• il y a 7 mois

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00:00 4 700 médicaments qui sont en tension, rupture de stock.
00:03 Et ce chiffre n'a fait qu'augmenter puisqu'on était à 400 médicaments
00:07 il y a 10 ans, 4700 cette année.
00:08 Qu'est-ce qui se passe ?
00:10 Alors il se passe plein de choses, il se passe qu'il y a des médicaments qui sont produits
00:14 mais de préférence vendus ailleurs qu'en France parce que
00:18 ailleurs ça coûte plus cher qu'en France donc un industriel qui produit...
00:21 Ça fait plus d'argent ailleurs.
00:22 Exactement, vend mieux les médicaments, il gagne plus d'argent s'il le vend ailleurs.
00:26 Ça c'est une première chose et puis il peut y avoir des pénuries parce qu'il y a d'un seul coup
00:30 une tension d'approvisionnement parce qu'une demande mondiale qui explose.
00:33 Sur une matière première par exemple ?
00:35 Sur une matière première, quand il y a une triple épidémie comme on l'a connu il y a deux ans
00:38 avec Covid, grippe et puis VRS, la bronchiolite chez le bébé,
00:42 et bien forcément le monde de paracétamol explose et on a des trous dans la raquette
00:47 à cause de cette demande qui explose, qui est une demande mondiale.
00:49 On fabrique des médicaments en France ? On n'en fabrique pas assez peut-être ?
00:52 C'est ce que j'allais vous dire, on en fabrique peu.
00:54 Et le réindustrialiser la France est le fondamental pour que nous ne manquions pas de médicaments.
00:58 Mais ça ne se fait pas en un claquement de doigts, il faut relancer.
01:00 Qu'est-ce que vous dites à vos clients quand ils viennent chercher leur traitement
01:03 et que vous ne pouvez pas accéder à leur demande ?
01:05 Alors à nos patients on ne dit jamais non, on dit toujours écoutez on ne l'a pas mais on va regarder.
01:11 Juste une petite anecdote, il y a deux ans en arrière quand on avait une maman qui venait avec un antibiotique,
01:15 un antipyrétique, du paracétamol en sirop et puis un corticoïde, c'était combo, il n'y avait rien du tout.
01:22 Donc on ne pouvait pas dire non vous n'avez rien, rentrez chez vous madame.
01:24 Ce n'est pas ça du tout.
01:25 Donc ce que l'on fait c'est qu'on appelle nos grossistes pour essayer de trouver.
01:28 Si le grossiste n'a pas, on essaie d'appeler les laboratoires, les confrères autour
01:33 et puis au bout du bout on appelle le médecin en disant écoute voilà ta patiente ou ton patient je ne peux pas le traiter,
01:38 par quoi on peut remplacer ? Et on essaie de discuter avec lui.
01:40 Au bout du compte on peut éventuellement choisir une autre molécule quoi ?
01:43 Avec le médecin en fonction de l'indication on va choisir autre chose.
01:47 Mais c'est très chronophage et ça prend un temps fou.
01:49 En moyenne 12 heures par semaine nous passons dans chaque pharmacie à essayer de chercher des médicaments.
01:54 Mais il y a des tensions sur des médicaments aussi basiques que le paracétamol ?
01:57 Alors le paracétamol maintenant c'est rentré avant, ça y est c'est fini.
02:01 Les antibiotiques c'était en tension et puis on a des tas de médicaments en tension,
02:04 des anti-cancéreux, des anti-diabétiques, des anti-hypertenseurs, voilà plein.
02:08 Et pour vous et pour vos confrères ça fait quoi de ne pas pouvoir exercer pleinement votre métier qui est de délivrer ces médicaments ?
02:15 Alors c'est très stressant mais c'est très stressant surtout pour les patients.
02:18 Ils sont en rupture dans leur parcours de soins.
02:20 Moi j'ai une patiente qui me disait pour un anti-cancéreux je l'aurai le mois prochain.
02:25 Et je lui dis écoutez madame je ferai le nécessaire, je ne peux pas vous le garantir.
