• il y a 7 mois
André Bouget, voisin sympathique, employé de bureau affable, passionné de foot et de badminton, cachait bien son jeu. Dans son jardin est découvert à l'hiver 2004, près d'Orléans, le corps martyrisé de Muriel Reigada, une mère de famille de 36 ans qui venait d'être enlevée. C'était une collègue de travail avec qui il avait les meilleures relations du monde. Pourquoi et comment cet homme s'est-il lancé dans ces expéditions meurtrières ?
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 30 mai 2024

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Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:06 A Orléans, le principal suspect dans l'enquête sur la mort de Muriel Regada a été mis en examen cet après-midi
00:11 pour enlèvement et séquestration suivie de mort.
00:14 Le mystère demeure entier sur le mobile et sur les circonstances de l'assassinat de cette mère de famille de 33 ans,
00:20 retrouvée mercredi enterrée dans le jardin du suspect.
00:24 Bonjour, André Bouger, ce voisin sympathique, employé de bureaux attentionnés, passionné de foot et de badminton,
00:32 André Bouger, cachait bien son jeu.
00:35 À l'hiver 2004, près d'Orléans, on découvre dans son jardin le corps martyrisé de Muriel Regada, une mère de famille de 33 ans.
00:43 C'était sa collègue de travail avec qui il avait les meilleures relations du monde.
00:47 Les policiers vont non seulement déterrer un corps, mais vont aussi lever bien des secrets sur le parcours de cet homme
00:55 qui a tout d'un caméléon du crime.
00:58 Un nom qui n'est pas vraiment son nom, un passé judiciaire trouble,
01:02 et une autre tentative d'enlèvement et de meurtre, un tueur de femmes en puissance.
01:06 Mais que cherchait vraiment André Bouger ?
01:09 Pourquoi et comment le destin de cet homme a basculé dans le sadisme ?
01:12 Allait-il devenir un tueur en série ?
01:15 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:17 L'affaire Muriel Regada, ce voisin de bureau qui vous veut du mal.
01:21 Nous n'avons pas de fortune, les ravisseurs ont dû se tromper de personne.
01:26 C'est un cauchemar.
01:27 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:31 A tout de suite sur RTL.
01:34 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:38 Jean-Alphonse Richard.
01:40 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:44 Jean-Alphonse Richard.
01:46 Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Muriel Regada.
01:49 À l'hiver 2004, cette mère de famille, 33 ans, est enlevée en plein jour devant chez elle,
01:54 à la périphérie d'Orléans, totale stupéfaction.
01:57 Qui peut en vouloir à cette femme ?
02:01 Vendredi 3 décembre 2004, 17h39, le commissariat d'Orléans est alerté de l'enlèvement d'une femme
02:08 au numéro 3 de la rue de Chantelot, dans la localité toute proche de la chapelle Saint-Mesme.
02:14 Tout s'est passé en quelques secondes, la femme aurait été embarquée dans une voiture sur place.
02:20 Les policiers entendent l'unique témoin dans la résidence, une femme âgée qui était à sa fenêtre.
02:26 Elle a d'abord vu sa voisine, Muriel Regada, arriver en voiture et s'arrêter devant son garage.
02:32 Puis, un autre véhicule de couleur grise a surgi, un homme assez grand en essortie,
02:37 vêtu d'un pantalon clair et d'une veste sombre.
02:40 Il a empoigné Muriel Regada et l'a obligé à monter à l'arrière de sa voiture.
02:45 La voisine a aussitôt alerté le mari, Daniel Regada.
02:48 Il était chez lui, au deuxième étage, avec les deux enfants du couple, 4 ans et 18 mois.
02:53 "Je me suis précipité au rez-de-chaussée, la voiture de ma femme était là",
02:58 portière conducteur ouverte. Sur le sol, il y avait le sac à main de Muriel, témoigne-t-il.
03:02 Rien n'a été dérobé, le téléphone portable est resté sur le siège du Volkswagen Touran.
03:07 Le vol ne semble pas le mobile de l'agression, le mari est sous le choc.
03:12 Lundi 6 décembre, trois jours après la disparition, le parquet d'Orléans ouvre une information judiciaire
03:19 pour enlèvement, détention et séquestration.
03:22 Les ravisseurs de Muriel Regada ne se sont pas manifestés, aucune demande de rançon.
03:27 Les Regada sont loin de rouler sur l'or, installés depuis trois ans, résidence des Pervenches,
03:32 ce sont des employés modestes.
03:35 Lui est agent commercial chez EDFL et secrétaire de direction à l'agence de l'eau Loire-Bretagne à Orléans.
03:42 Son directeur l'a décrit comme une femme toujours d'humeur égale et qui n'a aucun problème relationnel.
03:48 Il précise tout de suite que la disparue n'a aucune responsabilité dans la passation de marché public,
03:54 impensable donc que son travail ait pu entraîner une quelconque vengeance.
03:59 L'ordinateur de Muriel et son téléphone sont analysés,
04:02 la PJ d'Orléans se penche sur la vie privée de la mère de famille.
04:07 Aucune ombre à signaler, Muriel ne cessait de répéter que ses deux enfants étaient tout pour elle
04:13 et que sa famille était son univers privilégié.
04:15 "On n'enlève pas une maman avec deux enfants, nous n'avons pas de fortune."
04:19 Les ravisseurs ont dû se tromper de personne, confie au journal Le Parisien la maman de Muriel.
04:24 Elle ajoute "Ma fille m'a appelé le matin de l'enlèvement, elle me dit tout. Ce jour-là, elle allait très bien."
04:31 La piste d'un automobiliste furieux ou d'un riverain en colère est étudiée mais sans résultat.
04:37 Les policiers entendent les collègues de travail de Muriel Regada.
04:41 L'un d'eux, André Bouget, 36 ans, a travaillé un temps à l'agence de l'eau en intérim.
04:47 Il confirme avoir remplacé Muriel alors qu'elle était enceinte.
04:50 Il se souvient d'un détail curieux.
04:53 Il raconte qu'un certain Patrick appelait deux fois par jour Muriel pour lui parler.
04:59 Il était menaçant parce qu'elle n'était pas là.
05:01 "Elle va le regretter", aurait dit un jour ce mystérieux interlocuteur André Bouget,
05:06 dite avoir informé Muriel de ses coups de fil.
05:09 À son retour, elle m'a répondu en souriant.
05:12 "Je vois qui c'est, mais je veux que ça reste entre nous", dit cet homme, Muriel Regada.
05:18 Avait-elle un amant en colère ?
05:20 Ceux qui connaissent Bouget le décrivent comme un homme qui peut raconter un peu n'importe quoi,
05:24 très entreprenant, empressé avec les femmes, les policiers.
05:27 Note au passage que l'ancien collègue s'appelle en réalité Mohamed Bouadjaj, né au Maroc.
05:32 Il a francisé son nom et utilise deux passeports en 1999.
