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Charles Marinakis, président de Century 21 France, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur la crise du Logement qui secoue la France et s'interrogent sur la position du gouvernement pour venir en aide au secteur.

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europe 1 bonjour, 5h-7h, Alexandre Lemaire, Omblin Roche.
00:04 Europe 1 il est 6h40.
00:06 - Louer un logement c'est devenu un véritable casse-tête.
00:09 L'offre de location elle se contracte partout en France
00:12 alors que la demande augmente dans le même temps.
00:15 C'est une crise du logement qui touche directement des milliers de ménages,
00:18 des étudiants qui sont à la recherche d'un appartement ou d'une maison.
00:22 - Votre invité ce matin pour en parler sur Europe 1, Alexandre Lemaire,
00:26 Charles-Marie Nackis, président du réseau Centuri 21 France.
00:29 - Bonjour Charles-Marie Nackis.
00:31 - Bonjour Alexandre, bonjour Omblin.
00:32 - On se parle ce matin sur Europe 1
00:34 alors que le nouveau gouvernement de Gabriel Attal, c'est ma première question,
00:37 ne compte plus de ministre du logement.
00:39 Quel est votre sentiment par rapport à cela ?
00:40 En pleine crise immobilière.
00:42 - Oui alors c'est étonnant, vous avez vu tout le monde s'insurge un peu
00:45 de l'absence d'un ministre ou d'un secrétaire d'Etat.
00:48 Alors j'ai entendu sur vos antennes à 6h que les espoirs ne sont pas perdus.
00:52 Il semblerait que quelques députés de la majorité réclament effectivement
00:55 qu'on ne se préoccupe du logement.
00:57 Moi mon souci c'est plutôt la politique du logement.
00:59 Si c'est avoir des ministres,
01:02 et je suis persuadé que messieurs Klein et Vergrillet
01:04 sont des gens très bien que je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer malheureusement,
01:09 mais au-delà de ça ils ont traversé...
01:11 - Ils n'ont même pas eu le temps de s'installer.
01:13 - Non, ils n'ont pas eu le temps de s'installer
01:14 puis ils ont traversé le logement comme des courants d'air si vous voulez.
01:17 Si ça doit se cristalliser autour d'un ministre,
01:20 ben don't acte, mais moi mon vrai sujet c'est
01:22 quelle est la politique du logement,
01:23 comment on installe une vraie politique du logement,
01:26 fût-ce-t-elle pilotée par un ministre ou peut-être par Versys s'il le faut.
01:30 Mais le vrai sujet c'est quelle est la politique,
01:31 quelle est la position du gouvernement
01:33 par rapport au logement qui c'est vrai est un secteur en crise actuellement.
01:36 - Et bien c'est ce dont nous allons parler maintenant avec vous Charles-Marie Nackis,
01:39 une politique du logement, un ministre du logement
01:41 en pleine crise du marché, du marché de la location.
01:44 Est-ce qu'elle était prévisible cette crise que vous traversez en ce moment ?
01:47 - Oui parce que vous savez cette crise-là,
01:49 très sincèrement elle était prévisible pour deux raisons,
01:51 parce que le logement c'est un sujet d'aménagement du territoire et de démographie.
01:55 Parce que les fondations qui rythment le cœur du marché de l'immobilier c'est la démographie.
02:01 En 1970 il y avait 50 millions de Français,
02:03 20 ans plus tard il y a 16 millions ou 17 millions de Français supplémentaires
02:06 qui vont venir les loger.
02:07 Ensuite il y a eu une évolution sociétale qui n'a pas été prise en considération,
02:11 c'est la décohabitation, c'est-à-dire les gens qui vivent seuls,
02:14 le vieillissement de la population,
02:16 ou quand un disparaît l'autre vit seul dans un logement.
02:19 Donc il y a eu une demande de logement qui s'est aggravée
02:22 et la politique du logement sur les 20-25 dernières années
02:25 n'est pas en adéquation avec le besoin,
02:27 donc tant que la demande sera...
02:29 - Il est bloqué le marché aujourd'hui vous diriez ?
02:30 - Oui aujourd'hui il est bloqué,
02:31 parce que les taux ont un peu, si vous voulez,
02:34 ils ont augmenté de manière brutale,
02:36 donc ils ont stoppé de manière drastique l'accès au crédit,
02:39 ce qui a désorganisé totalement l'écosystème.
02:42 Et personne ne s'est emparé de ce sujet-là.
