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Transcription
00:00Gabrielle Cluzel est avec nous dans ce studio, Nathan Devers est également avec nous, bonsoir, merci d'être là, je ne sais pas si je vous avais dit bonsoir,
00:06mais c'est vrai que Mayotte retient toute l'attention, c'est une crise énorme, énorme,
00:11on a une pensée pour nos compatriotes, parce que je crois qu'on ne se rend pas compte,
00:17on a du mal à se rendre compte, on était à l'antenne hier soir quand on a découvert effectivement les images,
00:24on nous parlait de 2 morts, 4 morts, 11 morts, mais en fait c'est des centaines, c'est ce que dit le préfet,
00:29il va falloir gérer cette crise, Gabrielle Cluzel.
00:32Oui, c'est très angoissant de se dire du reste qu'en France, puisque Mayotte est en France,
00:36nous ne parvenons pas à circonscrire les contours, l'ampleur, le nombre de victimes de cette catastrophe,
00:43je crois qu'elle nous ramène à la réalité, vous savez pendant que nous étions en train de ratiociner sur des questions de politique politicienne,
00:50et bien cette catastrophe naturelle, comme l'a dit le colonel, est venue sur un contexte déjà extrêmement compliqué à Mayotte,
00:58et c'est un euphémisme se rappeler à nous, et moi j'ai été frappée aussi par l'état de sidération du premier ministre,
01:06à peine arrivant dans ces choses de premier ministre, il arrive avec cette crise énorme,
01:11et je crois que lui-même a été complètement pris de court, on a vu Bruno Retailleau qui était sans doute plus dans le feu de l'action,
01:22mais qui connaissait les rouages, prendre les choses en main, mais c'est vrai que cela nous rappelle la réalité de Mayotte,
01:30cela nous rappelle les devoirs de la France envers Mayotte, et puis cela nous rappelle aussi que la situation qui est là-bas n'est pas seulement une situation de pauvreté,
01:38et ce n'est pas seulement une situation de précarité, c'est-à-dire que si vous rajoutez à la précarité une catastrophe naturelle telle que celle qui est venue d'arriver,
01:46on court à la catastrophe, et je crois qu'on ne va pas faire l'économie de s'interroger sur les bidonvilles, la situation migratoire, la pauvreté, l'accès à l'eau,
01:58je crois que nous devons cela à Mayotte, nous aidons un nombre de pays incroyables matériellement,
02:02il va falloir aider Mayotte de toutes les façons, matériellement, mais aussi politiquement, intellectuellement, réfléchir à sa situation.
02:10Une catastrophe naturelle n'a pas de signification, ce qui est absolument terrible de voir tous ces morts dont on n'a pas encore ni la liste, ni le nombre précis,
02:22de savoir que c'est l'absurdité de la nature, du cosmos, qui contrairement à ce que croyaient les grecs, n'est pas unifié, n'est pas harmonisé, n'est pas bon en soi par nature,
02:33mais peut se révéler enragé contre notre finitude.
02:38C'est le fameux poème de Voltaire sur le tremblement de terre de Lisbonne, où il critiquait Leibniz, il disait non, c'est faux de croire que la nature est pour le bien,
02:45la catastrophe naturelle par principe met dans une position où même le philosophe, je cite Voltaire, dit je ne puis que souffrir,
02:53il n'y a plus à penser, il n'y a plus à analyser, il n'y a plus à espérer, il n'y a plus à murmurer, il faut juste souffrir, et c'est ce qui s'est passé à Lisbonne.
02:59Cependant, il existe des catastrophes naturelles qui révèlent d'autres catastrophes, je vous donnerai un exemple, pas vraiment une catastrophe naturelle,
03:06mais l'explosion du port de Beyrouth, catastrophe, accident, qui a révélé le délitement de l'état libanais,
03:14et qui a révélé, évidemment, une sorte de séisme blatant, d'anéantissement de l'intérieur, de la société libanaise, par la corruption, par le Hezbollah, par le non-état, etc.
03:29Je crois qu'à Mayotte, on a exactement la même chose. En effet, c'est très problématique qu'on ne puisse pas avoir accès à un nombre précis de morts.
03:37C'est très problématique que des bidonvilles aient été détruits par cette catastrophe naturelle, c'est-à-dire qu'il y avait des bidonvilles, etc.
03:45Oui, mais les bidonvilles, certains politiques chez nous, notamment Jean-Luc Mélenchon, ne voulaient pas qu'on les rase ces bidonvilles.
03:53Mais je crois que vous avez raison, mais qu'au-delà, il y a une forme, si vous voulez, de mépris de la France vis-à-vis de Mayotte, vis-à-vis d'autres territoires d'outre-mer,
04:03qui n'est pas correct. Et d'ailleurs, ma phrase n'est pas bien formulée, parce qu'on ne devrait pas pouvoir dire mépris de la France vis-à-vis des territoires d'outre-mer
04:09comme s'ils n'appartenaient pas à la réalité de la France et aux territoires français.
04:14Et donc, en effet, cette catastrophe naturelle, elle doit nous mettre en face, exactement comme quand il y a eu des inondations en Espagne
04:21qui ont mis la responsabilité du gouvernement espagnol, on doit se mettre en face de cette réalité insupportable de ce qui est devenu Mayotte.
04:28On va en reparler, évidemment, Nathan Devers, mais en attendant, il est 20h30 sur Europe 1.

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