05:38 Il a été condamné pour une escroquerie à l'assurance.
05:42 Évidemment, ce profil de Bouget attire inévitablement la curiosité et la suspicion.
05:50 Les enquêteurs vont s'intéresser de plus en plus à André Bouget.
05:54 On va voir dans la suite de l'heure du crime comment la brigade criminelle d'Orléans va se rapprocher de lui.
06:00 C'est un personnage ô combien intéressant.
06:04 Bonjour Maître Magali Castelli-Maurice.
06:07 Bonjour.
06:08 Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
06:12 Vous êtes avocate au barreau d'Orléans et dans cette affaire vous défendez les intérêts de la famille de Muriel Regada.
06:18 Évidemment, cette famille vous la connaissez parfaitement, vous avez suivi d'ailleurs cette tragédie qui commence par cet enlèvement.
06:26 La première question est toute simple, on est à la chapelle Saint-Mesmin, on est près d'Orléans, c'est un coin tranquille.
06:33 C'est presque surréaliste cet enlèvement.
06:36 C'est une petite bourguêne qui est collée à Orléans.
06:39 On est dans la proche banlieue et M. et Mme Regada habitent dans une petite résidence de deux étages entourée d'arbres, toute petite et toute calme.
06:48 C'est très étonnant, c'est un endroit où il n'y a rien, il ne se passe rien.
06:52 Le mari, M. Regada, il est dans la plus totale incompréhension, comme d'ailleurs tous les gens qui connaissent Muriel.
06:58 Parce qu'on se dit "mais enlever Muriel Regada, on tombe de l'armoire".
07:04 On ne comprend pas pourquoi, parce que nous avons affaire à un couple qui est sans histoire, qui se contente de vivre sa vie de famille,
07:11 qui est très simple, tout est mis en priorité pour les enfants.
07:16 Et ce petit couple, ils se connaissent depuis qu'ils sont adolescents.
07:20 Et ils ont toujours vécu ensemble et ils ne font rien sans l'autre.
07:24 - C'est ça. Alors il y a une témoin, c'est cette vieille dame qui est à sa fenêtre, c'est la seule témoin directe.
07:32 Qu'est-ce qu'elle voit cette femme ? On a l'impression que c'est une scène de film qui se déroule sous ses yeux.
07:37 - C'est une scène qui se déroule en quelques secondes, elle est à la fenêtre de sa cuisine
07:41 et en fait elle décrit Muriel Regada qui rentre en voiture, qui range comme à son habitude,
07:47 parce que c'est un couple avec plein d'habitudes, qui range comme à son habitude sa voiture dans son garage
07:53 et au moment où elle a rentré son véhicule, arrive un autre véhicule et elle voit un homme sortir de ce véhicule,
08:00 se précipiter dans le garage et en quelques secondes cet homme ressort en tenant dans ses bras et en tirant Muriel Regada.
08:09 Et il la projette dans la voiture et ils s'en vont.
08:12 - Il n'y a pas de cri ? - Il n'y a rien.
08:14 - Il n'y a pas de cri, c'est le silence et là vraiment on ne comprend pas.
08:17 Bonjour maître Sonia Korfnikoff. - Bonjour.
08:20 - Merci infiniment d'être également avec nous dans le studio de l'or du crime aujourd'hui.
08:24 Vous êtes également avocate au Barreau d'Orléans et dans cette affaire vous avez défendu et vous défendez sans doute toujours Irinelle Liteanu.
08:32 On va voir qui est ce personnage qui va apparaître un peu plus tard au fil de l'enquête,
08:36 mais ce dossier évidemment vous êtes avec nous pour le commenter parce que vous le connaissez également très bien comme maître Magali Castelli-Maurice.
08:43 On va faire l'entourage professionnel de Muriel Regada parce que ça paraît une priorité.
08:48 C'est une famille, on vient d'en parler, c'est une famille simple qui a des amis un peu partout,
08:53 qui a a priori pas d'ennemis mais l'entourage professionnel ça compte.
08:57 - Oui, comme toutes les affaires criminelles, la première chose à faire c'est une enquête d'environnement.
09:03 Donc c'est confié à la SRPJ d'Orléans qui déroule les témoignages.
09:12 - C'est ça et on va se rapprocher des collègues de travail parce qu'ils vont commencer à compter ces collègues de travail
09:19 et on va finir par se rapprocher, on va en parler évidemment au fil de l'émission, de ce André Bouget.
09:24 André Bouget c'est un intérimaire, il a remplacé Muriel Regada à son poste, c'est ça ?
09:28 - Oui, alors on suppose qu'ils ne se sont pas connus vraiment puisqu'il était son remplaçant sur son poste.
09:35 En revanche, il est interrogé comme les autres.
09:42 - Comme témoin, simple témoin.
09:44 - Absolument et je crois quelques jours après la disparition.
09:48 - Et ce qui paraît curieux aux enquêteurs, mais peut-être c'est la question d'après, c'est que c'est le seul à donner une image de la disparue un peu différente de ses collègues de travail.
10:03 - C'est ça, justement maître Magali Castelli-Maurice, cette femme, elle a une image assez lisse finalement.
10:09 Elle travaille, elle est quasiment fonctionnaire dans cet établissement de l'eau à Orléans.
10:15 Et effectivement là, ça détonne un peu parce qu'on se dit après tout, elle a peut-être une double vie, ce collègue a entendu des choses.
10:21 - C'est assez étonnant parce que c'est une personne qui est décrite comme étant...
10:26 Elle a un caractère, mais ils sont extrêmement discrets, c'est-à-dire qu'ils passeraient presque inaperçus ce petit couple au milieu de tout le monde.
10:33 Et quand on en parle, quand tous les employés ou du moins les collègues sont interrogés, il n'y en a qu'un qui dit du mal d'elle.
10:40 - Alors c'est du mal et à la fois il laisse planer le mystère. Qu'est-ce qu'il raconte ?
10:44 - Il est étonnant, M. Bouget. Il laisse entendre qu'elle aurait une liaison adultère avec un certain Patrick.
10:54 Et il laisse entendre ça et étonnamment, elle se serait confiée à lui en lui disant "tu te tais, tu ne dis rien".
11:00 Des phrases qui détonnent avec la personnalité de Muriel Regada.
11:04 - C'est ça, c'est qu'on ne lui connaît pas d'amant. D'ailleurs les policiers vont faire l'enquête là-dessus, évidemment, ils sont obligés.
11:10 - Ils sont bien entendu obligés, ils vont rechercher, pourquoi pas ? Il y avait peut-être quelque chose, ils vont rechercher.
11:16 Et ils ne trouvent strictement rien, c'est justement ça qui interpelle.
11:20 - Encore un petit mot au maître Sonia Krofnikoff. André Bouget, au moment de la disparition de Muriel Regada, je crois qu'il était en recherche d'emploi.
11:28 Il est un térimaire en fait.
