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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver ce soir.
00:03 Max, non mais très sincèrement, vous pouvez me ramener après parce que j'ai pas de voiture.
00:06 Ah non, vous venez de tenir quelques propos qu'il faut que vous êtes à pied ce soir.
00:10 Non mais c'est vrai, je suis à pied. Il y a quelqu'un qui peut me ramener ou pas ?
00:13 Je peux vous accompagner à pied. Marcher avec vous dans Paris.
00:17 Je sais presque piloter un avion mais pas une voiture.
00:19 Bon allez, je ferai un effort.
00:20 Soyez gentil.
00:21 Excusez-nous, on est en train de mettre les...
00:23 Il est 19h, Vincent Fendez est là pour la Minute Info. Bonsoir Vincent.
00:28 Bonsoir Christine, bonsoir à tous et à la une de l'actu.
00:30 Le chef de l'État appelle à un retour au calme ce soir dans le cadre du mouvement de colère des agriculteurs.
00:35 La FNSEA, elle, appelle à suspendre les blocages. Dans le même temps, certaines collectivités, elles,
00:40 dressent un premier bilan de ces derniers jours.
00:42 À Agen notamment, les dégâts sont estimés à 400 000 euros.
00:45 Les mesures censurées de la loi Immigration vont-elles finalement être réintégrées ?
00:49 Le groupe centriste au Sénat a déposé une proposition de loi dans laquelle figurent 16 de ces dispositions
00:55 parmi lesquelles le durcissement des conditions d'accès au regroupement familial ou encore aux APL.
01:00 Et puis enfin, le chef du Hamas est attendu en Égypte pour discuter d'un nouvel arrêt des combats.
01:05 Le responsable du mouvement doit étudier une proposition de trêve qui lui a été adressée,
01:09 six semaines d'arrêt des combats et un nouvel échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.
01:15 Merci Vincent, nous sommes très en retard, on a commencé très en tard ce soir.
01:20 Au sommaire, cette journée a été très importante pour les agriculteurs.
01:26 Succession de conférences de presse et d'annonces de la part des ministres concernés par la crise,
01:31 mais également du chef de l'État depuis Bruxelles à l'issue du sommet européen.
01:35 La FNSEA et les jeunes agriculteurs ont eux aussi tenu une conférence de presse pour appeler à lever les barrages,
01:41 mais à maintenir la pression.
01:42 Concrètement, les annonces n'ont pas apaisé tous les agriculteurs.
01:46 Plusieurs appels à maintenir la mobilisation, cacophonie sur le terrain et même en ce moment même,
01:52 devant le Parlement à Bruxelles, édito de Mathieu Beaucoupté.
01:56 La crise vient de la France périphérique.
01:59 Peut-être que cette crise va passer, mais elle ressurgira des mêmes territoires,
02:04 selon l'essayiste Christophe Guilloui ce matin sur CNews avec Sonia Mabrouk.
02:09 Il souligne la morbidité du modèle des métropoles malthusiennes, individualistes, loin du réel et de la vie.
02:17 En quoi ces révoltes ne représentent-elles pas les marges de la société,
02:23 mais ce sont la société elle-même, c'est la société elle-même, l'analyse de Guillaume Bigot.
02:28 En ce 1er février, cela nous rappelle l'hiver 1954, autrement plus sévère qu'à Paris,
02:36 puisque le thermomètre affichait -13 degrés.
02:39 Suite à la mort d'une femme, un jeune curé, l'abbé Pierre, lance un appel à la radio pour venir au secours des plus démunis.
02:46 C'est le début de la légende de ce prêtre iconique, mais aujourd'hui encore,
02:51 il nous faut nous interroger sur les conditions de vie des plus déshérités.
02:56 Avec Marc Menand, nous évoquerons leur sort et l'histoire de l'abbé Pierre.
03:01 Aujourd'hui, se tenait à Bruxelles un sommet européen initialement consacré à l'Ukraine,
03:07 on l'a même oublié, mais très largement perturbé par la crise agricole.
03:11 Quels sont les enjeux portés par la France aujourd'hui ?
03:14 Que sait-on déjà des réactions de la Commission européenne sur ces sujets ?
03:17 On dit souvent qu'Emmanuel Macron est bloqué dans un logiciel européen qu'il plébiscite par ailleurs.
03:22 Que comprendre du rapport à la Commission européenne ces derniers jours, le décryptage de Charlotte Dornelas ?
03:30 Et puis les professeurs étaient en grève aujourd'hui.
03:33 Ils le sont dans un contexte où la ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa Castera est fragilisée comme jamais.
03:41 Que comprendre de cette grève ?
03:43 Les revendications qui l'accompagnent sont-elles bien identifiées ?
03:47 L'édito de Mathieu Boccote.
03:50 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité.
03:52 Mathieu a été chez le coiffeur, je ne sais pas si vous avez remarqué.
03:55 Très beau garçon ce soir, les mousquetaires prennent soin d'eux.
03:58 C'est parti !
04:00 Emmanuel Macron est à Bruxelles mais ses annonces n'ont pas suffi.
04:17 Mathieu Boccote a calmé tous les agriculteurs.
04:20 On pourrait dire que les Français lui ont confié une mission.
04:23 Entrer dans le vrai rapport de force avec la Commission européenne et plus largement avec l'Union européenne.
04:30 C'est une mission compliquée pour lui quand on sait la profondeur des convictions européennes du Président de la République.
04:36 Absolument, j'ai cherché à comprendre le sens de cette présence à Bruxelles aujourd'hui vu le contexte actuel.
04:43 Donc ça dépassait effectivement la question ukrainienne.
04:46 On peut voir ça comme le moment du grand écartèlement d'Emmanuel Macron.
04:50 C'est-à-dire voilà un homme, et on va voir qu'il va résoudre l'écartèlement à l'avantage de ses convictions européistes.
04:55 Mais voilà un homme qui avait comme mission aujourd'hui, pour renforcer sa présidence,
05:00 il devait envoyer le signal, c'est une forme de mise en scène théâtrale,
05:04 qu'il allait à Bruxelles ramener un ordre dans une logique française.
05:08 Il allait à Bruxelles non pas simplement pour défendre les intérêts français comme tant d'autres vont défendre les intérêts de leur pays.
05:14 Il allait pour créer, objectivement, aux yeux de tous, à tout le moins, un rapport de force pour dire c'est terminé les excès de Bruxelles,
05:21 c'est terminé les excès de la Commission, je rétablis un rapport de force à l'avantage de la France,
05:26 et ce sera l'occasion de montrer à tous que la France ne se laisse pas imposer des décisions qui sont contraires à ses intérêts.
05:34 Donc ça, on pourrait dire que c'était la trame de fond de ce voyage aujourd'hui, de cette présence aujourd'hui.
05:40 Emmanuel Macron n'y allait pas sur le mode justement du « je suis un européiste fervent, je veux toujours plus d'Europe »,
05:47 mais il y a sur le mode « j'ai changé, j'ai changé suffisamment, aujourd'hui vous allez voir l'Europe, je suis là pour la calmer, pour la mater si nécessaire ».
05:57 Mais ça dure le temps de quelques discours. On l'entendait parler aujourd'hui, j'avais quelquefois l'impression que
06:02 Thotémy Bigot était président de la République pour un instant, parce que le président de la République était assez sévère envers l'Europe,
06:07 on avait l'impression que l'Europe causait des problèmes, on avait l'impression qu'il était temps de ramener de l'ordre.
06:12 Mais à la fin, quelle est la solution proposée par Emmanuel Macron ? « C'est toujours plus d'Europe ».
06:18 C'est-à-dire que tout ça, un discours, notamment avec la création, c'est formidable, c'est presque de la poésie,
06:23 la force européenne de contrôle sanitaire et agricole. Donc il manquait probablement une force à Bruxelles,
06:30 il manquait probablement un organe de contrôle, il manquait probablement un organe producteur de normes,
06:35 et ça manquait évidemment. Donc pourquoi ne pas en faire un nouveau au terme de cette crise, dont une bonne partie des...
06:42 on pourrait dire la colère, s'alimentait du refus de l'hyper-normativité bruxelloise ?
06:47 Quelque chose d'un peu étonnant. Je me suis permis de faire un détour aujourd'hui par une lecture,
06:51 pour voir quel est l'état d'esprit du président de la République lorsqu'il aborde la question européenne.
06:55 Parce qu'on sait qu'il y avait trois grands enjeux, globalement les normes de Bruxelles dans le cadre de la crise européenne
06:59 des agriculteurs, la question des migrants, qui n'est jamais loin, soit dit en passant, et l'Ukraine, évidemment.
07:04 Alors ça c'est particulier, parce qu'on comprend que l'Europe est toujours prête à faire plus,
07:08 et trouver des ressources infinies pour l'Ukraine, ressources qui, je reviendrai, qui manquent quelquefois
07:13 pour ses propres citoyens. Donc c'est comme si c'est plus avantageux d'être à la frontière de l'Europe
07:17 que d'être dans l'Europe directement pour les peuples. Cela dit, j'y reviens parce que c'est assez intéressant,
07:22 j'ai relu aujourd'hui, dans les mémoires de Jean Monnet, les mémoires de Jean Monnet,
07:26 qui ont été rééditées en 2022, une double préface. Il y a une préface d'Ursula von der Leyen,
07:32 et il y a une préface d'Emmanuel Macron. - Faites voir, c'est quel livre, pardon?
07:36 - Alors ce sont les mémoires de Jean Monnet, le père fondateur de l'Europe, donc les mémoires de Jean Monnet.
07:41 Et qu'est-ce qu'il nous dit là-dedans? Alors, Emmanuel Macron dénonce dans sa préface
07:46 les égoïsmes nationaux, les individualismes nationaux, autrement dit, des nations qui n'ont pas compris
07:52 que la logique de notre temps se situe au niveau européen. Et Madame von der Leyen, je sais tout,
07:57 parce que les deux signent ensemble, en fait, chacun leur préface, mais signent le même livre.
08:02 Elle a cette phrase qu'elle dit, c'est vraiment passionnant, ça m'a frappé.
08:05 En effet, une citation de Jean Monnet, c'est Madame von der Leyen qui parle.
