• il y a 9 mois
Table Ronde animée par D Martin Ferrari

Alix ROUMAGNAC
Président de PREDICT

Stéphane APPIANY
Chargé d'affaires AMF Insurance (Groupe FM global)
Transcription
00:00 L'idée de Prédict est née et de nombreuses personnes dans la salle ont suivi cette naissance.
00:14 Lorsqu'en 99 dans l'aude, en 2002, dans le regard des événements extrêmes, on peut
00:20 dire peut-être les premiers signes précurseurs de ces événements extrêmes et de cette accélération,
00:29 ont commencé et où le besoin de ce qu'on appelle aujourd'hui l'adaptation est apparu
00:37 parce que les maires des communes qui venaient de prendre des événements cataclysmiques
00:44 sur la tête se disaient "mais on ne l'a pas vu venir, on ne savait pas que faire,
00:47 il faut s'adapter".
00:48 Et là, la réponse avec des collectivités locales, avec Airbus, avec Météo France,
00:55 donc du global au local, on a essayé de faire naître cette initiative qui est née en région,
01:03 qui est née au BIC de Montpellier, qui se situe à 5 minutes d'ici et à partir de
01:08 trois communes pilotes, aujourd'hui c'est 25 000 communes en France et c'est le monde
01:15 entier que l'on suit depuis ces salles et sur lequel on fait ce que le secrétaire général
01:22 du TRS a appelé de ses voeux, il a cité cet exemple-là en disant "le système d'alerte
01:29 mondial qui peut permettre d'anticiper ces événements".
01:32 Alors on va y revenir plus longuement, donc je vais présenter d'abord Stéphane Appiani,
01:39 donc vous vous êtes chargé d'affaires à MF Insurance, donc au sein de FM Global,
01:51 donc là pareil vous allez nous présenter votre groupe un peu plus largement, il assure
01:56 donc tous les gros risques depuis maintenant 180 ans avec une équipe d'ingénieurs à
02:02 ses côtés et depuis quelques temps, comme l'urgence climatique s'impose, le coût
02:09 des risques devient sans doute astronomique et donc vous allez intervenir pour construire
02:17 un monde plus résilient et trouver des solutions à tout cela.
02:22 Alors présentez-nous peut-être davantage vous-même et puis le groupe avant qu'on
02:30 revienne sur ces activités exactes.
02:32 Alors essayez de prendre le micro, je pense qu'il marche.
02:38 Il fonctionne celui-ci ?
02:39 Oui.
02:40 Donc je prends deux à trois minutes pour effectivement présenter à FM et le groupe
02:44 FM Global auquel j'appartiens et puis contextualiser l'impact effectivement des événements
02:50 climatiques sur le monde de l'assurance avant d'aborder sans doute dans un second
02:54 temps avec vous l'action qu'on conduit et qu'on tente de conduire.
02:58 Le groupe FM Global donc comme vous le disiez est une compagnie d'assurance américaine
03:04 d'origine, une mutuelle qui compte un peu plus de 6 000 salariés dans le monde, présente
03:10 sur les cinq continents, collecte quelque chose comme 10 milliards d'euros de primes
03:16 dans le secteur de l'assurance d'hommage, c'est-à-dire qu'on ne s'occupe pas de
03:19 responsabilité civile ou d'autres branches de dommages.
03:21 Le groupe est présent en France depuis de très très longues années, il est dans la
03:25 région et à toute proximité l'assureur du Corum qui est juste derrière du parc
03:31 des expositions.
03:32 Nous avons été de longues années l'assureur du CHU de Montpellier et d'autres entreprises
03:39 de la région.
03:40 Ce qui caractérise donc notre entreprise et le credo qui est le nôtre c'est que la
03:47 majorité des cynistes peuvent être sinon évitées, minimisées dans leur impact et
03:53 cela se traduit dans notre mode d'action sur un accent très très fort mis par notre
03:59 société sur la science, la recherche, l'expérimentation et l'ingénierie de terrain comme vous le
04:05 disiez tout à l'heure.
04:07 Sur 6000 salariés, notre groupe compte près de 1800 ingénieurs qui travaillent aux côtés
04:14 de nos assurés pour les alerter et travailler à l'amélioration, à la réduction de leur
04:19 exposition au risque.
