Tous les samedis et dimanches à 18h17, Pierre de Vilno reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir Jean-Michel Genestier, maire (SE) du Raincy.
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end
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00:00 - Heureux Pain Soir Week-end, Pierre de Villeneuve.
00:04 - 18h et 20 minutes avec l'interview politique sur Europe 1 et avec nous le maire du Rincy en Seine-Saint-Denis, Jean-Michel Jeunestier. Bonjour.
00:14 - Bonjour Pierre de Villeneuve.
00:15 - Merci d'être avec nous. Alors c'est un rêve de Stanislas Guérini et d'ailleurs in extinso du Président de la République de supprimer la moitié des fonctionnaires.
00:24 Alors c'est vite dit, supprimer de la moitié des fonctionnaires, qu'est-ce qu'on va faire de ces gens-là ? Est-ce que supprimer en fonction des départs à la retraite ?
00:32 Supprimer en fonction des postes qui ne sont plus utiles dans une administration ?
00:38 Vous en l'occurrence, Jean-Michel Jeunestier, vous l'avez fait dans votre mairie du Rincy. Alors on va procéder par étapes.
00:44 D'abord, qu'est-ce qui vous a donné l'idée ? Comment est-ce que vous avez fait ? Et avec quel calendrier ?
00:49 Et que sont devenus les 50% de fonctionnaires qui ne travaillent plus dans votre mairie ?
00:53 C'est vrai que c'est un sujet important pour les collectivités territoriales que de se dire "mais comment allons-nous faire pour avoir un peu plus de productivité"
01:02 parce que c'est pas un gros mot, avoir des actions qui permettent de coller aux besoins de nos habitants.
01:08 Parce que si on est maire, on veut rendre heureux nos populations, notre population, et faire en sorte qu'on puisse gérer au mieux.
01:15 En 2014, lorsque j'ai été élu sur cette belle ville du Rincy, j'ai fait plusieurs constats. Vous savez, vous devenez maire et vous faites des constats, même si je connaissais encore une fois bien cette ville et cette gestion.
01:27 Et vous connaissiez l'ancien maire ?
01:29 Et je connaissais évidemment l'ancien maire, je m'y suis opposé d'ailleurs, parce que nous n'étions pas d'accord, pas pour des raisons politiques, mais sur justement la gestion même de la ville.
01:36 Et je vous donne cet exemple, qui est assez frappant, on me donne, quand vous devenez maire, des bons de commande.
01:44 Et donc, j'avais fait le constat du personnel, 30 personnes étaient dédiées au nettoyage des bâtiments.
01:50 30 personnes ?
01:51 30 personnes.
01:52 On ne sait pas si c'est beaucoup ou si c'est peu.
01:54 Oui, on n'a pas à dire que c'est beaucoup ou pas beaucoup, mais quand je suis arrivé, j'ai demandé en fait le niveau d'absentéisme.
02:00 Le niveau d'absentéisme était de 50%.
02:02 Bon, sur ces 30 personnes ?
02:04 Sur ces 30 personnes.
02:06 Bon, voilà, ça peut arriver dans toutes les collectivités, ou dans la fonction publique d'état, ou même hospitalière.
02:10 Et dans le privé aussi.
02:11 Et dans le privé, bien sûr. Non, non, mais on n'a pas à stigmatiser.
02:14 Et puis, en même temps, on me dit, il faut passer un bon de commande pour qu'une entreprise vienne nettoyer les bâtiments pour les vacances de Pâques.
02:23 Voilà, parce que c'était au mois d'avril. Je me dis, mais attendez, directeur général des services, mais on a 30 personnes et en plus on fait venir des entreprises.
02:30 Donc là, évidemment, il y a eu le déclic. Moi, j'ai été cadre dirigeant dans de grandes entreprises.
02:36 Et évidemment, il faut quand même faire des économies et ne pas dispenser de l'argent à la fois pour du personnel et en même temps sur les mêmes missions, sur des entreprises.
02:44 Et donc là, le déclic a été de reprendre chaque service et de faire très vite.
02:48 D'ailleurs, sur le nettoyage des bâtiments, regardez la typologie. C'était une partie de votre question, la typologie des personnels.
