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Yannick Cano, kinésithérapeute et ancien skipper, mais surtout photographe passionné, nous plonge dans les méandres de l'histoire avec sa série de photographies captivantes intitulée "Les Anges du Caroux".
Transcription
00:00 Yannick Canou, vous êtes kiné,
00:03 ancien skipper et photographe photodidacte.
00:07 Quelle est l'histoire derrière votre passion pour la photographie ?
00:11 Au départ,
00:14 c'est ma femme qui a voulu acheter un appareil photo,
00:17 un Canon 5D,
00:19 ou 7D même, c'était un peu la révolution parce qu'on pouvait filmer
00:22 sur des angles aussi bien que des caméras professionnelles.
00:24 Et j'ai commencé à apprendre mon fils en photo,
00:28 en faisant du surf, toujours au bord de l'eau,
00:30 je faisais du surf, je prenais en photo.
00:32 Et puis j'ai fait un stage,
00:33 j'ai fait des photos de la pointe courte à 7,
00:35 parce que je suis cétois,
00:37 j'ai fait des photos de la pointe courte et j'ai fait un stage à images de Saint-Gulliard,
00:42 où on m'a expliqué un peu que mes photos, ce n'était pas terrible,
00:45 et que je faisais des photos et que je ne faisais pas de la photo.
00:50 Et par la suite, j'ai essayé d'approfondir le média,
00:55 je me suis rapproché d'Arnaud Laroche aussi sur mon pédier,
00:59 et pareil au niveau du choix des photos, de l'editing,
01:06 comment appréhender une image, comment lire une image.
01:10 Et je pense que progressivement, j'ai progressé tout naturellement.
01:18 Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rencontre avec le colonel Jean-Baptiste Durand, alias Roch,
01:25 et sur les anges du Caroux ?
01:28 En fait, le Caroux, je le connais depuis l'enfance.
01:31 Mes grands-parents avaient une maison et j'allais y passer les vacances d'été.
01:36 Et depuis petit, on allait à la forêt décrire un combattant,
01:40 on parlait de bataille.
01:43 Quand on promène le Caroux, forcément, il y a des stèles, des monuments aux morts.
01:48 Et ça, c'était derrière moi.
01:52 Et j'allais souvent dans le Caroux pour faire de la randonnée,
01:55 j'ai pris des photos, et il s'est avéré que les lieux que j'ai pris en photo,
02:00 ça avait été des lieux où il y avait eu des combats.
02:02 Et du coup, j'ai commencé à me documenter sur l'église de Douche,
02:05 où il y a eu le premier combat en France entre des résistants et l'armée allemande,
02:10 l'attaque de Colomiers-Rossurobe sur le Seine-Chinianais aussi,
02:14 avec notamment l'équipée du commandant Roque.
02:20 Ils se sont fait attraper au col de Font-June, vers Seine-Chinian,
02:25 et il y a 20 personnes qui ont été fusillées à Béziers,
02:30 sur la place de l'actuelle médiathèque.
02:35 Et du coup, je me suis documenté, j'ai discuté avec une amie journaliste
02:38 qui m'a dit qu'elle avait interviewé le commandant Roque,
02:42 et elle m'a proposé de prendre un rendez-vous avec ses enfants,
02:45 qui ont été très très gentils.
02:48 Ils avaient déjà 5 ou 6 ans, je crois,
02:51 donc ils me l'ont habillé avec une belle veste,
02:55 avec toutes les médailles qu'ils avaient pu recevoir,
02:58 et j'ai pu faire un portrait qui est assez sympa de ce personnage.
03:02 Et cette série a été exposée aux boutographies,
03:07 grâce en partie à Arnaud Laroche.
03:10 Ça reste une fiction, même si je me suis appuyé sur des vrais faits historiques.
03:15 Et j'ai commandé du papier d'époque, avec une machine à taper d'époque aussi,
03:20 et j'ai tapé comme si j'étais.
03:23 En fait, j'ai fait des photos, et j'ai fait un texte comme si j'étais.
03:28 Notamment là, "Massif du Caroux, hiver 1943,
03:30 la vie est rude dans le Caroux, pourtant sa topographie nous offre abri et protection.
03:34 Nous pouvons compter sur le nombre d'habitants pour leur ravitaillement.
03:37 Nous quittons nos montagnes pour des coups de main,
03:39 sur des dépôts d'armes, de vêtements, nourriture, tabac et sabotage.
03:42 Nous sommes de jeunes patriotes hors la loi,
03:44 chaque jour plus nombreux, prêts à mourir, les armes à la main."
03:47 Alors j'ai découvert quand même, je me suis documenté avec le maquis Biraken,
03:52 et tout ce pan de l'histoire que j'avais dû écouter à l'école d'une seule oreille.
03:57 Et là du coup, à Colombia-sur-Orbe, venant de Mazamé,
04:00 après avoir pillé au large, la colonne allemande s'est dirigée vers Védarieu.
04:03 Ordre donné de retarder leur avancée.
04:05 La muscade a lieu à Colombière, la bataille est violente,
04:08 ces maquisards sont tués.
04:09 Voilà. Et ensuite, j'ai essayé de récupérer des valises un peu d'époque.
04:19 J'ai fait des portraits, alors ça c'est le portrait de mon fils.
04:22 J'ai fait le portrait de gamins qui auraient pu être maquisards à cette époque.
04:27 En plus c'était à l'époque de l'Ukraine, du début de la guerre de l'Ukraine,
04:32 où franchement il y a eu un petit moment de flottement.
04:34 On ne savait pas trop comment ça allait se passer.
04:40 Ça c'est le mari de ma nièce.
04:44 Parce que j'imagine que si jamais j'avais connu cette époque-là,
04:49 ces gamins-là qui auraient pris le maquis ou pas.
04:54 Et après, voilà, là j'ai le commandant Roque,
05:00 une figure de la résistance locale,
05:03 qui a eu la chance de vivre à C.A.G. pour qu'on ait le temps de le connaître.
05:10 Là j'ai photographié des documents aussi, pour raconter une vraie histoire.
05:19 Voilà. Et ça c'est le Karouks.
05:22 Un jour où il a neigé sur le Karouks,
05:25 je me suis empressé d'aller faire des photographies,
05:28 parce que je savais que ce jour-là les photos seraient peut-être plus authentiques,
05:33 je ne sais pas, mais voilà.
05:34 Et ça c'est le Karouks, juste de Saint-Chignon.
05:40 Voilà. C'est dans cette église que des maquisards, le maquis biraken, s'étaient réfugiés.
05:45 Et il y a deux colonnes allemandes qui sont montées pour...
05:48 ils avaient dû être dénoncés, pour les attaquer.
05:51 Et heureusement il y en a une qui s'est perdue dans le brouillard.
05:53 Donc ils se sont tirés dessus et ils ont quand même pu s'échapper.
06:00 Là c'est les femmes aussi.
06:02 J'ai voulu mettre quand même les femmes à l'honneur,
06:03 parce que peut-être que vous n'avez pas d'armes,
06:05 mais il y en a une qui a péri sur la route entre Béziers et le Karouks,
06:10 parce qu'elle allait livrer des documents.
06:12 Et ils l'ont fusillé au bord de la route.
06:16 Voilà, des photos de paysages.
06:20 Et quand je faisais ces photos, j'essayais de me mettre dans la peau des maquisards.
06:26 Moi je savais que j'allais rentrer chez moi le soir,
06:27 que j'allais bien manger, mais là tu te dis que c'est les gamins de entre 20 et 40,
06:32 je ne sais pas quel âge ils avaient, mais ils ont quand même laissé leur peau.
06:38 [Musique]

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