Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews
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00:00:00 matériel non européen.
00:00:01 Alors, il y avait un critère d'urgence.
00:00:03 On ne savait pas tout produire en européen,
00:00:04 mais il y avait aussi des réflexes solidement établis.
00:00:08 C'est toujours mieux d'acheter souvent américain, parfois coréen.
00:00:12 Mais comment voulons-nous construire notre souveraineté,
00:00:15 notre autonomie à terme, si nous n'assumons pas aussi
00:00:18 de développer une industrie de défense européenne ?
00:00:21 Et donc, oui, il nous faut pour cela
00:00:26 réussir à bâtir une préférence européenne,
00:00:30 réussir à bâtir des programmes industriels européens,
00:00:33 assumer un soutien inclus
00:00:35 de la Banque européenne d'investissement
00:00:37 et assumer des financements supplémentaires,
00:00:39 y compris les plus innovants,
00:00:41 comme l'idée d'un emprunt européen
00:00:42 qui a été proposée par la Première ministre Kayak-Alas.
00:00:46 L'objectif d'une stratégie européenne industrielle de défense,
00:00:50 c'est bien de produire plus vite, davantage, en européen.
00:00:55 Alors, pour nous qui avons une industrie de défense forte,
00:00:59 c'est une occasion extraordinaire,
00:01:01 parce que nous pouvons aussi, si nous savons nous organiser,
00:01:06 pousser nos standards.
00:01:07 Ce que nous avons fait d'ailleurs ces dernières années
00:01:09 avec le Rafale et de la Croatie à la Grèce,
00:01:12 qui pensait, il y a 7 ans, que le Rafale deviendrait
00:01:15 une des solutions de la défense aérienne européenne ?
00:01:17 C'est en train de le devenir.
00:01:20 Mais c'est ce qui va aussi nous pousser à développer en européen
00:01:24 des standards communs.
00:01:25 Car l'un des problèmes que nous avons en européen,
00:01:27 c'est que nous restons trop divisés
00:01:28 en matière d'industrie de défense.
00:01:30 Notre fragmentation est une faiblesse.
00:01:33 Nous l'avons vécu de manière cruelle et concrète
00:01:38 pendant cette guerre,
00:01:40 où parfois, nous découvrions nous-mêmes, entre Européens,
00:01:42 que nos canons n'étaient pas du même calibre,
00:01:45 que nos missiles ne correspondaient pas de l'un à l'autre,
00:01:48 et que ça réduisait de fait notre capacité à agir ensemble
00:01:52 sur un même théâtre d'opération.
00:01:53 Donc oui, cet effort va aussi passer par de la standardisation.
00:01:57 Le fait de construire des grands champions
00:01:58 et donc de la consolidation européenne
00:02:00 est l'organisation d'une vraie politique industrielle
00:02:03 de défense.
00:02:04 C'est une nécessité, il faut l'assumer.
00:02:08 Vous l'avez compris,
00:02:10 il nous faut passer pas simplement une nouvelle étape,
00:02:13 mais bâtir véritablement un nouveau paradigme
00:02:16 en matière de défense, du concept stratégique
00:02:20 à la plus grande intimité, au nouveau cadre commun,
00:02:23 jusqu'aux capacités nouvelles.
00:02:25 Mais cette Europe puissance de défense
00:02:29 s'appuie évidemment sur une diplomatie qui va avec.
00:02:33 La diplomatie, chaque Etat membre l'apporte,
00:02:36 elle relève de nous, mais nous pouvons la démultiplier
00:02:39 et l'asseoir sur une plus grande cohérence européenne.
00:02:42 C'est pourquoi je crois qu'il nous faut poursuivre
00:02:44 dans les années qui viennent, en complément de cette approche
00:02:48 et de ce réveil de sécurité et de défense,
00:02:51 il nous faut continuer d'avoir des partenariats
00:02:55 avec les pays tiers.
00:02:57 Oui, c'est-à-dire bâtir une Europe en capacité
00:03:01 de montrer qu'elle n'est jamais le vassal
00:03:04 des Etats-Unis d'Amérique
00:03:07 et qu'elle sait aussi parler à toutes les régions du monde,
00:03:10 aux émergents, à l'Afrique, à l'Amérique latine,
00:03:13 et pas simplement par des accords commerciaux,
00:03:15 mais avec des vraies stratégies de partenariats
00:03:18 équilibrés et réciproques.
00:03:20 C'est ce que nous avons voulu bâtir
00:03:22 du sommet Union européenne-Afrique du 1er semestre 2022
00:03:26 jusqu'à la stratégie indo-pacifique européenne.
00:03:29 Montrer que nous sommes une puissance d'équilibre
00:03:33 qui parle au reste du monde
00:03:35 et qui refuse en quelque sorte la confrontation bipolaire
00:03:38 dans laquelle trop de continents sont en train de s'installer.
00:03:40 Avoir une stratégie arctique, avoir une stratégie indo-pacifique,
00:03:44 avoir une stratégie latino-américaine
00:03:46 et avec le continent africain,
00:03:47 c'est montrer que l'Europe
00:03:50 n'est pas simplement un bout d'Occident,
00:03:54 mais bien un continent-monde qui pense son universalité
00:03:57 et les grands équilibres de la planète,
00:03:59 qui refuse la confrontation entre plaques
00:04:01 et veut bâtir ces partenariats équilibrés.
00:04:05 C'est absolument essentiel,
00:04:06 et il nous faut poursuivre ce chemin qui nous permet,
00:04:09 sur les sujets d'éducation, de santé, de climat,
00:04:11 de lutte contre la pauvreté, d'avoir une voix singulière,
00:04:15 comme nous l'avons fait avec le pacte
00:04:16 pour les peuples et la planète,
00:04:18 et de montrer qu'il n'y a jamais chez nous de double standard
00:04:22 et que nous avons bien, là aussi, notre autonomie.
00:04:26 Et l'Europe puissance,
00:04:29 c'est aussi une Europe qui maîtrise ses frontières.
00:04:33 Je le disais en parlant de l'adoption du pacte Asie-L'Immigration,
00:04:36 qui a été une avancée majeure.
00:04:38 Mais je le redis dans un moment où, nous le savons tous,
00:04:40 cette question des frontières, de l'immigration
00:04:42 bouscule toutes nos sociétés, notre pays,
00:04:44 de manière légitime.
00:04:46 C'est encore plus important pour la France,
00:04:49 parce que la France est un pays,
00:04:52 pardon d'utiliser ce terme qui peut paraître technique,
00:04:55 mais de mouvement secondaire, comme on dit.
00:04:58 C'est-à-dire que l'immigration n'arrive pas en France directement.
00:05:01 Elle rentre sur le continent européen,
00:05:02 et en particulier dans l'espace Schengen,
00:05:04 par d'autres frontières.
00:05:06 Et donc la France, parfois plus que d'autres,
00:05:10 a besoin d'une politique européenne efficace
00:05:12 et d'une bonne coopération,
00:05:14 c'est-à-dire que l'immigration commence aux frontières européennes
00:05:18 et pas simplement aux frontières françaises.
00:05:21 Nous sommes un pays où arrivent des femmes et des hommes
00:05:25 qui fuient la misère, qui parfois sont aussi
00:05:29 les victimes de réseaux de trafiquants,
00:05:31 qui parfois recherchent l'asile légitime
00:05:34 quand ils sont des combattants de la liberté,
00:05:36 mais qui arrivent toujours, qui par l'Espagne,
00:05:38 qui par l'Italie, qui par les Balkans, la Grèce,
00:05:41 sur le sol européen, puis cheminent jusqu'à notre pays.
00:05:45 Et donc oui, chez nous plus qu'ailleurs, sans doute,
00:05:47 il nous faut une coopération européenne plus forte.
00:05:50 C'est pourquoi, après ce pacte asile-immigration,
00:05:54 maintenant, il va falloir le mettre en oeuvre,
00:05:55 parce qu'il nous offre des instruments inédits
00:05:57 que nous n'avions pas, l'enregistrement, le suivi
00:05:59 et des conditions de retour vers le pays,
00:06:01 de 1re entrée plus efficaces.
00:06:03 C'est déjà une avancée inédite.
00:06:06 Mais nous devons agir avec plus de fermeté
00:06:08 en matière de retour et de réadmission
00:06:11 pour toutes les femmes et les hommes qui arrivent sur notre sol
00:06:14 et qui n'ont pas vocation à rester
00:06:15 et qui ne sont pas éligibles à l'asile.
00:06:18 Ceci impose une vraie politique européenne
00:06:21 et une vraie coordination.
00:06:24 Ca passera par davantage de coopération
00:06:26 avec les pays d'origine et de transit,
00:06:28 des conditionnalités plus franches
00:06:30 et une lutte sans relâche contre le modèle économique
00:06:32 des passeurs et des trafiquants d'êtres humains.
00:06:35 C'est à Vincette et en particulier au sein de Schengen
00:06:38 que nous devons mener ces coopérations
00:06:40 et bâtir ces politiques.
00:06:42 Je ne veux pas d'une politique de naïveté.
00:06:45 Et nous ne pouvons pas nous contenter de regarder
00:06:47 l'inefficacité aujourd'hui de nos politiques de retour
00:06:49 parce qu'elles sont trop divisées.
00:06:52 Mais je ne crois pas non plus au modèle
00:06:54 qu'on nous propose aujourd'hui,
00:06:56 qui consisterait à trouver des pays tiers
00:06:58 sur le continent africain ou ailleurs,
00:07:00 où il s'agirait d'aller raccompagner
00:07:03 des gens venus illégalement sur notre sol
00:07:05 qui ne viennent pas de ces mêmes pays.
00:07:07 Nous sommes en train de créer une géopolitique du cynisme
00:07:10 qui trahit nos valeurs et qui construira
00:07:12 de nouvelles dépendances
00:07:14 et qui s'avérera totalement inefficace.
00:07:18 La clé, c'est simplement de conditionner nos visas,
00:07:22 nos préférences commerciales avec les pays d'origine et de transit
00:07:25 et de responsabiliser ces pays sur la politique migratoire.
00:07:29 Si nous le faisons ensemble, ce sera une approche efficace.
00:07:32 Simplement, aujourd'hui, nous sommes par trop divisés.
00:07:36 Le retour des migrants irréguliers dans le pays d'origine
00:07:38 doit être un des axes clés sur notre politique de visa
00:07:42 et nos préférences commerciales en matière de conditionnalité.
00:07:45 Nous devons aussi nouer de nouveaux partenariats opérationnels
00:07:48 pour lutter contre le trafic de migrants,
00:07:50 la traite des êtres humains,
00:07:52 pour mobiliser aussi Frontex,
00:07:53 qui atteindra bientôt 10 000 gardes frontières et gardes côtes
00:07:56 afin de soutenir les retours et aller plus loin
00:07:58 dans la montée en charge de cette structure.
00:08:01 Nous y croyons, je l'ai toujours défendu,
00:08:02 je continue d'y croire,
00:08:04 même si parfois ceux qui l'ont servi se mettent à en douter.
00:08:07 Pour protéger ces citoyens, vous le voyez bien,
00:08:12 l'Europe doit aussi lutter contre les menaces et les réseaux
00:08:15 qui ignorent les frontières et les Etats.
00:08:17 Et c'est là aussi un sujet de cohérence européenne.
00:08:20 Au-delà de l'immigration,
00:08:22 le terrorisme, la criminalité organisée,
00:08:25 le trafic de drogue, la haine et la criminalité en ligne
00:08:28 sont des sujets sur lesquels nous devons
00:08:30 renforcer l'action européenne.
00:08:33 C'est pourquoi d'abord je veux que le Conseil Schengen
00:08:36 devienne un véritable conseil de sécurité intérieur de l'Union.
00:08:40 Nos frontières sont un bien commun.
00:08:43 Pour l'euro, bien commun que nous avons créé,
00:08:46 nous avons su bâtir
00:08:50 une forme politique
00:08:52 qui s'est décidée de manière intergouvernementale crédible.
00:08:56 Le Conseil est coffin.
00:08:57 Nos frontières sont un bien commun.
00:08:59 Nous devons bâtir une structure politique
00:09:01 qui permet de décider entre tous les pays qui la partagent
00:09:05 et de prendre sur les sujets d'immigration,
00:09:07 de lutte contre la criminalité organisée, de terrorisme,
00:09:10 de lutte contre le trafic de drogue ou la cybercriminalité
00:09:13 des décisions ensemble.
00:09:15 Changeons la gouvernance pour la rendre beaucoup plus efficace.
00:09:19 Nous devons aussi, dans le cadre du système d'information Schengen,
00:09:21 aller beaucoup plus loin dans le partage d'informations
00:09:24 pour prévenir le départ de combattants terroristes,
00:09:27 les retours des zones de conflit,
00:09:29 prévenir la radicalisation,
00:09:33 avoir aussi une vraie politique
00:09:34 de retrait des contenus terroristes,
00:09:37 mais surtout de retrait des contenus haineux,
00:09:39 racistes et antisémites.
00:09:41 Et c'est en Européen que nous pourrons obtenir des plateformes
00:09:43 qui, aujourd'hui, ne tiennent pas leurs engagements
00:09:46 sur ce sujet,
00:09:47 ni en termes de modération, ni en termes de retenue.
00:09:50 Et c'est en Européen, dans le cadre d'un tel Conseil,
00:09:54 que nous pouvons avoir une politique efficace
00:09:57 contre la criminalité organisée et la drogue.
00:10:00 Fléau véritable qui touche aujourd'hui, en particulier,
00:10:04 les pays les plus exposés parce qu'ils ont des grands ports
00:10:07 et des points d'entrée,
00:10:08 ou parfois aussi parce qu'ils pensaient, pour certains,
00:10:10 que les politiques les plus libérales
00:10:13 étaient celles qui préviendraient la criminalisation,
00:10:15 ce qui est tout le contraire.
00:10:17 Nous avons besoin d'avoir une approche européenne,
00:10:19 là aussi, sur ce sujet.
00:10:22 Vous l'avez compris,
00:10:24 cette Europe de la puissance,
00:10:27 c'est celle tout à la fois de la défense
00:10:30 et de la protection de nos frontières,
00:10:32 et c'est un changement de paradigme profond
00:10:34 sur le fait que, nous, Européens,
00:10:37 si nous voulons résister à ce changement de règles,
00:10:40 à cette escalade de la violence,
00:10:42 à cette désinhibition des capacités
00:10:45 sur notre continent et au-delà,
00:10:47 eh bien, nous devons nous adapter
00:10:48 en termes de concepts stratégiques, de moyens,
00:10:51 et nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières
00:10:54 pleinement, entièrement et l'assumer.
00:10:57 Le 2e élément clé de la réponse,
00:10:59 c'est celui de la prospérité.
00:11:02 Oui, si nous voulons être souverains
00:11:05 au moment de ces transformations profondes que j'évoquais,
00:11:09 nous avons besoin de bâtir un nouveau modèle
00:11:11 de croissance et de production.
00:11:14 C'est indispensable parce qu'il n'y a pas de puissance
00:11:18 sans assise économique solide.
00:11:20 Sinon, on décrète la puissance,
00:11:22 mais très rapidement, elle est financée par d'autres.
00:11:24 Il n'y a pas non plus de transition écologique
00:11:26 sans modèle économique solide.
00:11:28 Et il n'y a pas de modèle social qui est une force des Européens
00:11:31 si on ne produit pas l'argent qu'on veut ensuite redistribuer.
00:11:35 Et l'Europe a longtemps été le principal atout
00:11:37 de notre croissance,
00:11:39 dans un modèle ordo-libéral de concurrence
00:11:41 et de libre-échange,
00:11:42 et à une époque où, au fond, les règles étaient très différentes.
00:11:46 Les matières premières ne semblaient pas limitées,
00:11:49 il n'y avait pas de géopolitique de la matière première,
00:11:51 le changement climatique était ignoré,
00:11:54 le commerce était libre et tout le monde en respectait les règles.
00:11:57 C'était ça, le monde dans lequel on vivait jusqu'à récemment.
00:12:01 Et en quelques années, tout a changé. Tout.
00:12:05 Les matières premières sont limitées,
00:12:07 matériaux critiques, énergie.
00:12:09 Et pour ce qui est des énergies fossiles,
00:12:10 nous ne les produisons pas sur notre sol,
00:12:12 nous sommes dépendants,
00:12:13 contrairement aux Etats-Unis d'Amérique ou beaucoup d'autres.
00:12:17 Pour les matériaux critiques, nous en avons besoin,
00:12:19 et la Chine a commencé à faire son commerce
00:12:21 et à en sécuriser beaucoup de capacités.
00:12:23 Et pour le commerce, comme je le disais,
00:12:24 les règles sont en train de changer de fait.
00:12:26 Retour à l'état de nature.
00:12:29 Pourtant, on a des objectifs clairs.
00:12:32 On veut produire plus de richesses pour améliorer
00:12:37 notre niveau de vie et créer des emplois pour tous.
00:12:39 On veut garantir le pouvoir d'achat des Européens.
00:12:41 C'est la préoccupation de tous nos compatriotes,
00:12:43 c'est très concret.
00:12:44 C'est l'objectif de notre politique européenne.
00:12:46 On veut décarboner nos économies
00:12:48 et répondre aux défis de la biodiversité et du climat.
00:12:53 On veut assurer notre souveraineté
00:12:56 et donc maîtriser nos chaînes de production stratégiques.
00:12:59 Et on veut conserver une économie ouverte
00:13:01 pour rester une grande puissance commerciale que nous sommes.
00:13:04 Nos objectifs sont clairs, mais nous n'y sommes pas,
00:13:08 et nous ne pouvons pas les tenir avec nos règles actuelles.
00:13:13 Nous n'y sommes pas.
00:13:15 Nous n'y sommes pas parce que nous sommes décalés
00:13:17 par rapport à la recomposition du monde.
00:13:20 Nous n'y sommes pas parce que nous réglementons trop,
00:13:24 nous investissons trop peu
00:13:26 et nous sommes trop ouverts
00:13:29 et ne défendons pas assez nos intérêts.
00:13:31 C'est ça, la réalité.
00:13:33 Donc il faut là aussi bâtir un nouveau paradigme
00:13:37 de croissance et de prospérité
00:13:39 si nous voulons tenir les 5 objectifs que je viens de rappeler.
00:13:42 Parce que si nous faisons avec les règles
00:13:44 de politique de concurrence, de politique commerciale,
00:13:47 de politique monétaire et budgétaire
00:13:49 qui sont les nôtres aujourd'hui, nous n'y arriverons pas.
00:13:53 Et ça se fera avec un ajustement simple,
00:13:56 c'est que nous perdrons la production.
00:13:58 Et pourquoi, là aussi, j'ai le sentiment d'urgence ?
00:14:01 D'abord parce que je vois ce décalage des 30 dernières années
00:14:03 entre l'Europe et les Etats-Unis,
00:14:05 mais parce que la réallocation des facteurs de production
00:14:08 se joue maintenant.
00:14:10 Parce que la question de savoir où seront les technologies vertes,
00:14:14 la question de savoir où seront les capacités
00:14:16 d'intelligence artificielle et des calculs,
00:14:18 elle se joue dans les 5-10 ans qui viennent,
00:14:21 sans doute peut-être plus encore dans les 5
00:14:23 que les 10 ans qui viennent.
00:14:24 Et donc c'est maintenant qu'on doit être au rendez-vous de l'histoire.
00:14:28 Et donc c'est maintenant qu'il nous faut
00:14:31 stopper la surréglementation,
00:14:35 accroître l'investissement, changer nos règles
00:14:37 et mieux protéger nos intérêts.
00:14:40 Voilà l'objectif, voilà le nouveau modèle.
00:14:42 Et au fond, c'est ce pacte de prospérité
00:14:44 qu'il nous faut bâtir.
00:14:46 Et il repose autour de quelques éléments très simples.
00:14:50 D'abord, il faut produire plus et vers.
00:14:53 Et la production décarbonée,
00:14:55 c'est une opportunité de réindustrialisation
00:14:58 et de maintien de nos industries en Europe.
00:15:01 On l'a d'ailleurs vu ces dernières années.
00:15:03 De l'hydrogène au semi-conducteur aux batteries électriques,
00:15:05 la France a recréé de la capacité industrielle
00:15:09 par la transition.
00:15:10 Et donc il faut cesser d'opposer
00:15:12 la décarbonation et la croissance.
00:15:15 Si nous savons le faire et qu'elle passe
00:15:16 par des nouveaux secteurs de l'investissement,
00:15:19 ça fonctionne.
