La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, syndicats majoritaires dans le monde agricole, ont appelé à suspendre les blocages ce jeudi, après les nouvelles annonces de Gabriel Attal. Le gouvernement s'est notamment engagé à mettre "en pause" le plan Écophyto, visant à réduire l'usage des pesticides
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00:00 Alors moi je pense qu'en sacrifiant l'écologie, on a aussi sacrifié les agriculteurs.
00:04 Je vais vous prendre un exemple que j'avais d'ailleurs cité pendant le forum que vous aviez organisé,
00:09 par rapport à Ecofito.
00:11 Ecofito c'est la réduction de 50% des pesticides,
00:14 alors là on a une trajectoire qui était prévue pour 2035,
00:18 en vérité elle était prévue depuis longtemps pour 2018,
00:22 mais bon on n'a jamais réussi à réduire cette utilisation des pesticides.
00:26 Mais on a aussi une zone atelier en Deux-Sèvres,
00:30 sur la commune de Chizé, qui est pilotée par le CNRS,
00:33 sur plusieurs milliers d'hectares, on n'est pas sur un petit truc de quelques milliers de mètres carrés,
00:37 on est sur un truc de plusieurs milliers d'hectares, plusieurs centaines d'agricultures,
00:40 où précisément on engage la réduction de 50% des pesticides.
00:47 C'est quoi la conclusion de plusieurs années d'expérimentation sur cette zone atelier ?
00:51 C'est qu'en réduisant de 50% les pesticides, on ne perd pas en productivité,
00:57 c'est-à-dire qu'on a exactement les mêmes rendements que quand on utilise ces pesticides,
01:02 mais au passage, parce qu'on utilise moins de pesticides,
01:04 la rentabilité par hectare de céréales est augmentée de 200 euros par hectare et par an.
01:10 Ce qui constitue, si on a une structure céréalière d'une centaine d'hectares,
01:14 un gain de revenu pour l'agriculteur de 20 000 euros par an.
01:18 Moi je dis que si on avait eu la volonté d'avancer sur la réduction de ces pesticides,
01:24 on avait une vraie mesure économique pour les agriculteurs.
01:27 Et donc là, on est en train de prendre exactement le mauvais chemin.
01:31 Ça valide ce qu'on a essayé de défendre sur le fait que les écologistes et l'écologie,
01:36 en vérité, sont les meilleurs alliés de l'agriculture.
01:39 Et ça valide aussi le fait que les mesures proposées par M. Macron et par M. Attal
01:45 ne sont pas au rendez-vous de l'attente sur le revenu des agriculteurs.
01:49 Je prends l'exemple des 150 millions d'euros pour l'élevage.
01:52 Il y a 150 000 éleveurs aujourd'hui en France.
01:56 Ça veut dire que cette mesure va libérer 1000 euros par an.
02:01 1000 euros par an. Ça ne paye même pas un mois de salaire.
02:04 C'est même pas la moitié d'un salaire quand on doit payer un salarié au SMIC
02:09 et qu'on doit financer les cotisations.
02:12 Pourtant, Benoît Bittau, vous dites que ces annonces ne sont pas au rendez-vous.
02:15 Mais on a quand même le sentiment ce soir, et c'est ce que confirme aussi
02:20 une partie de nos équipes sur le terrain, qu'on se dirige vers une sortie de crise
02:24 sur le terrain en tout cas, dans le sens où l'ensemble ou la plupart des blocages
02:29 sont en train d'être levés progressivement, même s'il reste beaucoup de prudence
02:33 et même s'il va falloir qu'on passe évidemment des paroles aux actes.
02:39 Évidemment qu'il va falloir passer des paroles aux actes.
02:41 Et moi, je pense que quand les agriculteurs vont essayer de décliner concrètement
02:46 ce que représentent ces mesures, et j'ai pris l'exemple des 150 millions d'euros
02:50 pour l'élevage, il y a 400 millions d'euros sur la table,
02:52 mais quand on prend vers où ils sont orientés, on retombe à peu près sur des mesurettes
02:58 qui représentent en vérité quelques centaines d'euros par an pour une structure agricole.
03:03 Les agriculteurs vont vite se rendre compte qu'on a présenté des enveloppes globales
03:07 qui peuvent paraître importantes, 150 millions d'euros ou 400 millions d'euros au total,
03:12 c'est quand même des enveloppes importantes, mais qu'en déclinaison et en répercussion
03:17 de ce que ça va avoir concrètement dans la comptabilité de l'agriculteur,
03:21 on va se rendre compte que c'est peanuts, que c'est trois fois rien,
03:26 c'est comme l'exemption des taxes sur le gasoil non routier,
03:31 on va se rendre compte qu'en vérité ça va apporter 300 ou 400 euros de charge en moins,
03:38 mais ce n'est pas ça qui va sauver le revenu des agriculteurs,
03:42 donc attention au moment où on va décliner à se rendre compte
03:47 que finalement tout ça ne sont que des mesurettes,
03:50 et attention à la gueule de bois quand on va vraiment se rendre compte
03:53 de ce que ça représente pour chacune des structures agricoles.