11:30 - Alors oui, il est en recherche d'emploi et pas en recherche d'emploi, puisque je crois que sa compagne dira qu'il était aussi inactif, mais que ça lui convenait.
11:41 Il avait manifestement pas tant besoin d'argent que ça.
11:46 - C'est la question que j'allais vous poser, parce que les policiers ça y regarde évidemment les comptes des uns et des autres, pour voir s'il n'y a pas des mouvements suspects.
11:53 Et on va se dire "bah lui, ça va".
11:55 - On a l'impression qu'il vit de pas grand chose, ou en tout cas qu'il avait...
12:00 Ce qu'il disait aussi c'est qu'il avait vécu 9 ans à New York, qu'il avait amassé beaucoup d'argent,
12:05 et qu'on avait l'impression qu'il vivait sur ce qu'il avait ramassé pendant ses années américaines.
12:11 - Il n'avait pas de soucis, il est dans ce pavillon installé, il est divorcé, il a une petite fille je crois, donc ça va plutôt bien pour lui.
12:20 Maître Magali Castelli-Maurice, il est un peu mythomane cet homme.
12:24 - C'est un sacré parleur, en tout cas il a su en bobiner.
12:29 - Il raconte beaucoup d'histoires sur sa vie, etc.
12:32 - Sa vie, je pense que quand il a dû la raconter, c'est une vie haute en couleurs, en aventure, et plein de... Il voyage beaucoup, si on l'écoute, il voyage beaucoup.
12:45 - Deux semaines après son audition, le suspect numéro 1 va être interpellé.
12:50 Muriel Regada, ce voisin de bureau qui vous veut du mal.
12:54 J'ai entendu cette femme demander en pleurant ce qui lui est arrivé et où on l'a emmené.
12:59 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:02 Au programme aujourd'hui de l'heure du crime, l'affaire Muriel Regada.
13:16 Le 3 décembre 2004, cette mère de famille tranquille a été enlevée devant chez elle, près d'Orléans, un rapte non revendiqué.
13:23 Incompréhensible, deux semaines plus tard, un ancien collègue de la disparue est interpellé.
13:29 Mercredi 22 décembre 2004, à 8h40, les policiers sont au domicile d'André Bouger, un pavillon à Saint-Jean-de-Bret, à une quinzaine de minutes d'Orléans.
13:42 Pendant deux semaines, les policiers ont enquêté sur cet homme divorcé, père d'une petite fille de 3 ans.
13:48 Il avait remplacé Muriel Regada à l'agence régionale de l'eau.
13:52 Affable et donnant entière satisfaction à indiquer son supérieur, la police perquisitionne la maison,
13:58 des documents administratifs douteux qui semblent falsifier son découvert.
14:03 Dans une bonbonnière en faïence, on retrouve de nombreux bijoux.
14:08 Bouger affirme qu'ils appartiennent à son ex-femme.
14:12 Parmi ces pièces figure toutefois une alliance en or qui porte cette inscription gravée "Un amour pour la vie 23 6 97".
14:22 La date est celle du mariage des époux Regada.
14:25 Dans le pavillon, les policiers trouvent encore deux paires de menottes, un pistolet automatique, une paire de bottes maculées de boue.
14:32 Dans le jardin, un petit carré de terre fraîche attire les regards.
14:36 "Vous ne trouverez rien ici, je n'ai enlevé personne", prévient André Bouger.
14:41 A 14h, à 1m50 de profondeur, le corps d'une femme entièrement nue et replié en position fétale apparaît.
14:48 Il s'agit bien de Muriel Regada.
14:51 Le crâne et les parties génitales ont été rasées.
14:54 Les légistes indiquent que la malheureuse est morte étouffée, son visage a été comprimé.
14:59 Certains signes laissent penser que la victime a été violée, mais les experts n'ont pas de certitude sur ce point.
15:05 Le décès est intervenu un ou deux jours après l'enlèvement.
15:10 Placé en garde à vue, André Bouger s'explique.
15:14 Il n'est pour rien dans tout ça.
15:16 Il raconte qu'une collègue de Muriel Regada voulait lui faire peur.
15:21 Elle lui a proposé 300 euros pour recruter deux individus originaires d'Europe de l'Est pour procéder à un simulacre d'enlèvement.
15:29 Il a accepté, il a prêté sa voiture, une Audi A4, pour leur apte.
15:32 Mais tout s'est mal passé.
15:35 Les deux hommes ont étouffé la jeune femme en voulant l'empêcher de crier.
15:39 Ils se retrouvaient avec le cadavre dans son jardin.
15:42 La collègue de travail est entendue, elle connaissait bien Muriel, elle avait rencontré André Bouger.
15:47 Mais elle n'a rien à voir dans cette histoire.
15:49 Bouger raconte n'importe quoi.
15:51 Elle est mise rapidement hors de cause.
15:54 Le suspect ne donne pas davantage de détails, pas un mot sur la manière dont il aurait perpétré le crime.
16:00 Silence encore sur ses motivations, en épluchant son téléphone portable.
16:05 Les policiers repèrent des échanges avec un certain Irinell Liteanu, un Roumain âgé de 25 ans.
16:13 Il est interpellé une semaine après André Bouger.
16:16 Il dit que Bouger l'avait recruté, il lui avait proposé d'enlever une femme qui était selon lui l'épouse d'un employé de la Brinks.
16:23 Elle allait servir d'otage pour le braquage d'un fourgon.
16:27 Le jour du rapt, Bouger était à l'arrière de la voiture, Liteanu était au volant.
16:33 Il affirme que Muriel Regada était encore vivante quand les deux hommes l'ont déposé au pavillon.
16:39 « Je l'ai entendu demander en pleurant ce qui lui est arrivé et où on l'a emmené, dit-il. Il ne sait pas ensuite ce qui s'est passé. »
16:47 Vendredi 17 janvier 2005, trois semaines après son interpellation, André Bouger est retrouvé mort dans sa cellule, à la maison d'arrêt d'Orléans.
16:55 Il a profité de l'absence de ses co-détenus pour se pendre avec un drap.
16:59 Le suspect numéro un disparaît.
17:01 Sans avoir été entendu par le juge d'instruction sur les circonstances de la mort de Muriel Regada,
17:07 seul le psychiatre de la prison, le docteur Jacques Deniso s'est récemment entretenu avec lui.
17:13 Sur les faits, il lui avait indiqué qu'une main, sans préciser s'il s'agissait de sa propre main,
17:18 était restée trop longtemps sur la bouche de la jeune femme.
17:22 Selon Bouger, la victime souffrait d'asthme, ce qui expliquerait la rapidité de son décès.
17:29 Et voilà donc disparaît le suspect numéro un, André Bouger.
17:33 Il ne racontera jamais ce qui s'est vraiment passé le 3 décembre, pourquoi et comment Muriel Regada a été tuée.
17:40 Alors évidemment, c'est un coup très dur pour tout le monde.
17:43 C'est un coup très dur pour le juge d'instruction, c'est un coup très dur pour les enquêteurs.