08:08 « Peut-être la phrase la plus célèbre de ces mémoires m'a toujours accompagnée
08:12 dans les moments les plus délicats de mon mandat en tant que présidente de la Commission,
08:16 et je vous cite, j'ai toujours pensé que l'Europe se ferait dans les crises
08:21 et qu'elle serait la somme des solutions qu'on apporterait à ces crises. »
08:25 C'est intéressant quand même. C'est Madame von der Leyen, qu'est-ce qu'elle nous dit?
08:29 C'est que plus il y a de crise, mieux c'est pour l'Europe.
08:32 Plus on construira de l'Europe. Plus l'Europe va se renforcer.
08:34 Et voilà, sachant que rien n'est plus important que la construction européenne,
08:37 sachant qu'il n'y a aucun problème, je vais le formuler autrement, rien n'est plus important,
08:43 quelles que soient les circonstances, que la solution ce soit il faut plus d'Europe.
08:46 C'est la solution en toutes circonstances. Ce que disait aussi Jean Monnet,
08:49 on va le citer un instant, ce livre préfacé de manière à la manière de livre prophétique
08:53 par Emmanuel Macron et par Madame von der Leyen.
08:55 « Les nations souveraines du passé ne sont plus le cadre où peuvent se résoudre les problèmes du présent,
09:01 et la communauté elle-même n'est qu'une étape vers les formes d'organisation du monde de demain. »
09:06 Alors, je trouve ça intéressant de passer par ce petit détour littéraire. Pourquoi?
09:10 Parce que ça nous dit la structure mentale de ceux qui nous dirigent.
09:14 Aujourd'hui, en fait depuis quelques semaines, la colère des agriculteurs,
09:18 c'est une colère qui dit moins de normes, moins d'Europe, moins d'encadrement,
09:22 ce qui veut pas dire pas d'Europe, mais il faut changer de modèle.
09:25 Mais on est avec une classe dirigeante qui ne peut pas sortir de ce système mental.
09:29 Quoi qu'il en soit, j'y reviens, il y a deux étapes en fait.
09:32 Il y a la question du Mercosur, c'est intéressant.
09:35 Donc d'un côté la France dit « on va tout faire pour que ça passe pas »,
09:38 mais « on va tout faire pour que ça passe pas » veut pas dire « ça passera pas ».
09:41 C'est « on va engager un rapport de force, mais en dernière instance,
09:45 on engage un rapport de force par rapport à une souveraineté qui nous dépasse. »
09:48 Et là, il y a l'originalité d'Emmanuel Macron, j'insiste là-dessus,
09:50 c'est qu'Emmanuel Macron, qui est un homme intelligent,
09:52 dit « c'est une souveraineté qui nous dépasse, mais c'est une souveraineté nécessaire. »
09:56 Parce qu'il est lui-même d'accord avec cette souveraineté qui dépasse la souveraineté française,
10:00 ce qui n'est pas sans intérêt.
10:02 Quoi qu'il en soit, le récit de la journée, j'y reviens, c'est important,
10:04 c'était le récit des concessions bruxelloises à la France dans le contexte présent.
10:10 Je comprends que les agriculteurs, pour l'essentiel,
10:12 ont accepté une bonne partie des concessions mises en scène.
10:15 Reste à voir si la faille de système qu'ils ont identifié depuis quelques semaines
10:18 a véritablement trouvé une réponse politique.
10:21 Le président ne fait-il pas preuve d'une plus grande souplesse, qu'on ne le dit,
10:27 en allant défier les autorités européennes, selon vous ?
10:31 Oui, on peut se demander, parce qu'Emmanuel Macron était sur le monde national aujourd'hui.
10:35 On pourrait dire « Emmanuel Macron le français davantage qu'Emmanuel Macron l'européen »,
10:39 sachant, quoi qu'en disent les européistes, que les deux peuvent se confronter.
10:42 Les deux identités ne s'emboîtent pas nécessairement comme allant de soi.
10:46 Or, il y avait un petit côté là-dedans, dans l'histoire de toutes les idéologies.
10:50 Qu'est-ce qu'on constate ?
10:51 C'est que quand une idéologie est rejetée par la population,
10:53 il est nécessaire de faire un pas en arrière pour donner l'impression qu'on a entendu la population.
10:58 Quel était ce pas en arrière ?
11:00 Aujourd'hui, c'est une forme de comparaison historique.
11:02 Vous savez, ma passion pour les comparaisons avec l'URSS.
11:04 Ça me fait penser un peu à la NEP.
11:06 Qu'est-ce que c'était la NEP ?
11:07 C'est la politique prise par Lénine pour ramener un peu de capitalisme
11:10 quand il se rend compte que le socialisme ne fonctionne pas, au tout début.
11:12 Mais ce n'est pas une concession sur le fond des choses.
11:14 C'est nécessaire, pour un temps, de réinjecter un peu de capitalisme.
11:18 Ça va oxygéner la société, mais ça permet de faire un saut ensuite pour avoir plus de socialisme.
11:23 Autre contexte, je dirais que d'un point de vue européen,
11:26 aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a vu ?
11:27 C'est qu'il faut ramener un tout petit peu de nations
11:30 pour être capable de se donner un nouveau souffle pour le prochain grand saut européen,
11:34 pour le prochain grand saut européiste.
11:36 À tout le moins, c'est comme ça que je le comprends.
11:38 Par ailleurs, je l'ai évoqué il y a un instant,
11:40 il y a la question de l'Ukraine qui est absolument fascinante ici.
11:42 Rappelez-vous la phrase que j'ai dite de Mme von der Leyen, citant Jean Monnet,
11:49 qui dit « les crises sont essentielles à la construction de l'Union »
11:52 et j'ajoute « rien n'est plus essentiel que la construction de l'Union ».
11:55 Qu'est-ce qu'on peut comprendre ?
11:56 C'est que de ce point de vue, et je ne prête aucune pensée coupable ou complotiste là-dedans,
12:01 je dis simplement, il faut voir une logique,
12:03 du point de vue de la construction européenne,
12:05 on pourrait dire qu'on a tout intérêt à ce que la guerre en Ukraine dure le plus longtemps possible,
12:09 parce que plus la guerre se déroule et plus la souveraineté européenne se constitue,
12:13 plus la souveraineté européenne se constitue,
12:15 plus la construction de l'Europe avance,
12:17 et plus la construction de l'Europe avance, et plus l'humanité est heureuse.
12:20 En gros, si j'ai bien compris leur raisonnement.
12:22 Donc on peut se demander à ce moment, et je ne dis pas qu'il y a une forme de calcul cynique,
12:26 je dis que dans l'esprit de ceux pour qui l'Europe est plus importante que tout,
12:30 cette guerre se présente presque à la manière d'une divine surprise.
12:33 C'est-à-dire que c'est l'occasion pour l'Europe d'aller plus loin que jamais
12:37 dans l'affirmation de sa souveraineté.
12:40 Comme je le dis, je ne pense pas que c'est un calcul qui est cynique,
12:42 je pense que c'est presque un effet mécanique qui se dévoile ici.
12:46 Dans la question du rapport à l'Ukraine, j'insiste par ailleurs, je le dis en un mot,
12:49 tant et tant et tant d'argent pour l'Ukraine, très bien, il faut soutenir,
12:52 moi je suis du parti pro-ukrainien,
12:54 mais je constate que tant et tant et tant d'argent pour l'Ukraine,
12:57 eh bien, tout cet argent, tout ce temps, toute cette inventivité politique,
13:01 on ne l'a pas nécessairement pour les membres de l'Union,
13:03 et dans les circonstances, pour les paysans, les agriculteurs,
13:06 ils, eux, souffrent de l'Union, de Varsovie jusqu'à Paris.
13:11 - Il n'en demeure pas moins que la construction européenne,
13:15 Mathieu Bocoté repose aujourd'hui sur une faille insurmontée,
13:18 on en a déjà parlé ici, le référendum de 2005,
13:21 dans quelle mesure cet événement pèse encore sur le destin de la France ?
13:27 - Ah, mais c'est le traumatisme inaugural à bien des égards de 2005,
13:30 on pourrait même dire le traumatisme, c'était Maestric,
13:32 parce qu'il aurait suffi de quelques votes pour que Maestric donne un autre résultat,
13:36 et ça, c'est un traumatisme, donc on voit quand les élites, entre guillemets,
13:40 perdent un référendum, ou ont peur de le perdre, en 2005, ils l'ont perdu,
13:44 ils se disent plus jamais ça, le peuple n'a pas la compétence civique nécessaire
13:48 pour se prononcer sur des questions aussi complexes,
13:51 donc on a donné l'occasion au peuple de voter, et il a mal voté,
13:55 peur reconduite au moment du Brexit, peur reconduite devant la montée des dits populismes,
14:00 donc il y a une forme de conviction qui s'est installée dans une bonne partie des élites,
14:04 il ne faut plus consulter le peuple, il ne faut plus le consulter parce que,
14:08 en dernière instance, le peuple risque de faire dérailler la marge de l'histoire
14:12 telle qu'on le souhaiterait, et dans cette logique, dans cette logique,
14:16 la fonction des peuples maintenant, c'est simplement d'enregistrer les décisions
14:20 fixées par l'Europe, ce n'est plus décider pour leur destin,
14:23 Madame von der Leyen, un instant, encore une fois, c'est absolument exceptionnel,
14:27 la Commission européenne lève désormais des fonds sur les marchés des capitaux
14:31 qu'elle transfère aux États membres sous la forme de subventions et de prêts,
14:35 ces ressources sont utilisées sur la base d'un nouveau concept,
14:39 les plans nationaux transposent les priorités européennes communes
14:43 en investissement et en réforme au niveau local, est-ce qu'on comprend ce que je viens de lire?
14:47 En gros, on décide de mettre en place des systèmes de subventions généralisées
14:51 qui obligent les peuples, et la fonction des nations, c'est simplement d'appliquer les directions...
14:55 - C'est exactement ce qu'on voit. - Les directives fixées à Bruxelles.
14:59 Donc là, quelle est la fonction du référendum ici, puisque je ne m'éloigne pas du sujet référendaire?
