• il y a 8 mois

Chaque jour, Thomas Schnell et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Europe 1/13h - Europe 1/13h, c'est poursuivre en direct avec vous Thomas Chetnelle et vos chroniqueurs du jour.
00:05 Avec Charlotte Dornelas, journaliste au JDD, Journal du Dimanche, avec Paul Melun, l'écrivain, qui sont avec nous.
00:10 Bonjour à tous les deux. - Bonjour, bonjour.
00:12 - Merci d'être avec nous. Tout d'abord, cette évacuation a vitris sur scène du plus grand squad de France.
00:19 D'après la préfecture du Val-de-Marne, il n'y a aucun lien avec les Jeux Olympiques de Paris dans 100 jours.
00:24 Et cette évacuation, 250 agents ont été mobilisés pour l'opération d'expulsion. Aucun lien avec les Jeux Olympiques, on peut y croire ?
00:32 - On peut surtout en douter. D'ailleurs, c'est important de douter dans la vie, généralement.
00:36 Mais là, en l'occurrence, tout particulièrement, il y a effectivement eu jusqu'à 450 migrants,
00:41 dont on dit que 80% d'entre eux étaient en situation régulière, qui ont été dans ce squad.
00:47 Le premier sujet, si vous voulez, c'est un sujet qui se règle au long cours, c'est que si ces personnes-là sont en situation régulière,
00:53 c'est aussi le problème du mal-logement. C'est-à-dire qu'on ne peut pas se résoudre à ce qu'il y ait des centaines de personnes
00:58 qui soient sans-abri, qui soient migrants ou pas migrants, d'ailleurs, peu importe.
01:02 On a, en France et en région parisienne, trop de sans-abri, et ces sans-abri-là, c'était une entreprise désaffectée, je crois,
01:08 se réfugient là où ils peuvent trouver un toit sur la tête. Donc la solution sociale, je dirais, n'est pas adoptée.
01:15 On opte pour une solution sécuritaire, effectivement pas loin des Jeux Olympiques, histoire, si vous voulez,
01:21 dans leur esprit, de nettoyer un peu le paysage. J'ai l'horreur de cette expression, je la trouve terrible,
01:26 mais c'est un peu ça quand même qu'il y a derrière. Et le nombre d'opérations visant à déplacer des sans-abri
01:32 se sont multipliées ces dernières semaines. On peut quand même légitimement s'étonner que ça arrive maintenant
01:38 et que ce soit pas arrivé il y a un an, deux ans, trois ans ou quatre ans avant les Jeux Olympiques.
01:42 Même si il est vrai que les déplacements de camps de fortune pour des sans-abri, pour des migrants réguliers ou pas,
01:49 existent quand même depuis longtemps en France et qu'on déplace à chaque fois ces malheureux sans trouver de solution pérenne,
01:56 qu'il s'agisse d'expulsions pour ceux qui seraient irréguliers ou de logements pour ceux qui sont réguliers.
02:00 Mais comme d'habitude, on est sur une espèce de règlement très conjoncturel, très rapide des sujets
02:06 qui vise seulement à faire des coups de menton, des coups de com' et derrière, il n'y a pas grand-chose en termes de politique durable à mon sens.
02:11 Charlotte Dornelas, Paul Melun vient de le dire, ce sont pour la plupart des gens qui travaillent,
02:16 apparemment selon les associations en tout cas qui ont accompagné, qui sont en situation régulière en CDI pour certains.
02:22 C'est leur place dans un squat ?
02:26 Non mais c'est ça parce qu'en fait la question que tout le monde se pose, parce que c'est pas la première fois que ça arrive,
02:29 c'est est-ce que c'est en lien avec les JO ? Moi j'ai envie de répondre qu'est-ce que ça change en fait ?
02:33 Je veux dire que ce soit en lien avec les JO ou pas, c'est évidemment en lien avec les JO, enfin on va arrêter de se mentir,
02:38 parce que ce squat a ouvert en juin 2021, donc j'aimerais bien savoir pourquoi là, à trois mois en tout cas,
02:43 on fait le lien assez naturellement, ça c'est sûr, mais ça change pas grand-chose.
02:47 On a en effet les associations qui nous disent que le ministre de l'Intérieur ne communique pas,
02:50 en l'occurrence sur leur statut administratif, ils nous disent 80% de gens en situation régulière,
02:56 donc en effet là se pose la question du logement, mais aussi de l'accueil.
02:59 On a en même temps la question qui se pose des HLM, parce que le ministre du Logement a annoncé des réformes, pourquoi ?
03:06 Parce qu'on a 2 millions de demandes de logement en HLM par an, 450 000 attributions, pourquoi ?
