Avec Antoine Basbous, fondateur et directeur de l'Observatoire des pays arabes
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:07 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:10 Vous voulez savoir ?
00:12 Alors parlons vrai ce matin avec Antoine Basbous,
00:15 politologue, spécialiste du monde arabe et de l'islam,
00:19 associé de Forward Global,
00:22 fondateur et directeur de l'Observatoire des Pays Arabes.
00:25 Antoine Basbous, bonjour.
00:27 - Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:28 - Merci d'être avec nous.
00:29 Nous parlerons de la France,
00:30 nous sommes confrontés à la violence islamiste,
00:32 mais nous commençons avec les menaces de guerre
00:36 entre l'Iran et Israël.
00:38 Ce n'est pas moi qui le dis,
00:40 c'est Joe Biden qui dit
00:42 l'Iran menace de lancer une attaque importante contre Israël.
00:47 Est-ce que vous croyez à une attaque de l'Iran contre Israël ?
00:53 Antoine Basbous.
00:54 Il ne s'agit pas de croire d'ailleurs,
00:55 mais est-ce que les signes sont là ?
00:58 - A vrai dire, ce que je vois,
01:00 ce sont des mises en scène,
01:03 beaucoup de menaces,
01:05 mais quand on veut attaquer,
01:07 on agit discrètement, secrètement,
01:10 comme le Hamas le 7 octobre,
01:14 comme Israël quand le 1er avril a attaqué
01:18 et détruit le consulat d'Iran à Damas.
01:21 Donc, quand on est vraiment sérieux,
01:24 quand on veut la guerre,
01:25 on ne l'annonce pas,
01:26 on l'a fait et puis après,
01:28 on attend la réplique.
01:29 Or là, je vois davantage les préliminaires
01:33 d'une négociation à chaud
01:35 que les Iraniens appellent de leur vœu
01:38 avec les Américains
01:39 pour redéfinir un peu l'avenir du Moyen-Orient
01:43 avec eux comme puissance reconnue.
01:46 - Mais pourquoi Joe Biden fait cette déclaration alors,
01:48 Antoine Basbous ?
01:50 - Parce que ça fait peut-être partie du jeu
01:53 et les Iraniens au plus haut niveau ont menacé.
01:56 Mais généralement, quand le guide veut lancer une guerre,
02:00 il appuie sur des boutons,
02:01 il donne des instructions secrètement.
02:03 Il ne fait pas ça dans un prêche d'Alaïde à Téhéran,
02:08 publiquement devant les caméras du monde entier.
02:11 Ceux qui veulent la guerre doivent agir
02:14 avec secret et discrétion
02:16 et surprendre leurs ennemis
02:18 et non pas afficher qu'il a envie de faire la guerre.
02:23 - Je rappelle que l'Iran, la République islamique d'Iran,
02:27 a prévenu qu'elle répliquera au bombardement de son consulat à Damas.
02:31 Tout de même, dans ce bombardement a été tué un général iranien de la Force Al-Qods.
02:35 Rappelez-nous ce qu'est la Force Al-Qods.
02:37 - La Force Al-Qods, c'est le bras armé des passidents iraniens à l'étranger.
02:43 Et son fondateur, le principal personnage de cette force,
02:49 c'est le général Qassem Soleimani
02:51 que les américains ont tué dans une frappe de janvier 2020 en Irak.
02:57 A l'époque, les iraniens ont menacé.
02:59 Et qu'est-ce qu'ils ont fait ?
03:01 Pour ne pas perdre la face,
03:03 ils ont lancé des missiles contre une base américaine en Irak,
03:08 Rayn Al-Assad,
03:09 en prévenant les américains d'aller aux abris,
03:11 nous allons lancer des missiles.
03:13 Et donc du coup, les américains se sont cachés dans les abris
03:17 et les missiles sont arrivés, il n'y a pas eu un seul mort.
03:19 Donc il faut que l'Iran sauve la face.
03:22 Et dans cette gesticulation,
03:25 les iraniens menacent pour peut-être pas grand chose,
03:29 mais aussi il peut y avoir des dérapages
03:33 et que la guerre commence par des intentions, par des déclarations.
03:37 A vrai dire, l'Iran veut faire la guerre par procuration.