15:03 La fonction du référendum, c'est que le référendum, ça surgirait, et là,
15:06 voilà le peuple qui reprend en main le droit de fixer ses priorités,
15:09 de fixer son cadre, de fixer ce qu'il décide.
15:12 Et donc, de ce point de vue, de l'Europe, qu'est-ce qu'on préfère?
15:15 C'est la technostructure éclairée qui apparemment est capable de surplomber les peuples
15:19 sans se laisser toucher par les passions populaires.
15:21 Quelle est la force de la technostructure? C'est qu'elle est capable de s'imperméabiliser
15:25 contre des peuples jugés erratiques.
15:27 C'est parce que la technostructure n'écoute pas les peuples que l'Europe célèbre la technostructure.
15:32 De ce point de vue, on y revient, une forme de révolte inégurale dans la modernité.
15:36 C'est-à-dire, les peuples se révoltent, la Vendée, il faut jamais oublier ce que c'est,
15:40 c'est une révolte contre une modernité qui trucide les identités.
15:43 Eh bien, peut-être que nous sommes encore aujourd'hui tous à notre manière un peu vendéens.
15:48 Merci Mathieu pour votre regard et il va être complété dans un instant avec Charlotte Dornelas.
15:53 Avant de vous faire écouter un petit sonore d'Emmanuel Macron rapidement,
15:57 on rappelle quand même ce qu'il a dit sur le fond, mettre en place un égalisme européen,
16:02 intensification des contrôles, mise en place d'un débat européen sur la transmission d'hétérogènes,
16:08 on en parlait avec Charlotte hier, ou encore mécanisme de protection sur les céréales face au prix,
16:13 notamment ukrainien, demande de création d'une force européenne de contrôle sanitaire et agricole.
16:19 C'était sa conférence de presse à l'issue du Sommet européen.
16:23 Quelques petites secondes avant de continuer avec vous, Guillaume Bigot.
16:27 On écoute le chef de l'État.
16:29 La guerre est là, le monde se transforme, et donc nous devons avoir une politique agricole plus simple,
16:36 qui prenne en compte davantage la nécessité de produire plus,
16:40 qui évidemment intègre nos objectifs environnementaux,
16:44 mais qui le fait en préservant une concurrence loyale, en préservant le revenu des agriculteurs,
16:49 et en préservant notre souveraineté alimentaire.
16:53 Bon, certains disent qu'on n'a pas appris grand chose.
16:57 Non, mais de méchante langue, mais bon, quand même, en tout cas, il a pris quand même la mesure du problème que soulèvent les agriculteurs.
17:06 Il y avait une interview intéressante ce matin sur CNews, comme tous les matins, avec Sonia Maroc, celle de Christophe Guilhuis.
17:13 La crise vient de la France périphérique.
17:15 Peut-être que cette crise va passer, mais elle ressurgira dans les mêmes territoires.
17:20 On connaît les analyses percutantes de l'essayiste et géographe sur la France périphérique, Guillaume Bigot,
17:27 dont il avait anticipé la révolte.
17:29 Sommes-nous dans la France des métropoles contre la France périphérique dans cette crise des agriculteurs ?
17:35 Pardonnez-moi, j'ai changé ma question que j'avais prévue de vous poser, mais c'était pour vous taquiner un peu.
17:39 Vous avez bien fait, et en fait, ce qui a rendu célèbre ce géographe, très très avisé, c'est ce concept de France périphérique.
17:47 Et il utilise cette grille de lecture en opposant effectivement la France périphérique, celle qu'on ne voit pas,
17:53 mais qui est quand même composée des deux tiers ou plus de la France, face à cette France qui a une sorte de monopole de la représentation des choses,
18:02 qui est la France des grandes métropoles mondialisées.
18:04 Et pour lui, cette révolte des agriculteurs, il la lit comme ça.
18:07 C'est un nouvel épisode de ce soulèvement inéluctable, selon lui, de la France périphérique.
18:14 Son nouveau livre s'appelle "Les dépossédés".
18:16 Comme les Gilets jaunes, les agriculteurs sont des dépossédés.
18:21 Dépossédés de leurs revenus, dépossédés des moyens de gagner leur vie, et donc dépossédés d'une forme de dignité.
18:26 C'est moi qui traduis cette fois-ci.
18:28 Je pense que ce n'est pas seulement "on marche sur la tête", c'est "on leur a marché sur la tête à eux".
18:33 On marche sur leur tête.
18:34 Et donc ils essayent, tous ces gens-là, de relever la tête.
18:37 Et le pouvoir, que fait-il ?
18:39 Explique Guy Lui, et je pense qu'il a raison encore une fois.
18:41 C'est qu'il agit un peu avec ses modes d'entreprise, de marketing.
18:45 Il essaye de segmenter.
18:46 Il essaye de segmenter ces révoltes.
18:49 "Oh, attendez, bon, ça ne représente pas beaucoup de gens, etc."
18:52 Et en fait, Guy Lui souligne, peut-être ça ne représente pas beaucoup de gens,
18:56 il n'y en a plus beaucoup des agriculteurs, 380 000,
18:58 mais en attendant, il y a des sondages, après sondage,
19:02 le dernier je crois que c'est RTL, Harris Interactive,
19:05 qui expliquent que 82% des Français les soutiennent.
19:08 Et on voit bien que c'est une majorité silencieuse qui les représente,
19:12 voire même l'idée d'intérêt général.
19:14 Parce que par opposition, il y a cette France des métropoles, mondialisée,
19:18 qui apparaît comme ça, comme le point de référence.
19:21 Mais en fait, dit Guy Lui, ces gens-là déjà sont isolés.
19:26 Ils se sont auto-isolés, ils sont presque enfermés dans des métropoles citadelles.
19:31 Ces métropoles citadelles qui, face à la colère des gueux des agriculteurs,
19:35 est défendue par des blindés, dit-il, les blindés de la gendarmerie, c'est vrai.
19:38 Et il dit, ils se défendent aussi à coups de blindés intellectuels.
19:42 Et là, ça va faire plaisir à Mathieu, parce que pour lui,
19:45 le blindé intellectuel de cette France des métropoles mondialisées,
19:48 ça s'appelle l'extrême droite.
19:50 En fait, l'extrême droite, c'est un blindé intellectuel,
19:53 c'est une arme blindée intellectuelle.
19:54 Dès que la réalité dérange le narratif et la vision du monde de cette France des métropoles,
20:00 ils sortent l'extrême droite.
20:02 Ils extrême droitisent la réalité qui les dérange.
20:04 Parce qu'en fait, ils sont un peu à part, il y a une espèce de séparatisme culturel,
20:08 mais ils ont quand même, dit-il, un monopole de la représentation des choses.
20:12 C'est eux qui écrivent le scénario.
20:15 Et donc, c'est une domination, si vous voulez, culturelle, artistique, médiatique,
20:19 sans contrôle, par exemple, le cinéma.
20:21 Donc, ils se font leur cinéma à travers le cinéma qu'ils contrôlent.
20:24 Et ce cinéma, bien sûr, il est plein de mondialisation,
20:27 plein d'ouverture à l'Europe, plein d'ouverture à l'autre,
20:30 plein de lutte contre le réchauffement climatique,
20:33 plein d'inclusion, plein de migrants fantastiques, etc.,
20:36 qui sont les Victor Hugo de l'avenir.
20:38 Voilà, c'est ça, leur vision du monde.
20:40 Et donc, la révolte des agriculteurs, pour eux,
20:43 Guy lui dit, mais c'est très intéressant,
20:45 parce que c'est vraiment la révolte du réel face à cette représentation virtuelle des choses.
20:50 Et cette révolte du réel, en plus, c'est la révolte de gens
20:53 qui sont vraiment avec des contraintes énormes.
20:55 Les contraintes climatiques, bien sûr, les contraintes du cours des matières premières.
20:58 Et qu'est-ce que fait cette France virtuelle des métropoles européistes ?
21:02 Eh bien, elle leur aggrave ce tableau, c'est-à-dire qu'elle leur colle des contraintes.
21:06 Or, dit-il, et il a raison, cette France des métropoles mondialisées n'a qu'une obsession,
21:10 c'est le no-limit des marchés.
21:12 Eux, ils sont dans le no-limit, mais ils collent des limites aux autres, en réalité.
21:16 Et ça, c'est absolument incroyable.
21:18 Je vous donne juste l'exemple du poulet ukrainien, c'est exactement ça,
21:20 c'est le no-limit mondial.
21:22 C'est-à-dire que, pour se donner bonne conscience,
21:24 il y a quasiment un seul, je crois, un seul producteur, un seul oligarque,
21:29 dont la société est basée à Chypre, qui va inonder le marché européen de poulet.
21:34 Comme ça, il y a des gens qui vont faire du business avec ça, des grandes entreprises,
21:37 ils vont s'en mettre dans les poches, et finalement, on va quand même coller des normes.
21:42 Alors, évidemment, ils ne vont pas manger ce poulet-là, qui n'est pas très bon.
21:45 Mais noblesse n'oblige plus, puisqu'ils n'ont plus de vision de la société.
21:48 Et en fait, on peut se dire qu'à toutes les époques de l'histoire, noblesse doit obliger.
21:52 C'est-à-dire que ceux qui dirigent et ceux qui sont dirigés partagent quelque chose en commun.
21:55 Mais on le voit avec Mme Moudé à Castera, on le voit avec M. Papendaye,
21:58 on le voit avec les sénateurs qui s'augmentent.
22:00 Les règles, c'est pour les autres, ce n'est pas pour eux.
22:02 C'est intéressant parce qu'en regardant l'actualité, je me suis dit
22:06 est-ce qu'il n'y avait personne, à un moment ou un autre, qui se dit
22:09 non mais au moment de l'Ukraine, stop, on va quand même...
22:12 Une personne qui se lève pour dire attention, attention il y aura des conséquences,
22:16 marque une pause médicale...
22:18 - Les agriculteurs quand même.
22:19 - Voilà. Et voilà. Mais il a fallu du temps, des mois, des semaines pour crier à suivre.
22:26 On marque une pause et on continue sur le sujet.
22:28 Retour sur le plateau de Face à l'Info, Guillaume Bigot.
