On le savait depuis les années 80, bébé est une personne…mais bébé est aussi particulièrement sensible à ce qui l’entoure…la génétique ne décide pas de tout ! Dès la vie in utero, les expériences positives auraient un impact bénéfique sur sa santé,on en parle sur la plateau de la Santé d'abord
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00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme La Santé d'abord.
00:04 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:08 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur le pateau de La Santé d'abord,
00:10 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:13 Est-ce que tout se joue dans les mille premiers jours de la vie,
00:17 c'est-à-dire du ventre maternel jusqu'à nos deux ans ?
00:19 Tout ce que nous allons vivre durant cette période
00:22 peut-il influencer notre santé pour toute la vie ?
00:25 Et le sujet est tellement riche que nous proposons deux émissions spéciales.
00:28 Une première émission aujourd'hui de la période néonatale au premier pas
00:32 et une autre émission la semaine prochaine des premiers pas aux premiers mots.
00:36 Donc à tout de suite sur le pateau de La Santé d'abord.
00:39 [Musique]
00:59 On le savait depuis les années 80, bébé est une personne
01:02 mais le bébé est aussi particulièrement sensible à ce qui l'entoure.
01:06 La génétique ne décide pas de tout, dès la vie in utero,
01:09 les expériences positives auraient un impact bénéfique sur sa santé tout au long de sa vie.
01:13 Et à l'inverse, certaines expériences négatives pourraient augmenter son risque
01:17 de développer des maladies chroniques, une obésité ou une addiction par exemple.
01:21 Ces mille premiers jours seraient donc le socle de toute notre vie.
01:25 Nathalie Cassopiccarini, bonjour.
01:27 Bonjour Frédérique.
01:28 Merci d'être avec nous.
01:29 Vous êtes fondatrice et déléguée générale d'Ensemble pour la Tuite Enfance
01:33 et co-auteur du livre "Là où tout commence,
01:35 les mille premiers jours" avec Isabelle Filiosa, Antoine Guénonné,
01:40 qui est ici présent, merci, Boris Cyrulnik,
01:42 aux éditions du Cherche Midi avec les contributions de Gilles Demaître et Claire Lajeuny.
01:47 Docteur Antoine Guénonné, bonjour.
01:49 Merci en tout cas d'être avec nous.
01:51 Vous êtes professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital Bichat
01:56 et donc co-auteur du livre "Là où tout commence".
01:58 On peut citer également deux autres de vos ouvrages,
02:01 "Un bébé n'attend pas" et "Du bon usage des pères" aux éditions Odile Jacob.
02:05 Un grand merci à tous les deux de m'accompagner tout au long de cette émission.
02:09 À la lumière des découvertes scientifiques,
02:11 vous allez nous aider à mieux comprendre notre bébé pour mieux répondre à ses besoins
02:15 et faire de lui un adulte heureux, épanoui et surtout en bonne santé.
02:19 Mais avant, je vous propose d'aller à la rencontre des Français.
02:21 Ont-ils conscience de l'impact justement de ces mille premiers jours sur notre santé
02:25 tout au long de notre vie ?
02:26 C'est un reportage de Damien Dessmier.
02:30 [Musique]
02:36 - C'est ma première grossesse.
02:37 - D'abord, il faut choisir de quelle manière est-ce qu'on veut accoucher.
02:41 C'est un vrai choix.
02:43 - C'est mon deuxième.
02:44 Du coup, je ne prépare pas grand-chose.
02:46 - Moi, je prévois un accouchement physiologique
02:48 donc j'écoute des témoignages sur l'accouchement physiologique
02:52 et voilà, et des lectures aussi.
02:56 - Ma sœur est de très bon conseil parce qu'elle a déjà eu deux petites filles.
03:00 Donc voilà, je me réfère beaucoup à elle.
03:03 - Alors moi, j'ai appris avec le premier de n'écouter personne.
03:06 Si ce n'est mon instinct qui est un peu bancal, mais on apprend à se faire confiance.
03:11 - Au début, je ne voulais pas connaître le sexe de mon enfant.
03:14 Mon mari, si.
03:16 Et finalement, à six mois, il l'a su.
03:20 Et puis un mois plus tard, j'ai craqué.
03:23 Je lui ai demandé parce que c'était...
