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Samedi 1 juin 2024, SMART IMPACT reçoit Jean-François Nogrette (directeur, Veolia France) , Tiphaine Bonnier (maire-adjointe (Renaissance) au Développement durable et à la Condition animale, Issy-les-Moulineaux) et Louis Nègre (maire (LR), Cagnes-sur-Mer)

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Transcription
00:00 Ce programme vous est présenté par Veolia.
00:04 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans ce hors-série de Smart Impact consacré aux sources innovantes d'énergie décarbonée.
00:25 Comment récupérer la chaleur des eaux usées pour chauffer et refroidir les bâtiments, avec un exemple dans la ville d'Issil-et-Moulineau.
00:32 Et puis à Cagne-sur-Mer, c'est une station d'épuration à énergie positive que nous allons découvrir.
00:39 Les bouilles sont valorisées pour faire du biométhane.
00:42 Pour découvrir ces deux projets, j'accueille Jean-François Nogret. Bonjour.
00:46 Bonjour.
00:47 Bienvenue. Heureux de vous accueillir sur ce plateau. Vous êtes le directeur de Veolia France.
00:50 Tiffaine Bonnier, bonjour.
00:52 Bonjour.
00:53 Maire adjointe au développement durable et à la condition animale à Issil-et-Moulineau, dans les Hauts-de-Seine évidemment.
00:58 Et puis avec nous, également en duplex, le maire de Cagne-sur-Mer, Louis Negr. Bonjour et bienvenue à vous.
01:05 Heureux de vous accueillir. Vous êtes également président délégué de la métropole Nice-Côte d'Azur.
01:10 Une question un peu générale pour commencer, Jean-François Nogret.
01:13 Quand on pense énergie décarbonée, c'est vrai que spontanément, on va dire l'éolien, le photovoltaïque.
01:20 Là, avec ces deux projets, on voit qu'on peut produire de l'énergie verte autrement, c'est ça ?
01:24 C'est exactement ça. Et je trouve très inspirant d'avoir la chance d'avoir ces deux élus qui ont une vision là-dessus.
01:31 Parce qu'aujourd'hui, quand on construit, on construit pour un monde dans 30 ans, dans 50 ans.
01:37 Et donc on construit, on doit s'adapter à un monde qui change, un climat où il y aura +2, +3 degrés en France.
01:43 La France est le pays qui se réchauffe le plus vite.
01:47 Et donc dans cet enjeu de décarbonation, dans cet enjeu de production locale d'énergie,
01:52 on a deux exemples ici de production d'énergie locale décarbonante.
01:56 C'est la position que souhaite occuper Veolia en soutenant les initiatives locales.
02:02 On va en parler tout de suite.
02:03 Oui, on va évidemment détailler tout ça. On commence avec ce projet.
02:06 Ici, énergie verte, Tiffany Bonnier. Expliquez-nous de quoi il s'agit.
02:10 Tout à fait. C'est dans le cadre du projet de l'Azac, zone d'aménagement concertée dans le quartier Léon Blum.
02:18 C'est suite à l'arrivée de cette nouvelle ligne de transport, le Grand Paris Express,
02:23 qu'a été envisagée la requalification globale de ce quartier,
02:28 avec notamment la construction de nouveaux logements, avec également commerce, écoles, crèches.
02:36 Le réaménagement de l'espace public.
02:41 Et donc, pour pouvoir couvrir ces besoins énergétiques de ces nouveaux bâtiments,
02:49 il a été envisagé cette nouvelle technologie ingénierie.
02:56 Donc, utilisation des eaux usées, c'est ça ?
02:58 C'est ça.
02:59 La nouveauté, c'est quoi ? C'est de chauffer et refroidir avec le même système ?
03:04 C'est un réseau de chaleur et de froid, effectivement.
03:08 Donc, sur l'ingénierie, je laisserai peut-être Monsieur Lecteur compléter.
03:13 Mais voilà, c'est récupérer les calories des eaux usées,
03:19 mais également capter la chaleur dans les eaux, les nappes phréatiques.
03:24 Alors ça, on l'évoquera aussi.
03:26 C'est une première en Ile-de-France de faire les deux, parce que utiliser les eaux pures chauffées,
03:31 je pense que ça existe déjà, mais chauffer et refroidir, ça n'a jamais été fait dans la région ?
