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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 -Notre tête à clics du jour, c'est le professeur Amine Benyamina.
00:03 Il est psychiatre, addictologue et président
00:04 de la Fédération française d'addictologie.
00:06 En janvier dernier, il a été chargé par le président de la République
00:08 de co-présider la commission d'experts sur les écrans.
00:11 Et aujourd'hui, il vient nous alerter sur l'impact considérable
00:14 du numérique sur nos enfants.
00:16 -Emmanuel Macron a mandaté un groupe d'experts
00:19 pour interroger la place du numérique dans la vie des jeunes Français.
00:22 Et ces experts mettent en garde contre les dangers des écrans.
00:26 -Avant 3 ans, c'est rien, pas une minute.
00:29 Le premier portable, c'est à 11 ans,
00:31 mais pas de smartphone avant 13 ans.
00:35 -Bonsoir, professeur Amine Benyamina.
00:38 J'y arrive pas aujourd'hui, pardon.
00:40 Je vous présente Prime, Mouloud Achour.
00:42 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:43 Vous êtes psychiatre, addictologue.
00:45 Première question, est-ce qu'on peut être accro aux écrans,
00:47 comme on l'est, à l'alcool, à la cigarette ?
00:49 -Alors, on peut être accro à la bouteille,
00:51 mais en vérité, c'est pas la bouteille,
00:53 c'est ce qu'il y a à l'intérieur de la bouteille.
00:55 Quand on a parlé d'écran, c'est pour résumer,
00:57 c'était la commande du président de la République
00:59 qui nous a demandé de voir s'il y avait des problèmes
01:01 avec les écrans, il avait une petite idée,
01:03 notamment chez les jeunes.
01:04 Donc finalement, l'écran, c'est un concept un peu valise
01:08 dans lequel, derrière, vous avez des contenus
01:11 des réseaux sociaux, des contenus des tchats, tout ça,
01:14 et donc c'est la question sur laquelle on s'est penché
01:15 pendant 3 mois.
01:16 -Qu'est-ce qui rend accro ?
01:18 -Alors, ce qui rend accro, ce n'est pas le fait
01:20 d'avoir un téléphone entre la main qui soit intelligent,
01:23 principe du smartphone.
01:24 Ce qui rend accro, c'est la manière avec laquelle
01:26 on a utilisé l'attention pour faire de l'argent,
01:29 ce qu'on appelle l'économie de la captation.
01:31 Et l'économie de la captation, c'est quoi ?
01:33 C'est vous avez un réseau qui se met en place
01:36 et qui fait de telle sorte qu'une fois que vous êtes à l'intérieur,
01:40 il met en place des algorithmes, c'est des calculs mathématiques.
01:43 Par exemple, si vous avez Afaraprime,
01:45 il va avoir toutes les casquettes qu'a citées tout à l'heure Mouloud,
01:49 et donc il va être accro, il va revenir.
01:50 Moi, c'est pareil.
01:51 Je vais probablement voir des choses qui m'intéressent,
01:53 c'est pareil pour vous.
01:54 Et donc c'est ça, le principe de la captation,
01:56 qui pose problème.
01:57 - Dans le rapport, une des préconisations,
01:59 c'est pas d'écran du tout avant 3 ans,
02:01 idéalement avant 6 ans. Pourquoi ces âges-là ?
02:03 - Alors, avant 3 ans, on s'est rendu compte qu'on avait
02:06 d'abord un déficit d'interaction.
02:07 La meilleure façon pour un enfant à venir entre 0 et 3 ans,
02:11 c'est d'interagir avec la maman, les parents,
02:13 c'est d'avoir ce qu'on appelle les interactions physiques.
02:15 Le fait d'être avec un support, une tablette, un téléphone,
02:19 fait que d'abord, on ne sait pas ce que ça veut dire
02:21 une interaction avec un être humain.
02:22 C'est triste, mais on se retrouve à avoir
02:25 des espèces d'avatars de l'être humain
02:28 qui constituent l'écran.
