Noms de code : Lek & Sowat. Identité de ces deux agents artistiques : Frédéric Malek et Mathieu Kendrick. Nord de Paris, 40.000 m2 de murs vierges, ils créent « Mausolée », c’est une naissance artistique fulgurante, reconnue, ils passent par le palais de Tokyo à Paris avec « Lasco project » et par la villa Médicis de Rome. « Quand on passe l’oral de la Villa Médicis avec Fred on est vraiment stressés, j’ai la voix qui tremblote », confie Mathieu. Puis le jury pose une question : « Messieurs, si on vous accepte à la Villa Médicis, qu’est-ce qui nous garantit que vous n’allez pas taguer les murs ? »
Cette question, les deux artistes la vivent mal. Sowat (Mathieu) explique : « ce n’est pas possible, jusqu’au bout on va avoir cette étiquette de wesh ? » À l’oral du concours, ils promettent que non, ils n’en feront rien, affirmant : « faire des tags dans la villa, ça n’a pas de sens ! » Mais une fois admis : « et bien oui, ça a du sens, puisque nous l’avons fait, mais en 2.0. » Ils enverront la photo de la Villa Médicis « taguée » au directeur du jury.
Cette question, les deux artistes la vivent mal. Sowat (Mathieu) explique : « ce n’est pas possible, jusqu’au bout on va avoir cette étiquette de wesh ? » À l’oral du concours, ils promettent que non, ils n’en feront rien, affirmant : « faire des tags dans la villa, ça n’a pas de sens ! » Mais une fois admis : « et bien oui, ça a du sens, puisque nous l’avons fait, mais en 2.0. » Ils enverront la photo de la Villa Médicis « taguée » au directeur du jury.
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00:00 Allez, interview vandale, interview graffeur, interview artiste.
00:03 Alors, l'aïk et ce vote, on ne vous présente plus pratiquement.
00:05 On sait que votre art se traduit par de l'autorité et du courage.
00:09 De Aubert-Villiers à la Villa Médicis,
00:11 ça fait quoi comme sentiment aujourd'hui de se retrouver ici, dans le domaine de Pierre-Vive ?
00:15 Je ne sais pas, on est complètement contents d'être ici,
00:19 puisqu'on est dans un chouette bâtiment, une architecte qu'on adore,
00:23 et un lieu aussi qui est complètement adapté à la taille de nos projets.
00:29 Pas mieux, c'est un enchantement de pouvoir travailler ici.
00:33 Ce qu'on racontait tout à l'heure, c'est qu'on a commencé à peindre les façades un dimanche,
00:37 qui est le jour où Pierre-Vive est fermé.
00:39 Et donc, cette idée de passer une journée dans Pierre-Vive, seul, à travailler,
00:45 comme si ça nous appartenait, ça n'a pas de prix, c'est magnifique.
00:48 C'est un bâtiment qui paraît austère, mais qui a une âme.
00:50 Est-ce que vous êtes ses révélateurs d'âme aujourd'hui ?
00:52 Je ne sais pas si on est ses révélateurs, en tout cas, Pierre-Vive s'est révélé à nous.
00:56 On a eu la chance de pouvoir visiter le bâtiment de Fontencôble avec les équipes de l'espace exposition.
01:02 Ce qu'elle a fait, c'est magnifique.
01:04 Il y a plein de petits détails qui ne sont pas nécessairement ici, d'ailleurs.
01:07 Il y a des petits détails sur les escaliers de service qui sont cachés du public, finalement,
01:11 mais qui sont juste fabuleux.
01:14 C'est plutôt l'inverse.
01:16 J'espère, en tout cas, que c'est Pierre-Vive qui va nous révéler, et pas l'inverse.
01:21 Pour ceux qui vont avoir la bonne idée de venir, ils auront une belle surprise,
01:26 c'est de découvrir votre parcours avec une exposition,
01:28 mais qui est somme toute très révélatrice de ce que vous êtes.
01:32 Oui, elle révèle notre façon d'entreprendre les projets, notre jeunesse,
01:38 tous les grands projets qu'on a pu mener pour en arriver ici,
01:42 ou même développer notre carrière d'artiste.