22:34 Gabriel Attal, dans son discours de politique générale,
22:37 est-ce qu'il n'a pas bien compris ce risque de fracture de la société
22:41 et est-ce qu'il n'a pas voulu s'adresser en priorité aux dépossédés,
22:44 dont parle justement Christophe Guilly ?
22:47 - Indiscutablement, il a dit les mots, des mots qui ont encore été interdits,
22:52 on l'a dit, on peut le redire, souveraineté, sécurité, classe moyenne,
22:57 horoscope référence, France, même il a osé parler de France,
23:01 vraiment des mots qui sont censés apaiser la classe moyenne.
23:04 Donc oui, il y a une prise en compte, c'est indiscutable.
23:07 Mais Guilly reste sceptique. Il reste sceptique. Pourquoi ?
23:10 Alors il y a des mots quand même qui sont assez durs vis-à-vis de Gabriel Attal,
23:15 mais il insiste pour dire que ce n'est pas Gabriel Attal le problème,
23:19 ce n'est pas lui la cause en réalité, il est le symptôme de quelque chose,
23:24 il est précisément le symptôme de cette mentalité,
23:27 de cette France des métropoles mondialisées.
23:30 Il dit que Gabriel Attal c'est le produit de l'effondrement culturel et moral
23:34 généralisé des classes supérieures contemporaines.
23:37 Il incarne cette bourgeoisie contemporaine sans colonne vertébrale
23:42 qui distille la moralité, c'est dur, du vivre-ensemble, de l'écologisme
23:47 et du féminisme dévoyé. Mais il dit "moi je ne doute pas de son intelligence
23:51 par ailleurs, je ne doute pas de sa bonne foi par ailleurs,
23:54 et lui ce n'est pas le problème, c'est le symptôme d'une certaine façon de ça".
23:58 Et qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Il veut dire que finalement
24:01 le système est acculé et il a sorti la carte d'une certaine façon de l'image.
24:08 Et il dit que ce n'est pas le hasard qu'il ait sorti la carte de l'image
24:10 et de la jeunesse, puisque le système il croit à quoi au fond ?
24:13 Il croit au bon plaisir au-dessus de tout.
24:16 Et le système ne peut pas sortir de sa matrice en quelque sorte,
24:20 de son système autoréférentiel, du bon plaisir individuel.
24:24 Et effectivement quand j'ai repensé au discours de politique générale
24:27 de Gabriel Attal, je me suis rendu compte qu'en effet,
24:30 ça continuait à dérouler cette logique individuelle.
24:33 Et qu'il n'y avait rien comme la société ou l'intérêt général.
24:36 Prenons un exemple, cette histoire de "oui on va travailler sur l'émancipation
24:40 des gens qui bossent, pour dire la semaine de 4 jours, le télétravail,
24:44 travailler plus à certains moments de la vie, moins à d'autres moments de la vie".
24:47 Mais on a l'impression que c'est un programme pour cadre de chez McKinsey,
24:50 en quelque sorte. C'est pour les cadres subs, c'est pas vraiment pour la France
24:54 qui n'a pas le choix en fait. Cette affaire de démographie,
24:57 c'est quand même un problème d'intérêt général par définition,
25:00 un problème vraiment très sérieux. Comment il est abordé ?
25:03 Il est abordé sous l'angle de l'infertilité. C'est-à-dire qu'il est abordé
25:06 sous l'angle de l'individu ou d'un individu ou de couple qui subit
25:09 vraiment cette souffrance. Et donc c'est sous l'angle individuel.
25:12 Mais en réalité, qu'est-ce que ça cache aussi, cette montée de l'infertilité ?
25:15 Le fait que les femmes commencent à avoir un enfant, le premier enfant, très tard.
25:20 Et en réalité, le gouvernement reste dans cette matrice individuelle.
25:25 Il n'ose pas dire aux femmes, mais en fait le problème c'est qu'il y a
25:28 une limite qui s'appelle la biologie. Donc vous voyez, prenons le dernier
25:32 exemple, l'autorité et Marx en étaient félicités, que les jeunes, par exemple,
25:38 turbulents, on va les envoyer dans des pensionnats.
25:41 Il dit, s'ils le souhaitent. Donc on reste dans la matrice de l'individu.
25:47 On ne peut pas en sortir, il n'y a rien comme l'intérêt général.
25:49 Et il lui dit, mais c'est pire que l'égoïsme, c'est de l'égotisme,
25:53 c'est du narcissisme. Et ce système ne regarde que l'individu,
25:56 les individus se regardent eux-mêmes, ils s'adorent, et c'est un peu
26:00 Dorian Gray. Donc ça débouche sur quelque chose d'assez morbide
26:03 et sur un vide existentiel. Et il dit, Gabriel Attal, il est très sympathique,
26:07 il est intelligent, mais en fait c'est la carte de la jeunesse,
26:09 parce que cette société morbide est obsédée par l'image, est obsédée
26:12 par la jeunesse. Et en réalité, elle a essayé de sauver le pouvoir
26:16 et de sauver le système avec une instagrammisation du pouvoir.
26:20 - Alors toujours avec amphiligrane, cette crise agricole, est-ce à dire
26:24 que les classes moyennes et les plus modestes auraient le monopole du cœur
26:28 et que les plus aisés seraient forcément des égoïstes, immoraux ?
26:32 Comment refaire société ?
26:34 - Pas du tout, il n'y a pas de monopole du cœur et ce n'est pas le problème,
26:37 dit-il, de la sincérité, il a raison, c'est le problème de reconnaître
26:42 l'autre et même reconnaître qu'il y a autre chose que des individus,
26:45 quelque chose comme un intérêt général. Et je pense que sa réflexion
26:48 est intéressante, il se réfère à un concept forgé par l'écrivain anglais
26:52 George Orwell, c'est celui de la décence commune.
26:55 Ce n'est pas que les gens favorisés ont moins de cœur, ce n'est pas ça le sujet.
27:00 Le sujet, c'est que les gens, enfin, plus favorisés ont moins de cœur,
27:04 c'est que les gens moins favorisés, dit-il, eh bien, il y a des limites,
27:08 très rapidement, et ces limites, elles font que, c'est ce que Orwell appelle
27:12 la décence ordinaire, permet de maintenir les gens ensemble.
27:15 Il dit que dans les milieux populaires où les gens évoluent sans filet de sécurité,
27:19 souvent sans patrimoine, dans l'insécurité sociale, culturelle, parfois physique,
27:23 la préservation d'une forme de décence commune n'est pas vécue comme un empêchement,
27:27 mais comme la seule garantie de survie. Alors que dans les métropoles
27:31 mondialisées, on bénéficie d'un monde dérégulé qui a pulvérisé
27:35 toute notion de limite, la bourgeoisie dite progressiste considère que
27:39 tout est possible, que ce qui est bien pour elle est bien pour l'humanité,
27:42 et dans ce contexte, l'idée de décence commune s'est perçue comme un
27:46 empêchement, comme une limite de la liberté individuelle, et ça renvoie même
27:50 à sa propre amoralité. Et vous voyez, la révolte des agriculteurs, elle doit être
27:54 conçue, à mon avis, plus du tout comme la révolte de looser ou de gueule cassée
27:58 de la mondialisation. La révolte des agriculteurs, ou la révolte des gilets jaunes,
28:02 c'est la révolte de la majorité silencieuse, c'est la révolte de la démocratie
28:06 contre une tentation autoritaire de l'Europe, c'est la révolte du bon sens
28:10 finalement contre la déconnexion, c'est la révolte de la raison contre la fuite
28:14 en avance, et peut-être même la révolte de la vie contre la morbidité.
28:18 - Votre regard, Charlotte Dornelas, sur l'analyse de Christophe Guilby,
28:23 sur cette crise agricole, analyse amplifiée par les propos de Guillaume Bigot ce soir ?
28:28 - Non mais il y a quelque chose de très intéressant, et qu'on retrouve, c'est Guilby,
28:31 alors qu'on retrouve, et d'ailleurs qui a évolué même, il s'est pensé de plus en plus
28:35 sur cette question, en effet, du rapport entre l'individu et le bien commun,
28:39 ou, exactement ça, l'intérêt général, peut-être dans son prochain livre il dira le bien commun,
28:43 mais on sent que là il y a une remise en cause philosophique.
28:46 Quand on dit en permanence "les hommes politiques de crise en crise ne peuvent pas réellement répondre",
28:51 qu'est-ce que ça veut dire ? C'est qu'en effet on change des virgules, en effet on change une mesure,
28:55 on cherche des mesures, mais même avec toute sa sincérité.
28:59 On cherche des mesures, on remet en cause, on voit Emmanuel Macron qui se trahit lui-même
29:04 dans les mots, aujourd'hui c'était stupéfiant pour revenir à la fin, pour remettre toutes les choses en ordre,
29:09 mais parce qu'à la fin la remise en cause elle est excessivement profonde,
29:13 et elle est, si on va jusqu'au bout sur cette question de penser la société comme un bien commun,
29:19 ou comme une somme, à la limite, dans le meilleur des cas, d'intérêt individuel,
29:23 là c'est une révolution, une contre-révolution, en l'occurrence philosophique extrêmement profonde.
29:30 Je dirais que Guy, lui, est probablement de tous les intellectuels français,
29:34 celui qui a le mieux pensé, mais dans la durée, la dépossession de tant de français,
29:38 il a compris ça très rapidement, il l'a théorisé, il l'a approfondi,
29:42 ce qui fait que quand on se tourne vers lui, il y a toujours un ou deux coups d'avance,
29:45 parce que je pense finalement qu'il y a la bonne grille de lecture, et ça, ça aide.
29:48 Avec Laurent Bouvet sur la sécurité culturelle, c'est un peu la même thématique.
29:51 Il y a une atomisation de l'individu, et cette atomisation, paradoxalement,
29:58 crée de l'individualisme, c'est-à-dire que plus on est dissous,
30:02 plus à un moment donné, il y a quelque chose qui vient,
30:05 et qui est encouragé par le consumérisme, j'ai besoin d'exister,
30:11 de revendiquer, de revendiquer un peu n'importe quoi.
30:14 D'où cette société chaotique, où plus personne ne sait où est sa place.