17:48 Et Maître Magali Castelli-Maurice, vous qui défendez la famille de Muriel Regada,
17:54 vous êtes avec nous aujourd'hui dans l'ordre du crime,
17:56 c'est un coup très très dur pour la famille qui espérait quand même savoir ce qui s'est passé.
18:00 Ça a été horrible de leur annoncer en fait ce décès,
18:04 puisque depuis le 3 décembre, M. Regada avait lancé des avis de recherche pour sa femme.
18:09 On avait retrouvé son corps et il avait un suspect, il espérait avoir des explications,
18:16 ou du moins, comprendre pourquoi on avait tué sa femme.
18:19 Et d'apprendre que, alors qu'il est arrêté, il se suicide en prison,
18:24 sans rien laisser, sans rien dire, ne serait-ce que s'expliquer.
18:28 Ça a été un drame pour lui, et il a pensé à ses enfants aussi,
18:33 parce qu'on ne pouvait rien leur expliquer.
18:35 - C'était trop compliqué. - On pouvait pas leur dire "maman est morte".
18:37 Oui, c'était trop compliqué.
18:38 Et puis, un mot là-dessus quand même, Maître Castelli-Maurice,
18:42 les circonstances du crime, en tout cas la découverte du corps, c'est épouvantable.
18:47 Il y a eu une espèce de scénario, de simulacre, on ne comprend pas très bien ce qui s'est passé.
18:52 Alors, le jour où on a découvert le corps qui était enterré,
18:58 c'est vrai que c'est assez étonnant, parce que, alors qu'il a eu une perquisition,
19:03 il a cette phrase étonnante que vous avez rappelée en disant "vous ne trouverez rien, j'ai enlevé personne",
19:06 ça a fait tilt dans la tête des officiers de police.
19:11 Ils ont en plus vu de la terre qui était remuée,
19:15 donc ils sont allés directement creuser.
19:18 Il faut savoir que pour creuser, ils avaient pris des employés municipaux,
19:23 qui ont commencé à creuser, et ils ne trouvaient rien, donc tout le monde voulait arrêter.
19:28 Et c'est un employé qui a tiré l'attention en disant "mais attention, il y a encore des feuilles
19:32 à ce niveau de profondeur, et ça n'est pas normal, ça veut dire que la terre a été remuée".
19:37 Et donc c'est en creusant encore plus que les pelles ont buté sur le corps de Muriel Regada.
19:43 Et Muriel Regada a été retrouvé, je vais peut-être anticiper,
19:47 mais a été retrouvé en position fétale, dans ce trou,
19:52 et totalement rasé, la tête, les parties génitales, tout était rasé.
19:57 - Effectivement, en tout cas, il ne cache pas vraiment ce cadavre, c'est ça qui est étonnant, cet homme.
20:03 Là, il y a un premier point d'interrogation, et puis, maître Sonia Krofnikov, vous êtes également avec nous
20:08 dans cette heure du crime, avocate, vous aussi à Orléans, et vous êtes l'avocate d'Irinel Litéanu.
20:12 On va en parler tout de suite, de votre client qui vient d'apparaître dans le paysage de ce crime.
20:18 On trouve aussi, chez cet homme, chez André Bouget, des bijoux,
20:22 qui donnent des pistes très précises, puisqu'il y a cette alliance qui appartient à Muriel Regada.
20:27 Ça aussi, c'est étonnant, parce qu'il s'est débarrassé de presque rien.
20:30 - Oui, alors, il y avait chez lui une bonbonnière, avec tout un tas de bijoux,
20:34 qui appartenaient manifestement à des personnes différentes,
20:38 donc l'alliance, comme vous avez dit, de Muriel Regada, mais pas seulement.
20:42 Des bracelets, il y avait un bijou marqué au nom de Béatrice,
20:47 enfin, tout un tas de choses comme ça, et on retrouve aussi des chéquiers, des cartes bleues,
20:53 une carte vitale de son voisin.
20:56 Enfin, manifestement, soit c'était du fétichisme, soit c'était pour utiliser,
21:03 ou offrir, peut-être à sa compagne, on n'en sait rien.
21:06 - Oui, c'est étonnant, mais il a l'air très sûr de lui, parce qu'encore une fois, il ne cache rien.
21:09 Il n'essaie pas de dissimuler.
21:11 - Il était très calme, moi je ne l'ai jamais rencontré, il s'est suicidé en prison.
21:16 Et alors, je peux revenir une seconde sur le suicide en prison ?
21:20 - Non, c'est que, il avait été annoncé dans la presse, puisque Bouger est arrêté le 24 décembre,
21:26 Irinelle Itéanu est arrêtée le 31 décembre,
21:30 et la presse avait annoncé la confrontation début janvier.
21:33 Et le suicide intervient juste avant la confrontation prévue.
21:37 Et comme vous le savez, les détenus lisent la presse en prison,
21:41 ce qui fait que manifestement, ils redoutaient cette confrontation,
21:45 enfin, c'est l'interprétation qu'on a eue avec le juge d'instruction.
21:48 C'est tout à fait plausible qu'il ait eu peur de cette confrontation,
21:51 qui de toute façon ne pouvait pas tourner à son avantage, ça paraissait compliqué.
21:54 Justement, il y a cet homme qui rentre en jeu,
21:57 et qui est finalement le seul témoin, alors là, direct, du crime,
22:02 c'est Irinelle Itéanu, c'est un Roumain.
22:05 Qu'est-ce qu'il fait là cet homme d'un seul coup ?
22:07 D'où il vient ? Pourquoi il apparaît dans cette histoire ?
22:10 - Alors, moi je fais sa connaissance au moment de sa présentation devant le juge d'instruction.
22:16 Le juge d'instruction me dit "vous, c'est le chauffeur",
22:19 j'ai ce souvenir très net, sous-entendu c'est moins sérieux.
22:26 C'est un jeune homme, assez jeune, très grand, très poli,
22:32 parlant très bien français, avec des mots recherchés,
22:36 et je le sentais très inquiet,
22:39 et en fait il vivait avec des compatriotes roumains dans un foyer de l'agglomération d'Orléans.
22:47 - Alors lui il dit qu'il a été embarqué dans cette histoire, pour gagner un peu d'argent,
22:51 pour résumer, et puis il pensait qu'on allait faire un enlèvement banal d'une femme
22:58 pour faire chanter quelqu'un, ou attaquer un convoi blindé, je sais pas.
23:02 En tout cas, il n'est pas en mesure d'expliquer ce que cherchait André Bouger,
23:08 ça il le sait pas, pourquoi il a tué cette femme.
23:11 - Je pense qu'il n'a jamais connu les intentions d'André Bouger.
23:16 Je pense qu'il a été un peu réticent à le faire, mais il l'a fait,
23:22 pensant peut-être récupérer un billet, il avait des problèmes financiers à ce moment-là.
