• il y a 9 mois

Yann Arnaud, directeur des réponses besoins sociétaires et innovation de la Macif, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils décryptent le Baromètre Macif sur la mobilité des Français, avec notamment le plébiscite du transport public automatisé et la dépendance à la voiture.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h42. - On parle de vos transports du quotidien ce matin.
00:05 Comment vous vous déplacez ? Est-ce qu'il vous manque des moyens de transport tous les jours ?
00:09 C'est tout l'objet du baromètre VD-COM Massif qu'on vous dévoile ce matin en exclusivité sur Europe 1.
00:14 - Avec votre invité, Alexandre Yann Arnaud, directeur des réponses, besoins sociétaires et innovations à la Massif.
00:19 - Bonjour Yann Arnaud. - Bonjour.
00:21 - D'abord, merci d'avoir choisi Europe 1 pour dévoiler votre baromètre sur les Français et la Mobility.
00:26 Plaisir partagé. On va parler de votre projet d'une idée de transport en commun automatisé,
00:33 puisque c'est aussi l'objet du baromètre, de navette à conduite automatique sur laquelle vous avez interrogé les Français.
00:38 Première chose tout de même, premier renseignement de votre consultation,
00:43 on voit que beaucoup de Français sont encore limités au quotidien dans leur déplacement, ne font pas ce qu'ils veulent.
00:48 - Oui, c'est exactement ça. C'est-à-dire qu'il y a vraiment une mobilité des villes, une mobilité des champs.
00:53 Dans les villes, on a beaucoup d'alternatives, même un peu trop, quelques fois.
00:57 Les Français ont envie de désengorgement, etc. et donc cherchent des moyens.
01:03 Ils sont de plus en plus favorables au transport. Il y a évidemment un sous-jacent économique à ça, qu'il ne faut pas ignorer.
01:10 - Bien sûr. - Et puis par contre, dans les campagnes, on a des vrais problèmes de mobilité.
01:13 80% des personnes souffrent de ne pas pouvoir se déplacer comme elles le souhaiteraient.
01:20 Et donc ça veut dire que, encore une fois, les phénomènes, quand ils sont de cette nature-là,
01:24 ils entraînent quelques fois des crises qui sont importantes.
01:27 Et la salle des Gilets jaunes sur la mobilité, elle démontrait bien encore une fois cette difficulté.
01:31 - Quand vous dites 80%, Yann Arnaud, effectivement, il faut insister sur ce chiffre.
01:35 Ce que dit votre baromètre, c'est qu'à la campagne, la quasi-totalité des Français, 80% des ruraux,
01:41 renoncent à certains déplacements, faute de solutions adaptées.
01:46 - C'est ça. Si on n'a pas de voiture en campagne, on ne roule pas. D'accord ?
01:48 Et ce point-là, il est extrêmement important parce que souvent, on voit que la réglementation,
01:53 l'imposition de nouvelles contraintes, etc., c'est pensé, je dirais, quand il y a des alternatives.
01:59 Quand on est en campagne, quand on a quitté même les centres-villes,
02:01 et il faut bien imaginer que ce n'est pas simplement le fin fond de la campagne ou les zones très rurales,
02:07 c'est aussi les abords des centres-villes, les zones périurbaines.
02:10 Et dès qu'on est un petit peu éloigné du centre, alors là, la voiture redevient le seul espoir,
02:15 le seul moyen, en fait, de se déplacer.
02:17 - Les Français sont demandeurs de transports en commun, c'est ce que montre aussi votre baromètre.
02:20 Et le problème, Yann Arnaud, c'est que l'offre ne suit pas.
02:23 - Ben non, c'est ça. C'est-à-dire que globalement, c'est extrêmement difficile, il faut le rappeler aussi.
02:28 Et surtout, les moyens de transports lourds qui sont très intéressants dans les centres-villes,
02:32 où on a une concentration des gens, de petits espaces, etc.,
02:35 et donc le fait de les faire circuler dans un même moyen, comme un autobus, un tramway, etc.,
02:39 c'est très efficace.