30:19 Arrangez votre petite cravate, mon Marc, j'aime bien quand la cravate est...
30:23 Elle n'est pas bien mise, ah pardon, je vais prendre des cours chez Mathieu.
30:26 Je vais prendre des cours du soir chez Mathieu.
30:28 Mathieu, il a le plus beau nœud de cravate de la planète.
30:31 L'élégance, le parent...
30:33 Guillaume aussi, j'aime bien, vous inquiétez pas.
30:35 Je vais promener sur Mathieu maintenant.
30:37 Ce 1er février nous rappelle l'hiver 1954, Marc Menon,
30:41 autrement bien plus sévère qu'à Paris ces jours derniers.
30:44 Le thermomètre affichait -13 degrés suite à la mort d'une femme.
30:48 Un jeune curé, l'abbé Pierre, lance un appel à la radio
30:52 pour venir au secours des plus démunés.
30:55 Faites-nous vivre ce moment et racontez-nous un peu l'histoire de l'abbé Pierre.
31:00 Alors on est en 1954, il y a un 1er drame.
31:03 Il y a une 1ère vague de froid, c'est au début janvier.
31:07 Et on apprend à la radio qu'il y a un nourrisson de 3 mois
31:12 qui est mort dans un car, qui était le refuge
31:17 où ses parents essayaient de trouver un tout petit peu de chaleur.
31:21 C'est le 1er drame et qui touche ce curé,
31:24 un curé qui depuis des années, je dirais presque depuis son enfance,
31:29 n'a qu'une obsession, les pauvres.
31:32 Il est pourtant d'un milieu extrêmement bourgeois.
31:35 On est dans le négoce de la soie et les affaires familiales vont très très bien.
31:40 Reste que c'est une famille très pieuse et on a le sens des plus démunis.
31:47 Quand il a 6 ans, son père, le dimanche matin,
31:51 après la messe, lui dit "Viens mon garçon, nous allons aider ceux qui n'ont rien".
31:56 Alors il y a le quai où ils sont là.
31:59 Déjà on pourrait presque imaginer, extrapoler à partir de ce que nous vivons au quotidien.
32:06 Et ils font en sorte que ces pauvres bougres aient un petit moment d'espoir.
32:11 Plus tard quand il a 12 ans, il entre avec son père à l'hospitalier des veilleurs.
32:18 Là ça va encore plus loin, ça rappelle presque Saint Louis.
32:21 C'est-à-dire que ce gamin de 12 ans, il aide à refaire une sorte d'apparence aux uns et aux autres.
32:31 On leur coupe les cheveux, on leur taille la barbe.
32:34 Il finit, il est tellement imprégné de ce désir d'aider les autres
32:40 et puis de ce contact quotidien par la prière avec le Tout-Puissant,
32:45 par avoir comme des illuminations.
32:48 Il est dans les scouts bien sûr, ah bah oui, les scouts.
32:52 Alors forcément quand on a ce rapport aux autres et celui au ciel, on a un côté rêveur.
33:00 Et vous savez il y a des totems chez les scouts, je ne vais rien apprendre à notre Charlotte.
33:04 Et lui, il s'appelle castor méditatif.
33:08 Ça veut dire que de temps en temps, il se soustrait à l'ensemble.
33:12 Et à 16 ans, les scouts partent à Rome.
33:15 Et là il dit "j'ai eu le coup de foudre avec Dieu".
33:19 C'est-à-dire que c'est carrément un appel.
33:21 Il n'est plus question d'être simplement l'homme de la charité,
33:24 il faut être l'homme de la servitude, celui qui rend grâce à Dieu en étant le prêtre.
33:32 Il entre dans les ordres, enfin il le voudrait, il est trop jeune.
33:35 Bref, passons les détails, il finira par obtenir d'être porteur de la soutane.
33:42 Et puis il y a la guerre.
33:44 Il est chétif aussi, il n'a pas de santé, petit bonhomme.
33:47 Alors la guerre dans un premier temps, il est aumônier, après il sera aumônier de la marine.
33:53 Alors pour ceux qui se souviennent de la Vépière, on peut peut-être remettre sa photo.
33:57 - Ne vous inquiétez pas, elle passe tout, on est suspendus à votre récit.
34:02 - Il a une croix, c'est la croix de la marine.
34:05 Et cette croix de la marine, il aura jusqu'au bout comme sa cape.
34:08 Et sa cape, elle lui a été remise par un lieutenant-colonel des pompiers de Paris.
34:14 Parce qu'en 1949, après la guerre où il a sauvé des enfants juifs,
34:21 il a été parmi les créateurs de quoi ?
34:24 Eh bien du Vercors, de la chartreuse, c'est-à-dire ces résistants, ces gaillards qui n'avaient peur de rien.
34:31 Et c'est là qu'il quitte son ongouès pour devenir l'abbé Pierre.
34:35 Il faut être anonyme.
34:37 Il sera d'ailleurs arrêté par la Gestapo.
34:39 Il s'en tire, rejoindra De Gaulle en passant par l'Algérie.
34:43 Bref, un homme remarquable, tant et si bien que les généraux de Gaulle l'encouragent à se présenter aux élections.
34:50 En indépendant, mais affilié à MRP, c'est-à-dire que le parti créé par le général De Gaulle,
34:55 il sera trois fois de suite député de la Meurthe-et-Moselle.
34:59 Et puis après, il faut s'occuper des pauvres, en tant que tel.
35:03 Et ça sera grâce à sa petite retraite, parce qu'il finit par être battu aux élections.
35:08 Et il crée Emmaüs, en 1949.
35:13 C'est quoi Emmaüs ? Là encore, j'aurais pu appuyer sur mon poutot Charlotte d'Ornelas.
35:18 Et serait apparue la vérité qu'on lit dans l'évangile selon Saint-Luc.
35:24 C'est un village en Galilée.
35:26 Et c'est donc en hommage à ces juifs qu'il choisit ce nom pour aider ceux qui, dans la rue, n'ont rien déjà.
35:35 Ils fourmillent.
35:37 Il créera ce que l'on appellera des bidonvilles.
35:41 Mais à l'époque, c'est pas négatif.
35:43 Ça veut dire simplement qu'il prend des plans qui ont été conçus par un Américain
35:48 pour construire des villages d'urgence en métal et qui ont la forme d'un bidon, d'un demi-bidon.
35:55 D'où bidonville.
35:57 Et puis en 1952, il a besoin d'argent.
36:00 Parce qu'ils ont beau aller fouiller les poubelles, récupérer, vendre, il manque.
36:04 Et on lui dit "Alkitoudouble".
36:06 Ça convoque la France tous les mercredis soirs à 20h30.
36:11 On ne regarde pas la télévision, on écoute la radio et il se retrouve face à Zappimax.
36:16 On pose les questions, tout le monde tremble.
36:19 Il y a un petit curé qui a dit qu'il était là pour récolter des fonds et il obtient 250 000 francs.
36:26 Ce qui fait à peu près 6 200 euros.
36:29 Et deux ans après, quand il est là confronté à cette vague de froid, il dit "mais on peut pas laisser ça".
36:34 Et surtout qu'il y a une deuxième vague, début février, cette femme.
36:39 Et là, il se présente à Radio Luxembourg, rue Bayard.
36:43 Stop, on va l'écouter.
36:45 Parce que c'est un moment fort.
36:47 Et voilà ce qu'il dit.
36:49 Mes amis, au secours.
36:52 Une femme vient de mourir gelée, cette nuit, à 3h, sur le trottoir du boulevard Sébastopol.
37:00 Serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée.
37:07 C'est une reconstitution à laquelle il s'est prêté parce que l'original n'existe pas.
37:13 Et c'est les compagnons d'Emmaüs qui lui ont dit "il faut qu'un jour, il y ait une trace de cet appel".
37:19 Alors il va plus loin, il parle des 2 000, 20 000 recroquevillés sous gel.
37:24 Bref, la situation, il demande à ce que l'on déverse des couvertures.
37:29 Il récoltera 500 millions, dont 2 millions de Charlie Chaplin, qui dit "je ne donne rien".
37:36 C'est simplement ce que je dois aux petits vagabonds que j'incarnais.
37:43 Voilà l'abbé Pierre. Un abbé qui va permettre à ceux qui n'ont rien de s'essayer de cheminer.
37:51 Mais aujourd'hui on a toujours ça.
37:53 C'est-à-dire que la politique détente, et ce sont les migrants, les pauvres bougres,
37:56 censés être accueillis et qu'on les laisse crever dans la route.
38:00 Et puis ce, 400 000 logements qui sont des logements inhabitables,
38:06 et des 2 600 000 qui attendent.
38:09 Vous rendez compte cette situation qui n'évolue pas.
38:12 Voilà, il est bon de rappeler l'abbé Pierre et les luttes qui ne cessent de se répéter au fil des ans.
38:19 Aujourd'hui j'ai été voir un militaire aux Invalides,
38:23 et quand je repars, je crois à un homme qui visite tous les malades.
38:28 Et c'est un homonier, c'est touchant quand même.
38:31 - Oui, homonier comme lui.
38:32 - Oui, c'est très très très touchant de voir des gens qui prennent du temps,
38:36 qui vont voir les malades et se laient, tétraplégiques dans leur chambre.
38:40 Très très très touchant.
38:42 - Je vais simplement...
38:44 - Un petit mot par rapport à hier, vous avez confondu Evian, vous avez mis dans le groupe Nestlé.
38:47 - Je bois tellement d'Evian que ça finit par m'échapper.
38:51 Je l'ai assimilé au groupe Nestlé, ils n'ont rien à voir.
38:54 Eux c'est un autre groupe, et donc l'eau d'Evian n'était pas du tout concernée par l'enquête que je citais.
39:01 - Oui, par les petites bêtises qu'ont fait les autres, Evian est dans le groupe Danone.
39:04 Merci en tout cas.
39:05 - Ça nous arrive à tous de faire des petites bêtises.
39:08 - Merci beaucoup.
39:09 - Tu bois trop d'eau.
39:10 - Oui, vous devriez vous mettre un petit peu au vin peut-être.
39:13 L'alcool est dangereux pour la santé.
39:16 Pas de consommation excessive.
