Regardez Les auditeurs ont la parole avec Eric Brunet du 16 mai 2024
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00:00:00 Jusqu'à 14h30, les auditeurs ont la parole avec Eric Brunet sur RTL.
00:00:07 Que se passe-t-il à Nouméa ? Que se passe-t-il en Nouvelle-Calédonie ?
00:00:11 Comment faire pour que les communautés se réconcilient ?
00:00:14 Florian a fait le 3210. Bonjour mon cher Florian. Où êtes-vous Florian ?
00:00:19 Alors je suis à Nouméa. Il fait nuit, il est 22h et on quête pour voir si tout se passe bien.
00:00:25 Il paraît que Nouméa ne ressemble plus à ce qu'elle était il y a une semaine. Cette capitale est dévastée.
00:00:33 C'est ça, en trois jours tout a brûlé, tout est détruit. Il y a des barrages, on est en guerre civile.
00:00:38 Donc si il y a l'état d'urgence, c'est la catastrophe.
00:00:40 Est-ce que les gens ont peur ?
00:00:42 Ah oui on a peur. On a peur pour nos vies tout simplement parce qu'on est à se battre les uns contre les autres.
00:00:47 Donc on attend le renfort de la France pour sécuriser l'endroit.
00:00:50 Florian, quand j'ai utilisé tout à l'heure le mot "guerre civile", certains à RTL m'ont fait un petit signe en mode "Eric n'exagère pas non plus".
00:00:59 Est-ce que vous pensez que j'exagère en utilisant cette expression ?
00:01:02 Non, quand il y a des membres de la vie qui sont face à face à censer des cailloux dessus,
00:01:09 si ce n'est plus opposé avec des barrages au milieu de la route à se cacher et tout, non non, on est en guerre civile.
00:01:15 Restez avec nous Florian. On m'a dit également que dans cet archipel de 280.000 habitants, il y avait 70.000 armes en circulation. 70.000.
00:01:26 Et ils déclaraient un petit peu plus en non-déclaré on va dire, parce que le temps que ça se met en vigueur,
00:01:31 les dégaragements d'armes, il y avait certaines armes d'avance.
00:01:35 Comment retrouver la paix en Nouvelle-Calédonie mesdames, messieurs ?
00:01:39 Florian, vous restez avec nous tout de suite, c'est le rappel des titres avec vous Céline Landreau.
00:01:43 Et à propos de la situation en Nouvelle-Calédonie, justement, on a appris dans la matinée la mort d'un deuxième gendarme,
00:01:49 victime d'un tir accidentel, tir d'un collègue lors d'une mission de sécurisation.
00:01:53 Ce décès intervient au lendemain de celui de Nicolas, ce militaire de 22 ans, tué hier d'une balle dans la tête par des émeutiers.
00:02:02 Yanis était son camarade de promotion à l'école de gendarmerie de Montluçon.
00:02:06 Il échangeait avec lui par SMS juste avant le drame.
00:02:09 On était en train de s'écrire justement quelques minutes avant, je pense.
00:02:13 A 11h10, j'ai reçu un message de sa part qui m'a dit "ouais, là, ça part un peu en sucette, mais voilà, tranquille quoi".
00:02:20 Moi, je lui ai répondu, je crois, j'ai revu ça à 11h16 et il n'a pas vu mon message.
00:02:24 Quand j'ai entendu qu'il y avait un gendarme qui était blessé par balle et que je n'avais plus de réponse,
00:02:28 inconsciemment, vous savez, vous vous mettez toujours en tête "est-ce que c'est lui ? Est-ce que c'est lui ?"
00:02:33 Et quand après, j'ai reçu le message en me disant que c'était lui, ça nous a un peu dévasté.
00:02:37 Ma conjointe est gendarme aussi, elle l'a connu.
00:02:39 On a été dévasté.
00:02:41 Quand il a su qu'il est parti en Nouvelle-Calédonie, c'était le plus heureux du monde.
00:02:45 Il était heureux de pouvoir découvrir cet endroit.
00:02:48 Comme il disait, il n'y a pas beaucoup de métiers en France qui nous permettent de voyager.
00:02:52 Malheureusement, il n'aura fait qu'un seul voyage.
00:02:55 Document RTL recueilli par Simon Marseille.
00:02:58 Deux gendarmes tués et cinq morts au total depuis le début des violences qui secouent l'archipel.
00:03:03 Malgré le couvre-feu, malgré l'état d'urgence, une nouvelle réunion de crise avait lieu ce matin à l'Elysée.
00:03:09 Mais la visioconférence proposée par Emmanuel Macron aux élus calédoniens est annulée.
00:03:14 Les élus ne veulent pas dialoguer les uns avec les autres, a fait savoir l'Elysée.
00:03:19 Dans l'actualité également, les députés ont approuvé aujourd'hui en commission le principe de la légalisation de l'aide à mourir.
00:03:25 Malgré les oppositions contre cette disposition centrale du projet de loi sur la fin de vie.
00:03:31 L'idée d'une réunion de crise est donc adoptée en commission.
00:03:34 D'idées des champs mettra fin au suspens.
00:03:36 Ce soir, le sélectionneur de l'équipe de France annoncera la liste des joueurs convoqués pour l'Euro de foot en Allemagne.
00:03:41 Cet été, il peut en convoquer jusqu'à 26.
00:03:44 La météo, Peggy, s'il vous plaît, pour cet après-midi.
00:03:47 Comme les jours précédents, une instabilité quasi généralisée avec des nuages, des éclaircies, des averses, des orages.
00:03:54 Un ciel bien changeant.
00:03:57 Des orages entre la Bretagne, la Normandie en allant vers les Pyrénées, le Massif central, les Alpes et en remontant vers le Jura et les Vosges.
00:04:04 À l'écart de ces orages, le littoral aquitain, également les côtes du Languedoc-Roussillon et la Côte d'Azur.
00:04:10 Et puis un temps un petit peu plus calme entre la Seine-Maritime et l'Ile-de-France en allant vers la Bourgogne.
00:04:14 Le tout sous des températures comprises entre 16° à Aurillac et 22° à Bastia, 20° à Paris-Énigme, 19° à Nice et 18° à Bordeaux.
00:04:21 Merci beaucoup, Peggy Broch.
00:04:23 Merci, Peggy Broch. Et à demain, Céline Landreau.
00:04:26 J'accueille...
00:04:27 Jusqu'à 14h30, les auditeurs ont la parole avec Éric Brunet sur RTL.
00:04:33 J'accueille Lisa Marie. Vous allez bien, Lisa Marie ?
00:04:35 Ça va et vous, Éric ?
00:04:36 Très bien, très très bien.
00:04:37 Lisa Marie, on va faire un truc qu'on ne fait pas habituellement. Normalement, c'est vous qui plantez un peu le décor de l'émission.
00:04:43 Restez quelques instants, mais on va demander à Florian de le faire.
00:04:46 Florian, vous êtes toujours là ?
00:04:48 Oui, je suis toujours là.
00:04:50 Vous êtes à 16 000 km de la métropole, pour ceux qui écoutent RTL depuis l'Europe.
00:04:56 Vous êtes à 16 000 km. La Nouvelle-Calédonie, c'est dans le Pacifique.
00:05:00 Ce n'est pas très très loin de l'Australie, donc c'est les antipodes.
00:05:04 Il est 22h passé, me disiez-vous, chez vous.
00:05:07 Florian, il y a beaucoup d'auditeurs et d'auditrices, on est un million, là, à vous écouter,
00:05:12 qui ne connaissent pas bien la situation.
00:05:14 Que s'est-il passé ?
00:05:15 On a vu des vidéos sur les chaînes d'infos, avec des habitants de Nouméa,
00:05:20 qui sont cachés chez eux, dans des petites pièces,
00:05:23 qui parlent tout bas, qui pleurent, qui ont peur.
00:05:26 Que s'est-il passé depuis quelques jours dans cet archipel français, Florian ?
00:05:30 Expliquez-nous, simplement, comme si vous parliez à un gosse de 15 ans.
00:05:36 Oui, c'est ça. Là, on est dans la nuit de dimanche à vendredi.
00:05:40 Donc, ça a commencé un peu les émeutes dimanche soir.
00:05:43 Donc, c'était quelques barrages sur la route.
00:05:45 Lundi, c'était assez tendu, mais pour rien de particulier.
00:05:49 Dans la soirée, ça serait vraiment tendu.
00:05:50 Une soirée entre lundi et mardi, ils ont détruit quasiment tout Nouméa,
00:05:55 pillé tous les commerces, détruit toutes les sociétés.
00:05:58 On reste, on va dire, une petite ville.
00:06:00 Donc, ça va vite quand il y a plus de 300 commerces détruits.
00:06:02 Ils sont attaqués directement aux gendarmes.
00:06:04 Dans la nuit de mardi, on a réussi à s'organiser un petit peu dans les quartiers,
00:06:08 pour communiquer ensemble, s'il y avait des mouvements dans les rues.
00:06:12 Ils ont costumé mardi soir, mercredi soir.
00:06:14 Et là, on est jeudi, donc jeudi soir, et ça continue à se battre.
00:06:19 Ils ont attaqué des forces de l'ordre.
00:06:20 Les forces de l'ordre ont été dépassées.
00:06:22 On se demandait, ça a pris du temps à être communiqué en France,
00:06:25 à parler un peu sur les réseaux sociaux, sur les chaînes de TV ou les radios, tout simplement.
00:06:28 On se demandait si on allait être aidés.
00:06:30 Donc, les renforts sont arrivés au compte-gouttes, mais pas assez rapidement.
00:06:34 Qui sont ces émeutiers ?
00:06:37 Je pense que ce qui est important, il y a un mot qui est important, "guerre civile".
00:06:40 Vous avez toutes ces images en tête, je pense.
00:06:42 Mais ce qui est important de comprendre, je pense, pour les gens de la métropole,
00:06:46 moi j'ai 28 ans, j'ai eu la chance de faire quelques années mes études à Rennes, en Bretagne.
00:06:51 Donc, vraiment de comprendre pourquoi ils font ça.
00:06:53 Parce qu'il y a eu la colonisation, on va dire, après 1850.
00:06:58 Il y a eu beaucoup de bagnards qui sont venus surger leur peine.
00:07:02 Ça a été un petit peu co-colonisé, mais très rapidement, dans les années 1850.
00:07:05 Les gens ont vécu ensemble, ils ont construit le pays ensemble.
00:07:08 Dans les années 1983, 1984, 1985, 1988, il y a eu quelques tensions.
00:07:12 Mais ça n'a rien à voir avec là, même s'il y a eu quelques assassinats.
00:07:16 Mais la ville n'a pas été détruite.
00:07:19 Et ils ont signé un accord, on va dire, avec les indépendantistes.
00:07:21 Ceux qui veulent l'indépendance, c'est ceux qui sont loyalistes.
00:07:24 Donc, qui sont loyaux à la France.
00:07:26 Ils ont signé un accord pour voter trois fois pour le référendum d'autodétermination.
00:07:32 Mais il y a eu trois référendums, Florian, mais les trois référendums ont dit "Nous voulons rester français".
00:07:40 C'est ça que les gens doivent comprendre.
00:07:42 Trois fois, donc on ne va pas en faire quatre, huit.
00:07:44 C'est ça, non, mais en 88, ils ont signé cet accord-là.
00:07:47 En 98, ils ont re-signé un accord pour dire que d'ici 20 ans, on allait faire un référendum.
00:07:53 En attendant, on allait bien redistribuer tous les pouvoirs en Amérique haïdonnie.
00:07:56 En 90, ils ont signé qu'il y avait un accord, qu'il y avait un gel électoral.
00:08:00 Tous les gens qui sont arrivés après 1988, ils ne peuvent pas voter.
00:08:05 Et s'ils ont des enfants, ils ne peuvent pas voter ici.
00:08:08 Donc, en 2018, il y a eu trois votes, trois référendums, avec tous ces gens-là qui ne pouvaient pas voter.
00:08:14 Malheureusement, grâce à ça, quand même, on a dit trois fois "Non" à l'indépendance.
00:08:19 En disant trois fois "Non" à l'indépendance, on a dit trois fois "Oui" à la France.
00:08:22 Il y a 30% des gens qui habitent ici qui ne peuvent pas voter, alors qu'ils participent à l'économie.