03:25 - Je suis assez convaincue que toutes les mères ont un instinct maternel.
03:28 - Je pense que c'est avec le temps et avec l'expérience que ça s'apprend.
03:32 Ou pas.
03:34 - Je crois qu'on est toutes différentes, donc il ne faut pas se mettre la pression.
03:37 On a toute une façon différente d'aller à la découverte de son enfant et vice versa.
03:42 - Je pense que les papas sont de plus en plus impliqués dans notre grossesse
03:47 et par la suite, dans le partage des tâches.
03:51 - C'est vraiment un projet à plusieurs coeurs.
03:55 - Il y a des choses très justes qui ont été dites.
03:58 Il faut apprendre à se faire confiance.
03:59 En tout cas, c'est ce que je retiens de ces échanges.
04:03 Mais parlons d'abord de la vie in utero.
04:05 Il y a eu ces 50 dernières années, je le disais, des découvertes spectaculaires dans ce domaine.
04:09 La vie fétale est beaucoup plus active qu'on ne le pense.
04:12 Par exemple, à six mois de grossesse, quelle va être la journée type d'un fœtus ?
04:16 - Je ne sais pas quelle est la journée type d'un bébé, mais il y a pas mal de bruit.
04:19 C'est sûr.
04:20 Il entend, il perçoit très, très vite le bruit.
04:23 L'audition marche très, très bien.
04:25 Et dans la fin de la grossesse, par exemple, si on parle, si on chante avec un bébé,
04:33 son cortex, la zone de son cerveau cortical s'allume.
04:39 - C'est Boris Cyrulnik qui dit très joliment "la parole est une caresse au fœtus".
04:42 Alors justement, à partir de quel mois peut-il vraiment entendre ?
04:45 Est-ce qu'il est capable de reconnaître la voix de ses parents, Nathalie ?
04:50 - Alors à partir de trois mois in utero, les bébés perçoivent cette prose odie
04:54 qui est la musique de la langue maternelle.
04:57 Et c'est petit à petit un apprentissage jusqu'aux compétences sociales,
05:03 aux prémices du langage après la naissance.
05:06 Mais c'est un des sens qui se développe le plus rapidement in utero,
05:10 comme le toucher, la proprioception, qui est le centre de l'équilibre.
05:14 - D'ailleurs, lorsqu'une maman parle à son fœtus, il paraît qu'il réagit,
05:19 il se met à téter, donc il va reconnaître spécifiquement la voix de sa maman ?
05:24 - Il y a une empreinte de la voix maternelle, des odeurs aussi, qui vient très tôt.
05:29 Ce qui fait que dès la naissance, le bébé va préférentiellement
05:34 reconnaître l'odeur de sa mère et la voix de sa mère, mais aussi celle de son père.
05:38 - Que ressent le fœtus lorsqu'il est dans ce premier habitat ?
05:40 Si je suis triste, par exemple, est-ce qu'il peut ressentir cette tristesse ?
05:43 Et quel pourrait être l'impact sur sa vie future ?
05:46 - Il y a beaucoup d'exagérations là-dessus.
05:49 - Pour rassurer un peu les parents ?
05:51 - Oui. D'abord, le ventre maternel, c'est un endroit où on est tranquille.
05:56 Il y a des bruits, il y a les bruits du cœur maternel,
05:58 il y a d'autres bruits qui viennent de la mère,
05:59 mais grosso modo, il est en sécurité et en tranquillité.
06:03 Et toutes les cultures ont pensé qu'une femme enceinte
06:07 était extraordinairement sensible aux influences extérieures
06:10 et qu'il faut protéger les femmes parce que leurs émotions intenses
06:15 pourraient toucher le bébé. C'est dans toutes les cultures.
06:19 - Et en fait, pas tant que ça ?
06:20 - Non, pas tant que ça.
06:22 Semble-t-il, ce qui est vrai, c'est que ça passe quand c'est intense.
06:27 - Une maman qui va être très anxieuse, très angoissée
06:29 ou qui va vivre un stress aigu, là, le bébé pourra le...
06:32 - Un stress très aigu et très durable, oui, peut-être.
06:36 Et celui-là, effectivement, risque d'avoir des influences
06:40 sur ce qu'on appelle la formation ensuite des réactions
06:45 du futur bébé au stress.