01:45 C'est un ensemble qui nous retraduit assez correctement.
01:50 J'ai vu qu'il y avait même des bombes de Tager quand vous aviez commencé.
01:53 Ça vaut combien aujourd'hui une bombe de Lech & Swat ?
01:56 Ça ne vaut rien du tout, ça vaut 3,50 €.
01:59 Vous êtes sûr de ça ?
02:00 Oui, je suis sûr.
02:01 Une bombe, tu me mets mal à l'aise avec ta question.
02:05 Avec votre empreinte ?
02:06 Non, justement, tu me mets mal à l'aise.
02:08 Je pense que ça vaut ce que tu veux y voir,
02:10 ça vaut ce que les gens s'y projettent.
02:11 Donc, ce n'est pas à moi de le dire, en fait.
02:13 Nous, on a donné une valeur justement à ces bombes de peinture
02:15 qui, aujourd'hui, peut-être ne représentent pas grand-chose,
02:18 mais justement, pour nous, elle a une valeur affective,
02:21 elle a une valeur de souvenir,
02:22 elle a une valeur de ce qu'on est en train de devenir.
02:25 Et justement, si on a cela, c'est qu'elle est très proche de nous aussi.
02:30 On ne veut pas justement l'effacer, on l'a mise, on l'a présentée,
02:33 parce que pour nous, oui, on vient de ça, c'est notre école.
02:36 Et après, notre travail aujourd'hui est devenu autre chose.
02:39 Mais c'est toujours à proximité de nous.
02:42 Alors, votre travail est vraiment devenu autre chose.
02:44 Vous racontiez pendant cette conférence de presse
02:46 que quand vos compagnes vous disaient stop à Aubervilliers,
02:49 quand vous fabriquez le mausolée,
02:52 qu'est-ce qui s'est passé quand elles vous ont retrouvés
02:54 et se sont dit, ça y est, on est pris à la Villa Médicis ?
02:57 Moi, ça a été pire parce que, en fait, je m'en excuse encore, je le dis,
03:01 j'ai passé le concours sans prévenir ma femme.
03:03 C'est-à-dire que je suis rentré un soir et je lui ai dit,
03:05 ah, tu vas rire, on a tenté un truc avec Fred, là, aujourd'hui,
03:08 on a fait le concours de la Villa Médicis,
03:10 mais ne t'inquiète pas, on ne l'aura pas.
03:12 Et au final, on l'a eu.
03:14 Donc, dans ma famille, en tout cas, ça est arrivé bizarrement.
03:17 Voilà, et il y a dû y avoir beaucoup de discussions derrière
03:21 sur cette idée de partir un an,
03:23 parce que je suis quand même parti un an de Paris, de ma famille,
03:26 Fred aussi a quitté sa femme pendant un an,
03:29 donc ça n'a pas été neutre comme expérience.
03:31 La question provoque, quand vous écrivez,
03:33 j'aurais voulu être un artiste à l'invitation du Centre Georges Pompidou,
03:37 est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire que Lec et Sowat,
03:40 ils ont le jet qui se pose sur la piste ?
03:42 Elle est pas mal, celle-là.
03:44 Non, pas encore.
03:46 Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'on est artistes,
03:48 on a toujours été.
03:50 Ceux qui nous qualifiaient différemment étaient à l'extérieur,
03:52 mais nous, on s'est toujours, je trouve,
03:54 qu'on s'est toujours vécu comme étant artistes.
03:56 On essaie de le rendre de plus en plus évident
03:58 et de traiter ça avec de plus en plus de respect,
04:01 mais depuis le début, on se vit comme étant artistes.
04:04 Sauf qu'on ne connaissait pas la définition du mot artiste.
04:07 C'est comme avant, on nous définissait graffeurs,
04:10 et aujourd'hui, oui, artiste, c'est pour englober
04:12 tous les médiums qu'on a pu utiliser,
04:14 que ce soit la vidéo, que ce soit l'écriture,
04:16 que ce soit les images.
04:18 Tout ça représente justement une carrière d'artiste
04:21 ou d'un ancien graffeur.
04:23 [Musique]