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Court métrageTranscription
00:00 La Coulevre Noire, c'est l'histoire de Syro, 25 ans, qui a quitté le désert de
00:05 la Tatakoa depuis 10 ans.
00:07 Toute sa famille vit dans le désert depuis plusieurs générations.
00:10 Syro est de retour quand il apprend que sa mère est mourante.
00:14 Sur place, il va retrouver des personnes qu'il a abandonnées, Anna, son amour de jeunesse,
00:19 Léonidas, son meilleur ami, et son père, Rapaët, qui n'a jamais accepté que son
00:23 fils refuse l'héritage particulier de sa mère.
00:26 Malgré les tensions, Syro va accompagner son père dans le désert pour enterrer sa
00:30 mère.
00:31 Et durant cette route éprouvante, il va se reconnecter à la fois avec son territoire,
00:37 il va retrouver des sensations oubliées, et rencontrer l'âme du désert.
00:40 Et c'est tous ces éléments-là qui finalement vont amener Syro à prendre conscience que
00:44 si les traces de son histoire familiale disparaissent, elles auront peut-être une incidence sur l'avenir
00:49 de la Tatakoa.
00:50 La Coulevre Noire, c'est un film finalement assez intime.
00:54 Parce que quand j'étais enfant, ma grand-mère m'a gardé plusieurs mois, et ma grand-mère
00:59 avait des dons.
01:00 Et elle soignait des gens qui venaient de toute la France.
01:02 Et finalement, durant ma petite enfance, j'ai été témoin de pratiques faites par
01:07 ma grand-mère et de soins qu'elle pouvait apporter à des gens qui sortaient d'une
01:12 médecine traditionnelle.
01:13 Et j'ai pris conscience en grandissant que finalement elle avait un rapport au monde
01:17 qui était différent de beaucoup de gens.
01:19 Et je crois que inconsciemment, ou finalement peut-être consciemment, elle a essayé de
01:23 me montrer cette manière d'appréhender le monde.
01:26 Et cette sensation, c'est quelque chose que j'ai retrouvé dans la Tatakoa, pour
01:30 la première fois depuis des années.
01:31 Pendant les repérages de Vers la Bataille, j'ai découvert le désert de la Tatakoa.
01:47 Et j'ai été extrêmement troublé.
01:48 Finalement, c'est un souvenir de l'enfance qui est revenu à moi.
01:53 Et j'ai eu envie de le raconter parce que j'ai eu la sensation que dans la Tatakoa,
01:58 en discutant avec les locaux, j'ai pris conscience aussi que chez eux, ce rapport
02:01 sensoriel au monde, il n'est pas de l'ordre de la croyance, c'est vraiment quelque
02:04 chose de l'ordre de la tradition.
02:05 Ça fait partie de l'héritage collectif.
02:07 Et j'ai eu la sensation que finalement, en les racontant, je pouvais pour la première
02:11 fois raconter une part de mon histoire aussi.
02:14 Peut-être que l'élément le plus important pour moi, c'est cette manière de filmer
02:17 le désert.
02:18 C'est-à-dire que je n'ai pas choisi le désert comme un simple décor, j'ai choisi
02:21 le désert de la Tatakoa parce que pour moi, il est un personnage du film.
02:24 Et pour moi, c'est capital de le filmer dans sa singularité, dans ce qu'il est,
02:28 en faisant toujours attention de ne pas tomber dans une sur-esthétisation du lieu.
02:31 Parce que c'est un espace qui est déjà tellement particulier qu'il a cette force
02:37 prégnante qui est immédiate.
02:38 Et pour moi, filmer le désert, c'est aussi filmer les corps dans le désert.
02:43 Très tôt, j'étais persuadé que le film ne se ferait qu'avec des non-professionnels.
02:47 Je voulais vraiment filmer les visages et les corps des habitants de la Tatakoa.
02:51 C'était presque un enjeu artistique dès le départ.
02:53 Sauf que la réalité finalement m'a rattrapé.