06:47 Mais c'est ça l'idée, qu'il faut...
06:50 Pour l'essentiel, le bébé est protégé des choses,
06:52 sauf des toxiques et des stress intenses.
06:56 - Ça, on va en parler. Nathalie ?
06:58 - Oui, parce que le cortisol, qui est l'hormone du stress,
07:00 passe la barrière placentaire.
07:03 Mais ces deux conditions doivent être réunies,
07:05 c'est-à-dire intense et répétée.
07:08 Mais sinon, le bébé vit une vie dans les meilleures conditions.
07:13 - Il utérite. - La plupart du temps, il dort, c'est ça ?
07:17 - Il dort, il sourit. - Il sourit, il dort, il se réveille.
07:21 Pas toujours au même moment que la mère,
07:24 mais quand la mère est tranquille, là, il lui s'agite.
07:26 - Là, il fait des galipettes.
07:28 Il sourit, mais évidemment, c'est un sourire très fort.
07:30 - C'est un sourire musculaire. - Musculaire, oui, c'est ça.
07:32 Mais quand on voit des images, effectivement,
07:33 on peut avoir l'impression qu'il sourit.
07:37 - Vous l'avez dit, il entend la voix, etc.
07:40 Donc, c'est important de parler à son bébé
07:43 dès le début de la grossesse ?
07:45 - Si on veut. - Ou pas ?
07:46 - Si on veut, ou pas.
07:47 - Mais justement, pour tisser ce lien,
07:48 c'est vrai qu'on nous dit, pour tisser ce lien avec son bébé...
07:51 - Il existe le lien. - Oui, il n'y a pas forcément...
07:52 - Il existe le lien.
07:54 On l'a ou on ne l'a pas.
07:55 On ressent sa grossesse et la plupart des femmes
07:59 imaginent leur bébé, ont un lien avec ce bébé.
08:03 Et la plupart des pères aussi.
08:07 - Est-ce que des techniques comme l'apnonomie
08:09 peuvent être utiles, justement, pour tisser ces liens
08:12 avec son bébé ?
08:15 Qu'est-ce que vous en pensez ?
08:15 C'est très à la mode en ce moment.
08:18 - Oui, je pense que ça se fait naturellement.
08:21 Ça pourrait être très utile pour les femmes
08:23 qui ont justement du mal à se sentir enceinte,
08:27 à imaginer le bébé.
08:28 Là, peut-être que oui.
08:30 - Oui, sinon, c'est vrai qu'on le fait assez naturellement.
08:31 On va toucher son bébé, on voit son pied, sa main.
08:35 - C'est ça, de dire "oui, son pied, il a bougé".
08:37 - Oui, du coup, on arrive à le visualiser.
08:40 Ça devient une réalité.
08:42 - Oui, c'est une prise de conscience qui grandit au quotidien.
08:47 Et à chacun, ça pratique, en fait.
08:52 On se rassure aussi soi-même quand on parle au bébé utéro.
08:57 - C'est une façon de se rassurer.
08:58 - Voilà, ce lien se tisse.
09:00 - Chacun à sa façon.
09:02 Et c'est ce que disaient les parents sur le trottoir.
09:06 - Il faut se faire confiance.
09:07 - Oui, chacun à sa façon.
09:08 Il faut se faire confiance, c'est très important.
09:09 - Et c'est vrai que ce premier moment où on le sent bouger,
09:11 c'est quelque chose d'incroyable.
09:12 - Absolument.
09:13 - C'est vraiment là où le lien se crée de façon presque innée.
09:18 Si bébé arrive en avance, c'est-à-dire avant huit mois,
09:21 une mi-grossesse, comment aider les parents à gérer cette épreuve ?
09:24 Ce qui peut être souvent un vrai traumatisme.
09:26 - C'est un vrai traumatisme.
09:28 - C'est un vrai traumatisme pour les parents.
09:30 Plus encore, sans doute, que pour le bébé qui est dans une couveuse.
09:34 Et les parents se sentent très, très, très mal, parfois coupables.
09:41 Et c'est important que l'équipe leur permette d'approcher leur bébé,
09:46 de tisser ce lien précoce avec leur bébé prématuré.