23:28 - C'est ça, donc il s'est lancé dans cette aventure, encore un mot Maître Magali, Castelli et Maurice,
23:33 la seule personne finalement à qui il a un peu parlé André Bouger, c'est le psy.
23:37 Il a cette phrase, il dit "il y a une main qui s'est posée sur cette jeune femme",
23:41 mais il n'en dit pas plus, il ne dit pas que c'est sa main.
23:43 - C'est surtout ça. Alors ça arrive souvent où les mises en examen racontent une histoire,
23:49 mais c'est jamais avec un "je", c'est surtout un "il", c'est quelqu'un d'autre qui parle.
23:54 Et donc André Bouger avait donné cette toute première explication,
24:00 qu'elle serait morte par un étouffement.
24:04 - Il a oublié de préciser certaines choses, mais il ne reconnaît jamais que c'est lui.
24:08 - Non, c'est ça, pour l'instant en tout cas, et puis il ne le reconnaîtra pas puisqu'il est mort.
24:11 André Bouger est donc décédé, mais les policiers vont mettre au jour une trajectoire inquiétante.
24:17 L'affaire Muriel Regada, ce voisin de bureau qui vous veut du mal, il m'a grippé par mon écharpe,
24:22 je me suis débattu, j'ai réussi à lui échapper.
24:25 L'enquête de l'heure du crime, André Bouger était-il un tueur de femmes en puissance ?
24:29 C'est à suivre, on se retrouve dans un court instant sur RTL.
24:33 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:37 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:43 Dans ses premières déclarations, l'homme placé en garde à vue n'a pas expliqué pourquoi et comment.
24:49 Les enquêteurs s'interrogent toujours donc sur l'origine de la mort, l'éventuel mobile du crime,
24:54 la présence ou non d'un complice et sur le scénario du drame.
24:58 Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'enlèvement et la mort de Muriel Regada.
25:02 Le corps de cette mère de deux jeunes enfants a été retrouvé enterré dans le jardin d'un ex-collègue de travail.
25:08 Il s'est suicidé avant d'avoir pu expliquer son geste.
25:11 L'enquête indique qu'il n'en était pas à son coup d'essai.
25:15 André Bouger mort, la PJ d'Orléans n'en examine pas moins dans le détail.
25:20 Son parcours dans ses affaires, son ordinateur,
25:23 les enquêteurs découvrent de très nombreux documents falsifiés dont deux faux diplômes.
25:28 L'un d'eux, présenté à une agence d'intérim, lui avait permis de faire le remplacement à l'agence de lot d'Orléans.
25:35 Bouger n'a jamais cessé de voyager au Maroc, son pays natal, mais aussi dans les pays de l'Est.
25:40 Son train de vie est élevé pour une personne qui, entre deux missions, pointe au chômage, probablement le fruit d'escroqueries.
25:48 En 2000, il a dépouillé une sexagénaire tombée sous son charme lors d'une promenade sur l'île de la Réunion.
25:55 Il aurait tenté de la pousser dans le vide, puis l'a incité à se suicider par overdose.
26:00 Deux ans plus tard, une jeune Marocaine qui l'hébergait a porté plainte pour viol.
26:05 Les enquêteurs pensent qu'André Bouger est derrière la tentative d'enlèvement d'une autre employée de l'agence de lot.
26:12 La jeune femme avait été attaquée devant chez elle en Sologne.
26:15 « Un homme m'a agrippé par mon écharpe pour me faire monter dans une voiture. Je me suis débattue et j'ai réussi à lui échapper », indique la victime.
26:23 La téléphonie indique que Bouger pouvait être sur place.
26:27 Son ADN est détecté sur l'écharpe que portait la jeune femme ce jour-là, foulard qui avait été expertisé.
26:34 Bouger avait bien l'intention de tuer cette première collègue.
26:38 Il avait fait creuser un trou profond dans son jardin en faisant appel à un premier Roumain.
26:43 Un ami d'Irinel Litéanu.
26:46 La fosse a finalement servi à inhumer Muriel Regada, un enquêteur présent de Bouger comme un pervers, un prédateur qui montait en puissance.
26:55 Et voilà qu'on découvre le visage, le vrai visage finalement de cet homme qui cachait bien son jeu.
27:00 Maître Magali Castelli-Maurice, vous êtes l'avocate de la famille de Muriel Regada dans cette histoire.
27:05 Il y avait donc un précédent.
27:07 Cet homme a essayé déjà d'enlever une collègue de travail, une employée de l'agence Delos.
27:13 Mais quel était son but ? Il voulait la tuer, c'est une évidence.
27:17 Mais quel est son mobile pour agir comme ça ?
27:19 Alors on s'est toujours posé la question, puisque la personne dont vous parlez était la collègue directe,
27:24 puisqu'elle travaillait dans le même bureau que Muriel Regada, elle avait le même poste qu'elle.
27:28 Et en fait, il avait remplacé les deux, et on s'est toujours demandé, il a essayé d'en tuer une, il a tué l'autre.
27:35 Et on se demandait si effectivement il ne voulait pas prendre une place au sein de cette agence,
27:39 parce que ces deux femmes, Muriel Regada et l'autre personne, n'avaient pas accès au marché public,
27:46 mais manipulaient des chèques.
27:48 Et c'est elles qui avaient les chèques et qui distribuaient l'argent aux différentes communes.
27:52 Donc en fait, on s'est demandé s'il n'y avait pas une possibilité qu'ils veuillent intégrer l'agence Delos
27:57 à ce poste-là pour pouvoir après, je ne sais pas, détourner l'argent et se croquer ou faire autre chose.
28:01 La question s'est posée.
28:03 Mais c'est normal qu'elle se pose, c'est très légitime, parce qu'on s'aperçoit, maître Magali Castelli-Morris,
28:08 que cet homme, c'est un escroc.
28:11 Il a déjà un casier justement là-dessus, il a été condamné pour escroquerie,
28:16 il a essayé, c'est ce que vous avez rappelé, de tuer une première dame, qui était une sexagénaire qu'il fréquentait.
28:24 Il a essayé de la tuer, il a obtenu après qu'elle se suicide,
28:27 je dis bien il a obtenu parce que finalement c'est ce qu'on a tous découvert dans le dossier,
28:32 et c'est quelqu'un qui a fait manipuler l'argent,
28:35 mais il y avait toujours derrière une autre connotation qui était compliquée.
28:38 Ce n'est pas un simple escroc qui sert de l'argent.
28:41 - Oui, alors justement maître Sonia Krofnikov, vous aussi vous l'avez étudié cet homme,
28:46 même si vous ne l'avez pas rencontré, il s'est suicidé bien trop tôt dans cette affaire,
28:48 hélas, parce qu'il aurait pu éclairer plein de choses.
28:50 Vous êtes l'avocat d'Irinel Littéanu, c'est le complice en fait, c'est le chauffeur de la voiture,
28:55 qui conduisait la voiture lors du rapt.
