• il y a 7 mois
Lou Trotignon nous raconte son expérience dans le strip-tease ! Une période de sa vie qui lui a permis de se découvrir et d’entamer sa transition ✨
Retrouve Lou Trotignon dans son spectacle “Mérou” à la Nouvelle Seine les vendredis jusque fin juin et en tournée dans toute la France !
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#striptease #transition #trans #LGBTQIA+
Transcription
00:00 A chaque fois que je dis que je suis descriptive, les gens ne me croient pas.
00:02 Moi, ça m'avance parce que si un jour je fais Secret Story,
00:04 personne ne deviendra mon secret.
00:05 J'ai trop hâte, mais maintenant que je suis la fraîche, ça ne marche plus du tout.
00:07 Salut, fraîche !
00:09 Je m'appelle Lou Trotignon, je suis humoriste, j'ai 26 ans.
00:12 Je suis aussi une personne trans,
00:13 et aujourd'hui, je vais vous raconter le jour où j'ai été strip-teaseuse.
00:16 En fait, il y a une amie qui en faisait et qui m'en parlait beaucoup.
00:19 Elle m'a proposé d'en faire, elle m'en parlait, puis ça me plaisait un peu.
00:21 Il y avait un truc de découvrir cet art de la drague, de la séduction.
00:25 Et puis l'argent aussi, l'argent, vraiment l'argent, c'est très bien payé quand même.
00:30 Et en fait, il y avait plein de raisons,
00:32 notamment moi, quand je l'ai rencontrée, c'était un moment de ma vie
00:34 où j'étais une meuf, j'étais habillée comme une meuf dans la rue.
00:38 Et du coup, comme beaucoup de meufs, je vivais énormément de harcèlement de rue, d'agression.
00:42 Et en fait, à un moment, je me suis dit,
00:43 mais quitte à en vivre, autant être payée pour ça.
00:46 Et pour moi, c'était vraiment une revanche féministe d'aller faire du strip-tease.
00:50 C'était horrible.
00:51 La première journée dans le club de strip, mais franchement, je ne comprenais rien.
00:54 En fait, d'abord, ils te font venir en tant que civile pour voir comment ça fonctionne.
00:58 Et en fait, le bar, il était hyper tamisé, comme ça.
01:02 Il y a des petites bougies, c'est très chic, comme dans un film,
01:04 parce que les meufs, elles bougent hyper lentement.
01:06 Elles sont hyper bien habillées, tu vois.
01:08 Je me suis dit, je ne vais jamais y arriver, quoi.
01:10 Et je suis arrivée le premier jour et j'ai eu raison.
01:12 Je n'ai pas réussi.
01:14 C'est quand même un travail.
01:15 Il y a beaucoup de gens qui pensent qu'on peut tout d'un coup faire du travail du sexe,
01:18 qu'on soit sur la strip-tease, la prostitution ou sur les réseaux.
01:21 Je suis un bloomer. Comment ça s'appelle ?
01:23 Only fans.
01:24 Ou sur Only fans, les gens pensent que c'est facile de faire ça, mais c'est un vrai métier.
01:27 Et du coup, moi, je n'avais pas encore les ficelles du métier.
01:29 Du coup, le premier soir, j'ai galéré, je n'arrivais pas à parler aux clients.
01:32 Mais en fait, eux, ils cherchent vraiment un fantasme.
01:35 Ils cherchent un fantasme en particulier.
01:36 Et c'est trop marrant d'ailleurs, parce que dans le club, les meufs ne marchent pas normalement.
01:39 Tout le monde marche au ralenti, comme ça.
01:41 Et tous les clients, ils sont bourrés, donc ils ne voient pas.
01:43 Mais toi, tu es vraiment au ralenti.
01:44 Comme ça, tu bois hyper lentement, vraiment comme ça.
01:46 Non mais une fois, j'ai eu une feuille de mojito, tellement j'ai bu lentement.
01:50 Et je me suis dit, il faut que je le drague.
01:51 Comment on fait ? Il ne faut pas que je bouge vite.
01:53 Tu ne peux pas faire ça dans un club de striptease.
01:55 Et du coup, je l'ai regardé dans les yeux et j'ai fait ça hyper lentement.
01:57 Et tu avais vraiment la feuille de menthe qui est sortie comme ça.
02:00 Et le mec m'a pris une danse.
02:01 Et du coup, j'ai beaucoup galéré.
02:03 J'ai beaucoup pris de temps avant de comprendre qu'en fait, ce qu'ils cherchent,
02:05 ce n'est pas forcément, dans le club où j'étais,
02:07 ce n'est pas forcément des stripteaseuses qui sont méga bien foutues.
02:10 Ce n'est pas des stripteaseuses qui vont bien faire de la pôle.
02:12 Ce qu'ils veulent, c'est vraiment ce fantasme de la femme fatale.
02:15 Ce côté genre mirage.
02:17 Une fois que j'ai capté ça, il suffisait que je m'assoie à côté des clients
02:19 et que je les regarde sans rien dire, en souriant.
02:22 Et plus tu mettais du mystère, plus eux, ils projettent le fantasme qu'eux, ils veulent.
02:26 Et du coup, tu t'adaptes.
02:27 Et le premier client que j'ai eu, il était très bourré, mais il était subjugué par ma beauté.
02:32 Mais je pense qu'il y avait un lien.
02:34 Mais quand je suis arrivée, moi, je pensais trop...
02:36 J'avais prévu un personnage.
02:37 Une femme fatale mystérieuse, limite espionne à temps perdu.
02:42 N'importe quoi.
02:43 Moi, j'étais dans un film.
02:44 Et en fait, le truc, c'est que tu ne choisis pas le fantasme que les clients portent sur toi.