09:50 - En tout cas, qu'il soit prématuré ou pas,
09:51 comment accueillir son bébé dans un environnement le plus sain possible ?
09:55 On parlait tout à l'heure des toxiques.
09:56 Eh bien, sachez qu'il existe des ateliers spécifiques,
09:59 des ateliers nesting.
10:00 Nesting, ça veut dire faire son lit.
10:02 Pour vous apprendre les bons réflexes en matière de santé et d'environnement,
10:05 c'est un sujet de Laetitia Langella.
10:07 - L'atelier nesting, c'est le fait de faire son lit et de sensibiliser
10:21 les futurs parents et les jeunes parents aux pollutions chimiques,
10:24 aux pollutions qui sont dans leur environnement.
10:27 On sait qu'entre la période de conception et les deux ans de l'enfant,
10:30 c'est une période charnière pour la santé du nouveau-né,
10:34 mais aussi la santé du futur adulte qu'il sera.
10:36 Et pour ça, justement, les ateliers nesting ont pour objectif
10:41 de leur donner des clés pour essayer d'avoir des bonnes habitudes au quotidien
10:44 pour protéger la santé de leur bébé.
10:46 Nous sommes formés auprès de l'association WECF,
10:50 qui est une association internationale.
10:54 Trois messages principaux dans les ateliers nesting qu'on essaie de véhiculer,
10:58 ça va être aérer le logement.
10:59 Nos intérieurs sont très pollués, dix fois plus pollués que l'extérieur.
11:02 Utiliser le moins de produits possibles.
11:05 Et ça va être aussi choisir leurs produits avec des écolabels.
11:08 - Faire attention aux petits détails et pareil à la composition
11:11 en termes de nombre d'ingrédients.
11:14 - Nous, on est déjà sensibilisés à ça à la maison,
11:17 mais ça apporte plus de précision.
11:19 Et puis j'ai trouvé que c'était bien de l'entendre de la bouche
11:20 d'une praticienne de santé.
11:23 Ce sont des ateliers qui durent deux heures.
11:26 Et l'idée pour nous, c'est vraiment de motiver les parents
11:28 à adopter des bonnes habitudes.
11:29 Et c'est vraiment des ateliers qui sont ludiques.
11:32 On s'appuie sur des jeux de rôle, des tris,
11:36 mais je ne vais pas tout dévoiler pour justement les sensibiliser.
11:39 - Et rappelons que les substances toxiques peuvent passer la barrière placentaire,
11:45 comme ces fameux perturbateurs endocriniens.
11:46 Donc voilà, il faut être vigilant.
11:49 Alors ça y est, bébé est arrivé.
11:50 Vous venez de le ramener à la maison.
11:53 - Oui, bien sûr.
11:53 - Les substances toxiques, bien entendu, l'environnement,
11:57 mais avant tout, l'alcool et le tabac.
12:00 - Oui, c'est vrai qu'on ne le rappellera jamais assez.
12:02 C'est zéro alcool pendant la grossesse.
12:04 Ce n'est pas le tabac non plus.
12:05 - Pas de tabac du tout, ni pendant la grossesse.
12:08 Pas d'alcool du tout, parce que ça, c'est des toxiques
12:12 qui peuvent avoir des effets délétères à long terme.
12:15 - Vous avez bien raison.
12:16 Donc ça y est, bébé est arrivé.
12:17 Vous venez de le ramener à la maison dans un nid douillet écolo
12:20 parce que vous avez suivi les ateliers nesting.
12:23 Mais voilà, il faut continuer à renforcer cette communication
12:26 qui a commencé déjà dès la grossesse.
12:28 Alors c'est vrai que quand on est des jeunes parents,
12:29 on est parfois un peu perdu.
12:30 On a lu des milliers de livres sur le sujet.
12:32 On a peur de mal faire.
12:34 Est-ce qu'on parle trop, par exemple, à son bébé ?
12:36 Pas assez ? Qu'est-ce qu'on doit lui raconter ?
12:39 - Jamais assez.
12:41 Le bébé comprend.
12:41 Il a déjà la perception de ce que nous dit la musique de la langue maternelle, paternelle.
12:48 Il comprend le sens global.
12:49 Il ne va pas évidemment comprendre les mots,
12:51 mais il comprend qu'on s'adresse à lui.