03:35 Effectivement, c'est assez novateur, en sachant que, je prêche pour ma paroisse,
03:40 mais la ville d'Issi-les-Moulineaux, sur ces sujets-là, est quand même assez précurseur,
03:44 puisqu'il y a eu déjà le fort d'Issi-les-Moulineaux dès 2013,
03:49 la ZAC des Bordesseines en 2015,
03:52 et le cœur de ville, en fait, avec une géothermie aussi inversée, en 2022.
03:57 Donc il y avait déjà une acculturation à ces questions-là.
04:01 Quels étaient, ah oui, on est au début du projet, vous nous l'expliquerez,
04:05 mais quels sont les défis à relever pour un projet comme celui-là ?
04:07 Les défis à relever, ça va être en fait cette régulation.
04:11 On a une source de calories à peu près stable en température, donc c'est une chance.
04:15 Et encore une fois, quand on fait des nouveaux ouvrages,
04:18 aujourd'hui, on va essayer de libérer l'énergie qu'on trouve, quel que soit l'ouvrage.
04:22 Surtout ne pas perdre d'énergie, c'est ça l'idée.
04:24 Et ça, c'est nouveau, ça fait très longtemps qu'il y a des canalisations d'eau usée partout dans le monde.
04:28 Et là, il y a encore peu d'expériences, il y en a quelques-unes.
04:31 Et donc là, l'enjeu, ça va être plutôt le savoir-faire sur l'échange de chaleur.
04:36 On le domine, on a des brevets depuis très longtemps.
04:39 Là, ça va être l'enjeu de la régulation.
04:41 En fait, comment s'adapter rapidement à la température, etc.,
04:45 de façon à passer du chaud au froid et à avoir le confort et le bien-être
04:50 qu'on doit à cette population locale.
04:52 Ce n'est pas un projet d'ingénierie, c'est un projet de la vivabilité dans ces bâtiments.
04:57 - Parce que ces eaux usées, on est à quoi ?
04:59 On est à 12, 15 degrés ? C'est quoi ?
05:02 Et puis alors comment ? Moi, je suis hyper curieux de ça.
05:04 Comment on en fait du chaud ou du froid ?
05:06 Parce que c'est ça le défi aussi.
05:08 - Donc il y a une combinaison avec la géothermie.
05:11 Donc une nappe phratique, on n'est plutôt...
05:14 On ne va pas très très profond, mais quand on remonte l'eau,
05:17 elle est plutôt autour de 10 degrés, 11 degrés.
05:19 Donc on a du froid.
05:21 Et on en a toute l'année.
05:23 Et 24 heures sur 24, ce n'est pas intermittent.
05:25 - Là, c'est quoi ? C'est à quelques dizaines de mètres ?
05:27 - Voilà, on est à 20, 30 mètres.
05:29 - D'accord. Il n'y a pas besoin de creuser trop profond.
05:31 - Non, il n'y a pas besoin.
05:32 Donc ce n'est pas déstabilisant sur les ouvrages.
05:34 Du coup, on peut le faire en ville.
05:36 Et ça, il y a du savoir-faire local ici, les Molinos.
05:39 Donc on bénéficie de ça.
05:41 Et au fond, c'est plutôt...
05:43 La nouveauté, ça va être le dispositif digital de régulation.
05:47 Et là, on est dans une ville très digitalisée.
05:50 Donc on a avec nous un partenaire local qui est dans sa vision.
05:55 Et pour nous, c'est un bonheur de l'accompagner.
05:58 - Oui, c'était plus facile parce qu'il y avait déjà cette numérisation dans la ville.
06:02 - Il y a un vrai savoir-faire.
06:04 - On se tourne vers Cagnes-sur-Mer une première fois.
06:06 Louis Neigre, on va parler d'une station d'épuration pas comme les autres.
06:10 Vous allez nous la présenter.
06:11 Déjà, pour expliquer station...
06:13 Alors, on a déjà dans cette émission, souvent, employé ces termes d'énergie positive.
06:17 On le dit pour des bâtiments, par exemple, une station d'épuration à énergie positive.
06:20 Ça veut dire quoi ? Ça consiste en quoi ?
06:22 - Si vous le permettez, peut-être avant même de définir l'énergie positive à Cagnes-sur-Mer,
06:27 je voulais simplement rappeler que la commune de Cagnes-sur-Mer a été la première commune, en 1960,
06:33 à avoir une station d'épuration.
