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"Le défi c'est de s'adapter à un monde qui n'est pas du tout adapté à des gens qui n'ont pas de bras"
Sarah Talbi est venue nous parler de ses réalisations en tant que femme en situation de handicap 🙏

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Transcription
00:00Moi, mon sport, c'est mon handicap, et chaque jour, c'est un match.
00:04Je m'appelle Sarah Talbi, je suis créatrice de contenu sur les réseaux sociaux.
00:08Je crée du contenu notamment autour de ma vie de femme en situation de handicap.
00:14Je suis née sans membres supérieurs, donc sans bras ni mains.
00:17C'est un handicap qui était dès la naissance, donc c'est l'embryon que j'étais
00:22qui n'a pas développé ses membres supérieurs.
00:25Le défi, c'est de s'adapter à un monde qui n'est pas du tout adapté
00:29à des gens qui n'ont pas de bras, vu que le monde est fait
00:32pour des personnes qui ont deux mains, deux jambes.
00:34Donc le défi, c'est un défi de tous les jours.
00:36Et c'est vrai qu'adapter ma situation en tant que maman en situation de handicap,
00:41ça a été un défi.
00:42C'est très frustrant, en fait, de mettre un enfant au monde
00:44parce qu'on a envie d'être sur tous les fronts.
00:46Et c'est vrai que quand on a besoin d'aide pour être maman,
00:49je pense que ça, c'est le plus grand défi que j'ai relevé.
00:52Et puis, en tant que femme, je pense que mon défi, c'était d'être une femme
00:56dans un monde, finalement, où il est difficile d'être une femme
01:00et surtout en situation de handicap.
01:02C'est vrai que j'ai toujours eu un caractère un peu trempé.
01:05Donc les complexes, pas vraiment, mais c'est surtout le manque de représentation
01:10et le manque d'exemples.
01:11Je pense que quand on est adolescent, on s'identifie.
01:14Moi, je n'avais personne à qui m'identifier,
01:16c'est-à-dire que toutes les femmes de ma famille ont deux bras, deux jambes,
01:19n'avaient pas de handicap, en tout cas.
01:20Donc j'ai dû créer mon propre modèle et créer ma propre vision,
01:25ma propre personnalité.
01:26Ça, ça a été très difficile.
01:27C'est pour ça, aujourd'hui, j'essaye aussi d'être très présente
01:31sur les réseaux sociaux et de représenter la femme en situation de handicap,
01:34parce que je pense que ça peut aider des jeunes aujourd'hui
01:38qui ont accès aux réseaux sociaux et à Internet,
01:40chose que moi, je n'avais pas à mon époque.
01:43Et c'est ça, je l'imagine, en tout cas, à mon sens.
01:46L'objectif d'une vie, c'est d'aider, c'est d'être utile.
01:49Sinon, si c'est faire ça que pour moi, ça n'a pas trop de sens.
01:52Alors moi, j'ai eu beaucoup de chance, c'est que je n'ai jamais subi de moqueries.
01:56J'ai la chance d'avoir grandi avec des enfants
01:58qui sont aujourd'hui des adultes merveilleux et qui sont mes amis.
02:02Et eux-mêmes me disent, mais en fait, nous, on ne se rendait même pas compte
02:05que tu avais un handicap aussi lourd.
02:07Parce que nous, c'était Sarah, elle n'a pas de bras,
02:10donc elle ne peut juste pas faire certaines choses.
02:13Mais on faisait tout le reste ensemble et on a grandi ensemble.
02:17On a gardé ce lien amical qui existe toujours aujourd'hui.
02:21Alors moi, mon handicap, je le gère en m'adaptant à la situation.
02:25Donc, je crée des vidéos sur YouTube, notamment où je montre tout simplement
02:31comment je cuisine, comment je me prépare le matin, comment je me maquille,
02:35comment je peux interagir avec le monde dans lequel je vis.
02:39C'est vraiment du sport.
02:41Moi, mon sport, c'est mon handicap et chaque jour, c'est un match.
02:46Alors, grâce aux réseaux sociaux,
02:47je trouve que le regard des gens a beaucoup changé et que les réseaux sociaux,
02:51on a beau les critiquer pour beaucoup de choses,
02:53mais je pense qu'aujourd'hui, on a tout vu sur TikTok, sur Instagram.
02:56Il suffit de scroller et on voit des choses incroyables dans le monde.
02:59Donc, quelque part, c'est bien parce que l'être humain et le cerveau humain
03:03commencent à être moins étonnés.
03:05Dans la rue, dans les métros, je vois quand même les gens
03:08qui sont beaucoup moins étonnés de voir des personnes différentes
03:11parce que grâce aux réseaux sociaux, tout est dédramatisé.
03:14Et je pense que peut-être dans 5, 10, 15 ans,
03:16le handicap sera quasiment plus une différence.
03:19Alors, c'est très marrant parce que c'est souvent les personnes valides
03:22qui me remercient dès sur les réseaux.
03:25Je pense qu'au-delà du handicap physique, mon message, c'est de se dire
03:28que finalement, on a tous quelque chose qui nous empêche d'avancer.
03:32Et l'idée, c'est de se dire que c'est possible d'avancer
03:35et que ce n'est pas comme si ça n'existait pas.
03:37Bien sûr que ça existe, mais qu'il faut juste mettre cette difficulté
03:41à sa juste place et continuer d'avancer.
03:43Un message à faire passer, c'est de s'accepter.
03:46C'est de s'accepter et ça, c'est un travail de tous les jours.
03:48Ce n'est pas quelque chose qui, un jour, va se faire
03:51et puis ce sera un acquis pour toute la vie.
03:53Un jour, on s'accepte, le lendemain, beaucoup moins
03:56et puis le surlendemain, un peu plus.
03:57Donc, c'est vraiment avoir cet objectif de se dire que finalement,
04:02on se crée et c'est tous les jours qu'on se crée.

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