Emmanuel Macron va s'envoler pour la Nouvelle-Calédonie ce mardi soir pour "y installer une mission", d'après la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot. Selon son entourage, le chef de l'État se rend sur place pour "écouter, échanger, discuter avec les élus calédoniens", mais aussi pour "soutenir les Calédoniens et les forces de sécurité intérieure qui sont mobilisées pour rétablir l'ordre républicain"
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00:00 En Nouvelle-Calédonie, toutes les parties souhaitent l'apaisement, le retour de la paix civile.
00:05 - Même ceux qui sont encore sur des barrages ?
00:06 - Et la reprise du processus de Nouméa, de Matignon puis de Nouméa, vous évoquiez tout à l'heure,
00:13 ce qu'il a fallu de hauteur et de responsabilité aux dirigeants de l'époque,
00:17 dans une période qui était très dure.
00:19 Également, il y a eu pendant quatre ans, vous savez, les fameux événements dont beaucoup parlent,
00:24 et beaucoup nous ont parlé quand nous nous sommes rendus en Nouvelle-Calédonie,
00:27 et qui est un vrai traumatisme, et tout le monde disait depuis des semaines
00:32 qu'il y avait la crainte que ça reprenne et qu'il se passe malheureusement ce qui s'est passé.
00:37 Le problème, c'est que... - C'est une réforme que vous ne soutenez pas.
00:39 - Nous, nous nous y sommes opposés.
00:41 - Vous ne pouvez pas changer le corps électoral selon vous ?
00:43 - Mais non, ce n'est pas ça la question en fait.
00:44 Et ce n'est d'ailleurs pas ce que disaient, y compris les indépendantistes.
00:49 Ce qu'ils ont refusé, c'est la remise en cause du processus de Nouméa,
00:54 qui est basé sur le consensus, c'est-à-dire le fait que tous les acteurs doivent être d'accord sur le processus.
00:59 Or, le président de la République a choisi de passer en force,
01:04 de faire cette réforme de manière unilatérale, alors que c'est quand même une question pas anodine,
01:08 pas anecdotique, dans justement tout le processus qui vise,
01:11 je rappelle les termes du processus de Nouméa, dont les décisions sont irrévertibles, à la décolonisation.
01:18 - Mais sur le fond, vous êtes d'accord ?
01:20 - Et sur ce point-là, justement, la question de la détermination du corps électoral,
01:24 c'est ce qui permet la base de la citoyenneté calédonienne.
01:27 - Mais vous êtes d'accord que quand on est né en Nouvelle-Calédonie, on doit pouvoir voter ?
01:32 - Oui, mais justement, il y a un accord d'un certain nombre de parties, y compris indépendantistes.
01:36 Sur cela, la question, c'est quelle modalité ? Comment on fait le processus ? A quel rythme ?
01:40 Il y a, par exemple, le fait qu'une partie de ce corps électoral, les natifs,
01:46 toutes celles et ceux qui sont nés, que ce soit des Kanaks,
01:50 ou ce qu'on appelle là-bas des Européens, ou d'autres catégories de la population,
01:54 comme les Molisiens, etc., puissent s'intégrer.
01:56 Et ça, il y avait un accord là-dessus.
01:58 La question, c'est sur quelle modalité tout cela se fait, et que surtout, ça ne peut pas se faire sous la menace,
02:05 parce que ce texte, et ça a été dit, y compris quand nous avons eu des discussions,
02:09 beaucoup ont assumé de dire qu'en fait, on utilise une réforme constitutionnelle, rien que ça,
02:15 pour mettre la pression sur les indépendantistes.
02:17 - Donc il faut retirer cette réforme ?
02:18 - Oui, je pense que c'est le but.
02:19 - Donc vas-y, on arrête.
02:21 - Et de reprendre le fil de la discussion.
02:22 - On ne va pas donner raison à ceux qui ont cassé, ceux qui ont pillé, ceux qui ont provoqué cette guerre civile.
02:28 - Tout le monde déplore, en fait, le fait que six personnes soient mortes,
02:31 qu'il y ait des centaines de blessés, qu'il y ait toutes ces destructions.
02:33 Tout le monde dans la population.
02:34 - Pas ceux qui ont fait ça.