00:08:27 - Oui, parce qu'au fond, ce qui a rendu les choses explosives, c'est qu'une nouvelle loi a permis à 25 000 néo-calédoniens supplémentaires d'avoir le droit de voter.
00:08:37 Ce sont des gens qui sont nés en Nouvelle-Calédonie, qui sont donc français.
00:08:41 - Il faut qu'ils soient là depuis plus de 10 ans. Le dégel n'a pas été total.
00:08:46 On voulait un dégel total, il y a eu des réformes qui ont été faites.
00:08:49 - Et ça, une partie des canaks, des populations originelles de la Nouvelle-Calédonie...
00:08:55 - C'est les indépendantistes, parce qu'il ne faut pas mettre tous les canaks...
00:08:57 - Ce ne sont pas les canaks, vous dites que ce sont les indépendantistes.
00:08:59 - C'est ça, il y a des personnes très bien, donc on n'est pas là pour...
00:09:03 - Oui, mais OK, il y a des indépendantistes, très bien.
00:09:08 Mais je rappelle d'ailleurs la structure de la population.
00:09:11 40% de canaks, 25% environ d'européens, et puis il y a cette population dont on ne parle jamais,
00:09:19 qui sont des mélanésiens, des gens qui viennent d'Asie, qui sont français pour la plupart,
00:09:25 qui sont là depuis des années, des années, alors on ne leur demande jamais rien.
00:09:29 - C'est ça, moi je suis un descendant de Bagnard, nos ancêtres sont arrivés pour faire de la prison
00:09:36 à la fin des années 1890. Moi j'ai grandi là, mes parents sont là, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents.
00:09:42 Donc voilà, je suis d'ici, on est un petit peu oubliés, c'est un petit peu tout mélangé.
00:09:47 - Malgré les trois référendums où trois fois on a dit non à l'indépendance, malgré le corps électoral gelé,
00:09:52 ils ont dit que si ce n'était pas pris dans les urnes, l'indépendance serait prise par la force.
00:09:58 Donc pourquoi pas, mais ça n'a pas eu une dictature.
00:10:00 - Merci Florian, merci Florian. Bonjour Angélique, vous avez fait 32 10, bonjour Angélique.
00:10:07 Où êtes-vous vous Angélique ?
00:10:09 - Je suis bonsoir, enfin bonjour pour vous, je suis dans un quartier de Nouméa.
00:10:16 - Vous avez peur ce soir ?
00:10:18 - Oui, c'est le cas de le dire, nous sommes terrifiés, on n'a pas d'autre mot.
00:10:27 On vit depuis quatre jours avec la peur au ventre, avec une espèce de sentiment d'attente, mais on ne sait pas trop de quoi.
00:10:38 On s'attend à tout moment à...
00:10:43 - Vous avez des proches qui font des maraudes, on m'a dit qu'il y avait des gens qui essayaient de se protéger en faisant des tournées dans les rues.
00:10:55 - Alors, je vais vous donner mon exemple concret, on est un comité de surveillance pour protéger d'abord nos vies,
00:11:06 et puis si possible nos biens, et puis je vous avoue, on a tous un sac de survie avec nos passeports.
00:11:19 On ne sait pas, ça pète, ça se calme, ça pète, les forces de l'ordre sont en sous-effectif.
00:11:28 - Restez Angélique, restez avec nous, ce que vous nous dites est terrifiant d'ailleurs.
00:11:34 - Vous êtes où là physiquement ? Vous êtes dans votre maison, vous êtes cachée, vous êtes dissimulée, vous êtes dans une cave ?
00:11:39 - Non, je suis dans mon appartement, la résidence est protégée, surveillée, voilà.
00:11:47 - Ok, restez avec nous, je vous reprends dans une seconde, à tout de suite Angélique.
00:11:51 Contactez-nous gratuitement via l'appli RTL ou au 3210.
00:11:56 Les auditeurs ont la parole sur RTL.
00:12:00 - Bonjour, j'ai ma fille et mes petites filles qui vivent actuellement en Nouvelle-Calédonie.
00:12:05 Je tiens à signaler que c'est une véritable horreur.
00:12:09 Actuellement ma petite fille qui habite Nouvelle-Calédonie se protège,
00:12:13 enfin les citoyens se protègent par eux-mêmes car il n'y a personne pour les aider.
00:12:18 Je voulais laisser ce message parce que j'écoutais l'Assemblée Nationale,
00:12:22 alors là effectivement il y a des belles paroles, on va faire ça,
00:12:27 mais pour l'instant c'est très urgent, c'est très très urgent, voilà, merci.
00:12:33 - Marianne qui a peur pour sa famille qui est à 16.000 km dans le Caillou, la Nouvelle-Calédonie.
00:12:40 Mesdames, Messieurs, qui est à feu et à sang avec des émeutes perpétrées par,
00:12:46 certains disent par des indépendantistes, d'autres disent non, ce sont des voyous.
00:12:51 Angélique, comment vous les qualifieriez-vous, les émeutiers ?
00:12:56 - Ils font partie, nous pensons sincèrement qu'ils font partie de la mouvance indépendantiste
00:13:05 et qu'ils sont malheureusement manipulés et ils s'en donnent un cœur joie, je vous assure.
00:13:13 Ce que disait la dame qui s'inquiète pour sa fille à Nouvelle-Calédonie, elle peut s'inquiéter.
00:13:18 - Oui, on est au-delà de, Florian qui était avec nous il y a un instant,
00:13:26 on est au-delà d'une revendication même d'une émeute indépendantiste,
00:13:32 on est dans des actes qui sont vraiment dirigés vers les biens et aussi parfois vers les personnes.
00:13:39 Angélique, Florian, vers les personnes.
00:13:41 Si vous vous cachez, si vous avez peur, c'est que vous craignez plus que pour vos voitures par exemple ?
00:13:49 - On craint pour nos vies aujourd'hui.
00:13:52 On craint pour nos vies.
00:13:54 - Les émeutiers qui sortent dans la nuit, ils sont équipés ? Ils ont des armes, Angélique ?
00:14:04 - Oui.
00:14:06 Et ils ont déjà sorti de force des gens de leur maison à la vallée du Tire pour incendier leur maison devant leurs yeux.
00:14:16 Ces personnes-là, elles ont tout perdu.
00:14:20 Il y a des personnes, il y a des mamans solitaires qui ont des bébés qui n'ont plus de lait maternisé pour les bébés.
00:14:25 Il y a une chaîne de solidarité qui s'organise pour les réseaux sociaux pour essayer de leur acheminer du lait,
00:14:30 pour nourrir leurs bébés, on en est là.
00:14:33 - Florian, ils sont même question qu'Angélique, ils sont armés, les émeutiers ?
00:14:39 - Oui, ils sont armés. Même ceux qui n'étaient pas armés, ils ont comblé les trois armurées depuis 24 heures.
00:14:46 Donc oui, ils sont fortement armés.
00:14:49 On craint tout simplement pour nos vies.
00:14:52 On va dire que c'est une voiture qui brûle, c'est une voiture.
00:14:54 Mais là, si on est là, on part dormir depuis 4 jours et organiser la solidarité comme la dame l'a dit dans le quartier,
00:15:01 on est vraiment à la limite.
00:15:03 - Que disent-ils quand ils marchent, quand ils sont...
00:15:09 Quand ils s'approchent des maisons qu'ils brûlent, des caldoches, quand ils sont au centre de Nouméa
00:15:16 et qu'ils brûlent des magasins, les dépôts de médicaments ?
00:15:20 Que disent-ils ? Que crient-ils ? Quels sont leurs slogans, leurs cris, Florian ?
00:15:24 - Ils insultent la France, on est à l'heure de prendre en peine, je ne vais pas dire ce qu'ils disent.
00:15:28 - Si, si, dites-le-moi, je m'en fiche, ce n'est pas grave, Florian.
00:15:31 Dites-le-moi, je veux savoir, je veux comprendre, parce que tout le monde me dit
00:15:34 "Oh non, mais on ne peut pas vous dire, on ne peut pas vous répéter".
00:15:36 Ben si, dites-le.
00:15:38 - Ils disent "Macron, nique ta mère", ils insultent les élus politiques ici,
00:15:42 "Macron, fils de pute", ils sont avec des barres de fer, ils taquent contre les poteaux,
00:15:46 ils disent "Bande de bâtards, on arrive", des choses comme ça,
00:15:49 et on est sur nos terrasses, enfermés chez nous, avec les rues juste ouvertes pour écouter.
00:15:53 C'est horrible.
00:15:55 - Il n'y a pas de menace quand même, il n'y a pas de menace de mort contre les gens,
00:15:59 on va vous brûler, on va vous...
00:16:01 - Ah si, si, il y avait des gens, ils ont dit "Sortez votre maison, on va la prendre,
00:16:06 sinon on met la maison à brûler avec vous dedans".
00:16:10 Donc il y a des gens qui ont dû être évacués par les forces de l'ordre,
00:16:13 et ils ont brûlé les maisons un peu partout, à Porte des Fers, à Valédithière, dans la Damasie, donc voilà.
00:16:18 - Oui. Angélique, même question, vous avez entendu, vous les avez vues, les émeutiers ?
00:16:24 On peut quand même parler, on peut leur dire "Arrêtez, je suis une mère de famille",
00:16:28 on peut leur parler, quand même, on est sur deux populations
00:16:32 qui vivent sur la même île, sur le même archipel, depuis des siècles,
00:16:37 donc on doit pouvoir parler à un moment donné.
00:16:40 - Avec certains, la journée c'est possible, avec d'autres c'est juste impossible,
00:16:46 parce qu'ils sont aussi fortement alcoolisés.
00:16:49 Moi j'ai entendu "Salentu les Blanches, tu vas mourir ce soir".
00:16:53 - Voilà, par exemple.
00:16:56 - Bon, compris. Ne bougez pas Angélique, Florian, je voudrais saluer Thomas,
00:17:00 qui nous rejoint, il a fait le 3210, bonjour Thomas !
00:17:03 - Bonsoir à vous. - Bonsoir, où êtes-vous Thomas ?
00:17:06 - Je suis sur Dumbéa, à Pauvretier.
00:17:09 - Dumbéa, voilà, c'est pas très loin de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
00:17:13 - Oui, c'est bien ça, c'est à 15 minutes.
00:17:16 - Je peux vous garder quelques instants, je vous retrouve dans une seconde,
00:17:19 avec les auditeurs en la parole, Thomas, à tout de suite.
00:17:22 Jusqu'à 14h30,
00:17:25 Éric Brunet vous donne la parole sur RTL.
00:17:28 13h-14h30,
00:17:33 Les auditeurs en la parole, avec Éric Brunet sur RTL.
00:17:37 - Concernant la Nouvelle-Calédonie, avec ce qui se passe actuellement,
00:17:40 on a laissé trop de temps, il ne fallait pas attendre 24-48 heures,
00:17:44 là maintenant ça a pris tellement d'ampleur que je ne sais vraiment pas comment ils vont réussir à finir.
00:17:48 Moi en tout cas j'encourage beaucoup ces gendarmes, qui ont beaucoup travaillé sur le terrain,
00:17:52 et j'espère que franchement, on en verra l'autre.
00:17:55 - Nous sommes à 16.000 km dans l'océan Pacifique,
00:17:58 la Nouvelle-Calédonie, capitale Nouméa, enfin capitale Nouméa, capitale Paris,
00:18:02 parce que la Nouvelle-Calédonie c'est la France,
00:18:04 280.000 français qui vivent là-bas.
00:18:08 Thomas, vous n'êtes pas, vous, à Nouméa,
00:18:11 vous êtes à quelques kilomètres, à Dumbéa,
00:18:14 est-ce que c'est plus calme, ou est-ce que vous avez vu vous aussi
00:18:17 des choses qui vous inquiètent ?
00:18:20 - Non, c'est pas du tout plus calme,
00:18:23 on a vu les mêmes choses,
00:18:26 des magasins empillés, brûlés, sous nos yeux,
00:18:29 des nuages de fumée noire qui viennent dans nos maisons,
00:18:32 les mêmes barricades pour protéger les quartiers, etc.
00:18:37 Mais jusqu'à présent ici, les maisons...
00:18:41 - Attendez, les barricades, c'est les émeutiers indépendantistes qui les font ?
00:18:46 - Non, c'est... Ah, heureusement qu'on parle !