02:31 Et donc on a un appauvrissement du langage, de la relation,
02:33 et parfois, on a eu même des témoignages des experts,
02:35 on en a vu 150 à peu près,
02:38 où on voit des enfants essayer de rentrer à l'intérieur de l'écran
02:41 parce qu'ils n'avaient finalement pour repère que cela.
02:45 Et donc on se retrouve à avoir une vraie pauvreté relationnelle.
02:48 Et puis surtout, les écrans autour des enfants,
02:50 notamment les parents...
02:52 - C'est ça, quand on est parent, tenir un téléphone
02:54 à la portée d'un enfant, c'est mauvais.
02:55 - On a vu des téléphones dans les maternités, par exemple,
02:57 c'est assez aberrant.
02:58 Ensuite...
02:59 - Haute préconisation du rapport, pas de réseau social avant 15 ans,
03:02 on va s'en parler, mais avant, je voulais vous montrer
03:03 une petite vidéo d'un papa inquiet.
03:06 - La dernière fois que j'étais au restaurant,
03:07 il y a un gamin de 7 ans qui est venu me voir avec un téléphone
03:09 et qui m'a dit "Je vous suis sur Instagram et j'ai même TikTok".
03:13 7 ans.
03:14 Je ne comprends pas qu'on laisse un téléphone
03:15 dans les mains d'un gamin de 7 ans, de 8 ans, de 9 ans, 10, 11 ans.
03:19 Vous vous rendez compte de ce que ça va générer chez eux,
03:21 dans leur cerveau, la perception de la vie qu'ils vont avoir,
03:23 ça va créer des monstres.
03:24 Nous-mêmes, en tant qu'adultes, passer trop de temps sur les réseaux,
03:26 ça nous rend dépressifs, ça crée des maladies mentales,
03:28 ça te flingue le moral, t'as accès à de la guerre, de la violence,
03:32 de la nudité à gerber, des discours d'abrutis,
03:34 "Comment réussir ta vie à Dubaï, finir avec une Rolex en or ?"
03:38 On a accès à des trucs complètement dingues qui nous bousillent le moral
03:41 et on laisse nos enfants avoir accès à ça.
03:43 - Est-ce que c'est, en d'autres termes, le constat qu'a fait la commission ?
03:46 - C'est pas complètement faux, ce qui vient d'être dit,
03:48 évidemment, c'est un peu excessif, mais c'est pas complètement faux.
03:50 On a pris un exemple très simple, on a fait un hackathon de jeunes,
03:53 entre 13 et 18 ans, dans lesquels ils disent
03:56 "Écoutez, on sait parfaitement que c'est compliqué,
03:58 mais on a besoin d'avoir un cadre."
04:00 Vous ne remettez pas les clés d'une voiture
04:01 si vous n'avez pas quelqu'un à conduire.
04:04 On remet des écrans, un téléphone,
04:06 on remet un ordinateur avec à l'intérieur
04:09 une industrie très organisée pour faire de l'argent
04:13 sur votre présence au niveau de ces réseaux.
04:16 Et là, là-dessus, il faut vraiment mettre des règles.
04:18 On n'est pas anti, la commission n'est pas anti-écran,
04:21 on sait parfaitement qu'on a explosé,
04:23 on a réduit la fracture sociale, la fracture économique
04:29 et la fracture géographique, pour faire court avec ça.
04:33 Le Covid, s'il n'y avait pas eu d'écran,
04:35 on n'aurait pas pu faire aller à l'école.
04:36 Moi, je n'aurais pas pu voir des patients qui étaient coincés chez eux.
04:39 On sait parfaitement ce que nous amènent les écrans numériques.
04:42 En revanche, il faut le raisonner et il faut surtout voir
04:45 ce qui se passe derrière ces grandes majors
04:47 qui captent à l'intérieur de nos familles nos enfants
04:51 avec des contenus qui sont des contenus répétitifs, d'accroche.
04:54 -Comment on fait ?