02:29 Elle me dit si je le prends un jour sur deux il va durer plus longtemps.
02:31 Je dis oui mais si vous le prenez un jour sur deux il ne sera pas efficace.
02:34 Donc non prenez-le tous les jours.
02:35 Mais cette angoisse est là en permanence.
02:37 On va savoir si on va l'avoir le prochain jour.
02:40 Ce stress, cette angoisse, vous pouvez aussi venir nous la raconter, nous la partager ici sur France Bleu Bourgogne.
02:45 Ce matin on vous demande si ça vous arrive de ne pas trouver de médicaments vous aussi.
02:48 Et au vu de ce qu'on vient d'entendre a priori oui.
02:51 Venez donc nous dire ce que vous faites, quelle stratégie vous adoptez à ce moment-là.
02:56 On vous attend au 0380 42 15 15.
02:58 Et la discussion continue ici en direct jusqu'à 8h.
03:01 Ici matin, revient dans un instant.
03:06 Tous les samedis, partez à l'aventure avec Guillaume Pierre.
03:10 Une aventure 100% féminine avec les gazelles de Dijon.
03:14 - Salut Malente ! - Qu'est-ce qu'il y a ?
03:16 Zéro pointé pour Guillaume qui se rattrape sur la danse libre.
03:20 - Toutes les épaules Guillaume !
03:22 - Je suis dansée mais je préfère danser les autres.
03:24 De la danse libre au cheerleading, il n'y a qu'un pas.
03:28 La tête à l'endroit, le samedi à 19h sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
03:34 Et sur la plateforme France.tv.
03:38 ...
03:52 - Stade 2, toujours au coeur du jeu.
03:54 Tous les dimanches à 20h10 sur France 3 et sur la plateforme France.tv.
03:58 ...
04:00 ...
04:04 Jusqu'à 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
04:08 ...
04:10 - Il est 7h47, on est avec vous en direct sur France Bleu et sur France 3 Bourgogne.
04:14 Avec le président de l'USPO, l'union des syndicats des pharmaciens d'officine.
04:18 Votre invité pour parler justement de cette grève aujourd'hui des pharmacies chez nous aussi en Bourgogne.
04:22 - Le mouvement est très subi en Bourgogne, on a une idée du chiffre précis ce matin ?
04:26 - Entre 90 et 95% de fermeture sur toute la Bourgogne-Franche-Comté.
04:30 - Donc la colère est grande, l'inquiétude est grande ?
04:32 - Oui, tous les pharmaciens se mobilisent comme ça.
04:34 Et qu'on soit dans la rue, c'est pas dans notre ADN, donc c'est vraiment parce qu'il y a urgence.
04:38 - Quand on pense pharmaciennes, quand on pense pharmaciens, on se le dit...
04:40 ...
04:42 ...
04:44 ...
04:46 - C'est une image d'épinal de dire que oui, les pharmaciens sont...
04:48 - On se dit même plutôt l'inverse si on est honnête.
04:50 - Peut-être, on le dit.
04:52 Il existe des difficultés, des pharmacies qui ferment, il y en a tous les jours en France.
04:56 36 fermetures en janvier, des chiffres de l'ordre.
04:58 Et ça ne fait que s'accélérer.
05:00 Alors ce sont des fermetures parce qu'elles se regroupent, parce qu'elles ferment, ou parce qu'elles ne trouvent pas de repreneurs.
05:04 - 36 sur quel territoire ?
05:06 - Sur la nationale.
05:08 En Côte d'Or, on a eu une fermeture au 1er janvier, une pharmacie qui n'a pas trouvé repreneur.
05:12 La pharmacie de Recessio-Rours est fermée.
05:14 - On en a parlé ici sur France 2.
05:16 - Donc ça arrive de plus en plus et de plus en plus fréquemment.
05:18 - Pourquoi ?
05:20 - Pourquoi ? On a eu une...
05:24 ... pression économique importante au niveau des charges.
05:26 Quand on a fait la crise Covid, quand on a traversé la crise Covid, on nous a demandé de nous investir.