04:21 Nous disposons également de deux centres de recherche, l'un aux Etats-Unis sur la
04:24 côte Est, l'autre à Singapour, en particulier orienté sur les événements climatiques.
04:29 Alors c'est assez rare quand même qu'un groupe d'assureurs comme ça travaille avec
04:36 des scientifiques directement.
04:37 De manière générale, les compagnies d'assurance s'appuient sur des données notamment scientifiques
04:46 et sur l'expérimentation.
04:47 Là où nous nous distinguons en partie effectivement c'est par des ressources propres, des centres
04:54 de recherche et surtout par la présence de terrains beaucoup plus massifs et granulaires.
05:01 On parlait tout à l'heure d'une vision du global au local.
05:04 On est très exactement dans ce domaine-là, je l'évoquerai dans l'utilisation qu'on
05:08 fait des données.
05:09 Très bien.
05:10 Alors, Alex Romaniak, vous avez, vous, vous êtes vraiment, je veux dire, la tête sous
05:18 l'eau et donc actuellement dans une période où il se passe beaucoup de choses, par exemple
05:23 le week-end dernier vous étiez sur les inondations de l'Hérault.
05:29 Racontez-nous un peu donc votre travail dans un cas comme celui-là.
05:34 Comment vous procédez ?
05:36 Vous l'avez évoqué, on est présent depuis 20 ans, on l'a dit, et donc par rapport à
05:43 tout ce qui a été dit avant, effectivement il faut arrêter de parler du changement climatique
05:48 au futur.
05:49 Aujourd'hui on y est dedans, les conséquences sont là, tous les jours, tous les mois, toutes
05:54 les années confirment ces éléments-là.
05:55 Et les événements s'accélèrent et s'accélèrent de manière parfois paradoxale.
06:01 C'est qu'effectivement le week-end dernier on a vécu ce qu'on appelle un épisode 7
06:04 Aul ou Méditerranée au mois de mars.
06:06 Et si j'insiste là-dessus, c'est plutôt en automne, en fin d'été.
06:11 Et si j'insiste là-dessus, c'est que tout le monde a partagé le bilan catastrophique,
06:16 dans le Gard, que cet événement a lié.
06:21 Plus de 9 morts, des accidents de voiture, tous à peu près les mêmes.
06:25 C'est-à-dire des gens qui sont dans des véhicules et qui passent sur des passages
06:28 à gais ou qui forcent l'histoire.
06:30 Et ce qui est choquant, c'est qu'on se dit que le département du Gard, culturellement,
06:38 connu pour sa culture du risque en fait.
06:40 Donc c'est dans le département qu'on a pendant longtemps cité en référence comme
06:43 la culture du risque, où on voit que cette culture du risque, quand on parle, elle est
06:47 très éphémère et elle part très rapidement.
06:49 Et donc nous, le travail que l'on fait pour répondre à nos questions...
06:52 - Mais il y a déjà des gens nouveaux qui arrivent.
06:53 - Alors, malheureusement, ce n'était pas le cas.
06:57 Donc déjà, la pauvre famille qui est partie sur le pont à Dians, c'est des gens qui habitent
07:03 au Hamon, à 2 km de là.
07:04 Donc qui, depuis leur jeunesse, savent que ce pont est submersible, etc.
07:09 Et ça, ça appelle à cette nécessité, effectivement, c'est la vocation de ce type d'événement,
07:19 de l'utilisation des médias, des France Bleu, etc.
07:21 de rappeler cette culture de risque.
07:22 Et pour répondre, ce qui a frustré ce qui s'est passé la semaine dernière, c'est que
07:30 cet événement était prévu, était annoncé.
07:34 C'était une goutte froide qui descendait sur la Méditerranée, qui allait apporter
07:38 de l'eau plutôt bienvenue, qui était attendue, en fait.
07:42 En plus, sur nos départements, il manque de la neige en altitude.
07:47 La chronologie était prévue.
07:49 Et donc, notre travail, c'est de préparer avec les maires tous les plans d'action, ce
07:53 qu'on appelle les plans communaux de sauvegarde, qui sont des documents de l'opérationnalité
08:01 qui est préparée en amont, où on fait le croisement des zones inondables avec les enjeux
08:06 et où on dit, tiens, là, il y a une école à mettre en sécurité, une route à fermer,
08:10 un parking à évacuer, une maison de retraite à faire monter.
08:12 Donc tout ça est préparé avec les communes en amont.