39:18 Un petit peu quand même, mais pas trop.
39:20 - On va parler des enseignants qui étaient en grève.
39:24 C'est intéressant parce qu'on a vu une image un petit peu violente aujourd'hui, à part Bruxelles peut-être.
39:29 C'était la grève des enseignants à Paris.
39:34 Certains se sont un peu confrontés aux forces de l'ordre.
39:38 Juste avant, Charlotte Dornelas aujourd'hui se tenait à Bruxelles,
39:41 donc un sommet européen initialement consacré à l'Ukraine.
39:44 Je disais en titre, tout le monde l'a oublié, mais largement perturbé par la question agricole.
39:50 Quels étaient les enjeux portés par la France aujourd'hui ?
39:54 - En effet, vous avez raison de rappeler que c'était un sommet européen qui était consacré à l'Ukraine.
39:58 Tout le monde l'a oublié, notamment dans le commentaire, dans les attentes,
40:01 les agriculteurs qui étaient debout à attendre ces informations,
40:03 les journalistes qui attendaient ce qu'allait dire le Conseil européen sur les agriculteurs.
40:07 Mais la Commission européenne, elle, n'a pas oublié que ce sommet était consacré à l'Ukraine,
40:11 c'est la première information qui est sortie, parce que c'est très opaque, ces rendez-vous, on ne sait rien,
40:16 sauf ce que nous a dit le président de la République, de ce qu'il a compris.
40:18 On a déjà eu Emmanuel Macron qui nous annonçait des choses que contestait la Commission quelques jours plus tard.
40:22 C'est déjà arrivé, quand même, donc il faudra avoir les réactions de tout le monde
40:26 pour savoir un peu où on va et puis peut-être les actes aussi plus tard.
40:29 Mais c'est vrai que la seule information concrète qu'on a eue de ce sommet,
40:33 c'est les 50 milliards accordés à l'Ukraine.
40:36 Donc c'était quand même au centre, en effet, de cette rencontre.
40:40 Mais il n'empêche que ces dernières semaines, ces derniers mois même,
40:44 l'Union européenne a été quand même rappelée à l'ordre, on va dire, par le mouvement des agriculteurs,
40:49 qui a eu lieu, bon, en France, ça n'aura échappé à personne,
40:51 mais en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas.
40:55 Donc on voyait l'autre jour, Dimitri nous disait que c'était le premier mouvement social européen.
41:00 C'est très vrai, c'était des mouvements qui ont été nationaux,
41:03 c'est des mouvements qui se sont adressés à leurs gouvernements nationaux
41:07 avec une contestation de l'implication, on va dire, de ces gouvernements
41:14 dans la manière dont l'Europe conduit les peuples européens.
41:17 Donc il y avait deux dimensions, mais je rappelle quand même que les agriculteurs
41:20 se sont d'abord adressés à leurs gouvernements, j'y reviendrai.
41:23 Et alors, quels étaient les enjeux sur cette question-là ?
41:26 Il y avait un, évidemment, l'Ukraine et les importations venues d'Ukraine,
41:31 avec un rappel rapide, depuis le printemps 2022,
41:34 les produits agricoles ukrainiens sont exemptés de droits de douane
41:37 et c'est une mesure qui avait récemment été reconduite, jusqu'en 2024,
41:42 avec l'aval de tous les gens qui s'en offusquent désormais.
41:45 Je précise quand même, parce que c'est quand même important, ça ne vient pas de nulle part.
41:48 On n'a pas découvert, parce qu'on avait un peu l'impression qu'Emmanuel Macron,
41:50 il se disait "mais c'est incroyable, j'ai découvert encore cette semaine comme vous".
41:54 Il a quand même dit à un moment "moi non plus, je ne comprends pas".
41:57 Bon, c'est étonnant, on va dire, dans la bouche du président de la République.
42:02 Le président de la République, ma belle.
42:05 Et notamment, effectivement, la colère sur ces poulets,
42:10 notamment parce qu'il y a beaucoup de choses qui sont importées.
42:12 Ça s'est beaucoup focalisé sur les poulets à cause de ces immenses fermes,
42:15 qui reviennent en effet d'un oligarque, dans lesquelles sont impliqués,
42:19 qui sont détenus parfois par des fonds de pension américains.
42:21 Donc par ailleurs, le côté "il faut soutenir l'Ukraine",
42:24 les pauvres paysans ukrainiens sont plus au front qu'ils ne bénéficient
42:27 de la vente des poulets, qui ne respectent aucune norme.
42:30 Par ailleurs, sur les marchés européens, il faut quand même aussi remettre
42:32 ces choses dans l'ordre, et je le dis avec beaucoup plus de facilité,
42:35 puisque Emmanuel Macron lui-même l'a dit tout à l'heure,
42:38 il a dit "oui pour soutenir l'Ukraine, non pour engraisser des milliardaires".
42:40 Mais en fait, le sujet était quand même connu depuis que ces poulets
42:44 peuvent rentrer dans l'Union Européenne, encore une fois.
42:46 Ensuite, il y a la question de l'obligation de jacères.
42:48 Alors, ça s'est focalisé sur la jacère, mais de manière plus générale,
42:52 c'est ce fameux Green Deal, le pacte vert, dans sa déclinaison agricole.
42:56 Vous savez, pour toucher les aides de la PAC, en gros,
42:59 les exploitations agricoles de plus de 10 hectares,
43:01 elles doivent désormais consacrer 4% de leurs terres à la jacère.
43:07 En gros, le but extrêmement louable, c'est 1) d'éviter l'épuisement des sols,
43:14 de replanter potentiellement des haies, là encore une fois,
43:16 il ne faut pas avoir la mémoire trop courte pour comprendre
43:18 d'où vient la colère des paysans.
43:20 C'est-à-dire qu'on leur demande de mettre en jacère,
43:23 donc d'avoir moins de rendement aujourd'hui, 4% de moins,
43:25 c'est surtout les céréaliers, pour notamment replanter des haies,
43:28 qui, dans le grand démembrement, on leur avait demandé de les arracher.
43:32 Au bout d'un moment, dans une mémoire d'homme,
43:34 vous finissez par péter un plomb.
43:36 Le principe de non-contradiction, quand ça vient sur la vie d'un seul homme,
43:40 ça rend fou.
43:41 Donc c'est un peu aussi là d'où vient la colère.
43:44 Et là, les agriculteurs, en l'occurrence, c'est beaucoup les céréaliens
43:46 qui sont concernés, c'est pour ça que la FNSEA est très présente sur ce terrain-là,
43:50 eux, ils craignent la baisse des revenus qui n'est pas prévue.
43:53 C'est toujours la même chose, on comprend depuis une semaine,
43:55 c'est pas telle ou telle décision qui est problématique,
43:58 c'est telle ou telle décision dans un monde qui ne prend pas les mêmes décisions
44:01 et que, par ailleurs, on veut ouvert.
44:02 C'est ça le vrai problème.
44:04 Donc ça, c'était évidemment une revendication.
44:06 Et 3, ce fameux accord sur le mercosur qu'on a pris en long, en large, en travers,
44:11 sur ce plateau pour bien le comprendre.
44:13 Et là, dans le détail, c'est pareil, la discussion, elle tient depuis 1999,
44:18 c'est pas un sujet qui est nouveau.
44:19 Il y a eu des allées-retours et des allées-venues sur le rapport à ce mercosur
44:24 depuis 1999 et même ces dernières années, contrairement à ce qui est dit,
44:28 ça fait pas 5 ans que le gouvernement français est contre le mercosur, quoi qu'il arrive.
44:33 Et concrètement, on apprend une chose, c'est qu'on supprimerait 91% des taxes imposées
44:39 aux produits européens qui sont exportés vers l'Amérique
44:42 et 92% sur les produits qui font l'inverse.
44:46 Alors vous allez me dire "1%, on s'en fiche pas".
44:48 On s'en fiche, mais sur des tonnes et des tonnes et des tonnes de produits,
44:51 on s'en fiche pas.
44:52 Et surtout, quand vous allez dans le détail des accords de libre-échange,
44:54 c'est souvent dans le même sens que ça passe.
44:56 Les taxes sont toujours plus fortes pour nous que pour ceux qui importent dans l'Union européenne.
45:01 Au bout d'un moment, tout ça finit par s'accumuler.
45:03 Voilà les 3 gros, on va dire les 3 grosses mesures symboliques
45:07 qui étaient adressées par les agriculteurs, notamment, auprès de l'Union européenne.
45:11 Ukraine, importation, j'achère encore un mercosur.
45:14 Que sait-on, Charlotte Dornelas, déjà des réactions de la Commission européenne sur ces sujets ?
45:19 Alors, c'est vrai qu'on a distillé, on va dire, des réactions de la Commission européenne ces derniers jours.
45:24 Emmanuel Macron nous a dit la lecture qu'il avait de ce qu'il avait dit à la Commission
45:28 sans nous dire comment la Commission réagirait.
45:30 Bon, la première chose, il y a plusieurs gens qui l'ont noté,
45:32 mais je note que Ursula von der Leyen, qui nous a expliqué 15 fois,
45:35 devant une majorité d'États membres qui demandaient aux frontières extérieures de l'Europe de construire des murs,
45:41 elle avait dit, je la cite, que les murs et les barbelés n'étaient pas pour l'Union européenne.
45:45 Je note que quand c'est devant le Parlement européen, au moment où arrivent les tracteurs,
45:48 les barbelés ne sont plus d'extrême droite. Ils les ont installés au pied du Parlement.
45:52 Vous savez, c'est quelque chose qu'on dit souvent, que le refus de la frontière finit par s'imposer dans la vie des personnes.
45:57 Là, c'est exactement le cas. L'image, il était impossible de passer à côté de cette image
46:01 où on dresse des herses et des barbelés devant le Parlement européen.
46:04 Ce qui n'a pas gêné Mme Ursula von der Leyen, en tout cas, elle ne l'a pas fait savoir.
46:08 Mais au-delà de ça...
46:09 Alors, si vous permettez, pendant que vous parlez, on va montrer juste peut-être une image
46:12 pour montrer que, perso, encore à Bruxelles, ça chauffe encore un peu.