00:18:49 Donc les barricades, elles sont montées
00:18:52 par les gens dans les quartiers qui ne veulent pas
00:18:55 être attaqués par les émeutiers, c'est ça ?
00:18:58 - Oui, c'est en prévision.
00:19:00 Après, il y a des barrages faits par les émeutiers
00:19:04 pour bloquer les routes,
00:19:08 et il y a des barricades faites dans certaines ruelles
00:19:11 et dans certains quartiers pour protéger les maisons,
00:19:13 regardées par des civils.
00:19:15 - Il y a eu un reportage sur RTL avec des gens qui travaillent à l'hôpital
00:19:19 qui expliquaient que pour évacuer des personnes très malades,
00:19:23 les routes étant complètement bloquées par les émeutiers,
00:19:27 ils étaient en train d'organiser avec des gens
00:19:30 qui habitent des néo-calédoniens,
00:19:33 ils avaient fait un appel à la solidarité
00:19:36 pour qu'on les évacue sur des bateaux
00:19:38 et pour qu'on les amène à l'hôpital par bateau,
00:19:41 parce que les routes, on ne peut plus les franchir.
00:19:44 - Par endroits, c'est bien ça, oui.
00:19:46 Moi, ça fait quatre jours que je ne suis pas sorti du quartier.
00:19:49 - Ça fait quatre jours que vous n'êtes pas sorti du quartier.
00:19:52 Je vais vous poser une question désespérante de banalité,
00:19:55 mais vous avez peur ?
00:19:57 - Non.
00:19:58 Non, ce n'est pas de la peur,
00:20:01 c'est de la tristesse, c'est de l'écœurement,
00:20:05 c'est du désarroi,
00:20:08 mais ce n'est pas de la peur.
00:20:09 - Vous avez des gens autour de vous
00:20:11 que vous avez touchés matériellement, physiquement ?
00:20:14 - Matériellement, oui, mais ça reste une voiture.
00:20:20 Physiquement, non.
00:20:23 Pour l'instant, ça n'est pas arrivé là, heureusement.
00:20:26 Mais c'est sûr qu'il y a des choses qu'on ne comprend pas ici.
00:20:33 Le délai de réaction, par exemple, avant d'intervenir,
00:20:38 on a tout vu brûler sous nos yeux.
00:20:42 Et là, on en a un stade où il reste quelques grandes surfaces,
00:20:47 on va dire deux, trois majoritaires pour alimenter les gens,
00:20:52 mais en fait, nous avons une assez importante à côté de chez moi
00:20:56 qui est gardée, qui a été gardée aujourd'hui par des civils,
00:21:00 par des mames, par des papas canards,
00:21:03 pour repousser les jeunes.
00:21:05 C'est là où on a un faux présent.
00:21:08 - C'est fou parce qu'il y a finalement, parmi les gens
00:21:13 qui veulent arrêter les émeutiers,
00:21:16 c'est ça qu'il faut bien expliquer à ceux qui nous écoutent.
00:21:19 Il y a des caldoches des populations européennes,
00:21:22 il y a aussi des canards, population originelle,
00:21:25 qui veulent arrêter les émeutiers.
00:21:27 Il faut le dire, ça !
00:21:28 - Oui, évidemment, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.
00:21:32 On parle de population canard, on parle d'indépendantistes,
00:21:36 d'un mouvement indépendantiste,
00:21:38 mais attention, on peut aussi retrouver des...
00:21:41 On va mettre les mots, on peut retrouver aussi des blancs
00:21:43 dans les partis indépendantistes.
00:21:45 En fait, à un moment donné, la couleur de peau, on s'en fout.
00:21:49 C'est chacun ce qu'il veut et comment il veut le véhiculer.
00:21:53 - Alors Thomas, ça veut dire qu'à côté de chez vous, à Doumbéa,
00:21:56 il y a un supermarché qui n'a pas encore brûlé,
00:22:00 et autour du supermarché, qui est quand même un point très important,
00:22:03 il s'agit de ravitailler des populations.
00:22:06 On est sur des îles qui sont à plusieurs milliers de kilomètres,
00:22:09 je ne sais pas, de l'Australie, donc c'est quand même...
00:22:11 Bon, c'est important la nourriture.
00:22:13 Et là, la police n'est pas tellement présente autour de ces supermarchés,
00:22:18 c'est plutôt des civils, des néo-calédoniens,
00:22:22 qui sont là et qui font des rôdes, des maraudes,
00:22:25 qui surveillent, qui gardent pour éviter les pilleurs,
00:22:28 les émeutiers, les casseurs de venir tout brûler.
00:22:31 - Et de vous prévenir.
00:22:32 - C'est dingue.
00:22:33 Et dans les quartiers, les maisons aussi,
00:22:35 comment ça se passe le soir, puisqu'il est 22h30 en Nouvelle-Calédonie,
00:22:42 il y a aussi des gens qui font des tournées, des maraudes,
00:22:45 pour protéger les maisons ?
00:22:46 - Oui, il y a des cartes organisées, oui.
00:22:48 - Racontez-moi ça.
00:22:50 - Je vais vous raconter...
00:22:53 Moi, je ne suis pas présent sur ces barrages-là,
00:22:55 mais en fait, il y a des organisations qui sont faites,
00:22:57 il y a des équipes qui sont définies, au bon vouloir de chacun,
00:23:01 et il y a des groupes par téléphone qui sont faits,
00:23:07 et tout le monde se tient au courant.
00:23:09 Il y a des rôdes, de telle heure à telle heure, c'est tel groupe,
00:23:12 de telle heure à telle heure, c'est tel groupe, et voilà.
00:23:14 - Florian, qui est avec nous également,
00:23:16 on a commencé l'émission avec vous, vous êtes dans Nouméa,
00:23:20 même chose, vous pouvez m'expliquer, me raconter, me détailler cela,
00:23:26 il y a des groupes, il y a des maraudes,
00:23:28 pour protéger les biens matériels et la vie des gens ?
00:23:33 - Oui, c'est ça, tout simplement, quand on s'est réveillés le mardi,
00:23:36 dans la journée, on a vite organisé des groupes entre nous,
00:23:40 pour communiquer, parce que sur les rues où on a,
00:23:42 on a différentes entrées, on a différents points de vue
00:23:44 de nos fenêtres et de nos terrasses,
00:23:47 du coup, on a organisé sur différents réseaux sociaux,
00:23:50 des groupes pour pouvoir s'envoyer des informations,
00:23:52 s'il y a un bruit, etc., surveiller soi-même,
00:23:54 surveiller ses habitations et aussi surveiller les autres,
00:23:57 donc il y a vraiment une solidarité qui se crée autour de tout ça,
00:24:00 et comme il a dit, ce n'est pas de la peur, parce qu'on n'a pas peur,
00:24:03 mais nos vies sont en danger en tout cas, mais on n'a pas peur,
00:24:06 on n'est pas en majorité, tout ce n'est ici,
00:24:09 c'est chez tout le monde, on n'a pas peur,
00:24:12 mais nos vies sont en péril, et on a pris du temps, par contre,
00:24:15 à comprendre pourquoi c'était aussi long, pour être compris,
00:24:18 et pour que la France puisse faire venir des renforts,
00:24:20 même si on est loin, mais faire activer les choses,
00:24:23 il y a quand même eu des morts, les gens sont affrontés
00:24:26 en face à face sur certains quartiers de Nouméa,
00:24:29 comme Tuban, comme Magenta, et il y a eu deux morts chez les gendarmes,
00:24:33 et il y a eu aussi des morts de l'autre côté,
00:24:36 donc pour en arriver là, c'est plus grave.
00:24:37 – Les forces de l'ordre ne sont pas intervenues assez vite pour vous ?
00:24:40 – Elles sont intervenues tout de suite, dès lundi soir,
00:24:42 un petit peu dimanche soir, et lundi soir quand ça a chauffé,
00:24:44 mais pas assez, face à des milliers de personnes
00:24:47 qui sont dans les rues à tout brûler,
00:24:48 ils n'étaient pas assez nombreux, pas assez préparés,
00:24:50 parce qu'honnêtement, avec le vote du déjeuner électoral
00:24:53 à l'Assemblée nationale ce lundi, c'était prévisible
00:24:56 qu'il allait y avoir des débordements,
00:24:58 donc autant, non, on ne pouvait pas prévoir, ça c'est sûr,
00:25:01 mais je pense qu'on aurait pu prévoir un peu plus de forces de l'ordre,
00:25:04 et ça aurait pu être canalisé un peu plus rapidement,
00:25:06 et par contre je pense que ça a pris un peu de temps à réagir,
00:25:09 donc on a tenu bon nous-mêmes.
00:25:10 – Où vont-ils ces émeutiers dans la journée ?
00:25:13 Ils mettent Nouméa, les petites villes à feu et à sang,
00:25:18 ça c'est la nuit, mais dans la journée, où se replient-ils ?
00:25:23 – Ils restent chez eux, se reposer, donc voilà,
00:25:26 après une fois de plus, les forces de l'ordre,
00:25:27 ils ne sont pas là pour agresser les gens,
00:25:28 ils sont là pour les disperser,
00:25:30 donc voilà, pour les ramener au calme, ils doivent se reposer,
00:25:33 pendant que nous on reste alerte,
00:25:35 et là, alors que je vous parle, moi je suis dans mon salon,
00:25:37 derrière ma fenêtre, avec juste un petit espace,
00:25:39 en train de regarder le bout de ma rue,
00:25:41 où on a fait une petite barricade pour se protéger,
00:25:44 voilà où on en est, on ne va pas dormir de la nuit.
00:25:47 – À surveiller des barricades, et à élever des barricades
00:25:50 pour se protéger des émeutiers.
00:25:51 Virginie a fait le 3210,
00:25:53 Virginie, vous êtes en Nouvelle-Calédonie, bonjour Virginie.
00:25:56 – Oui, bonjour.
00:25:58 – Où êtes-vous ?
00:26:00 – Alors moi je suis sur Païta,
00:26:02 c'est un petit peu plus éloigné que Dambéa,
00:26:05 on appelle ça presque la Brousse en fait,
00:26:07 ça serait la campagne pour la France,
00:26:11 et nous, on est isolés, on se sent démunis,
00:26:16 on se sent abandonnés,
00:26:18 et on est obligés de se protéger avec des armes.
00:26:21 – Il y a beaucoup d'armes, vous allez nous en parler dans un moment,
00:26:24 vous êtes dans une zone un peu moins urbaine, c'est ça ?
00:26:28 Et vous avez peur, vous avez peur Virginie ?
00:26:30 – Ah non mais moi c'est pas que j'ai peur, je suis terrorisée,
00:26:33 le mot n'est même pas assez fort en fait.
00:26:37 – À tout de suite Virginie.
00:26:39 [Musique]
00:26:40 13h-14h30
00:26:42 Les auditeurs ont la parole
00:26:44 avec Éric Brunet sur RTL
00:26:47 Les auditeurs ont la parole
00:26:49 avec Éric Brunet sur RTL
00:26:52 – Bonjour Sébastien, Perpignan,
00:26:54 je voulais juste réagir par rapport à la Nouvelle-Calédonie,
00:26:56 c'est bien le reflet un petit peu de l'incompétence
00:26:59 à protéger la vie de nos concitoyens français,
00:27:03 peut-être que si la flamme olympique
00:27:05 avait traversé la Nouvelle-Calédonie,
00:27:07 vu le service d'ordre qu'il y a,
00:27:09 peut-être qu'on aurait pris d'autres moyens, voilà, merci.
00:27:13 – Voilà, petit message que nous venons de recevoir.
00:27:16 Virginie, vous êtes avec nous,
00:27:18 vous êtes dans une partie rurale,
00:27:20 moins urbaine de la Nouvelle-Calédonie,
00:27:23 on s'est quitté juste avant la pub,
00:27:25 et à un instant vous m'avez dit "c'est pas que j'ai peur,
00:27:27 je suis terrorisé".
00:27:29 Qu'est-ce que vous faites Virginie dans la vie ?
00:27:31 – Moi je suis professeure et je m'occupe,
00:27:34 enfin je suis dans un collège et c'est pas le lieu où j'habite,
00:27:39 c'est un collège qui est dans un lieu, on peut dire chaud,
00:27:44 donc mes élèves, ce ne sont pas des élèves que je vois ici,
00:27:48 dans mon quartier, mais je vois que la grande majorité,
00:27:53 on va dire qu'ils ont entre 12 et 25 ans,
00:27:58 les assaillants qu'on voit.