08:15 Et puis, le jour J, les équipes de Prédict se relaient 24 heures sur 24.
08:21 Et le week-end dernier, c'était depuis le vendredi jusqu'au mardi, un 3-8, un suivant,
08:27 à travers les outils, les pluies au kilomètre carré toutes les cinq minutes, les niveaux
08:31 d'allées-cours d'eau.
08:32 On travaille notamment aussi avec la métropole, qui a mis un gros projet ville en alerte,
08:36 où il y a des capteurs qui sont sous tous les petits cours d'eau.
08:39 Et toutes ces données nous remontent et sont transférées, sont transformées en messages
08:44 qui sont envoyés à la fois vers les maires pour dire, soyez vigilants ce week-end, il
08:49 va se passer des choses, ou commencez à vous mobiliser.
08:52 C'était le cas samedi, parce qu'il a déjà plu hier et là, il continue à pleuvoir.
08:57 Et les maires mettent en place des organisations, vont fermer des passages à gais, vont fermer
09:02 des routes, les gares de Champêtre, Sillon, etc.
09:06 Et c'est ce qui a été mené dans les Rosnes, dans le Gard, dans l'Invaucluse, dans l'Ardèche,
09:13 dans le Var, dans les Alpes-Maritimes, parce que c'est toutes ces zones qui ont été
09:16 impactées très fortement.
09:17 Et effectivement, ce qui s'est passé la semaine dernière, c'est qu'on a connu une crue du
09:25 Gardon qui n'avait pas été connue depuis plus de dix ans, une crue de la Seize qui
09:30 remonte à quelque chose d'équivalent à 2002, donc c'est assez énorme, une crue de l'Argens
09:35 aussi dans le Var qui remonte à plus de dix ans.
09:38 Et ça, au mois de mars, avec des cumuls de pluie pas énormes, mais le fait que ça se
09:43 passe en hiver, que les vapeaux de transpiration soient moins fortes.
09:47 Je parle à l'hydrologue.
09:48 La pluie efficace a été plus importante et donc les cours d'eau sont montés plus rapidement.
09:53 Et les gens étaient sur le pont et il y a eu plusieurs accidents.
09:58 Notamment, il y en a un où la route était fermée.
10:02 Le garde chapêtre était là, disait non, surtout ne passez pas.
10:05 Et quelqu'un avec le 4x4 a dit mais si, je vais passer.
10:07 Et il a été emporté.
10:08 Et donc, on voit et c'est l'intérêt de ce qui a été évoqué, c'est à dire pour travailler
10:14 sur ces sujets, il faut de la pluridisciplinérité.
10:17 Il faut des sciences dures pour savoir que ce qui va se passer.
10:22 Et puis, il faut des sciences plus douces qui soient aussi dans la sociologie, dans la
10:27 communication pour continuer à faire passer le message et convaincre, y compris les citoyens,
10:33 que ne pas écouter forcément les messages des autorités.
10:38 Ça peut être de la mise en danger.
10:39 Et c'est malheureusement ce qui s'est passé le week-end dernier.
10:42 Oui, parce que vous êtes finalement obligé de faire face à des réactions qui sont des
10:47 réactions psychologiques, finalement.
10:50 Complètement.
10:51 Et là, pour rebondir avec mon partenaire de Table Ronde, avec qui on travaille sur
10:58 l'international, avec FM Global, on fait de l'avertissement avec des entreprises sur
11:03 le monde entier, notamment avec un groupe industriel, Forvia, qui a des sites un peu
11:06 partout.
11:07 Mais avec de nombreux autres assureurs, vous parliez de l'implication des assureurs.
11:11 Il faut savoir que le week-end dernier, nous avons fait partir plus de 1 million de SMS
11:19 grâce au partenariat qu'on a avec Groupama, Gann, Generali, Pacifica, Abeille, AXA.
11:26 Des messages ciblés à la commune avec des recommandations et avec des actions en disant
11:34 "soyez prudents, des fortes pluies" et tout ce qui est associé c'est "retardez vos déplacements,
11:42 mettez-vous en sécurité selon le niveau de gravité".
11:44 Et cette démarche d'information aujourd'hui, elle est mesurée par les partenaires assureurs
11:53 et on voit quelle utilité elle a, à la fois dans les enquêtes qui sont faites par les
11:57 assureurs, les gens qui reçoivent SMS disent aux assureurs "vous êtes légitime à faire
12:01 ce travail, c'est appréciable" et plus intéressant, il y a 70% des gens déclarent
12:09 adapter leur comportement après le SMS.