04:56 Quelles sont les suggestions pour limiter les effets toxiques ?
04:58 -On a 29 préconisations.
05:01 Certaines concernent évidemment les industriels
05:03 chez lesquels on tire l'attention sur une économie
05:06 qui, parfois, peut être malsaine.
05:08 On a aussi des préconisations auprès de l'Education nationale.
05:12 On a des préconisations sur le... -Pourquoi, par exemple ?
05:15 -Tout ce qui est, par exemple, pronos, tout ça,
05:17 on demande à ce que ça soit utilisé de manière adaptée.
05:21 C'est un service et ça s'arrête au service.
05:24 Il y a des books qui ne servent à rien
05:25 parce que ces books deviennent des lieux d'échange et de polémiques.
05:28 -Prême, est-ce que vous avez une question au professeur, peut-être ?
05:31 -Ça en fait des choses.
05:34 Moi, la seule question que j'ai, c'est...
05:37 Ouais, mais est-ce que c'est pas leur liberté ?
05:39 -Evidemment, c'est leur liberté.
05:40 -Parce que je pense pas...
05:42 Oui, c'est sûr que ça ne s'interrête que sur le négatif.
05:44 C'est compliqué.
05:45 Mais il y a aussi des enfants qui apprennent des autres langues,
05:47 des autres trucs avec...
05:49 -C'est exactement ce que...
05:50 -J'ai vu des enfants dans ma famille à 3 ans,
05:52 ils savent lire, écrire, ils utilisent l'iPad.
05:54 -Complètement.
05:55 -Donc ça vient aussi des parents, non ?
05:57 -C'est quelque chose qui est de l'ordre de l'équilibre.
06:01 Et très clairement, on n'est pas dans l'équilibre actuellement.
06:03 -C'est ça qui me fait peur avec les trucs comme ça,
06:05 quand il y a beaucoup de gens qui se regroupent et qui y réfléchissent.
06:09 C'est que ça fait forcément des situations compliquées.
06:12 Tu vois ?
06:13 Il faut juste être très simple et faire une campagne d'éducation
06:17 des parents sur comment...
06:20 Leur relation, que doit avoir avec l'écran leurs enfants, quoi.
06:23 Pas besoin de faire des méga-groupes.
06:26 En fait, j'ai l'impression que ça fait plus peur qu'autre chose.
06:28 On a l'impression qu'on nous enlève des libertés, quoi.
06:30 -C'est pas le cas. -Je sais.
06:31 -Non, c'est pas le cas.
06:33 D'ailleurs, le rapport, il est sur le site de l'Élysée,
06:36 on peut le lire, c'est très facile.
06:37 On a fait une synthèse.
06:38 L'idée, pour qu'on soit crédible, il faut qu'on soit nombreux,
06:42 qu'on travaille pour pouvoir...
06:43 Finalement, c'est plus difficile de simplifier
06:46 et c'est assez simple de complexifier.
06:48 Lorsque vous regardez la synthèse, c'est très facile.
06:50 On donne quelques règles, on donne quelques éléments
06:53 et on demande au président de la République
06:55 de prendre l'ensemble des préconisations
06:58 pour qu'elles soient cohérentes.
07:00 Et à l'intérêt des familles, personne ne va légiférer.
07:03 Simplement, les parents, quand ils sont en difficulté,
07:04 vont dire "Il y a des gens qui ont travaillé là-dessus,
07:07 "il y a des références."
07:08 Moi, je suis capable de te dire "C'est pas bon d'avoir,
07:11 "par exemple, ton écran dans le lit,
07:12 "parce que la lumière bleue, ça t'évite de dormir."
07:15 -C'est ça qu'il faut dire.
07:16 Il faut faire des campagnes,
07:17 comme à l'époque avec les préventions routières.
07:20 Il faut faire des campagnes où on explique juste aux gens,
07:22 on découpe un peu, et voilà.
07:24 -Merci beaucoup, en tout cas.
07:25 -Merci à vous.
07:26 [SILENCE]