02:55 Et alors, c'était quoi la typologie ?
02:57 Vous m'avez dit que la moitié était en absentéisme.
03:02 Oui, c'est ça.
03:03 Est-ce que c'était plus des contractuels ?
03:06 Là, sur ce service-là, c'était plus des contractuels. Donc il y avait beaucoup plus de contractuels.
03:10 Et bien, j'ai éteint petit à petit le service par le fait qu'à la fin des contrats de chacun, il n'y avait pas de renouvellement.
03:18 D'accord. Mais est-ce que vous vous êtes soucié de la suite de la vie de ces contractuels ?
03:23 Vous savez, quand vous êtes maire, évidemment, on doit se soucier des personnels que nous avons aujourd'hui et de ceux qui partent.
03:30 Parce que le rendu à nous intéresse. Ils ont retrouvé du travail pour certains, très peu d'ailleurs, dans d'autres collectivités.
03:38 C'était moins d'une dizaine. Et puis, la vingtaine restante, ils ont retrouvé du travail dans une autre entreprise.
03:48 Et puis, au moment où nous avons lancé un marché, avec un appel d'offres, cinq d'entre eux ont été récupérés dans l'entreprise qui a pris le marché.
03:58 Il y a eu de la mobilité ? C'est-à-dire, est-ce qu'aujourd'hui, dans une mairie comme celle du Rincy, on peut être au service généraux et ensuite passer dans un autre service ?
04:05 C'est le sens même de toutes les collectivités territoriales, c'est-à-dire de pouvoir évoluer.
04:09 Mais il faut pour cela avoir aussi les compétences et donc les formations.
04:14 Et c'est aussi un des éléments, c'est donner plus de souplesse pour que les collaborateurs des mairies, des villes, puissent être formés.
04:21 Ça c'est vraiment un élément important.
04:22 Combien de personnes en mairie au Rincy ?
04:24 Alors, il y avait en 2014 325 personnes. Aujourd'hui, il y a 139 employés.
04:29 Ah oui, donc c'est plus de 50% ?
04:30 C'est plus de 50%.
04:31 Et aujourd'hui, votre message c'est quoi ? C'est de dire à Stanislas Guérini, regardez, moi je suis arrivé, vous pouvez très bien arriver au niveau éthique ?
04:39 Je dis à tous mes collègues maires, il faut avoir le coulerage de le faire.
04:42 Parce que précédemment, on avait l'habitude d'embaucher des personnels qui étaient de sa commune pour donner du travail à des gens.
04:51 Et puis ensuite, effectivement, c'était les enfants qui suivaient, etc.
04:54 Comment ça c'était les enfants qui suivaient ?
04:56 Souvent, dans les communes, on avait des personnels qui partaient et qui laissaient leur place à leurs enfants.
05:03 Ça, c'est l'histoire. Il y a 30 ans, 40 ans, c'était ça.
05:05 C'est héréditaire.
05:06 Il y avait cette question peut-être un peu héréditaire, mais ça n'était pas partout.
05:10 Mais c'est peut-être plus vrai dans des petites communes, même dans des villages de plusieurs dizaines d'habitants.
05:16 Pas forcément. Ma ville est la sous-préfecture de la Seine-Saint-Denis.
05:19 Vous êtes combien ?
05:20 Il y a 14 800 habitants.
05:22 Donc je vois certains collègues qui continuent à embaucher, qui peuvent embaucher les enfants.
05:27 C'est ce qu'on appelle du copinage.
05:29 Oh, c'est pas du copinage, c'est de la famille.
05:33 C'est du copinage, si. Parce que ce qu'il faut, c'est prendre des gens qui sont compétents pour le poste.
05:38 C'est vraiment ça le sujet.
05:40 On a parlé d'ailleurs des maires tout à l'heure dans le journal.
05:46 Elle a la difficulté d'être maire parce que c'est sur vous que retombent tous les problèmes quand il y en a.
05:52 On vient s'apitoyer, on vient poser des questions sur le marché.
05:55 Sur tous les sujets.
05:56 Madame Thoraval, par exemple, qui souvent parle des violences, dit souvent "quand nous on fait remonter des choses au niveau étatique, on nous propose un Beauvau".