02:41 Ça devient complètement efficace plus, finalement, les gens sont répartis sur un territoire qui est plus grand.
02:46 Et donc, avoir un bus dans une campagne avec un chauffeur et une seule personne à l'intérieur,
02:50 ça ne marche pas, d'accord ? Ça n'est pas économiquement tenable.
02:54 Et il faut trouver d'autres moyens. Ces moyens, ils existent, ils ne sont pas en plus consommateurs.
03:00 Ce qu'on a appelé pendant longtemps les nouveaux modes de mobilité,
03:02 covoiturage, autopartage, qui est rigolo, c'est que si on prend le covoiturage,
03:07 on appelait ça "autostop", d'accord ?
03:08 C'est-à-dire que ce n'est pas du tout des nouveaux moyens,
03:10 c'est juste, en fait, il faut leur donner une nouvelle capacité, un nouveau dynamisme,
03:15 et c'est possible via votre smartphone, via tout ce qui, aujourd'hui,
03:18 permet, encore une fois, de rendre ces moyens un peu plus fluides.
03:20 - Alors, quelque chose de très intéressant que dit votre baromètre,
03:22 également en partenariat avec l'Institut VD-COM,
03:24 c'est que, bien qu'il y ait cette dépendance confirmée à la voiture en zone rurale,
03:29 la voiture individuelle, elle commence à être perçue comme une contrainte, aujourd'hui.
03:32 - Bien sûr, une contrainte économique.
03:34 Les gens sont de plus en plus conscients de son impact écologique,
03:37 et donc, on voit bien une forme de montée de la mauvaise conscience, en fait, d'utiliser son véhicule.
03:42 Mais, encore une fois... - La conscience de polluer quand on roule ?
03:44 - Exactement. Et la conscience aussi, finalement, de ne pas faire le meilleur choix économique,
03:49 mais, finalement, la difficulté, c'est qu'une fois qu'on a dit ça, et c'est ce que montre ce baromètre,
03:54 c'est que les gens sont très conscients, en fait, de leur impact,
03:56 et sont très conscients, et démontrent une volonté de changer.
03:59 Le problème, c'est qu'aujourd'hui, changer pour quoi ?
04:01 - Mais, c'est ça, une fois qu'on a dit ça, la voiture électrique, elle est là, mais elle coûte cher,
04:05 on ne va pas encore très loin avec son rechargé, donc il manque des alternatives.
04:09 - Alors, c'est pour ça qu'on travaille, encore une fois, pour dire...
04:12 Et ce n'est pas du bon français, mais ça montre bien, en fait, ce que nous, à la Massif, en tant qu'assureurs,
04:16 ce qui est un peu paradoxal de dire, finalement, est-ce qu'on doit aller vers la fin de la voiture ?
04:20 Ce n'est pas du tout ce qu'on dit, en fait. Ce n'est pas "moins de voitures", c'est "mieux de voitures".
04:23 Alors, ce n'est pas bien français, mais c'est du bon sens.
04:26 - Les alternatives, justement. Je voudrais qu'on y vienne, Yann Arnaud, l'objet de votre baromètre,
04:30 c'était aussi de sonder les Français sur le véhicule automatisé, la navette automatique.
04:35 Alors, il faut d'abord expliquer ce que c'est.
04:36 - Le premier, quand on a commencé à parler de véhicules autonomes, ce qu'on a tous vu,
04:40 c'est un peu une réponse à un fantasme d'enfant qui était de dire "la voiture qui conduit toute seule".
04:45 Bon. Sauf qu'on l'a vu sous une forme qui est dépassée aujourd'hui,
04:47 qui est une forme d'un véhicule ultra-premium avec un seul conducteur,
04:51 donc une prolongation, en fait, du modèle actuel.
04:52 Ça n'a aucun intérêt. Ça n'a aucun intérêt pour personne.