05:32 On l'a fait avec des humains. Ce sont des gens qui faisaient des tests.
05:36 Ce n'étaient pas des machines. Et on a décidé de rémunérer ces gens-là correctement.
05:40 Ce qui était totalement normal.
05:42 Donc on a eu des augmentations de salaires qui étaient très importantes durant 2022-2023.
05:46 Et en même temps, on nous a baissé les revenus, les marges.
05:50 Les prix sont fixés par l'État. Donc moi je ne peux pas...
05:52 - Par la sécurité sociale ?
05:54 - Par la sécurité sociale, oui.
05:56 Contrairement à un artisan, si mes charges augmentent, je vais augmenter mes prix.
06:00 Je ne peux pas faire.
06:02 Donc si vous voulez, quand on est contraint d'un côté et que l'autre partie augmente,
06:06 on se retrouve avec un effet ciseau qui est important.
06:08 Et l'argent que nous avions gagné durant la crise Covid,
06:10 parce qu'on a gagné de l'argent durant la crise Covid,
06:12 a été mangé intégralement en 2023.
06:14 C'est pour ça que maintenant, les pharmacies commencent à aller mal.
06:16 En 2024. Et ça va faire que s'accélérer durant toute l'année.
06:20 - Vous risquez de licencier du personnel ?
06:22 - Oui.
06:24 Pour par long chiffre, micro pharmacie,
06:26 on est à peu près à -60 000 euros de revenus en moins sur la pharmacie.
06:30 En moyenne.
06:32 Et l'État nous propose une revalorisation de nos horaires à hauteur de 8 000 euros.
06:36 + 8 000 euros. -60 000 + 8 000.
06:38 Moi je ne peux pas équilibrer.
06:40 Et donc ça se fera avec des licenciements.
06:42 Et on annonce entre 20 000 et 25 000 licenciements sur tout le réseau.
06:44 - Il y a des négociations en cours avec le gouvernement ?
06:46 - On est en train de négocier avec le gouvernement, oui.
06:48 - Et il y a des espoirs ?
06:50 - C'est tendu.
06:52 Il y a un délai justement ?
06:54 - Non, il n'y a pas de délai. Le délai ce sera quand on pourra, le plus vite possible.
06:56 Ce sera quand on pourra.
06:58 - Ces fermetures elles ont lieu le plus souvent en milieu rural ?
07:00 On est très concerné ici en Bourgogne, ou c'est aussi à la ville ?
07:04 - C'est partout. En Saône-et-Loire, vous aviez mon coprésident Bourguignon tout à l'heure à l'antenne.
07:08 - Absolument.
07:10 - En Saône-et-Loire il y a eu beaucoup de fermetures.
07:12 - Tu nous parlais de +25% sur les charges.
07:14 - Oui c'est ça. Il y a eu beaucoup de fermetures en Saône-et-Loire.
07:16 On en a eu quelques-unes. Dans les autres départements aussi, on les voit passer.
07:20 Il y en a beaucoup. Et en milieu rural, et en ville aussi.
07:22 Ça arrive partout.
07:24 J'ai mon ancien président de la SART, dans Haumans,
07:26 qui a fermé sa pharmacie, Haumans, par liquidation judiciaire.
07:28 Et j'ai mon président de Charente-Maritime qui me dit,
07:32 hier, la semaine dernière,
07:34 j'ai trois fermetures de pharmacie.
07:36 Une parce qu'elle n'a pas pu être vendue, donc elle a fermé.
07:38 La deuxième, liquidation. La troisième, suicide.
07:40 - Les cessions et les reprises,
07:42 là c'est aussi un des problèmes politiques.
07:44 On n'a pas forcément les candidats, télécandidats pour reprendre ces...
07:46 - Pas partout. Pas sur tous les territoires.
07:48 - Pourquoi ?
07:50 - Certains territoires ne sont peut-être pas assez attractifs pour les jeunes.
07:52 - Milieu rural, on y revient.
07:54 - Exactement. Entre autres.
