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00:00 Je réponds évidemment à votre convocation et je comprends qu'il faut que je donne les lignes principales de mon parcours.
00:07 J'ai eu la chance de naître dans une famille catholique bretonne riche et célèbre, riche pas seulement d'argent.
00:17 Ils fabriquaient le cahier à cigarettes OCB si vous les avez bien roulés, ce qui à l'époque était évidemment extraordinairement connu et rentable,
00:26 mais aussi riche de tendresse. C'était une famille nombreuse et nous étions et nous sommes toujours d'ailleurs très heureux ensemble.
00:33 Et ils étaient aussi célèbres parce qu'ils avaient fait une guerre admirable.
00:38 Et le 6 juin 1944, dont nous allons bientôt fêter le 80e anniversaire du débarquement, sur les 177 Français,
00:48 puisque le général de Gaulle avait été prévenu que l'avant-veille avait absolument exigé que ce soit des troupes françaises,
00:54 on n'avait trouvé que 177 Français qui étaient prévus dans ce débarquement et deux étaient de ma famille.
00:59 J'avais un père résistant, des oncles dans la résistance également à Londres, un oncle à Normandie-Yémen.
01:05 Et donc nous étions très heureux. Nous étions sur les terrasses en Bretagne à discuter, écouter les différentes personnes qui parlaient de tout ça.
01:15 Et donc j'avais plutôt rien à faire dans ma vie parce que ça n'était que le René, fils de René, qui prenait la tête des papeteries.
01:22 Et moi, j'étais le cinquième fils de Michel, donc je devais ne pas faire grand-chose, mais avoir suffisamment d'argent pour ne pas faire grand-chose,
01:28 ce qui, sincèrement, était tout à fait dans mes cordes. Et donc j'ai passé 10 ans dans la banque tranquillement,
01:36 avec des études convenables jusqu'au doctorat de droit. Et j'étais très heureux. Et puis malheureusement, il a fallu à un moment,
01:43 devant les difficultés de l'entreprise, que quelqu'un s'y colle parce que l'entreprise allait mal. Le papier à rouler était remplacé.
01:51 Et leur grande spécialité, qui était le papier carbone, qui servait, vous savez, à dupliquer les documents, qui étaient des papiers noirs,
01:57 pour ceux d'entre vous qui s'en souviennent, était remplacé par les photocopieuses. Et il y avait 800 personnes. Et donc personne ne voulait prendre le risque social
02:04 d'aller dans cette affaire qui était très endettée. Donc j'y suis allé. J'y ai passé 40 ans, de 1981 à 2022. Nous étions 800.
02:18 Quand je suis parti, nous étions 80 000. Donc disons que ça a plutôt bien marché. Nous faisons partie des 500 premiers groupes mondiaux.
02:28 Et grâce à cette période, j'ai contribué ou j'ai pu participer à un certain nombre d'aventures industrielles fortes. On est passé du papier carbone,
02:37 que j'ai fermé, arrêté, au papier sachet à thé. Les sachets à thé étaient faits en tissu. Et puis tout d'un coup, on s'est aperçu que le papier pouvait avoir
02:45 les qualités mécaniques pour résister à la traction de la cuillère et à l'eau bouillante. Et on est devenu le numéro 1 mondial des sachets à thé.
02:53 Après, on s'est lancé dans les films pour condensateurs, dont on est toujours le numéro 1 mondial. Ce sont des petits composants que vous avez dans vos appareils photos,
03:00 dans vos voitures, etc. Et puis après, nous sommes devenus l'un des 5 premiers groupes mondiaux dans les transports. Nous avons investi, créé des filières,
03:10 des gens, des hangars, de la logistique. Et bref, nous avons continué comme ça à travers différents secteurs parce que je pensais qu'être un groupe diversifié
03:22 présentait moins de risques. Et qu'en ne mettant pas tous ces eaux dans le même panier, on avait plus de chances de s'en sortir puisque j'avais été évidemment un peu traumatisé
03:30 par le contraste entre cette jeunesse très sympathique et agréable et ce moment où tout avait failli basculer.