00:15:20 Et c'est ça, le modèle que nous prenons.
00:15:23 Nous sommes en passe de devenir des champions des batteries.
00:15:26 L'objectif de 100% de batterie,
00:15:28 des besoins de batterie en 2030 couverts
00:15:29 par des batteries européennes, nous l'atteindrons.
00:15:32 Et nous rattraperons aussi notre retard dans les semi-conducteurs
00:15:34 avec l'objectif de doublement
00:15:36 de la part de marché de l'Europe d'ici 2030.
00:15:40 Et comme je le disais, les résultats en termes d'emploi
00:15:43 de Dunkerque à Fos, en termes de formation,
00:15:46 de territoires attractifs innovants,
00:15:48 de réduction de nos dépendances sont là.
00:15:50 Et donc la réindustrialisation verte,
00:15:54 c'est l'Europe qui la permet et qui l'accompagne,
00:15:56 et c'est ce qui nous permettra de réavoir des capacités,
00:15:59 d'être aussi le 1er continent zéro pollution plastique,
00:16:03 d'être un continent au coeur de la décarbonation
00:16:06 et de l'électrification.
00:16:09 La 2e condition, c'est la simplification.
00:16:14 Depuis que Jacques Delors a fait le marché intérieur
00:16:15 il y a 30 ans, nous l'approfondissons,
00:16:17 nous l'augmentons par toujours plus d'intégration.
00:16:20 Et c'est une action de bon sens, et le marché unique,
00:16:23 c'est une action de simplification.
00:16:25 C'est passer de 27 systèmes de règles à 1.
00:16:29 Enrico Letta, dans son rapport, vient de nous proposer
00:16:32 de continuer cette modernisation et ce travail
00:16:34 au service de nos compatriotes et de nos entreprises.
00:16:38 Je suis favorable à ce qu'en effet, nous poursuivions
00:16:42 le marché unique sur des secteurs qui avaient été jusque-là
00:16:45 ignorés par celui-ci, l'énergie, les télécommunications,
00:16:48 les services financiers.
00:16:49 C'est indispensable parce que c'est ce qui nous permet
00:16:52 de réduire la fragmentation de nos règles
00:16:54 sur ces grands secteurs et donc de réussir à dégager
00:16:57 plus d'innovation, de réduire les coûts de transaction,
00:17:01 d'avoir plus de capacités, en effet, d'innovation
00:17:03 et d'investissement et de mieux servir nos intérêts.
00:17:08 Il nous faut aussi assumer l'évolution de notre politique
00:17:10 de concurrence pour faire émerger les champions
00:17:12 de l'innovation européen et assumer de soutenir massivement
00:17:15 les entreprises dans nos secteurs stratégiques
00:17:18 avec des nouveaux investissements A27.
00:17:20 J'y reviendrai dans un instant.
00:17:23 Mais la simplification, c'est donc plus de marché unique,
00:17:25 c'est lever les règles qui sont autant de frontières
00:17:30 entre les 27 pour permettre d'avoir pour nos start-up
00:17:33 tout de suite un marché domestique qui est le marché européen.
00:17:36 Parce que sinon, c'est un vrai désavantage compétitif
00:17:39 par rapport à une start-up chinoise ou américaine.
00:17:42 Nous avons cette force, c'est notre marché intérieur,
00:17:44 c'est 450 millions de consommateurs.
00:17:48 Marché unique, c'est un choix de simplification.
00:17:51 Mais il nous faut, en quelque sorte,
00:17:53 mettre aussi fin à l'Europe compliquée.
00:17:55 Il faut bien le dire.
00:17:57 Nous avons bâti des réglementations utiles
00:18:01 qui donnaient des jalons, des repères, des caps,
00:18:03 mais nous avons aussi parfois été beaucoup trop dans le détail,
00:18:08 empêchant aussi les acteurs économiques
00:18:11 de se projeter dans le temps long
00:18:12 et créant des désavantages compétitifs pour nos acteurs
00:18:16 par rapport à leurs compétiteurs internationaux.
00:18:19 Nous devons avoir le courage de l'allègement,
00:18:21 en 1er lieu par une revue des seuils et des obligations
00:18:24 pesant sur les TPE-PME.
00:18:26 Nous devons mieux associer nos entreprises,
00:18:28 nos citoyens à nos territoires en amont,
00:18:30 prendre en compte leurs contraintes
00:18:31 dès l'étape d'élaboration de la norme,
00:18:33 mais aussi dans leur mise en oeuvre.
00:18:35 Nous devons revenir au principe de proportionnalité,
00:18:39 c'est-à-dire plus d'ambition sur les grands enjeux,
00:18:41 plus d'accompagnement, plus de confiance et moins de texte,
00:18:44 et au principe de subsidiarité,
00:18:47 qui permet d'avoir des ambitions des règles européennes
00:18:49 pour ce qui en relève,
00:18:50 mais de laisser de la flexibilité nationale
00:18:53 dans la mise en oeuvre.
00:18:54 Et c'est pourquoi aussi, les prochaines années,
00:18:56 la prochaine mandature devra passer
00:18:59 par plusieurs vagues de simplification
00:19:03 de nos réglementations,
00:19:04 sans rien enlever de nos ambitions et de nos jalons
00:19:06 sur les grands points que nous avons décidés,
00:19:10 mais en simplifiant la mise en oeuvre
00:19:12 et en permettant de mieux accompagner
00:19:14 nos acteurs économiques.
00:19:17 La 3e condition de ce pacte de prospérité,
00:19:19 c'est d'accélérer sur la politique industrielle.
00:19:23 C'était un gros mot il y a encore 7 ans.
00:19:26 Je vous le rappelle.
00:19:27 Politique industrielle,
00:19:29 c'est vraiment pas l'objectif de l'Europe.
00:19:32 Et au moment où beaucoup sont en train de revenir
00:19:33 sur un concept d'ailleurs intéressant
00:19:35 qui est le droit de rester,
00:19:36 c'est la politique industrielle qui y répond.
00:19:39 C'est la possibilité de produire partout sur le sol européen,
00:19:42 là où, en quelque sorte, notre Europe,
00:19:45 qui part trop reposer sur un modèle de compétitivité,
00:19:49 y compris intra-européenne, et de modèle de concurrence,
00:19:52 eh bien, a créé ses propres déséquilibres
00:19:56 que la politique de cohésion n'avait pas suffisamment compensé,
00:19:59 et qui, d'ailleurs, a créé ensuite les déséquilibres démographiques
00:20:01 que connaissent nombre de nos partenaires.
00:20:05 Je crois très profondément que la politique industrielle
00:20:07 est un jalon-clé de notre prospérité
00:20:10 par rapport à l'extérieur,
00:20:11 mais aussi d'un bon aménagement du territoire européen.
00:20:17 Le "Made in Europe" est un sujet
00:20:19 de grande convergence franco-allemande.
00:20:22 Le chancelier Scholz l'a appelé de ses voeux
00:20:24 lors de son discours de Prague en août 2022.
00:20:27 C'est au coeur de notre stratégie depuis 7 ans,
00:20:29 et c'est au coeur de cette stratégie de Versailles
00:20:31 que nous avons bâtie en européen.
00:20:35 Cette politique industrielle,
00:20:38 comme nous l'avons fait ces dernières années en innovant,
00:20:40 j'ai retiré du CHIPS Act,
00:20:43 en passant par tout ce qui a été fait sur les cleantech ou d'autres,
00:20:47 doit avoir des objectifs de production sur le sol européen,
00:20:49 des actions de formation, des investissements communs,
00:20:53 et consolider ce que nous avons déjà fait
00:20:56 sur les secteurs stratégiques,
00:20:58 matières premières stratégiques,
00:21:00 semi-conducteurs, numériques,
00:21:03 santé, où la politique européenne, là aussi,
00:21:06 est une réponse aux besoins de nos compatriotes,
00:21:09 parce que c'est cette politique qui seule va nous permettre
00:21:11 de répondre aux pénuries de médicaments que nous vivons,
00:21:16 et aussi au sujet d'accès aux patients.
00:21:19 Produits alimentaires,
00:21:21 j'y reviendrai en parlant d'agriculture dans un instant.
00:21:23 Et donc, vous le voyez, oui, nous devons continuer
00:21:27 à consolider cette stratégie industrielle sur ces secteurs.
00:21:30 La méthode fonctionne, nous devons l'étendre
00:21:32 aux secteurs stratégiques de demain,
00:21:34 sans attendre que des dépendances se créent.
00:21:37 Décidons maintenant de faire de l'Europe
00:21:39 un leader mondial d'ici 2030
00:21:42 dans 5 secteurs parmi les plus émergents
00:21:44 et les plus stratégiques.
00:21:46 L'intelligence artificielle,
00:21:48 en investissant massivement sur les talents,
00:21:50 mais aussi les capacités de calcul.
00:21:52 On a 3% des capacités de calcul mondial.
00:21:54 Imaginez, nous, Européens, 3%.
00:21:58 Donc c'est un objectif de rattrapage,
00:21:59 mais il nous faut d'ici 2030, 2035,
00:22:02 passer à au moins 20% si nous voulons être des acteurs crédibles.
00:22:06 L'informatique quantique,
00:22:09 l'espace, où il nous faut consolider Ariane 6,
00:22:12 et je le dis au moment où on entend tant et tant de choses,
00:22:14 Ariane 6, c'est la condition d'un accès européen à l'espace.
00:22:18 Nécessité absolue.
00:22:20 Mais il nous faut, au-delà du New Space
00:22:23 aux missions spatiales embarquées,
00:22:24 avoir une Europe de l'ambition spatiale.
00:22:27 Les biotechnologies, évidemment,
00:22:29 et les nouvelles énergies,
00:22:31 hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire.
00:22:34 L'Union européenne doit se doter de stratégies
00:22:36 de financement dédiées sur au moins ces 5 secteurs stratégiques.
00:22:40 Pour cela, on doit avoir les bons instruments.
00:22:43 Donc il faut définir, il faut investir sur ces secteurs,
00:22:46 agir ensemble, mais il faut...
00:22:49 Je disais qu'on ait les bons instruments.
00:22:50 Alors on a commencé à avoir des instruments pertinents.
00:22:53 Ce sont nos fameux projets
00:22:55 importants d'intérêt européen commun,
00:22:57 les PIEC.
00:22:59 Nos industriels les connaissent bien.
00:23:01 Et ils ont été très structurants
00:23:03 quand on a décidé, dès 2018, avec l'Allemagne, d'avancer.
00:23:06 Simplement, là aussi, on doit se resynchroniser.
00:23:10 Post-Inflation Reduction Act
00:23:13 et surinvestissement chinois,
00:23:15 ça ne marche plus.
00:23:17 Parce que c'est trop lent, trop incertain.
00:23:20 Et donc on doit inventer, en quelque sorte,
00:23:23 les nouveaux PIEC, c'est-à-dire qu'on doit donner
00:23:24 de la visibilité à nos industriels,
00:23:27 réduire les délais,
00:23:30 au moins en les divisant par 2,
00:23:33 mais avoir des mécanismes aussi simples
00:23:35 que les mécanismes de crédit d'impôt,
00:23:39 en donnant de la visibilité sur 5 à 10 ans aux industriels,
00:23:42 en répondant dans des délais très rapides, 3 à 6 mois,
00:23:45 et en réussissant sur, justement, les secteurs clés à accompagner.
00:23:50 Mais on le voit bien, dans les secteurs
00:23:51 comme les médicaments critiques ou la chimie,
00:23:53 on perd aujourd'hui des capacités
00:23:55 parce que nos instruments ne sont pas assez rapides,
00:23:57 efficaces, visibles.
00:23:59 Mais nous devons aussi assumer des règles différentes
00:24:02 pour la politique industrielle et la politique de concurrence.
00:24:05 Nous devons insérer dans nos traités
00:24:07 la préférence européenne dans les secteurs stratégiques,
00:24:10 la défense et le spatial.
00:24:13 Parce que, de fait, nos compétiteurs l'ont.
00:24:17 Ils l'ont.
00:24:18 S'il n'y a pas une préférence européenne sur le spatial,
00:24:20 il n'y aura plus de spatial.
00:24:22 Idem sur le nucléaire. Qui a vu le département
00:24:25 de la défense américaine ou de l'énergie américaine
00:24:27 financer un acteur émergent européen ?
00:24:31 J'ai vu beaucoup de start-up américaines
00:24:34 qu'on dit uniquement le fruit de génie spontané d'entrepreneurs
00:24:37 être massivement subventionnés
00:24:40 par une politique institutionnelle américaine.
00:24:42 Faisons la même chose. Nous sommes en compétition.
00:24:45 Préférence européenne dans les secteurs stratégiques,
00:24:47 défense et espace,
00:24:49 et dérogation à la libre concurrence
00:24:51 pour soutenir les secteurs clés en transition.
00:24:54 Sur l'intelligence artificielle, sur les technologies vertes,
00:24:59 c'est indispensable.
00:25:01 C'est la seule chose qui nous permettra de répondre
00:25:03 à la sursubvention chinoise et à la sursubvention américaine.
00:25:09 Parmi les secteurs stratégiques, il y en a 2 sur lesquels
00:25:11 je veux dire quelques mots plus spécifiques,
00:25:13 c'est l'énergie et l'agriculture.
00:25:15 L'énergie, parce que c'est sans doute celui
00:25:19 sur lequel on a le plus de réformes,
00:25:21 mais c'est là où on a besoin
00:25:22 des transformations à venir les plus fondamentales.
00:25:25 Nous devons assumer de construire l'Europe de l'atome
00:25:28 en assumant que le projet Euratome, par ailleurs,
00:25:30 fait partie des ambitions fondatrices
00:25:32 des traités de 1957.
00:25:35 Et les défis sont majeurs, mais on en a besoin.
00:25:38 L'Europe, aujourd'hui, dans ce problème de compétitivité-prix,
00:25:42 un problème de compétitivité-prix sur le facteur travail,
00:25:45 par nos réformes, on essaie d'y répondre,
00:25:48 mais compte tenu de notre modèle social,
00:25:49 on sait qu'on a des limites sur ce point.
00:25:51 Mais on a un problème de compétitivité-prix
00:25:53 sur l'énergie, parce qu'on a des dépendances
00:25:57 et qu'aujourd'hui, nous ne produisons pas
00:25:59 des hydrocarbures fossiles.
00:26:00 Plus vite nous ferons la transition,
00:26:02 plus vite nous retrouverons cette compétitivité.
00:26:05 Et donc, oui, l'énergie décarbonée produite en Europe,
00:26:09 c'est la clé de la réconciliation,
00:26:12 climat, souveraineté, création d'emplois.
00:26:14 Et donc, il nous faut une stratégie combinée,
00:26:16 efficacité énergétique,
00:26:19 déploiement du renouvelable et déploiement du nucléaire.
00:26:23 C'est ce qui fera de l'Europe
00:26:25 une véritable puissance électrique.
00:26:28 Et c'est ça, la clé.
00:26:30 Et aujourd'hui, nous avons commis des erreurs
00:26:32 ces dernières années en commençant déjà
00:26:35 à fragmenter le marché européen de l'hydrogène ou de l'électrique.
00:26:39 On doit être absolument sur la neutralité technologique.
00:26:42 Au fond, il nous faut bâtir une Europe
00:26:44 avec de la libre circulation des électrons décarbonés.
00:26:47 Pardon de le dire comme ça,
00:26:48 mais c'est exactement ce qu'il faut faire.
00:26:49 Qu'importe qu'il soit produit avec du renouvelable ou du nucléaire,
00:26:52 on s'en fiche.
00:26:53 Si, sur le sol européen,
00:26:55 on sait produire des électrons décarbonés,
00:26:57 c'est une chance.
00:26:59 Parce que ça évite l'électron carboné
00:27:02 et ça évite celui qu'on importe.
00:27:04 Et donc, il nous faut la neutralité technologique,
00:27:08 il nous faut assumer de construire
00:27:10 beaucoup plus de capacités en renouvelable et nucléaire,
00:27:12 il nous faut consolider cette alliance du nucléaire
00:27:14 que nous avons bâtie et qui rassemble
00:27:16 une quinzaine d'Etats membres,
00:27:18 assumer cette Europe de l'atome
00:27:19 et investir dans les interconnexions électriques en Europe.
00:27:23 C'est ça, la clé.
00:27:24 Pour que partout en Europe, les industriels
00:27:26 comme les particuliers puissent faire des contrats
00:27:28 qui ont de la visibilité et qui sécurisent
00:27:31 de la fourniture d'électricité qui sera à bas coût,
00:27:37 qui sera produite sur le sol européen
00:27:39 et qui sera décarbonée.
00:27:41 L'autre élément sur lequel, le secteur stratégique
00:27:43 sur lequel je voulais revenir, c'est l'agriculture.
00:27:46 Nous en avons beaucoup parlé de manière un peu défensive
00:27:48 compte tenu de la colère qui s'est exprimée.
00:27:51 Mais la colère de nos agriculteurs
00:27:52 n'a pas été une colère contre l'Europe.
00:27:54 Ils le savent ô combien, en particulier en France,
00:27:56 où l'Europe, c'est près de 10 milliards d'euros
00:27:59 de subventions à notre agriculture,
00:28:01 où c'est le seul marché pertinent.
00:28:03 Nous qui avons aussi une agriculture
00:28:05 qui est une puissance exportatrice.
00:28:07 L'être colère, c'était une colère
00:28:09 contre la surréglementation, la complexité,
00:28:11 les normes aberrantes,
00:28:13 la mauvaise application du droit européen et français.
00:28:17 Et donc, il y a eu un très gros effort
00:28:19 fait par le Premier ministre et les ministres sur ce sujet
00:28:21 pour bâtir une feuille de route
00:28:23 qui est déjà plus de 3/4 appliquée,
00:28:27 qui est de simplification
00:28:28 et qui est justement d'accompagnement.
00:28:31 Mais l'Europe est créée en matière agricole
00:28:34 parce que là aussi, c'est un sujet
00:28:36 de politique industrielle et de souveraineté.
00:28:39 Je le disais dès la période Covid.
00:28:41 Qui serait assez fou pour déléguer son alimentation ?
00:28:44 Nous n'avons pas le droit de laisser s'installer
00:28:47 des dépendances alimentaires.
00:28:49 Nous en avions déjà, on a commencé à les réparer,
00:28:51 en particulier sur les protéines animales,
00:28:53 qui était un vieux choix géostratégique d'après-guerre
00:28:59 où nous l'avions délégué, en quelque sorte,
00:29:00 à d'autres continents.
00:29:02 Mais nous devons continuer absolument
00:29:04 de consolider notre souveraineté alimentaire.
00:29:07 Et il est insensé, quand j'entends tellement de collègues,
00:29:10 que l'agriculture soit à chaque fois
00:29:11 la variable d'ajustement des contrats commerciaux.
00:29:14 Non. Non.
00:29:17 On a besoin de produire notre alimentation,
00:29:19 de continuer à importer, exporter,
00:29:20 de le faire de manière ouverte.
00:29:22 Mais on a besoin de ne pas dépendre.
00:29:26 Le jour où vous serez totalement dépendant
00:29:29 sur la protéine végétale,
00:29:31 le jour où vous serez totalement dépendant
00:29:33 sur une partie de votre alimentation en européen,
00:29:35 bon courage, alors on aura beau jeu
00:29:37 d'avoir expliqué qu'on a recréé de la souveraineté
00:29:39 sur les semis conducteurs ou le reste.
00:29:40 Vous imaginez, on ira devant nos compatriotes en disant
00:29:43 "On a tout bien fait."
00:29:44 Simplement, on pensait que l'alimentation,
00:29:45 ça circulerait toujours librement.
00:29:49 Il y a une géopolitique aussi de l'alimentation.
00:29:54 Et donc l'agriculture, c'est une question de souveraineté,
00:29:56 d'emploi, de production.
00:29:58 On a besoin d'une PAC forte, simplifiée,
00:30:00 qui diminue la complexité et la charge administrative.
00:30:03 Mais on a besoin, pour notre agriculture
00:30:05 comme pour notre pêche, d'accompagner les transitions
00:30:08 de manière durable, d'accompagner le changement des pratiques,
00:30:11 la sortie des phytosanitaires
00:30:12 partout où il y a des solutions technologiques,
00:30:14 de renouveler nos flottes de pêche pour les décarboner,
00:30:17 comme on l'a fait encore récemment pour nos Outre-mer.