00:28:01 – Les émeutiers et les assaillants entre 12 et 25 ans,
00:28:04 mais c'est un peu comme si vous me disiez
00:28:06 que c'est vos élèves qui vous attaquent toutes les nuits.
00:28:10 – Ah ben c'est parce que c'est pas comme si en fait,
00:28:13 c'est-à-dire que dans le quartier où je travaille,
00:28:15 ce sont mes élèves qui sont les assaillants,
00:28:18 ce sont mes élèves, c'est ça qui me désole,
00:28:22 je suis horrifiée, je suis désolée.
00:28:26 – Et quand on est dans une zone,
00:28:29 quand on n'est pas dans une ville comme vous,
00:28:35 c'est plus anxiogène j'imagine ?
00:28:39 – Ah mais nous on est en état de siège,
00:28:41 c'est-à-dire que là on est un quartier,
00:28:43 il y a deux entrées, il y a des barricades,
00:28:45 il y a 80 hommes d'un côté, 90 de l'autre,
00:28:48 ils ont préparé des cailloux,
00:28:51 parce qu'il faut bien qu'on trouve des solutions,
00:28:54 des machettes, parce qu'on est menacé en fait.
00:28:58 – Donc vous avez des hommes qui sont de votre quartier,
00:29:04 qui ont créé la barricade,
00:29:06 qui ont sorti les cailloux et les machettes,
00:29:08 et qui surveillent toute la nuit,
00:29:10 et qui attendent les assaillants s'ils attaquent.
00:29:12 – C'est ça, exactement, jour et nuit,
00:29:14 c'est-à-dire qu'il y a des relais,
00:29:15 et je précise que c'est toute l'ethnie,
00:29:18 on est toutes les ethnies dans notre quartier,
00:29:21 on s'entend tous très très bien, heureusement,
00:29:23 par contre, évidemment, ça fait 4 jours que nous sommes bloqués,
00:29:26 donc on essaie, entre voisins, il y a beaucoup d'entraide,
00:29:30 mais les mamans qui ont besoin de poudre de lait pour leur bébé,
00:29:34 il n'y a plus, les couches, il n'y a plus,
00:29:36 on a un EHPAD, donc il n'y a plus de nourriture
00:29:39 pour nos petits vieux qu'on adore,
00:29:41 donc pareil, on essaie de faire tout ce qu'on peut
00:29:43 pour se cotiser et leur amener à manger,
00:29:45 en échange, ils nous préparent du café,
00:29:48 enfin, il y a beaucoup de solidarité dans la société calédonienne,
00:29:53 il faut bien que les Français de métropole comprennent
00:29:56 que ce n'est pas qu'une question de noir et de blanc,
00:29:59 c'est vraiment des extrémistes, des indépendantistes...
00:30:03 - Oui, parce que les gens pensent ici,
00:30:06 et bien, oui, figurez-vous,
00:30:08 comme on n'est pas allé en Nouvelle-Calédonie pour la plupart,
00:30:12 les gens pensent ici qu'il y a les Kanaks,
00:30:15 qui sont des émeutiers, je caricature un peu,
00:30:18 et puis les Kaldosh, qui sont les assiégés,
00:30:21 vous nous dites bien Virginie que ça, c'est pas vrai,
00:30:24 c'est une caricature ?
00:30:26 - Complètement, mais en fait, en Calédonie,
00:30:29 il n'y a pas que des Kaldosh et des Kanaks,
00:30:31 il y a des Wadidiens, il y a des Foutouniens,
00:30:33 il y a des Gervanais, enfin, c'est une population multiethnique
00:30:37 et normalement, on s'entend tous très bien, quoi.
00:30:40 - Alors, ces émeutiers-là, ceux qui, ce soir,
00:30:43 sont face aux barricades que vous avez élevées,
00:30:46 et qui menacent de rentrer dans votre quartier
00:30:48 pour brûler des maisons,
00:30:50 ces émeutiers, qui sont-ils, alors ?
00:30:52 Vous les qualifieriez comment ?
00:30:54 Ce sont des indépendantistes ?
00:30:56 - Ah, non, c'est sûr.
00:30:57 En fait, moi, je pense qu'il y a eu cette idéologie indépendantiste
00:31:02 qui a toute sa valeur, en soi,
00:31:05 il faut la respecter, c'est comme ça.
00:31:07 Seulement, il n'y a pas eu de limite à ça.
00:31:10 C'est-à-dire que les...
00:31:12 "Enculés d'or", excusez-moi, c'est le mot,
00:31:15 c'est comme ça qu'ils disent ici, "bâtards de français".
00:31:19 Enfin, ça, on a l'habitude, en fait.
00:31:21 Mais comme il n'y avait jamais de limite,
00:31:23 c'est-à-dire que notre nouvelle génération,
00:31:25 elle se sent tout permis.
00:31:27 C'est comme dans un jeu vidéo, pour eux, là.
00:31:29 Ils sont dans Call of Duty.
00:31:30 Donc là, ils viennent avec les fusils,
00:31:32 ils viennent avec les matraques,
00:31:33 ils ont brûlé notre mairie,
00:31:35 ils ont pillé les magasins où ils se servent.
00:31:37 Et notre gros problème, aussi, c'est l'alcool.
00:31:40 C'est-à-dire que tous ces jeunes-là,
00:31:42 leur seul but, c'est l'alcool.
00:31:44 Donc, ils sont alcoolisés, on ne peut plus les retenir.
00:31:47 Normalement, alors je vais employer un mot
00:31:49 qui peut choquer les... en métropole,
00:31:51 mais nos vieux, chez nous, c'est une notion de respect,
00:31:54 les vieux sont respectés, la parole d'un vieux, c'est respecté.
00:31:57 Mais même nos vieux, quand ils parlent aux jeunes,
00:31:59 maintenant, les jeunes n'écoutent plus.
00:32:01 Ils ne peuvent pas les calmer, ils peuvent...
00:32:03 - Dans ces nuits de pillage et d'agression,
00:32:07 effectivement, il y a l'alcool qui joue un rôle important.
00:32:12 - Complètement.
00:32:13 - Vous êtes où ? Vous êtes calfeutrée ?
00:32:15 Vous êtes chez vous ? Décrivez-moi la situation.
00:32:17 Qu'est-ce que vous faites ? Vous allez dormir les 22h30 ?
00:32:20 - Ah non, c'est impossible.
00:32:21 Ça fait quatre jours qu'on ne dort pas
00:32:22 et qu'on attend l'armée pour nous aider
00:32:24 et que nous, on ne voit rien venir.
00:32:26 Et quand on a appelé la police, les gendarmes,
00:32:28 ils nous ont dit "on ne peut pas venir".
00:32:30 Il faut que vous vous défendiez par vous-même.
00:32:32 Voilà, c'est pour ça que les gens s'organisent comme ça.
00:32:35 Alors, attention, je ne condamne pas du tout les gendarmes et les policiers,
00:32:38 ils ne peuvent pas être partout, tout simplement.
00:32:40 Et cette période-là que nous vivons,
00:32:46 elle aurait pu être prévisible.
00:32:48 Et je ne comprends pas pourquoi l'État n'a pas prévu.
00:32:53 Et là, on se sent abandonnés.
00:32:55 Et nous sommes français et nous voulons être français.
00:32:59 - Vous êtes à combien de kilomètres de Nouméa, la Virginie ?
00:33:03 - À peu près une trentaine.
00:33:05 - Une trentaine de kilomètres.
00:33:06 Et vous regardez par la fenêtre, quelle est la soirée ?
00:33:10 - Ah non, non, je ne regarde pas par la fenêtre du tout.
00:33:12 On est barricadés, les volets sont fermés.
00:33:15 Et c'est comme ça que ça se passe.
00:33:18 C'est-à-dire que les femmes et les enfants sont fermés dans les maisons,
00:33:21 on voit les fermés dans une pièce.
00:33:23 Et ce sont nos hommes qui sont dehors et qui font des rondes
00:33:28 avec des 4x4, essayer de voir.
00:33:32 Et même, bon, moi j'ai une partie de forêt,
00:33:34 et il y a même des hommes qui sont dans la forêt pour essayer de voir,
00:33:39 parce que hier ils ont essayé de passer par là.
00:33:41 Donc on s'inquiète qu'ils brûlent la forêt, qu'ils brûlent nos maisons.
00:33:45 Ils sont passés plusieurs fois la journée pour dire
00:33:48 qu'ils allaient revenir le soir pour nous tuer.
00:33:50 Enfin franchement, c'est un film d'horreur qu'on vit là.
00:33:54 Il faut vraiment que les gens aient conscience.
00:33:56 Et nous sommes seuls.
00:33:58 - Comment s'appelle la commune où vous êtes ?
00:34:02 - Ça s'appelle Païta.
00:34:04 - Païta.
00:34:06 Écoutez, je suis sans voix.
00:34:08 Virginie sans voix.
00:34:09 Restez avec nous encore un instant,
00:34:11 parce que je n'ai pas envie de vous laisser partir.
00:34:14 Gardons ce lien.
00:34:17 Je vais prendre Goven aussi.
00:34:19 Il y a beaucoup d'appels.
00:34:20 Bonjour Goven.
00:34:21 - Oui bonjour.
00:34:22 - Bonjour Goven.
00:34:23 Où êtes-vous Goven ?
00:34:25 - Alors moi je suis par contre sur Nouméa, quartier sud,
00:34:28 quartier qui s'appelle Panorama-Sainte-Marie.
00:34:30 - Quelle est la situation ?
00:34:32 - Alors nous on a une situation, on va dire un peu verrouillée.
00:34:35 On a bloqué complètement le quartier.
00:34:37 Je parle des barricades.
00:34:39 Donc les hommes sont sur les barricades.
00:34:41 Les familles sont dans les maisons cachées avec les femmes et les enfants.
00:34:45 Et on observe, on attend et on espère qu'il n'y aura pas de passage.
00:34:50 Mais on a des voitures qui circulent,
00:34:52 qui sont annoncées circulant avec des voitures,
00:34:55 avec beaucoup de personnes à bord très armées
00:34:57 et qui canardent le passage.
00:35:00 - Quand on parle d'armes, des émeutiers,
00:35:04 ils ont quoi ? Des armes à feu ou des machettes, des pierres ?
00:35:07 - Non, on parle d'armes de chasse longue portée pour aller chasser du surf.
00:35:13 Donc c'est des balles qui ne vous laissent aucune chance.
00:35:16 Ce sont des armes extrêmement puissantes, très précises.
00:35:21 Non, ce sont vraiment des armes extrêmement puissantes.
00:35:24 Vous n'avez aucune chance face à ça.
00:35:26 Nous, on a fait une barricade pour contrer les voitures béliers.
00:35:30 Derrière, on a deux rangées de voitures
00:35:32 pour pouvoir absorber des balles s'il y a des tirs.
00:35:36 Et on est derrière ces voitures-là à l'abri.
00:35:40 - Restez avec nous, Gohen. Restez avec nous, à tout de suite.
00:35:44 Envoyez-nous vos messages sur l'application RTL
00:35:46 ou appelez-nous au 3210.
00:35:48 Jusqu'à 14h30, les auditeurs ont la parole avec Éric Brunet sur RTL.
00:35:56 - On va écouter Gabriel Attal, le Premier ministre de la République française
00:36:00 qui vient de s'exprimer à l'instant sur la situation en Nouvelle-Calédonie.
00:36:05 - Rétablir l'ordre, assurer la continuité de la vie en Nouvelle-Calédonie
00:36:12 et établir les conditions du dialogue.
00:36:15 La situation, il reste très tendue avec des pillages, des émeutes, des incendies,
00:36:21 des agressions qui sont évidemment insupportables et inqualifiables.
00:36:27 Je rappelle que deux gendarmes sont décédés.
00:36:31 Un gendarme a été tué hier d'une balle dans la tête.
00:36:35 Le premier objectif est clair, rétablir l'ordre
00:36:38 et mettre hors d'état d'agir tous ceux qui depuis trois nuits pillent, incendient,
00:36:43 agressent et sont responsables de ces émeutes.
00:36:46 Pour rétablir l'ordre, le président de la République a demandé
00:36:50 la plus grande fermeté à l'endroit des pillards et des émeutiers.
