Chaque samedi, Fanny Wegscheider répond à vos questions.
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00:00 Vous m'avez quitté pour aller au mur parce qu'on va parler de Boeing à l'heure où vous allez peut-être ce week-end préparer vos futures vacances.
00:06 Vous allez peut-être vous interroger sur le fait de prendre une compagnie qui a des appareils Boeing.
00:10 Oui, parce que forcément, on ne va pas trop exagérer, mais tout de même, force est de constater que ces derniers temps, il y a eu quelques petits pépins.
00:17 Quelques petits pépins ?
00:18 On va prendre les plus récents et ça cumule. Ça, c'était juste hier. Ce Boeing 737 qui, à l'aéroport de Houston aux États-Unis,
00:26 a eu un problème de train d'atterrissage carrément cassé. Vous le voyez, atterrissage forcé sur la piste du Texas.
00:33 Jeudi, il y a à peine deux jours, là aussi, autre pépin pour un Boeing 777 cette fois-ci qui, lui, a perdu carrément une roue.
00:42 Elle s'est tombée sur l'aéroport de San Francisco peu après le décollage. Là aussi, un atterrissage forcé a dû être nécessaire.
00:49 Et puis, on se souvient également de Portland au début de l'année, 5 janvier, de ce Boeing 737, là aussi, qui, lui, avait tout simplement vu sa porte,
00:59 une de ses portes, s'arracher en plein vol et donc contraindre les passagers et tout le monde à revenir sur l'aéroport de Portland avec cet atterrissage d'urgence.
01:10 Camille nous demande donc quel est le problème des avions Boeing et lesquels sont concernés. On voit ça avec vous, Jean Serra.
01:17 C'est le moment, Jean Serra.
01:18 Oui, Jean Serra, c'est votre fête. Dès qu'il y a un Boeing qui a un petit pépin, il y en a beaucoup en ce moment, vous êtes sollicité,
01:23 consultant aéronautique de BFMTV, pour nous servir. Alors, qu'est-ce qui se passe décidément avec certains avions de cette flotte Boeing ?
01:31 Alors, effectivement, il y a un avion qui est ciblé, tout le monde le sait, c'est le fameux nouveau 737 qu'on appelle le 737 Max,
01:39 qui a fait un début de carrière catastrophique avec deux crashs où il y a eu plus de 350 morts, l'un avec Lion Air, l'autre avec Ethiopian.
01:48 Ce qui est très important dans cet accident-là, c'est qu'il y a deux responsables. Il y a Boeing, mais il y a l'AFA,
01:56 c'est-à-dire l'organisme fédéral qui est là pour assurer le contrôle des avions. Or, à l'époque, pour des raisons de manque d'effectifs,
02:06 l'AFA avait délégué à Boeing à la fois la construction, le contrôle et la certification d'un nouveau système qui s'appelait le MCAS.
02:17 On ne va pas rentrer dans les détails, mais qui a été la cause essentielle du crash de ces deux avions.
02:24 Donc un contrôle qui n'a pas été assuré par des autorités indépendantes de Boeing.
02:27 Tout à fait. Là, il y a un problème grave. C'était un problème d'effectifs de l'AFA, je comprends tout à fait.
02:33 Mais surtout, ça a supprimé un élément clé du contrôle. L'action doit être faite par une personne, le contrôle par une autre,
02:42 pour avoir une indépendance entre autres vis-à-vis de pressions financières et choses comme ça.
02:46 – Ça semble assez normal, ça a été rétabli tout ça ?
02:49 – Oui, alors là-dessus, il y a eu un premier mouvement, c'était le 26 novembre, où là, l'AFA a dit "bon, attendez,
02:58 on va reprendre le contrôle des affaires, c'est-à-dire que vous ne serez plus le seul à faire les contrôles,
03:06 on va, nous aussi, participer à cela". Puis ensuite, il y a eu toute la série des incidents dont vous avez parlé,
03:13 le Alaska Airlines qui perd une porte, une issue de secours, parce qu'il manquait de boulons.
03:20 Donc là, ce n'est pas une conception de l'avion qui est en jeu, un gars n'a pas mis les boulons,
03:25 et personne n'était là pour vérifier. Ça, c'est un premier point. Le deuxième, bon, hier, avant-hier, pardon,
03:32 un avion, un 777 perd une roue au décollage, bon, ça, c'est peut-être une rupture du goujon,
03:39 parce que c'est la roue arrière, c'est la première qui touche à l'atterrissage.
03:43 – Mais enfin, ça fait quand même beaucoup, là, tout ça.
03:45 – Mais c'est surtout ça, la succession de choses qui fait que, là, d'un seul coup, Whittaker, le patron de la FAA,
03:53 a dit "bon, là, maintenant, c'est terminé, c'est nous qui allons contrôler".
03:59 Comme ils n'ont toujours pas les effectifs, ils vont passer par des prestataires extérieurs,
04:05 mais indépendants, pour vérifier à la fois la construction, la vérification, la certification des avions,
04:14 et c'est sûr qu'il y a eu un dérapage important.
04:16 – Pour répondre à Manon, moi, je ne prends pas de 737.
04:18 – Oui, mais alors, peut-être que vous êtes comme Zachary, que certains se posent cette question,
04:22 est-ce qu'on peut prendre d'autres avions, d'autres constructeurs sans crainte ?
04:25 Est-ce que d'autres sont concernés par ce genre de problème ?
04:28 – Dans l'ensemble… – C'est votre moment Cocorico, allez-y, vendez !
04:32 – Oui, bien sûr, Airbus marche très bien, fonctionne très bien, est en pleine croissance,
04:40 les 320 Néo, les 330 Néo, par exemple, la compagnie Transavia va changer tous ses 737
04:47 pour mettre des 320 Néo, avec la flotte totalement renouvelée d'ici 2027,
04:52 Corsair a pris des 330 Néo, qui sont des avions très performants,
04:57 bon bien sûr, mais surtout au niveau de Boeing, parce que Boeing est quand même une marque prestigieuse,
05:03 je crois que, enfin, et même le président des États-Unis s'est mêlé de cette affaire en disant
05:09 "Eh, on arrête là maintenant, il faut garantir la sécurité",
05:13 donc je pense qu'on est parti dans le bon sens.
05:16 – Au serrage de vis et de boulons. – Croyez-le bien, les deux.
05:18 – Merci beaucoup Jean pour toutes ces explications précieuses et rassurantes quand même.