00:30:20 Mais on a très clairement besoin de défendre ce secteur
00:30:24 et d'assumer une politique
00:30:27 de meilleure information du consommateur,
00:30:30 d'accompagnement pour gérer justement
00:30:33 l'impact climatique et environnemental,
00:30:35 mais aussi de protéger contre les pratiques déloyales
00:30:38 de nos producteurs, et de les protéger
00:30:40 avec une vraie mise en oeuvre homogène au niveau européen,
00:30:44 c'est ce que nous réclamons à travers
00:30:46 des autorités sanitaires et de contrôle européennes,
00:30:48 qui évitent les pratiques déloyales entre Européens,
00:30:51 et une vraie force douanière européenne
00:30:53 qui fait que les produits qu'on importe
00:30:54 et qui, parfois, sont juste ré-étiquetés dans un port
00:30:57 pour ensuite revenir sur le marché européen,
00:30:59 on s'assure qu'ils aient bien les mêmes règles de production
00:31:01 que nous lorsque c'est imposé.
00:31:03 Ca, c'est la clé d'une politique industrielle ambitieuse.
00:31:09 Ca me conduit au 4e aspect de ce pacte de prospérité.
00:31:13 C'est la révision de notre politique de commerce.
00:31:17 Et c'est là où il y a sans doute un des changements de paradigme
00:31:19 à mes yeux les plus fondamentaux.
00:31:22 L'ouverture, oui, mais en défendant nos intérêts.
00:31:24 Et je le disais, ça peut pas marcher
00:31:27 si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce
00:31:30 telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans.
00:31:32 Si les Chinois et les Américains ne les respectent plus
00:31:34 en sursubventionnant les secteurs critiques,
00:31:37 on peut pas être les seuls à le faire.
00:31:39 Ca va pas marcher.
00:31:40 Et d'ailleurs, ça ne marche pas.
00:31:43 Et nous sommes, à cet égard-là aussi,
00:31:46 trop naïfs ou avec une culture trop faible.
00:31:48 On a un vrai levier.
00:31:49 Nous sommes un marché de 450 millions de consommateurs.
00:31:53 C'est une force immense.
00:31:54 Et donc, on doit bien protéger notre santé
00:31:58 en appliquant strictement nos standards sanitaires.
00:32:00 On doit protéger notre modèle social
00:32:03 en impliquant, là aussi, nos standards sociaux.
00:32:06 Et on doit protéger nos ambitions climatiques
00:32:08 en défendant nos standards environnementaux.
00:32:11 Sinon, nous allons inventer un continent
00:32:15 qui surcontraint les producteurs sur son sol
00:32:18 et, par sa politique commerciale,
00:32:20 lève les contraintes sur les produits qu'il importe.
00:32:23 C'est formidable. On va devenir un marché de consommateurs
00:32:27 où il n'y aura plus de producteurs conformes à nos objectifs
00:32:30 et qui sera, par les dépendances ainsi créées,
00:32:33 obligé de consommer des produits qui ne respectent pas nos normes.
00:32:37 C'est ça, la réalité.
00:32:39 Donc, si on veut être cohérent avec nos ambitions,
00:32:41 on a besoin de réajuster très profondément
00:32:44 notre politique commerciale. On a commencé à le faire.
00:32:47 Le CETA qu'on a conclu avec les Canadiens,
00:32:49 par le travail qu'on a fait,
00:32:51 par, justement, ce qu'on a ajusté, est un bon accord.
00:32:54 Je le dis parce qu'il faut céder à aucune démagogie.
00:32:58 Et je suis chagrin de ce que j'ai pu voir,
00:32:59 y compris dans le débat français ces dernières semaines.
00:33:03 Il ne faut pas qu'on tombe vers le rejet
00:33:04 de tout accord commercial, parce que là, bon courage,
00:33:07 bienvenue à la démagogie.
00:33:08 Tous ceux qui nous expliquent que le commerce est mauvais
00:33:11 iront expliquer à tous nos agriculteurs
00:33:13 qu'ils sont gagnants avec le CETA face au Canada.
00:33:15 Mais pourquoi on est gagnants sur le CETA ?
00:33:19 Parce que, justement, on a mis des clauses miroirs.
00:33:22 Parce que, justement, c'est un accord commercial
00:33:24 de nouvelle génération qui permet à nos producteurs de fromage,
00:33:27 de lait, d'exporter vers le Canada.
00:33:29 Mais qu'il y avait des normes différentes sur la viande,
00:33:33 à éviter l'importation, justement, de cette viande
00:33:35 qui ne respectait pas les normes européennes.
00:33:39 Mais nous ne sommes pas pour la fermeture.
00:33:41 La fermeture, elle serait décroissante
00:33:44 pour les industriels, les agriculteurs,
00:33:46 les producteurs européens.
00:33:47 On est pour la concurrence loyale
00:33:49 et donc une politique commerciale revue comme on l'a fait,
00:33:52 là aussi, avec la Nouvelle-Zélande.
00:33:55 Les accords de commerce moderne et juste
00:33:57 sont ceux où le respect de l'accord de Paris sur le climat
00:34:00 est une clause essentielle, qui inclut des clauses fortes
00:34:02 sur les conditions de production de certains biens sensibles,
00:34:05 notamment agricoles,
00:34:06 ce qui est toute la différence, en particulier,
00:34:08 avec le projet d'accord Mercosur d'ancienne génération,
00:34:11 tel qu'il a été jusqu'ici négocié.
00:34:14 Nous devons systématiser le recours
00:34:16 à des instruments de concurrence loyale.
00:34:18 Nous devons intégrer des clauses miroirs
00:34:20 dans nos accords commerciaux.
00:34:22 Nous devons lancer une grande stratégie de réciprocité
00:34:25 pour imposer les mesures miroirs dans les nouvelles normes européennes
00:34:28 et passer en revue les normes existantes.
00:34:31 Nous devons, ce faisant aussi,
00:34:32 afficher l'empreinte carbone des produits
00:34:35 pour qu'elle soit connue des consommateurs
00:34:37 qui réaliseront alors que le "made in Europe"
00:34:39 est presque toujours meilleur pour la planète.
00:34:42 Et soyons clairs, si un bien ne respecte pas les normes clés,
00:34:46 alors il ne doit pas pouvoir entrer sur le sol de l'Union
00:34:49 comme si de rien n'était.
00:34:51 Des règles claires, un contrôle clair aussi
00:34:53 avec des forces douanières communes.
00:34:55 C'est ça, la politique commerciale, qui est la seule crédible
00:34:58 et qui, là aussi, est en quelque sorte
00:35:00 une juste protection de nos frontières
00:35:03 et de nos producteurs pour ne pas céder,
00:35:06 sinon, à la désindustrialisation.
00:35:09 La taxe carbone en frontière est un outil qui ouvre la voie.
00:35:12 Nous devons l'étendre, le compléter, l'améliorer
00:35:14 pour qu'il ne puisse pas être contourné
00:35:16 et qu'il touche les produits transformés.
00:35:18 Et il nous faut enfin renforcer nos instruments
00:35:21 de sécurité économique.
00:35:23 C'est ce que j'avais évoqué
00:35:25 aux côtés du Premier ministre Routeux à l'AE,
00:35:28 c'est-à-dire la sécurité de nos emplois,
00:35:30 de nos entreprises, de notre création,
00:35:32 mieux protéger notre propriété industrielle et intellectuelle,
00:35:36 mieux filtrer les investissements extra-européens
00:35:38 dans les secteurs sensibles,
00:35:40 mieux nous protéger contre les attaques physiques,
00:35:42 par exemple, contre nos câbles sous-marins
00:35:44 et télécommunications,
00:35:46 ou aussi nos constellations européennes de satellites
00:35:48 comme Galiléo, Copernicus ou demain IRIS.
00:35:52 La sécurité économique est aussi au coeur
00:35:55 de cette stratégie commerciale.
00:35:58 Le 5e pilier de cette prospérité commune,
00:36:01 c'est la bataille pour l'innovation et la recherche.
00:36:04 En effet, on doit avant tout avoir une obsession
00:36:08 qui est celle de la productivité.
00:36:11 Et pour ça, il faut être une grande puissance
00:36:12 d'innovation, de recherche.
00:36:15 Alors, nous sommes, pour beaucoup de nos pays,
00:36:18 et je parle dans ce lieu de savoir,
00:36:19 d'ores et déjà une telle puissance.
00:36:22 Mais il nous faut former encore plus de talents,
00:36:24 il nous faut surtout les garder dans nos laboratoires,
00:36:26 nos universités, nos grands centres,
00:36:27 et en attirer d'autres.
00:36:29 Et il faut bien le voir,
00:36:31 à cet égard, les risques existent.
00:36:34 La concurrence américaine, mais aussi asiatique, est là.
00:36:38 Pour cela, il nous faut réaffirmer l'objectif
00:36:41 de 3% du PIB européen consacré à la recherche.
00:36:43 Il est prioritaire.
00:36:45 Nous avons réinvesti, nous, Français,
00:36:47 et nous devons encore continuer l'effort
00:36:50 sur le plan du financement public,
00:36:51 mais surtout du financement privé,
00:36:53 avec des recherches partenariales supplémentaires.
00:36:56 Mais partout en Europe, on doit maintenant consolider
00:36:58 et montrer que c'est un élément clé
00:37:00 de ce pacte de prospérité.
00:37:02 Le programme Horizon Europe, que nos chercheurs connaissent bien,
00:37:04 doit être renforcé en se concentrant
00:37:06 sur les programmes les plus efficaces,
00:37:08 notamment le Conseil européen de la recherche.
00:37:11 Changer de paradigme dans le domaine,
00:37:12 c'est aussi oser à nouveau des prises de risques.
00:37:15 Le Conseil européen de l'innovation
00:37:17 a permis, justement, de franchir des nouveaux caps
00:37:19 ces dernières années, mais on doit aller beaucoup plus loin
00:37:21 sur les innovations de rupture.
00:37:23 Et il nous faut assumer d'aller jusque cette DARPA européenne,
00:37:26 dont nous ne sommes pas encore pleinement dotés,
00:37:29 mais qui, avec les meilleures équipes scientifiques
00:37:31 dans chaque discipline,
00:37:32 en assumant des prises de risques
00:37:34 et donc des pertes de capital quand les projets ne fonctionnent pas,
00:37:36 parce que c'est la clé même des projets de recherche en rupture,
00:37:40 eh bien, d'assumer d'être un continent
00:37:43 qui investit dans l'innovation de rupture
00:37:45 et la recherche fondamentale la plus avancée.
00:37:49 C'est par ces découvertes, en effet,
00:37:50 que les ordinateurs quantiques, les matériaux de demain,
00:37:52 les puces électroniques, les batteries basse consommation
00:37:56 pourront repositionner l'Europe
00:37:58 sur la carte géopolitique de la croissance.
00:38:02 Et qu'il s'agisse de la sortie des produits phytosanitaires,
00:38:05 qu'il s'agisse, justement, de répondre à cet objectif
00:38:09 d'une santé et donc du lien environnement-santé humaine,
00:38:12 qu'il s'agisse d'apporter une vraie réponse
00:38:15 avec un plan européen de recherche et d'investissement
00:38:17 pour les traitements contre les cancers,
00:38:19 la maladie d'Alzheimer et les maladies neurodégénératives
00:38:22 ou les maladies rares et orphelines,
00:38:24 l'Europe est le bonne échelle sur ces grands sujets de recherche
00:38:27 de réinvestissement et de programme commun.
00:38:30 Il nous faut donc des objectifs clairs et ambitieux.
00:38:33 Et la clé, c'est la formation
00:38:38 et la capacité de garder et d'attirer nos talents.
00:38:43 J'ai beaucoup parlé de ressources rares, de matériaux critiques,
00:38:46 mais sans doute, demain encore plus qu'aujourd'hui,
00:38:48 la ressource la plus rare est le capital humain, les talents.
00:38:53 Et c'est pourquoi cette politique de formation, de recherche,
00:38:56 d'enseignement supérieur
00:38:57 est absolument déterminante pour notre Europe.
00:39:00 Elle doit s'accompagner, évidemment, aussi,
00:39:01 d'une politique de déploiement et de développement
00:39:04 de nos start-up,
00:39:05 avec ce que nous avons commencé à lancer
00:39:06 avec Scale up Europe,
00:39:08 du talent, du capital,
00:39:09 pour, justement, être un continent d'innovation.
00:39:12 Et la dernière condition de ce pacte de prospérité,
00:39:15 c'est précisément la capacité à investir.
00:39:20 Pardon de le dire comme ça, l'argent.
00:39:23 Et oui, nous avons aujourd'hui en Europe
00:39:28 des règles du jeu qui ne sont plus adaptées.
00:39:31 Parce que si on prend la défense et la sécurité,
00:39:33 l'intelligence artificielle,
00:39:36 la décarbonation de nos économies et les cleantech,
00:39:38 nous avons un mur d'investissement.
00:39:41 Alors, tous les chiffres ont été articulés
00:39:42 selon les rapports.
00:39:44 Enfin, je lis tous les rapports,
00:39:46 je regarde ce que M. l'Etat, M. Draghi
00:39:48 sont en train d'écrire, ce que la Commission a pu écrire.
00:39:51 Il y a un consensus, tout le monde dit,
00:39:53 c'est entre 650 et 1 000 milliards par an de plus.
00:39:57 C'est beaucoup.
00:40:00 Et on ne peut pas différer cet investissement.
00:40:07 Parce qu'on ne peut pas remettre à 2 mains notre sécurité.
00:40:11 On ne peut pas pleurer sur le lait répandu.
00:40:13 On ne peut pas remettre à 2 mains ces investissements,
00:40:15 parce que c'est maintenant qu'ils se font.
00:40:17 Et que les décisions d'investissement
00:40:19 se font là ou pas.
00:40:21 Donc c'est maintenant, dans la décennie qu'il y a,
00:40:23 qu'il faut faire cet investissement massif.
00:40:26 Et on est en retard par rapport aux Etats-Unis et à la Chine.
00:40:30 Alors cet investissement massif,
00:40:32 il doit, en quelque sorte, là aussi,
00:40:34 passer par un changement de paradigme
00:40:37 de nos règles collectives.
00:40:39 Il y a une 1re chose qui me semble caduque.
00:40:41 On ne peut pas avoir une politique monétaire
00:40:43 dont le seul objectif est un objectif d'inflation.
00:40:46 Qui plus est, dans un environnement économique
00:40:49 où la décarbonation est un facteur
00:40:51 d'augmentation des prix structurels.
00:40:53 Nous devons lever le débat théorique et politique
00:40:58 de savoir comment intégrer dans les objectifs
00:41:01 de la Banque centrale européenne,
00:41:03 au moins un objectif de croissance,
00:41:05 voire un objectif de réduction de la dette.
00:41:09 Un objectif de décarbonation, en tout cas de climat
00:41:12 pour nos économies.
00:41:13 C'est absolument indispensable.
00:41:16 La 2e chose, c'est qu'il nous faut évidemment
00:41:19 accroître nos capacités d'investissement en commun.
00:41:23 On a besoin, je le disais, d'investir plusieurs centaines
00:41:25 de milliards d'euros par an en plus.
00:41:29 Alors la réponse qu'on a eue en Européens ces dernières années,
00:41:31 elle a été de donner des flexibilités nationales,
00:41:34 les aides d'Etat.
00:41:35 Et c'est pas une réponse durable,
00:41:37 mais elle fragmente le marché unique.
00:41:39 Elle est contradictoire avec ce que je vous disais tout à l'heure.
00:41:41 Il nous faut de la capacité commune.
00:41:43 Et donc il nous faut à nouveau un choc d'investissement commun,
00:41:47 un grand plan d'investissement collectif,
00:41:51 budgétaire. Ce sont des subventions qu'il nous faut.
00:41:53 Alors je ne veux pas ici préempter des choses
00:41:55 et je veux qu'elles soient concertées
00:41:56 avec tous nos partenaires.
00:41:58 Est-ce que c'est une capacité d'emprunt commun ?
00:41:59 Est-ce que c'est utiliser des mécanismes
00:42:01 qui existent aujourd'hui, mécanismes européens
00:42:03 de stabilité ou autres ?
00:42:05 Mais au fond, il nous faut réussir à doubler
00:42:09 la capacité d'action financière de notre Europe,
00:42:11 au moins la doubler en budgétaire.
00:42:14 Et donc il nous faut, voilà,
00:42:15 ce choc d'investissement public
00:42:17 pour investir de l'argent public sur ces secteurs.
00:42:20 Ce qui supposera de rouvrir la question si délicate
00:42:23 des ressources propres de l'Union.
00:42:25 J'y suis favorable et je pense qu'on doit avoir
00:42:27 des ressources propres supplémentaires
00:42:29 sans jamais peser sur les citoyens européens.
00:42:32 Taxe carbone aux frontières,
00:42:33 recette du système européen d'échange de quotas carbone,
00:42:36 taxer les transactions financières comme le fait la France,
00:42:39 imposer les bénéfices des multinationales,
00:42:41 là où ils sont réellement réalisés,
00:42:43 et utiliser les ressources issues d'ETIAS,
00:42:47 la taxe payée par les ressortissants extra communautaires
00:42:50 lorsqu'ils entrent sur le sol de l'Union.
00:42:51 Il y a des tas de ressources propres
00:42:53 qui ne touchent pas les ressortissants européens
00:42:55 qui sont à utiliser pour ce budget.
00:42:58 Et puis, au-delà de la politique monétaire,
00:42:59 au-delà de notre politique budgétaire commune,
00:43:02 qui doit être beaucoup plus ambitieuse et forte
00:43:05 par ce plan de 1 000 milliards supplémentaires,
00:43:09 il nous faut davantage mobiliser l'investissement privé
00:43:14 et nos capacités de financement privé.
00:43:16 Chaque année, notre Europe,
00:43:18 elle a 2 défauts, principalement.
00:43:21 Je dirais même 3.
00:43:23 Le 1er, c'est qu'elle fait beaucoup d'épargne.
00:43:25 Nous accumulons de l'épargne.
00:43:27 Nous sommes un continent très riche.
00:43:28 On a des acteurs très compétitifs.
00:43:31 Mais parce que notre système de marché des capitaux
00:43:33 n'est pas intégré, cette épargne ne va pas
00:43:35 dans les bons secteurs et les bons endroits.
00:43:37 Premier défaut.
00:43:38 2e défaut, on ne va pas assez sur le risque.
00:43:41 Parce que nous avons une économie qui est très intermédiaire.
00:43:43 75% passent par les banques et les assurances.
00:43:46 Et on leur a mis des règles qui ne leur permettent pas
00:43:48 d'aller sur les fonds propres. Et le risque.
00:43:50 3e défaut, chaque année, notre épargne,
00:43:54 à hauteur d'environ 300 milliards d'euros par an,
00:43:57 va financer les Américains.
00:44:00 En tout cas, le non-européen et surtout les Américains.
00:44:02 Que ce soit d'ailleurs les bons du trésor
00:44:04 ou le risque en capital.
00:44:07 C'est une aberration.
00:44:08 Et donc, il nous faut répondre à ces 3 aberrations
00:44:11 en ayant un vrai marché de l'épargne et de l'investissement.
00:44:14 C'est-à-dire réussir à créer les éléments de solidarité
00:44:17 pour que ça fonctionne, que nos faux d'investissement,
00:44:20 que l'ensemble de nos acteurs des marchés de capitaux
00:44:22 fassent circuler les épargnes
00:44:23 pour qu'elles soient bien allouées dans notre économie.
00:44:26 Alors, on essaie d'avancer, on a commencé.
00:44:29 Et je pense qu'il faut se donner 12 mois, pas plus,
00:44:33 parce que ça fait trop d'années qu'on le promet.
00:44:35 Et soit dans les 12 mois, on arrive à bâtir un système
00:44:38 avec supervision unique, règles communes de faillite
00:44:42 et des éléments de convergence de fiscalité
00:44:44 pour bâtir un système assez comparable
00:44:46 à ce qu'on a fait sur la supervision bancaire.
00:44:48 Soit, comme certains le proposent,
00:44:50 il faut peut-être concevoir un système
00:44:52 comme on l'a fait sur la concurrence,
00:44:54 qui permet d'avoir des systèmes d'évocation plus souples,
00:44:57 mais qui permet d'avoir de l'union et de créer, en tout cas,
00:44:59 de la circulation.
00:45:00 Je ne veux pas préempter la solution technique,
00:45:03 mais on a besoin de créer cette union indispensable
00:45:06 pour pouvoir faire circuler le capital.