06:06 Donc ça, ça veut dire qu'il n'y a pas de solution, en l'occurrence pour les violences des mineurs.
06:11 Mais vous-même, est-ce que vous pensez que, parce que vous avez les pouvoirs du maire qui vous permettent de faire ce que vous avez fait,
06:20 est-ce que c'est aussi facile au niveau étatique, encore une fois, au niveau ministériel ?
06:24 Si vous aviez devant vous Stanley Seth-Guerin, vous lui diriez quoi ?
06:28 Alors voilà la méthode, on commence par les maires, on fait un recensement, je sais pas, on fait un grand conf call par Zoom avec les 36 000 maires de France et on les...
06:41 Je crois qu'il y a trois catégories de fonctionnaires.
06:43 Il y a ceux qui sont hospitaliers, il y a ceux qui sont d'État et ceux qui sont de la fonction publique territoriale.
06:47 Et donc les situations sont quand même un peu différentes.
06:50 Et il faut regarder quelle est la productivité de chacun.
06:54 Encore une fois, c'est pas un gros mot.
06:56 Mais est-ce que vous, d'ailleurs, il n'y a pas un productivitomètre ?
07:00 Oui, il y a la présence, ça c'est pour nous évidemment important, et ça c'est fondamental évidemment.
07:07 Et puis ensuite il y a les missions, et donc les objectifs de chacune de ces missions.
07:12 Et donc comment on les atteint, par quels moyens, et on se met en mode projet.
07:16 Et ce mode projet, c'est on définit les moyens humains, les moyens matériels, les moyens financiers,
07:24 et surtout on fait un rétro-planning pour être dans l'état.
07:26 Et on arrête la famille, les copinages, les habitudes ?
07:29 Bien évidemment, parce que...
07:31 Bien évidemment, c'est pas évident pour tout le monde.
07:35 Et ça fait dix ans que j'applique cela, ça n'est pas évident pour tout le monde,
07:38 parce qu'il y a les questions d'emploi dans une commune,
07:41 et on peut avoir cette tendresse à se dire "bah tiens, on pourrait emblaucher tel ou tel enfant de telle personne",
07:46 mais l'essentiel c'est surtout de se dire "pour rendre heureux notre population, il faut être efficace".
07:51 Que vous disent vos administrés aujourd'hui ?
07:53 Aujourd'hui, ils sont plutôt heureux, la ville est propre, la ville est fleurie, la ville est sécurisée,
07:58 et donc tout va bien à ce niveau-là.
08:01 Les impôts baissent, parce que j'ai baissé la taxe foncière, alors de très peu.
08:04 Pas de problème d'insécurité, pas de violence ?
08:06 Il y a toujours des problèmes d'insécurité dans toutes les villes,
08:09 mais l'organisation de la police municipale, la vidéoprotection,
08:13 tous ces éléments-là font que les habitants aussi,
08:16 puisqu'on a des référents de quartier qui sans cesse nous appellent,
08:20 donnent des éléments pour que la ville soit sécurisée.
08:22 Je ne vous dis pas que c'est un monde idéal, mais on vit bien.
08:25 Est-ce qu'on a pu accorder des crédits supplémentaires grâce à cet élagage de fonctionnaires,
08:30 pour notamment la sécurité ?
08:32 Je peux vous dire, dix ans après, et les calculs que nous avons faits sont assez précis,
08:36 c'est qu'on se donne 2,8 millions d'euros en plus,
08:40 à pouvoir répartir ces sommes sur des activités,
08:45 et surtout sur des services à la population.
08:47 Mais encore une fois, il ne faut pas se dire que...
08:49 Et combien sur ces 2,8 millions sur la sécurité des habitants ?
08:52 Sur la sécurité des habitants, on a une quinzaine de personnes
08:56 qui sont aujourd'hui dédiées en tant que police municipale à SVP,
09:00 puis à la vidéoprotection,
09:02 et le coût annuel en fonctionnement, c'est 700 000 euros.
09:06 Ce qui est assez important pour cette ville.
09:08 Merci beaucoup Jean-Michel Jeunessez d'avoir été avec nous sur Europe 1.