00:36:54 Une circulaire pénale sera donc publiée par le garde des Sceaux
00:36:58 dans les toutes prochaines heures pour garantir les sanctions les plus lourdes
00:37:01 contre les émeutiers et les pillards.
00:37:05 Ce qui me gêne un peu dans ce qu'a dit le Premier ministre
00:37:08 après vous avoir écouté tout ce qui m'appelle au 3210 de Nouvelle-Calédonie,
00:37:14 c'est qu'il dit "pille, émeute", très bien,
00:37:17 mais ce qu'il ne dit pas c'est qu'il y a des véritables attaques,
00:37:20 des attaques vers des personnes humaines.
00:37:23 Ça c'est un pas supplémentaire des scènes de pillage et d'émeute,
00:37:27 on voit ça souvent Elisa Marie.
00:37:29 Il a aussi déclaré qu'un millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires
00:37:32 sont en train d'être déployées sur place.
00:37:35 - Goven, oui, moi j'aurais aimé qu'ils disent qu'il y a des populations
00:37:39 qui s'en prennent physiquement à d'autres populations.
00:37:44 - Oui, oui, bien sûr, mais je ne sais pas quel est le discours
00:37:48 que la métropole veut faire passer.
00:37:51 Sur le terrain, tous les témoignages vont aller dans ce sens.
00:37:55 Mais voilà, je peux vous garantir qu'ici tout le monde a peur.
00:37:58 On ne sait pas jusqu'où ils sont capables d'aller,
00:38:00 on sait qu'on a des gens qui étaient dans des maisons,
00:38:02 les maisons ont été brûlées, donc les gens ont dû disparaître.
00:38:06 Voilà, c'est dangereux.
00:38:09 Là, le temps que vous étiez sur autre chose,
00:38:11 là j'ai un avion qui vient de décoller à côté de moi,
00:38:14 qui voit le touche-feu éteint.
00:38:16 Donc ça veut dire que s'ils voient le touche-feu éteint,
00:38:18 c'est qu'il y a un risque de tir sur les avions.
00:38:21 Ce sont des scènes de guerre, on est sûr, des scènes de guerre.
00:38:24 Ici, les discussions qu'on a sur les barrières,
00:38:28 c'est comment allons-nous faire après ça ?
00:38:31 Comment allons-nous faire ? Comment vivre ensemble ?
00:38:34 C'est un désastre.
00:38:37 J'ai un copain qui me racontait ça hier soir,
00:38:43 qui me disait "Oui, je trouve assez malsain qu'il y ait comme cela,
00:38:47 des groupes de personnes qui se réunissent sur des barricades
00:38:51 pour protéger leur quartier, c'est à la police de faire ça,
00:38:54 ça me fait penser à une milice".
00:38:56 J'ai trouvé ça un peu...
00:38:59 Moi, je ne veux pas qu'on utilise le terme "milice",
00:39:01 ce sont des comités de quartier, des comités d'habitants
00:39:05 qui veulent protéger leur famille.
00:39:07 On érige des barricades pour empêcher de passer.
00:39:09 Je pense que la police est très contente qu'on le fasse
00:39:12 parce que ça fait des zones de patrouille en moins à faire.
00:39:15 On verrouille des quartiers.
00:39:17 Ils sont dépassés, il faut arrêter de rêver.
00:39:20 Pour le moment, il n'y a pas les effectifs qui sont capables d'endigner le problème.
00:39:24 On le voit bien.
00:39:26 Mais voilà, les gens ici ont pris une telle peur.
00:39:31 Tout s'est fait de façon presque automatique.
00:39:36 Nous, dans le quartier, j'ai eu deux ou trois coups de téléphone
00:39:38 avec des copains des voisins.
00:39:40 Tout de suite, on est livrés.
00:39:42 Bien sûr, il faut qu'on fasse quelque chose,
00:39:43 on ne peut pas laisser les gens rentrer chez nous.
00:39:45 - Est-ce que les personnes retranchées,
00:39:47 les civils qui vivent enfermés chez eux,
00:39:50 comme Virginie qui n'a pas dormi depuis quatre nuits,
00:39:52 qui est toujours avec nous,
00:39:54 est-ce qu'il commence à manquer de choses ?
00:39:57 On a parlé de lait maternel,
00:39:59 on a parlé surtout des femmes qui ont des enfants en bas âge,
00:40:02 enfin les femmes, les couples.
00:40:04 C'est assez compliqué.
00:40:06 Est-ce qu'on va commencer à manquer ?
00:40:08 - Oui, je pense qu'on manque déjà.
00:40:10 Dès qu'il y a une petite épicerie qui n'a pas encore été pillée,
00:40:12 les gens essayent d'aller se ravitailler.
00:40:14 Nous, on a tenu les varages toute la journée.
00:40:17 Des gens ont eu besoin de circuler.
00:40:18 On a des femmes qui sont parties chercher
00:40:20 des aliments de première nécessité pour des enfants,
00:40:23 mais qui ne trouvent pas, forcément.
00:40:25 Tout est pris.
00:40:27 Et puis je vous dis, dès qu'il y a quelque chose qui est encore en état,
00:40:30 les temps de survie d'une épicerie sont assez courts en ce moment.
00:40:34 - Vous avez autour de vous des hypermarchés, supermarchés
00:40:38 qui sont encore debout ?
00:40:40 - Alors il en reste un, pas très loin,
00:40:43 qui est normalement surveillé.
00:40:46 Je ne peux pas vous le dire, je n'ai pas été voir,
00:40:47 donc je ne peux pas vous confirmer l'information.
00:40:50 Il est encore debout, mais là, tout à l'heure,
00:40:53 on avait ce qu'on appelle Kénuine, ici, le carrefour,
00:40:57 qui était encore en flammes.
00:40:58 Alors je pense que le carrefour a brûlé la nuit dernière,
00:41:00 donc ils ont certainement mis le feu aux bâtiments attenants,
00:41:03 puisqu'il y a de l'eau de commerce.
00:41:05 - Goven, est-ce que vous les avez vus,
00:41:09 ceux qui terrorisent, pillent, brûlent, menacent, menacent de mort,
00:41:16 disent "on reviendra cette nuit et on brûlera tout" ?
00:41:19 Est-ce que vous les avez vus ?
00:41:21 Comment sont-ils habillés ?
00:41:23 Comment se déplacent-ils ?
00:41:25 Est-ce qu'ils viennent, est-ce qu'ils s'installent face aux barricades ?
00:41:29 Ou est-ce qu'ils ne font que passer ?
00:41:32 Quel est leur mode de fonctionnement ?
00:41:35 - Alors nous, on a une barricade qui est quand même forte,
00:41:38 donc ils ne s'arrêtent pas devant, ils sont passés...
00:41:40 Evidemment, ce sont des insultes.
00:41:42 - Ils ont des voitures ?
00:41:44 - Oui, oui, ils ont brûlé toutes les voitures de Nouvelle-École,
00:41:47 toutes les voitures ont été brûlées ou volées.
00:41:52 Donc ils n'ont aucun problème pour se déplacer,
00:41:54 ils ont des dizaines et des dizaines de voitures.
00:41:57 Ce n'est pas un problème pour eux de se déplacer,
00:42:01 ils passent, ça insulte.
00:42:03 Moi, j'ai la chance, on va dire, d'être sur une barricade
00:42:05 où on n'a pas de commerce à côté.
00:42:07 Donc on n'a pas de vue sur des pillages ou des choses comme ça.
00:42:11 À 800 mètres de moi, on a un supermarket,
00:42:15 un mini-market, un carrefour-market, je ne sais plus,
00:42:19 qui a été toute l'après-midi hier pillé
00:42:22 par des gens qui venaient faire leurs courses très gentiment,
00:42:25 mais aujourd'hui, c'est gratuit.
00:42:27 Voilà, c'est ça le truc, c'est que les gens,
00:42:30 beaucoup des populations d'à côté du quartier de Magenta
00:42:34 sont venus se servir dans le magasin,
00:42:36 sans se poser de questions.
00:42:38 Et donc, en bas de cette rue, il y a un autre barrage
00:42:41 qui complète un peu le nôtre sur une ligne droite.
00:42:45 Et voilà, ils ne peuvent rien faire.
00:42:49 Et puis, de toute façon, ce n'est pas la vocation du barrage.
00:42:52 On est là pour protéger nos familles, nos voisins et tout ça.
00:42:56 Donc ils ne sont pas intervenus,
00:42:58 sauf quand ils ont approché ou quelques coups de tir de semences
00:43:01 ont été faits pour bien leur faire prendre attention.
00:43:04 On tire côté de ceux qui protègent les quartiers,
00:43:08 on tire des coups en l'air, on a des armes à feu.
00:43:12 Ah oui, il y a des armes à feu partout, bien sûr.
00:43:15 Oui, oui, oui, tout le monde,
00:43:17 toutes les armes à feu du quartier sont sur les barrages.
00:43:20 Soyons clairs.
00:43:21 Mais restez avec nous.
00:43:22 Ce genre de namestick, c'est un namestick d'armes.
00:43:24 C'est délirant, restez avec nous.
00:43:26 Je suis franchement, je commence à être un peu expérimenté,
00:43:29 mais des émissions comme celle-là,
00:43:30 je n'en ai pas fait beaucoup, mesdames, messieurs.
00:43:32 Je vais me déplacer.
00:43:34 A tout de suite.
00:43:35 Bon, on va aller voir Victor, qui est au standard.
00:43:48 Je suis littéralement sonné par cette émission.
00:43:50 Victor, les messages que nous recevons.
00:43:52 Les messages que nous recevons sur notre page Facebook
00:43:54 et sur notre application RTL.
00:43:55 Sylvie, espérons que cela ne dure pas aussi longtemps
00:43:58 que dans les années 80.
00:44:00 La réponse de l'État doit être d'une cérémonie absolue.
00:44:03 On ne peut pas laisser des compatriotes
00:44:05 être terrorisés par des ennemis de la République.
00:44:07 À l'écoute des auditeurs, le terme de guerre n'est pas de trop.
00:44:10 Et puis Pascal nous dit qu'il est très triste
00:44:12 pour ces deux gendarmes qui n'ont fait que leur métier
00:44:14 au péril de leur vie.
00:44:15 Sincères condoléances à leur famille et à leurs collègues.
00:44:18 Virginie a fait le 32-10, elle est avec nous depuis tout à l'heure.
00:44:23 Je vis les minutes, je les vis presque dans ma chair.
00:44:27 À vous entendre, je suis... je compatis et je souffre avec vous.
00:44:31 Quatrième nuit sans dormir, vous avez fermé tous les volets chez vous.
00:44:37 Dans votre quartier qui est un peu à l'écart,
00:44:39 dans votre petite commune rurale,
00:44:41 qui est à une trentaine de kilomètres de Nouméa,
00:44:43 et bien vous êtes calfeutrés.
00:44:46 Les hommes sont sortis, ils ont érigé des barricades
00:44:49 pour vous protéger dans tous les côtés du quartier.
00:44:54 Les armes sont sorties également.
00:44:56 Les émeutiers, les pillards sont venus dans la journée
00:45:01 et ils ont dit qu'ils allaient revenir cette nuit pour brûler, pour tuer.
00:45:06 Donc voilà, un discours qui n'est pas vraiment rassurant, Virginie.
00:45:10 Et justement, en attendant qu'il y ait eu les appels,
00:45:14 ils sont venus pour brûler une maison à 300 mètres des barricades.
00:45:18 Donc la maison est en train de brûler.
00:45:20 Là, en direct, là, maintenant.
00:45:23 Mais cette maison est plutôt abandonnée,
00:45:26 donc ça va, il n'y a pas de gens dedans,
00:45:28 mais ils sont à 300 mètres.
00:45:31 Ça veut dire que vous allez passer la soirée en sachant qu'ils sont à 300 mètres.
00:45:37 Que peut-on dire de ces gens-là ?
00:45:39 Je posais tout à l'heure la question à Goven,
00:45:41 ils ont volé toutes les voitures qui étaient disponibles,
00:45:44 enfin ils ont volé toutes les voitures qui étaient trouvées sur l'île,
00:45:47 donc ils se promènent sans problème,
00:45:49 ils sont masqués, j'imagine ?
00:45:51 Non, non, absolument pas masqués,
00:45:53 non, non, non, ils assument complètement ce qu'ils font,
00:45:55 ils se filment même, ils sont très fiers de ce qu'ils font.
