• il y a 9 mois
Olivier Dussopt, à nouveau "simple" député, après 6 ans en tant que ministre, a été nommé, en février, secrétaire général délégué de Renaissance, le parti de la majorité présidentielle. À ce titre, et en tant que responsable de la composition de la liste pour les élections européennes, il a lancé, ce week-end, à Lille, la campagne pour le parti d'Emmanuel Macron.
Olivier Dussopt est en charge de la composition de la liste et doit veiller à ce que toutes les composantes de la majorité soient représentées. Comment compte-t-il intéresser les Français à cette élection, alors que ce scrutin enregistre traditionnellement des records d'abstention ? 
Et après six années passées au gouvernement, est-ce que sa nouvelle vie politique lui convient ?
Autant de questions auxquels il répond, sur France Bleu Drôme Ardèche.

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Transcription
00:00 8h moins le quart, on parle politique avec notre invité, c'est l'ancien ministre du Travaillard des choix Olivier Dussopt qui est en ligne avec nous, Alexandre Bertheau.
00:08 Bonjour Olivier Dussopt.
00:10 Bonjour.
00:11 Il y a un an vous étiez au front, ministre du Travail, exposé sur la scène nationale, vous meniez la réforme des retraites.
00:19 Aujourd'hui vous menez la campagne des européennes, vous êtes numéro 2 du parti Renaissance.
00:24 Est-ce que vous vivez ça comme une promotion ou pas vraiment ?
00:29 C'est une étape de ma vie politique, j'ai eu la chance d'être ministre du gouvernement d'Emmanuel Macron pendant 6 ans, d'abord à la fonction publique, puis au budget, et ensuite 2 ans au ministère du Travail.
00:40 C'est une preuve de confiance qui m'a été témoignée, c'est aussi une grande chance de connaître cette expérience et de pouvoir porter la voie de l'Ardèche le plus haut possible.
00:48 Aujourd'hui redevenu député de l'Ardèche et donc redevenu député d'un territoire qui est le mien, que je défends depuis toujours, le président m'a demandé de m'investir plus dans la vie de la majorité.
00:58 C'est pour ça que, en plus de la présidence du territoire de progrès, je suis le numéro 2 de Renaissance et je mène cette campagne des élections européennes avec Stéphane Séjournet, notre candidate Valérie.
01:07 Pourquoi vous avez accepté ? Est-ce qu'il y a des perspectives intéressantes pour vous à terme ?
01:15 Le président de la République m'a demandé de m'investir dans cette campagne et dans la gestion, l'animation de son parti, le parti Renaissance.
01:23 C'est aussi un témoignage de confiance, mais au-delà, les élections européennes sont des élections qui sont très importantes.
01:28 Et ces élections européennes sont certainement parmi les plus importantes qu'on ait eu à connaître au cours des dix ou des vingt dernières années.
01:35 D'abord parce que partout en Europe, les populistes gagnent du terrain.
01:39 Et si demain il y a un Parlement européen avec des députés européens qui majoritairement souhaitent détricoter l'Europe, les choses iront mal pour la France.
01:46 Nous avons besoin d'Europe, nous le savons, et pour nous en convaincre, s'il faut s'en convaincre, il suffit de regarder ce qui s'est passé les cinq dernières années.
01:53 Si en 2019, lors des dernières élections, les candidats aux élections européennes avaient dit aux Français, avaient dit aux Européens,
02:00 qu'au cours des cinq années qui allaient venir, ils connaîtraient une crise sanitaire avec le Covid.
02:05 Et merci à l'Europe de nous avoir aidé à avoir plus de vaccins que partout ailleurs dans le monde.
02:09 Et face à des crises comme celle de l'inflation et l'énergie, mais aussi une guerre sur le continent européen avec l'attaque de l'Ukraine par la Russie, personne ne l'aurait cru.
02:16 Et face à des crises comme celle de l'inflation et l'énergie, face à des crises comme la crise Covid,
02:21 et évidemment face à des crises comme la guerre en Ukraine, nous devons être unis au niveau européen,
02:26 parce que bien évidemment nous avons besoin d'être à cette taille-là pour pouvoir peser et défendre nos intérêts.
02:31 Ça c'est votre discours pour essayer de convaincre. On sait que c'est une élection où historiquement le taux de participation est très faible.