00:45:08 La 2e, il nous faut, là aussi,
00:45:11 réviser l'application telle qu'elle est faite
00:45:13 de BAL et de Solvency.
00:45:15 Nous ne pouvons pas être le seul espace économique
00:45:18 au monde qui l'applique.
00:45:19 Les Américains, qui étaient la source
00:45:21 de la crise financière de 2008-2010,
00:45:24 ont fait le choix de ne pas l'appliquer à leurs acteurs.
00:45:27 Je ne suis pas pour tout enlever, je ne suis pas pour retrouver
00:45:29 une culture de l'irresponsabilité financière.
00:45:31 Je suis juste pour qu'on remette de la culture de risque
00:45:34 dans la gestion de notre épargne.
00:45:36 S'il n'y a pas de culture de risque,
00:45:37 il ne peut pas y avoir d'investissement
00:45:38 dans la recherche, dans l'innovation,
00:45:40 dans les start-up, dans nos entreprises.
00:45:43 Et puis, je suis pour installer, là aussi,
00:45:47 des produits, des solutions européennes
00:45:49 pour que notre épargne puisse aller
00:45:51 vers le financement de notre économie.
00:45:55 Un vrai marché unique, une union de l'épargne et d'investissement,
00:45:59 un assouplissement des règles qui chassent le risque
00:46:02 et des produits européens qui nous permettent
00:46:05 d'éviter cette fuite.
00:46:06 Vous l'avez compris, ce que je dessine, là,
00:46:08 c'est véritablement aussi un nouveau modèle
00:46:12 de croissance, de prospérité,
00:46:15 qui passe par la simplification,
00:46:18 assumer une politique de décarbonation industrielle
00:46:21 massive, un changement profond
00:46:23 de notre politique industrielle, concurrentielle
00:46:25 et commerciale, surtout,
00:46:27 une vraie politique de recherche d'innovation
00:46:29 encore plus ambitieuse,
00:46:30 et ce changement de notre paradigme
00:46:34 monétaire, budgétaire et financier.
00:46:37 Alors, pour conclure, pourquoi faire tout cela ?
00:46:42 Je disais au début que notre Europe pouvait mourir.
00:46:45 Elle peut mourir si elle ne tient pas ses frontières,
00:46:47 elle ne sait pas répondre aux risques extérieurs
00:46:49 en termes de sécurité.
00:46:50 Elle peut mourir si elle se met à dépendre des autres
00:46:53 et elle ne peut produire pour créer ses richesses
00:46:56 et les redistribuer.
00:46:58 Mais elle est dans un moment où elle peut mourir d'elle-même.
00:47:01 Parce que nous retrouvons un temps que notre Europe a connu.
00:47:04 Peter Sutterdijk le décrit très bien
00:47:06 dans les conférences qu'il est en train de faire
00:47:07 au Collège de France,
00:47:09 avec ce pessimisme
00:47:13 un peu ironique qu'on lui connaît,
00:47:16 en disant que nous retrouvons ces moments
00:47:17 où l'Europe pense son déclin, doute d'elle-même.
00:47:22 A nouveau, notre Europe ne s'aime pas.
00:47:25 Quand on voit tout ce qu'elle a fait et ce qu'on lui doit,
00:47:28 c'est étrange, mais c'est ainsi.
00:47:33 Ce serait trop long ici de dire qu'il y a en fait
00:47:36 dans notre Europe, structurellement,
00:47:37 toujours ce doute sur elle-même.
00:47:39 Nous sommes le continent, la civilisation,
00:47:42 qui a sans doute inventé le doute et le questionnement sur soi,
00:47:47 la culture de l'aveu.
00:47:49 Et je crois qu'il y reviendra lui-même dans ses conférences.
00:47:53 Et nous sommes pris à des doutes aussi
00:47:55 parce que notre démocratie est bousculée,
00:48:00 comme je le disais tout à l'heure dans ces règles,
00:48:01 parce que notre déclin démographique
00:48:04 est une source d'inquiétude très profonde.
00:48:08 Et donc le risque pour notre Europe,
00:48:13 ce serait en quelque sorte de s'habituer à cette dépréciation.
00:48:17 Et c'est pourquoi ce que je veux aujourd'hui vous proposer,
00:48:20 en quelque sorte, la promesse que je voudrais sceller,
00:48:23 c'est d'essayer quand même de défendre
00:48:25 cet humanisme européen qui nous lie.
00:48:28 Si on veut protéger nos frontières,
00:48:29 si on veut rester un continent fort qui produit et qui crée,
00:48:32 c'est quand même parce qu'on n'est pas comme les autres.
00:48:36 Et il ne faut jamais l'oublier.
00:48:37 Nous ne sommes pas comme les autres.
00:48:40 Camus avait cette phrase magnifique,
00:48:41 cette lettre à un ami allemand.
00:48:43 "Notre Europe est une aventure commune
00:48:44 "que nous continuons à faire malgré vous
00:48:47 "dans le vent de l'intelligence."
00:48:49 C'est ça, l'Europe.
00:48:50 C'est une aventure qu'on continue à faire
00:48:53 malgré tout ce qui doute dans le vent de l'intelligence.
00:48:56 Et qu'est-ce que ça veut dire ?
00:48:57 Ca veut dire qu'être européen,
00:48:58 c'est pas simplement habiter une terre.
00:49:01 De la Baltique à la Méditerranée
00:49:04 ou de l'Atlantique à la mer Noire.
00:49:06 C'est défendre une certaine idée de l'homme
00:49:09 qui place l'individu libre, rationnel
00:49:11 et éclairé au-dessus de tout.
00:49:14 Et c'est de se dire que de Paris à Varsovie
00:49:16 et de Lisbonne à Odessa,
00:49:18 nous avons un rapport
00:49:20 unique à la liberté et à la justice.
00:49:24 Nous avons toujours fait le choix
00:49:27 de mettre l'homme au sens générique au-dessus de tout.
00:49:31 Et de la Renaissance aux Lumières
00:49:33 jusqu'à la sortie des totalitarismes,
00:49:34 c'est ça qui a constitué l'Europe.
00:49:36 C'est le choix constamment réitéré
00:49:39 et qui nous différencie des autres.
00:49:41 Ca n'est pas un choix naïf
00:49:43 qui consiste à déléguer nos vies
00:49:46 à des grands acteurs industriels
00:49:47 sous prétexte qu'ils sont très forts.
00:49:49 Pas conforme avec le choix européen et l'humanisme européen.
00:49:52 C'est un choix qui refuse de déléguer nos vies
00:49:55 à des puissances de contrôle étatique
00:49:57 qui ne respecteraient pas la liberté de l'individu rationnel.
00:50:00 C'est une confiance dans l'individu libre doté de raison.
00:50:04 C'est une confiance dans le savoir,
00:50:06 la liberté,
00:50:08 la culture. Et c'est une tension constante
00:50:13 entre une tradition aidée
00:50:15 des permanences et une modernité.
00:50:21 C'est un déséquilibre être européen.
00:50:23 Et c'est cela qu'il nous faut défendre.
00:50:25 Cet humanisme si fragile,
00:50:27 mais qui nous distingue des autres.
00:50:30 Et je veux ici plaider que ça se joue maintenant.
00:50:34 Nous devons le défendre parce que, je le disais,
00:50:36 la démocratie libérale n'est pas un acquis.
00:50:39 Je le dis dans cette journée si importante,
00:50:42 et j'ai une pensée pour nos amis portugais,
00:50:43 50 ans, jour pour jour, après la révolution des oeillers,
00:50:46 la liberté se conquiert.
00:50:48 Et partout sur notre continent, elle s'est, justement,
00:50:50 à force de combats,
00:50:52 construite, y compris jusqu'au début de ce siècle.
00:50:57 Nous n'oublions jamais. Elle n'est pas un acquis.
00:51:00 Elle interdit de rester paresseuse.
00:51:03 Et c'est pourquoi il nous faut continuer de défendre
00:51:06 ce qui est constitutif de l'Etat de droit.
00:51:08 La séparation des pouvoirs,
00:51:10 le droit des oppositions et des minorités,
00:51:12 la justice indépendante, la presse libre,
00:51:15 les universités autonomes et la liberté académique.
00:51:19 Elle est reniée dans trop de pays d'Europe.
00:51:22 C'est pourquoi je défends ici la conditionnalité budgétaire
00:51:26 liée à l'Etat de droit dans le versement des fonds de l'Union.
00:51:29 Et nous devons encore la renforcer
00:51:31 avec des procédures de constat et de sanctions
00:51:33 quand il y a des violations graves.
00:51:34 L'Europe n'est pas un guichet
00:51:37 dans lequel on accepte en quelque sorte
00:51:40 de choisir les principes.
00:51:42 C'est pourquoi aussi nous devons renforcer
00:51:46 notre capacité à lutter contre les ingérences et la propagande,
00:51:50 en particulier en ces temps électoraux.
00:51:51 Nos amis tchèques l'ont vécu,
00:51:53 comme nos amis belges l'ont dénoncé.
00:51:55 Mais nous avons aujourd'hui un retour sur notre sol
00:51:59 par des chaînes de télévision, par les réseaux sociaux,
00:52:01 par l'utilisation d'une forme de naïveté de nos règles
00:52:05 qui étaient faites pour des acteurs qui respectaient
00:52:07 en quelque sorte la civilité démocratique.
00:52:10 Mais il y a un retour de la propagande,
00:52:12 des fausses informations qui viennent bousculer
00:52:14 nos démocraties libérales et prônent un autre modèle.
00:52:17 Nous devons, sur ce sujet, lutter contre celles-ci,
00:52:20 imposer la pleine transparence
00:52:22 et surtout interdire ces contenus
00:52:25 lorsqu'ils viennent déstabiliser des élections.
00:52:27 Pour autant, il y a toutes les raisons d'être optimistes.
00:52:33 Quand on voit la Pologne,
00:52:35 qui, il y a encore quelques mois,
00:52:37 alors que d'aucuns nous disaient que tout était joué,
00:52:40 a non seulement connu la plus grande participation
00:52:45 de son histoire à un vote démocratique,
00:52:47 mais a rechoisi un parti tout à la fois patriote
00:52:50 et défendant la démocratie libérale.
00:52:52 Et donc, il nous faut porter ce combat
00:52:53 de la démocratie libérale,
00:52:56 de l'ouverture politique partout sur le sol européen
00:52:59 et essayer au maximum de l'européaniser.
00:53:02 Pas ici être plomb, lors des conclusions
00:53:04 de la conférence sur l'avenir de l'Europe,
00:53:05 j'ai défendu la participation citoyenne,
00:53:08 les panels de citoyens,
00:53:09 l'initiative citoyenne européenne, les référendums européens.
00:53:12 Je pense que ces initiatives,
00:53:14 il nous faut les développer en européen.
00:53:16 Elles sont essentielles pour donner plus de vigueur
00:53:18 à un démos européen
00:53:20 et permettre aussi ces listes transnationales,
00:53:23 qui sont simplement la possibilité d'avoir,
00:53:25 au moment des élections européennes,
00:53:28 un vrai débat démocratique européen.
00:53:30 Regardez les élections que nous avons aujourd'hui.
00:53:34 Ce sont autant d'élections nationales.
00:53:37 C'est ça, la réalité.
00:53:38 Parce que nous n'avons pas de liste à travers le sol européen.
00:53:42 Cette idée, pour l'instant, n'a pas, si je puis dire,
00:53:45 suscité l'unanimité, pour rester public,
00:53:48 de nos partenaires.
00:53:49 Mais la clé, c'est qu'on ne peut pas avoir un continent
00:53:52 des instances qui décident de plus en plus
00:53:55 avec une participation démocratique
00:53:59 qui reste au niveau de 1979.
00:54:03 Et il nous faut de l'audace aussi
00:54:04 pour plus de démocratie européenne.
00:54:07 Et ça accompagnera aussi de règles révisées.
00:54:09 Là aussi, il y a un accord franco-allemand très fort
00:54:11 pour aller à la majorité qualifiée
00:54:13 en matière de politique étrangère et de fiscalité.
00:54:16 Ca fait partie des réformes indispensables,
00:54:19 même s'il faudrait aller beaucoup plus loin sur ce sujet.
00:54:23 Mais je ne vous accablerai pas aujourd'hui.
00:54:26 Surtout, je le disais,
00:54:29 défendre cet humanisme européen,
00:54:32 c'est considérer qu'au-delà de nos institutions,
00:54:35 de cette démocratie libérale à laquelle nous tenons,
00:54:37 nous devons défendre et renforcer.
00:54:40 C'est la forge des citoyens par le savoir, la culture,
00:54:43 la science qui se jouent dans notre Europe.
00:54:47 Être européen, c'est penser qu'il n'y a rien de plus important,
00:54:50 en effet, qu'être un individu libre, doté de raison
00:54:52 et qui connaît.
00:54:54 Et au moment où on voit réapparaître
00:54:57 le scepticisme, le complotisme,
00:54:59 les doutes sur la science
00:55:01 et l'autorité de la parole scientifique,
00:55:03 nous avons une responsabilité en européen
00:55:05 pour la défendre, l'enseigner,
00:55:08 défendre aussi une science libre et ouverte,
00:55:12 partagée.
00:55:14 Ce combat, nous le menerons à l'international,
00:55:17 mais nous devons aussi en renforcer les instruments.
00:55:20 Il y a 7 ans, je proposais les alliances d'universités.
00:55:24 Plus d'une cinquantaine ont été créées
00:55:26 grâce aux présidentes, présidents d'universités,
00:55:27 aux étudiants et aux professeurs.
00:55:30 Et je veux vous en remercier.
00:55:31 Elle permet de structurer la circulation
00:55:34 des savoirs, les échanges.
00:55:35 Il nous faut passer à une 2e étape,
00:55:37 consolider les financements,
00:55:39 mais renforcer leur intégration
00:55:41 et que nous allions vers des diplômes européens
00:55:43 pleinement conjoints.
00:55:45 L'excellence européenne réside aussi dans les savoir-faire.
00:55:47 C'est pourquoi il nous faut décupler l'Erasmus
00:55:49 de l'apprentissage et de la formation professionnelle
00:55:51 avec un objectif d'au moins 15% des apprentis
00:55:54 en mobilité européenne d'ici 2030.
00:55:57 Transmettre aussi par la création d'alliances
00:56:00 de musées européens
00:56:02 et des alliances de bibliothèques européennes
00:56:04 pour faciliter les partenariats,
00:56:06 encourager la numérisation, améliorer la circulation,
00:56:09 l'accès aux oeuvres et aux ouvrages en Europe.
00:56:13 Transmettre justement cet esprit européen,
00:56:15 c'est aussi permettre de diffuser un imaginaire commun.
00:56:18 Et je souhaite à ce titre que nous fassions d'Arte
00:56:21 la plateforme audiovisuelle européenne de référence,
00:56:23 la plateforme de tous les Européens
00:56:25 qui puissent proposer encore plus qu'aujourd'hui
00:56:27 des qualités distribuées dans toutes les langues
00:56:29 partout en Europe.
00:56:31 Pour promouvoir la richesse de notre patrimoine culturel
00:56:34 européen, promouvoir l'apprentissage
00:56:36 des langues européennes et défendre notre modèle
00:56:38 de protection des droits d'auteur et de financement
00:56:40 de la création artistique comme nous l'avons consolidé
00:56:43 ces dernières années.
00:56:45 Transmettre l'esprit européen aux jeunes générations,
00:56:48 c'est aussi leur donner l'occasion de faire
00:56:50 l'expérience sensible de notre continent,
00:56:52 c'est-à-dire voyager, échanger.
00:56:55 Alors, au-delà de l'Erasmus et de l'Erasmus
00:56:57 et de l'apprentissage, de manière très concrète,
00:57:00 comme l'a d'ailleurs très bien pointé Enrico Letta
00:57:02 dans son rapport,
00:57:04 c'est de pouvoir circuler en train partout en Europe.
00:57:06 Nos capitales ne sont pas encore reliées comme il faut.
00:57:09 Le pass interrail est un succès. Il doit désormais s'adosser
00:57:11 à une Europe des trains, qui est autant un projet
00:57:14 de connexion qu'un projet culturel,
00:57:16 c'est-à-dire c'est un projet de circulation
00:57:19 des étudiants, de la jeunesse, des savoirs
00:57:21 entre les capitales.
00:57:23 Et je souhaite pour ma part qu'il s'appuie
00:57:25 sur une européanisation du pass culture,
00:57:27 qui n'est pas une invention française.
00:57:30 Vous savez pourtant combien nous aimons être chauvins,
00:57:36 mais qui est une invention de l'Italie,
00:57:39 de Matteo Renzi, que nous avons copiée.
00:57:42 On a essayé de l'améliorer.
00:57:44 Plusieurs autres nous ont suivis.
00:57:46 Et c'est ça, l'Europe.
00:57:47 C'est de s'inspirer des bons exemples.
00:57:49 Mais maintenant, on doit la généraliser,
00:57:51 parce que ce pass culture permet de formidables accès
00:57:54 pour les plus jeunes et pour beaucoup de familles.
00:57:57 Et donc, vous le voyez, nous avons à assumer
00:58:00 encore beaucoup d'ambition sur cette Europe
00:58:02 du savoir, de la culture, de l'intelligence.
00:58:04 Mais il nous faut aussi la défendre
00:58:08 dans le moment que nous vivons.
00:58:12 Parce que nous sommes là aujourd'hui,
00:58:15 de cette université, dans un lieu physique
00:58:17 où nous pouvons échanger sous les auspices de grands esprits,
00:58:21 dans un temps et une civilité qui nous est familière.
00:58:26 Mais nul ne saurait ignorer que nos vies aujourd'hui
00:58:29 se passent dans un autre espace,
00:58:33 celle de nos enfants et de nos adolescents encore plus,
00:58:35 cet espace numérique.
00:58:38 Et celui-ci, nous, Européens, nous n'en avons pas le contrôle.
00:58:43 Et dans cet espace-là, d'abord,
00:58:45 nous ne produisons pas assez de contenu,
00:58:47 c'est une partie de l'ambition que j'évoque là et que je défends,
00:58:50 mais nous n'en déterminons même plus les règles.
00:58:55 Et c'est un changement profond, anthropologique, civilisationnel.
00:59:01 Quand aujourd'hui, des enfants passent des heures
00:59:02 devant des écrans,
00:59:04 quand des adolescents s'ouvrent à la culture,
00:59:09 à la vie intime, à la vie affective,
00:59:13 par ces écrans et les contenus auxquels peuvent être exposés,
00:59:16 quand le débat démocratique se structure dans cet espace-là,
00:59:20 cet espace numérique que nous habitons
00:59:22 et qui est, au fond, l'espace que nous habitons
00:59:24 le plus dans notre temps de vie aujourd'hui,
00:59:27 est-ce que nous sommes sérieux, nous, Européens,
00:59:29 de le déléguer à d'autres ?
00:59:31 Non.
00:59:33 Et à dessein, je vous dis que c'est un combat culturel
00:59:35 et civilisationnel,
00:59:37 parce que c'est là que se joue en vrai notre démocratie,
00:59:40 parce que c'est là que se forge notre opinion publique.
00:59:43 Une démocratie où le vote est libre, c'est formidable,
00:59:46 mais enfin, si ce vote est influencé,
00:59:48 si les consciences sont déformées,
00:59:50 si les choix sont transformés
00:59:53 par les orientations faites par les uns ou les autres,
00:59:56 quelle démocratie a-t-on ?
00:59:59 Et donc, je vous le dis avec beaucoup de force,
01:00:02 c'est pas un sujet technique,
01:00:03 c'est pas un sujet de politique publique.
01:00:06 La capacité à créer un ordre public démocratique numérique
01:00:12 est une question de survie pour nous.
01:00:16 C'est une question de survie pour, justement,
01:00:19 défendre notre humanisme.
01:00:20 Parce qu'aujourd'hui, vous avez, au fond,
01:00:22 2 modèles qui s'imposent.
01:00:25 Vous avez un modèle anglo-saxon,
01:00:26 qui, de fait, est celui qui choisit de déléguer
01:00:29 cet espace de vie à des choix privés.
01:00:33 On va évoluer, mais on fait confiance.
01:00:34 Il y a ces grandes entreprises qui ont des réseaux sociaux,
01:00:36 des plateformes, elles ont des algorithmes,
01:00:39 tout ça semble très compliqué,
01:00:40 mais nous, consommateurs, on aime bien.
01:00:43 Ca semble efficace.
01:00:45 Mais c'est un choix qui met le citoyen
01:00:50 en situation d'infériorité par rapport au consommateur.