06:35 Et aujourd'hui, nous avons une station d'épuration qui est encore la première en France pour deux raisons.
06:42 La première, c'est passer par un marché de performance, qu'on appelle un marché de performance aujourd'hui.
06:48 C'est la première fois en France où on fait la conception, la réalisation, l'exploitation et la maintenance par le même.
06:55 Donc, on n'a qu'un seul responsable.
06:58 Et nous, collectivité locale, ça nous simplifie énormément la vie d'avoir un seul responsable.
07:03 Et donc, aujourd'hui, nous sommes encore très innovants.
07:06 C'est la première station à énergie positive en France
07:09 parce qu'on va récupérer des calories, comme l'a dit le directeur général tout à l'heure, sur les canalisations,
07:16 on va sur les sécheurs, on va utiliser la digestion des bouts pour faire du biométhane
07:23 que l'on va injecter dans le circuit GRDF,
07:26 qui permet de récupérer 15 millions de mètres cubes de kilowatts par an,
07:33 d'avoir à peu près 5 000 foyers qui peuvent être irrigués par cette énergie.
07:39 Et en plus, nous avons une vision, la station d'épuration a ouvert en 2021,
07:46 les lancements de l'appel d'offres a eu lieu en 2014,
07:49 vous voyez le temps qu'il faut pour à la fois l'appel d'offres et construire,
07:53 elle fonctionne bien et d'ores et déjà, on est sur la prochaine étape
07:58 avec la réut, c'est-à-dire la réutilisation de l'eau usée,
08:03 sur lequel nous pourrions faire de grands progrès pour préserver notre ressource à eau,
08:10 puisque nous avons l'hippodrome de Quint-sur-Mer, qui est le premier de province,
08:14 qui utilise 130 000 mètres cubes d'eau par an pompés dans la fréatique.
08:21 Et nous, avec la station d'épuration, on pourrait utiliser justement cette station
08:26 pour permettre d'obtenir ce résultat. Donc c'est très gagnant-gagnant.
08:31 – Je vous interromps, pardon, mais Jean-François Noret disait, on se projette,
08:34 parce que c'est vraiment ça, vous nous dites, ça a été lancé en 2014,
08:37 ouvert en 2021, et là on se projette pour quoi, des décennies ?
08:40 C'est une station d'épuration pour combien de générations en quelque sorte ?
08:43 – Ces stations d'épuration sont faites pour une cinquantaine d'années,
08:47 mais en fait, comme le monde évolue à grande vitesse, on s'adapte.
08:53 Et avec Veolia, qui est un partenaire fiable, solide, et d'ailleurs qui a gagné,
08:58 entre nous, l'appel d'offres à l'unanimité, nous avons la capacité de nous projeter
09:05 avec par exemple, non seulement la réutilisation de l'eau,
09:08 et nous avons ce gros dossier actuellement, mais nous avons également
09:13 une station de recherche des micropolluants et de traitement.
09:17 Ça, c'est la prochaine étape que va nous demander de toute manière l'Europe.
09:22 Et donc à Cagnes-sur-Mer, avec Veolia, on est capable de s'engager dans cette voie-là.
09:27 – Alors on va regarder, on va voir quelques chiffres,
09:29 chiffres clés sur cette station d'épuration à Cagnes-sur-Mer,
09:32 sur sa capacité, 160 000 équivalents habitants,
09:36 la production de biomethane équivalent pour 5 500 habitants chauffés par an.
09:41 Tiens, ça veut dire quoi, petite question toute simple, mais 160 000 équivalents habitants ?
09:45 Pourquoi on emploie cette expression-là ?
09:48 – Parce qu'en fait, l'eau usée peut venir de toutes sortes d'activités, etc.
09:54 Et pour se mettre d'accord, on sait qu'un habitant produit tant d'eau usée, etc.
10:00 Donc pour une grande masse, on va utiliser la notion d'équivalent habitant.
10:04 Mais derrière, il peut y avoir des boucheries, des choses très différentes.
10:07 – D'accord, ok, bien compris.
10:08 Quand le maire de Cagnes nous disait, c'est la première fois qu'un marché
10:13 conception, réalisation, exploitation, maintenance conclut pour une station d'épuration,
10:17 je vois bien les avantages pour l'élu.
10:20 Vous, ça vous donne une responsabilité plus importante ?
10:22 – Alors, c'est une responsabilité, c'est aussi une chance,
10:25 puisque là, dans ce type de marché, on a la vision de l'élu local.