12:11 Donc on parlait de choses qui sont très négatives, vous parlez aussi de choses positives, quand
12:17 on propose des gens des actions, on sent qu'il y a des démarches qui se mettent en œuvre,
12:21 c'est vrai sur l'adaptation et on en parlera plus tard, j'espère que ce sera vrai aussi
12:25 pour l'atténuation.
12:26 Alors justement, vous, vous travaillez sur ces problèmes de risque de longue date et
12:34 donc la prévention bien sûr, ou l'annonce en tout cas, l'information joue un rôle
12:40 extrêmement important.
12:41 Vous avez classé 130 pays avec des indices de résilience, qu'est-ce que ça veut dire,
12:48 ça veut dire que ces pays sont plus en avance que les autres ? Qu'est-ce que c'est exactement
12:53 ?
12:54 L'indice de résilience que nous établissons chaque année, que nous communiquons à nos
12:58 clients et je crois de manière plus large, si j'ai bon souvenir, je crois que cette
13:02 information-là, elle est en accès libre, c'est l'une des trois composantes des éléments
13:07 de reporting et d'alerte que l'on propose.
13:11 A nos clients, dans le cadre de ce qui est une aide à la décision, ça consiste à
13:17 classer 130 pays dans le monde sur des critères de fiabilité, de durabilité et de résilience
13:23 de leurs infrastructures, qu'elles soient infrastructures transports, infrastructures
13:26 énergétiques, qu'elles soient dans le domaine de la réglementation, est-ce que la réglementation
13:31 de la construction par exemple, favorise ou contraint à l'établissement d'un bâtiment
13:38 à nouveau des modes de construction qui permettent de faire face à des enjeux notamment climatiques,
13:47 ça prend en compte également la stabilité politique, économique, juridique de chacun
13:53 de ces pays, leurs expositions aux risques naturels et les aléas futurs ou l'aggravation
13:59 de ces aléas climatiques du fait des changements en cours.
14:01 Mais ça n'est qu'une des composantes de l'alerte et de l'aide à la décision qu'on
14:07 fournit à nous assurer.
14:08 Alors, mais on est en plein dans le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, c'est-à-dire
14:15 qu'à partir finalement d'annonces ou à partir d'informations d'un risque à venir,
14:23 vous avez un impact fondamental sur la manière dont les choses vont se gérer, donc dont
14:33 les élus d'une certaine manière, puisque on a vu qu'on allait jusqu'aux élus, donc
14:39 vous êtes en charge de la norme ou de la loi à l'avance.
14:44 Alors les assureurs ne décident pas de la loi.
14:47 Ça vient du Parlement.
14:48 Je m'en doute, mais comment vous l'influez ? C'est ce qui nous intéresse un petit peu.
14:55 Ils l'absorbent et ils la mettent en œuvre là où, par exemple, et c'est le cas en
14:59 France, elle donne un cadre qui est extrêmement protecteur aux assurés français, qu'il
15:03 s'agisse d'entreprises ou de particuliers.
15:05 Le régime français est un des plus protecteurs au monde et il fait en sorte que les événements
15:10 naturels qui font l'objet d'un classement par décret soient indemnisés systématiquement.
15:17 Il y a des pays dans le monde où des zones fortement exposées, un particulier lambda
15:21 ne peut pas s'assurer.
15:22 Et en particulier s'il a des revenus modestes, une large partie des particuliers qui ont
15:29 été, vu leur vie ravagée par l'ouragan Katrina dans le sud des États-Unis, n'étaient
15:33 pas assurés tout simplement parce que, économiquement, c'était absolument inaccessible.
15:38 Donc le régime français est là en l'occurrence.
15:42 Pour ce qui nous concerne, et encore une fois, le travail que l'on fait s'exerce dans
15:52 un premier temps dans l'identification, la quantification et la priorisation des actions
15:58 à mener pour réduire autant que faire se peut le risque dans son facteur de probabilité
16:03 de survenance et dans son facteur de sévérité pour la réduction des impacts.
16:08 Mais regardez même en France par exemple la différence entre la manière dont sont
16:14 menées aujourd'hui l'éducation au risque, la résilience donc, dans les dom-toms et
16:24 puis dans l'hexagone.