01:00:54 Puis vous avez un autre choix, celui du contrôle,
01:00:57 qui est dire face à ce désordre, cette anomie,
01:01:00 on contrôle, reprise étatique.
01:01:02 Celui de la Chine, mais aussi de plusieurs puissances autoritaires
01:01:05 qui sont en train d'aller vers ce modèle.
01:01:07 Le modèle humaniste,
01:01:08 celui que l'Europe doit développer,
01:01:10 et il ne peut exister qu'en européen.
01:01:13 C'est un modèle qui crée un ordre démocratique,
01:01:16 c'est-à-dire transparent, loyal,
01:01:19 où nous débattons des règles et où nous les choisissons.
01:01:22 C'est pourquoi je veux défendre une Europe
01:01:25 de la majorité numérique à 15 ans.
01:01:28 Avant 15 ans, il doit y avoir un contrôle parental
01:01:31 sur l'accès à cet espace numérique,
01:01:33 parce que c'est un accès si on n'en contrôle pas les contenus,
01:01:38 qui est le fruit de tous les risques et des déformations d'esprit,
01:01:41 qui justifie toutes les haines.
01:01:44 Nous devons, comme on le fait pour nos enfants,
01:01:47 je le dis avec beaucoup de bon sens,
01:01:49 est-ce que quelqu'un envoie son enfant dans la jungle
01:01:52 à 5 ans, 10 ans, 12 ans ?
01:01:54 Personne, je pense, ne le censait.
01:01:57 On le protège dans la famille,
01:01:58 on l'accompagne jusqu'aux portes de l'école, puis du collège,
01:02:01 et on le remet à des gens de confiance qui vont l'éduquer.
01:02:04 On va ensuite organiser des activités quand on le peut
01:02:06 pour qu'il puisse apprendre davantage et s'émanciper.
01:02:10 Et aujourd'hui, plusieurs heures par jour,
01:02:14 on ouvre la porte de la jungle.
01:02:16 Et le même est la proie du cyberharcèlement.
01:02:20 Le même peut être la proie de contenus pornographiques,
01:02:24 de la pédocriminalité. C'est ça, cet espace.
01:02:28 Parce qu'il n'est pas régulé et parce qu'il n'est pas modéré
01:02:31 non plus. Voulez-vous que je vous dise
01:02:32 combien chacune de ces plateformes, de ces réseaux
01:02:35 a de modérateurs en langue française ?
01:02:39 Même pas une dizaine pour certains.
01:02:42 Donc nous devons reprendre le contrôle de la vie
01:02:45 de nos enfants et de nos adolescents en européen
01:02:48 et imposer la majorité numérique à 15 ans.
01:02:51 Pas avant.
01:02:53 Et imposer aux plateformes la modération,
01:02:56 la fermeture de certains sites.
01:02:58 Et nous devons ensuite, beaucoup plus ardemment,
01:03:01 reciviliser cet espace numérique.
01:03:05 Là où nous interdisons les propos racistes,
01:03:07 les propos antisémites, les discours de haine,
01:03:09 nous devons avec la même force les interdire
01:03:12 dans l'espace numérique.
01:03:14 La présomption d'anonymat conduit à la désinhibition de la haine.
01:03:19 C'est un combat civilisationnel et démocratique.
01:03:26 Nous devons le mener en européen.
01:03:27 Il est essentiel, et je le mets là,
01:03:29 au coeur de cette bataille que nous devons conduire.
01:03:32 Et puis notre humanisme européen est évidemment
01:03:34 aussi un humanisme de dignité et de justice.
01:03:37 Nous aimons la liberté, le savoir,
01:03:40 mais nous avons ce goût inédit pour la justice,
01:03:44 l'égalité, ce qui nous distingue des autres continents.
01:03:49 L'égalité entre les femmes et les hommes
01:03:51 est au coeur de ce projet.
01:03:53 Avec l'Europe, nous avons beaucoup accompli
01:03:55 en matière d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée,
01:03:58 des parents, des aidants,
01:03:59 la transparence des rémunérations, de la parité, etc.
01:04:03 Je souhaite aujourd'hui que nous allions au-delà
01:04:05 en inscrivant, comme nous l'avons fait dans notre Constitution,
01:04:09 le droit à l'interruption volontaire de grossesse
01:04:10 dans la charte des droits fondamentaux
01:04:13 de l'Union européenne.
01:04:15 Parce que l'égalité entre les femmes et les hommes
01:04:18 est au coeur de ce projet humaniste.
01:04:21 Elle est au coeur, précisément, de ce qui fait l'Europe.
01:04:25 Cette Europe est aussi construite sur une cohésion sociale,
01:04:30 c'est-à-dire une volonté de bâtir une cohésion de notre société,
01:04:35 fidèle à l'héritage de Jacques Delors,
01:04:36 son programme européen d'aide aux plus démunis.
01:04:40 Je propose de créer un programme européen des solidarités
01:04:43 qui, s'appuyant sur le Fonds social européen,
01:04:45 viendra accompagner les initiatives des Etats membres
01:04:48 contre toutes les précarités
01:04:50 et permettra d'accompagner de manière sociale
01:04:52 les transitions que nous sommes en train de mettre en oeuvre.
01:04:56 Et donc l'Europe doit aussi se doter d'instruments nouveaux
01:04:58 pour accompagner les personnes et les territoires
01:05:01 dans cette transition sociale.
01:05:03 C'est indispensable. Protégeons, accompagnons les Européens
01:05:07 avec cette politique de justice et d'une garantie d'une Europe,
01:05:11 justement, là aussi, permettant d'exercer tous les droits,
01:05:15 la libre circulation, l'accessibilité,
01:05:17 la lutte contre les discriminations et d'avancer.
01:05:21 Et quand on parle de justice, je ne mettrai pas ici le débat
01:05:25 que je sens vivant sur la fiscalité des revenus,
01:05:29 parce que c'est un bon débat quand on voit l'accumulation
01:05:31 des richesses dans la mondialisation que nous vivons.
01:05:34 Mais ma conviction, c'est que ce n'est pas un débat
01:05:36 que nous devons porter à l'échelle européenne,
01:05:38 c'est un débat que nous devons porter à l'échelle internationale,
01:05:41 comme nous l'avons fait sur la taxe minimale
01:05:43 et comme la France a réussi à le porter.
01:05:46 C'est pourquoi, avec le président Lula,
01:05:47 nous avons, dans le G20, bâti cette alliance
01:05:50 pour la taxation des très hauts revenus,
01:05:52 et que c'est dans le G20, à une échelle
01:05:55 qui est celle de OCDE élargie,
01:05:57 que nous devons mener ce combat existentiel.
01:06:01 Au fond, cet humanisme européen,
01:06:04 cette certaine idée de l'Europe dont parlait George Steiner,
01:06:07 elle est faite de choses très sensibles.
01:06:11 Cette idée de la liberté, de l'Etat de droit,
01:06:14 cette volonté de préserver les savoirs, la culture,
01:06:17 ce rapport à l'égalité que j'évoquais,
01:06:20 mais c'est en effet cette Europe,
01:06:23 des cafés, de nos capitales, qui sont autant de paname cestes,
01:06:27 et c'est cette tension permanente que nous avons
01:06:30 entre l'héritage à transmettre
01:06:33 et la modernité qui bouscule.
01:06:35 Et c'est pourquoi notre Europe est constamment prise
01:06:38 dans cette tension,
01:06:40 mais elle a son mot à y dire.
01:06:43 Elle a son mot à y dire en continuant
01:06:45 de défendre notre culture,
01:06:47 sa transmission, comme je l'évoquais,
01:06:50 en défendant la singularité, justement, de celle-ci,
01:06:55 du dialogue entre ces universités,
01:06:59 ces lieux de convivialité, ces cafés,
01:07:01 mais en étant aussi ce bout de terre
01:07:06 qui décide de protéger ces paysages.
01:07:09 Et je crois que l'ambition que nous devons avoir
01:07:13 et que nous avons commencé d'avoir pour nos forêts,
01:07:15 nos mers et nos océans, est à penser comme telle.
01:07:19 Ca n'est pas une forme de lubide moderniste
01:07:23 désincarnée qui voudrait mettre de l'écologie à tout voir,
01:07:27 parce que parfois j'entends la caricature.
01:07:29 Non. Protéger nos forêts,
01:07:31 protéger notre biodiversité,
01:07:34 protéger nos mers et nos océans,
01:07:36 c'est juste mesurer, nous, humanistes européens,
01:07:41 que nous savons compter jusqu'à 3.
01:07:44 La génération d'avant, celle d'après est la nôtre.
01:07:50 Et que notre Europe est un trésor
01:07:52 que nous avons reçu en héritage
01:07:54 et que nous allons transmettre.
01:07:57 Et que tout ce que je viens de dire ne peut pas se faire
01:08:00 en supprimant des ressources naturelles
01:08:03 qui ne sont pas remplaçables.
01:08:04 Et c'est pourquoi l'ambition de biodiversité,
01:08:07 l'ambition de protection de nos forêts, de nos océans
01:08:11 et tout ce que nous aurons à développer
01:08:13 dans les politiques à mener pour notre Europe,
01:08:15 c'est une ambition qui est avant tout humaniste.
01:08:17 Je le dis aussi parce que je ne fais pas partie
01:08:19 de ceux qui pensent que la nature a des droits supérieurs à l'homme.
01:08:23 Et c'est un humanisme européen qui, à mes yeux,
01:08:26 assume de protéger la nature
01:08:29 parce qu'elle fait partie de nos équilibres
01:08:31 et de ce qui nous a été transmis.
01:08:33 Mais de le faire en humaniste pour nous et nos enfants.
01:08:37 Mesdames et messieurs, j'ai été trop long,
01:08:41 j'en ai conscience.
01:08:42 Mais il y aurait encore tant de choses à dire.
01:08:45 Et je sais très bien qu'à l'issue de ces propos,
01:08:47 d'aucuns me reprocheront de ne pas assez avoir parlé
01:08:51 du continent africain et de notre voisinage,
01:08:53 de réformes des traités,
01:08:54 de la modernisation de ces derniers
01:08:56 et de tout ce que je n'ai pas dit.
01:08:59 L'Europe est une conversation qui ne se termine pas.
01:09:02 Et c'est un projet, d'ailleurs, qui n'a pas de borne.
01:09:06 D'un point de vue philosophique, civilisationnel, c'est vrai,
01:09:11 n'oublions jamais
01:09:13 que le rapte d'Europe se fait sur des terres
01:09:17 qu'on prétend asiatiques par un dieu grec.
01:09:20 Il y a une forme d'ambiguïté,
01:09:22 et c'est pour ça que ça ne se termine pas.
01:09:24 Ici même, à la Sorbonne,
01:09:26 Ernest Renan se demandait ce qu'était une nation.
01:09:29 Et l'heure est venue pour l'Europe de se demander
01:09:33 ce qu'elle compte devenir.
01:09:35 A mes yeux, parler de l'Europe est toujours parler de la France.
01:09:39 Mais vous l'avez compris,
01:09:41 nous vivons un moment décisif.
01:09:44 Notre Europe peut mourir, je vous le disais.
01:09:46 Et elle peut mourir pour une forme de ruse de l'histoire.
01:09:51 C'est qu'elle a fait énormément de choses ces dernières décennies.
01:09:54 C'est qu'en quelque sorte,
01:09:57 les idées européennes ont gagné le combat grame-chien.
01:10:00 C'est que tous les nationalismes à travers l'Europe
01:10:02 n'osent plus dire qu'ils vont sortir de l'euro et de l'Europe.
01:10:06 Mais ils nous ont tous habitués à un discours
01:10:10 qui est le "oui, mais".
01:10:13 Qui est dire "j'empoche tout ce que l'Europe a fait,
01:10:16 "mais je le ferai plus simple,
01:10:19 "mais je le ferai en ne respectant pas les règles,
01:10:21 "mais je le ferai, au fond, en baffant ses fondements."
01:10:26 Au fond, ils ne proposent plus de sortir de l'immeuble
01:10:28 ou de l'abattre.
01:10:30 Ils proposent juste de ne plus avoir de règles de copropriété,
01:10:33 de ne plus investir, de ne plus payer le loyer.
01:10:35 Et ils disent "ça va marcher".
01:10:37 Et le risque, c'est que tous les autres
01:10:39 sont en train de devenir timides,
01:10:42 en disant "les nationalistes, les anti-européens
01:10:47 "sont très forts partout dans nos pays, c'est normal.
01:10:50 "Il y a de la crainte, il y a de la colère
01:10:52 "dans les moments de choc que nous vivons,
01:10:54 "précisément parce que nos compatriotes partout en Europe
01:10:57 "sentent que nous pouvons mourir ou disparaître."
01:11:01 La réponse n'est pas dans la timidité,
01:11:02 elle est dans l'audace.
01:11:04 La réponse n'est pas dans le constat de dire
01:11:07 "ils sont en train de monter partout",
01:11:10 elle est dans se dire "on a le choix.
01:11:12 "Cette année, les Britanniques vont choisir leur avenir,
01:11:14 "les Américains vont choisir leur avenir,
01:11:16 "le 9 juin, les Européens aussi."
01:11:19 Mais le choix, c'est pas de faire comme on a toujours fait,
01:11:23 c'est pas juste d'ajuster, c'est d'assumer,
01:11:27 de porter des paradigmes nouveaux.
01:11:30 Alors je sais bien, après Voltaire,
01:11:31 c'est difficile d'être optimiste.
01:11:35 C'est peut-être même pour certains
01:11:36 une question de crédibilité, je le suis.
01:11:39 Mais c'est une forme d'optimisme de la volonté.
01:11:42 Oui, je crois que nous pouvons reprendre
01:11:45 le contrôle de nos vies, de notre société,
01:11:48 de notre destin, par la puissance, la prospérité
01:11:51 et l'humanisme de notre Europe.
01:11:54 Et au fond, au moment où les temps sont incertains,
01:11:59 pour reprendre sans bien la citer
01:12:02 ce que Hannah Arendt disait
01:12:04 dans "La condition de l'homme moderne",
01:12:07 la meilleure manière de connaître l'avenir,
01:12:12 quand les événements reviennent, quand l'imprévu est là,
01:12:17 la meilleure manière de connaître l'avenir,
01:12:22 c'est de faire des promesses que l'on tient.
01:12:26 Eh bien, ce que je vous propose,
01:12:29 c'est, fort de notre lucidité,
01:12:32 de nous faire ces quelques grandes promesses
01:12:34 pour l'Europe de la décennie à venir
01:12:37 et de nous battre ardemment pour les tenir.
01:12:41 Alors nous avons peut-être une chance
01:12:44 de connaître l'avenir,
01:12:46 mais en tout cas, nous nous serons battus
01:12:48 pour choisir le nôtre.
01:12:51 Vive l'Europe, vive la République et vive la France.
01:12:54 (Applaudissements)
01:12:56 (...)
01:13:02 -Bonjour à tous et bienvenue à vous pour "Midi News",
01:13:05 un discours sur l'Europe 7 ans après un autre discours
01:13:08 au même endroit, à la Sorbonne, d'Emmanuel Macron,
01:13:11 mais entre-temps, 7 ans au pouvoir et 7 ans de promesses,
01:13:14 au pouvoir de désillusion, en tous les cas,
01:13:16 le président évoqué durant un long discours.
01:13:19 Vous l'avez constaté, de nombreux sujets,
01:13:21 souveraineté, immigration, frontières,
01:13:23 industrie, emploi, numérique.
01:13:25 Il a détaillé ce qui marche à ses yeux
01:13:28 et ce qu'il reste à faire.
01:13:30 Il a réaffirmé qu'il défendait une Europe puissante,
01:13:33 qui se fait respecter, dit-il,
01:13:35 et puis il réaffirme son mantra d'une Europe plus souveraine
01:13:38 et donc souveraineté européenne,
01:13:41 disant également que l'Europe est le seul espace politique
01:13:44 pour planifier cette transition.
01:13:45 Beaucoup de choses à dire et puis une entrée en campagne
01:13:49 pour Emmanuel Macron.
01:13:51 D'ailleurs, c'est une question que je posais à mes invités.
01:13:53 Est-ce que c'est le discours d'un chef de l'Etat
01:13:55 ou le discours d'un directeur de campagne ?
01:13:58 Notez-le, également, nous aurons plusieurs réactions politiques
01:14:01 des principaux concernés, les têtes de liste.
01:14:04 Ce sera Manon Aubry, Marion Maréchal, notamment,
01:14:07 et puis Valérie Heyer, également.
01:14:10 Vous voyez également sur votre écran les principales annonces,
01:14:13 en tout cas les principaux points qui ont été détaillés
01:14:15 par le président de la République.
01:14:17 Et puis sur votre écran, vous voyez un petit peu cette salle,
01:14:19 en tout cas, à la Sorbonne, qui était présente.
01:14:22 Et on retrouvera sur place dans quelques instants
01:14:24 notre journaliste Florian Tardif.
01:14:26 Pour l'heure, je salue Gabriel Cluzel.
01:14:28 Bonjour à vous. -Bonjour, Sonia.
01:14:29 -Merci de votre patience sur ce plateau.
01:14:31 Ca fait longtemps que nous attendons de prendre la parole.
01:14:35 Naïma M. Fadel, bonjour à vous. Merci d'être là.
01:14:38 Paul Melin, également. -Bonjour, Sonia.
01:14:39 -André Valigny, je vous remercie.
01:14:41 Et puis Thomas Bonnet, évidemment, notre journaliste politique.
01:14:44 Bonjour à vous, cher Thomas.
01:14:46 Première question, il y a tellement de sujets.
01:14:48 C'est quand même... Elle est essentielle.
01:14:49 Avant de parler du fond, est-ce que c'était, selon vous,
01:14:51 et d'abord, vous, Thomas, un discours du chef de l'Etat
01:14:55 ou un discours de directeur de campagne
01:14:57 pour tenter de sauver le soldat Valérie Heyer ?
01:15:00 -En fait, la question qu'on pouvait se poser
01:15:01 en écoutant le président de la République ce midi,
01:15:03 c'était à qui s'adresse-t-il ?
01:15:05 Est-ce qu'il s'adresse aux électeurs ?
01:15:06 Est-ce qu'il s'adresse à son camp ?
01:15:08 Est-ce qu'il s'adresse aux Français ?
01:15:10 Est-ce qu'il s'adresse aux Européens ?
01:15:11 Parce que peut-être même que c'était un discours du chef de l'Etat
01:15:14 qui, on le sait, a peut-être des ambitions européennes
01:15:17 à la suite de son mandat,
01:15:18 et ça pouvait ressembler, finalement, à une sorte de programme pour lui.
01:15:22 En tout cas, ce que l'on sait, c'est que du côté de la majorité,
01:15:24 on espérait avoir une sorte de coup de fouet
01:15:27 dans la campagne pour les élections européennes
01:15:29 avec ce discours du président de la République.
01:15:31 Je ne suis pas certain que l'impulsion soit là
01:15:33 après ces deux heures de discours, parfois très techniques
01:15:36 et très pointus, il faut le dire, de la part d'Emmanuel Macron.
01:15:39 - Rappelons quand même Gabriel Cluzel.
01:15:40 Ce discours intervient sept années après son premier discours à la Sorbonne,
01:15:44 ses rendez-vous dans sept ans, même mieux,
01:15:46 même heure, à peu près, en tous les cas, même thème.
01:15:50 Mais la question, c'est...
01:15:51 Là, on est au point du bilan.
01:15:54 Les promesses, là, on peut voir par rapport à la réalité.
01:15:56 Donc dans la tonalité générale, par rapport au premier discours,
01:16:00 qu'est-ce qu'on peut en dire ?
01:16:03 - Ce que l'on peut noter, c'est qu'il y a une constance.
01:16:06 Emmanuel Macron était européiste, et il l'est toujours,
01:16:10 voire eurolatre, et il l'est toujours.
01:16:11 Ça, c'est une réalité.
01:16:13 Et quand on...
01:16:14 À ceux qui soulignent les problèmes liés à l'Europe,
01:16:18 il dira...
01:16:19 Ecoutez, il faut toujours plus d'Europe,
01:16:21 plus d'intégration européenne.
01:16:22 Il ne dira jamais, il en faut moins.
01:16:26 Donc ça, on peut le noter.
01:16:27 Moi, ce que j'ai retenu aussi, c'est qu'il va vers une Europe fédérale.
01:16:33 On sent qu'il l'appelle de ses voeux.
01:16:35 Je crois qu'Emmanuel Macron se sent tout à fait à l'étroit.