10:29 Il y a beaucoup de choses, c'est en entrée de ville,
10:32 pour une station d'épuration, ce n'est pas facile.
10:35 Il y avait une vraie vision locale, et pour nous, c'est une chance
10:40 de pouvoir déployer à la fois des solutions, des technologies,
10:43 de se lancer dans une aventure long terme.
10:46 J'ai compris que c'est quelque chose de vivant,
10:49 et ça répond à cette nouveauté qui est,
10:55 toute l'infrastructure classique va être un peu détournée,
10:59 on va tous être consommateurs d'énergie et producteurs d'énergie locales.
11:03 Donc les deux élus qu'on a avec nous aujourd'hui,
11:05 sont en train de nous dire ça, sur des canalisations d'eau usée,
11:08 sur des stations d'épuration, c'est pas seulement,
11:10 il y aura des photovoltaïques, etc.
11:12 – Bien sûr.
11:13 – Mais ce n'est pas une nouvelle technologie,
11:16 on va adapter l'infrastructure au fur et à mesure qu'on doit la redéployer,
11:20 ce ne sont pas des constructions qui sont faites uniquement pour ça,
11:24 on va continuer à un véhicule et l'eau usée,
11:26 mais la canalisation va être un producteur d'énergie,
11:29 comme la station d'épuration devient un producteur d'énergie,
11:32 et donc les villes, les territoires,
11:35 deviennent aussi des consommateurs et des producteurs d'énergie.
11:38 Donc pour Veolia en France, c'est une vision qu'on porte complètement,
11:44 parce que d'ici 2027, Veolia produira autant qu'il consomme en France,
11:50 on aura les moyens de devenir quasiment autonome en énergie,
11:56 tous les services de Veolia…
11:57 – Il y a tous les contrats que vous aurez pu signer, c'est ça la logique ?
12:00 – Voilà, et puis on complète notre dispositif à partir de…
12:04 tout ça avec de la ressource locale.
12:06 – Avec, je vois cette logique aussi pour des élus,
12:09 évidemment de ne pas être dépendant d'une seule source d'énergie renouvelable,
12:14 et ça pose à chaque fois la question de l'acceptabilité,
12:17 je veux bien vous entendre là-dessus, Tiffaine Bonnier,
12:20 parce que moi je l'ai souvent évoqué dans cette émission,
12:24 quand il y a un nouveau projet, tout le monde trouve ça super les énergies renouvelables,
12:27 et puis quand ça arriverait de chez vous, on se dit,
12:29 est-ce que j'ai envie d'une éolienne, est-ce que j'ai envie de ci, de ça,
12:31 est-ce que cette question s'est posée ici, les Moulineaux ?
12:33 – Oui, bien évidemment, et je pense effectivement sur l'ensemble des territoires
12:37 et pour l'ensemble des élus concernés sur ce genre de sujet.
12:41 Sur la ville d'ici les Moulineaux, on a adopté en 2021 le budget climat,
12:45 qui a été la première initiative de cette envergure en France,
12:48 où c'est un outil en fait de planification,
12:52 c'est-à-dire qu'on se fixe des objectifs d'émissions de gaz à effet de serre,
12:56 par secteur, donc transport, déchets, énergie, mais aussi par acteur,
13:01 en prenant en compte les ménages, mais également les entreprises et les acteurs publics.
13:06 Ce budget climat, il a été adopté à l'unanimité,
13:08 donc déjà ça a montré effectivement, quel que soit finalement le bord politique
13:12 dans lequel on s'inscrit, il y a cette volonté collective d'aller dans ce sens.
13:18 Effectivement, enfin je veux dire, aujourd'hui on est tous conscients
13:21 des limites planétaires, des limites de l'activité humaine,
13:25 mais voilà, une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on fait ?
13:28 C'est tout ce qu'on mène sur la ville d'Issi-les-Moulineaux,
13:31 beaucoup de sensibilisation et de pédagogie.
13:34 Il faut savoir que sur ces gros projets, donc la ZAC Léon Blum,
13:38 mais sur l'ensemble que j'ai cité tout à l'heure,
13:40 ce sont des mois, voire des années en fait,
13:45 donc on réfléchit ensemble, évidemment il y a tous les actes administratifs d'appel d'offres qui sont longs,
13:50 mais il y a aussi les réunions publiques qu'on fait avec les habitants,
13:54 avec les acteurs, les commerçants, pour leur dire,
13:56 voilà, aujourd'hui il y a ça, demain...
