• il y a 10 mois
Ce jeudi 1er février 2024 sort "Nudes", une série qui dénonce les ravages du sexisme sur internet. L'une des trois réalisatrices choisies pour aborder cette thématique à l'écran, la militante féministe Andréa Bescond, évoque avec le jeune acteur principal Baptiste Masseline les enjeux de cette fiction hautement nécessaire. Ensemble, ils interrogent les violences 2.0 et soulignent l'urgence de s'y confronter.
Transcription
00:00 Ça commence à la maison, ça continue à l'école, ça explose en ligne en fait.
00:03 Parce que ce sont des femmes libres qui ont envoyé des photos, des vidéos intimes à quelqu'un à qui elles faisaient confiance dans le cadre d'une relation
00:15 de confiance a priori. Et ce qui est fou, c'est l'inversement des prismes en fait. C'est qu'on va
00:21 d'abord blâmer la victime, mais c'est pareil dans les agressions sexuelles et les viols. On parle encore de
00:28 l'habillage de la personne qui a été violée.
00:30 Je déteste quand on dit prise de conscience, mais
00:36 honnêtement, je suis obligée de le dire. Il faut vraiment se confronter au sujet parce qu'il y a urgence en fait. Il y a vraiment
00:42 urgence et encore une fois, cette série n'est pas faite pour blâmer la jeunesse. Au contraire, on doit protéger nos enfants
00:48 et on le fait pas. J'aimerais quand même que cette série puisse faire bouger les consciences de ce côté-là. Je suis d'accord, je suis complètement d'accord.
00:55 Non, c'est vrai. Moi, j'aimerais bien que ça fasse aussi
00:57 relativiser les gens sur l'importance des réseaux sociaux et l'importance des téléphones dans la vie de tous les jours. Les réseaux sociaux, c'est
01:03 bénéfique quand on arrive à les doser. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que ça devienne une priorité.
01:09 Quand j'ai vu qu'il y avait le personnage de Victor, j'avais déjà commencé un peu mon process de poste noir sur les réseaux sociaux
01:19 où je prenais l'angle de l'auteur et je me suis dit "mais non, c'est ça que j'ai envie de traiter moi aujourd'hui".
01:23 "Adonkhebe, brigade de protection des mineurs. Le plaignant vous reproche d'avoir commis l'infraction qui traite l'enregistrement,
01:29 la transmission, la diffusion d'images pornographiques d'une personne mineure."
01:33 En plus, j'avais déjà fait l'échatouille sur la pédocriminalité.
01:36 Le point de vue que j'ai en acceptant cette série, c'est justement de mettre en avant cette jeunesse, de ne pas condamner les garçons
01:43 qui font ça, mais pouvoir montrer que c'est un mécanisme social aujourd'hui qui est très courant.
01:51 Parce que je pense que sur le moment, ils ne se rendent pour la plupart pas forcément compte de ce qu'ils font et
01:56 est réellement dangereux. Cette série est aussi bénéfique dans un sens où elle permet aux jeunes d'être
02:02 sensibilisés concernant les conséquences de ce genre de pratiques qui sont très nocives.
02:07 "Ça vous fait quoi d'avoir un fils qui est capable de ruiner la vie de quelqu'un juste pour se marrer cinq minutes ?"
02:11 De toute façon, ça découle de ça, c'est-à-dire que toute cette domination masculine fait que forcément les hommes ont un ego parfois beaucoup plus
02:18 développé. Le principe de la revenge porn est beaucoup plus pratiqué par les garçons et les hommes.
02:24 "Ça me rassure beaucoup de voir que les choses bougent, parce que j'ai deux petites sœurs, et qu'aujourd'hui j'aimerais qu'elles puissent
02:33 grandir et se sentir en sécurité à n'importe quel moment de la journée, à n'importe quel endroit."
02:37 Mais c'est ça qui est touchant, je trouve, la différence de vision entre les hommes et les femmes, c'est-à-dire que les hommes
02:43 ultra bienveillants, normaux en fait, comme Baptiste, qui sont respectueux à l'égard des femmes, ils vont dire
02:48 "C'est super, ça avance, c'est tout effigy." En tant que femme, on dit "Mais en fait, on parle, on parle, on
02:54 argumente, on montre les chiffres, on montre à quel point
02:57 ça ne progresse pas." Alors oui, bon, il y a des référents,
03:01 harcèlement, des trucs comme ça dans des entreprises. Il y a un espace qui évolue, on laisse les victimes s'exprimer, mais on ne les écoute pas,
03:08 c'est pas vrai.
03:12 Il serait temps de valoriser les rapports sociaux, de créer du débat constant, d'avoir une matière à l'école où les enfants, des classes,
03:20 puissent débattre autour de sujets sociaux comme cela, cyberharcèlement, pédopornographie,
03:25 cyberpornographie, revenge porn, agression sexuelle, viol, incest, pédocriminalité, homophobie,
03:32 transphobie. Tout ce spectre de la violence là qu'il faudrait étudier dans l'intime, en fait, et pas que dans des spots publicitaires
03:40 ou des numéros.
03:42 [Musique]

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