02:39 Est-ce que vous pensez vraiment que ramener la population au Covid, à la guerre en Ukraine, ça va pousser vraiment les Français à aller voter ?
02:48 Ce ne sont pas les thématiques les plus joyeuses, j'en ai bien conscience, mais les Français savent aussi que c'est aussi au niveau européen qu'on peut avoir ces réponses.
02:56 Pendant la crise du Covid, pour reprendre ce seul exemple, j'étais ministre du Budget, et nous avons beaucoup aidé,
03:01 beaucoup aidé les entreprises, beaucoup aidé les salariés, avec le Fonds de solidarité pour les entreprises, avec le chômage partiel.
03:07 Nous sommes le seul pays en Europe qui a autant protégé les salariés avec un chômage partiel aussi protecteur.
03:13 Et c'est tant mieux parce que ça nous a évité une catastrophe sociale. Et si nous l'avons fait, c'est parce que nous avons pu emprunter.
03:19 Et j'étais à ce moment-là le ministre du Budget qui gérait ses emprunts sur les marchés financiers.
03:23 Et nous avons emprunté à des taux zéro, parfois des taux négatifs. Et pourquoi est-ce que nous l'avons fait ?
03:27 Parce que derrière, l'Europe garantissait notre dette, garantissait nos emprunts, avec la Banque centrale européenne.
03:32 Et donc je pense qu'une élection comme les élections européennes, c'est aussi l'occasion de rappeler ce qu'a fait l'Europe.
03:37 Souvent, l'Europe est un bouc émissaire, et souvent, on a des raisons de critiquer l'Europe.
03:41 C'est complexe, c'est techno, c'est parfois très éloigné du quotidien. Tout ça, c'est une réalité.
03:46 Par contre, l'Europe est aussi bien utile, et il faut savoir rappeler dans ces moments-là,
03:50 que si l'Europe est perfectible, elle est aussi utile pour la préservation de nos intérêts.
03:54 Vous avez 12,5 points de retard dans le dernier sondage sur Jordan Bardella,
03:59 votre candidate Valérie Hayet a 12,5 points de retard, il reste trois mois. Ça se rattrape ou pas ?
04:04 On va tout faire pour le rattraper, bien évidemment.
04:07 Aujourd'hui, les sondages montrent que nous sommes challengers dans cette élection,
04:10 et ça serait une folie que de dire le contraire.
04:13 Et donc il faut mobiliser, il faut convaincre.
04:15 Convaincre à la fois sur le bilan, c'est ce que j'ai essayé de faire,
04:17 convaincre aussi sur des projets, des projets à la fois économiques,
04:21 des projets en matière de cohésion sociale.
04:23 Il faut aussi convaincre en montrant les différences.
04:26 Lorsqu'on parle par exemple d'agriculture,
04:28 la France bénéficie de 9 milliards d'euros au titre de la politique agricole commune.
04:32 Est-ce que le Rassemblement national l'a voté ? Non.
04:35 Lorsqu'on parle de valeurs, et notamment d'égalité entre les femmes et les hommes,
04:38 une directive, on dit souvent beaucoup de mal des directives,
04:41 mais une directive a été adoptée il y a quelques mois pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes,
04:46 et ainsi donner plus de force à nos propres législations nationales.
04:49 Et en matière d'inégalité entre les femmes et les hommes, il y a encore beaucoup de travail.
04:52 Est-ce que le Rassemblement national a voté pour l'égalité salariale femmes-hommes ?
04:55 Non plus.
04:56 Lorsqu'on parle d'Ukraine, et qu'on dit qu'il faut faire bloc, qu'il faut défendre l'Ukraine,
04:59 parce que si l'Ukraine tombe aux mains des Russes, on ne sait pas ce qui se passera derrière.
05:03 Est-ce que le Front national s'est opposé à la Russie ? Jamais.
05:06 Et pour cause, c'est la Russie qui finance la plupart de ses compagnes.
05:08 Et donc il faut à la fois dire ce que nous voulons pour l'Europe,
05:11 une Europe plus sociale, une Europe plus simple, parce que c'est compliqué,
05:15 et il y a beaucoup trop d'embêtements au niveau européen,
05:17 mais dire aussi que face à nous, le projet que défend notamment le Front national,
05:22 ce n'est pas un projet européen.