13:59 - C'est plus facile, pardon de vous interrompre, là c'est un nouveau quartier dont on parle,
14:02 c'est plus facile quand c'est un nouveau quartier que quand on essaye d'innover
14:07 dans un quartier déjà existant, forcément j'imagine ?
14:10 - Oui, en sachant que quand même, quand on parle de la ville d'Issi-les-Moulineaux,
14:13 c'est une ville déjà très urbaine aux portes de Paris,
14:16 donc on n'est pas parti d'un champ où il n'y avait rien,
14:19 donc voilà, effectivement c'est un nouveau quartier,
14:22 mais on part sur de l'existant,
14:24 donc c'est là où on fait effectivement toute la pédagogie,
14:27 on va voir les habitants, il y a toutes les activités classiques,
14:33 de boitage ou autre, mais c'est surtout les réunions publiques en fait,
14:36 où on met les professionnels, on les invite,
14:39 et on leur demande d'expliquer aux habitants,
14:42 mais aussi les habitants de poser leurs questions,
14:44 et il faut savoir qu'entre le démarrage d'un projet
14:47 et la réalisation finale, le moment de la livraison,
14:50 il y a eu des adaptations justement,
14:52 il faut prendre en compte différentes perceptions,
14:56 différents ressentis, différentes demandes.
14:59 C'est aussi votre rôle ça ?
15:01 Oui, en fait.
15:02 De rassurer d'une certaine façon ?
15:04 D'accompagner la pédagogie de l'élu local,
15:06 on ne va pas se substituer à l'élu local,
15:08 ce n'est pas une solution technocratique,
15:10 mais c'est très important,
15:12 puisque hier on a fait paraître un sondage, un baromètre,
15:16 et je vais retenir juste un chiffre,
15:18 68% des Français ont du mal à imaginer
15:21 qu'est-ce que c'est qu'un monde,
15:23 c'est quoi les solutions d'un monde décarboné.
15:25 C'est cette politique locale
15:28 qui apporte des solutions,
15:30 et ce sont des solutions à portée de main.
15:32 Aller chercher les calories,
15:34 voilà, ça...
15:35 Oui, d'un seul coup on se dit,
15:36 mais pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt ?
15:37 Voilà, tout à coup, on se sent ridicule
15:39 d'avoir attendu ce moment-là pour le faire,
15:42 mais c'est tout, et au fond, voilà.
15:44 Donc ça c'est cette énergie à portée de main,
15:47 et ce travail qui est fait localement,
15:49 il est indispensable.
15:50 - Le fait qu'une commune adopte un budget climat,
15:52 est-ce que vous ça vous...
15:53 Alors j'allais dire simplifie la tâche,
15:55 c'est peut-être pas la bonne expression,
15:56 mais est-ce que ça vous permet aussi d'avoir
15:58 une vision à plus long terme
15:59 de la façon dont vous pouvez travailler,
16:01 éventuellement imaginer une nouvelle solution,
16:04 proposer autre chose à une commune ?
16:05 - Je pense que c'est important pour tous,
16:07 à la fois pour une vision un peu long terme de l'élu,
16:11 une vision travaillée,
16:12 un budget climat c'est pas quelque chose qu'on fait en 24 heures,
16:15 et puis c'est important pour les gens
16:19 qui viennent s'installer ou ceux qui vivent là.
16:21 Donc finalement, ça sert tout le monde.
16:23 Et nous, ça nous permet aussi de projeter notre innovation.
16:26 Donc on comprend qu'ici, les Mounineaux,
16:29 va avoir, aujourd'hui on parle de producteurs consommateurs d'énergie,
16:33 on parle de prosumeurs,
16:35 ici les Mounineaux va être prosumeurs comme Cagnes-sur-Mer,
16:38 et donc ça va inspirer beaucoup de gens.
16:41 - Louis Negre, cette station d'épuration à Cagnes-sur-Mer,
16:45 où est-elle située ?
16:47 Vous nous parliez d'entrée de ville,
16:49 et puis alors ça représentait quoi comme défi ?
16:52 C'était pas si simple, je crois.
16:54 - Non, non, c'était pas si simple,
16:56 mais nous on a vu la différence après avant et après.