02:44 - On voit des agences immobilières aujourd'hui
02:46 qui en viennent à ne même plus répondre aux appels,
02:48 devant l'afflux des demandes de location,
02:50 c'est-à-dire qu'au bout d'un moment il y a tellement d'appels
02:52 dans une agence pour une seule annonce,
02:54 que vous jetez l'éponge en fait,
02:56 c'est une perte de productivité et une perte de temps.
02:58 - On ne jette pas l'éponge, c'est bien malgré nous,
02:59 parce que si vous voulez on est un peu victime de cette situation-là.
03:02 Et d'ailleurs je m'en excuse auprès des clients
03:05 auxquels on ne peut pas répondre,
03:05 on ne peut mécaniquement pas répondre.
03:08 Parfois il y a 200 demandes pour un logement à la location.
03:10 - 200 demandes pour un logement ?
03:11 - La location c'est probablement le marché qui souffre le plus,
03:13 parce qu'en fait les trois sources d'approvisionnement de la location,
03:16 c'est quoi ?
03:17 1) l'immobilier neuf,
03:18 50% des logements neufs qui sont mis sur le marché
03:21 vont dans le parc privé locatif, si vous voulez,
03:23 pour bénéficier des mesures d'accompagnement fiscal.
03:26 D'accord ?
03:26 Donc déjà quand les logements ne sortent pas de terre
03:29 ou qu'ils ne sont pas commercialisés,
03:31 typiquement c'est du logement au moins
03:33 qui vient sur le parc locatif privé.
03:35 Deuxièmement c'est les investisseurs,
03:37 ces fameux, les méchants bailleurs
03:39 qui achètent des appartements pour les louer aux gentils locataires.
03:42 C'est une vision d'esprit,
03:43 derrière chaque locataire il y a un propriétaire bailleur.
03:46 Donc il faut accepter ce statut si vous voulez de bailleur privé,
03:50 et d'ailleurs il faut le privilégier
03:52 par rapport à toutes celles et ceux qui mettent leur bien sur des plateformes
03:55 et qui privent le parc locatif privé
03:57 de surface 2m² pour ces fameux étudiants.
04:00 Et puis le troisième sujet c'est que comme on ne vend plus,
04:03 on vend moins,
04:04 toutes celles et ceux qui quittaient des logements
04:06 pour acheter, qui étaient locataires pour acheter,
04:08 et qui libéraient une place pour un autre locataire,
04:11 ils ne la libèrent plus.
04:12 Ce n'est plus le cas, effectivement.
04:13 Alors autre phénomène provoqué par cette pénurie de l'offre,
04:16 c'est la falsification des dossiers de candidats à la location.
04:19 Alors ce n'est pas un phénomène nouveau, mais qui augmente.
04:22 On trafique son dossier en fait,
04:24 on transforme son CDD en CDI,
04:27 on m'acquiche sa fiche de paie,
04:28 mais c'est quelque chose que vous connaissez.
04:29 - Oui mais c'est notre quotidien ça Alexandre, c'est notre quotidien.
04:32 Vous savez, dès que la législation, que le marché se tend,
04:35 forcément ça crée des dérives,
04:36 et là on est en pleine dérive.
04:38 Et je vais vous dire, ce n'est pas fini.
04:40 Aujourd'hui, il y a falsification des fiches de paie qui n'existent pas,
04:43 avec des postes qui n'existent pas,
04:45 ou des postes qui existent avec des montants de revenus qui sont falsifiés
04:48 pour permettre l'accès à la location.
04:50 Alors c'est aussi l'intérêt de transiter par un professionnel,
04:52 parce qu'on fait vérifier tout ça.
04:53 Maintenant, on a des prestataires de services qui vérifient la cohérence des informations,
04:57 ce qui sécurise, si vous voulez, le propriétaire.
05:00 D'ailleurs, mais ce n'est quand même pas très sain dans la réalité.
05:03 - Vous faites des Charles Colms en fait.
05:04 - Un peu, alors on n'a malgré tout pas un pouvoir d'investigation aussi puissant que lui, Charles Colms.
05:09 Mais dans l'intérêt de nos clients, on vérifie.
05:11 Et je vous dis, ce n'est pas fini.
05:12 Maintenant, c'est les DPE qui vont arriver, des faux DPE,
05:14 parce qu'en fait, avec les contraintes de normalisation des F&G,
05:18 il vous suffira d'aller sur le net, de rencontrer quelques malfaisants,
05:22 et puis vous ferez faire un joli DPE, un faux DPE F&G.
