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  • 23/04/2024
Lucie et Océan, artistes du collectif Akira et le Sabbat sont les Nouvelles Têtes de Mathilde Serrell. Le collectif fait partie de la sélection Les iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel et se produira mercredi 24 avril sur la scène du 22 Est & Ouest.

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Transcription
00:00 Il est 9h51, place aux Nouvelles Têtes avec vous, Mathilde Serrel, ce matin un collectif sans futur.
00:07 Le groupe Akira et le Saba est dans notre studio. Portrait sonore.
00:12 *bruits de chien*
00:20 La moitié d'entre eux a grandi à la campagne en Haute-Marne,
00:24 là où le boulanger ne fait que passer pour vendre son pain sur la place du village,
00:28 où la liberté c'est le vélo quand on n'a pas de sous pour se payer une mobilette.
00:32 *bruits de chien*
00:38 L'autre moitié a grandi en ville, à Lyon, dans le bruit des klaxons et les virées en trottinette.
00:42 Leur point commun c'est de s'être ennuyés profondément pendant leur scolarité,
00:46 avec une étiquette de "bizarre" collée sur le front.
00:50 J'ai tendance à cataloguer les gens en fonction de la musique qu'ils écoutent.
00:53 Comme ces mecs là, qui donnent dans le pseudo hip-hop.
00:56 Ensuite y'a les rastabourges, les fils à papa de quartier chic.
00:59 En fait je suis à côté de la plaque, j'ai jamais réussi à m'intégrer.
01:03 Le lycée, avec ses catégories toutes faites, leur donne surtout envie d'errance,
01:07 pour échapper à une réalité qui ne leur va pas, dans laquelle ils ne se retrouvent pas,
01:11 et surtout où ils ne se projettent pas.
01:15 En revanche, y'a un manga dans lequel ils se retrouvent tous.
01:18 *bruits de chien*
01:23 "J'ai peut-être créé le diable le plus puissant, impotoyable et brutal de ce monde."
01:30 Dans la série animée Devilman Baby, le personnage d'Akira, loser chétif et mal dans sa peau,
01:37 se rend dans une rave party appelée le Saba, où il est possédé par un démon,
01:41 mais va utiliser ses nouveaux pouvoirs pour sauver l'humanité.
01:44 Voilà plus ou moins leur programme.
01:47 "J'ai la fraile comme le manche une feuille de chouise,
01:49 des ficeaux à du cuir ou la vendre,
01:52 peu importe si le soleil se couche ou mis le feu à la fièvre."
01:57 "Qu'est-ce que je vais foutre avec ma, qu'est-ce que je vais foutre avec ma,
02:00 qu'est-ce que je vais foutre avec ma vie ?
02:02 Je vais marcher des tuyennes, je vais marcher des tuyennes."
02:07 Sélectionné pour les Inouïs du printemps de Bourges,
02:10 ils forment désormais un groupe mais aussi une colloque,
02:12 et s'apprêtent à allumer la mèche de leur premier recueil de titres,
02:15 la Poudrière.
02:16 Akira et le Saba, bonjour !
02:18 "Bonjour !"
02:19 Et d'abord un point sur ce titre, requin qu'on vient d'écouter,
02:21 donc des TN c'est des baskets, il a fallu que je pose la question,
02:24 ce qui a évidemment révélé ma vieillerie auprès de mon entourage, c'est ça ?
02:29 "Ouais c'est ça, c'est une basket emblématique qui ressemble du coup à un requin,
02:33 c'est pour ça que le morceau s'appelle "Requin" aussi.
02:35 En fait emblématique parce que autant à la ville qu'à la campagne,
02:38 elle infuse chez les gens qui les portent une sorte d'envie,
02:42 une sorte d'impulsion en fait, je dirais même d'insolence,
02:46 et du coup c'est pour ça, il y a un peu ce truc de...
02:49 Nous on bossait en restauration, on a remarqué que les gens en restauration,
02:52 quand ils avaient une paye, vu qu'on s'habille jamais normalement dans la ville
02:56 et quand on bosse en restauration, ils achetaient des vêtements qu'ils ne pouvaient jamais porter,
02:59 parce que les ouvriers, voilà.
03:00 Et du coup quand tu sors avec ta paye, tu as rien, mais tu t'achètes des vêtements que tu portes pas,
03:04 et t'as juste envie de tout casser, tout ce qui se passe autour de toi, c'est pour ça que je dis...
03:09 C'est pour ça que vous chantez, que vous allez les foutre dans la gueule de pas mal de monde,
03:13 les fameuses TN.
03:15 - Alors, Océan et Valentino chantent, Elric a la guitare, Lucie au clavier, Jules à la basse,
03:20 Eden à la batterie, c'est Océan Raison et Lucie Brevillet qui sont avec nous ce matin au micro,
03:24 vous avez fait l'aller-retour de Bourges pour nous, merci, en train bien sûr.
03:28 Vous allez présenter demain votre sabbat, ce sera quoi ? Un rituel ?
03:33 À quoi il faut s'attendre Akira et le sabbat ?
03:36 - Une bonne grosse fiesta, des gens qui s'amusent, avec le point levé,
03:42 on s'énerve et en même temps on s'aime, ça va être...
03:45 - Un cocktail de rage et de joie, de libération du corps et de l'esprit.
03:51 - Océan, voici la définition que vous donnez de votre musique, tu prends une poubelle avec
03:55 "l'amour gagne toujours" écrit dessus, tu la remplis d'essence, tu mets le feu,
04:00 ensuite tu regardes le tout brûler et tu danses autour.
