:21 Les gens ont toujours l'habitude de parler de la part de ceci et de cela, mais évidemment qu'il n'est pas question de dire qu'un individu est produit à 30% par ses gènes et à 30% par son environnement.
02:34 Parce que chaque individu ne pourrait pas exister sans ses gènes et il ne pourrait pas non plus exister sans son environnement.
02:41 Donc il a besoin de 100% de chacun des deux. Qu'est-ce que ça veut dire 50% des gènes, 50% de l'environnement pour le QI ?
02:48 Ou 40% pour les gènes et 60% pour l'environnement, pour la production de lait chez les vaches, etc.
02:54 Donc ça c'est des choses qu'on sait faire, mais il faut bien comprendre ce qu'on fait.
02:58 Et là je vais être obligé de prendre des images pour essayer de vous parler. Il ne faut pas se tromper sur ce qu'on est en train de dire.
03:05 Si je vous demandais quelle est la part du courant électrique et la part du filament dans cette ampoule qui émet de la lumière, je ne sais pas ce que vous me répondriez.
03:14 J'espère que vous ne me répondriez pas 50/50. Évidemment il faut les deux. Point bas. Il n'y a pas de part.
03:21 Maintenant si je rentre dans une maison et qu'il y a des ampoules qui marchent et d'autres qui ne marchent pas, je peux chercher quelle est la proportion des ampoules qui ne marchent pas parce qu'elles n'ont pas de filament et la proportion qui ne marche pas parce qu'elles n'ont pas de courant.
03:33 Et c'est utile, parce que si jamais 90% des ampoules qui ne marchent pas c'est parce qu'elles n'ont pas de courant, il faut que je refasse l'installation.
03:39 Si jamais quand elles ne marchent pas c'est parce que le filament est cassé, je vais changer les ampoules.
03:43 Il faut bien voir que c'est la même chose qu'on fait là. Si vous calculez une proportion de deux facteurs qui provoque une variation, et ça c'est le point numéro un que je voudrais que vous reteniez de ce que je vous raconte aujourd'hui, c'est que on ne peut travailler que sur l'hérédité des variations.
04:02 Pas sur l'hérédité de la norme. Tous les calculs de génétique se font en donnant une moyenne et celle-là elle est déterminée par ailleurs, on s'en fout.
04:14 Et après on va regarder ce qui peut permettre de varier par rapport à cette moyenne.
04:19 Une fois que je me donne des variations, je vais pouvoir me poser la question de savoir quelle est la part des variations que je peux attribuer à des variations de gènes et la part des variations que je peux attribuer à des variations d'environnement.
04:30 Ça d'ailleurs c'est quelque chose qu'on sait faire. J'ai longtemps cherché des métaphores pour essayer d'expliquer ça. Un jour d'ailleurs je regardais une course de moto et il y a le commentateur qui vient voir le gagnant à la fin et qui lui dit "Quelle est la part du pilote et la part de la moto dans la victoire ?"
04:47 Et le mec répond "50/50". Je me suis dit "merde, qu'est-ce qu'il veut dire ? Il pense que sans sa moto il avait deux fois moins de chances de gagner ou la moto sans lui ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?"
04:56 En fait j'ai fini par voir qu'il existe un système de concours épique qui permet de faire ça. C'est un concours épique assez particulier. Il y a quatre cavaliers qui s'affrontent. Ils viennent chacun avec son cheval comme d'habitude.
05:11 Ils font le parcours mais après ils échangent le chevaud. Et puis ils font ça quatre fois. A la fin, chaque cavalier a essayé chaque cheval et chaque cheval a essayé chaque cavalier.
05:22 Et après vous regardez les classements. Evidemment si vous trouvez que c'est toujours le même cheval qui est premier, le même cheval qui est deuxième, le même qui est troisième, le même qui est quatrième, vous allez dire que le résultat est déterminé par le cheval.
05:34 Le cavalier ne change rien. Si vous trouvez que c'est toujours le même chevalier qui est premier, quel que soit le cheval, le même qui est deuxième, le même qui est troisième, le même qui est quatrième, vous allez dire que c'est déterminé par le cheval.
05:42 Et puis si vous trouvez des résultats, ce qui est assez courant, un peu plus compliqués que ça, vous allez faire des moyennes par cheval, des moyennes par cavalier, vous allez faire ce qu'on appelle une analyse de variance.