16:59 On a été les premiers à en créer une sur la Côte d'Azur,
17:02 mais on l'avait créée au bord de mer,
17:04 et ensuite on a eu des habitations qui se sont construites.
17:08 Donc vous imaginez une station d'épuration à bassin ouvert,
17:12 avec toutes les pollutions, notamment olfactives,
17:15 c'était un vrai problème avec de vraies nuisances.
17:18 Donc la première décision que nous avons prise,
17:21 c'est dans le cahier des charges,
17:23 d'obtenir le niveau le plus élevé possible
17:26 au niveau de la protection de l'environnement et des abords.
17:31 Et donc nous avons désormais
17:33 une certification environnementale internationale,
17:36 BREEAM, Very Good.
17:38 C'est ce qu'on fait quasiment de mieux dans ce domaine-là.
17:42 Deuxièmement, nous avons donc supprimé,
17:45 puisque c'était l'objectif de cette nouvelle station,
17:48 c'était de supprimer toutes les nuisances pour l'environnement.
17:52 C'est ce que nous avons réussi à obtenir.
17:55 Alors M. Nogrette pourrait vous parler des doubles,
17:58 ça ce que nous avons introduit dans la conception de cette station
18:03 pour arriver au résultat.
18:05 Et nous arrivons au résultat, puisque nous sommes en 2024,
18:09 la station fonctionne depuis 2021,
18:12 on est en milieu urbain de la Côte d'Azur au bord de mer,
18:16 et aujourd'hui nous n'avons pas de difficultés particulières.
18:19 C'est dire le changement considérable
18:23 que les concepteurs de stations d'épuration ont pu faire.
18:26 Et puis grâce à cette nouvelle station
18:29 que nous avons située entre l'hippodrome et l'autoroute,
18:34 nous avons récupéré l'ancien terrain de la première station d'épuration
18:40 et nous avons fait un parc urbain, le parc de la Méditerranée,
18:44 10 000 m², offert au public de végétalisation,
18:48 d'espace de jeu pour les enfants.
18:50 C'est un énorme succès.
18:52 Donc c'est une opération qui a été gagnante,
18:55 gagnante pour tout le monde.
18:57 Et vous avez aussi mis en place un bassin d'orages,
19:00 je veux bien savoir où il est situé,
19:03 et surtout à quoi il va servir, on l'imagine bien, mais expliquez-nous.
19:07 Oui, le bassin d'orages sert simplement
19:10 lorsqu'on a des orages notamment méditerranéens,
19:12 c'est-à-dire de fortes pluies intenses.
19:14 Et donc à ce moment-là, vous avez une arrivée considérable d'eau,
19:19 et cette eau-là va déborder tout de suite,
19:22 parce que les tuyaux ne sont pas prévus au départ
19:24 pour ces orages méditerranéens,
19:26 et donc vous déversez dans le milieu naturel,
19:29 ce qui n'est pas l'idéal.
19:31 Donc nous avons construit, avec Veolia,
19:35 un bassin d'orages qui permet de récupérer les eaux,
19:39 on a une réserve de 2000 mètres cubes,
19:43 ce qui est important,
19:44 et ce qui nous permet d'éviter de rejeter dans le milieu naturel
19:47 ces eaux de surface.
19:49 Jean-François Noguède, ces deux projets,
19:51 si on fait un comparatif,
19:52 en quoi ils sont vertueux, plus vertueux pour l'environnement ?
19:55 Si on prend ici les moulinos,
19:57 si on comparait un projet de gaz, par exemple,
20:00 pour chauffer un quartier, quelle est la différence ?
20:03 Il y en a deux grandes.
20:06 C'est souvent le cas dans ces projets-là,
20:09 on va substituer des achats d'énergie fossile récurrente
20:14 par un investissement qui va fonctionner avec une énergie locale,
20:18 là qui va fonctionner avec l'eau du sous-sol et les eaux usées.
20:22 Donc au fond, c'est comment ne pas être en surinvestissement durable,
20:26 donc ça c'est tout l'enjeu aussi du budget.
20:28 Et une souveraineté, pardon de vous interrompre,
20:30 parce qu'on n'est pas dépendant de ce qui peut se passer ailleurs sur la planète.
20:34 On renforce la souveraineté locale.
20:37 Et puis les Français l'expriment aussi dans le sondage,
20:41 il y a un attachement avec cette énergie de proximité.