28:58 Vous allez dire maître Sonia Krofnikov, je reprends vos propos, parce qu'ils sont frappants,
29:03 vous dites que cet homme c'était sans doute un tueur en série, en puissance.
29:07 Vous pensez ça, qu'il avait cette volonté de détruire, de tuer ?
29:11 - Oui, alors ça c'est le point de vue que j'ai eu assez rapidement dans le dossier, mais pas que moi.
29:17 Il y avait au moins un ou deux enquêteurs, de mémoire il y avait le président de la chambre de l'instruction de l'époque aussi,
29:24 puisqu'on avait beaucoup échangé sur ce dossier,
29:27 et en fait on avait le sentiment qu'au départ il en était à un peu son coup d'essai,
29:34 donc il y avait cette sexagénaire, qu'il avait escroquerée de dizaines de milliers de francs à l'époque.
29:42 - Ah oui, c'était pas une petite escroquerie.
29:43 - Non, non, donc ça avait déjà amélioré son train de vie considérablement.
29:47 Donc il y avait cette sexagénaire avec qui il était parti en voyage à la Réunion,
29:53 tout ça a été raconté par sa fille et par cette dame, puisqu'il y a eu un projet de suicide mais qui n'a pas été mené à terme.
29:59 Ensuite il y a eu la collègue de Madame Regada, qui en effet subit une tentative d'enlèvement alors qu'elle rentre chez elle en Sologne un soir,
30:07 et qui d'ailleurs a été gravement blessée à la main du fait de cet enlèvement,
30:12 et ça n'a pas marché. Et Madame Regada, ça a marché.
30:16 Pour le coup, on arrive à ses fins.
30:18 Donc on a une espèce de gradation.
30:21 - Ce que vous dites, c'est qu'il y a la volonté de faire mal, il y a la volonté de tuer.
30:26 - Il y a peut-être la volonté de tuer.
30:27 - C'est psychiatrique, mais il y a un truc.
30:28 - Oui, c'était de toute façon quelqu'un de très particulier.
30:33 Il y avait cette Marocaine qui vivait à son domicile, qui n'avait même pas 15 ans.
30:37 - C'est ça, donc effectivement tout ça est bien trouble.
30:40 - Absolument.
30:41 - Mais cette personnalité, hélas, il est mort, on ne peut pas vraiment la sonder,
30:44 mais elle est extrêmement intéressante.
30:46 Il y aura bien un procès, mais celui du seul complice.
30:49 L'affaire Muriel Regada, ce voisin de bureau qui veut, qui vous veut du mal.
30:54 J'ai été manipulé, j'ai accepté ce travail pour obtenir de l'argent facile.
30:58 Je présente toutes mes condoléances à la famille.
31:01 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
31:04 L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Muriel Regada.
31:17 Une mère de deux jeunes enfants enlevés et tués en décembre 2004 près d'Orléans.
31:22 Son meurtrier André Bouger, ex-collègue de travail, s'est suicidé.
31:25 Trois ans plus tard, son complice et homme de main est donc seul à être jugé.
31:30 Vendredi 23 mars 2007, Irinelle Litté-Hanou, 28 ans, accusée d'enlèvement et de séquestration,
31:37 est devant la cour d'assises du Loiret, à Orléans.
31:40 Tous les regards se tournent vers cet homme décrit par ceux qui le connaissent
31:43 comme agréable, serviable, parlant plusieurs langues, dont le français.
31:47 C'est d'ailleurs dans un français presque parfait que Litté-Hanou s'adresse à la famille de Muriel Regada.
31:52 Je regrette, je présente toutes mes condoléances.
31:56 Litté-Hanou, fils de bonne famille, diplômé de mécanique, a quitté la Roumanie en 2002.
32:01 Il voulait aller s'installer en Angleterre.
32:03 Mais à sept reprises, il a été rattrapé par les services de l'immigration.
32:07 Au fil de petits boulots, il a fini par échouer à Orléans.
32:11 Ou pour son malheur, il a fait la connaissance d'André Bouger.
32:15 Litté-Hanou reconnaît qu'il a participé à l'enlèvement, mais il nie être impliqué dans la séquestration,
32:21 même si son ADN a été retrouvé sur une chaussure de la victime
32:25 et sur la tondeuse qui a servi à raser la jeune femme.
32:29 Devant les experts-psy, Irinelle Litté-Hanou a indiqué avoir été manipulée par André Bouger.
32:35 Il a accepté ce travail pour obtenir un argent facile.
32:40 L'absence du principal auteur du crime, André Bouger, pèse lourdement sur les quatre journées d'audience.
32:45 Le seul complice répète qu'il ignore tout.
32:48 Du mobile qui a poussé cet homme à organiser le rapte de Muriel Regada,
32:52 l'avocat général Bruno Gestermann demande pas moins de 15 ans de prison pour Irinelle Litté-Hanou.
32:58 Les jurés vont plus loin. Le Roumain est condamné à 20 ans de réclusion.
33:05 Et on vous retrouve dans cette heure du crime, maître Sonia Krofnikoff, vous êtes avocate à Orléans
33:10 et évidemment vous défendez dans cette enquête et à ce procès Irinelle Litté-Hanou.
33:15 Alors c'est un procès évidemment qui est assez frustrant, parce que Litté-Hanou c'est la pièce rapportée.
33:21 On peut pas lui demander autre chose que ce qu'il sait et a priori il sait pas grand chose.
33:26 Oui, la difficulté du procès ça a été, mais pendant toute l'instruction,
33:32 c'est qu'il n'y avait plus que lui pour répondre de l'enlèvement de la séquestration suivie de mort de Madame Regada.
33:38 Il répond, il dit, il en reste à ce qu'il sait, c'est-à-dire qu'il a conduit la voiture, c'est ça ?
33:42 Qu'est-ce qu'il a fait d'autre après ?
33:44 Absolument, lui il l'a dit lors de sa première audition devant les enquêteurs,
33:49 même spontanément avant d'être placé en garde à vue.
33:52 Il dit qu'il a conduit la voiture sur instruction de Monsieur Bouger.
34:00 Il savait d'ailleurs même pas où il allait.
34:03 Et ensuite il l'a ramené, une fois que la jeune femme a été mise dans la voiture par Monsieur Bouger,
34:10 qui devenait donc passager arrière, il l'aurait fait basculer dans le coffre.
34:15 Donc il a entendu un peu demander où est-ce qu'on l'emmenait.
34:19 Et ensuite ils sont retournés au domicile de Monsieur Bouger.
34:25 Il range la voiture dans le garage, il se déshabille, parce qu'il avait une combinaison blanche que lui avait donnée Bouger, et il s'en va.
34:31 C'est tout. Lui il dit "moi j'ai rien vu, j'ai rien fait".
34:34 Après il sait pas ce que devient cette femme.
34:36 On retrouve quand même son ADN sur la fameuse...
34:39 Il y a une erreur, mais une erreur que je ne vous en veux pas du tout,
34:42 puisque c'est une erreur qui vient du procès.