46:16 Oui, oui. Et donc là, sur cette question 1 de l'Ukraine, alors Emmanuel Macron, il avait dit,
46:23 depuis le début de la semaine, il avait fait savoir, notamment depuis la Suède,
46:26 qu'il voulait réguler ses importations depuis l'Ukraine. On y reviendra sur Emmanuel Macron lui-même.
46:30 Et Bruxelles a proposé de renouveler cette exemption des droits de douane.
46:35 Donc la règle reste l'exemption, mais en l'assortissant de mesures de sauvegarde
46:39 qui restent donc à préciser pour, dit-elle, limiter les répercussions
46:44 que, par ailleurs, dans le même discours, elle relativise.
46:47 Elle relativise vraiment les répercussions de ces importations ukrainiennes en disant
46:50 "oui, d'accord, à certains endroits, ça a été un peu un problème,
46:53 mais globalement, c'est pas si grave que ça, on n'a pas non plus tout sorti,
46:57 mais bon, en nous disant qu'il y aura des mesures de sauvegarde,
47:00 bon, quand exactement et quelles mesures de sauvegarde, c'est un peu compliqué de le savoir de la part de la Commission.
47:04 Ensuite, sur les jachers, alors sur cette question des jachers,
47:07 il y a une majorité d'États européens qui contestaient l'imposition, on va dire, dès maintenant.
47:13 La France en faisait partie et elle demandait de prolonger la dérogation.
47:17 Qu'avait été prise cette dérogation ?
47:19 Ça, c'est intéressant, elle avait été prise au moment précisément de l'invasion de l'Ukraine.
47:22 Pourquoi ? Parce que c'était déjà prévu, les jachers, au moment de l'Ukraine.
47:25 La dérogation a été acceptée par la Commission européenne à l'époque
47:30 parce qu'il allait manquer d'alimentation en raison de l'invasion de l'Ukraine
47:36 et qu'il fallait donc que les agriculteurs européens produisent plus.
47:39 Qu'est-ce qu'on comprend dans cette décision de la Commission ?
47:41 Que c'est une question de vaste communiquant.
47:43 Quand ça vient plus de l'Ukraine, il faut que les agriculteurs européens
47:47 produisent plus pour nourrir les Européens ou les exportations des agriculteurs européens.
47:52 Mais donc si on comprend bien, l'inverse est vrai aussi,
47:54 si on fait plus d'importations, ça veut dire que les agriculteurs français travaillent moins.
47:58 Donc c'est vrai dans les deux sens.
47:59 Mais à part ça, ça n'a pas d'impact.
48:00 Mais ça n'a pas d'impact, évidemment.
48:02 Et là, la Commission a dit qu'on va prolonger cette dérogation pendant un an de plus
48:08 sans réponse de ce qui se passera dans un an, puisque la question profonde demeure.
48:13 Ensuite, sur la question du Mercosur,
48:15 alors là c'est vraiment... comprenne qu'il faudra attendre pour voir.
48:19 Alors on a Gabriel Attal, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire
48:22 qui ont redit leur opposition au Mercosur, mais pas avec les mêmes mots exactement.
48:25 Gabriel Attal a dit "La France est contre", Bruno Le Maire a bien insisté,
48:29 ils n'ont pas le même ministère,
48:31 il a bien insisté pour dire qu'il y avait une opposition de la France en l'État.
48:35 En l'État. Et tout est dans le "en l'État",
48:38 puisque en l'occurrence, la Commission, enfin Bruxelles,
48:42 a rappelé que les conditions n'étaient pas totalement réunies,
48:46 mais que les négociations continuaient,
48:47 contrairement à ce qui avait été dit en France, qu'elles étaient suspendues.
48:50 Elles continuent.
48:51 Et l'opposition en l'État sur le Mercosur, ça n'a jamais changé.
48:56 Emmanuel Macron, en fait, a varié selon le président, plus exactement, du Brésil,
48:59 parce que quand c'était Bolsonaro, en effet, il a dit beaucoup son opposition.
49:03 Quand Lula, avant, et quand il est revenu, là,
49:07 Emmanuel Macron était plus favorable, on va dire, à cet accord,
49:11 avec toujours, depuis 2019, l'opposition, notamment en raison de la concurrence déloyale.
49:17 Mais je note qu'en 2018, il dénonçait les attitudes néo-protectionnistes,
49:22 je le cite, qui s'opposaient à cet accord du Mercosur.
49:25 Donc c'est pas aussi linéaire, cette opposition,
49:28 qu'on veut bien le penser, on va dire, depuis quelques jours.
49:31 On dit souvent qu'Emmanuel Macron est bloqué dans un logiciel européen,
49:36 qu'il plébiscite par ailleurs, on en parlait un peu.
49:38 Que comprendre du rapport à la Commission européenne, ces derniers jours ?
49:42 C'était très difficile de s'y retrouver, parce que d'abord,
49:45 dans le discours d'Emmanuel Macron, tout à l'heure,
49:48 on a un Emmanuel Macron, je le redis, un Emmanuel Macron "savait tout".
49:52 C'est-à-dire qu'il a dit "oui, les normes, c'est insupportable,
49:54 oui, les importations pèsent sur ce que vous faites,
49:56 oui, les normes écologiques que l'on vous impose à vous,
49:59 et que l'on n'impose pas aux produits qui sont importés,
50:01 c'est absolument insupportable".
50:02 La surtransposition des normes européennes en France,
50:05 je vous en parle même pas, il est quand même Président de la République
50:08 depuis 7 ans, et c'est des sujets qu'on a vu émerger dans le débat public,
50:12 qui existaient déjà dans le monde agricole depuis très longtemps,
50:15 mais qui ont émergé dans le débat public ces derniers jours,
50:18 et dont on n'avait non seulement pas entendu parler
50:21 dans la bouche du Président de la République,
50:23 deuxièmement, ses priorités n'étaient pas les mêmes,
50:25 c'est Emmanuel Macron à Marseille qui dit "ce quinquennat sera écologique
50:27 ou ne sera pas", or c'est précisément la réconciliation
50:30 entre l'agriculture et l'écologie qui est l'enjeu, on va dire,
50:34 de cette révolte en ce moment.
50:36 Et donc quand il dit ça, il a choisi Pascal Confin,
50:40 qui a vraiment une lecture écologiste de la chose,
50:42 pour aller négocier auprès de la Commission européenne.
50:45 Donc il y a un moment où, là encore une fois,
50:47 le principe de non-contradiction empêche normalement
50:50 de comprendre ce qu'il est en train de nous dire.
50:52 Il nous dit "l'égalim", ces derniers jours,
50:54 ces ministres nous disent "on n'arrive pas à le faire respecter
50:56 au niveau français", lui il dit "on va le faire au niveau européen",
50:58 je vais pas revenir sur ce qu'a dit Mathieu.
51:00 La question de la souveraineté alimentaire,
51:02 il n'a parlé que de souveraineté alimentaire en nous disant
51:04 "Farm to Fork", qui est défendue par la Commission
51:07 comme un programme de décroissance,
51:09 vu, on l'a vu il y a quelques jours,
51:12 des commissions d'experts qui nous expliquent
51:14 que c'est un programme décroissant.
51:16 Et il nous dit "l'enjeu de Farm to Fork,
51:19 c'est davantage de production en Europe
51:22 pour assurer la souveraineté alimentaire".
51:23 Mais c'est l'inverse de ce qui a été négocié
51:26 pour Farm to Fork.
51:27 Donc moi je ne sais plus à qui me référer.
51:30 Ensuite, en effet, c'est sur les clauses miroirs,
51:32 il dit "moi-même je ne comprends pas".
51:34 Et bon, là, Dimitri nous a expliqué l'autre jour
51:37 qu'en effet, assurer des contrôles dans des pays étrangers,
51:40 ça va être très compliqué,
51:41 donc est-ce qu'il faut négocier sur l'importation ?
51:43 Oui, mais une fois que les produits sont là,
51:44 c'est quand même compliqué,
51:45 donc comment on résout ce problème ?
51:47 On ne sait toujours pas.
51:48 Et les imports d'Ukraine, où en effet Emmanuel Macron
51:50 nous dit "oui, pour soutenir l'Ukraine,
51:51 mais non pour engraisser des milliardaires",
51:53 cette question se pose depuis le premier jour.
51:55 Ceux qui font les poulets en Ukraine
51:56 n'ont pas changé ces six derniers mois.
51:58 Donc la question existe depuis le premier jour.
52:00 Et Emmanuel Macron nous dit, j'ai pris trois citations,
52:03 un, Emmanuel Macron nous dit
52:04 "ce serait une facilité de tout mettre sur le dos de l'Europe
52:06 il y a quelques jours".
52:07 Emmanuel Macron n'a pas parlé clairement dans cette crise
52:09 en attendant d'être à Bruxelles.
52:11 Donc là aussi, il y a quand même un message
52:13 relativement contradictoire.
52:14 Il ne s'adresse aux agriculteurs qu'une fois
52:17 qu'il a rencontré Ursula von der Leyen,
52:19 donc je veux bien ne pas tout mettre sur le dos de l'Europe.
52:21 D'ailleurs, on a analysé très largement ici,
52:23 comme sur les ronds-points, enfin pas les ronds-points,
52:26 mais sur les blocages des agriculteurs,
52:28 que tout ne venait pas de Bruxelles.
52:30 Mais lui-même envoie ce message-là très clairement.
52:32 Bruno Le Maire qui dit "croyez-moi,
52:33 quand la France veut quelque chose en Europe,
52:35 elle a suffisamment de poids pour l'imposer".
52:37 Le discours d'Emmanuel Macron tout à l'heure,
52:38 c'était l'exact inverse.
52:40 "Je savais tout, j'ai essayé de vous défendre,
52:42 mais on a fait l'inverse,
52:43 et donc on va continuer à vous défendre".
52:44 Donc là, c'est pareil, il faut savoir.
52:47 Et enfin, Marc Fesneau qui nous dit
52:49 "la souveraineté, c'est bon pour l'écologie".