03:42 Et c'est pour ça que l'Iran a disposé autour d'Israël
03:46 du Hamas, du Had Islamique à Gaza,
03:49 du Hezbollah au Liban et en Syrie,
03:51 des Houthis au Yémen pour contrôler la mer Rouge,
03:54 des milices irakiennes qui envoient des missiles par-dessus la Jordanie.
03:59 Bref, l'Iran a créé des proxys,
04:02 des esseins de frelons autour d'Israël
04:05 pour pouvoir s'en servir sans faire lui-même la guerre à Israël.
04:09 Oui, c'est un encerclement.
04:11 Un encerclement où parliez les milices syriennes,
04:13 les milices irakiennes,
04:14 les Houthis au Yémen,
04:17 le Hezbollah, le Hamas,
04:19 tout ça pour encercler Israël.
04:22 C'est la stratégie de l'unité des fronts,
04:25 de l'axe de la résistance mis en place par l'Iran.
04:28 L'Iran ne veut pas faire la guerre directement.
04:30 L'Iran veut faire la guerre par procuration
04:33 à travers ses proxys,
04:35 ses instruments qu'il a placés autour d'Israël.
04:38 En revanche, aujourd'hui, Israël a intérêt
04:41 à entraîner les États-Unis dans un conflit avec l'Iran
04:44 pour détruire ne serait-ce que ses capacités
04:48 -Nucléaires.
04:49 -Les capacités de programmes nucléaires.
04:51 Donc c'est ça la différence entre les deux parties.
04:53 Et d'ailleurs, pour la première fois, le 1er avril,
04:57 Israël a attaqué directement l'Iran,
05:00 mais publiquement à Damas.
05:04 -Le consulat.
05:04 -Le consulat qui est...
05:06 -Qui est territoire iranien.
05:07 -Qui bénéficie de l'extraterritorialité.
05:11 -Et oui.
05:11 -Et donc c'est un territoire iranien.
05:13 -Et oui, bien sûr.
05:14 Antoine Bassebous,
05:16 vous parliez de l'arme nucléaire de l'Iran.
05:18 Où en est l'Iran ? Parce qu'on ne sait plus.
05:20 Avec la guerre entre l'Ukraine et la Russie
05:23 qui a détourné la tension,
05:25 avec le conflit entre Israël et le Hamas
05:27 qui a détourné la tension,
05:29 pendant ce temps-là,
05:32 l'Iran poursuit la fabrication de sa bombe nucléaire.
05:37 -Tout à fait.
05:38 -L'AIEA n'a plus accès au site d'enrichissement de l'Iran.
05:42 -L'AIEA c'est l'Agence Internationale Atomique, je le rappelle.
05:46 -Et les inspecteurs européens n'ont plus de visa
05:50 pour accéder en Iran et pour aller faire leur métier.
05:53 En plus, les caméras qui étaient placées dans les centrales
05:57 ont été, comment dirais-je, neutralisées.
06:01 Donc du coup, c'est le trou noir de ce programme.
06:04 Ce qu'on sait, c'est que dans les derniers rapports,
06:07 l'enrichissement de l'uranium, au lieu d'être à 3,76,
06:12 il a dépassé les 60%.
06:14 Et donc, il s'approche dangereusement
06:19 de l'uranium enrichi pour usage militaire.
06:24 Donc l'Iran dispose aujourd'hui de quoi fabriquer 3 ou 4 bombes.
06:28 Est-ce que, forcément, c'est leur intention,
06:32 mais où est-ce qu'ils en sont par rapport
06:35 à la sortie de la première bombe ?
06:37 -Je n'en sais rien.
06:38 -Oui, vous n'en savez rien, mais Israël sait
06:41 que l'Iran est en train de fabriquer sa bombe atomique.
06:45 Donc, est-ce qu'Israël pourrait, en prévention,
06:47 il y a déjà eu des attentats ou des destructions
06:54 qui venaient d'Israël en Iran même.
06:56 Est-ce qu'Israël pourrait, je ne sais pas,
06:59 préventivement bombarder ces sites, certains sites ?
07:03 -D'un côté, Israël a fait assassiner le père
07:07 du programme nucléaire iranien et plusieurs scientifiques,
07:11 en Iran même.
07:12 -En Iran même ?
07:13 -Israël a volé 7 tonnes d'archives nucléaires
07:18 à travers l'Azerbaïdjan pour les acheminer en Israël.
07:21 Et Netanyahou, à l'époque, a fait une conférence de presse
07:24 pour exposer ces documents.