02:48 Tu n'as pas le choix.
02:48 Sauf que moi, j'étais très jeune.
02:49 J'avais une coupe de cheveux très courte.
02:51 Ce qui m'a dérangée, ce n'était pas le striptease.
02:53 C'était le regard des hommes qui venaient dans le club de strip
02:55 et le regard qu'ils avaient sur moi.
02:57 C'est-à-dire un fantasme de jeunesse.
02:59 Et ça, ça m'a un peu dérangée.
03:00 C'est à partir de là où je me suis dit,
03:01 "Ok, je ne peux pas contrôler le fantasme qu'ont les mecs sur moi."
03:05 Même dans ce truc d'empouvoirment, de faire du striptease, de faire du travail du sexe.
03:08 C'est que peu importe comment toi, t'es, eux vont décider de quoi ils veulent que t'aies l'air.
03:12 À chaque fois que j'allais travailler, j'avais l'impression de jouer un rôle.
03:15 Et c'est normal de jouer un rôle dans un club de strip parce que t'as un personnage et tout.
03:18 Mais après, quand je rentrais chez moi ou quand je voyais des amis
03:21 ou quand même je datais des gens,
03:23 j'avais l'impression d'être toujours dans ce rôle-là.
03:25 Et je me suis dit, "Mais pourquoi, autant dans le club de strip
03:28 et dans ma vie de tous les jours en tant que meuf,
03:30 j'ai la même sensation de jouer un rôle ?"
03:32 Et là, ça m'a fait clic, j'étais là.
03:33 Mais en fait, c'est parce que le fait d'être une meuf, ça ne me va pas.
03:36 Et du coup, ça a été un peu un des déclics de ma transition.
03:39 Où je me suis dit, "Ok, je veux sortir des normes."
03:41 Je ne savais pas encore que c'était la transition, mais je voulais sortir des normes.
03:43 Une fois que j'ai réussi à être cette femme fatale,
03:45 ce truc où j'avais l'impression que c'était inaccessible pour moi,
03:48 parce que les meufs, on leur demande toujours d'être dans des critères de beauté très précis.
03:51 Et j'avais l'impression d'y avoir réussi.
03:52 Et en même temps, ça ne me rendait pas heureuse.
03:54 J'avais l'impression qu'on m'avait donné un but toute ma vie,
03:56 d'être cette femme fatale, d'être belle, que les hommes t'aiment, machin.
03:59 Et en fait, je suis arrivée là, j'étais là, "C'est un peu nul.
04:02 C'est un peu pas mon truc du tout, quoi."
04:04 Je pensais qu'il n'y avait pas d'autre solution.
04:05 J'étais là, soit je suis une femme fatale, soit je ne sais pas ce que je fais de ma vie.
04:08 Et quand j'ai rencontré des personnes trans qui m'ont demandé mes pronoms,
04:12 c'est bête, mais ça sauve pas mal des vies quand même.
04:15 Et j'étais là, "Ok, il y a une autre solution.
04:17 Je peux juste être la personne que je veux, pas dans la définition de la femme fatale."
04:21 Et vraiment, moi, mon chemin, ça a été de transitionner.
04:24 Et pour plein de gens, je pense qu'il y a un peu cette réalisation,
04:27 surtout quand on est une meuf, quand on grandit en tant que meuf.
04:29 Il y a ce truc de...
04:30 En fait, je n'ai plus envie de jouer le jeu du patriarcat.
04:33 C'est hyper intense. J'ai dit "patriarcat", fraîche.
04:36 C'est pas très courageux, mais je l'ai fait.
04:38 Ce que j'ai à retenir, c'est tous les habits que j'ai achetés.
04:41 Ça m'a coûté très cher.
04:43 Ce que j'ai à retenir, c'est que je l'ai fait trop tôt.
04:45 Le travail du sexe, je pense vraiment que ça peut être un travail qui te libère à plein d'égards,
04:50 mais que le striptease en particulier, c'est très compliqué
04:53 parce que c'est à la limite de la légalité entre le travail du sexe.
04:56 Officiellement, on est danseuse, donc on est intermittente du spectacle.
04:59 Et du coup, il y a plein de lois qui ne sont pas très, très claires.
05:02 Par exemple, ils nous prenaient 60 % de notre paye, alors qu'on faisait tout.
05:05 Tu n'as pas le droit de dire non à un client.
05:06 Et en fait, c'est ça qui m'a le plus marquée, c'est que le problème,
05:08 ce n'est pas le travail du sexe, c'est que le problème, c'est le consentement,
05:11 qui n'est pas là et le prix qu'on te prend alors que c'est toi qui travailles.
05:14 Alors, pour toutes les personnes trans, vous n'êtes pas obligées de passer par la case striptease.
05:18 Évidemment, parce que des fois, il y a des parents de personnes trans qui regardent mes vidéos
05:21 et ils sont là "Oh là là, c'est beaucoup plus compliqué que ce que je pensais".
05:23 Moi, le message que j'ai à passer, c'est surtout par rapport à la transition
05:26 parce que je n'ai trop rien à dire sur le travail du sexe.
05:28 J'ai une expérience très limitée.
05:30 Mais par contre, de cette expérience que j'en sors, c'est que la transition, c'est un long chemin.
05:34 On ne se réveille pas un matin et on est là "Oh putain les gars, je suis trans".
05:37 Enfin, tu vois, ça ne se passe pas comme ça.
05:39 C'est un long chemin et si dans le processus, il y a le fait de passer par l'extrême du genre
05:44 dans lequel tu te sens bien, ça fait partie aussi de la recherche.
05:47 Et moi, je ne regrette pas du tout ce moment-là de ma vie.

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