12:52 Et qu'il est une personne.
12:54 Et ça, c'est fondamental.
12:55 On ne parle jamais assez au bébé.
12:57 Et on n'a pas besoin de sociabiliser ou socialiser les bébés.
13:00 - C'est déjà un être social.
13:01 - Parce que c'est un être social par excellence.
13:02 Un être sensoriel, social, qui a besoin d'être en relation.
13:07 Un bébé seul n'existe pas.
13:09 Et ça, c'est vraiment fondamental.
13:11 C'est les essentiels qu'on décrit dans notre ouvrage commun
13:16 "Là où tout commence".
13:17 Parce que c'est là que tout commence.
13:18 C'est dans le lien que tout commence.
13:21 - C'est très important aussi d'accrocher son regard.
13:24 Passer au moins 15 minutes plusieurs fois par jour.
13:27 - Déjà 15 minutes tranquilles, sans rien faire d'autre,
13:31 sans portable, évidemment.
13:34 Avec le plaisir de la communication.
13:37 Du genre, l'imitation réciproque.
13:39 Les bébés savent formidablement faire ça.
13:42 On les regarde, ils vous regardent, ils vous imitent, on les imite, on rigole.
13:46 Et ce plaisir partagé, essentiel, ça va être le carburant
13:52 pour toute la qualité du développement ultérieur.
13:54 - Le premier vrai sourire, c'est vers quel âge ?
13:57 - C'est entre 7 semaines et 9 semaines.
14:00 Et c'est constant dans tous les pays, dans toutes les ethnies.
14:04 Et ça fait partie de l'agenda développemental humain.
14:09 - On est programmé pour sourire.
14:10 - Exactement.
14:11 La nature est bien faite parce que ce bébé humain,
14:13 une fois qu'il a surmonté ses problèmes initiaux
14:17 de s'habituer aux stimulations, au bruit, à l'alimentation et tout ça,
14:23 il va se mettre à sourire aux personnes qui sont...
14:27 Et ce sourire, c'est magique, ça vous rend parent.
14:31 - Et à l'inverse, qu'est-ce qui doit nous alerter
14:32 dans le comportement prosocial de notre bébé, Nathalie ?
14:35 Quels sont les signes qui peuvent traduire à un éventuel mal-être ?
14:37 - Un bébé triste, un retrait relationnel.
14:42 Ça doit nous alerter de quelque chose qui ne fonctionne pas
14:45 dans le lien avec ses figures d'attachement.
14:50 Un bébé, c'est la joie, c'est la première émotion du tout petit.
14:56 Et il vient chercher notre regard, il vient accrocher notre regard.
15:00 Et ce dont Antoine parlait à l'instant, c'est cette magie-là de la relation.
15:05 Et toi, tu l'appelles la moutarde dans la mayonnaise, le plaisir.
15:10 Le plaisir qui fait la relation et qui est durable.
15:13 C'est le premier facteur de résilience tout au long de la vie.
15:17 - Justement, un bébé est-il capable de résilience ?
15:20 Je pense aux grands prématurés, par exemple,
15:22 parce que c'est vrai qu'un bébé, c'est facile à blesser.
15:26 Mais est-il possible de réparer son cerveau
15:27 et de l'aider à reprendre un bon développement
15:30 après un traumatisme, quel qu'il soit ?
15:32 - La prématurité même montre que le développement humain précoce
15:36 est incroyablement puissant et autocorrecteur.
15:40 Parce que la plupart des prématurés,
15:42 maintenant même ceux qui sont nés à 800 grammes et tout ça,
15:47 arrivent finalement à bon port
15:50 et à avoir une capacité intellectuelle et de communication normale.
15:53 Ce qui veut dire que ça marche, ça ne va pas.
15:57 - Et c'est important de leur raconter leur histoire le plus tôt possible ?
16:00 - Oui, le cerveau est très malléable, très très flexible
16:03 pendant ses mille premiers jours.
16:04 Cet impact environnemental dans cette période sensible
16:07 est particulièrement notable.
16:09 Raconter la histoire, on l'a vu dans le film,
16:12 le petit Louis à qui on raconte l'histoire
16:16 de cette période de gestation,
16:19 cette dénique grossesse, grossesse non consciente.
16:23 Quand il arrive au monde, il est très discret ce bébé.