07:27 -Israël a aussi fait détruire une partie de ce programme
07:34 à trois reprises.
07:35 La première fois, c'était par des attaques cyber.
07:39 La deuxième fois, par l'attaque d'une machine piégée
07:42 qui a été introduite.
07:43 Et la troisième fois, c'était une attaque en surface.
07:46 Sauf que les Iraniens ont compris,
07:49 après ce qui s'est passé au programme irakien Osirak,
07:52 c'est-à-dire une destruction massive
07:55 avec un seul passage de l'aviation israélienne
07:58 ou encore du programme syrien,
08:00 qui a été également détruit,
08:02 et bien eux, ils ont enterré leur centrale
08:05 sous terre, sous des montagnes,
08:07 de sorte que ce sera extrêmement difficile
08:11 de pouvoir toucher ces centrales.
08:15 -Oui, avec deux pays, la menace est là.
08:18 Je ne sais pas, parce qu'on a beaucoup parlé
08:20 de la menace russe, nucléaire russe,
08:22 mais les Russes, franchement,
08:24 Antoine Bassebousse, n'utiliseront jamais l'arme nucléaire.
08:26 Antoine Bassebousse, il y a eu beaucoup de débats
08:29 sur tous les plateaux de télévision,
08:31 mais disons clairement les choses.
08:32 La menace nucléaire russe, elle existe.
08:37 Mais les Russes savent bien qu'ils seront
08:40 enrayés de la carte comme nous, si jamais ils l'utilisent.
08:42 - Si jamais un pays doté de l'arme nucléaire
08:45 utilise l'arme nucléaire contre d'autres pays
08:48 qui sont dotés, et bien tout le monde est mort.
08:50 Donc il n'y aura personne pour sabrer le champagne après,
08:55 parce que tout le monde sera mort.
08:56 - Alors est-ce que l'Iran pourrait utiliser
08:57 l'arme nucléaire contre Israël ?
08:59 - Non, parce qu'il y aura plus de morts musulmans
09:01 en Israël et dans son voisinage
09:05 que d'Israéliens et de Juifs.
09:08 Donc c'est une arme psychologique,
09:11 c'est une arme pour l'image.
09:12 L'Iran veut être, comment dirais-je,
09:17 dans le club des puissances nucléaires,
09:19 comme ses voisins pakistanais, indiens, israéliens.
09:24 Et pour ça, comme la porte est fermée de ce club,
09:29 et bien l'Iran veut rentrer par la fenêtre.
09:32 Et la fenêtre, c'est en contournant les règles de l'AEA,
09:38 et en débranchant les caméras,
09:40 et en empêchant les inspecteurs de venir voir ce qui se passe.
09:43 - Pourquoi est-ce que le Hezbollah au sud-Liban,
09:45 allié de l'Iran, ne bouge pas vraiment ?
09:49 - Si, le Hezbollah a déclaré, à vrai dire,
09:53 une guerre le 8 octobre,
09:56 c'est-à-dire le lendemain du 7 octobre,
09:58 une guerre de soutien au Hamas.
10:01 - Une guerre de soutien, mais ça s'arrête là.
10:03 - Le Hezbollah a subi beaucoup de pertes.
10:06 Plus de 40 commandants du Hezbollah ont été éliminés.
10:10 Il faut faire la comparaison entre
10:12 les compétences d'Israël à Gaza
10:16 et ce qu'il fait au Liban et en Syrie.
10:19 À Gaza, Netanyahou pensait acheter le Hamas
10:22 avec l'argent du Qatar.
10:24 Et dès lors que le Hamas fait une action
10:29 qui déplait à Israël,
10:31 deux jours de bombardement et ça s'arrête.
10:34 En revanche, après l'échec d'Israël
10:38 face au Hezbollah en 2006,
10:40 à ce moment-là, ils ont constitué une base de données,
10:46 une base de cibles extrêmement précise au Liban.
10:50 Et de ce fait, il n'y a pas beaucoup de dégâts
10:53 hors les militaires du Hezbollah,
10:55 les militiais du Hezbollah.
10:57 Mais là, franchement, les drones les touchent
11:00 dans leur chambre à coucher, dans leur voiture.
11:02 Il y a eu beaucoup de dégâts
11:04 et le Hezbollah n'est pas à l'aise dans cette affaire.
11:07 - Je comprends. Un mot encore sur l'Iran, l'Axe.
