• il y a 10 mois
Itw des journalistes de France Bleu Alsace qui ont couvert les évènements, le 11 décembre 2018.

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Transcription
00:00 Je suis arrivé ici à la radio, je me suis allongé dans le canapé et j'avais presque
00:05 envie de pleurer.
00:06 Émotionnellement c'était fort, c'est vrai que c'était assez violent.
00:10 J'ai couru vers la radio, j'ai pris un agra et j'ai monté la rue des Juifs, la rue principale
00:26 de Strasbourg et là tous les gens venaient vers moi dans l'autre sens en courant, en
00:30 pleurant, en criant.
00:31 Et moi j'ai couru dans le centre-ville et c'est là où je me suis retrouvé tout seul
00:36 d'un coup, il n'y avait plus un bruit et là j'ai commencé à m'inquiéter.
00:39 Je repars dans la rue et là il y a un membre de la Sentinelle qui me dit "qui vous êtes,
01:08 pourquoi vous êtes là ?"
01:09 Je lui dis "je suis journaliste" il me dit "sortez de ce périmètre, il y a un homme
01:12 dangereux qui est en ce moment dans le secteur".
01:14 Et là je ne me pressais pas vraiment, j'étais un petit peu affolé mais sans vraiment comprendre
01:20 ce qui se passait encore et c'est quand il m'a accompagné, il m'a pris par le bras,
01:22 il m'a dit "maintenant on y va et on court ensemble".
01:24 Et là j'ai commencé à pleurer.
01:30 Et quand je suis descendu, ils étaient en train de totalement fermer la zone près de
01:35 la place de Guttenberg pour sécuriser la zone et pour que tout le monde sorte.
01:40 Et je suis sorti en même temps que d'autres résidents du centre-ville de Strasbourg.
01:44 [Musique]
01:47 [Bruit de moteur]
01:51 [Musique]
02:14 Les rues sont vides, il n'y a personne dans la ville, on ne sait pas, les gens ont peur,
02:19 les gens sont devant leur télé et même le lendemain, on se dit tous "il faut que
02:23 la vie reprenne", oui sauf qu'on ne savait pas où était le terroriste en question,
02:27 on ne savait pas s'il était toujours à Strasbourg, s'il s'était enfui, donc
02:30 le fait qu'il n'y ait aucun bruit dans la ville c'était vraiment saisissant.
02:34 [Musique]
02:41 Ce sont des quartiers qui sont bouclés très rapidement, il y a des écoles, il y a des
02:45 logements dans ces périmètres, donc les gens sont très inquiets et puis nous on arrive
02:49 sur place par dizaines et par dizaines, il y a toute la presse mondiale quasiment qui
02:54 est présente, toutes les télévisions qui font des directs, il y a des gens qui pensent
02:58 avoir vu Chérif Shekat qui les appelle, on va vérifier tout ça, la ville est en quelque
03:04 sorte en état de siège et puis il y a toujours cette inquiétude de savoir ce tireur
03:10 armé a erré dans les rues de la ville.
03:13 [Musique]
03:18 Et au moment où on apprend qu'il a été abattu, neutralisé, c'est un immense soulagement,
03:24 les gens reprennent une vie "normale" tout en imaginant qu'on n'est pas à l'abri
03:30 d'un attentat.
03:34 [Musique]
03:38 Je pense qu'il y a aussi un sentiment d'une nécessité de résilience, enfin comme
03:42 après chaque attentat et je pense qu'on l'a vu avec les commerçants du centre-ville
03:46 de Strasbourg qui ont très vite voulu enlever tout ce qui ressemblait à de la commémoration,
03:51 tout ce qui rappelait l'attentat des mois après, parce que c'était dur de revoir
03:55 ça tous les jours, de se dire que la rue des Orfèvres est résumée à "il y a eu
03:59 un attentat" et je pense que les gens ont aussi beaucoup envie de passer à autre chose
04:03 même si évidemment qu'on doit se souvenir et qu'il faut se souvenir et que c'est
04:07 très dur, mais je pense que la résilience est quand même arrivée assez vite aussi
04:11 pour l'attentat de Strasbourg.
04:15 Ça a été dur deux jours, trois jours après, et l'être humain est bien fait quelque part
04:20 parce qu'on se remet vite dans la vie quotidienne, mais malgré tout ça laisse une trace,
04:25 ça laisse une trace, c'est clair.
04:29 [Musique]

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