16:26 Et quand ses parents lui racontent son histoire, il s'éveille.
16:30 Et ça fait sens chez lui.
16:33 Tout de suite, cette connexion avec ses parents
16:36 va se mettre en place dans les meilleures conditions.
16:40 - Une question un peu taboue, l'instinct maternel est-il inné ?
16:43 Comme on voudrait nous le faire croire.
16:44 Rappelons qu'avant le 19e siècle,
16:46 les mères qui accouchaient dans les classes moyennes
16:48 aisaient confier leur bébé à des nourrices.
16:52 Alors qu'est-ce qu'on peut dire sur cet instinct maternel ?
16:53 Qui est différentiel de l'amour maternel ?
16:55 L'instinct maternel, c'est le besoin de protéger son enfant.
16:58 - Je crois que l'instinct de soin,
17:01 ce qu'on appelle en anglais le "caregiving",
17:03 donner du soin, s'occuper de plus petits,
17:05 plus faibles et plus dépendants,
17:07 tout le monde l'a.
17:08 La plupart des femmes tombent amoureuses de leur bébé,
17:12 sauf quand ça ne se produit pas.
17:13 Et là, c'est là où il y a besoin d'un professionnel
17:16 qui sait que ça peut arriver.
17:17 - Et l'instinct paternel ?
17:18 - Pareil.
17:19 - C'est pareil.
17:20 Alors, comment bien s'occuper de bébé au quotidien ?
17:22 Parce que le problème, c'est qu'un bébé ne naît pas avec le mode d'emploi.
17:26 Pour le premier, c'est vrai qu'on est souvent un peu perdu.
17:28 C'est plus facile pour le deuxième en général.
17:31 - Ça dépend, parce que le mode d'emploi du deuxième
17:34 n'est pas du tout le même que celui du premier.
17:36 Donc, on fait par essai-erreur.
17:39 - Oui, mais les parents ne sont peut-être plus détendus pour le deuxième.
17:40 - Voilà, ça change tout.
17:41 - Comme on est moins stressé, on se prend peut-être un peu moins la tête aussi.
17:45 Comment traduire déjà les pleurs de bébé ?
17:47 Comment savoir s'il a faim, s'il a mal, s'il est fatigué ou s'il est énervé ?
17:50 C'est pas toujours facile à identifier.
17:52 - C'est pas du tout facile.
17:54 - Non, c'est pas du tout facile.
17:56 - On a tous des souvenirs.
17:58 - Mais derrière un pleur, il y a un besoin.
18:00 Ça, quand on le partage entre professionnels et parents...
18:03 - Un bébé ne pleure pas pour rien.
18:05 - Un bébé, il a des besoins quand il pleure.
18:07 - Donc, on ne laisse pas pleurer un bébé.
18:09 - On ne laisse pas pleurer un bébé, parce que si on répond pas aux besoins du bébé,
18:14 il va pas y répondre tout seul en disant
18:15 "Tiens, je vais aller dans la cuisine, je vais me faire réchauffer mon petit biberon
18:19 et je vais me débrouiller tout seul."
18:20 Les pleurs de détresse, si on n'intervient pas,
18:24 une fois, deux fois, trois fois, le bébé peut apprendre le désespoir
18:29 si personne ne vient répondre à ses besoins.
18:33 Et finalement, on a pensé qu'il y avait des pleurs très spécifiques suivant les besoins.
18:39 En réalité, cette dernière recherche-étude en 2023 vient nous dire que...
18:46 - Par des chercheurs français de Saint-Etienne.
18:48 - Ah, exactement. Ça n'est pas le cas.
18:51 - Le cri est le même pour tout le monde.
18:54 Il n'y a pas un cri de faim, de ceci, de cela.
18:56 En revanche, les parents et les professionnels peuvent apprendre à détecter le cri de douleur.
19:02 - Ah, qui va être différent.
19:03 - Mais en fait, les bébés humains sont programmés pour crier,
19:07 parce que c'est le signal qui va amener auprès d'eux, le plus rapidement possible,
19:13 un adulte pour que ça s'arrête.
19:15 Parce que c'est très stressant, les cris des bébés.
19:18 C'est pour ça que le risque, c'est effectivement qu'un parent trop stressé
19:23 secoue un bébé parce qu'il ne supporte pas ses cris.