11:11 Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense,
11:15 était avec nous il y a quelques jours.
11:17 Il me parlait de l'Axe entre la Corée du Nord, l'Iran et la Russie.
11:22 Il existe cet axe ?
11:24 - Évidemment, il existe et il s'exprime particulièrement en Ukraine
11:28 où les munitions nord-coréennes,
11:32 où les missiles et les drones iraniens sont utilisés par la Russie
11:36 qui en manque dans ses propres usines,
11:39 contre l'Ukraine tous les jours.
11:42 C'est un axe du mal, ou comment l'appeler autrement,
11:47 qui bombarde l'Ukraine.
11:50 - Revenons sur ce qui se passe à Gaza.
11:54 Le nombre de morts à Gaza,
11:57 j'ai vu que les chiffres avaient été révisés.
11:59 Vous avez vu, il y a eu des enquêtes internationales,
12:01 notamment de Sky News,
12:03 moins de femmes et d'enfants parmi les victimes.
12:06 Alors évidemment, là encore, entre Israël et le Hamas,
12:10 il y a une guerre de communication évidente,
12:13 mais comme entre l'Ukraine et la Russie.
12:15 Antoine Bassebousse, il ne faut pas être naïf.
12:17 - Oui, les chiffres qui ont été affichés jusque-là,
12:20 ça fait 33 500 personnes,
12:23 plus 13 000 qui sont perdus,
12:26 qui sont sous les décombres, qui n'ont pas été comptabilisés.
12:29 Ils n'ont pas pu prendre l'avion,
12:32 ils n'ont pas pu prendre un navire,
12:35 les frontières sont fermées, donc ils sont sous les décombres.
12:38 Donc on va être pas loin de 50 000 morts jusque-là,
12:41 plus une centaine de milliers de blessés,
12:44 sans parler de la famine.
12:46 Et hier au congrès,
12:49 la personne qui est chargée aux Etats-Unis
12:54 des affaires humanitaires a parlé de la famine à Gaza,
12:57 et franchement, ça parle aux élus américains
13:01 et à l'administration Biden.
13:03 - Oui, ce qui explique la position maintenant
13:06 différente de l'administration Biden.
13:08 Est-ce qu'on peut dire d'abord,
13:10 pourquoi est-ce que l'appel au cessez-le-feu
13:12 d'Emmanuel Macron, du président égyptien,
13:14 du roi de Jordanie, finalement est tombé à l'eau ?
13:17 Personne n'a rebondi.
13:19 Il y a eu aussi cette résolution de l'ONU,
13:22 il y a quelques jours, personne n'a rebondi.
13:24 Aujourd'hui, on nous parle sans cesse
13:26 d'un éventuel cessez-le-feu entre Israël et le Hamas,
13:30 mais rien ne vient.
13:32 - Oui, il y a des négociations qui sont au coeur
13:35 entre le Hamas et Israël, sous le gide du patron de la CIA,
13:39 mais ces négociations n'ont pas beaucoup avancé.
13:43 Évidemment, si Israël arrête la guerre à Gaza,
13:47 eh bien, c'est le Hamas qui a gagné,
13:52 qui aura gagné, malgré la destruction massive,
13:56 la terre brûlée exercée par Israël.
13:59 C'est une forme de vengeance contre les Palestiniens
14:02 qui ont osé attaquer le 7 octobre.
14:04 En revanche, Sinuar gardera autour de lui
14:07 ses 130 et quelques otages israéliens,
14:11 et c'est sa protection, en quelque sorte.
14:14 Donc, voilà, il y a une vraie difficulté.
14:18 Échanger, blanchir les prisons israéliennes
14:22 des prisonniers palestiniens,
14:25 c'est un succès pour le Hamas,
14:28 mais sans cela, le Hamas ne veut pas
14:30 libérer les otages pris le 7 octobre.
14:33 - Les otages, c'est la garantie de survie du Hamas,
14:37 c'est ce que vous dites, vous expliquez.
14:39 - Les dirigeants du Hamas, oui.
14:41 - Et d'un autre côté, on a cette situation-là,
14:44 et d'un autre côté, on a Benjamin Netanyahou,
14:46 qui continue aussi sa guerre contre le Hamas
14:50 pour assurer sa propre survie politique.
14:53 Et peut-être pour ne pas se retrouver
14:55 devant un tribunal et en prison.