00:45:59 Et ils vont d'un point à un autre, ils sont armés ?
00:46:05 C'est ça, ils sont armés, ils tirent,
00:46:08 pendant que la voiture roule.
00:46:11 Vous entendez parfois des tirs ?
00:46:15 Oui, oui, mais ce n'est pas que sur ma commune,
00:46:22 c'est-à-dire que ma fille est bloquée justement à Nouvelle-Ville,
00:46:25 puisqu'elle est étudiante,
00:46:27 donc je suis une maman,
00:46:29 c'est-à-dire que ma fille est là-bas et je ne peux pas aller la chercher.
00:46:32 Donc mardi soir elle m'a appelée,
00:46:34 et pareil, ils avaient un magasin juste en bas de leur appartement,
00:46:38 ils ont tenté de piller le magasin qui est en dessous à plusieurs reprises,
00:46:44 mais justement tous les voisins se sont réunis pour essayer de les faire fuir,
00:46:49 et pareil, ils leur ont dit qu'ils reviendraient la nuit pour les tuer.
00:46:53 Et ils ont fait, enfin ils ne sont pas allés jusqu'à ça,
00:46:57 mais c'est-à-dire qu'ils sont revenus et ils ont pillé ce fameux magasin,
00:47:01 ils ont pris des bouteilles d'alcool,
00:47:04 et ma fille, il y avait des tirs,
00:47:07 je l'avais en ligne, ça a été horrible,
00:47:11 c'est-à-dire que j'entendais ma fille hurler, les bruits des balles de fusil,
00:47:15 c'est irréel, quoi,
00:47:17 et je ne peux rien faire, et ça fait 4 jours que je ne peux pas aller chercher ma fille.
00:47:22 - Ça confirme ce que je disais tout à l'heure,
00:47:26 Gabriel Attal lorsqu'il parle de pillage est en dessous de la vérité,
00:47:31 ce ne sont pas que des pillages,
00:47:34 il y a des menaces, il y a des tirs, il y a l'utilisation d'armes,
00:47:39 c'est plus que des pillages,
00:47:41 on en voit en métropole des scènes de pillage,
00:47:43 bon, c'est des moments difficiles, mais ça dépasse cela, hein Virginie ?
00:47:48 - Et ce qui est très inquiétant, c'est que quand ils pillent, ensuite ils mettent le feu,
00:47:52 c'est ça le truc, c'est-à-dire que comme le magasin est en bas,
00:47:57 s'ils mettent le feu, l'appartement de ma fille brûle avec, et ma fille dedans.
00:48:01 Et ils ont appelé évidemment les gendarmes et la police,
00:48:06 et on leur a dit qu'ils ne pouvaient pas venir et qu'il fallait qu'ils se défendent eux-mêmes.
00:48:11 - Vous communiquez entre vous, les réseaux sont là, les téléphones, les SMS,
00:48:18 vous parlez d'une maison à l'autre ?
00:48:20 - Heureusement, on a des groupes Messenger, des WhatsApp,
00:48:25 et on communique énormément en fait.
00:48:28 Tout ce qui se passe, une voiture, un bruit, un coup de feu,
00:48:32 et en fait c'est dans tous les quartiers.
00:48:36 On est obligé, on ne peut pas faire autrement.
00:48:39 De toute façon, on est livré à nous-mêmes.
00:48:42 - Vous sortez dans la journée ?
00:48:44 - Absolument pas.
00:48:46 - Vous ne sortez pas dans la journée ?
00:48:48 - Non, non, je ne sors pas.
00:48:50 - Bougez pas Virginie. Angélique était avec nous tout à l'heure, je vous reprends.
00:48:54 Je vous pose la même question, vous sortez dans la journée ?
00:48:57 - Alors, moi je suis sortie ce matin à 7h pour essayer de trouver du ravitaillement.
00:49:04 J'ai fait le tour de plusieurs quartiers de Nouméa,
00:49:08 où c'est l'apocalypse, c'est affligeant, j'ai rien trouvé.
00:49:19 J'ai tourné une heure, je n'ai rien trouvé, aucun magasin ouvert pour me ravitailler.
00:49:23 Je vais vous donner un autre exemple, ma fille avait absolument besoin d'antibiotiques.
00:49:28 On a la chance dans notre résidence d'avoir un médecin qui a pu faire une ordonnance,
00:49:32 qui est partie avec moi à la pharmacie, qui est à côté de chez moi, qui est ouverte,
00:49:37 avec une queue pas possible, j'y suis arrivée à 15h.
00:49:40 On est parti à 17h, on n'était pas servi.
00:49:44 Et entre-temps, à côté de nous, des coups de feu.
00:49:48 - Des coups de feu juste à côté de vous.
00:49:50 - On risque nos vies pour aller chercher.
00:49:54 - Du coup, vous êtes repartie chez vous sans les antibiotiques pour votre fille.
00:49:58 - Heureusement, le positif des raisons, c'est que ce médecin a pu avoir des médicaments qu'on nous a apportés.
00:50:11 - Il y a une solidarité incroyable, heureusement.
00:50:13 - Il y a une vraie solidarité qui est là.
00:50:17 - Je mesure en vous écoutant les amis, que c'est bon cette émission.
00:50:21 Je mesure que dans l'utilisation des mots par nos ministres,
00:50:26 on est bien en deçà de la situation que vous nous décrivez tous à Nouméa et en Nouvelle-Calédonie.
00:50:34 S'il vous plaît, restez avec nous.
00:50:36 J'accueille Jean-Alphonse Richard. Bonjour Jean-Alphonse.
00:50:39 - Bonjour Éric Brunet.
00:50:41 - L'émission continue, le rituel de nos émissions continue sur RTL bien sûr.
00:50:46 Vous venez nous parler de l'heure du crime.
00:50:49 Comme tous les jours, ce sera 14h30. De quoi parlerez-vous ?
00:50:52 - Avec une question centrale aujourd'hui.
00:50:54 L'ADN est-elle vraiment la reine des preuves ?
00:50:57 Pas vraiment, avec l'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui.
00:51:00 Il se passe à Mulhouse, la mort d'une mère de famille, Sabine Darmoise.
00:51:04 Elle est morte sous des coups, elle a été tabassée et elle a été dépecée.
00:51:07 Le tueur a laissé des traces d'ADN dans un sac.
00:51:10 On en trouve beaucoup.
00:51:12 ADN qui désigne le mari, c'est un électricien, Alex Trubel.
00:51:16 Il nie, mais il va en prison, évidemment, il est mis à l'examen, il va en prison.
00:51:20 Il y avait une chance sur mille, une chance sur mille,
00:51:24 que cet ADN, mitochondrial, c'est-à-dire c'est l'ADN de la mère,
00:51:27 on ne va pas rentrer dans les détails,
00:51:29 que cet ADN soit celui d'un autre homme.
00:51:31 Une chance sur mille. Et bien c'est ce qui s'est passé.
00:51:34 Si ce n'est le mari, ce n'est pas non plus son frère,
00:51:38 mais je ne vous raconte pas tout, c'est un autre homme
00:51:40 qui habitait tout près de l'endroit où le corps a été découvert
00:51:43 qui va se retrouver impliqué dans cette histoire.
00:51:46 On s'est trompé.
00:51:48 Pendant un an, on a été au cœur d'une erreur judiciaire.
00:51:51 Quand l'ADN se trompe, c'est à 14h30 sur RTL.
00:51:54 On sera là, dans un instant, mesdames, messieurs.
00:51:57 On continue avec vos témoignages bouleversants
00:52:01 au cœur de cette guerre civile en Nouvelle-Calédonie.
00:52:06 Et à 14h, ce sera également le rappel des titres à tout de suite.
00:52:09 Suivez RTL en vidéo sur l'appli RTL.
00:52:12 RTL, il est 14h.
00:52:19 Et à 14h, ce le rappel des titres avec vous, Lisa Marie Marques à la une.
00:52:27 Une deuxième gendarme, une deuxième victime tuée ce matin en Nouvelle-Calédonie.
00:52:32 Victime cette fois d'un tir accidentel.
00:52:34 Et cela porte à 5 le nombre de morts depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie.
00:52:39 Deux gendarmes et trois jeunes canards.
00:52:41 Malgré l'instauration de l'état d'urgence et le déploiement de l'armée.
00:52:45 La nuit dernière a été marquée par de nouvelles violences, des pillages, des incendies.
00:52:49 Le Premier ministre, Gabriel Attal, a pris la parole à l'issue du nouveau Conseil de défense
00:52:54 qui a eu lieu ce matin à l'Elysée.
00:52:56 Paris envoie des renforts pour tenter de rétablir l'ordre.
00:52:59 Ce sont 1000 effectifs supplémentaires qui sont en train d'être déployés sur place.
00:53:04 En plus des 1700 effectifs qui sont déjà en Nouvelle-Calédonie.
00:53:10 C'est un niveau de mobilisation qui est inédit et qui illustre la détermination du gouvernement,
00:53:16 du Président de la République à rétablir l'ordre dans les plus brefs délais.
00:53:21 Pour rétablir l'ordre, le Président de la République a demandé la plus grande fermeté
00:53:25 à l'endroit des pillards et des émeutiers.
00:53:28 Une circulaire pénale sera donc publiée par le garde des Sceaux dans les toutes prochaines heures
00:53:32 pour garantir les sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards.
00:53:38 J'espère qu'il y a des proches du cabinet du Premier ministre Gabriel Attal
00:53:44 qui ont écouté aujourd'hui les auditeurs ont la parole sur RTL entre 13h et 14h.
00:53:49 Et ça continue d'ailleurs parce que je trouve qu'on a des témoignages très factuels, très précis
00:53:54 qui expliquent la situation aujourd'hui de ces populations qui ne sortent plus de chez elles
00:54:00 pour la plupart depuis 4 jours, qui vivent calves feutrés avec des menaces de mort,
00:54:05 de pillages mais surtout des maisons qui brûlent.
00:54:08 Je pense notamment à ceux qui ne sont pas au centre de Nouméa,
00:54:11 pourtant le centre de Nouméa était sérieusement touché.
00:54:13 Mais voilà, j'espère qu'il y a au ministère de l'Intérieur, au ministère de la Justice,
00:54:19 dans les bureaux du Premier ministre, des gens qui écoutent RTL en ce moment.
00:54:23 C'est tout ce que je voulais dire.
00:54:24 En métropole, on continue mais cette fois avec la TRAC pour retrouver Mohamed Amra.
00:54:29 Mohamed Amra recherché depuis son évasion lors de l'attaque sanglante d'un convoi pénitentiaire mardi,
00:54:35 les polices de 196 pays sont désormais en possession de la photo et du signalement du fugitif.
00:54:41 Depuis football, quels seront les joueurs retenus pour l'Euro ?
00:54:45 La compétition débute dans moins d'un mois en Allemagne et ce soir au 20h de TF1,
00:54:49 Didier Deschamps dévoilera entre 23 et 26 noms qui composeront l'équipe de France.
00:54:55 Autre liste qui doit être dévoilée en fin d'après-midi,
00:54:57 celle de l'équipe de France de basket pour les Jeux Olympiques de Paris.
00:55:01 Demain, temps plus ensoleillé de la Belgique à l'île de France,
00:55:05 de la Normandie au centre du pays et la Méditerranée.
00:55:08 Nuages, averses et orages seront encore d'actualité sur les régions atlantiques,
00:55:12 le massif central et du Jura aux Alpes.
00:55:14 Les températures demain matin, 7 à 13 degrés prévus.
00:55:19 Jusqu'à 14h30, les auditeurs ont la parole avec Éric Brunet sur RTL.
00:55:24 J'imagine, Lisa Marie, qu'on nous laisse des messages sur l'appli RTL
00:55:29 relatifs à la situation qui nous est décrite en Nouvelle-Calédonie.
00:55:32 Oui, on reçoit de nombreux messages d'auditeurs qui entendent, comme nous,
00:55:35 les témoignages stupéfiants des auditrices et des auditeurs sur place
00:55:39 et qui nous appellent au 3210. C'est le cas de Delphine.
00:55:42 Écoutez, quand j'entends les horreurs que vivent actuellement nos co-patriotes
00:55:50 de Nouméa et les villages alentours, franchement, ça fait froid dans le dos.
00:55:54 Mais que fait notre président ? J'espère qu'il entend la peur,
00:55:58 la peur vécue par nos amis qui vivent cette galère.