05:25 - Je retourne la question, Charles-Marie Nacky.
05:27 Du point de vue du locataire, en tout cas du candidat à la location,
05:30 souvent malheureux, les garanties réclamées deviennent délirantes.
05:34 Quatre fois le revenu des garants à n'en plus finir.
05:38 Qui peut mettre ça sur la table aujourd'hui ?
05:41 - Difficile. Il faut transiter, je crois, par une garantie des loyers impayés,
05:44 qui est de la GLE, qui est un service d'assurance qu'on met à disposition de nos clients,
05:48 qui garantisse le bailleur du paiement des loyers.
05:51 Mais c'est aussi la législation qui est ainsi faite, si vous voulez.
05:55 On va revenir sur l'éternel débat.
05:57 Tout le monde comprend socialement l'intérêt de protéger aussi le locataire
06:00 qui est en difficulté dans les périodes hivernales.
06:02 En ce moment, il fait froid.
06:03 Après, il faut aussi comprendre qu'un propriétaire bailleur
06:07 qui a fait un investissement locatif, qui a un crédit derrière,
06:10 lorsqu'il n'encaisse pas ses loyers, il est lui-même en difficulté.
06:13 Comment trouver, si vous voulez, un espèce de juste équilibre en respectant...
06:16 Et d'ailleurs, je crois qu'une des solutions, ce n'est pas la seule,
06:19 bien sûr, il y a des sujets macroéconomiques qui dépassent cette simple conversation,
06:22 mais au-delà de ça, il faut rétablir une espèce de confiance,
06:25 si vous voulez, entre le bailleur et le locataire, qui s'est dégradée avec le temps,
06:28 pour arrêter les caricatures du méchant locataire qui ne paye pas son loyer,
06:31 du méchant bailleur qui le met dehors,
06:33 parce que dans la vraie vie, ce n'est pas comme ça que ça se passe.
06:35 Il faut rétablir cette confiance-là, sinon, vous n'aurez plus de bailleur privé.
06:39 - Vous parliez, Charles-Marie Nacky, du DPE, diagnostic de performance énergétique,
06:42 il y a ce coup prêt, évidemment, pour les propriétaires,
06:44 on en voit beaucoup qui préfèrent d'ailleurs vendre,
06:46 plutôt que d'engager des travaux d'isolation.
06:47 Il faut l'assouplir, la réglementation, ou en tout cas le calendrier de la mise en place du DPE ?
06:52 - Oui, il aurait fallu...
06:54 Je crois que la raison aurait dû prévaloir,
06:57 parce qu'il n'y a aucune organisation née aujourd'hui,
07:00 prête à assumer, si vous voulez, cette transformation énergétique.
07:03 Comme souvent, c'est dommage, parce que le fondement de la législation, de la loi, il est bon.
07:07 Qui peut être contre aujourd'hui la rénovation énergétique ?
07:09 Personne ! C'est le bon sens de l'histoire,
07:11 et tout le monde est d'accord pour aller dans ce sens-là,
07:13 y compris les professionnels, qui sommes d'ailleurs les premiers concernés,
07:16 puisqu'on est le bras armé de cette transformation énergétique,
07:19 et on est tout à fait d'accord de jouer ce rôle-là.
07:21 Encore faut-il trois choses.
07:22 Un, qu'on en ait le temps mécaniquement, d'accord ?
07:25 Deuxièmement, qu'on trouve des diagnostiqueurs qui aient le temps de le faire,
07:28 parce qu'aujourd'hui, on a des problèmes de certification,
07:30 par exemple sur les audits énergétiques, ou sur les audits collectifs dans les immeubles.
07:35 On ne trouve pas suffisamment de certificateurs.
07:38 Et puis troisièmement, une fois que vous avez trouvé tout ça,
07:40 il faut trouver l'artisan, qui va vous le faire dans les délais, de manière raisonnable.
07:44 - En tout cas, on retient un chiffre frappant que vous nous avez livré ce matin,
07:47 et qui illustre bien le blocage du marché de l'allocation, Charles Marinakis.
07:50 Jusqu'à 200 demandes, jusqu'à 200 appels,
07:53 pour une offre location à l'heure actuelle dans votre réseau d'agence immobilière.
07:57 Merci, Charles Marinakis, président du réseau Centuri 21 France, sur Europe 1.
08:01 [Musique]

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