14:57 - De toutes les façons, il a rendez-vous
14:59 avec les tribunaux pour corruption,
15:01 mais là, il va y avoir des commissions d'enquête
15:03 pour savoir qui a failli.
15:05 Et je crois que tout l'état-major de l'armée israélienne
15:09 sera balayé à l'issue de cette commission d'enquête.
15:11 Le chef d'état-major a lui-même reconnu,
15:14 il a fait son mea culpa,
15:16 et il attend que la commission d'enquête
15:18 passe pour laisser sa place.
15:20 Donc, à vrai dire,
15:22 Netanyahou est coupable d'avoir pensé
15:26 qu'avec l'argent du Qatar,
15:28 il va acheter le Hamas et la paix à Gaza.
15:31 Il n'a pas vu, et c'est surtout
15:33 ces services de renseignement,
15:35 n'ont pas vu les tunnels,
15:37 n'ont pas vu les armes,
15:39 les usines souterraines.
15:41 Et donc, ça, c'est un échec magistral pour Israël.
15:45 Le premier, le plus important.
15:47 La dissuasion israélienne
15:49 a vécu avec ce 7 octobre
15:51 et six mois de guerre à Gaza,
15:53 360 km²,
15:55 sans venir à bout du Hamas.
15:57 C'est un échec stratégique.
15:59 D'où, aujourd'hui, l'Iran peut se permettre
16:01 de harceler Israël,
16:03 de le menacer,
16:05 parce que la dissuasion israélienne
16:07 a été démystifiée.
16:09 - Antoine Bassebou, c'est passionnant.
16:11 Vous êtes clair, c'est absolument passionnant.
16:13 J'ai une question.
16:15 Qui, aujourd'hui, au Proche-Orient,
16:17 incarne un espoir de paix ?
16:19 - Le seul espoir
16:23 qui puisse exister
16:25 se trouve à la Maison Blanche.
16:27 Mais la Maison Blanche,
16:29 qui a un plan, et qui l'impose,
16:31 et qui s'investit.
16:33 C'est-à-dire, le plan doit comprendre
16:35 un État palestinien désarmé
16:37 aux côtés d'Israël.
16:39 Et pour désarmer un peu la haine,
16:41 il faut placer des soldats
16:43 américains, de l'OTAN, européens,
16:45 entre les deux parties.
16:47 - Entre les belligérants.
16:49 - Entre les deux parties, pour assurer la sécurité sur le long terme.
16:51 Et pour ramener
16:53 les pays arabes qui ont
16:55 normalisé avec Israël.
16:57 Ça fait quand même 50 ans
16:59 que le processus de paix,
17:01 que cette dynamique a été enclenchée
17:03 par les accords de comte David,
17:05 il ne faut pas laisser tomber
17:07 cette opportunité,
17:09 cette dynamique-là.
17:11 Et pour la ressusciter,
17:13 pour la rendre viable,
17:15 il faut que les américains s'impliquent
17:17 et imposent leur plan
17:19 aux deux parties, et non pas
17:21 rester un peu
17:23 comme un instrument
17:25 entre les mains du
17:27 gouvernement israélien.
17:29 - Anton Basbous, il nous reste
17:31 4 minutes, 5 minutes.
17:33 La France est confrontée à la violence
17:35 islamiste. Les crimes et délits
17:37 d'inspiration islamiste sont
17:39 devenus récurrents en France. Pourquoi
17:41 selon vous ?
17:43 - Parce que la France a été trop laxiste.
17:45 La France a été comme une auberge
17:47 espagnole. Elle ne contrôlait
17:49 pas les gens qu'elle accueillait.
17:51 Et les gens qui sont nés ici
17:53 n'ont pas été éduqués
17:55 comme il faut
17:57 à la française.
17:59 Quand ils ne partagent pas les valeurs,
18:01 ils ne sont pas renvoyés.
18:03 Et donc du coup, ce laxisme-là,
18:05 de la police, de la justice, de la société,
18:07 a conduit
18:09 à ce genre
18:11 d'action
18:13 et de réaction.
18:15 - Oui, les rigoristes islamistes s'attaquent
18:17 aux musulmans de France.
18:19 De plus en plus souvent aux français musulmans
18:21 qu'ils veulent ré-islamiser.
18:23 Et j'ai remarqué
18:25 que les islamistes utilisaient le ramadan.
18:27 Par exemple, le ramadan,
18:29 il rappelle les règles strictes.
18:31 Antoine Bassebousse.