05:52 Et vous allez pouvoir décomposer la variation des résultats, c'est à dire qui est premier, qui est deuxième, qui est troisième, en fonction de quel cheval et quel cavalier vous avez mis dans le système.
06:03 Ce qu'on fait avec les gènes, c'est la même chose. Pourquoi j'insiste sur cette comparaison ? C'est que je voudrais que vous compreniez bien une chose.
06:09 Si je vous dis que le QI est éritable à 50% chez les enfants qui étaient en primaire dans les années 80 en France, je n'obtiendrais certainement pas le même résultat si je prenais d'autres enfants ailleurs ou si je prenais au même endroit.
06:30 Je suis presque sûr que la part des gènes aurait diminué aujourd'hui par rapport à cette époque là. Si ça vous intéresse, on peut en reparler.
06:38 Quand je raconte ça à des enseignants, ils sont horrifiés. "50% des gènes, quelle horreur !" Ils leur disent "mais votre idéal d'enseignant, ce serait d'arriver à 100% pour les gènes."
06:50 Comme c'est une part de variation qu'on regarde, plus la variation due à l'environnement est grande, plus la part des gènes est faible.
06:59 Si vous avez beaucoup d'inégalités sociales devant l'éducation, ça fait que l'environnement devient important et du coup la part des gènes devient plus petite.
07:08 Si vous réalisiez un système idéal dans lequel tous les enfants ont exactement les mêmes chances, il n'y aurait plus que les différences génétiques qui resteraient.
07:18 C'est clair ça ? C'est peut-être clair mais ce n'est pas facile à accepter.
07:25 Je voudrais que vous voyiez bien qu'on regarde des variations et qu'on les regarde sur un échantillon donné, dans un environnement donné.
07:36 Et ça c'est le point suivant qui me semble important à retenir. Si je change l'environnement, je change tout.
07:42 Je change déjà la variation et puis je change la façon dont les gènes s'expriment.
07:49 Je voudrais vous donner trois exemples sur ce sujet là.
07:53 Premier exemple, la galactosémie. La galactosémie c'est une maladie génétique qui fait qu'on n'est pas capable de digérer de lactose.
08:03 Chez l'adulte on s'en fout mais chez le bébé ça peut être gravissime puisque le bébé qu'on nourrit au lait alors qu'il est galactosémique va s'empoisonner avec le lactose du lait et ça va détruire progressivement ses cellules nerveuses et il va mourir.
08:15 Jusqu'aux années 60-70, la galactosémie était une maladie génétique mortelle. Point barre.
08:23 Et il n'y avait pas d'effet de l'environnement, tous les bébés galactosémiques mourraient.
08:27 Une fois qu'on a eu compris ça, on a fait un petit test. Vous savez quand un enfant naît aujourd'hui, on lui prélève un peu de sang, un peu de sel, on fait des analyses.
08:34 Si on trouve qu'il est galactosémique, on va vite prévenir les parents. On leur dit de ne pas donner de lait à cet enfant.
08:40 Il y a des nourritures de substitution qui sont prévues. L'enfant nourrit sans lactose se développe très bien et une fois qu'il est adulte, il s'en fiche pas mal d'être galactosémique.
08:50 Le résultat, c'est que cette maladie maintenant dépend complètement de l'environnement.
08:55 Puisque dans un environnement où on sait faire les tests à la naissance, ce n'est plus une maladie.
09:02 Alors que dans les environnements où on ne sait pas faire le test, les galactosémiques qui naissent en Afrique aujourd'hui, dans la plupart des endroits, continuent à mourir.
09:09 Vous voyez que le même situation avec un effet des gènes et un effet de l'environnement, selon où vous allez être, comment ça va se passer, vous allez dire que c'est un truc qui est complètement génétique ou que c'est un truc qui est déterminé par l'environnement.
09:25 Le même gène n'a pas le même effet dans un environnement ou dans un autre. Dans notre environnement présent ici, la galactosémie n'a quasiment plus d'effet.
09:34 Alors que dans les environnements où il n'y a pas le système médicalisé dont on dispose, la galactosémie continue à être une maladie mortelle.
09:41 Deuxième exemple, l'obésité.
09:45 On constate qu'il y a une épidémie d'obésité qui se développe dans quasiment tous les pays.
09:51 On cherche des gènes d'obésité et on les trouve.
09:56 Qu'est-ce que ça veut dire un gène d'obésité ?
09:58 Ça veut dire une forme d'un gène qui, quand on la possède, donne beaucoup plus de chances d'être obèse que quand on ne la possède pas.