02:35 - Les personnes qui mettent de l'huile sur leur feu.
02:38 - Ça, bien sûr, mais je pense que là, on...
02:39 - Vous n'en parlez pas du tout de ceux qui...
02:41 Pardon, mais il y a des gens qui ont fait des actes de délinquance très graves,
02:44 qui ont tiré à balles réelles sur des policiers et des gendarmes, vous n'en parlez pas ?
02:47 - Oui, et il y a des gens qui ont tué d'autres personnes.
02:48 Je vous rappelle le fait que six personnes ont été tuées,
02:51 dont deux gendarmes, dont un jeune étudiant, un canard, etc.
02:55 - Mais vous dites que tous ces gens-là peuvent être autour de la table, en fait,
02:57 tous ceux qui ont tiré...
02:58 - Mais non, mais ce n'est pas de ça dont on parle.
02:59 Je pense qu'il faut éviter de confondre ces actes-là, qui sont des actes criminels,
03:03 et le fait qu'on parle aujourd'hui d'un certain nombre de forces politiques,
03:09 parmi notamment les indépendantistes, et de cadres de mobilisation...
03:12 - Qui, visiblement, ne maîtrisent plus grand-chose.
03:14 - Qui, pendant des mois, ont organisé des manifestations,
03:18 ont interpellé, justement en avertissant sur les risques.
03:20 - Mais est-ce que vous condamnez les violences et les pillages ?
03:23 - Je l'ai dit à l'Assemblée nationale, lorsque j'ai interpellé le Premier ministre,
03:28 donc je le redis, nous déplorons ces violences.
03:30 Nous avons tout fait.
03:31 - "Déplorer" et "condamner", ce n'est pas tout à fait le même terme.
03:33 - Nous avons tout fait pour éviter que cela se passe.
03:36 - D'accord, mais est-ce que vous condamnez ces violences ?
03:37 - Nous avons alerté sur le fait que ça risquait de se passer,
03:42 et nous déplorons la mort des personnes.
03:44 - C'est la même chose, excusez-moi.
03:45 - Non, déplorer et condamner, ce n'est pas la même chose.
03:47 - Alors, si vous voulez que je mette ma casquette de juge de la Cour de la République,
03:54 je vais dire "oui, en tant que juge, je condamne cela".
03:56 - Mais les juges, ils aillent avoir un député.
03:57 - En tant que citoyen, vous pouvez dire, ou en tant que député,
03:58 "je condamne les violences, il n'y a pas besoin d'être juge".
04:00 - Oui, et je viens de vous le dire.
04:01 - Non, vous ne l'avez pas dit, vous dites "je déplore",
04:03 et "condamner", ce n'est pas tout à fait pareil.
04:04 - Je vais faire tout un buzz là, parce que...
04:06 - Non, mais c'est intéressant la nuance.
04:08 Vous êtes les seuls à ne pas condamner.
04:10 - Non, non, ce n'est pas vrai.
04:11 Nous l'avons dit et nous l'avons redit.
04:12 Nous sommes les seuls, par contre, excusez-du-peu,
04:14 à avoir alerté depuis le début, à avoir dit qu'il ne fallait pas faire ça,
04:17 à avoir dit qu'il y avait des morts qui risquaient d'avoir lieu.
04:20 Nous avons passé deux jours à l'Assemblée nationale...
04:22 - Donc, le responsable des morts et des violences, c'est l'État, c'est le président.
04:24 - Je pense qu'il y a une responsabilité politique,
04:26 et nous ne sommes pas les seuls à le dire, excusez-du-peu.
04:28 Donc, peut-être que si on les avait écoutés,
04:30 plutôt que de chercher la petite bête,
04:31 plutôt comme l'a fait M. Darmanin,
04:33 d'instrumentaliser, lui, le sujet,
04:35 alors que c'est un sujet d'importance,
04:37 et ça fait des décennies que des gens travaillent autour de ça,
04:39 peut-être que ça aurait évité un certain nombre de ces morts,
04:41 que nous déplorons, je le rappelle.
04:43 Et donc, je ne suis certainement pas pour le gouvernement
04:45 de faire des leçons à la France insoumise.
04:47 Nous avons été bien plus responsables qu'eux sur le sujet.