Leonard Cohen , près de huit ans après sa disparition, en 2016, est toujours présent parmi nous, avec des signaux forts et des signaux faibles.
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00:00 A nous, Arnaud Vivian, aujourd'hui vous nous parlez de Léonard Cohen qui, près de 8 ans
00:05 après sa disparition en 2016, est toujours présent parmi nous, avec des signaux forts
00:11 et des signaux faibles.
00:13 Oui, tout à fait, nous traversons ces jours-ci un moment Léonard Cohen et force d'avouer
00:17 que c'est très agréable.
00:18 Signal fort, début janvier, la romancière et traductrice de l'hebreu Valérie Zennati
00:24 publie un roman dont le chanteur, poète et romancier canadien est le cœur vibrant.
00:27 Elle est tentée par une vidéo de 4 minutes que vous retrouverez facilement sur le net
00:32 en tapant "Léonard Cohen, Jérusalem 1972".
00:36 Signal faible, jeudi dernier, dans l'émission Taratata, le groupe français Skip The Use
00:42 interprète "Hallelujah".
00:43 * Extrait de Skip The Use *
00:57 Le problème, c'est qu'un bandeau sur l'écran attribue honteusement ce grand classique
01:01 de Léonard Cohen à Jeff Buckley qui n'a fait que reprendre, de merveilleuse façon
01:05 certes, cette chanson admirable.
01:08 J'en ai hurlé devant ma télé jusqu'à couvrir la voix du chanteur Matt Bastard, pas
01:13 loin de penser qu'il avait bien choisi son pseudo celui-là.
01:16 Mais bon, j'aurais la mensuétude de penser qu'il n'y est pour rien.
01:20 Un autre signal fort de la résurrection de Léonard Cohen à vos yeux ?
01:23 Ah oui, cette fois, c'est le cœur vibrant de ma chronique.
01:25 Rappelez-vous que dans deux jours paraîtra le premier roman totalement inédit à ce
01:30 jour de Léonard Cohen.
01:31 Il s'intitule "Un ballet de lépreux".
01:34 Il est court, 130 pages.
01:36 Il a été retrouvé dans les archives du chanteur avec une dizaine de nouvelles qui
01:39 sont reproduites à sa suite.
01:41 Et il n'a rien d'un fond de tiroir.
01:43 "Un ballet de lépreux" a été écrit entre 1956 et 1957.
01:48 Léonard Cohen a donc 22 ans et on est étonné par la maturité dont il fait preuve dans
01:53 ce texte.
01:54 Par son propos aussi.
01:55 Voici l'histoire.
01:56 Un jeune comptable de Montréal qui vit dans un meublé apprend qu'il doit accueillir
02:00 son grand-père qu'il n'a jamais vu.
02:02 Il va le chercher à la gare où il y a un attroupement.
02:04 C'est le fameux grand-père en train de bastonner un agent de police avec sa canne.
02:08 Tous les deux arrivent à s'enfuir.
02:10 Le grand-père, qui au passage parle à peine anglais, se soulage sur la voie publique,
02:14 bref, se comporte, et ce n'est qu'un début, comme un vrai démon.
02:17 Où allait savoir comme un être libre ? Toujours est-il que, loin de son obfusqué, le petit
02:23 fils va adopter la même attitude face à la vie.
02:26 Lui aussi va se venger, d'abord d'un collègue de bureau qui l'humilie, puis, de façon
02:30 extrêmement perverse, d'un employé de la consigne de la gare, lequel a égaré la
02:34 valise de son grand-père.
02:36 Alors, comment comprendre cette fable totalement immorale ? Et bien, peut-être tout simplement
02:42 en se rappelant qu'elle est écrite dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale.
02:45 « C'est arrivé, voilà tout », écrit Léonard Cohen dans ce bref roman.
02:49 Et il continue.
02:50 « C'est arrivé, comme Burenwald est arrivé, et Bergen-Belsen, et Auschwitz, et cela arrivera
02:57 à nouveau.
02:58 Ce sera planifié, et cela arrivera à nouveau, et nous découvrirons les atrocités, les
03:03 outrages et les humiliations.
03:05 Et nous dirons que c'était le projet d'un fou, l'idée d'un fou.
03:09 Mais le fou, c'est nous-mêmes.
03:11 Les plans violents, les cruautés et indignités, elles sont toutes nôtres, et nous ne sommes
03:16 pas fous, nous réclamons amour et pureté.
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