07:56 Et puis, pour d'autres raisons, qui sont peut-être une crainte,
07:58 peut-être un souci d'avoir envie de le faire,
08:00 aujourd'hui on a des jeunes...
08:02 On a en plus un problème, et ça fait partie de nos revendications,
08:04 dans la formation.
08:06 Il y a une réforme des études qui devait être faite
08:08 depuis huit ans,
08:10 qui était une réforme de la sixième année de pharmacie,
08:12 donc la dernière année,
08:14 pour envoyer les jeunes dans les territoires ruraux.
08:16 - Justement, au milieu rural.
08:18 - Exactement. En contrepartie d'une revalorisation financière,
08:20 qui était légitime, puisque les jeunes doivent avoir un appartement,
08:22 alors si on reprend la Côte d'Or,
08:24 à Dijon, parce qu'ils retournent en fac régulièrement,
08:26 et puis à côté de leur pharmacie, pour faire leur...
08:28 - Il faut les aider.
08:30 - Oui, ils ne peuvent pas payer deux loyers, c'est pas possible.
08:32 Il faut qu'ils aient une date d'édommagement financier.
08:34 Et ça s'est bloqué depuis huit ans.
08:36 J'ai eu une lettre d'Olivier Véran, à l'époque où il était ministre de la Santé,
08:38 me disant "C'est bon, on a compris, on y va".
08:40 Je ne sais pas quel mot je n'ai pas compris dans la lettre,
08:42 mais en tout cas, c'est pas bon, et on n'y est pas.
08:44 - D'accord.
08:46 On n'a pas les candidats,
08:48 on parle souvent de désert médical,
08:50 c'est une réalité,
08:52 les déserts pharmaceutiques, ça nous pend au nez ?
08:54 - Pour l'instant, il n'y en a pas, mais ça pourrait arriver.
08:56 - C'est une vraie crainte de la profession ?
08:58 - C'est une vraie crainte.
09:00 L'économie aidant, n'aidant pas,
09:02 plus tôt, la vente des médicaments
09:04 sur Internet, c'est pour nous un gros souci,
09:06 cette dérégulation.
09:08 - C'est la libéralisation de la vente des médicaments,
09:10 pour l'instant, il y a un monopole
09:12 pour les pharmaciens, ce monopole est menacé ?
09:14 - Alors, vous avez entendu dans le discours
09:16 de politique générale du Premier ministre,
09:18 il a dit clairement qu'il voulait qu'on favorise
09:20 la vente des médicaments sur Internet.
09:22 Aujourd'hui, nous on dit "Mais pourquoi faire ?"
09:24 Les pharmacies, en moyenne, on est à 7 minutes d'une pharmacie.
09:26 En moyenne. Alors à Dijon, c'est beaucoup plus court,
09:28 mais en mural, c'est 7 minutes.
09:30 Et je me dis, on sera toujours plus rapides
09:32 que des grands sites de vente en ligne.
09:34 - Vous citez Amazon d'ailleurs,
09:36 la plateforme Amazon.
09:38 - Oui, parce que dans l'envie...
09:40 - Amazon pourrait vendre des médicaments, concrètement ?
09:42 - Dans l'envie du gouvernement, c'est de créer des plateformes
09:44 avec un stock d'idées portées, donc pas physiques
09:46 dans la pharmacie, pour vendre des médicaments en ligne.
09:48 Ça, c'est ce qu'on appelle Amazon.
09:50 Et moi, ce que j'ai très peur, c'est que,
09:52 au nom de l'équité, Amazon attaque à l'Europe
09:54 et au nom de la libre concurrence, Amazon
09:56 a le droit de vendre des médicaments.
09:58 Et je vais vous raconter une anecdote, une seule.
10:00 J'ai mon président du Grand Est,
10:02 un ami de 17 ans, 47 ans,
10:04 a commandé des médicaments sur un site étranger.
10:06 Ses médicaments n'étaient pas adaptés à son état de santé.
10:08 Il vient de décéder d'une crise cardiaque.

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