01:16:37 - Le mot n'a pas été prononcé.
01:16:38 - Non, c'est un mot tabou, parce qu'il fait peur,
01:16:43 mais en réalité, il est sous-tendu dans tout ce discours,
01:16:46 ne serait-ce que par la référence à une Europe de la défense.
01:16:51 À partir du moment où vous n'avez plus votre souveraineté militaire,
01:16:53 vous n'avez plus votre souveraineté du tout.
01:16:57 Si d'aventure, par exemple, les pays se répartissaient
01:17:01 des spécialités, toi, tu fais l'artillerie,
01:17:03 moi, je fais l'infanterie et lui, je ne sais quoi d'autre,
01:17:05 eh bien, nous perdrions notre souveraineté militaire.
01:17:10 Donc ça, il en a parlé, donc ça me paraît assez essentiel.
01:17:14 Donc je crois qu'il a envie de passer à l'étage suivant.
01:17:18 Il se sent à l'étroit dans les habits français.
01:17:19 Il veut passer à l'étage européen.
01:17:21 C'est son ambition.
01:17:22 - Et d'ailleurs, c'est une cohérence, celui-là.
01:17:23 Vous avez raison de le souligner, André Vallini.
01:17:25 Il se pense européen, il parle en européen.
01:17:28 Et pour nous qui avons écouté avec, je vais dire, attention ce discours,
01:17:32 il peut y avoir, on en parle, une contradiction.
01:17:34 Est-ce que vous pouvez éclairer nos téléspectateurs
01:17:36 entre souveraineté européenne et souveraineté nationale et française ?
01:17:40 Comment on peut voir l'articulation entre les deux ?
01:17:44 - D'abord, je suis d'accord avec ce qui a été dit.
01:17:46 C'est vrai que s'il y a quelque chose qui caractérise
01:17:49 l'engagement politique au sens noble du terme d'Emmanuel Macron,
01:17:52 c'est bien l'Europe.
01:17:53 Il a toujours été, depuis qu'il est président de la République
01:17:56 et même avant, il a toujours été très, très européen.
01:17:58 C'est sa cohérence, c'est son credo.
01:18:01 C'est ce à quoi il croit le plus.
01:18:02 Et c'est un sujet sur lequel il n'a jamais varié,
01:18:04 parce qu'on lui reproche souvent d'être un peu fluctuant,
01:18:06 d'osciller parfois entre des positions si non contradictoires.
01:18:09 En tout cas, pas toujours très cohérentes les unes avec les autres.
01:18:12 Sur l'Europe, il tient toujours la même ligne.
01:18:14 Toujours plus d'Europe et mieux d'Europe.
01:18:17 Alors concilier souveraineté nationale, souveraineté européenne,
01:18:19 ça paraît difficile, mais moi, je crois que c'est possible.
01:18:21 Je crois que c'est possible.
01:18:22 Il suffit, si j'ose dire, de partager la souveraineté,
01:18:25 de la mettre à plusieurs.
01:18:26 On a déjà une monnaie commune.
01:18:28 Vous savez que dans les attributs de la souveraineté,
01:18:30 je pars sous le contrôle d'un souverainiste que j'aime beaucoup,
01:18:32 qui est Paul Melin.
01:18:34 Il y a la monnaie... - Souverainiste de gauche, oui.
01:18:35 - Enfin, souverainiste de gauche, je l'espère.
01:18:38 - Pourquoi ?
01:18:39 - Bah oui. - De côté, c'est très bien.
01:18:40 Allez-y.
01:18:41 - Il y a plusieurs courants à gauche, c'est André Rosset.
01:18:42 - Allez-y, laissons le terme.
01:18:44 - D'ailleurs, de ce point de vue, je veux rappeler que Macron
01:18:46 a voté chevènement en 2002.
01:18:48 - Ça, c'est intéressant.
01:18:49 - En 2002.
01:18:50 Il a évolué depuis.
01:18:51 - Ce n'est pas ce qui lui est arrivé depuis.
01:18:52 - Mais donc, on a une monnaie.
01:18:54 On a une monnaie commune.
01:18:55 C'est l'attribut de la souveraineté qu'on a mis en partage.
01:18:57 Pourquoi pas de mains alarmées ?
01:18:58 - André Valigny.
01:18:59 - Face aux empires turcs, russes, chinois,
01:19:02 on voudrait que chaque pays européen reste tout seul dans son pays.
01:19:05 - Et américain.
01:19:06 Alors, on va détailler tout cela.
01:19:07 Est-ce que c'est un saut aussi vers le fédéralisme ?
01:19:09 D'abord, les réactions politiques.
01:19:10 Nous sommes avec la tête de liste reconquête,
01:19:13 et je l'en remercie, Marion Maréchal.
01:19:15 Première réaction, Marion Maréchal.
01:19:16 Il a été question de souveraineté européenne.
01:19:18 On a entendu parler, le président de la République,
01:19:21 de frontières, d'Europe puissance.
01:19:24 Est-ce que, malgré vos désaccords de fond sur ce sujet,
01:19:27 vous voyez quand même, j'allais dire, un peu de lucidité
01:19:30 sur certaines questions, voire une avancée ?
01:19:32 - Il faut comprendre concrètement ce qu'il y a derrière ces fameux mots-clés.
01:19:38 Puisque, en réalité, la souveraineté européenne pour Emmanuel Macron,
01:19:41 et c'est très clair, une fois de plus, ce jour-ci,
01:19:43 puisqu'en effet, il ne l'a pas varié,
01:19:44 c'est l'avancée vers un État fédéral européen.
01:19:47 C'est un endettement européen.
01:19:50 C'est donc ce qu'il appelle les ressources propres
01:19:52 des impôts et des taxes européens,
01:19:54 qui s'ajouteront aux dettes et aux impôts nationaux.
01:19:56 C'est l'élargissement vers l'Ukraine, la Moldavie et les Balkans,
01:20:01 comme il l'a indiqué.
01:20:03 C'est la fin du droit de veto de la France,
01:20:05 donc la majeure carité qualifiée dans toutes les décisions.
01:20:09 C'est la volonté d'une armée européenne et d'une diplomatie européenne,
01:20:13 même s'il reste extrêmement flou sur le sujet,
01:20:16 mais qui pourrait ressembler, malgré tout, à la possibilité, demain,
01:20:19 que des soldats français soient envoyés sur le front,
01:20:21 sans nécessairement l'aval de la France,
01:20:23 si nous sommes dans le cadre de la majorité qualifiée.
01:20:25 Et puis j'ai entendu aussi, quelque chose qui m'a beaucoup choqué,
01:20:28 la confirmation de vouloir conditionner les aides
01:20:31 et l'accès au budget européen au fameux respect de l'État de droit,
01:20:35 dont vous savez très bien qu'il est un prétexte, en réalité,
01:20:38 pour pouvoir faire du chantage financier
01:20:40 au gouvernement conservateur ou de droite,
01:20:43 comme nous l'avons vu sous Ursula von der Leyen,
01:20:45 avec notamment la Pologne ou encore la Hongrie.
01:20:48 Il y a aussi une question plus politique sur le moment,
01:20:51 choisi par le chef de l'État pour s'exprimer et s'exprimer sur ce sujet
01:20:54 en pleine campagne des européennes.
01:20:55 Est-ce que vous estimez qu'en tant que président de la République,
01:20:58 il est dans son rôle d'évoquer un tel sujet aussi important,
01:21:01 ou alors qu'il empiète et voire c'est une intrusion dans la campagne aujourd'hui ?
01:21:05 -Personne n'est dupe. Il fait ce qu'il fait à chaque fois.
01:21:10 C'est-à-dire qu'en réalité, il va rentrer dans la campagne des européennes
01:21:13 et faire la campagne au frais de l'Elysée,
01:21:16 en lieu et place de sa tête de liste.
01:21:18 C'est tout à fait habituel de sa part.
01:21:21 Mais moi, ce que je regrette, c'est qu'aujourd'hui,
01:21:25 le président de la République n'est pas cohérent
01:21:28 entre ce qu'il vend dans ses promesses aux Français
01:21:31 et ce qu'il a fait concrètement au Parlement européen avec ses élus.
01:21:33 Parce qu'il n'a pas parlé du bilan européen de ses élus.
01:21:36 Quand il nous parle de souveraineté alimentaire, de défense des agriculteurs,
01:21:38 ses élus au Parlement européen,
01:21:40 ils ont voté pour le traité de CETA avec le Canada de libre-échange.
01:21:43 Ils ont voté le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande,
01:21:47 qui aggrave la concurrence déloyale.
01:21:49 Ils ont voté et ils continuent de défendre d'ailleurs le pacte vert
01:21:53 et donc le fameux tsunami de normes, de contraintes
01:21:56 qui aboutissent à la décroissance agricole et à la décroissance industrielle.
01:22:00 Donc il y a quand même une forme d'hypocrisie terrible dans cette déclaration.
01:22:04 Et donc l'objet de ces européennes, c'est précisément de savoir
01:22:06 si on continue avec l'hémachroniste Ursula von der Leyen au Parlement européen
01:22:09 ou si on change justement de majorité pour avoir une nouvelle majorité à droite.
01:22:12 - Merci Marion Maréchal. Merci pour cette première réaction sur notre antenne.
01:22:16 Vous êtes la tête de liste.
01:22:17 "Reconquête", on a entendu vos griefs et vos critiques du discours du président de la République.
01:22:23 Dans quelques instants, nous serons également en direct en duplex avec Valérie Ayé,
01:22:27 avec notamment Manon Aubry.
01:22:29 Est-ce que, comme le dit Marion Maréchal,
01:22:31 il y a justement une incohérence entre ce qui est dit à Paris et à Bruxelles ?
01:22:35 C'est parfois souvent le sentiment de nos concitoyens.
01:22:38 Et j'ajoute sur l'immigration par exemple.
01:22:40 Sur le pacte asile-immigration, Paul Mellun, le président dit "Regardez,
01:22:43 on a voté quelque chose qui va nous protéger.
01:22:46 Et on filtre aux frontières extérieures."
01:22:48 Est-ce que sur ce point majeur, qui est celui et ce dossier de l'immigration,
01:22:52 il y a un peu de vrai ?
01:22:53 - En tout cas, il a beaucoup parlé des frontières.
01:22:56 Ce qui est intéressant, c'est que le président de la République,
01:22:58 comme les représentants de sa majorité, sont souvent très frileux
01:23:01 lorsqu'il s'agit de parler des frontières de la France.
01:23:03 Mais là, effectivement, quand il s'agit de parler des frontières de l'Europe,
01:23:06 on en a tout un discours.
01:23:07 Le problème, c'est que ça rejoint ce qui était dit par Gabriel
01:23:10 sur la vision fédéraliste du président de la République.
01:23:13 Il veut bien parler de défense de façon assez martiale
01:23:16 quand il s'agit de défendre l'Ukraine ou de défendre les frontières de l'Europe,
01:23:19 de l'Union européenne.
01:23:20 Par contre, quand il s'agit de l'armée française,
01:23:22 des défenses des intérêts français, là, bizarrement,
01:23:25 il est souvent un peu moins prolixe.
01:23:27 Donc, s'il vous plaît, il y a une incohérence.
01:23:28 Ensuite, ça rejoint ce fameux sujet dont parlait André
01:23:30 il y a quelques instants sur la souveraineté.
01:23:32 Moi, je ne pense pas qu'il puisse y avoir une souveraineté nationale
01:23:35 et une souveraineté européenne.
01:23:36 Ce n'est pas fromage ou dessert.
01:23:39 On ne peut pas avoir les deux.
01:23:40 Si vous voulez, moi, je pense que la souveraineté, elle est française
01:23:43 parce qu'il y a un peuple, une nation, une culture, une langue, un drapeau.
01:23:47 Et que ce peuple, il vote pour un président de la République.
01:23:50 C'est la Vème République qui a voulu ça.
01:23:52 Ce président de la République, il est élu au suffrage universel direct.
01:23:55 Ce n'est pas le cas de Mme von der Leyen.
01:23:56 Elle n'est pas élue au suffrage universel direct.
01:23:58 Et ce Parlement européen dont on nous dit que c'est un exemple
01:24:00 pour la démocratie mondiale, c'est un Parlement qui ne fait pas les lois.
01:24:03 Donc, c'est quand même bizarre pour une soi-disant grande démocratie.
01:24:07 Donc, je pense qu'effectivement, la technostructure européenne, c'est une chose.
01:24:11 Mais il y a loin de la coupe aux lèvres entre cette technostructure-là
01:24:13 et les peuples européens.
01:24:14 - On va poursuivre notre tour de table avec vous
01:24:16 dans quelques instants d'Aïma M. Fadel.
01:24:17 Le temps de retrouver Manon Aubry, tête de liste, la France insoumise.
01:24:21 Je l'en remercie d'être avec nous pour la première réaction.
01:24:24 Manon Aubry, il y a quantité de sujets qui ont été évoqués.
01:24:29 Et toujours Emmanuel Macron sur tous ces sujets
01:24:31 qui louent une Europe puissance finalement
01:24:33 et qui louent son propre bilan à lui.
01:24:35 Comment vous réagissez à cela ?
01:24:38 - Vous avez raison, c'était un long discours
01:24:41 pendant qu'on était ici dans la dernière session du Parlement européen.
01:24:45 Et en réalité, personne ne commente le fait
01:24:47 que quand même Emmanuel Macron privatise les moyens de l'Etat
01:24:51 au service de sa campagne électorale.
01:24:53 Et je demande à ce que son temps de parole très long aujourd'hui
01:24:56 soit compté dans le temps de parole de la campagne de Valérie Hayé.
01:24:59 Pour en revenir au fond de votre question,
01:25:01 Emmanuel Macron parle d'Europe puissance.
01:25:04 Pardon, mais c'est à minima un menteur.
01:25:07 Il fait lui-même le bilan de l'Europe en puissance qu'il a créée.
01:25:11 Celle qui ferme à tour de bras des usines.
01:25:14 Je pense notamment aux usines de panneaux solaires par exemple.
01:25:17 Il n'y en a plus que deux en France qui sont en train de fermer.
01:25:20 De notre impuissance pour produire des médicaments par exemple
01:25:23 où on voit que les limites et les pénuries de médicaments
01:25:29 ne cessent de se multiplier.
01:25:31 L'Europe en puissance qui est organisée aussi par la multiplication
01:25:34 des accords de libre-échange qui sont votés à tour de bras
01:25:37 au Parlement européen.
01:25:39 Pour la petite anecdote, dans son premier discours de la Sorbonne,
01:25:42 j'avais relu, il était question de l'accord de libre-échange
01:25:45 avec le CETA en disant qu'on devait changer de modèle.
01:25:49 Et bien il n'en a rien été pendant ces sept ans.
01:25:52 Non seulement Emmanuel Macron essaie de faire en sorte
01:25:54 que l'accord de libre-échange avec le CETA
01:25:56 ne soit pas voté à l'Assemblée nationale,
01:25:57 mais en plus de cela, ici au Parlement européen,
01:26:00 il y a des accords qui sont votés à tour de bras.
01:26:02 Vous voilez celui qui se revendique de l'Europe puissance
01:26:05 qui a passé sept ans à détruire nos services publics,
01:26:08 notre agriculture, notre industrie.
01:26:10 Il vient de passer deux heures à en déplorer les effets
01:26:13 et à multiplier les mensonges.
01:26:15 Moi j'ai un peu le sentiment qu'on a eu affaire à un arnaqueur
01:26:19 sur Tinder, il vous fait les beaux yeux
01:26:21 et il essaie de vous séduire, mais une fois qu'il vous a eu,
01:26:26 il disparaît et il n'est plus là.
01:26:29 En réalité, je pense que l'enjeu pour le 9 juin prochain,
01:26:32 les prochaines élections européennes,
01:26:34 ce sera de passer au suivant, on swipe l'eft comme sur Tinder,
01:26:37 parce qu'on déplore tous les effets de ces politiques.
01:26:40 -De tous les cas, Manon Bry, à vous écouter,
01:26:42 à écouter Marion Maréchal, puis on aura Valérie Ayé
01:26:45 dans quelques instants, c'est vraiment des conceptions
01:26:47 et des projets européens qui s'affrontent
01:26:50 et c'est probablement aussi le début de la campagne.
01:26:53 C'est-à-dire que là, on va aller projet contre projet.
01:26:55 Est-ce que c'est ce que vous dites ?
01:26:56 Oui, ce sont des orientations très différentes
01:26:58 pour l'Europe que vous proposez ?
01:27:00 -Oui, complètement, vous avez raison.
01:27:04 La vision de l'Europe d'Emmanuel Macron,
01:27:07 c'est une Europe au service des profiteurs.
01:27:09 Nous, nous défendons une Europe au service des travailleurs.
01:27:12 Emmanuel Macron, son Europe, c'est celle de la guerre.
01:27:15 Nous défendons une Europe de la paix.
01:27:17 Quand il défend une Europe du libre-échange,
01:27:20 nous défendons une Europe du protectionnisme.
01:27:23 Quand nous défendons une Europe qui taxe les super-profits,
01:27:27 qui taxe les super-fortunes,
01:27:30 Emmanuel Macron, lui, les protège.
01:27:32 Donc, vous voyez, c'est en effet 2 visions de l'Europe,
01:27:35 diamétralement opposées, qui, aujourd'hui,
01:27:38 s'affrontent dans le débat politique.
01:27:40 De ce point de vue-là, c'est pas une mauvaise chose,
01:27:42 ça fera vivre la démocratie,
01:27:44 mais moi, je veux dire aux Françaises et aux Français
01:27:46 qui en ont marre, finalement, de ces beaux discours,
01:27:48 qui en ont marre de ces mensonges,
01:27:50 qui en ont marre aussi de ces politiques dangereuses,
01:27:52 puisqu'Emmanuel Macron a entretenu une illusion,
01:27:55 qui est, à mon sens, dangereuse,
01:27:56 celle, à la fois, de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne,
01:27:59 alors que, là-bas, le salaire minimum est de moins de 200 euros par mois,
01:28:02 ce qui, évidemment, créera un dumping social immense,
01:28:05 et puis, une illusion, celle du partage de notre dissuasion nucléaire,
01:28:09 qui est, je pense, complètement irresponsable.
01:28:11 Eh bien, face à ces mensonges, face à ces illusions dangereuses,
01:28:15 il nous faudra, collectivement, opposer une autre vision des choses,
01:28:19 mais dire aussi à Emmanuel Macron
01:28:21 que nous ne pouvons plus de ces beaux discours,
01:28:25 que nous n'en pouvons plus de ces politiques de malheur social.
01:28:28 Et je terminerai là-dessus, parce que j'ai noté, quand même,
01:28:30 que, dans son discours,
01:28:31 il n'a pas été une seule fois question de quoi ?
01:28:34 La principale préoccupation des Français,
01:28:37 mais aussi des Européens, qui est le coût de la vie, la vie chère,
01:28:40 l'explosion des prix quand on fait nos courses, plus de 20 %,
01:28:43 pourquoi Emmanuel Macron ne propose rien en la matière ?
01:28:46 Nous, nous proposons non seulement de bloquer les prix des produits
01:28:49 de première nécessité, mais aussi de mettre à contribution
01:28:52 les profits des entreprises,
01:28:54 notamment dans le secteur agroalimentaire,
01:28:55 qui s'en sont mis plein les poches.
01:28:57 -Merci beaucoup, Manon Bry, tête de liste La France Insoumise.
01:29:00 Merci pour cette première réaction au discours d'Emmanuel Macron.
01:29:04 Et c'est vrai, sur les prix, l'inflation,
01:29:07 c'est quand même un oubliant.
01:29:10 En tout cas, Manon le dit, ça n'a pas été détaillé dans son discours.
01:29:13 -En fait, il n'a pas du tout abordé les préoccupations des Français.
01:29:17 -En particulier, aujourd'hui, ce qui fait qu'ils attendent
01:29:20 beaucoup de l'Europe, en tout cas, que cette Europe change de paradigme
01:29:25 et qu'elle revienne à être un peu plus connectée à la réalité
01:29:28 de ce que vivent les Français, en tout cas.
01:29:31 Moi, je pense, comme l'a dit Thomas, que c'était plutôt un discours
01:29:34 pour la présidence de l'Europe, et notamment un discours
01:29:39 aux Européens, mais aux initiés, à un parterre d'initiés,
01:29:43 qui sont convaincus de cette Europe.
