• il y a 10 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 8h50 sur Europe 1, il est l'heure de retrouver Emmanuelle Ducrox en direct du Salon de l'agriculture.
00:06 Toujours bonjour Emmanuelle !
00:07 Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Alors vous vous levez à 2h50, moi c'est à peu près l'heure à laquelle je me couche.
00:12 Ben voilà, on fait le tour du cadran ainsi.
00:14 Emmanuelle, le ministre de l'Agriculture Marc Fenault a présenté un plan de soutien hier à la filière bio.
00:20 Elle va pas très bien cette filière.
00:21 Oui, avec entre autres un plan d'urgence de 90 millions d'euros pour renflouer les exploitations bio.
00:27 Il y en a un peu plus de 60 000 en France et nombre d'entre elles vont mal, elles ont du mal à joindre les deux bouts.
00:33 Les agriculteurs bio ont, comme les autres, du mal à vivre de leur travail.
00:37 Et pourtant le bio a connu des années fastes Emmanuelle.
00:40 Oui, le marché a cru très vite jusqu'en 2019 mais selon la Fédération de l'agriculture biologique,
00:45 il a perdu 250 millions d'euros en 2022 et 300 millions en 2023.
00:50 J'ai rencontré hier un producteur de céréales bio, 27 ans d'expérience.
00:54 Il m'a expliqué que les silos de céréales sont plein faute d'acheteurs, les pommes bio restent dans les frigos.
01:00 Quant au bœuf, il se vend bien en deçà de ses coûts de production.
01:04 C'est une crise de surproduction que traverse la filière bio comme on n'en a jamais vu depuis jamais, selon lui.
01:11 Et quelle en est la cause de cette crise du bio ?
01:14 Alors hier, l'agence bio qui promeut la filière a publié son baromètre annuel.
01:18 Il existe depuis 21 ans et il permet donc un bon suivi. Il y a des enseignements intéressants.
01:22 D'abord, les Français ont des problèmes de pouvoir d'achat, je ne vous l'apprends pas.
01:25 Et le bio, qui est plus cher ? Et bien il trinque.
01:27 Et puis dans une période où on se serre la ceinture, les consommateurs ont changé de vision de ce que c'est qu'une bonne alimentation.
01:33 Les précédents baromètres montraient qu'ils l'associaient à une bonne santé, à la préservation de l'environnement.
01:38 Et ça c'était des arguments que la filière bio mettait en avant.
01:41 Et désormais, une bonne alimentation pour les consommateurs, figurez-vous que c'est une alimentation plaisir.
01:45 Et le bio, c'est pas du plaisir, non ?
01:47 Visiblement, il souffre d'une image un peu austère, façon légumes anciens, graines, quinoa et tofu.
01:53 Les professionnels du bio aimeraient bien en sortir.
01:56 On peut se poser quand même quelques questions, Emmanuel, sur les politiques publiques
01:59 qui ont conduit les agriculteurs bio dans cette impasse actuelle.
02:03 Eh oui, les pouvoirs publics ont financé, poussé les conversions au bio,
02:07 mais ils ne se sont pas souciés de savoir qui achèterait finalement les produits.
02:10 Il y avait avant ça un marché pour le bio, ça marchait bien.
02:14 L'intervention de l'État a fait capoter l'équilibre.
02:16 Le raisonnement pour développer la filière n'a pas été rationnel ou économique, mais idéologique.
02:21 Le problème, c'est que nombre d'agriculteurs ont fait de gros efforts et n'en sont pas récompensés.
02:26 Pire, ils sont aujourd'hui en danger.
02:28 Oui, vous nous dites que l'État, au passage, ne s'est pas appliqué ses propres convictions.
02:31 Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
02:32 Eh bien non, parce que la loi EGalim de 2018 prévoit 25% de produits bio dans les cantines scolaires
02:37 et dans celles de l'administration. On en est à 12%.
02:40 La relance, selon les professionnels du bio, c'est par là qu'elle passera.
02:44 L'État doit absorber l'offre qui l'a fait pousser artificiellement.
02:48 Et ça pose des questions pour l'avenir de la filière bio. Elle pourrait disparaître, vous pensez ?
02:52 Non, elle ne disparaîtra pas, mais il faut se demander ce qu'on veut en faire.
02:55 Le plan stratégique national que la France a conçu pour la PAC vise 18% de surface en bio en 2027.
03:02 On en est actuellement à 11%.
03:04 Il serait peut-être bon de se demander maintenant sur quoi repose cet objectif.
03:08 Envoyer aux casse-pipes des générations d'agriculteurs pour devoir les sauver après, c'est un gâchis économique.
03:14 C'est un gâchis humain parce que ces agriculteurs le vivent très mal et ils ont raison.
03:17 Et c'est aussi un gâchis environnemental.
03:19 L'argent serait peut-être mieux à utiliser à améliorer les pratiques de l'agriculture conventionnelle.
03:24 Signature européen Emmanuel Ducrot. Merci beaucoup Emmanuel.
03:28 On va pouvoir libérer du salon de l'agriculture, vous allez pouvoir rentrer chez vous.
03:31 Bonne nouvelle Emmanuel. A lundi, on vous retrouve avec plaisir, 8h54.

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