20:44 Et donc dans les deux cas, on a ça,
20:47 on a au départ une station d'épuration,
20:49 c'est fait vraiment pour dépolluer les eaux,
20:51 on vient d'en parler avec les bassins d'orage, etc.
20:54 Et en fait, la vision de l'élu, c'est aussi d'en tirer un avantage supplémentaire
21:01 dans cette vision souveraine, sur un peu plus de souveraineté,
21:05 dans un monde où la capacité d'investissement ne va pas être démultipliée.
21:11 Et pourtant, on fait du pas à pas sur la transformation écologique
21:15 avec des infrastructures classiques.
21:18 - Donc la station de Cagnes, elle produit un peu plus d'énergie qu'elle n'en consomme.
21:22 C'est ça le principe.
21:24 - C'est ça, en fait, l'énergie positive, c'est ça.
21:26 Alors qu'avant, c'était franchement qu'un grand consommateur d'énergie,
21:30 comme classiquement, et on avait l'énergie pour ça, etc.
21:34 Donc au fond, c'est cette ressource locale qu'on va venir chercher
21:38 avec des infrastructures que de toute façon, on doit faire.
21:41 Donc c'est cette valance un peu nouvelle
21:45 de rajouter la vision énergie dans l'infrastructure publique.
21:48 - Quelques chiffres clés qui vont dans le sens de ce que vous nous donniez
21:51 à propos d'Issi-les-Moulineaux,
21:53 réduction de 80% des émissions de CO2.
21:56 Donc là, c'est en comparatif avec ce qu'aurait pu être une solution gaz.
22:00 Moins de 23 grammes de CO2 au kWh.
22:03 Et puis ça alimente jusqu'à 7 immeubles pour le chauffage,
22:06 le saut de sanitaire, le rafraîchissement, on l'a dit.
22:08 Est-ce que ça permet aussi de garantir un prix plus stable aux consommateurs ?
22:12 - Effectivement. Et c'est là où, quand ça a été pensé,
22:16 ça a été pensé avant, effectivement, la crise énergétique qu'on peut encore connaître,
22:22 même si c'est moins dans les esprits depuis 2022.
22:26 On est quand même, donc, effectivement, sur une stabilité du prix
22:29 et potentiellement un gain pouvant aller jusqu'à 25% sur la facture énergétique.
22:34 Ce qui, au-delà, effectivement, de toute la démarche de transition écologique,
22:39 transition énergétique, on sait en ce moment,
22:42 dans les sujets de pouvoir d'achat, que le français est attentif aussi à la facture en fin de mois.
22:48 Donc d'avoir la solution, effectivement, vertueuse, écologique,
22:51 associée à directement une vision, on va dire, financière, c'est plutôt dans le bon sens.
22:58 - On en est où du projet, là, ici, les Moulineaux ?
23:00 C'est les premières mises en œuvre, les coups de pioche ont commencé, racontez-nous.
23:06 - Alors, effectivement, comme je disais, c'est dans le cadre de la requalification globale d'un quartier.
23:10 Donc il y a plusieurs éléments à avoir en tête, mais sur le réseau de chaleur et de froid,
23:15 les travaux vont débuter en 2025 et donc, du coup, pour une mise en service de ce réseau pour fin 2025.
23:25 - C'est le principe tout simple, c'est quoi ? C'est comme une pompe à chaleur qui est installée dans le collecteur d'eau usée ?
23:30 - Voilà, en fait, c'est un échangeur de chaleur, on vient chercher les calories,
23:34 soit de la naphratique, soit de l'eau usée, en l'occurrence de l'eau usée.
23:38 Et puis après, effectivement, on rajoute des pompes à chaleur quand on doit réguler.
23:42 Et ça, c'est que le début d'une histoire. Demain, on ira chercher l'énergie du voisin qui produit un peu plus pour le verser à l'autre.
23:51 Parce qu'on crée en ce réseau, on crée un réseau de chaleur.
23:54 Et donc, on est en train de transformer nos égouts, pour le dire très simplement, en connecteurs, en réseau de chaleur urbain.
24:02 Et on en répare, on en construit tous les jours des égouts et des conduites d'eau.
24:10 Et donc, voilà, ça, c'est un nouvel organe. On va libérer un peu l'énergie qui est là à l'intérieur.
24:15 Et donc, c'est cette vision, et c'est le début d'une longue histoire.