03:12 Parce qu'il y a un roulement qui ne se fait pas, on a que 5% des gens qui habitent en HLM qui partent chaque année,
03:17 et pourtant depuis les années 70 où le logement HLM a vraiment été une solution prônée par le politique,
03:27 on n'a fait que construire, on n'a fait qu'augmenter les logements HLM,
03:30 on a des gens qui ne peuvent pas se loger, qu'ils soient français ou étrangers d'ailleurs,
03:34 et on a un accès à la propriété en France qui est dramatiquement inaccessible.
03:40 Donc oui c'est un énorme problème de logement, qui pose la question de la prudence dans l'accueil aussi,
03:45 parce que là, moi je veux bien qu'on m'explique que c'est vraiment une question de générosité, de vertu et de principe d'accueillir les gens,
03:51 je n'appelle pas ça un accueil quand vous êtes en CDI et que vous vivez dans un squad depuis 3 ans,
03:55 je ne sais pas moi, ou alors je n'ai pas la même définition du mot accueil,
03:58 peut-être faut-il simplement se rendre compte qu'on ne peut pas,
04:01 et il faut simplement avec humilité se dire qu'on a des limites aussi dans cet accueil,
04:04 et qu'il faudrait peut-être voir où nous en sommes du logement tout court en France,
04:09 pour les gens qui sont déjà en France, qui sont français évidemment,
04:12 et qui vivent déjà en France de manière régulière, et ensuite se poser la question.
04:16 Donc c'est une question beaucoup plus générale que ce squad là malheureusement,
04:19 et que ce soit avant, après ou pendant les Jeux Olympiques.
04:23 La crise du logement qui empêche donc d'avoir un toit sur la tête malgré le fait qu'on ait un travail.
04:28 On a entendu dans le journal il y a un instant la députée du RN de Gironde,
04:32 vers cette région, ce département où vont être envoyés ces expulsés,
04:36 ça rappelle notamment le maire d'Orléans, Serge Groire,
04:38 qui avait dénoncé il y a quelques temps ces déplacements de SDF en Katimini,
04:43 pour reprendre un mot du gouvernement, c'est une place nette qui est en train d'être opérée,
04:47 au sein des marginaux que l'on pourrait avoir dans la genolle de France ?
04:51 Tout à fait, avec les mêmes implications que les places nettes auxquelles on pense,
04:54 mais effectivement vous avez raison de citer ce qui s'est passé pour Serge Groire à Orléans,
04:58 ou ce qui pourrait se passer en Gironde, c'est-à-dire que les autorités et le président de la République
05:02 sont dans une logique où effectivement, échouant à résoudre le problème durablement,
05:07 comme le disait Charlotte, et à solutionner sur les sujets d'immigration,
05:11 si on accueille, comment est-ce qu'on accueille, dans quelles conditions,
05:13 comment est-ce qu'on gère une vraie politique du logement,
05:16 à chaque fois c'est le pansement sur une jambe de bois,
05:18 on déplace et on fait en sorte de répartir plutôt que de solutionner.
05:22 Et c'est exactement la même logique qui préside en Europe,
05:25 puisque ce pacte Asile-Immigration vise précisément à organiser la répartition,
05:29 alors on nous dit c'est la solidarité, on peut appeler ça comme on veut effectivement,
05:32 mais en tout cas c'est la répartition des migrants un peu partout en Europe.
05:36 Et bien là on fait la même chose à l'échelle de la France,
05:38 avec tous ceux dont on n'a plus envie de voir la trace en région parisienne,
05:42 parce qu'on se dit "oh la région parisienne, il y en a trop quelque part",
05:45 c'est ça aussi, c'est presque un aveu de faiblesse de se dire finalement
05:48 il y a trop d'immigrants en région parisienne donc ça déséquilibre la région parisienne.
05:52 Et naturellement le président de la République ne le dira pas comme ça,
05:54 mais c'est bien l'idée qui est sous-tendue derrière quand on se dit
05:57 "eh bien on va répartir et mettre un certain nombre de ces personnes-là
06:01 à la campagne ou dans des villes moyennes".
06:03 Donc si vous voulez c'est toujours la même chose,
06:05 plutôt que de donner une solution dura,
06:06 plutôt que de dire "on accueille moins d'immigrés mais mieux dans de bonnes conditions",
06:11 on préfère continuer avec cette immigration de masse
06:14 dont après on crée des nouveaux précaires, des nouveaux pauvres,
06:17 et au plan éthique et au plan social ça pose aussi un nombre incalculable de problèmes,
06:22 parce que faire comme promesse à un jeune Tunisien ou un jeune Libyen
06:25 qui viendrait prendre le bateau au péril de sa vie en Europe
06:28 et qui se retrouve dans une toile de tente ou près de la porte de la chapelle,
06:32 franchement je n'appelle pas ça de l'humanisme.

Recommandations