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00:00 Comment Mariam Abba a changé le regard des femmes sur le mariage ?
00:03 Mariam Abba est une autrice sénégalaise qui a été la première en Afrique
00:07 à rompre le silence sur la condition des femmes.
00:09 Dans son roman, une si longue lettre, publiée en 1979,
00:13 elle raconte les souffrances endurées par les femmes au sein du mariage traditionnel.
00:17 Polygamie, système de caste, mariage forcé, soumission, pression.
00:21 Il y a une tension comme ça entre le mariage comme institution sociale,
00:26 dans ce que ça a de plus enfermant, de dramatiquement injuste
00:31 pour les femmes, surtout dans un monde polygame.
00:33 Mais à la fois, elle ne brade jamais sa quête d'idéal amoureux.
00:39 C'est quelque chose qui reste absolument intact.
00:42 Et en ça, ça en fait quelqu'un d'extrêmement libre.
00:44 Mariam Abba fonde une des premières associations féministes sénégalaises
00:48 et elle est vivement critiquée.
00:50 D'autant plus que le féminisme est perçu à l'époque
00:52 comme une idéologie occidentale et individualiste,
00:55 alors que la société traditionnelle sénégalaise se base sur le groupe.
00:59 Mais la femme de lettres assume.
01:01 « S'y être féministe signifie révéler les tarts d'une société,
01:04 alors je le suis », répondra Mariam Abba.
01:06 Dès sa sortie, son roman rencontre un grand succès.
01:09 Et aujourd'hui encore, il est un des plus grands textes féministes africains.
01:13 Il y a une forme de modernité dans l'essence même de son regard
01:19 et dans le ciselage de son écriture.
01:22 Et donc quand elle parle du fait que le foyer de ces femmes-là
01:28 se trouve désintégré, moi je reconnais des gens que je connais.
01:33 Les jeunes femmes d'aujourd'hui dans d'autres pays se reconnaissent également
01:38 parce que le regard singulier qu'elles portent sur une question particulière
01:43 dans un endroit précis du monde dépasse les frontières.
01:47 « Mon cœur est en fait chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre »,
01:51 écrit Mariam Abba dans son roman que vous pouvez écouter sur France Culture.
01:55 [Musique]