19:25 - Et les pleurs de douleur, ça va être vraiment différent ?
19:29 - Pareil.
19:30 - Vous disiez quand le bébé souffre, c'est la seule fois où on pouvait faire une différence avec un pleur normal de faim.
19:41 - C'est ça, il y a une intensité et puis il y a le langage non-verbal aussi.
19:44 Quand on observe les bébés, la position des mains, des petits pieds, le regard,
19:49 tout ça nous donne des indications pour intervenir.
19:55 - Alors le coup dodo ?
19:56 - C'est au début que le cri est le même, mais passés trois mois, ensuite il se module de façon très différente.
20:03 Et les bébés apprennent à faire des cris différents,
20:06 et les parents apprennent à entendre que ça c'est un cri "viens tout de suite",
20:10 ça c'est un cri "j'ai mal", ça c'est un cri "j'ai faim",
20:13 ou ça c'est un cri "tiens, j'ai juste vu que ça te faisait arriver très vite".
20:18 - Ils sont intelligents ces bébés.
20:19 - Oui, ils sont très intelligents.
20:20 - Déjà, au bout de trois mois, ils arrivent déjà un peu à nous manipuler, mais à bien se faire comprendre.
20:26 - Oui, heureusement d'ailleurs, parce qu'ils ont besoin de proximité affective,
20:30 et nous on a besoin de temps et de disponibilité pour répondre aux besoins de nos bébés.
20:36 - Coup dodo, on partage son lit avec son enfant pour le rassurer, vous êtes pour ou contre ?
20:40 C'est un sujet qui fait l'objet d'interminables polémiques.
20:42 - Oui, bien sûr, on est pour.
20:44 De toute façon, il y a une directive de l'OMS qui préconise le coup dodo.
20:49 Alors le coup dodo, ça ne veut pas dire forcément dans le lit des parents,
20:51 ça veut dire à proximité, répondre aux besoins du bébé à proximité,
20:55 et puis c'est aussi beaucoup plus pratique pour l'allaitement.
20:58 - Justement, j'allais vous parler d'allaitement,
21:00 parce que c'est un autre sujet éternellement polémique dans notre pays.
21:04 Une femme qui n'allaite pas son bébé est jugée, culpabilisée.
21:07 Une bonne mère, c'est forcément une mère qui allaite.
21:09 - Non !
21:11 - Moi, je n'ai pas allaité les miens, donc je peux vous en parler.
21:14 - En réalité, ce qui est important, c'est de fournir l'information fiable,
21:18 scientifique, quels sont les bienfaits de l'allaitement,
21:21 et puis chaque maman va utiliser cette ressource,
21:26 ces connaissances, comme elle l'entend.
21:29 Et c'est elle qui fait un choix aussi dans sa famille,
21:32 en en discutant avec son partenaire,
21:36 et qui doit être confortable avec le choix qu'elle va faire.
21:39 Mais en toute connaissance de cause, ça c'est important.
21:41 - C'est vrai que c'est très avantageux d'allaiter pour le bébé.
21:45 Et ce qu'il faut, c'est qu'on puisse aider des femmes à démarrer l'allaitement,
21:52 ce qui parfois n'est pas si facile que ça,
21:54 et à le poursuivre dans des difficultés initiales.
21:56 Et surtout, dans notre société, en France, c'est encore très rarement le cas,
22:02 si vous allaitez votre bébé au-delà de deux mois,
22:05 tout le monde va vous dire que vous êtes une mère fusionnelle.
22:08 - Oui, c'est vrai, que dans l'autre sens aussi, on peut vous culpabiliser.
22:11 Et puis, on pourrait aussi offrir à nos bébés des séances de spa,
22:15 pour calmer ces petits bobos du quotidien, des coliques, des douleurs dentaires, du reflux,
22:19 ou tout simplement pour le détendre, cette technique s'appelle l'hydrothérapie.
22:22 Et vous allez voir, bébé adore ça.
22:25 - Je vais lui régler au fur et à mesure.
22:35 Donc, seuls les cervicales de l'enfant vont reposer dessus.
22:39 Habillée de sa drôle de bouée, Marius,
22:41 deux mois et demi peut commencer sa deuxième séance d'hydrothérapie.