00:56:03 Donc, merci au président Macron de leur porte et de l'aide très rapidement.
00:56:08 Je rappelle que 1000 effectifs supplémentaires vont être déployés,
00:56:12 c'est ce qu'a annoncé Gabriel Attal. Sylvie a également souhaité réagir.
00:56:17 Elle a de la famille sur place en Nouvelle-Calédonie
00:56:19 et on entend toute son inquiétude et sa colère. Écoutez.
00:56:22 J'ai mon neveu, sa femme et ses deux filles qui habitent à Nouméa depuis 10 ans.
00:56:26 Et là, actuellement, ils ont monté des barricades,
00:56:30 ils se défendent par eux-mêmes et les femmes sont clôturées dans les maisons
00:56:35 pour être protégées. En fait, c'est une honte et c'est vraiment le reflet
00:56:39 de notre France d'aujourd'hui et avec ces gouvernements
00:56:43 qui sont incapables de protéger les citoyens, que ce soit en métropole ou ailleurs.
00:56:47 Et comme Sylvie et Delphine, vous continuez de nous laisser des messages
00:56:50 au 30210 et sur l'application RTL.
00:57:01 - Oui, hommage à nos quatre auditeurs, là, quatre-cinq auditeurs
00:57:05 avec lesquels nous sommes depuis tout à l'heure.
00:57:07 La nuit est en train de s'avancer à Nouméa et puis en Nouvelle-Calédonie
00:57:12 à 16 000 km d'ici où vivent 280 000 de nos compatriotes
00:57:17 qui vivent des heures extrêmement douloureuses.
00:57:20 Je n'ai pas peur de le dire, des heures de guerre civile.
00:57:23 Et je voudrais prendre des nouvelles de Virginie, Gauvain, Angélique, Florian,
00:57:27 leur demander si les choses ont changé ces dernières minutes,
00:57:31 si ça a bougé autour d'eux.
00:57:33 Tiens, Florian, avec qui on a commencé cette émission,
00:57:35 Florian, vous êtes dans Nouméa.
00:57:37 Est-ce que ça bouge en ce moment ? Est-ce que vous entendez des choses ?
00:57:40 - Non, non, c'est toujours calme, là.
00:57:42 Pendant que les autres auditeurs parlaient, on était juste en train de regarder
00:57:45 les messages sur les groupes qu'on avait.
00:57:47 Pour l'instant, c'est calme. Il y a des informations qui tombent.
00:57:49 On essaie de faire la différence entre le vrai et le faux.
00:57:53 - Et vous êtes toujours calfeutré, là ?
00:57:55 - Oui, je suis toujours derrière ma fenêtre.
00:57:58 Je ne suis pas forcément enfermé, parce qu'il faut bien des gens
00:58:00 pour assurer la sécurité des personnes autour.
00:58:03 Il y a des personnes qui ont peur.
00:58:06 On essaie de sauver.
00:58:09 On espère que, justement, avec cette émission,
00:58:12 les gens qui vont nous écouter vont prendre conscience de ce qui se passe ici.
00:58:16 Si on a tenu aussi longtemps, c'est parce qu'on avait confiance aussi en la France.
00:58:21 Sur trois référendums, on a dit trois fois non.
00:58:23 Et en disant trois fois non, on a dit trois fois oui à la France.
00:58:26 C'est qu'on a confiance en la France, on sait qu'elle va venir nous aider.
00:58:29 On tient bon en attendant les renforts.
00:58:31 On essaie de tous rester en vie. Je pense que c'est le principal.
00:58:34 - Virginie, vous avez entendu.
00:58:37 Vous me signaliez il y a quelques minutes qu'une maison est brûlée à 300 mètres de chez vous.
00:58:43 Ça bouge. Vous êtes en contact avec les maris, les frères, les pères qui sont sur les barricades.
00:58:52 Ils vous envoient des messages.
00:58:54 - Ils envoient des messages et photos.
00:58:56 - Je vous entends mal, Virginie. Je vous entends mal.
00:58:58 - C'est-à-dire qu'entre quartiers, on communique.
00:59:05 Et là, il y a moins de 30 minutes.
00:59:07 Donc, c'est à Vallée du Tire. C'est au centre-ville de Nouméa.
00:59:12 Ils viennent de brûler trois maisons et de sortir un monsieur de dedans et de le taper.
00:59:17 Pour l'instant, dans notre quartier, ça va. Il n'y a pas de tir.
00:59:23 Mais bon, on ne sait pas ce qui va se passer.
00:59:28 - Mais la nuit va être longue.
00:59:31 Inutile d'essayer de nous faire croire que vous allez trouver le sommeil dans une heure ou deux heures.
00:59:37 - Non, non, non. C'est juste impossible. On veut juste voir l'armée arriver.
00:59:41 - Qui se trouve dans votre maison ?
00:59:43 - Ma deuxième fille qui est avec moi.
00:59:48 Et puis pareil, elle est sur les réseaux.
00:59:51 - Elle a quel âge, votre deuxième fille ?
00:59:53 - Elle a 15 ans.
00:59:54 - Comment on vit ça quand on a 15 ans ?
00:59:57 - Quand on a 15 ans, c'est super angoissant.
01:00:00 Et je ne sais pas comment expliquer à mes enfants toute cette haine.
01:00:07 Et mes filles sont mes filles.
01:00:11 Donc voilà, mes filles sont mes tits.
01:00:14 Qu'est-ce qu'on fait ?
01:00:16 Je ne peux pas les couper en deux.
01:00:18 Elles ont une partie blanche et une partie noire.
01:00:20 Qu'est-ce que je fais ?
01:00:22 Voilà.
01:00:24 - Oui, c'est difficile.
01:00:26 Très difficile.
01:00:27 Mais enfin, vous m'avez dit tout à l'heure que ce n'est pas vraiment un conflit noir-blanc.
01:00:32 Il y a des canards qui protègent, qui sont sur les barricades pour protéger les quartiers.
01:00:38 - C'est ça.
01:00:41 C'est bien ça qu'il faut faire la différence entre des indépendantistes et extrémistes.
01:00:46 Parce qu'il y a des indépendantistes avec qui on peut parfaitement discuter.
01:00:50 Et leur discours est entendable.
01:00:52 - Les partis indépendantistes, au passage Virginie,
01:00:56 ils se sont désolidarisés de ces nuits de violence.
01:00:59 - Ah oui, mais alors excusez-moi, il leur a fallu du temps quand même.
01:01:02 Ils ont...
01:01:08 Il leur a fallu beaucoup de temps avant qu'ils prennent conscience des choses.
01:01:13 - Ne bougez pas, je vais aller voir si tout le monde va bien parmi nos auditeurs.
01:01:18 Govan, ça se passe comment chez vous ?
01:01:21 - Assez similaire.
01:01:22 En ce moment, on est assez calme.
01:01:24 Comme je vous disais, les barrières ici sont assez communiquantes entre elles.
01:01:28 Par le même principe, les réseaux sociaux.
01:01:30 Donc on verrouille quand même pas mal le coin.
01:01:33 Donc pour le moment, on n'a pas d'attaque.
01:01:35 Maintenant, on se méfie beaucoup plus de la période 3h-4h du matin.
01:01:40 Où ils vont peut-être essayer de profiter du fait que nous, on commence à fatiguer.
01:01:45 Pour repasser dans le coin.
01:01:47 Ils sont mobiles, mais je pense qu'ils sont relativement bien dirigés.
01:01:51 C'est un peu ce qu'on observe.
01:01:53 C'est-à-dire que ce ne sont pas des actions qui sont irréfléchies.
01:01:56 On a peut-être une base assez...
01:02:00 J'aime pas le terme, mais un peu idiote qui se laisse guider.
01:02:04 Mais on a l'impression qu'il y a quand même quelque chose qui fonctionne bien.
01:02:07 On entend parler des messages TikTok.
01:02:10 On entend parler de tout ça.
01:02:12 Mais voilà, ça a l'air assez orienté.
01:02:14 - TikTok a été fermé sur Lille, apparemment, Govan.
01:02:16 TikTok a été totalement fermé sur Lille.
01:02:18 Vous avez entendu ça ?
01:02:19 - Oui, c'est ce qu'on a entendu.
01:02:21 Moi, je le constate pas forcément.
01:02:23 Je ne suis pas sur TikTok, en tout cas.
01:02:25 Donc, je ne peux pas confirmer.
01:02:27 Mais certaines personnes ont dit que ça fonctionnait encore.
01:02:30 Donc, je ne sais pas.
01:02:32 Mais de toute façon, s'il y a quelque chose au-dessus de la base qui fait fonctionner,
01:02:38 c'est organisé.
01:02:39 Pour moi, les actions sont organisées.
01:02:41 - Très bien.
01:02:44 J'ai entendu un coup de klaxon.
01:02:46 - Non, non, ça, c'est les voitures du coin et tout ça.
01:02:49 Parce qu'on fait des patrouilles pour le quartier.
01:02:52 Et donc, quand il y a un petit souci...
01:02:55 - Vous êtes en patrouille, là-bas ? Vous êtes en extérieur, là ?
01:02:57 - Non, non.
01:02:58 Moi, en fin de compte, je surveille.
01:03:00 On a fait un petit bureau.
01:03:02 Je ne vais pas dire un bureau directeur de ce barrage-là.
01:03:04 Mais on est un petit peu en retrait par rapport à tout le monde
01:03:06 qui est tombé un peu plus bas sur le barrage, prêt à répondre.
01:03:09 - Enfin, vous faites partie de l'organisation.
01:03:12 Vous centralisez des informations, quand même.
01:03:14 - Il y a quand même un nouvel canyon de l'Union.
01:03:16 On est quelques anciens militaires aussi.
01:03:19 On a organisé à fur et à mesure nos barrages.
01:03:24 Et il y a une petite gestion, quand même, pour qu'on communique entre nous.
01:03:28 - C'est complètement dingue.
01:03:29 Merci, Gov'n.
01:03:30 Dans un instant, j'irai voir Angélique pour voir si ça bouge.
01:03:33 Et puis, une métropolitaine de Nouvelle-Calédonie
01:03:38 qui est en métropole et qui est très inquiète, Cassandra.
01:03:40 Je la prendrai.
01:03:41 Vous êtes là, Cassandra ?
01:03:42 - Oui, je suis là. Bonjour.
01:03:43 - Bonjour. À tout de suite.
01:03:45 Eric Brunet vous donne la parole sur RTL.
01:03:49 Jusqu'à 14h30, les auditeurs ont la parole avec Eric Brunet sur RTL.
01:03:55 - Bonjour, bonjour à tous.
01:03:57 J'écoute comme tout le monde, dans un état de sidération,
01:04:02 ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
01:04:04 J'entends l'effroi de ces gens qui sont là-bas.
01:04:07 J'entends la peur.
01:04:08 Et moi aussi, je suis effrayée.
01:04:10 J'ai de la peine pour eux.
01:04:11 Je m'appelle Michel.
01:04:12 J'habite à Clermont-France.
01:04:14 Et je suis dans un état de sidération et de honte pour mon pays.
01:04:17 Au revoir.
01:04:18 - Ça fait du bien d'entendre ça, Michel.
01:04:21 Parce que je dois vous dire que moi aussi, je suis très, très, très ému par cette émission.
01:04:27 Et je suis en train de me dire, comme tous les jours pratiquement,
01:04:30 que nous, ce que nous fabriquons dans les auditeurs en la parole,
01:04:33 vous, c'est plus fort que toutes les informations,
01:04:36 que tous les journaux de 20h, pardon de dire les choses comme ça.
01:04:39 Je n'ai jamais vu de témoignage dans les journaux de 20h aussi fort que ceux que nous écoutons maintenant.
01:04:45 Bon, Cassandra, vous, je vais reprendre à nos amis Angélique, Florian, Govan, Virginie au passage,
01:04:53 un immense bravo, un immense bravo aux standardistes.
01:04:56 Vraiment, standardistes d'auditeurs en la parole.
01:04:59 Et Victor et toute la bande, vous êtes incroyables.
01:05:02 Incroyables pour avoir recueilli, filtré, sollicité des témoignages comme cela.
01:05:11 Bon, Cassandra, vous, vous êtes née en Nouvelle-Calédonie,
01:05:14 vous êtes en métropole et j'imagine que vous êtes comme nous, sidérée par ce que vous entendez.