16:27 On s'aperçoit qu'aujourd'hui, que ce soit la Martinique, enfin toutes les îles
16:36 sont habituées et ont été formées au risque cyclonique et pourtant on a un retard considérable
16:47 apparemment sur l'hexagone.
16:48 Retard considérable ? Non, enfin il se constate, entre guillemets, plus fréquemment parce
16:53 que les phénomènes cycloniques dans le golfe du Mexique sont, j'allais dire, une récurrence
16:58 annuelle et le point de vue le plus global qu'on puisse avoir sur le sujet, non pas
17:04 franco-français, mais s'exerce sur cette problématique de fréquence accrue et de
17:08 sévérité accrue des événements.
17:11 Le regard le plus pertinent qu'on peut avoir sur le domaine, enfin c'est ma conviction,
17:15 c'est celui des grands réassureurs mondiaux, c'est-à-dire les sociétés qui, sur les
17:19 cinq continents, réassurent la quasi-totalité des compagnies d'assurance du monde.
17:24 Je consultais il y a quelques semaines un rapport de la société Suisserai, donc le
17:29 premier réassureur mondial, qui établissait le montant total des dommages indemnisés
17:38 par toutes les compagnies d'assurance du monde en 2022, 2023 est encore pas consolidé,
17:43 mais à plus de 130 milliards de dollars et on parle là des dommages indemnisés.
17:48 Nous excluons de cette considération ceux qui n'étaient pas assurés ou assurables.
17:52 Et là on arrive à un total qui avoisine les 300.
17:55 Ce seuil de dommages indemnisés supérieur à 100 milliards sur une seule année a été
18:01 franchi sur les dix dernières années à cinq reprises, sur les 20 années précédentes,
18:07 de 1992 à 2002, il n'avait été franchi qu'à deux reprises.
18:09 La moyenne annuelle des dommages indemnisés, elle s'établisse sur les 30 dernières
18:16 années à 60 millions, sur les dix dernières années à 80, sur les cinq dernières années
18:20 on est à 110 millions.
18:21 Donc l'augmentation, encore une fois, de la récurrence annuelle dans certains cas
18:27 et dans certaines régions de ces événements et l'intensification de leurs conséquences,
18:33 elles se constatent aujourd'hui.
18:34 Ça n'est pas une perspective lointaine, c'est quelque chose que les assurés, nos
18:39 assurés entreprises, les particuliers, je pense aux pauvres gens qui dans le Nord ont
18:43 vécu quatre ou cinq vagues d'inondations ces douze ou quinze dernières semaines, le
18:50 constatent au quotidien et la traduction économique impose aux assureurs, de toute façon pour
18:56 conserver, je dirais, la possibilité même de leur mission, c'est d'ailleurs proposer
19:00 des garanties, de travailler à la réduction par divers moyens de ces risques.
19:05 Et c'est là que vous jouez un rôle.
19:07 On essaie de jouer un rôle, c'est ce qui est, comment dire, énergisant pour nous,
19:14 c'est que, comme ça a été évoqué, et c'est ce que je disais tout à l'heure,
19:18 nous en première ligne d'observation, ça fait 20 ans que l'on observe cette accélération,
19:25 on a vu le décollage, je reprends les termes de notre ami Dujek qui a dit "bon il faut
19:31 arrêter d'être des lanceurs d'alerte, il faut passer à l'action".
19:34 C'est vrai que quand on a commencé à parler de l'augmentation de la fréquence, de la
19:41 sévérité des événements méditerranéens, quand on a commencé, les gens nous disaient
19:45 "mais non, attention, il ne faut pas parler de ça, tant qu'on n'a pas le retour d'expérience,
19:50 etc."
19:51 Et puis on voit ces dernières années que ce soit des records de température, 2022,
19:56 des records de température de la région, 2023, on le dépasse, nombre d'événements.
20:01 Et nous, ce qu'il faut savoir c'est que dans les équipes de Predic qui sont à côté,
20:06 on vient de sortir le bilan de 2023, c'est plus de 190 jours où les équipes sont sur
20:12 le pont, jour et nuit, pour surveiller parce qu'il se passe quelque chose dans le Pas-de-Calais,
20:17 en Bretagne, en Vendée, dans le Pays Basque, etc.
