• il y a 8 mois
Avec Elisabeth Jude-Lafitte, déléguée du Syndicat National des Médecins de Protection Maternelle et Infantile

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Transcription
00:00 Ça s'est passé à Rouen, fermeture d'une micro-crèche après de graves accusations.
00:05 On en parle avec notre invitée Elisabeth Jude Laffitte.
00:09 Bonjour à vous.
00:10 Oui bonjour.
00:11 Soyez la bienvenue sur Sud Radio et merci de nous accorder votre parole d'aussi bon matin,
00:17 un dimanche matin sur Sud Radio.
00:18 Vous êtes déléguée du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile,
00:23 la fameuse PMI que les jeunes parents connaissent bien.
00:25 Vous êtes en charge des contrôles des crèches.
00:27 Contrôle dans une crèche, il y a eu, à la suite d'un témoignage, et une micro-crèche
00:32 en gros qui est accusée de maltraitance sur des tout petits enfants.
00:36 C'est des accusations qui sont très graves.
00:38 Oui, oui, c'est très très grave.
00:40 On ne peut pas tolérer que ce genre de choses existent.
00:45 Et la PMI est bien consciente de son rôle à jouer par rapport à la prévention et aussi
00:54 au contrôle de ces établissements pour éviter que ça ne se produise et que ça se reproduise.
01:00 Malheureusement, il n'y a pas que dans ce département cité.
01:06 Il existe aussi dans d'autres départements des situations qui sont un peu analogues à
01:12 celles-là.
01:13 Ce n'est pas un tel camp, mais ça existe.
01:16 Ça peut arriver.
01:17 Alors le témoignage, tout est parti du témoignage d'une maman, d'une petite qui s'appelle
01:22 Louison, et ce témoignage fait froid dans le dos.
01:24 Je la cite, "Louison s'est fait éclater la tête.
01:27 Elle a été prise ensuite de vomissement."
01:30 On parle de maltraitance contre de tout petits enfants.
01:33 Alors on a du mal à le concevoir, évidemment.
01:36 Qu'est-ce qui peut faire que des gens qui sont chargés de protéger ces enfants en arrivent là ?
01:42 C'est difficile de parler pour cette situation-là.
01:48 Je pense que s'occuper d'enfants, être auprès des enfants dans une crèche, dans
01:55 un établissement, c'est tenir compte de toute la dimension de ce qu'est un enfant,
02:01 de ses besoins.
02:02 Et les professionnels qui sont en charge d'être auprès de ces enfants ne sont peut-être
02:07 pas forcément formés à cette écoute, à cette disponibilité à l'enfant.
02:14 Et peut-être les conditions de travail aussi, quand on voit le taux d'encadrement des
02:21 enfants, pour notre syndicat, semble vraiment très très faible.
02:26 Et puis la qualification de ces professionnels, le fait aussi que très peu sont qualifiés
02:33 finalement dans l'ensemble, et que les structures d'abord ne respectent pas forcément toujours
02:41 la réglementation, et qu'en plus cette réglementation est un peu, et même insuffisante,
02:49 par rapport à la quantité de professionnels qui devraient être qualifiés auprès des
02:53 enfants.
02:54 En nombre suffisant, oui.
02:56 Encadré, bien encadré par des professionnels de santé, des professionnels de l'éducation
03:02 EGE, puricultrice, ça devrait être partout, dans toutes les structures.
03:08 Alors il est évident que c'est un métier qui demande une qualification très précise.
03:12 Malgré tout, il y a aussi des choses de bon sens qui semblent avoir fait défaut dans
03:16 cet établissement.
03:17 Témoignage d'une ancienne salariée, à plusieurs reprises, j'ai dû aller faire des courses
03:21 en catastrophe pour que les enfants puissent manger, ils n'avaient rien à manger, c'est
03:24 ce que raconte cette ancienne salariée.
03:26 Autre témoignage, une collègue a pris la petite dans ses bras, l'a forcée à se coucher,
03:31 puis l'a bloquée dans le lit pour qu'elle ne se relève pas.
03:35 Là, on n'est pas seulement sur le manque de formation, on est aussi sur le sadisme
03:40 et la négligence volontaire.
03:42 Oui, alors là, nous, au niveau du contrôle de ces établissements, on essaye d'y aller
03:48 régulièrement.
03:49 Malheureusement, je pense que si on y va même très souvent, on ne pourra peut-être pas
03:55 forcément voir ces éléments.
03:59 Nous sommes, dans la plupart des cas, alertés par les parents, la PSG, par des parents qui
04:05 nous font ces signalements, et aussi par des professionnels qui démissionnent parce qu'ils
04:11 nous disent "nous, on ne peut plus travailler dans ces conditions-là, ce ne sont pas les
04:18 conditions dans lesquelles on a appris à l'école comment il fallait travailler".
04:23 C'est vraiment un manque d'encadrement, un manque de qualification, un manque de soutien
04:34 aussi peut-être des équipes.
04:36 La PMI s'efforce de travailler dans l'accompagnement, dès le premier agrément, de créer un lien
04:46 de coopération avec ces structures pour y aller régulièrement.
04:50 Malheureusement, nous la PMI, étant donné le nombre de missions qu'on a au niveau de
04:57 la prévention, de la promotion de la santé des enfants, on est en manque d'effectifs
05:02 également, manque de médecins, manque de professionnels, et on aimerait faire davantage
05:08 de visites de contrôle.
05:10 C'est un fait.
05:14 A chaque fois qu'on a une interpellation de parents, de professionnels ou autres.
05:20 Ce qui signifie aussi, et ça c'est important, ce sera le mot de la fin, je rappelle que
05:25 cette crèche rouennaise a été fermée administrativement, qu'une enquête est diligentée, et c'est
05:30 bien le moins, tous les parents qui peuvent avoir des doutes, parce que là on est en
05:33 train de faire peur à tous les parents, heureusement, c'est un cas rarissime, ce sont des cas extrêmement
05:37 minoritaires, parce que les personnels des crèches, évidemment, adorent les enfants
05:41 et ils s'en occupent bien dans l'écrasante majorité d'entre eux, mais si vous avez
05:46 un doute ou vous vous posez des questions, vous pouvez très bien, vous, parents, vous
05:50 adresser à la PMI, c'est ce que vous nous dites en fait.
05:53 Oui, ne pas hésiter à interpeller le service de PMI qui est à proximité et qui sera disponible
06:01 pour aller tout de suite visiter, contrôler, faire une visite au niveau de la structure,
06:08 rencontrer les professionnels et rencontrer aussi les parents s'ils le veulent, s'ils
06:13 le souhaitent, on est vraiment disponible.
06:15 Alors on souhaiterait avoir davantage de moyens, mais on fait le maximum.
06:21 Et en tout cas, beaucoup d'amour pour tous ces enfants, c'est sûr qu'on en restera,
06:24 ça c'est gratuit, c'est pour ça qu'il faut quand même le rappeler.
06:28 Merci beaucoup d'avoir pris la parole ce matin, Elisabeth Jude Laffitte, je rappelle
06:32 que vous êtes déléguée du Syndicat national des médecins de protection matérielle et
06:35 et infantile la PMI qui est en charge du contrôle des crèches.

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