La rémunération du patron de Stellantis fait parler...
Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 17 avril 2024
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00:00 *Générique*
00:03 Il est 7h37, Langue L'Echo avec vous François Langue.
00:05 Bonjour à tous.
00:06 Alors comme presque chaque année, le salaire de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, l'ex-Peugeot Citroën, rappelons-le, fait des remous.
00:13 Et cette année, c'est en effet un salaire exceptionnellement élevé.
00:16 Un peu plus de 36 millions d'euros au total, avec un fixe annuel de 2 millions
00:22 auquel s'ajoutent différentes primes, bonus et gratifications pour la retraite
00:26 pour atteindre ce montant sans précédent pour un patron salarié français d'un grand groupe.
00:31 - Français, ça veut dire que ce salaire est pratiqué ailleurs ?
00:34 - Oui. - Régulièrement ?
00:35 - Oui, oui. Il y a des patrons qui s'en approchent aux Etats-Unis, par exemple celui de Ford.
00:39 Bon, puis il y a aussi d'autres choses, hein. Les patrons entrepreneurs, par exemple, qui ont fondé leur entreprise et qui sont actionnaires majoritaires,
00:45 ils peuvent gagner bien plus que ça en dividendes, en France aussi.
00:48 Ou encore ceux qu'on ne connaît pas et qu'on n'entend pas, les dirigeants des fonds d'investissement ou de banques d'affaires,
00:54 qui encaissent parfois plus de 10 millions d'euros alors que leur utilité sociale, elle est disons questionnable par rapport à celle d'un patron.
01:02 - Allons au cœur de la polémique. Est-ce qu'un tel salaire est justifié, François ?
01:06 - Je vais vous poser une question. - Oui.
01:08 - Est-ce que les plus de 100 millions annuels de Mbappé sont justifiés ?
01:12 L'utilité sociale du patron de l'un des plus grands groupes automobiles mondiaux, 250 000 salariés,
01:18 est-ce qu'elle est moindre que celle d'un gamin qui pousse une balle sur l'herbe entre deux poteaux avec un filet tendu ?
01:24 Honnêtement, ça se discute aussi ?
01:27 - Vous êtes tordu dans votre explication. Vous justifiez en fait une aberration par une autre.
01:31 - Oui, mais pas seulement. C'est vrai que 36 millions d'euros, c'est une rémunération extravagante, mais ce qu'a réussi Tavares est extraordinaire.
01:38 - En quoi ? Expliquez-nous.
01:39 - Quand il est entré chez Peugeot Citroën, l'entreprise était en faillite, il y a 10 ans seulement.
01:44 En fait, elle ne s'était jamais remise de la crise de 2009.
01:47 Il y a eu un gros travail de restructuration, assumé d'ailleurs en partie par son prédécesseur, Philippe Varin.
01:54 Avec la fermeture de l'usine d'Aulnay, la suppression de 8 000 emplois, il a repris la barre brillamment.
01:59 Avec le succès de certaines voitures, la 3008, avec le retour à la profitabilité, avec le rachat d'Opel.
02:07 Alors Opel, constructeur allemand, en perte depuis un demi-siècle, lui aussi redressé en un an.
02:14 Puis avec la fusion avec un autre européen, Fiat Chrysler, pour en faire un géant automobile,
02:20 assis sur les deux continents, Europe et Amérique, Amérique avec un S.
02:24 Le tout avec des bénéfices de presque 18 milliards en 2023, et des marges qu'on pensait inatteignables pour un constructeur généraliste.
02:33 - Oui, alors on fera remarquer que les syndicalistes de PSA disent qu'en effet, il a bien travaillé, mais pour les actionnaires.
02:38 - C'est vrai que les actionnaires ont empoché de très bons dividendes, mais il n'y a pas que ça.
02:42 Une entreprise qui fait de tels bénéfices, elle préserve son avenir, parce qu'il faut investir énormément dans cette activité.
02:49 - Alors, est-ce qu'il n'y a pas aussi une question, on va dire, d'acceptabilité sociale avec ces salaires apparemment faux ?
02:54 - Si ! Si, si, cette question existe. Mais bon, d'abord, notez que l'acceptabilité n'est pas la même dans tous les pays.
03:01 En France, la tolérance est plus faible qu'aux Etats-Unis.
03:04 Or, Stellantis, c'est un groupe qui a cheval entre France, Italie, Etats-Unis.
03:09 Quelle est la norme qui doit prévaloir ?
03:11 Deuxième élément, c'est quand même pas à l'entreprise de régler ça, l'acceptabilité.
03:16 C'est à l'Etat, avec le niveau de fiscalité, qui s'applique à de telles rémunérations.
03:20 Pour corriger, s'il le souhaite, la fixation du salaire elle-même.
03:25 C'est la prérogative du patron du patron, le propriétaire de l'entreprise, c'est-à-dire l'actionnaire.
03:31 Et les actionnaires, ils ont voté hier ce salaire à 70%.
03:35 Notez aussi que l'Etat français lui-même, actionnaire, c'est important de l'entreprise, il n'a pas voté contre, il s'est abstenu.
03:42 En tout cas, je note que la réponse, c'est les impôts, en tout cas si on les paye en France. Merci beaucoup.