10:08 Dans notre environnement, parce que la plupart des obèses d'aujourd'hui qui possèdent ce gène ont des ancêtres qui n'étaient pas obèses.
10:15 Ça veut dire que ce gène qui aujourd'hui tend à rendre les gens obèses n'avait pas cet effet-là il y a une centaine d'années, et même moins.
10:24 Donc l'effet des gènes est dépendant de l'environnement.
10:28 Si Michel Onfray avait compris ça, il ne s'en foutrait pas mal qui est des gènes ou pas.
10:35 Évidemment que l'environnement change quelque chose.
10:39 Et évidemment que même si vous avez des gènes comme celui de la galactosémie ou celui de l'obésité qui agissent sur une caractéristique humaine,
10:47 ces gènes-là, leur expression, ce qu'ils vont donner, va dépendre de l'environnement.
10:52 Donc on peut toujours changer l'environnement pour changer l'effet des gènes.
10:56 Du coup, il n'y a plus de poids social sur le fait qu'il existe ou non des gènes.
11:01 J'aimerais beaucoup que les gens de gauche comprennent ça de manière à pouvoir faire de la génétique tranquillement,
11:06 sans avoir toujours peur de trouver des résultats qui me font passer dans la catégorie des cryptonazis.
11:14 Évidemment, une application de tout ça, c'est la question du sexe.
11:20 Le sexe est déterminé génétiquement, bien entendu.
11:24 Enfin, bien entendu, j'exagère, parce qu'il est déterminé génétiquement,
11:30 ça veut dire que les variations sur le physique amenant les individus à avoir un sexe ou un autre dépendent de la présence d'un chromosome X ou Y, vous savez tous ça.
11:41 Simplement, il ne faut quand même pas oublier qu'il y a une proportion qui est de l'ordre de plusieurs pourcents d'individus qui naissent intersexués.
11:48 Certains d'entre eux sont dus à des effets de l'environnement, chimiques en particulier.
11:54 On sait qu'il y a des perturbateurs endocriniens dans notre environnement qui peuvent perturber le développement des systèmes sexuels
12:00 et amener les individus à avoir un sexe ambigu à la naissance, qui va se maintenir ambigu ou pas selon les cas.
12:08 Il y a aussi des modifications génétiques, des mutations dans le génome qui vont faire qu'un individu ne va pas avoir un sexe tout à fait déterminé à la naissance.
12:19 Déjà, le déterminisme génétique n'est pas parfait, il ne faut pas s'imaginer ça.
12:23 Mais en plus de ça, derrière ce déterminisme génétique et la présence de ces deux sexes, il existe des tas de différences de comportement entre les mâles et les femelles dans notre espèce.
12:34 Selon la terminologie génétique, c'est clair, dans notre environnement, une grande part des différences de comportement entre hommes et femmes sont déterminées par les gènes, puisque c'est ça qui fait qu'ils sont des hommes ou des femmes.
12:50 Maintenant, la question de savoir ce qui se passerait dans un autre environnement, c'est une autre question.
12:57 Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ? On peut faire de l'anthropologie, regarder si les comportements relatifs des hommes et des femmes sont différents d'une culture à l'autre.
13:06 Cela revient à commencer à regarder les variations environnementales avec les mêmes gènes, voir ce que ça donne.
13:11 Mais évidemment, on ne peut regarder que les cultures existantes.
13:14 Il ne s'agit pas de dire qu'il n'y a pas d'effet génétique sur les comportements entre les sexes.
13:20 La question est peut-on rêver d'un environnement dans lequel les différences génétiques entre hommes et femmes donneraient des résultats différents en termes de comportement ?
13:29 Mis à part les autres cultures que je peux observer, si jamais je veux rêver d'autre chose, je suis obligé d'imaginer. Je n'ai pas de savoir.
13:40 Les gens qui prétendent que dans telles conditions sociales il n'y aurait aucune différence entre hommes et femmes, et ceux qui prétendent que même dans ces situations sociales-là, les différences seraient absolument les mêmes, sont des gens qui sont dans l'idéologie, mais certainement pas dans la connaissance.
13:59 Actuellement, ce qu'on peut dire, c'est qu'on n'a jamais vu un gène donner le moindre résultat en dehors d'un environnement.
14:07 C'est clair ça ? Donc il n'existe pas quelque chose qui serait l'effet d'un gène. Il n'existe que quelque chose qui est l'effet d'un gène dans un environnement donné, ou au mieux dans une gamme d'environnement.
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