05:23 C'est un projet d'abandon, et c'est un projet même de trahison des intérêts français.
05:28 Olivier Dussopt, ancien ministre du Travail, désormais député numéro 2 du parti Renaissance,
05:34 est-ce que vous vous mettez en opposition beaucoup avec le Rassemblement national,
05:38 mené par Jordan Bardella ? Est-ce que vous cherchez aussi, vous l'ancien socialiste,
05:42 à convaincre à gauche, on sait que Raphaël Glucksmann, le candidat du PS,
05:45 est en train de monter dans les sondages ?
05:48 Oui, il monte autour de 9-10%.
05:51 Il reste derrière vous dans les sondages ?
05:53 Il s'est éloigné effectivement, et c'est normal, puisque son offre politique n'est pas claire.
05:59 Le parti socialiste n'arrive pas à se détacher de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon.
06:02 La dernière motion de censure déposée, il y a à peine quelques semaines,
06:05 c'était encore une union du PS, de la France insoumise, des communistes,
06:09 déposée avant même que le Premier ministre fasse son discours politique général.
06:12 Mais là on parle d'Europe !
06:14 Avant de savoir ce qu'il avait voulu dire.
06:17 Oui, mais les choses sont liées, et lorsque vous n'êtes pas clair dans vos alliances au niveau national,
06:20 vous n'avez pas une image claire au niveau européen.
06:22 Donc vous ne vous reconnaissez plus dans le parti socialiste ?
06:25 Je ne me suis jamais reconnu dans les alliances avec la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon.
06:29 C'est mon point de désaccord le plus total.
06:31 Je considère que M. Mélenchon et la France insoumise, ce n'est pas possible de travailler avec eux.
06:36 Je considère qu'ils ne sont pas respectueux des institutions
06:38 et que leur projet n'est pas un bon projet pour la France.
06:40 Moi ce que je dis c'est que lorsqu'on est attaché à l'égalité salariale,
06:43 lorsqu'on est attaché à ce que l'Europe puisse construire petit à petit,
06:47 et c'est toujours trop long, des socles pour que les choses aillent mieux,
06:50 il faut pousser une majorité pro-européenne.
06:53 Lorsque j'étais ministre du Travail, il y a eu la directive sur l'égalité salariale entre les femmes et les hommes.
06:57 Il y a eu une directive sur le salaire minimum en Europe.
07:01 La France est un des pays en Europe qui a le salaire minimum le plus élevé.
07:04 Donc évidemment quand l'Europe prend une décision pour mettre en place des règles en matière de salaire minimum,
07:09 ça n'a pas de conséquences directes pour nous en France.
07:12 Par contre ça a des conséquences très directes pour les pays où le SMIC est le plus bas,
07:16 où le salaire minimum est le plus bas.
07:18 Et c'est bon pour les personnes concernées, les pays concernés,
07:20 c'est aussi bon pour nos entreprises parce que ça rétablit une égalité dans la concurrence.
07:24 La majorité à laquelle j'appartiens autour du président de la République,
07:27 c'est aussi une majorité qui fait avancer des droits.
07:30 Je prends un seul exemple, un combat.
07:32 La semaine passée, nous avons inscrit dans la Constitution
07:35 le droit pour toutes les femmes d'avoir accès à l'interruption volontaire de recesse.
07:38 Aujourd'hui, la seconde étape que nous voulons franchir
07:41 et que nous proposons aux Français dans cette élection européenne,
07:43 c'est de faire en sorte que dans la Charte européenne des droits fondamentaux,
07:46 qui est une forme de déclaration des droits au niveau européen,
07:49 nous puissions aussi inscrire la liberté d'avoir recours à l'IVG au niveau européen
07:53 parce que ce nouveau droit dont les Françaises bénéficient,
07:56 qui est un progrès, doit aussi bénéficier à l'ensemble des Européennes.
07:59 Merci beaucoup Olivier Dussopt d'avoir été avec nous ce matin
08:03 pour parler de ces élections européennes à venir,
08:06 avec un rôle important pour vous puisque vous êtes désormais
08:09 numéro 2 du parti présidentiel, le parti Renaissance.
08:12 L'interview est retrouvée dans quelques instants sur francebleu.fr, il est 8h moins 7.

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