22:45 Un moment d'éveil sensoriel sous le regard apaisé et apaisant de ses parents.
22:51 - C'est merveilleux, en fait.
22:53 C'est un peu comme une deuxième naissance.
22:55 On voit un petit peu vraiment sa façon dont il pouvait peut-être être dans mon ventre.
22:58 Et puis, là, on voit vraiment qu'il est en communion avec l'eau.
23:01 C'est un moment magique.
23:04 Pendant 30 minutes, Marius exerce librement sa motricité et les muscles de son corps.
23:10 - Allez, il nage.
23:13 Un moment magique rendu possible par cette bouée de cou.
23:16 Le concept venu d'Angleterre permet aux nourrissons de 0 à 6 mois
23:20 de flotter sans effort ni contrainte.
23:23 - Ça va soulager également les coliques, donc les douleurs dentaires.
23:28 Ça va agir sur tout le système nerveux.
23:30 L'enfant va prendre conscience des parties de son corps.
23:34 Il y a le schéma corporel.
23:36 Il y a tout qui s'installe au fur et à mesure des séances.
23:39 Il va se rendre compte, l'enfant, de ce qu'il est capable de faire
23:43 avec ses mains, ses pieds, son corps tout en mouvement dans cette eau.
23:49 Éveiller les sens et renforcer les liens parents-enfants,
23:52 c'est l'objectif de Malissa.
23:53 Et pour rassurer la cinquantaine de familles qu'elle accueille chaque semaine
23:56 dans son spa, l'éducatrice de jeunes enfants a misé sur un concept breveté
24:00 et homologué.
24:01 - Je souhaitais travailler avec un concept où les études ont été faites,
24:06 où c'était sûr.
24:08 Parce que ce que je voyais, peut-être, ne me rassurait pas.
24:11 Je voyais des bouées et des baignoires faites dans certains pays.
24:15 Il n'y avait pas assez de recul là-dessus.
24:18 - Après avoir bénéficié de tous les bienfaits de cette méthode douce,
24:21 Marius aura droit à une petite séance de massage.
24:24 A moins qu'il ne tombe déjà dans les bras de Morphée.
24:28 - Voilà des bébés heureux et souriants pour conclure cette émission.
24:32 Vous connaissiez cette pratique ?
24:34 - Non, mais un bébé a besoin des bras parentaux.
24:38 C'est ce qui va évidemment le sécuriser.
24:41 Et puis l'eau, c'est cette sensation qu'il a connue pendant neuf mois.
24:44 C'est important.
24:46 - Retour aux sources.
24:47 - Et les cinq sens, dès qu'ils sont stimulés,
24:50 les cinq sens, c'est la voie d'entrée des connaissances.
24:52 - Un grand, grand merci à tous les deux.
24:54 Je rappelle le titre du livre que vous avez co-écrit
24:56 avec d'autres spécialistes du sujet.
24:58 Je conseille à tout le monde de lire.
25:00 C'est passionnant.
25:01 Là où tout commence, aux éditions du ChercheMidi,
25:03 avec les contributions de Gilles Demaître et Claire Lajeuny.
25:06 Les points clés, les mille premiers jours de la vie.
25:08 Tout ce que nous allons vivre durant cette période
25:10 aura une influence sur notre santé pour toute notre vie.
25:13 Attention également aux produits toxiques pendant la grossesse
25:15 qui vont passer la barrière placentaire.
25:17 On en parlait.
25:18 Attention également au tabac, à l'alcool et à toutes les drogues.
25:22 Et le bébé est capable de résilience.
25:24 C'est une nouvelle grâce à la grande plasticité de son cerveau.
25:27 Donc, même s'il est mal parti dans la vie, rien n'est perdu.
25:30 Donc voilà, on a couvert avec vous les 500 premiers jours de la vie.
25:34 Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine
25:36 pour les 500 suivants sur le plateau de la santé d'abord.
25:38 Merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
25:41 Merci à vous de nous avoir suivis.
25:42 Et d'ici là, prenez soin de vous.
25:44 [Musique]
26:04 Le groupe VIVE vous a présenté la santé d'abord.
26:07 Ou le programme qui prend soin de vous.
26:09 Groupe VIVE, pour une santé accessible à tous.