34:45 On a découvert au procès que l'ADN sur la supposée chaussure de la victime,
34:51 en fait c'était la chaussure de Monsieur Luthéanu.
34:53 La difficulté c'est que dans les procès il y a tout un tas de scellés, on fait les ADN,
34:57 et parfois on croit qu'on a vu un ADN sur telle pièce, sur telle scellé.
35:01 Et là il se trouvait que c'était le scellé.
35:03 - Alors c'est bien d'éclairer ce point, effectivement qui m'avait un peu surpris,
35:05 parce qu'il était loin de tout, mais finalement on trouvait cet ADN, mais bon tout s'explique.
35:09 Maître Magali Castelli-Maurice, alors évidemment vous êtes à ce procès.
35:14 Un mot sur la famille de Muriel Regada, vous la défendez à ce procès, c'est une partie civile.
35:19 Comment est-ce qu'elle réagit cette famille lors de ces audiences ?
35:24 Qu'est-ce qu'on peut attendre de ce procès qui est tronqué ?
35:26 - J'accompagne une famille extrêmement digne, extrêmement malheureusement résignée.
35:34 Ils n'attendent pas grand chose de ce procès parce que la personne qu'ils voulaient voir n'est plus là.
35:41 - Elle n'est pas là.
35:42 - J'ai plutôt des personnes qui ont une tristesse incroyable et qui veulent simplement parler,
35:52 exprimer des sentiments et ils n'ont aucune colère contre M. Litanu.
35:59 Ce sont des personnes qui sont restées extrêmement dignes, posées,
36:03 qui ne se sont jamais emportées et qui ont juste exprimé leurs désarrois, leur tristesse.
36:10 Leur colère aussi parce qu'il y en a un qui a tiré sa révérence avant d'expliquer,
36:15 qui leur a fait encore une fois du mal en se suicidant.
36:18 Voilà les personnes que nous avons.
36:21 Et M. Regada parle plutôt au nom de ses enfants plutôt qu'en son nom personnel.
36:26 - C'est ça, donc c'est une famille qui est digne, qui assiste un peu impuissante à ce procès qui lui échappe de toute manière,
36:34 qui échappe à tout le monde puisque c'est difficile avec ce comparse d'établir une histoire réelle.
36:41 Encore une question Maître Castelli-Maurice, en filigrane évidemment, il y a André Bouger, il apparaît en permanence.
36:48 Et on va découvrir, là il y a un portrait qui se dessine.
36:52 Déjà à la reconstitution, il avait une attitude très étonnante cet homme.
36:56 - Au moment de la perquisition, on a quand même affaire à une personne qui reste extrêmement calme.
37:02 Quand on fouille dans la bonbonnière, comme l'a rappelé ma consort, on trouve l'alliance.
37:07 L'alliance se met sur un doigt des enquêteurs, c'est comme ça que le hasard fait bien ou mal les choses.
37:13 Et les choses se mettent en place, il ne réagit que calmement, que sereinement face à des découvertes épouvantables.
37:22 Et il a telle enseigne que quand il y a un trou, on découvrira plus tard qu'il y a un autre trou dans le jardin.
37:28 - Ah, une autre tombe, c'est ça ?
37:29 - Il y avait un autre trou de la même profondeur, de la même dimension.
37:34 Et il avait posé la cabane en plastique de sa fille dans laquelle elle jouait, sur ce trou.
37:40 - Ça c'est lors de la reconstitution ?
37:41 - On l'a découvert après, oui.
37:43 - Mais alors c'est étonnant, puis il a une très haute idée de lui-même, je crois, ce personnage.
37:48 - Déjà les collègues de travail de Muriel Regadal avaient décrit comme quelqu'un de très hableur, de très parlant,
37:54 quelqu'un qui sait se mettre en valeur. Et nous l'avons découvert véritablement,
37:59 puisque chez lui, il y avait un poster de lui-même, torse nu, posant dans une position de...
38:06 on va dire qu'il faisait de la gymnastique...
38:08 - Triomphale !
38:09 - Oh, puisque triomphale !
38:10 - De vainqueur !
38:11 - Tout à fait !
38:12 - Le condamné fait appel, nouvelle épreuve pour la famille.
38:16 L'affaire Muriel Regadal, ce voisin de bureau qui vous veut du mal.
38:21 Nous sommes maintenant sur un mobile sexuel. L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
38:26 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Muriel Regadal, une mère de famille enlevée, séquestrée, tuée près d'Orléans en décembre 2004.
38:43 Le mobile du ravisseur André Bouget n'a jamais été établi. Il s'est suicidé après son arrestation.
38:49 Un complice à écopé de 20 ans de prison en 2007 le revoilà en appel.
38:54 Vendredi 3 octobre 2008, Irinelle Liteanu est jugée par la cour d'assises d'appel d'André Loire à Tours.
39:01 Le Roumain maintient n'avoir joué qu'un rôle secondaire dans l'enlèvement de Muriel Regadal.
39:07 Le verdict ne varie guère, 19 ans de détention.
39:12 Daniel Regadal, époux de Muriel et les deux enfants du couple n'ont jamais su pourquoi André Bouget s'en était pris à eux.
39:19 Nous sommes sur le mobile d'une attaque sexuelle, avait avancé la procureure d'Orléans, Isabelle Tout-le-Monde, lors de l'enquête.
39:26 Je lui en veux à ce qu'il a fait à ma fille, qu'il se pende et qu'il ne nous dise rien, qu'il ne nous dise pas le pourquoi.
39:33 Je lui en veux, comme toutes les mères.
39:37 On voit de la maman de Muriel Regadal qui a été interviewée par nos confrères de France 2, Maître Magali Castellin-Maurice.
39:43 On vous retrouve dans cette heure du crime, vous êtes avec nous depuis le début de cette émission, vous êtes avocate à Orléans, avocate de la famille de Muriel Regadal.
39:49 Évidemment cette affaire, vous la connaissez par cœur.
39:52 On entend ce que dit la maman de Muriel Regadal, elle lui en veut à cet homme qui a disparu, qui s'est suicidé, lâchement d'ailleurs,
39:59 parce qu'il a préféré quitter le théâtre du crime plutôt que de témoigner.
40:05 On n'a pas le mobile, on ne sait pas pourquoi il a tué.
40:09 Qu'est-ce qu'on peut en penser de ce mobile aujourd'hui ?
40:12 Je cite la procureure d'Orléans, Isabelle Tout-le-Monde, qui elle avait dit "c'est probablement sexuel".
40:18 Étonnamment, dans ce dossier, je crois que tout le monde a une opinion et que tout le monde diverge.
40:23 On a pensé à une escroquerie, pourquoi pas haut ampleur, par rapport à l'agence de l'eau.
40:29 On a pensé effectivement à un crime sexuel, du moins à Madame l'Avocat Général.