20:21 Et cette augmentation sur les 20 dernières années, on voit effectivement ce nombre de
20:24 jours d'augmentation.
20:25 Et vous êtes obligés de travailler bien sûr dans la différenciation.
20:27 Et on est dans cette démarche-là.
20:31 Et ce qui est vrai en France est vrai dans le monde, vous l'évoquiez, parce que comme
20:35 ça a été évoqué, cette mesure faite par Swiss Re, c'est monde entier.
20:40 Et c'est ce qui explique notamment la position du secrétaire général des Nations Unies
20:45 sur cette nécessité de...
20:47 Alors, ça nous amène à une question.
20:49 Vous savez qu'il y a énormément de jeunes, enfin une question qui s'adresse un petit
20:53 peu à vous deux.
20:54 Il y a énormément de jeunes qui aujourd'hui, ce qu'on appelle l'éco-anxiété, c'est-à-dire
21:02 qui voient l'avenir d'une manière un petit peu noire.
21:07 Est-ce que vous pensez l'un et l'autre que vous pouvez agir pour faire en sorte que justement
21:18 la vie de demain soit à la fois, ne soit plus dans le déni, ne regarde les choses
21:26 en face, mais en même temps, on croit pouvoir agir ?
21:31 Alors, il y a deux choses.
21:35 Vous l'évoquez.
21:36 Il y a l'action immédiate pour vaincre l'anxiété, quel que soit le domaine.
21:43 C'est l'action en fait qui permet de le dépasser.
21:47 Alors, à titre personnel, au niveau des équipes qui sont confrontées à ça, aujourd'hui,
21:53 l'action c'est, que ce soit en France avec les 25 000 communes avec lesquelles on travaille,
21:58 mais surtout à l'échelle mondiale, comment on peut contribuer à faire de demain un monde
22:03 qui, face à ces événements climatiques, soit moins impactant.
22:06 Le fameux projet "Early Warning for All", le système d'alertes pro-cause pour tous,
22:10 qui a été lancé par les Nations Unies, qui restent dans le constat que moins d'un
22:15 pays sur deux dans le monde dispose de systèmes d'alertes, et il a dit que dans cinq ans,
22:19 il faut que tous les citoyens du monde soient couverts par ce système.
22:22 Et aujourd'hui, nous, c'est une des missions de l'entreprise, on s'est fixé ça comme
22:27 un accès stratégique, c'est de voir comment on peut contribuer à ça.
22:30 Et notamment, à Montpellier, en ce moment, il y a une visite de Medcité.
22:34 Le président de la métropole est président de Medcité, qui est en visite ici.
22:39 Et on a cet après-midi, juste à côté, à la Maison internationale, une réunion
22:42 avec eux pour savoir comment, avec Medcité, travailler sur une plateforme "Early Warning
22:47 for All", que l'on veut mettre en œuvre sur toute la Méditerranée.
22:50 Donc ça, c'est l'action au quotidien de l'adaptation.
22:54 Mais au-delà de ça, par rapport à votre question, je ne peux jamais m'empêcher de
23:00 dire que même si Prédigne ne travaille pas sur l'atténuation, sur inverser cette tendance,
23:06 à titre personnel, je me dis qu'il faut arrêter de culpabiliser les gens.
23:14 Aujourd'hui, ce message sur le dérèglement climatique, il est quand même malgré tout
23:23 angoissant et aussi culpabilisant.
23:26 Et donc, du coup, on génère chez les jeunes, notamment, cette éco-anxiété.
23:30 Et je pense qu'il faut avoir une rupture dans l'approche.
23:34 Et moi, je préfère dire qu'on est la première génération d'êtres humains, depuis que
23:41 l'homme est homme, qui a la capacité à se dire "je peux décider, moi, de ce que sera
23:48 l'avenir de la planète derrière moi".
23:50 Et ça, pour moi, ce n'est pas angoissant, c'est enthousiasmant.
23:53 C'est-à-dire qu'on a, entre nos mains, notre capacité.
23:57 Et ça a été dit à plusieurs reprises, il faut passer... c'est l'action.
24:05 Et la décision, il ne faut jamais la repousser sur les autres.
24:08 On l'a évoqué dans les entretiens et dans l'interview préalable.
24:12 Éric l'évoquait aussi.
24:14 J'étais présent à la COP 27, j'étais présent à la COP 28.