04:03 C'est le projet, demain au printemps de Bourges ?
04:06 - Carrément !
04:08 - Vous êtes retrouvé à Lyon où la campagne et la ville se sont rencontrés,
04:13 vous avez tourné dans les bars, les cafés et vous avez aussi écrit un manifeste.
04:17 "L'époque est étouffante mais nous ne serons pas des victimes,
04:20 nos futurs disaient les punks au XXe siècle, nous, enfants des années 2000,
04:23 nous sommes réellement nés sans aucun avenir possible, sans futur, aucune route devant nous."
04:29 Qu'est-ce que vous mettez derrière cette nuance entre le "nos futur" et le "sans futur" ?
04:34 - Le "nos futur" est hyper connoté dans cet esprit punk, quand on pense à "nos futur",
04:40 on pense punk, on pense XXe siècle.
04:43 Quand ils ont dit ça, c'est vrai qu'ils le sentaient un peu que ça allait arriver,
04:46 mais après, il y a un peu ce clivage entre eux et nous, même si on nous colle l'étiquette de punk.
04:52 C'est qu'en fait, ils se sont écartés un peu de la société,
04:56 ils ont fait les choses de la manière dont ils voulaient, c'est un peu le "do it yourself".
04:59 Nous aussi, sauf que nous on a vraiment ce truc de dire,
05:02 on n'a pas d'avenir, mais par contre, on est ensemble, on va essayer quand même d'en avoir un.
05:05 On est sans avenir, mais on est dans cette illusion, cet espoir,
05:09 qu'en fait, si on s'y met ensemble, si on va du côté de la solution, ça va le faire.
05:14 - On va danser sur les apocalypses, c'est un peu le projet, vous dites,
05:17 "nous sommes nés sans avenir, mais pas sans courage, pas sans envie, pas sans flamme".
05:21 C'est-à-dire que même s'il n'advenait pas ce futur, s'il était annulé, au moins, on aurait dansé.
05:26 - C'est exactement ça. - Alors, je vous ai bien compris.
05:28 Vous êtes donc arrivés dans le paysage musical, Libération vous décrit comme des gens qui font des morceaux décapants,
05:34 libertaires et féroces, comme un théâtre d'insurrection, la dimension festive en plus.
05:39 Et on peut prendre un malin plaisir à se faire baffer sans préliminaire.
05:44 On a l'envoi, il y a de la violence.
05:47 - Il y a de la puissance. - Oui.
05:50 On est énervés quand même. On n'est pas violents, mais on est énervés.
05:54 Donc on s'énerve en même temps que les kicks.
05:58 Ça tape comme un kick, ça fait mal en même temps, ça fait du bien.
06:01 - J'en sais rien. - Il y a beaucoup de sexe aussi.
06:05 J'ai écouté ce titre "Kleenex", qui est un Kleenex que vous tendez à la manif pour tous,
06:11 pour qu'ils arrêtent de faire "ouin ouin".
06:13 "Ecoutez, ça va bien se passer, vous leur tendez un Kleenex".
06:16 C'est ça le concept de la chanson.
06:18 "J'en peux plus, prends-moi, etc."
06:21 "Ah, on y va, c'est bien, c'est bien sexy, Kleenex, quand même."
06:24 Et puis surtout, c'est orientation sexuelle fluide totale.
06:27 - Fluide totale. - Chacun fait ce qu'il veut.
06:29 En fait, il y a vachement ce truc...
06:31 C'est marrant parce que tout le monde nous dit ça, mais en fait, nous, on l'a écrit
06:34 comme ce qu'ils imaginaient de nous, ce qui allait se passer.
06:37 Donc c'est vraiment du second degré, de l'insolence.
06:40 On va vous écouter vous lancer ce matin, en direct, sur France Inter, un appel à la jeunesse.
06:47 Comme nous, vous taisez une colère qui grandit au fur et à mesure que l'époque cumule les indécences.
06:51 Indécence sociale, économique, écologique, comportementale et politique.
06:55 Comme nous, vous êtes usés par un mal-être à force de subir discrimination.
06:58 Remarques sexistes, agressions, oppressions, angoisses écologiques, détresse économique.
07:02 Et comme nous, vous contenez le rêve d'un monde plus équitable, éthique, écologique, solidaire, juste.
07:08 D'une humanité qui agirait collectivement pour la solution et non plus pour le problème.
07:12 Alors rejoignons-nous, recensons nos rêves et nos colères.
07:14 Toutes les contributions sont les bienvenues.
07:16 Les propositions concrètes ou les utopies idéalistes.
07:19 Les blessures précises ou les colères ambiantes.
07:21 Dites-nous ce que vous voulez et ce dont vous ne voulez plus.
07:23 Puis, on créera des caisses de résonance pour toutes nos doléances.
07:26 Pour les réunir en un seul et même cri.
07:28 Pour ne plus être ignorés.
07:30 On vous proposera des rendez-vous pour nous rassembler, afin de mettre en commun nos rêves et nos colères.
07:34 On ira vous rejoindre partout où on pourra.
07:36 Dans les villes comme à la campagne.
07:37 On veut vous écouter.
07:38 On veut vous faire entendre.
07:40 Il faut que toutes nos voix s'élèvent.
07:41 La collecte commence aujourd'hui, rejoignons-nous.
07:44 Merci Akira et Le Sabah.
07:46 Vous n'êtes pas en campagne pour les européennes, je le précise.
07:48 Au printemps de Bourges, demain, et votre recueil de titres La Poudrière sort bientôt.
07:53 Demain aussi. Merci.
07:54 Merci Mathilde.

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