24:18 Et ça, ça inspirera toutes les cités françaises, j'en suis certain.
24:23 - Presque une unité pilote, en quelque sorte.
24:25 - Alors, oui, vraiment sur... Ici, alors, c'est pas leur seul pilote. Ils sont pilotes sur beaucoup de choses.
24:30 Mais oui, et c'est surtout, je dirais, à portée de main.
24:35 On n'est pas dans... Voilà, c'est pas une infrastructure qui est là que pour l'énergie,
24:40 puisqu'au fond, il faut construire ces canalisations d'eau.
24:45 Et on détourne un petit peu. Et cette unité pilote, c'est juste astucieux.
24:51 - Oui. Je vous pose la question pour Issy-les-Mognes, parce que je peux poser la même pour Cagnes-sur-Mer.
24:55 Il y a un côté pilote aussi.
24:56 - Il y a un côté complètement pilote. Donc là, les technologies, la mise au point, l'injection...
25:04 En fait, on produit le gaz, comme l'a dit M. le maire, à partir des bouts.
25:08 Par contre, il faut extraire juste le méthane, parce qu'on va l'injecter dans le réseau de M. et Mme Tout-le-Monde.
25:14 C'est le réseau de GRDF. Donc il a une qualité de données, etc.
25:18 Voilà, c'est de l'énergie locale, biosourcée. Et il y en a dans toutes les stations d'épuration du monde.
25:24 Donc ce qu'a ouvert Cagnes-sur-Mer, on va le répéter partout.
25:29 - Et donc, M. le maire, il paraît qu'elle est beaucoup visitée, votre station d'épuration. C'est vrai ?
25:34 - Oui. C'est aussi un des objectifs que je m'étais donné et auquel Veolia a bien compris, justement, cet objectif-là,
25:42 puisque j'ai souhaité que cette station, qui a quand même coûté 110 millions d'argent public,
25:48 donc c'est nos contribuables qui la payent, alors avant, les déchets, on les cachait, on en était quasiment en deux.
25:55 Maintenant, on les traite avec une technologie haut de gamme. Eh bien, je suis fier de la station d'épuration qu'on a réussi à sortir.
26:03 Et donc, je veux que la population, les habitants de Cagnes et au-delà, se rendent compte à la fois des efforts faits,
26:12 de la chance d'avoir des spécialistes qui sont réputés au plan mondial. La France est très, très bien classée à ce niveau-là.
26:22 Et nous recevons d'ailleurs des délégations du monde entier, notamment chinoise, la dernière, qui est venue voir comment fonctionnait cette station,
26:31 parce qu'on pourrait aller encore plus loin. Mais la station chinoise équivalente, le responsable me disait,
26:37 il lui faut à peu près 50 à 60 personnes pour la faire fonctionner. Quant à nous, on fonctionne à 8 personnes.
26:46 Tout ça parce qu'on est interconnectés, qu'on est très haut de gamme, justement, dans ce domaine-là.
26:52 Et en plus, j'ai souhaité que cette station soit visitable par les écoliers de la commune.
27:02 Et il y a plusieurs communes qui participent. Je suis le président du syndicat, mais il y a Saint-Paul-de-Vence, il y a La Colle, il y a Villeneuve-Loubet.
27:10 Et donc, l'ensemble, avec la métropole et la Casa, qui sont les deux responsables également, nous arrivons à faire visiter cette station de A jusqu'à Z
27:20 avec un parcours pédagogique qu'on a établi volontairement, ce parcours.
27:25 Bref, ça aussi, c'est quelque chose d'important, me semble-t-il, en tous les cas pour nous, pour indiquer que cet argent public, il y est bien placé,
27:34 il fonctionne bien dans l'intérêt général.
27:38 Merci beaucoup, argent public. D'ailleurs, 110 millions d'euros de budget, argent européen aussi, il faut le dire.
27:43 Je trouve qu'à quelques jours d'une élection européenne, rappeler que l'Europe, ça sert aussi à ça, c'est important.
27:49 Il y a beaucoup de positifs et de financements grâce à l'Europe.
27:52 Merci à tous d'avoir participé à ce débat qui était passionnant, ce Smart Impact consacré aux sources de chaleur, aux stations d'épuration positive,
28:03 bref, à ces énergies renouvelables auxquelles on ne pense pas forcément spontanément.
28:07 Merci encore et à bientôt.
28:09 Merci à vous.
28:11 (Musique)