04:56 Par contre, en fait, dans ces zones où, encore une fois, on est privé de mobilité,
04:59 d'imaginer un véhicule, donc une navette, quelque chose qui ressemble à un minibus...
05:03 - Sans chauffeur, hein ? - Sans chauffeur, d'accord ?
05:05 Supervisé à distance. Ce qui n'est pas de la science-fiction,
05:08 qui fonctionne aujourd'hui dans certaines zones, d'accord ?
05:11 En France, dans la Drôme, dans des zones extrêmement rurales...
05:14 - Expérimentales, pour l'instant. - À peine.
05:16 - C'est-à-dire qu'on est à la sortie du roulage. - On est sur des petites échelles.
05:19 - Voilà. On est effectivement sur des petites échelles, mais ça fonctionne.
05:23 Et ce qu'il faut bien imaginer, c'est que le modèle est simplifié,
05:25 puisque un véhicule individuel qui doit rouler du centre de Paris à la campagne,
05:31 deux nuits, deux jours, suivant les conditions, ça c'est très difficile.
05:33 Il faut embarquer toute intelligence sur un territoire, une navette,
05:36 elle peut rendre un service qui est extrêmement important.
05:39 - Oui, oui. Il y a plusieurs... Je rappelle, malheureusement le temps nous manque,
05:42 pardonnez-moi Yann Arnaud, mais il y a plusieurs niveaux d'automatisation,
05:46 niveau 3, 4, 5, de partiel à complète.
05:49 Quand vous faites le constat, dans votre baromètre,
05:51 que l'offre de transport en commun est insuffisante, en particulier en zone rurale,
05:55 en imaginant des transports automatisés, on repousse encore l'horizon
05:58 pour arriver à une offre de transport opérationnel à la campagne ?
06:02 - Non, non, justement, c'est ce que je disais du fait que ça n'est pas la science-fiction,
06:07 c'est déjà là. - Non, mais c'est pas la science-fiction,
06:09 mais c'est plus simple d'arriver... Parce qu'il faut mettre les infrastructures,
06:11 il faut le déployer... - Non, justement, l'avantage de cette navette,
06:14 c'est que le besoin, par exemple, de modifier l'environnement dans lequel il circule
06:18 est très très faible, d'accord ?
06:20 C'est-à-dire qu'on apprend la navette cette zone, qui est une zone délimitée, etc.,
06:23 on lui apprend finalement à circuler là-dedans,
06:25 et l'impact sur l'infrastructure, c'est-à-dire tout ce qu'on peut imaginer,
06:28 effectivement, vous avez tout à fait raison,
06:30 de "est-ce qu'il faut une bonne couverture 4G ?"
06:32 Non, ça discute avec un satellite !
06:33 "Est-ce qu'il faut modifier les routes ?"
06:35 Non, ça s'adapte à ça !
06:36 "Est-ce qu'il faut faire attention à certaines zones ?"
06:38 Oui, c'est-à-dire que globalement, comme ça va rouler dans un trafic qui existe,
06:42 il faut quand même prendre quelques précautions.
06:43 En dehors de ça, cette solution est très très vite disponible.
06:47 La preuve, c'est que la stratégie nationale de la mobilité automatisée
06:51 prévoit, dans les quelques années qui viennent,
06:53 de déployer 100 à 500 expérimentations dans les campagnes pour faire rouler ces navettes.
06:59 Et en tout cas, ce que révèle votre baromètre, c'est aussi l'appétit, l'attente
07:02 des Français par rapport à ce mode de transport,
07:04 puisque 80% des sondés ont l'intention d'essayer des véhicules automatisés.
07:08 On voit bien qu'il n'y a pas cette peur qu'on imagine
07:11 sur la sécurité, sur la fiabilité de ce mode de transport.
07:13 Merci Yann Arnaud, directeur des Réponses, Besoins Sociétaires et Innovation à La Massif.

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