24:17 J'ai vu la dynamique qu'il y avait, que ce soit à Sharm el-Sheikh, que ce soit à Dubaï.
24:22 Les gens veulent faire des choses, veulent agir, même si ce n'est pas assez, c'est déjà énorme.
24:29 Et en fait, il ne faut pas critiquer parce que ce n'est pas assez.
24:32 Il faut dire "c'est beaucoup" et puis il faut donner de la démultiplication.
24:36 Et ce n'est pas que les États qui doivent... que les politiques.
24:40 Les politiques ne font rien.
24:41 Les politiques ne sont que la volonté de ce qu'on leur exprime ou le mandat qu'on leur donne.
24:47 Et donc la solution à ce problème passera par l'action du citoyen, par l'action des entreprises,
24:54 par l'action des collectivités, par l'action des États.
24:57 Et la solution ne se trouvera qu'à l'échelle internationale.
24:59 Donc sans COP, on ne réglera pas le problème.
25:03 Mais il faut créer une dynamique et une dynamique positive.
25:05 Et c'est ce que j'ai envie de partager.
25:08 Merci. Merci beaucoup pour cet enthousiasme.
25:11 Alors Stéphane, vous avez au sein de votre groupe aussi, je suppose,
25:17 une réflexion sur l'avenir et sur la manière de gérer...
25:24 Sur la manière de le gérer, assurément, puisque au-delà effectivement du devoir d'alerte,
25:29 d'identification, de priorisation des sites les plus vulnérables et les plus stratégiques pour nos clients,
25:37 nous cherchons à les convaincre, à les aider dans certains cas, à mettre en oeuvre des diverses solutions.
25:45 Je parlais de nos 1 800 ingénieurs qui, chaque jour, qui se lèvent,
25:50 il y en a une cinquantaine, rien que sur le territoire français,
25:52 visitent et revisitent régulièrement les sites assurés,
25:56 identifient sur chaque site les actifs les plus vulnérables,
25:59 les installations qui sont le plus susceptibles d'être endommagées
26:02 et celles dont le fait qu'elles soient endommagées peut bloquer de la manière la plus prolongée l'activité.
26:10 Donc vous travaillez beaucoup par des montants ?
26:12 Absolument. Dans le diagnostic, dans la mise en face de ces événements possibles d'éléments de quantification,
26:21 c'est-à-dire que le travail de nos ingénieurs ne se borne pas au risque incendie qui est à la base de notre métier
26:27 et ce que font la plupart de nos confrères, en voie des ingénieurs sur place.
26:30 Oui, bien sûr, c'est nouveau.
26:32 Nous passons au moins le tiers du temps de nos visites sur site sur les événements naturels
26:38 parce que c'est l'enjeu le plus lourd au niveau mondial et que les tendances iront crescendo.
26:43 Donc ces identifications de vulnérabilité s'accompagnent également de préconisations, de recommandations d'action
26:52 et le reporting que l'on fait pour nos clients leur permet de déterminer là où il est le plus ou moins intéressant
26:59 et où urgent d'agir.
27:02 Et comment vous agissez entre vous deux ?
27:07 Alors, entre nous deux, je dirais que la société d'Alix, elle répond à l'un des deux axes de travail.
27:17 On distingue pour ce qui nous concerne les risques sur lesquels,
27:20 j'allais dire, on ne peut pas faire grand-chose d'économiquement raisonnable pour les réduire
27:24 et ceux sur lesquels ils sont ce qu'on appelle actionnables,
27:28 c'est-à-dire que quelques actions physiques ou organisationnelles permettent d'améliorer la situation
27:34 et la mise en place de dispositifs d'alerte précoce et de plans d'urgence par les entreprises,
27:40 c'est quelque chose auquel nos ingénieurs de terrain travaillent avec nos assurés.
27:45 Il y a beaucoup de chefs d'entreprise ou de dirigeants de sites industriels auxquels vous posez la question
27:52 "Que ferez-vous le lendemain ou le jour d'un incendie, le jour d'une inondation, le jour d'une tempête tropicale ?"
28:00 Alors, dans la région, elles sont assez rares.
28:02 Mais dans bien des cas, on vous dit "Oui, oui, on fera ci, on fera ça, etc."
28:07 Et puis le jour où ça survient, qui doit faire quoi, quand, où, comment ?