02:56 Et après plusieurs semaines en Colombie avec les gens du territoire, je me suis rendu
02:59 compte que c'était pour certains très difficile de porter la charge émotionnelle
03:04 d'un personnage comme Siro ou même comme le personnage de Rapaëlle.
03:07 Donc j'ai fait un pas de côté.
03:08 L'idée, ce n'est pas de basculer totalement chez les professionnels, mais c'est de trouver
03:12 cet équilibre entre des non-professionnels qui seraient donc les habitants et les locaux
03:15 de la Tatakoa avec leur propre singularité, à laquelle je tiens vraiment, et des acteurs
03:19 professionnels.
03:20 Mais je cherche les gens qui portent en eux les traces de cet héritage ou de cette manière
03:25 de vivre dans le désert.
03:26 Ce qui n'est pas simple, évidemment, c'est compliqué parce qu'il y a des histoires
03:29 d'accent, il y a des histoires de corps.
03:31 En fait, c'est des gens qui grandissent dans le désert.
03:33 Donc forcément, vivre dans un désert, il y a quelque chose d'éprouvant qu'on doit
03:35 ressentir.
03:36 Mais filmer les corps dans le désert, c'est filmer par exemple le déséquilibre de Siro.
03:40 Et pour ça, j'ai envie de travailler de contraste, c'est-à-dire dans un rapport de focale limité.
03:44 J'aime plutôt l'idée de me dire qu'on va utiliser des plans larges pour filmer un
03:48 corps en déséquilibre dans le territoire et que très vite, on va passer sur des valeurs
03:52 serrées en ayant très peu d'intermédiaires.
03:54 En fait, marquer les contrastes.
03:56 Les intermédiaires ne m'intéressent pas.
03:57 C'est être vraiment dans ce rapport de corps dans le territoire ou dans ses visages avec
04:01 leurs émotions, leurs sensations.
04:02 Parce que j'adorerais que le spectateur puisse ressentir finalement et vivre cette traversée
04:07 dans le désert.
04:08 Alors le film s'appelle « La couleuvre noire ». En fait, il y a des années, il y avait
04:12 beaucoup de couleuvres noires dans le désert de la Tatakoa et aujourd'hui, elles sont
04:15 en voie d'extinction.
04:16 J'ai décidé d'utiliser les couleuvres noires pour raconter finalement l'héritage
04:19 et l'âme du désert.
04:20 Donc pour que cette âme, elle existe, c'était important de la rendre concrète.
04:24 Pendant tout le film, on va travailler sur des couleuvres avec des tailles différentes,
04:28 des vrais serpents qui sont inoffensifs et on va travailler aussi avec des SFX et des
04:32 VFX.
04:33 C'est-à-dire qu'on va fabriquer pour les couleuvres plus grandes, on va fabriquer
04:37 des parties de serpents en SFX qu'on va ramener sur le plateau.
04:42 Ça permettra à notre personnage, à notre acteur d'avoir une interaction avec le serpent
04:46 et à l'aide d'effets visuels en post-production, on va ramener les brillances sur les écailles,
04:50 le corps du serpent qui palpite, on va recréer les parties du serpent qui n'existent pas,
04:54 pouvoir rajouter du mouvement.
04:55 Pour moi, c'est très important qu'il y ait une interaction, qu'on ne travaille
04:59 pas avec que de la 3D mais qu'on puisse sur le plateau finalement créer les étreintes,
05:03 fabriquer cette interaction entre le personnage principal et la couleur dans le but d'incarner
05:08 finalement de manière concrète l'héritage du territoire.
05:12 Dans mon idée de la mise en scène, il y a cette notion que j'aimais appeler « perturber
05:16 le réel ». L'idée c'est de faire surgir une forme d'onirisme mais sans jamais tomber
05:21 dans le fantastique.
05:22 Ce n'est pas du tout un film fantastique, l'idée c'est de flirter vraiment avec
05:25 ces notions-là sans jamais y tomber.
05:27 Merci.
05:29 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:32 Les sous-titres ont été réalisés par la communauté d'Amara.org
05:35 Merci à mes Tipeurs et souscripteurs