52:51 Moi, je veux bien le croire,
52:52 mais il va falloir convaincre désormais la Commission européenne
52:54 qui dit l'exact contraire,
52:56 qui dit l'exact contraire depuis quelques mois,
52:59 à moins qu'en effet, toute l'ambiguïté
53:01 repose sur la souveraineté dont on parle.
53:03 - On reprenait la petite phrase,
53:08 elle m'a beaucoup plu, l'histoire des barbelés,
53:10 avec l'extrême droite,
53:12 et qu'on ne veut pas pour les migrants.
53:14 Redites-moi encore.
53:15 - Le Parlement européen.
53:16 - Pardon ? Non, mais j'aime bien.
53:18 - Parce que quand les pays qui voulaient protéger
53:21 les frontières extérieures de l'Europe
53:22 demandaient à construire des murs, vous savez,
53:24 parce qu'une fois que les gens sont passés,
53:25 on est obligé d'examiner leurs dossiers,
53:27 on a beaucoup parlé de ça ici,
53:28 et elle avait dit "les murs et les barbelés
53:30 ne sont pas dans les valeurs de l'Union européenne",
53:32 parce qu'ils le sont depuis qu'ils sont devant le Parlement européen.
53:34 - Et là, les murs et les barbelés se sont bien érigés aujourd'hui.
53:38 Merci pour votre analyse, Charlotte.
53:40 Mathieu Bocoté, les professeurs sont en grève,
53:42 ils étaient en grève aujourd'hui,
53:43 ils le sont dans un contexte
53:44 où le ministre de l'Éducation nationale,
53:46 Amélie Oudéa Castera, est fragilisé comme jamais.
53:49 Que comprendre de cette grève ?
53:51 Les revendications qui l'accompagnent
53:53 sont-elles bien identifiées ?
53:55 Et puis pendant qu'on peut parler,
53:56 on va mettre une petite image quand même,
53:57 parce que les forces de l'ordre, pour l'instant,
53:58 on n'a pas vu de violence face aux forces de l'ordre,
54:00 mais aujourd'hui, elle a quand même une petite apparition.
54:02 - Oui, en fait, je distinguerais entre ceux
54:06 qui, parmi les professeurs, sont, on pourrait dire,
54:09 des gauchistes habituels qui rêvent d'affrontements
54:11 avec les forces de l'ordre.
54:12 - Qu'on voit ici à l'image.
54:13 - Je ne présente pas, soyons honnêtes,
54:14 l'immense majorité des professeurs.
54:16 Les professeurs, aujourd'hui, je confesse,
54:18 là-dessus, un biais personnel.
54:19 C'est-à-dire que moi, ma grand-mère était prof,
54:21 mes parents étaient profs, ma soeur est prof,
54:23 j'ai été prof.
54:24 - Moi aussi, moi aussi, mes parents, tout le monde.
54:26 - Mais j'entends par là
54:27 qu'il y a une tendresse particulière pour ce milieu
54:29 et ce métier.
54:30 - Marc était prof.
54:31 - Mais qu'est-ce que je constate ?
54:32 Non, c'est même pas un mécritique,
54:34 c'est qu'est-ce qu'ils nous disent en disant...
54:36 Ils disent, bon, il faut meilleur salaire, évidemment.
54:38 Le salaire des professeurs et des enseignants est ridicule.
54:41 Il manque de moyens dans les classes.
54:43 Ça va de soi.
54:44 Détérioration des conditions élémentaires d'enseignement.
54:47 On l'entend aussi.
54:48 Mais sur le fond, des choses que nous disent les profs
54:51 dans leur grève aujourd'hui,
54:52 c'est que les conditions élémentaires pour enseigner,
54:55 pour faire leur travail, ne sont plus rassemblées.
54:58 C'est-à-dire qu'il faut comprendre,
54:59 au-delà des discours idéologiques qu'on peut entendre,
55:02 je dirais même le prof le plus à gauche,
55:04 il y en a quand même quelques-uns,
55:05 même le prof le plus à gauche,
55:07 lorsqu'il exige dans sa classe un peu de silence pour enseigner,
55:10 lorsqu'il exige minimalement un rapport d'autorité verticale
55:13 parce qu'il a le savoir et ses élèves n'ont pas le savoir,
55:15 et qu'il exige de pouvoir tout simplement enseigner
55:18 sans se faire menacer,
55:20 sans que les élèves se menacent entre eux,
55:22 qu'il veut transmettre son savoir,
55:24 il a beau être aussi à gauche qu'il le souhaite à ce moment-là,
55:26 cet homme est un conservateur.
55:27 C'est-à-dire le professeur qui veut enseigner tranquillement
55:30 et librement peut voter pour je ne sais quelle raison
55:33 qui lui appartienne pour Jean-Luc Mélenchon
55:35 au moment où il exige le respect de son autorité,
55:37 où il exige le silence,
55:39 où il dit ce que je vais vous apprendre, c'est important.
55:42 Ce savoir-là est important.
55:44 À ce moment-là, cet homme est dans la position
55:46 d'un continuateur de la civilisation,
55:48 quelles que soient ses préférences idéologiques.
55:50 Et quand on entend le discours des profs,
55:53 et je distingue ici les profs des syndicats,
55:55 non pas que les syndicats, leurs revendications,
55:57 ne soient pas ancrées dans la vie des profs,
55:59 mais les syndicats ont une forme d'inflation rhétorique.
56:01 Inévitablement, j'ai vu aujourd'hui,
56:03 parce que j'ai vu une manif pas loin de chez moi,
56:05 je voyais les pancartes, c'était
56:07 « Non à ce gouvernement raciste, classiste, sexiste, alléluia ».
56:10 Quand je vois ça, je me dis « Bon, de parfaite... »
56:12 - « Alléluia », oui, non, je ne sais pas.
56:14 Avec Charlotte, on n'est pas d'accord.
56:16 (rires)
56:18 - Pour moi, c'est le discours attendu de militants
56:20 qui se logue à lui.
56:22 Mais le commun des mortels réclame aujourd'hui fondamentalement...
56:25 C'est un combat qui n'est pas sans lien
56:27 avec celui des agriculteurs.
56:29 Je ne veux pas faire des liens en caractère grand,
56:31 mais il y a quelque chose, c'est...
56:33 On veut faire notre travail librement.
56:35 Laissez-nous la possibilité d'enseigner tranquillement,
56:37 de faire notre travail, de transmettre le savoir,
56:40 sans avoir à se battre pour créer les conditions
56:43 pour pouvoir enseigner.
56:45 Parce que qu'est-ce qui s'est passé depuis une quarantaine d'années
56:47 par rapport à l'école?
56:49 Globalement, on a surchargé l'école de toutes les missions
56:51 que la société ou la famille ne pouvaient plus faire.
56:53 La famille ne parvient plus à éduquer,
56:55 eh bien, on demande à l'école d'éduquer.
56:57 La société ne parvient plus à civiliser les garçons,
57:00 on espère que l'école va être capable de civiliser les gamins.
57:03 La société n'est plus capable de produire suffisamment d'empathie
57:06 chez le commun des mortels pour dire de préférence,
57:09 pourriez-vous ne pas agresser à l'arme blanche votre voisin?
57:12 Demande de base.
57:14 Eh bien, ça, on dit non, il faut des cours d'empathie à l'école.
57:17 Quand l'école doit faire des cours d'empathie,
57:19 doit lutter contre le changement climatique,
57:21 elle fait la liste de tout ce qu'elle doit faire,
57:23 mais l'école n'est plus capable d'occuper sa fonction
57:25 la plus élémentaire.
57:27 Et je pense que par rapport à la fonction de l'école
57:29 qui est un imaginaire français,
57:31 qui n'est pas du tout la même qu'en Grande-Bretagne
57:33 ou dans d'autres pays aux États-Unis,
57:35 c'est un symbole d'excellence.
57:37 Puis le fait est que les élèves français sont de bons...
57:39 les meilleurs élèves français sont de très bons niveaux.
57:41 Mais quand on a le sentiment, encore une fois,
57:43 de venir d'assez haut, la chute est particulièrement brutale,
57:46 et on le sent aujourd'hui dans ce sentiment de déclassement
57:49 qui transcende les différentes revendications catégorielles.
57:52 - En quoi les controverses entourant la ministre
57:55 alimentent-elles cette grève?
57:57 - C'est un peu comme l'ancien, je le précise,
57:59 l'appel à la grève aux controverses
58:01 autour de Mme Oudéa-Castera.
58:03 Mais là, il y a un sentiment de mépris, en fait,
58:05 que le commun des professeurs ressent.
58:07 Voilà une ministre, qui, bon, c'est la quatrième,
58:10 avec une absence de cap, c'est assez fascinant,
58:13 M. Blanquer, Papendiaïe, Gabriel Attal, Mme Oudéa-Castera.
58:16 - Gabriel Attal.
58:18 - Il était là, il était très bien,
58:20 mais le fait qu'on met "par rapport à Papendiaïe"...
58:22 - Oui, d'accord.
58:24 - Donc là, j'essaie de comprendre
58:26 la logique à l'ancienne. J'aime savoir, je me dis,
58:28 c'est le même président, donc il doit avoir un cap,
58:30 une direction. Or, qu'est-ce qu'on voit?
58:32 Les profs disent, mais finalement,
58:34 on a une variable d'ajustement,
58:36 on a une variable plutôt secondaire dans tout cela.
58:38 Donc, il y a une forme de mépris.
58:40 Les professeurs se sentent méprisés dans les circonstances
58:42 par l'absence de constance politique autour de l'éducation.
58:44 Et à travers cela, je crois qu'ils disent tout simplement,
58:46 si on pouvait avoir un ministre qui nous accompagne vraiment
58:48 et qui change pas aux 6 mois,
58:50 et qui comprenne vraiment notre condition,
58:52 peut-être que ça se passerait mieux
58:54 pour renseigner chacun dans nos classes.
58:56 - Un remaniement approche.
58:58 - Encore?
59:00 - Oui, on n'a pas fini le remaniement, effectivement.
59:02 - Un nouveau ministre.
59:04 - Les secrétaires d'État, les ministres délégués, on attend.
59:06 - Conférence de presse.
59:08 - À suivre. Tout de suite, Pascal Praud,
59:10 l'un des pro-deux sur CNews.
59:12 merci à bientôt !