18:33 - Oui, ce sont les
18:35 charismatiques, des
18:37 messianiques, des gens qui veulent
18:39 imposer leur foi
18:41 et qui ne reconnaissent pas que, en France,
18:43 la liberté,
18:45 c'est primordial.
18:47 Et que c'est la colonne
18:49 vertébrale du pays, de la société.
18:51 L'ADN.
18:53 Chacun peut croire ou ne pas croire.
18:55 Et croire à ce qu'il veut ou pas du tout.
18:57 Et donc, eux, ne sont pas
18:59 d'accord avec cela et
19:01 sont tolérés, il faut
19:03 moins de tolérance avec ceux qui veulent
19:05 imposer leur foi aux autres
19:07 fustiles musulmans. - Fustiles musulmans.
19:09 Donc, il faut absolument faire respecter
19:11 l'état de droit.
19:13 Antoine Bassebousse. Mais j'ai une question.
19:15 Est-ce que la loi islamique
19:17 menace l'état de droit en France ?
19:19 - Si elle était appliquée,
19:21 forcément. Mais, bon,
19:23 elle est marginale et marginalisée.
19:25 Il ne faut pas que cette
19:27 frange des musulmans de France
19:29 s'impose aux musulmans
19:31 et
19:33 impose leur loi
19:35 et leur mode de
19:37 penser, leur ADN
19:39 en quelque sorte, qui est
19:41 acheminé par
19:43 Internet, essentiellement.
19:45 Il faut savoir que le rigorisme
19:47 a disparu des pays
19:49 de l'origine. Aujourd'hui,
19:51 les Wahhabis, en Arabie,
19:53 rasent les murs. Ils sont en prison.
19:55 Alors, pourquoi
19:57 doivent-ils s'exprimer aussi aisément
19:59 en France ? Dans les pays
20:01 où l'islam est né,
20:03 ces pratiques-là
20:05 ne sont plus, depuis
20:07 2015, à l'ordre du jour.
20:09 - Ça, c'est très intéressant pour faire
20:11 comprendre à nos auditrices, à nos auditeurs.
20:13 Les rigoristes, en Arabie
20:15 saoudite, ou au Qatar,
20:17 ou aux
20:19 Émirats Arabes Unis,
20:21 ne sont plus en odeur de sainteté,
20:23 si je puis dire. - Concernant
20:25 l'Arabie et les Émirats Arabes Unis,
20:27 ils luttent
20:29 pied à pied contre les
20:31 frères musulmans et leur doctrine. Et ça,
20:33 c'est tous les jours. Et
20:35 ils ne s'en cachent pas. En
20:37 Arabie, la terre où a vu
20:39 naître Bin Laden et sa doctrine wahhabite
20:41 authentique, eh bien les wahhabites
20:43 rasent les murs. Ils n'ont plus voix au chapitre.
20:45 Et ça, c'est
20:47 seulement depuis 2015.
20:49 Mais avant, évidemment, ils faisaient
20:51 la pluie et le beau temps.
20:53 Donc, voilà, dans les
20:55 pays d'origine, cette
20:57 idéologie est
20:59 combattue, alors
21:01 qu'en Europe, elle prospère.
21:03 - Elle ne l'est pas. Elle ne l'est pas.
21:05 Elle prospère en Europe, elle est
21:07 combattue dans les pays d'origine, elle n'est pas
21:09 suffisamment combattue en Europe. C'est ce que vous
21:11 dites. - Voilà, il faut plus de
21:13 rigueur et faire respecter
21:15 l'ADN
21:17 de l'identité française
21:19 contre vents et marées.
21:21 - Contre vents et marées. Antoine Bassebous, c'était
21:23 passionnant. Je vous remercie d'être
21:25 venu nous voir. Je vous rappelle, et je rappelle
21:27 que vous êtes politologue, que vous êtes
21:29 associé de Forward Global
21:31 et fondateur et directeur de
21:33 l'Observatoire des Pays Arabes. Merci beaucoup
21:35 pour vos connaissances partagées ce matin
21:37 sur l'antenne de Sud Radio. Il est
21:39 8h55. Vous êtes
21:41 ici avec nous et vous continuez à être
21:43 avec nous. Nous parlerons beaucoup de lecture
21:45 entre 9h30 et 10h, mais auparavant,
21:47 je vous attends, 0826 300
21:49 300. A tout de suite.