Pendant près d'une heure ce mardi, le président de la République, qui avait rencontré des agriculteurs du Doubs, a fait une visite dans un bar-tabac de Roulans, où il a discuté avec le patron des lieux et les clients. Une visite passée sous les radars, à laquelle aucune caméra n'a été conviée.
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00:00 Le président de la République, évidemment, présidera ce matin cette cérémonie d'hommage aux victimes françaises, aux invalides.
00:06 Et il était hier le chef de l'État dans le Doubs.
00:09 Alors, on s'étonne du timing parce qu'il y a déjeuné avec Gabriel Attal, assez long déjeuner.
00:14 Et puis dans l'après-midi, il se trouve dans une exploitation agricole du Doubs avant de faire une halte dans un bar.
00:20 Une visite qui n'a pas été annoncée. Pourquoi ?
00:23 Alors, le pouvoir isole, on le sait, c'est un phénomène qui touche tous les présidents,
00:26 en particulier dans une monarchie républicaine comme la nôtre.
00:29 Souvent avec les contraintes de sécurité et le protocole.
00:32 Il y a 40 ans, François Mitterrand, qui était un grand promeneur devant l'Eternel,
00:36 avait l'habitude de ses échappées solitaires.
00:38 En août 1983, il était allé discuter avec les habitants d'une barre d'immeubles de Saint-Etienne avant de lancer un plan banlieue.
00:44 Il n'avait même pas prévenu le maire ni le préfet. On le voit sur cette photo.
00:48 Pour Emmanuel Macron, c'est la même chose.
00:50 Après le conflit avec les agriculteurs, pouvoir échanger de façon directe sans le filtre des conseillers,
00:54 des représentants des corps constitués, et puis surtout sans cette forêt de micros et de caméras
00:58 qu'il accompagne dès qu'il met un pied en dehors de l'Elysée, c'est précieux.
01:01 Il n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai sur les balades, Emmanuel Macron.
01:04 On l'avait vu à l'automne dernier, vous vous souvenez, sur les quais de Seine,
01:06 échanger avec des jeunes sur le conflit israélo-palestinien.
01:09 On l'avait vu au moment du déconfinement appeler au téléphone lui-même directement un boulanger.
01:15 Le maire de Rouland dit lui-même dans l'Est républicain
01:17 qu'il n'était pas au courant de la venue du président sur sa commune hier.
01:21 À chaque fois, le président sait quand même que l'information, elle sortira.
01:25 Oui, parce qu'il ne faut pas être naïf, évidemment, quand le président débarque quelque part
01:29 sans prévenir dans votre bar tabac, vous le racontez.
01:32 Surtout qu'on vit dans une époque où tout circule, où tout le monde peut prendre des photos,
01:35 tout le monde peut les poster sur les réseaux sociaux.
01:37 Ça se sait. Il y a donc une grande part de communication.
01:40 Mais attention, il ne faut pas se louper.
01:41 Je vous donne deux mauvais exemples de présidents à la rencontre des Français.
01:45 Regardez, on est en octobre 2015 à Vendeuve-les-Nancy,
01:49 et on a qui ? François Hollande qui s'incruste chez Lucette pour boire un café.
01:53 Alors c'est tellement mis en scène.
01:55 Il y a, vous voyez, là pour le coup, toutes les cravates autour de la table.
01:58 Même le bouquet, on apprendra que c'est la mairie qui l'avait acheté.
02:00 Bref, c'est raté.
02:02 Deuxième mauvais exemple, c'est Noël 1974.
02:06 Valéry Giscard d'Estaing vient d'être élu.
02:08 Et il invite trois éboueurs à petit déjeuner à l'Élysée.
02:11 Pour paraître proche du peuple, le décalage est total et l'effet est inverse.
02:14 Il en sortira encore plus grand bourgeois qu'il ne l'était.
02:17 Mais qu'est-ce que vous voulez ? Pour Emmanuel Macron, c'est donc aussi raté ?
02:20 Non, c'est plutôt réussi parce que l'info, elle sort bien par un canal non officiel,
02:24 ce qui lui donne un caractère encore plus authentique.
02:27 En termes d'image, pour un président qu'on dit très parisien, très coupé des Français,
02:31 c'est donc plutôt réussi, en particulier dans un moment où il est censé être…
02:33 Coupé des Français, mais il aime bien aller au contact.
02:35 Exactement.
02:35 Mais c'est une critique qui revient souvent sur lui, sur son trait d'image.
02:39 Mais en plus, on est dans un moment de politique politicienne,
02:41 on compose le gouvernement, donc c'est plutôt réussi.
02:43 Tiens, puisqu'on parle de communication,
02:45 hier, à la même heure, juste après l'heure déjeuner,
02:47 Gabriel Attal, lui aussi, a fait de la com',
02:50 mais dans son bureau, depuis Matignon, regardez,
02:53 il a posté sur Instagram un message pour nous prévenir qu'il avait téléchargé une application
02:57 et donc il s'est pris un selfie B-Real,
03:00 une application qui vous ordonne en gros de prendre une photo à un moment, à un instant T,
03:04 et donc le voilà, son bureau est lui-même.
03:06 Mais regardez, on a quoi ?
03:07 Un Premier ministre dans son bureau, tourné vers lui-même, qui envoie un selfie,
03:11 un président sur le terrain, au contact des Français.
03:14 À votre avis, qui gagne ?
03:16 C'est sûr.
03:17 Le deuxième.
03:17 Eh ben ouais, la politique, c'est un métier.
03:19 Bien sûr.
03:20 Par contre, quand même, il va au contact des agriculteurs,
03:23 on n'a aucune image de ce contact, on ne sait pas ce qu'ils se sont dit,
03:25 on parle plus du barzabat de roulant, finalement,
03:28 que de l'exploitation agricole en question ce matin.
03:30 Oui, mais probablement parce que l'échange avec les agriculteurs était, pour le coup,
03:33 précieux pour lui, d'un point de vue de la discussion de l'intérêt,
03:36 mais c'était pas chargé, l'objectif n'était pas de communiquer là-dessus.