01:29:45 Et c'est pour ça qu'il ne peut pas, aujourd'hui, finalement,
01:29:48 soutenir la campagne de Valérie Hayer, parce qu'au contraire,
01:29:51 je pense que ça va plutôt... -Mais c'est incroyable.
01:29:53 Non, mais c'est à la fois... Je pense, hein.
01:29:55 Parce que c'est vrai, au moment où il y a...
01:29:57 Enfin, depuis un certain temps, il y a une déconnexion,
01:29:59 et plus que ça, c'était un discours...
01:30:01 Est-ce que c'était un discours qui parlait, finalement,
01:30:04 aux Français d'Europe ? Voilà, ce qu'il parlait d'Européens
01:30:07 aux Européens de la France, notamment.
01:30:08 -On aurait dû diffuser le discours dans tous les pays d'Europe.
01:30:10 -Les Européens initiés, en fait, tous ceux qui cravent autour de cette Europe,
01:30:14 qui veulent absolument cette Europe, et notamment cette Europe fédérale,
01:30:17 mais pas aux Français.
01:30:19 S'il avait voulu vraiment soutenir Valérie Hayer,
01:30:21 il aurait été sûr des préoccupations,
01:30:23 et il nous aurait parlé sur les préoccupations.
01:30:25 -Mais je donne un exemple, par exemple, sur l'Europe de la défense.
01:30:28 Il a parlé du Rafale.
01:30:29 Il se trouve qu'on a reçu, ici même, lors de la grande interview,
01:30:32 Éric Trappier, qui est le... -Patron de Dassault.
01:30:33 -Voilà, exactement, le PDG de Dassault Aviation,
01:30:35 et donc du Rafale.
01:30:37 Et ici même, le patron de Dassault Aviation,
01:30:39 c'est... Comment dire ? Indigné, c'est peut-être un grand mot,
01:30:42 mais en tout cas, il a dit que ce n'était pas suffisant.
01:30:44 Que les Européens, en partie les Portugais,
01:30:46 sont en train d'acheter des avions de combat américains.
01:30:50 -Comme les Allemands. -Comme les Allemands.
01:30:51 Alors là, Emmanuel Macron, regardez, par exemple, Thomas Bonnet,
01:30:54 il cite les Grecs.
01:30:55 C'est vrai, les Grecs sont en pleine commande,
01:30:58 ou c'est déjà fait, en tout cas, pour des Rafales,
01:31:00 mais tous les autres pays, et ils sont très nombreux,
01:31:03 en Europe, qui choisissent Américains, ils ne les citent pas.
01:31:06 -Oui, en... -C'est un peu comme ça.
01:31:08 -Il reste assez vague en parlant d'un emprunt commun
01:31:11 pour soutenir l'industrie européenne de défense.
01:31:13 Il dit qu'il veut créer une intimité stratégique,
01:31:16 également, entre les armées européennes.
01:31:17 On ne comprend pas nettement la définition qu'il peut faire
01:31:20 de ce terme-là.
01:31:22 En fait, il est dans des grands principes,
01:31:23 des grandes orientations, des grandes idées,
01:31:25 mais c'est vrai que sur l'aspect concret,
01:31:26 que ce soit sur la défense, mais aussi sur d'autres sujets,
01:31:30 on est resté sur des domaines assez flots.
01:31:32 -Ce que vous êtes en train de dire est majeur.
01:31:34 Vous, André Vallini, j'ai bien compris,
01:31:35 vous êtes dans cette optique d'une souveraineté européenne.
01:31:38 C'est très important, parce qu'il faut expliquer
01:31:40 ce que c'est que le fédéralisme.
01:31:41 Nos téléspectateurs le savent.
01:31:43 Il y a eu une tribune, il y a quelques jours,
01:31:44 de souverainistes de droite et de gauche.
01:31:46 Il y a eu Michel Onfray, Arnaud Montebourg,
01:31:48 Marcel Gaucher, qui ont dit,
01:31:50 "Non, il faut arrêter ce tour de vice-fédéralisme,
01:31:53 "parce qu'il écrase, par la supranationalité,
01:31:55 "par tous les pouvoirs donnés à l'Europe,
01:31:57 "les nations et donc notre souveraineté."
01:31:59 Vous n'êtes pas d'accord avec cela ?
01:32:01 -Non, pas du tout.
01:32:03 Moi, je considère que les temps ont changé,
01:32:04 que nous sommes tous très attachés à l'histoire de France,
01:32:07 et moi le premier, depuis la monarchie
01:32:09 et bien avant la Révolution française,
01:32:10 depuis Huc Capet, depuis Charlemagne, Clovis,
01:32:13 en passant par Louis XIV, Napoléon Bonaparte,
01:32:15 le XIXe siècle,
01:32:17 je prends l'histoire de France en bloc,
01:32:19 et je l'assume et je l'aime énormément,
01:32:20 l'histoire de France, et j'aime mon pays.
01:32:23 Mais face aux grands défis du XXIe siècle,
01:32:25 le terrorisme, la criminalité organisée,
01:32:28 trafic de drogue notamment, les flux migratoires,
01:32:31 le numérique, le climat, face à tous ces grands défis,
01:32:34 vous pensez que chaque nation européenne prise isolément
01:32:37 peut faire face ?
01:32:39 -Evidemment non.
01:32:40 -Il y a des pays qui se débrouillent très bien tout seuls,
01:32:42 je pense à la Suisse,
01:32:43 qui a l'air d'avoir une taille critique plus petite,
01:32:46 et pourtant, ça se passe très bien.
01:32:47 Moi, ce qui me fait peur,
01:32:49 j'entends votre discours sur le papier,
01:32:50 le problème, c'est que l'Europe est devenue
01:32:54 à une forme liquide aujourd'hui.
01:32:56 Qu'est-ce que l'Europe ? J'aimerais bien savoir.
01:32:58 Nous avions commencé à très peu,
01:33:00 aujourd'hui, nous sommes 27,
01:33:01 il y a des pays qui sont encore sur la porte,
01:33:03 sur le seuil de la porte,
01:33:05 nous avons été incapables de définir simplement
01:33:08 une communauté culturelle,
01:33:10 parce que si on veut des limites à l'Europe,
01:33:12 eh bien, il faut être capable, évidemment, de la définir.
01:33:14 En réalité, nous en sommes incapables.
01:33:17 Et c'est vrai que c'est assez terrifiant,
01:33:19 et Marion Maréchal l'a dit, mais Manon Aubry,
01:33:21 d'une certaine façon, elle se rejoint sur ces sujets-là,
01:33:24 de voir arriver des pays qui, pour nos salariés,
01:33:28 vont aboutir à un dumping social effrayant.
01:33:32 Les agriculteurs, comment voulez-vous
01:33:34 qu'ils rivalisent, par exemple, avec l'Ukraine ?
01:33:36 C'est cet exemple qu'avait donné Manon Aubry.
01:33:39 Et dans la mesure où l'Europe est devenue assez monstrueuse
01:33:44 dans son périmètre, et encore une fois liquide,
01:33:47 parce que tous les jours, il y a des gens qui frappent à la porte,
01:33:49 si tout est Europe, rien n'est Europe,
01:33:51 c'est assez terrifiant.
01:33:53 Moi, pardon, moi aussi, je connais l'histoire de France,
01:33:56 je pleure quand même pour nos soldats
01:33:59 qui sont morts pour le drapeau français.
01:34:01 Les frontières françaises, ce n'est pas rien.
01:34:04 Les voir brader de cette façon-là...
01:34:06 - Le président a dit que l'Europe a commencé à réaffirmer
01:34:08 l'idée de ses frontières, il n'y a pas de souveraineté
01:34:11 s'il n'y a pas de frontières.
01:34:12 - C'est l'Europe.
01:34:14 - Même au niveau européen,
01:34:17 l'affirmation des frontières européennes,
01:34:19 ça ne saute pas aux yeux.
01:34:20 Ce qui est vrai, c'est qu'on peut aussi juger Emmanuel Macron
01:34:23 comme Ursula von der Leyen, d'ailleurs, sur un bilan.
01:34:26 Le président de la République fait des vœux pieux.
01:34:28 Il nous parle de numérique, de commerce, de défense,
01:34:31 mais que n'a fait l'Europe pendant des décennies ?
01:34:33 Sur le numérique, on est derrière les Américains,
01:34:35 derrière les Asiatiques, on est derrière tout le monde.
01:34:37 C'est une catastrophe.
01:34:38 Il n'y a pas de moteur de recherche européen.
01:34:39 Parmi les 10 premières big tech du monde,
01:34:41 il n'y en a pas une seule qui est européenne.
01:34:42 Sur la défense, on quitte de la défense européenne.
01:34:45 A-t-on un dom de fer ?
01:34:46 Sommes-nous dotés d'un certain nombre d'armes ?
01:34:48 Ce n'est pas le cas.
01:34:49 Et vous le rappeliez, Sonia,
01:34:51 nos voisins achètent les avions américains.
01:34:53 Et je pourrais égrener comme ça les sujets les uns après les autres
01:34:56 sur les questions sociales, c'est une catastrophe aussi.
01:34:58 L'Europe n'a pas tenu ses promesses aujourd'hui.
01:35:01 Et le président de la République nous fait un discours de politique général
01:35:03 comme si effectivement il était au début de la construction européenne.
01:35:06 Ça fait longtemps qu'elle a commencé.
01:35:07 - Nous allons poser cette question à Valérie Eyer
01:35:08 puisqu'après Marion Maréchal, Manon Brice et la tête de liste Renaissance
01:35:12 et je l'en remercie d'être avec nous en direct sur CNews.
01:35:15 Bonjour à vous, Valérie Eyer.
01:35:17 Alors évidemment, vous êtes d'accord
01:35:19 et c'est votre discours sur l'Europe qui a aussi été décliné
01:35:22 par le président de la République.
01:35:25 Qu'est-ce qu'il y a de novateur par rapport à il y a 7 ans ?
01:35:29 Nous avions eu ce discours il y a 7 ans à la Sorbonne
01:35:31 avec beaucoup de promesses.
01:35:32 Aujourd'hui, 7 ans après, sur beaucoup de sujets,
01:35:35 qu'est-ce que vous, vous relevez qui n'a pas été
01:35:38 ou qui a été réalisé depuis ces 7 années ?
01:35:41 - D'abord, il faut le dire, le discours de 2017 de la Sorbonne
01:35:45 était un discours important de vision de ce que devait être l'Europe
01:35:49 plus souveraine, plus unie, plus démocratique.
01:35:52 Et durant ces 7 années, beaucoup des propositions
01:35:56 qui avaient été formulées par Emmanuel Macron sont devenues réalitées
01:36:00 et finalement, au-delà des propositions,
01:36:02 c'est aussi un changement de logiciel qui est en cours
01:36:05 et qui s'est fait notamment grâce ou à cause
01:36:07 des crises qu'on a traversées.
01:36:08 L'idée que l'Europe devait être souveraine,
01:36:10 c'est-à-dire décidée par ses propres moyens
01:36:13 et ne pas laisser d'autres puissances décider pour elle-même,
01:36:16 eh bien, on est en train de sortir de cette naïveté
01:36:19 dont Emmanuel Macron avait fait le constat il y a 7 ans.
01:36:22 On l'a vu avec la capacité d'endettement commun
01:36:25 qu'on a lancée au lendemain de la crise sanitaire
01:36:28 pour être plus fort ensemble.
01:36:30 On l'a vu avec l'accélération sur les enjeux de défense européenne
01:36:33 au lendemain de la guerre en Ukraine.
01:36:35 Et puis, on est en train d'engager le tournant
01:36:37 de la réindustrialisation pour ne plus dépendre de l'Asie,
01:36:40 notamment pour les grandes transitions de demain,
01:36:43 notamment la transition environnementale.
01:36:45 Donc, c'était ce bilan-là qui est important de faire.
01:36:48 Je pourrais vous donner beaucoup d'autres exemples,
01:36:50 notamment sur la régulation des géants du numérique
01:36:52 ou le pacte vert.
01:36:53 Et puis, c'était dessiner les nouvelles priorités pour demain.
01:36:59 Je pense que l'élément principal, au-delà des propositions
01:37:01 formulées par le président de la République,
01:37:03 c'est la nécessité du réveil européen,
01:37:05 de véritablement changer d'angle, changer de paradigme,
01:37:08 parce que la réalité du monde a changé
01:37:10 et que nous devons nous-mêmes reprendre notre destin en main
01:37:13 et écrire notre futur pour ne pas se laisser concurrencer
01:37:16 par des puissances étrangères
01:37:18 et pour préserver notre sécurité.
01:37:20 -Valérie Heyer, que répondez-vous à ce qui vient d'être dit
01:37:23 d'ailleurs par à la fois les têtes de liste Reconquête
01:37:26 et la France insoumise ?
01:37:28 Mme la maire, et Manon Bry, c'était un discours
01:37:31 d'un directeur de campagne.
01:37:33 Il y a une intrusion du chef de l'Etat
01:37:35 dans la campagne des Européennes
01:37:37 et elle souhaiterait que son temps de parole soit décompté.
01:37:41 -Je leur dis et je vous dis à tous qu'Emmanuel Macron,
01:37:46 depuis le premier jour, a parlé d'Europe.
01:37:48 Le candidat Emmanuel Macron, en 2016-2017, a parlé d'Europe.
01:37:51 Le président de la République, en 2017, a parlé d'Europe.
01:37:54 Le président, aussi durant la présidence française
01:37:57 de l'Union Européenne, le premier semestre de l'année 2022,
01:38:00 où la France a été en responsabilité en Europe,
01:38:03 a parlé d'Europe. Emmanuel Macron parle d'Europe tous les jours,
01:38:06 il en parle aujourd'hui, mais il continuera de parler d'Europe
01:38:09 parce que c'est au coeur de son identité politique,
01:38:12 de son engagement au service des Français,
01:38:14 avec la conviction très forte que c'est en renforçant l'Europe
01:38:17 qu'on soutiendra davantage les Français.
01:38:19 -Merci, Valérie Heyer, tête de liste Renaissance,
01:38:22 pour cette réaction. Merci en direct sur CNews.
01:38:26 Encore un mot, Thomas Bonnet. Est-ce qu'un tel discours
01:38:29 peut avoir un quelconque effet sur la campagne,
01:38:32 aujourd'hui, et sur le score de Mme Heyer ?
01:38:35 Est-ce qu'il peut y avoir un sursaut ?
01:38:37 Parce qu'il est vrai, disons les choses,
01:38:39 que dans la campagne des Européennes,
01:38:41 on parle de tout sauf d'Europe.
01:38:43 Ce qui est bien, c'est qu'on parle quand même
01:38:45 des projets européens, c'est le coeur
01:38:47 d'une campagne des Européennes.
01:38:49 -Ce qu'on dit du côté de la majorité,
01:38:51 c'est que la campagne pour les élections européennes
01:38:53 n'a pas véritablement commencé. On peut dire
01:38:55 que le président de la République à la Sorbonne
01:38:57 est un point de départ, finalement, de cette campagne.
01:38:59 Mais là, vous avez raison, c'est que ça remet
01:39:01 les questions européennes au centre, là où certains partis
01:39:03 ont fait campagne depuis le début,
01:39:05 sur parfois une thématique unique.
01:39:07 La France insoumise n'a parlé que de la question
01:39:09 du Proche-Orient depuis le début de cette campagne
01:39:11 des Européennes. Le Rassemblement national
01:39:13 veut en faire des élections de mi-mandat.
01:39:15 Bref, chacun y va un peu de sa stratégie politique
01:39:17 pour ce scrutin qui, rappelons-le,
01:39:19 a quand même des impacts au niveau européen.
01:39:22 C'est ce qu'a voulu rappeler le président de la République.
01:39:24 Est-ce que ça va bénéficier à la liste de Valérie Reyer ?
01:39:26 Il est encore trop tôt pour le dire.
01:39:28 Mais comme on l'a dit depuis le début de ce décryptage,
01:39:31 pas certain que ce discours ait été entendu
01:39:33 par tous les Français et que tout le monde
01:39:35 l'ait parfaitement compris.
01:39:37 - En excellent français, on va switcher.
01:39:39 - Ouh là ! Oh là là !
01:39:41 - Après un discours à la Sorbonne. Oh là là !
01:39:43 Je vais vous faire une belle transition
01:39:46 puisque le président de la République,
01:39:48 je ne sais pas si vous l'avez noté,
01:39:50 il a fustigé, je crois, le choix des Britanniques
01:39:52 pour renvoyer des migrants dans un pays dont ils ne viennent pas.
01:39:56 On rappelle juste à nos téléspectateurs,
01:39:58 ça fait des semaines que c'était en débat en Grande-Bretagne.
01:40:01 Il y a eu un projet de loi selon lequel,
01:40:03 maintenant, ils vont pouvoir renvoyer les migrants
01:40:06 rentrés de manière illégale
01:40:08 et les demandeurs d'asile de manière illégale
01:40:10 vers le Rwanda qui, lui, va prendre en charge
01:40:12 pour dispatcher ensuite. Et le Rwanda est payé pour cela.
01:40:15 Vous avez entendu la réaction...
01:40:17 - Il est bien payé. 450 millions de euros sterling
01:40:20 plus 20 000 par million. - Exactement.
01:40:23 Vous avez entendu ce qu'a dit Emmanuel Macron.
01:40:25 Regardez maintenant ce sondage.
01:40:27 On a posé la question, le sondage CNews,
01:40:29 pour savoir si les Français étaient favorables à une telle mesure.
01:40:32 Les Français et donc la possibilité d'une telle mesure.
01:40:35 Eh bien, pour une majorité nette, très confortable,
01:40:38 67 % des Français sont favorables à cela.
01:40:42 Ce n'est pas rien qu'un pays s'occupe de cet acheminement,
01:40:47 si je puis dire. C'est assez inédit.
01:40:51 Le Rwanda se propose de le faire.
01:40:53 Je voudrais vous faire écouter ce matin,
01:40:55 lors de la grande interview, c'est un député socialiste,
01:40:57 M. Valény, que vous connaissez, Jérôme Gage.
01:41:00 Je lui ai posé la question, je lui ai dit,
01:41:02 il y a 10 ans, le Parti socialiste,
01:41:04 et c'est écrit noir sur blanc, affirmait que l'immigration
01:41:06 est une chance et que c'est un levier d'enrichissement culturel.
01:41:09 Est-ce que vous dites la même chose 10 ans après ?
01:41:11 Écoutons-le.
01:41:13 J'ai repris les mots "il y a 10 ans",
01:41:15 le député passé du Parti socialiste, qui affirmait ceci,
01:41:18 l'immigration est une chance et c'est un levier d'enrichissement culturel.
01:41:22 Est-ce que vous le diriez aujourd'hui ?
01:41:24 En tous les cas, ce qu'on ne peut pas dire aujourd'hui,
01:41:26 je partage les mots, je refuse.
01:41:28 Aujourd'hui encore ?
01:41:30 Évidemment, nous sommes une terre d'immigration,
01:41:32 nous l'avons toujours été, et nous continuerons
01:41:34 à être une terre d'immigration.
01:41:36 Il faut arrêter d'entretenir une fiction qui consiste à dire
01:41:38 que l'immigration zéro est le seul modèle.
01:41:40 On peut avoir une possibilité, on peut avoir une discussion.
01:41:43 Donc l'immigration est une chance, c'est important pour vous.
01:41:45 L'immigration contrôlée et encadrée,
01:41:48 c'est une compétence des Etats dans le cadre européen.
01:41:51 Est-ce que la France est une terre d'immigration ?
01:41:53 C'est un mensonge, ce que dit...
01:41:55 Je ne pensais pas que certains pouvaient encore le dire,
01:41:58 parce que c'est quelque chose qui a été beaucoup dit
01:42:01 dans les dernières années, et je croyais qu'une bonne fois pour toutes,
01:42:04 la réalité avait été établie.
01:42:07 Évidemment, les Etats-Unis sont une terre d'immigration,
01:42:09 la France n'est pas une terre d'immigration.
01:42:11 Il y a eu une immigration au XIXe,
01:42:14 provenant de pays culturellement très proches,
01:42:18 une immigration de travail,
01:42:20 et même avec ces pays culturellement très proches,
01:42:22 ça n'a pas toujours été simple,
01:42:24 parce qu'il y a une identité culturelle française forte,
01:42:26 et cette immigration qui, aujourd'hui, nous touche massivement
01:42:30 et en provenance de pays culturellement souvent très éloignés,
01:42:34 c'est absolument sans précédent.
01:42:38 Et je trouve fou qu'on ne réussisse pas à se mettre d'accord
01:42:42 sur ce postulat de base.