28:11 Il n'y a rien d'écrit, il n'y a rien de prévu et cette improvisation fait perte du temps.
28:15 Cette perte de temps dans la réaction, elle est factrice d'aggravation,
28:20 de dommages encore plus lourds que ce qu'ils auraient pu être si on s'était préparé.
28:24 Donc le travail que nos ingénieurs proposent à nos assurés,
28:29 c'est effectivement de s'assurer que des signaux d'alerte, notamment produits fiabilisés
28:35 et rendus aussi réguliers et anticipés que possible par des sociétés comme celle d'Alix,
28:42 soient reçus par les assurés et que derrière, un plan d'action avant l'événement,
28:48 dans les jours ou les heures qui le précèdent, pendant l'événement et après,
28:53 soit mis en œuvre pour, encore une fois, par exemple, mettre à l'abri
28:57 ou surélever temporairement tel ou tel équipement à valeur critique ou à valeur très, très élevée.
29:03 Pendant l'arrêt d'activité, s'il doit se prolonger sur plusieurs jours ou plusieurs semaines,
29:09 certaines sociétés anticipent des possibilités de sous-traitance ou de transfert d'activité.
29:13 Donc ça, c'est l'un des premiers volets et des sociétés comme celle d'Alix y contribuent.
29:18 La seconde solution consiste évidemment à mettre en place, dans certains cas, des protections physiques,
29:25 c'est-à-dire face à l'inondation, puisqu'on traite du sujet de l'eau,
29:28 mais on a des dispositifs sur les incendies de forêt, sur les événements de tempête.
29:33 Mais réduisons-nous, vu le sujet du jour, aux problématiques d'inondation,
29:38 des barrières élevées temporairement autour, si ce n'est de la totalité d'une usine,
29:44 mais par exemple autour de l'immeuble dans lequel se fait la production la plus névralgique,
29:49 sont des choses qui peuvent être préconisées.
29:52 Dans nos centres de recherche, nous testons et nous certifions des matériels
29:55 pour s'assurer que l'entreprise qui aura investi dans ce type d'équipement soit réellement protégée et qu'il soit fiable.
30:03 Merci.
30:04 Dernier volet, j'ajoute.
30:06 Dans le cadre de... Je parlais de notre société qui, pour ce qui est Femme Globale,
30:10 notre maison mère aux États-Unis a un statut mutualiste.
30:13 Le groupe finance chaque année, par ristourne sur les primes, des investissements,
30:18 ce qui a été reversé à nos assurés qui s'investissent dans la résilience climatique.
30:23 En 2022, représentait 300 millions de dollars, environ quelque chose comme 3% des primes encaissées par le groupe.
30:30 Merci. Donc en résumé, si je résume un peu votre pensée,
30:35 maintenant, on n'est plus dans... On n'accepte plus que des gens posent des questions en disant "Ah oui, ça arrive".
30:43 On est dans l'action et il faut agir très vite.
30:47 Alors on verra au cours de cette journée, d'ailleurs, comment de plus en plus, on va vers le... Comment ? Le citoyen.
30:55 Et par contre, peut-être qu'on verra aussi au cours de cette journée que le citoyen va peut-être plus vite que son élu.
31:04 Voilà. Qu'est-ce que vous en pensez ?
31:07 Ça rejoint ce que je disais. Je pense qu'on a une diversité très importante dans les citoyens.
31:15 Et on a des citoyens qui vont très vite et qui doivent servir de moteur.
31:21 La seule chose, c'est qu'il faut pas que quelques citoyens avancent. Il faut que ce soit tous qui avancent.
31:25 Et pour avancer tous, il y a besoin que le plus lent arrive à suivre.
31:32 Et donc des fois, partir trop vite, ça peut être contre-productif.
31:36 Donc voilà. Il y a une phrase qu'Éric a dit.
31:40 Il n'existe pas de solution simple à des problèmes complexes. Et ça, il faut que tout le monde le partage.
31:46 Et puis je vous ai entendu aussi dire que ça n'était pas en une nuit qu'on résoudra le problème.
31:52 Non, non, non, non. On ne gagne jamais un marathon en partant à un sprint.
31:57 Et donc je pense que c'est ça qui est important aussi à avoir en tête.
32:01 Alors bon courage en tout cas à vous. Merci.
32:05 Donc merci.
32:06 [Applaudissements]
32:10 Merci.
32:11 [SILENCE]

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