01:05:20 Exactement, oui, on vit ça à distance d'ici, j'ai tous mes proches en Calédonie.
01:05:26 J'ai quitté la Calédonie pour mes études et donc, voilà, je suis là
01:05:30 et je constate juste ce qui se passe et on ne peut rien faire.
01:05:34 Voilà, on est à 22 000 et juste on prend des nouvelles de nos proches.
01:05:39 C'est fou au passage, les journaux, les ministres qui parlent de pillage.
01:05:45 J'ai l'impression que, je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi, que c'est plus que des pillages.
01:05:50 Oui, bien sûr, là la situation est hors de contrôle.
01:05:54 On a peut-être le quatrième soir, les deux premiers soirs ont été complètement hors de contrôle.
01:06:00 C'est bien plus que des pillages, c'est nos écoles, c'est des églises, c'est nos vies, c'est des maisons maintenant.
01:06:08 C'est bien plus que juste des magasins qui ont été brûlés, c'est des métiers,
01:06:14 c'est des personnes qui demain se retrouveront sur le métier.
01:06:18 C'est complètement hors de contrôle, je n'ai même pas les mots.
01:06:22 Vous avez des contacts là-bas, vous avez des témoignages, vous avez des amis qui vous racontent des scènes dingues.
01:06:27 Cassandra, qu'est-ce qu'on vous dit ?
01:06:31 J'ai mes proches, mes amis, mes familles régulièrement au téléphone ou par écrit.
01:06:39 On prend des nouvelles le plus possible.
01:06:41 Et puis, ce que je retiens beaucoup, c'est la solidarité dans les quartiers.
01:06:45 Je vois qu'ils se serrent tous les coudes et ça fait chaud au cœur vu ce qui se passe.
01:06:51 Les hommes sont dehors sur les barrages pour essayer de sécuriser nos maisons, nos familles, nos proches, nos animaux parfois.
01:07:03 C'est assez affreux.
01:07:05 Vous avez des amis qui vous ont dit avoir peur, être terrorisés ?
01:07:10 Oui, totalement. Au début, je suis à distance, ils essaient un petit peu de minimiser la chose et de ne pas trop m'inquiéter.
01:07:19 Mais j'ai vu l'effet et je les sens totalement effrayés. Je sens une peur générale.
01:07:26 Restez avec nous, Cassandra. Je voudrais revenir vers celles et ceux qui commencent leur nuit.
01:07:32 Elle est bien entamée puisqu'il est 23h00, me semble-t-il, en Nouvelle-Calédonie.
01:07:37 Angélique, je reviens vers vous. Est-ce que ça bouge autour de vous ? Est-ce que pour l'instant c'est calme ?
01:07:42 Govan me disait que ce dont on a peur, c'est plus le 3-4 heures du matin.
01:07:46 Est-ce qu'au-dessus de ces émeutiers, il y a quand même des gens qui semblent diriger les choses ?
01:07:54 Complètement, c'est coordonné, c'est assez sûr et certain.
01:07:59 Là, actuellement, c'est calme.
01:08:03 De toute façon, il va falloir que je retourne dehors puisque je fais partie, je surveille aussi.
01:08:09 Mais vous parliez tout à l'heure de menaces. Il y a des messages, des MMS qui sont envoyés avec des numéros de téléphone qui sont visibles.
01:08:16 Là, j'en ai un sous les yeux où il y a quatre hommes cagoulés, armés, avec une légende.
01:08:22 Je vais vous la lire. J'aime pas le terme "milice", mais qui nous désigne.
01:08:27 "Baisse la milice en armes jusqu'aux dents, vous allez prendre des balles."
01:08:31 Vous allez prendre des balles, alors que vous, vous organisez juste des systèmes de rotation pour protéger les maisons.
01:08:40 Et nos vies. J'ai ma fille de 11 ans qui a peur aussi.
01:08:49 Dans quel état est-elle ? Qu'est-ce que vous lui dites ? Dans quel état est-elle ? Comment traverse-t-elle cette semaine dingue ?
01:08:58 J'ai la chance d'avoir une fille qui comprend. Elle a 11 ans. J'ai la chance d'avoir une fille qui est très mature pour son âge, qui comprend, qui veut aussi défendre sa maman.
01:09:07 Elle me dit "maman, sois prudente. S'il t'arrive quelque chose, tu cries très fort, je vais venir t'aider."
01:09:12 Elle arrive à rester calme, même si elle a peur. Il y a des moments où elle vient dans mes bras et elle a pleuré avant-hier.
01:09:26 Et puis, elle a eu des paniques. On a dû lui donner quelque chose pour la calmer.
01:09:30 Elle est comme nous, elle dort peu. Tous les enfants qui vivent ça sont traumatisés à vivre.
01:09:40 Ma fille en a hâte de comprendre. Je ne peux pas lui mentir en lui disant que c'est des faits d'artifice.
01:09:45 Elle l'aide à sa manière en restant la plus calme possible, avec bien évidemment des baisses de morale.
01:09:59 Angélique, vous faites partie de ce comité de surveillance de votre résidence qui se met en branle tous les jours, tous les soirs, pour éviter que les émeutiers ne rentrent, brûlent ou s'en prennent aux enfants, ou plutôt aux personnes physiques, aux adultes.
01:10:18 Vous me disiez que vous alliez bientôt sortir et revenir sur les barricades.
01:10:25 Je vais revenir à l'entrée de la résidence et aider et soutenir moralement, parce qu'on est tous fatigués.
01:10:34 On essaie de se relayer, on apporte de quoi manger, du café.
01:10:41 Restez avec nous Angélique. Je prends des nouvelles de chacun, chacune des auditeurs, auditrices qui nous appellent de nous mettre à vivre une quatrième nuit épouvantable, quatre nuits sans sommeil, avec la peur au ventre.
01:11:04 Bonjour, écoutez, par rapport à l'émission que j'entends aujourd'hui, je suis choqué bien évidemment, mais également pas étonné.
01:11:14 À un moment donné, mille forces de l'ordre de plus, mille personnes, ça ne va rien changer, il faut être franc.
01:11:21 Maintenant, à ce stade, pour protéger les gens là-bas, je pensais qu'il faut peut-être envoyer l'armée.
01:11:26 Il faut y aller parce que ces gens-là sont en danger.
01:11:29 Voilà un message qu'on vient de nous laisser, nous parlons de la situation épouvantable, de guerre civile.
01:11:36 De guerre civile ! Au bout d'un moment, disons les choses en Nouvelle-Calédonie.
01:11:41 On est avec Antoine là, bonjour mon cher Antoine. Vous, vous êtes en France métropolitaine, mais je crois que vous avez de la famille sur place là-bas, Antoine.
01:11:49 Bonjour Eric Brunet, j'ai en effet un membre de ma famille qui est gendarme sur place et qui nous décrit une situation en effet de guerre civile
01:12:00 où ils se font tirer dessus par des personnes sur place.
01:12:05 Donc même la vie des gendarmes aujourd'hui, on l'a tristement vu hier, leur vie est en jeu.
01:12:13 Et en tant que famille, on est inquiet parce que chaque matin quand on se lève, on se dit "est-ce que c'est pas le nôtre ?"
01:12:20 Votre frère qui est gendarme là-bas a dit que les gendarmes s'étaient fait tirer dessus ?
01:12:27 Ils se font tirer dessus évidemment, puisqu'apparemment en face ils ont des armes.
01:12:34 C'est ce que j'entendais aussi dans ce que les autres auditeurs décrivent.
01:12:38 Donc ils sont aussi des "cibles" à abattre visiblement.
01:12:44 Est-ce que votre frère vous dit "j'en ai vu d'autres en métropole" etc. ou est-ce qu'il vous dit au contraire que c'est une vraie guerre civile ?
01:12:53 Il décrit ça comme une guerre civile, c'est-à-dire que même eux ont du mal à établir l'ordre, les décès, évidemment avec les moyens qu'on leur donne
01:13:03 mais heureusement que des moyens supplémentaires vont arriver parce que pour eux aujourd'hui c'est compliqué.
01:13:09 Ils dorment assez peu, ils sont souvent sur le terrain, parfois même obligés de faire demi-tour parce qu'on leur tend des embuscades.
01:13:18 Les embuscades leur sont tendues donc ils doivent faire demi-tour aussi parce qu'ils penchent à leur vie tout en essayant de protéger aussi celle des autres.
01:13:29 C'est très compliqué pour eux.
01:13:30 Terrible, terrible. Virginie, il y a ce volet qu'évoque à l'instant Antoine, ce ne sont pas des émeutes anarchiques,
01:13:41 on sent quand même qu'il y a des stratégies, des tactiques, quelqu'un qui dirige les mouvements des émeutiers, hein Virginie ?
01:13:51 En fait c'est ça, on est très surpris parce que ça arrive des fois qu'il y a des tensions, c'est sporadique et puis ça finit par se calmer.
01:14:00 Mais là, on s'en rend compte, il y a une organisation, on vit mais on n'est au courant de rien donc on ne peut que supposer.
01:14:11 On n'est pas habitué à tant d'organisations en fait.
01:14:15 J'en profite là parce que je pense aux gendarmes et aux policiers qui essayent d'intervenir partout et qui sont tirés dessus,
01:14:23 mais nos étudiants sont bloqués depuis 4 jours et n'ont plus de nourriture.
01:14:28 Ils sont bloqués sur l'université à Nouvelle-Île et normalement un camion devait passer pour les livrer et ils n'ont pas pu passer.
01:14:38 Les policiers se sont fait tirer dessus, donc ils ont rebroussé le chemin et donc nos étudiants n'ont plus à manger.
01:14:45 Les étudiants malades ne peuvent pas avoir leurs médicaments et il pourrait y avoir aussi un accès par la mer parce que c'est une île en fait,
01:14:53 c'est une petite île par bateau mais il n'y a pas de moyens donc voilà.
01:14:58 Donc là nos étudiants, pareil je lance un appel, envoyez à manger à nos étudiants coincés depuis 4 jours sur le site de l'université.
01:15:08 C'est complètement délirant mais franchement je suis tellement fier que RTL ait pu établir un lien comme ça avec les habitants de Nouvelle-Calédonie
01:15:18 parce qu'on en apprend chaque minute de nouvelles.
01:15:22 Maintenant je découvre avec vous que les étudiants n'ont pas été ravitaillés, sont bouclés, que ceux qui essaient de passer pour les nourrir,
01:15:30 les camions se font tirer dessus et font demi-tour.
01:15:33 C'est délirant Virginie ce que vous nous dites, délirant.
01:15:36 Pour moi c'est un film d'horreur mais vraiment, j'ai du mal à me dire que c'est la réalité.
01:15:42 Mais là les étudiants ils le vivent dans leur chair là.
01:15:45 Et puis il y a forcément des étudiants asthmatiques, des étudiants qui ont des problèmes de santé, qui ont besoin de médicaments,
01:15:54 qui n'ont plus de médicaments.
01:15:56 Et c'est urgent là, il n'y a pas à discuter, il n'y a plus à parler, il faut envoyer quelqu'un.
01:16:04 Mais pas après-demain, pas dans deux jours, maintenant il faut quelqu'un.
01:16:09 Merci Virginie pour ce témoignage, merci Antoine qui était là à l'instant,
01:16:13 merci à Gauvin qui est quelque part à Nouméa,
01:16:18 merci à Angélique également qui s'apprête à aller sur les barricades pour soutenir les hommes de son quartier,
01:16:24 leur amener du café et prendre son tour de garde cette nuit pour surveiller que les émeutiers ne viennent pas brûler leur maison.
01:16:33 Merci à Florian qui a commencé cette émission avec nous.
01:16:35 Je sais que pour vous, une nuit difficile commence, vous redoutiez,
01:16:40 surtout vers 2-3 heures du matin, ce sont les moments que privilégient les émeutiers.
01:16:45 Eh bien on prendra de vos nouvelles demain dans les auditoires en la parole.
01:16:49 Merci à vous tous, c'était une émission incroyable et je suis très fier d'avoir été à la manette pour recueillir vos témoignages.
01:16:55 Jean-Alphonse Richard, bonjour.
01:16:57 Bonjour, dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Sabine Darmoise,
01:17:00 quand l'ADN se trompe, une erreur judiciaire, ça arrive, mais cela est exceptionnel, à tout de suite.
01:17:06 Merci, à demain.
01:17:07 ♪ ♪ ♪