40:33 On a pensé également à quelqu'un qui serait un tueur en série et qui a le plaisir de tuer,
40:39 qui enlève et qui tue.
40:41 Il a quand même tué, il faut en parler, il l'a juste étouffé.
40:47 C'est quelqu'un qui a donc posé sa main sur un visage, et c'est pas simplement la pression,
40:54 il a quand même, puisqu'il y a un point de compression dans le cou,
40:58 donc il a une énorme main, M. Bouger, donc il arrive à boucher le nez, boucher la bouche,
41:03 et avec son pouce, il appuie et il touche les voies respiratoires, donc il ne peut pas toucher.
41:10 Et il l'étouffe comme ça.
41:12 En fait, l'autopsie va révéler qu'il y a un point, c'est quelqu'un qui a tué l'étranglement
41:17 et la mort la plus compliquée, puisqu'on touche à la victime et on lui donne la mort au vrai sens du terme.
41:23 Sans aucune retenue, il le fait.
41:26 Oui, et puis on a un étranglement, pardon de rentrer dans les détails,
41:29 mais c'est assez long avant que la victime ne revienne à suffoquer.
41:33 Maître Sonia Krovnikov, vous êtes avec nous, vous êtes l'avocate d'Irinel Litéanu,
41:38 le "complice" de cet homme.
41:41 On a le sentiment qu'effectivement André Bouger, il sait tuer.
41:45 Parce que ça c'est une technique, ce que nous explique Maître Magali Castelli-Maurice,
41:49 pas tout le monde sait faire ça, il sait trouver les points exacts, il sait tuer.
41:54 Alors, comme on n'a jamais vraiment su,
41:59 pendant le premier procès pendant lequel j'ai décédé,
42:06 M. Litéanu, le deuxième procès en appel, je n'y étais pas,
42:10 mais la question de la façon dont est morte Mme Regada,
42:17 elle ne fait aucun doute, c'est vraiment une asphyxie.
42:20 En revanche, comment ça s'est passé exactement,
42:23 je vous avoue que toutes les hypothèses étaient possibles,
42:26 voire même d'autres personnes, on en avait parlé à un moment donné.
42:31 - Un mot sur votre client, Irinel Litéanu,
42:34 il avait pris 19 ans au procès en appel, vous n'y étiez pas,
42:38 c'est une lourde peine quand même pour lui.
42:41 - De toute façon, moi c'était ma mission depuis le départ,
42:44 je savais dès le suicide de M. Bouger en prison que je devenais le seul coupable,
42:48 enfin quand je dis "je", c'est mon client,
42:50 mais ça devenait très compliqué,
42:52 puisque évidemment, la famille, les jurés,
42:57 tout le monde a le sentiment que quelqu'un doit être condamné,
43:00 donc il y a un enlèvement, une séquestration, une mort,
43:02 vous n'êtes plus qu'un seul accusé, c'est lui qui prend pour tout le monde.
43:06 - Et il est sorti aujourd'hui ?
43:08 - Alors, possiblement oui, parce qu'il a été jugé en 2007 et en 2008,
43:15 20 ans, 19 ans, il n'avait pas d'antécédent judiciaire,
43:20 donc possiblement oui, il doit être sorti, je pense.
43:23 - Maître Magali Castelli-Maurice, je voudrais qu'on parle un petit peu de la famille Regada,
43:29 parce qu'effectivement ils ont suivi comme éberlués,
43:31 comme dans un cauchemar, comme disent toutes les familles,
43:35 ils ont suivi toute cette histoire un petit peu dans un état second,
43:38 est-ce que vous êtes allé jusqu'au procès avec eux ?
43:42 Comment est-ce qu'ils ont vécu ce procès à Napel déjà ?
43:46 Parce que pour les familles c'est toujours très épouvantable de revenir à nouveau devant la cour d'assises.
43:50 - C'est toujours compliqué pour une famille, des victimes, de comprendre Napel.
43:55 On a beau leur expliquer que c'est un droit et que se faire rejuger,
43:59 ça fait partie de notre démocratie et de notre droit,
44:02 eux ils ne voient qu'un procès qui va rouvrir une plaie, rouvrir les peines,
44:08 et on est là justement pour encore enfoncer un couteau et leur faire encore plus de mal.
44:12 La maman l'a perçu comme ça, le papa ne comprenait pas pourquoi il fallait qu'elle revienne,
44:17 alors que pour lui les choses étaient claires,
44:19 et le papa, M. Regada, c'était la même chose.
44:23 Il y a plus de colère la deuxième fois que la première fois.
44:27 - C'est ça, et est-ce qu'ils ont tourné la page aujourd'hui ?
44:30 Je ne sais pas si vous êtes encore en contact avec eux,
44:32 ou s'ils ont préféré effectivement ce qui se comprend.
44:35 - Non, je ne suis plus en contact avec eux, et j'espère qu'ils ont tourné la page,
44:39 et qu'une autre vie s'est construite pour eux.
44:41 Je l'espère au plus profond de moi,
44:44 et tant mieux si je ne suis plus dans leur vie,
44:46 parce que je ne suis pas... je ne réveille que des mauvais souvenirs.
44:50 - Mais évidemment, pour les familles c'est toujours épouvantable.
44:53 Je vais vous poser la même question à toutes les deux,
44:55 en quoi cette affaire elle est spectaculaire ?
44:58 Pourquoi est-ce qu'elle vous a autant marquée, M. Sonia Korvnikoff ?
45:01 - Alors, je pense qu'elle nous a marquées,
45:04 et peut-être que je vais parler aussi pour ma consoeur.
45:09 On était toutes les deux jeunes avocates au moment où l'affaire est apparue.
45:13 On avait exactement le même âge que la victime,
45:15 des enfants du même âge,
45:17 et c'était une affaire un peu hors norme,
45:20 une disparition pendant trois semaines,
45:22 tout le monde ne parlait que de ça à Orléans.
45:24 Et donc, quand j'ai été appelée sur le dossier,
45:27 sur une permanence du 31 décembre,
45:30 je me suis dit "bon, c'est le dossier".
45:34 - Juste un mot, M. Magali Castelli-Maurice, vous aussi,
45:37 vous avez été fondément marquée par cette affaire ?
45:39 - Très marquée, puisque moi j'assiste M. Regatta dès le début.
45:43 Donc, on est dans un peu d'espoir,
45:46 on a la vie de recherche, on a l'annonce de la mort, l'annonce du suicide.
45:50 C'est beaucoup pour un avocat au niveau des annonces,
45:54 et derrière un procès qui est compliqué,
45:57 et puis cette histoire où on peut faire un parallèle,
46:00 parce qu'on a la même famille.
46:02 - Merci beaucoup M. Magali Castelli-Maurice,
46:05 et M. Sonia Krofnikoff d'avoir été les invités de L'Heure du Crime.
46:09 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignaud,
46:12 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Jonathan Griveaux.
46:17 Jean-Alphonse Richard sur RTL, L'heure du crime.

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