01:42:44 On peut être d'accord, pas d'accord, se dire que c'est une chance,
01:42:46 mais au moins se mettre d'accord sur le fait
01:42:49 que ce mouvement de population est sans précédent.
01:42:52 -Et le président de la République a eu d'ailleurs une expression assez étrange.
01:42:56 -Il l'avait dit. -Pardonnez-moi.
01:42:58 -Le président de la République a été allé dans le même sens
01:43:01 que Jérôme Guedj il y a quelques semaines,
01:43:03 mais il avait évoqué l'immigration comme étant dans l'ADN de la France
01:43:07 et comme étant partie intégrante de l'histoire de la France.
01:43:09 -Mais c'est historiquement faux. -Oui, je suis d'accord avec vous.
01:43:11 Mais par conséquent, il y a une ligne assez commune et pro-immigration
01:43:15 entre la majorité présidentielle et la gauche, enfin une partie de la gauche.
01:43:18 -M. Valigny, vous êtes d'accord ?
01:43:20 -Je suis en total désaccord, évidemment, avec ce qui a été dit.
01:43:23 -La France est une terre d'immigration ?
01:43:24 -Bien sûr. Je m'appelle Valigny, vous vous appelez Mabrouk.
01:43:26 La France a toujours accueilli les étrangers
01:43:28 quand on les accueille dans de bonnes conditions,
01:43:32 quand l'immigration est régulée, bien encadrée,
01:43:35 quand on fait des efforts pour intégrer les étrangers,
01:43:38 puis ensuite pour les assimiler, les choses se passent bien.
01:43:41 Enfin, un pays qui se referme sur lui-même,
01:43:43 un pays qui se ferme sur lui-même,
01:43:45 un pays qui se barricade est un pays qui décline.
01:43:47 L'histoire le montre.
01:43:48 La migration, elle est dans la nature humaine,
01:43:50 en Europe, en Afrique, en Amérique, partout, en Asie.
01:43:53 -Non, mais il y a juste un contre-exemple sur ce que tu dis en vrai.
01:43:56 -Nous sommes dans le chemin inverse. Nous avons une immigration massive.
01:43:59 Donc si on décline, on deviendrait dans les panouissiens.
01:44:02 -Le contre-exemple, juste d'un mot, est-ce que je peux dire un mot ?
01:44:05 -En complément, juste pour répondre à André,
01:44:07 j'ai un contre-exemple où une civilisation, disons,
01:44:11 a décliné par son ouverture, c'est l'Empire romain.
01:44:14 Et depuis l'édit de Caracalla, l'Empire romain s'est caractérisé
01:44:17 par un octroi de la citoyenneté massif et par une immigration,
01:44:20 on ne peut pas parler d'immigration, mais en tout cas,
01:44:22 une assimilation d'un certain nombre de populations,
01:44:24 et elle a décliné.
01:44:25 Par conséquent, dire que c'est le repli qui crée le déclin des nations,
01:44:28 c'est faux, et j'ai encore une dizaine d'exemples.
01:44:30 -Entre-temps, tu as retrouvé la phrase du président de la République
01:44:32 "La France est un pays de mouvements secondaires",
01:44:34 mais ça, il voulait dire que les migrants...
01:44:36 -Venaient et partent.
01:44:38 -Ils vont vers la Grande-Bretagne.
01:44:40 -Non, mais moi, je voudrais rebondir sur ce qu'a dit André,
01:44:43 et je suis d'accord avec lui, c'est-à-dire qu'on a eu une période,
01:44:46 en fait, dans les années 50 jusqu'à 70, on avait une immigration,
01:44:50 le travail, et après, les familles ramenaient leurs enfants,
01:44:54 donc recoupement familial, mais c'était une immigration
01:44:57 qui était extrêmement minoritaire et qui se fondait dans la majorité.
01:45:00 Et au niveau des us et coutumes, on les intégrait d'une manière,
01:45:04 même, je dirais, apaisée, sans rien laisser de soi,
01:45:06 on pouvait même s'assimiler sans rien laisser de soi.
01:45:10 Donc ça se passait plutôt bien.
01:45:13 Le problème qu'on a eu, c'est qu'on a eu un afflux
01:45:15 extrêmement important d'immigrations à partir des années 80
01:45:19 qui font qu'on n'a pas la capacité d'insérer...
01:45:21 -C'est la loi du nombre. -Exactement, la loi du nombre,
01:45:24 qui pose même des problèmes aux personnes qui immigrent,
01:45:26 parce qu'ils n'ont pas cette capacité à avoir des espaces d'altérité.
01:45:30 Et c'est ce qui explique qu'aujourd'hui,
01:45:32 on se retrouve avec des difficultés, il faut dire les choses,
01:45:34 et notamment, ce vivre-ensemble qu'on appelle de nos voeux,
01:45:37 eh bien, il a du mal à se faire.
01:45:39 Donc, effectivement, le nombre fait qu'aujourd'hui,
01:45:42 l'intégration se passe beaucoup moins et qu'on a aussi à faire aujourd'hui,
01:45:46 il faut le dire, des quartiers enclavés et du séparatisme,
01:45:49 alors que notre pays n'est pas un pays communautariste
01:45:53 et on se retrouve avec du communautarisme.
01:45:55 -Je vais vous montrer une image que je trouve triste.
01:45:58 À Nantes, vous voyez le grand escalier de Nantes,
01:46:01 pour ceux qui connaissent la ville, vraiment immense,
01:46:04 vous savez ce qui s'est passé,
01:46:06 il y a eu le drapeau palestinien qui a été peint
01:46:09 et puis le drapeau israélien a été peint, il a été recouvert.
01:46:13 Je vais vous laisser regarder le sujet,
01:46:16 mais je trouve que c'est d'une tristesse, vraiment,
01:46:19 c'est-à-dire qu'on ne puisse pas s'accorder
01:46:21 pour que même les deux drapeaux ne puissent être peints.
01:46:23 Alors la solution à deux étages, je peux vous dire,
01:46:25 ce n'est pas demain la veille, si on n'arrive même pas sur deux drapeaux.
01:46:28 Regardez le sujet.
01:46:30 -Les équipes anti-tac de la métropole nantaise
01:46:34 ont été déployées en tout début de matinée
01:46:36 pour effacer les deux drapeaux
01:46:38 des marches de la butte Saint-Anne, le plus grand escalier de la ville.
01:46:41 La veille, les deux or et flamme cohabitaient
01:46:44 après que le collectif Nous Vivrons
01:46:46 soit venu depuis Paris peindre le drapeau israélien
01:46:50 à côté du drapeau palestinien laissé intact par la mairie.
01:46:54 Mais l'emblème israélien a été recouvert de peinture rouge ce mardi.
01:46:58 -Le message est bien plus violent
01:47:00 qu'une dégradation, comme l'a souligné la mairie de Nantes.
01:47:03 C'est un message qui appelle à la haine des Juifs.
01:47:06 On attend une condamnation ferme de la mairie de Nantes
01:47:09 sur les actes odieux qui ont été commis en pleine journée.
01:47:12 Il faut quand même le rappeler.
01:47:14 Et qui ne constitue pas une simple dégradation
01:47:17 d'une oeuvre artistique en centre-ville de Nantes.
01:47:19 -La mairie PS de Nantes, jointe par téléphone,
01:47:22 estime qu'à partir du moment où il y a eu des dégradations,
01:47:27 il est logique qu'on efface tout.
01:47:28 Début mars, une croix celtique, symbole d'extrême droite,
01:47:31 avait été retirée.
01:47:32 L'opposition municipale de droite se félicite
01:47:35 que l'escalier de la discorde ait été nettoyé.
01:47:38 Reste à savoir pour combien de temps
01:47:41 l'espace public étant devenu un support des luttes politiques.
01:47:45 -La coexistence des deux drapeaux était plutôt un beau symbole.
01:47:50 Vous allez me trouver peut-être un peu idéaliste,
01:47:52 mais quand il y a eu les premières manifestations pro-palestiniennes,
01:47:56 c'était complètement candide de ma part,
01:47:57 j'avais imaginé qu'il aurait pu y avoir des manifestations
01:47:59 pour la paix où tout à la fois le peuple israélien
01:48:02 aurait pu agiter des drapeaux pour Israël
01:48:04 et les palestiniens des drapeaux pour la Palestine
01:48:06 sans qu'il y ait d'affrontement,
01:48:07 mais sur la base de la solution à deux Etats.
01:48:09 Effectivement, c'est très candide, mais je rêverais de ça.
01:48:12 -Je cherche parfois des drapeaux français.
01:48:14 -Mais dans ce conflit-là.
01:48:16 -En tout cas, on peut souligner que lors de la marche
01:48:19 contre l'antisémitisme, il y avait une dignité,
01:48:21 il n'y avait pas de drapeau, il y avait d'ailleurs
01:48:24 un message consensuel, si je peux dire.
01:48:26 Moi, je constate que, et ça rejoint le problème
01:48:31 qui a été abordé avant sur l'immigration,
01:48:33 c'est que nous n'avons aucunement anticipé
01:48:36 les conséquences de cette immigration chez nous
01:48:40 avec l'arrivée de communautés avec leurs propres revendications.
01:48:44 Moi, je suis quand même d'une génération
01:48:46 qui a appris à lutter contre l'antisémitisme,
01:48:48 on m'a parlé beaucoup de ça à l'école,
01:48:50 j'ai vu toute une narrature sur le sujet.
01:48:53 -Vous avez entièrement raison, mais en comparaison
01:48:54 à d'autres pays, je trouve que quand vous voyez
01:48:57 les manifestations monstres en Grande-Bretagne
01:48:59 et ce qui se passe dans les facultés américaines,
01:49:01 on s'en sort plutôt bien.
01:49:03 -Oui, malgré ce que vous dites, nous avons moins laissé
01:49:06 l'abri de sur le coup à un communautarisme débridé,
01:49:09 néanmoins, c'est un peu un combat retardateur
01:49:11 et nous arrivons à des conflits que nous n'aurions jamais imaginés.
01:49:15 Je vous rappelle que le conflit israél-hamas
01:49:17 a déjà fait un mort en la personne de Dominique Bernard
01:49:20 et qu'il y a eu bien des personnes agressées.
01:49:22 Et moi, je suis frappée de voir
01:49:24 qu'on a nullement anticipé ça.
01:49:27 La réalité, c'est qu'on a pris tout le monde
01:49:29 comme des homo economicus,
01:49:31 page blanche culturellement, absolument interchangeables
01:49:34 les uns avec les autres, et on s'est dit
01:49:36 que tout ça va bien se passer, mais on pourrait parler
01:49:38 des Afghans qui arrivent chez nous
01:49:40 et qui sont quand même d'une culture très éloignée.
01:49:42 Et je me demande à quel moment
01:49:44 nos politiques vont ouvrir les yeux.
01:49:46 Je suis frappée aussi, et je voulais finir par ça,
01:49:48 par le décalage entre le sondage
01:49:51 sur le Rwanda, la solution Rwanda de la Grande-Bretagne.
01:49:55 67 %, ça dépasse largement
01:49:57 tous les scores cumulés de la droite.
01:50:00 Et les cris d'orfraie,
01:50:02 les protestations de rosières
01:50:05 de nos politiciens effarouchés.
01:50:07 Ça montre le décalage élegatus énorme.
01:50:09 Je précise que c'est souvent des migrants illégaux,
01:50:11 ils sont entrés de manière illégale.
01:50:13 Le meilleur moyen de ne pas aller au Rwanda,
01:50:15 c'est de ne pas être des immigrés illégaux
01:50:17 s'ils ne souhaitent pas y aller.
01:50:19 - Mais le truc important, c'est qu'à un moment,
01:50:21 il faut voir aussi qui est le coupable de tout ça.
01:50:24 C'est qu'un État, la France, elle laisse faire les choses.
01:50:27 Quand vous avez cité les Afghans,
01:50:29 comment des Afghans qui sont généreusement accueillis en France
01:50:32 se permettent ce qu'ils ont fait
01:50:34 lors de la manifestation de samedi ?
01:50:36 Et puis autre chose,
01:50:38 vous avez des partis politiques aujourd'hui qui instrumentalisent.
01:50:41 Le conflit israélo-palestinien, c'est qui ?
01:50:43 C'est des Républicains.
01:50:45 Ils sont normalement dans l'arc républicain,
01:50:47 ils instrumentalisent.
01:50:49 C'est pas, par exemple, on va être honnête,
01:50:51 c'est pas, par exemple, une association qui a pignon sur rue,
01:50:54 musulmane ou...
01:50:56 enfin, issue de l'immigration,
01:50:58 qui vient et qui est en train d'instrumentaliser.
01:51:00 Là, vous avez LFI qui instrumentalise.
01:51:02 Par exemple, moi, je sais qu'on en a parlé sur votre plateau, Sonia,
01:51:06 on avait dit, vous allez voir ce qui va se passer
01:51:08 juste après 7 octobre avec la réponse d'Israël.
01:51:12 Vous allez voir ce qui va se passer, on va avoir des émeutes.
01:51:14 Il n'y a pas eu une seule émeute dans les quartiers.
01:51:17 Et allez voir, il n'y a pas de tag ni rien.
01:51:19 Le peu qu'il y a eu, sont immédiatement retirés.
01:51:22 Donc, ce qu'il faut voir aujourd'hui,
01:51:24 c'est comment des députés, par exemple, de LFI,
01:51:27 comment un parti politique, comment Mélenchon,
01:51:30 instrumentalise à des fins de fracturer beaucoup plus la société.
01:51:34 C'est ça qui est grave.
01:51:36 Et aujourd'hui, on n'a pas de garde-fou pour empêcher cela.
01:51:38 -Au cas des garde-fous, il n'y en a pas du tout
01:51:40 dans les universités américaines.
01:51:42 Parce que regardez, les images sont sidérantes.
01:51:44 Là, c'est un climat insurrectionnel sur certains campus.
01:51:47 Les étudiants juifs cachent les signes, évidemment,
01:51:52 qu'ils portent pour certains.
01:51:54 Ils ont vraiment peur.
01:51:56 Et vraiment, quand vous voyez ces images,
01:51:58 vous vous dites que c'est au bord de l'explosion.
01:52:00 C'est un sujet de tant crête guillotin.
01:52:02 -Sur le campus de l'université du Texas à Austin
01:52:07 ou sur celui de l'université de Californie du Sud à Los Angeles,
01:52:11 des manifestants pro-palestiniens viennent défier la police.
01:52:15 Après les dizaines d'interpellations en début de semaine
01:52:18 dans plusieurs universités américaines,
01:52:20 la journée d'hier a été le théâtre d'un regain de tension
01:52:23 entre forces de l'ordre et étudiants américains pro-palestiniens.
01:52:26 En visite à l'université de Columbia à New York,
01:52:29 Mike Johnson, le président républicain
01:52:31 de la Chambre des représentants du Congrès,
01:52:33 a demandé plus de fermeté.
01:52:35 -Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement
01:52:39 et si ces menaces et intimidations ne cessent pas,
01:52:41 le moment est venu de déployer la garde nationale.
01:52:44 Nous devons mettre de l'ordre sur ces campus.
01:52:46 Ces manifestants sont menaçants, intimidants
01:52:49 et ils disent qu'ils s'en prendront aux étudiants juifs.
01:52:51 -Sur le campus de l'université new-yorkaise
01:52:55 où les manifestants ont installé un campement
01:52:57 depuis la semaine dernière,
01:52:59 beaucoup d'étudiants sont inquiets.
01:53:01 -Je ne me sens pas en sécurité parce que beaucoup de ces manifestants
01:53:05 ont tendance à être assez violents
01:53:07 ou à proférer des insultes antisémites.
01:53:09 Lorsque je viens sur le campus, je cache souvent mes symboles juifs
01:53:12 pour ma propre sécurité.
01:53:15 -Il y a vraiment beaucoup de tension.
01:53:17 Beaucoup de mes amis sont restés debout jusqu'à 5 ou 6h du matin.
01:53:20 Ils n'arrivaient pas à dormir à cause de tout ce qui se passait.
01:53:22 -Hier, la Maison-Blanche a également réagi,
01:53:24 réaffirmant que le président Joe Biden
01:53:26 soutenait la liberté d'expression dans les universités
01:53:29 tout en dénonçant toute rhétorique haineuse ou cas de violence.
01:53:32 -Conséquence du wokisme et de l'intersexualité.
01:53:37 -C'est un cocktail.
01:53:39 -L'antisémitisme est le dernier avatar de ce processus.
01:53:41 On l'a vu avec Judith Butler.
01:53:43 -C'est le parent de demain. Imaginez la suite.
01:53:46 Les combats, ça va être...
01:53:48 -La Weinstein de la gauche américaine.
01:53:50 C'est elle qui l'a créée.
01:53:52 Aujourd'hui, Joe Biden est bien embêté.
01:53:54 C'est une épine dans le pied, y compris sur le plan électoral.
01:53:57 Comment concilier l'aide à Israël
01:54:00 et une jeunesse radicalisée de cette façon ?
01:54:04 Il n'a qu'à s'en prendre qu'à lui-même.
01:54:06 Ils ne l'ont pas vu arriver.
01:54:08 Mais le problème, c'est qu'il nous arrive la même chose en France,
01:54:11 qui est peut-être à bas bruit, quoique.
01:54:14 Nous devrions, avant de nous alarmer des Etats-Unis,
01:54:17 faire notre propre autocritique.
01:54:19 -Tout à fait.
01:54:21 Il y a d'autres sujets dans l'actualité.
01:54:23 Nous allons même faire un mini-journal
01:54:25 pour voir ce qui s'est passé.
01:54:27 Il y a Emmanuel Macron, mais il y a autre chose.
01:54:29 La dernière information va beaucoup vous intéresser.
01:54:32 C'est à vous, cher Michael.
01:54:34 On ne s'est pas vu depuis le début de "Midi News".
01:54:37 -Emmanuel Macron a prononcé son discours sur l'Europe
01:54:40 depuis la Sorbonne.
01:54:42 Le chef de l'Etat a adressé son bilan
01:54:44 et évoqué les pistes qu'il envisage pour une Europe plus forte,
01:54:47 notamment en matière de sécurité et de défense.
01:54:50 Une Europe plus forte est une Europe qui est plus forte
01:54:53 que l'autre.
01:54:55 -Vous avez pas de micro, me dit-on.
01:54:57 Vous savez ce qu'on va faire ?
01:54:59 Vous allez me donner vos fiches.
01:55:01 Vous voulez que je...
01:55:03 -Voilà. -Je préfère dire...
01:55:05 Ou alors vous le dites, vous.
01:55:07 -Quelle faculté d'adaptation.
01:55:09 Une Europe plus forte est une Europe qui maîtrise ses frontières.
01:55:13 Le trafic aérien ralentit en France.
01:55:15 A l'aéroport de Paris-Orly,
01:55:17 3 vols sur 4 sont supprimés au départ ou à l'arrivée.
01:55:20 Plus de la moitié à Roissy-Charles-de-Gaulle
01:55:22 et 65 % à Marseille-Provence.
01:55:24 Les contrôleurs aériens ne lâchent rien
01:55:26 et comptent bien obtenir des hausses de salaire.
01:55:29 Les ailes du Moulin Rouge se sont effondrées cette nuit.
01:55:32 Fort heureusement, il n'y a eu aucun blessé.
01:55:34 C'est la 1re fois qu'un accident de ce type se produit
01:55:37 dans la création du cabaret, il y a près de 135 ans.
01:55:40 -Je ne me suis pas mise debout pour le French cancan.
01:55:43 -Non. -Merci.
01:55:44 -Vous pourrez vous étonner.
01:55:46 -L'audience s'envolerait.
01:55:48 -Si même le moulin perd ses ailes, il enlève le bas.
01:55:52 Il enlève le haut.
01:55:54 C'est un symbole de paix.
01:55:56 -Il faut le reconstruire à l'identique.
01:55:59 -Merci, Michael. Bonjour, merci.
01:56:01 C'était un plaisir de vous avoir.
01:56:03 C'était une émission un peu raccourcie.
01:56:05 Le président est un peu bavard.
01:56:07 -C'est comme les ailes du moulin, il a tourné longtemps.
01:56:09 -A l'habitude. -C'est un moulin dont les ailes ne se cassent pas.
01:56:13 -Merci. A très bientôt. Merci de nous avoir suivis.
01:56:16 Belle après-midi.
01:56:18 Restez avec nous, s'il vous plaît.
01:56:19 Sur CNews, vos éditions se poursuivent.
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