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Court métrageTranscription
00:00Les fantômes, c'est une traque sensorielle, c'est donc l'histoire d'un groupe de Syriens
00:17qui ont décidé de partir en Europe à la recherche des criminels de guerre, des bourreaux
00:22du régime qui se font passer pour des réfugiés et donc au milieu du monde des réfugiés
00:28syriens en Europe, ils les poursuivent, sauf que notre héros n'a jamais vu le visage
00:33de son bourreau et du coup il va poursuivre un homme par l'odeur, la voix, le toucher,
00:39tous les sens.
00:40J'ai fait plusieurs films documentaires sur l'exil et j'ai commencé à travailler sur
00:44la question des réfugiés de guerre.
00:46J'ai rencontré beaucoup de Syriens, j'ai entendu beaucoup de récits très forts de
00:50torture, de récits de trajectoires brisées et à un moment j'ai commencé à entendre
00:55parler de groupes secrets, de chasseurs de preuves et puis j'ai lu l'histoire d'un Syrien
01:01qui dans un supermarché à Berlin reconnaît son bourreau dans la file d'attente.
01:18J'ai commencé à me documenter, j'ai passé une année de longue documentation sur le
01:22sujet.
01:23J'ai acquis énormément d'éléments, de matériel, de rencontres et j'ai commencé
01:27à écrire mon film à partir de ça.
01:29Et donc j'ai écrit un personnage qui est un personnage de fiction mais qui est beaucoup
01:33inspiré de deux ou trois rencontres dont j'ai tiré les forces et les éléments qui
01:38m'intéressaient pour créer Hamid qui est le personnage principal.
01:41Je cherchais un comédien qui dégage cette intériorité, cette force d'intensité
01:56sans avoir besoin de la surjouer.
01:58Dans le film, le personnage ne peut pas exprimer ce qui se passe au fond de lui, il est dans
02:01le mensonge en continu et en même temps il a besoin d'avoir accès aux tourbillons de
02:06ses pensées.
02:07Et j'ai trouvé en Adam l'interprète idéale pour avoir cette espèce d'aura d'intériorité
02:15extrême.
02:16Le personnage est traversé par plusieurs conflits intérieurs, je pense que le premier
02:34c'est cette idée de justice, est-ce qu'il doit donner justice lui-même ou est-ce que
02:41la justice des hommes doit faire son travail ? Le deuxième c'est le travail du deuil je
02:48pense, c'est très important.
02:50Le troisième c'est le travail sur le choc post-traumatique, la perte de dignité, la
03:00perte de repère absolu qui mène à la reconstruction, je dirais que c'est ça les grands thèmes
03:07du personnage.
03:08Et donc ce qui m'a intéressé, c'est vraiment pour corroborer à cette dimension extrêmement
03:23intime du film, d'être dans des images qui ne racontent pas autre chose que ce que voit
03:28le personnage, d'être complètement baroque, osé et audacieux dans le son et de pouvoir
03:33faire vivre la perception du personnage par le son et de raconter par le son à quel moment
03:39on est dans le haut du climax, dans le fond de la paranoïa, à quel moment le personnage
03:43est repris par son passé, à quel moment il est dans la traque et l'écoute alors qu'en
03:48fait il a l'air tout simple et tout posé.
03:50Et ce contraste entre ce que racontent les images et ce que nous dit le son, c'est vraiment
03:56un endroit de collusion qui m'a passionné à explorer.
04:01C'était déjà la première fois que je lisais un scénario de ce genre-là, c'est-à-dire
04:21une histoire un peu du Moyen-Orient dans lequel l'Europe et le Moyen-Orient étaient
04:26deux acteurs un peu principaux, c'est-à-dire que j'aimais cette histoire syrienne qui
04:31ne se passe pas en Syrie, ça me rappelait dans mon inconscient un petit peu ces histoires
04:37de Munich un petit peu pendant la guerre froide, des endroits un peu neutres dans lesquels
04:43se jouaient des choses, un peu dans un imaginaire historique que j'aimais bien.
04:48On a fini le film il y a une semaine et on est extatique à l'idée de l'être.
04:54Donc, je ne voudrais non pas remercier, mais associer à tout le plaisir d'être ici
04:58ce soir tous ceux qui ont participé à faire de ce film ce qu'il est.
05:02Vraiment, on est hyper heureux d'avoir fait tout ça avec vous et on est hyper heureux
05:05de le partager là ce soir avec vous.
05:08Merci beaucoup.
05:09En ce moment, j'ai eu une expérience absolument merveilleuse.
05:15Moi, j'ai fini le film il y a une semaine et que là, d'un coup, de pouvoir le montrer,
05:20d'avoir autant de retours et de sentir cet écran absolu qu'est « La semaine de la
05:25critique » pour pouvoir le partager aux journalistes et au monde, c'est vraiment merveilleux.
05:30Pour pouvoir le présenter à l'international, pour pouvoir penser à d'autres pays, pour
05:32pouvoir se dire que ce film peut être vu au Moyen-Orient également.
05:35Et on se dit qu'ici, Cannes et « La semaine de la critique », c'est vraiment un lancement
05:40absolument rêvé pour nous et c'est un moment extrêmement fort.