• il y a 11 mois

Category

📺
TV
Transcription
00:00:00 Il était une fois une histoire d'amour qui durait depuis cent ans,
00:00:05 celle de la France et du géant de l'animation, Walt Disney.
00:00:11 Walt Disney c'est probablement le grand enchanteur du 20ème siècle.
00:00:15 A priori l'icône du rêve américain et la belle hexagone n'ont pas grand chose en commun.
00:00:25 Pourtant vous allez découvrir que si Walt Disney n'avait pas voyagé en France dès l'âge de 16 ans,
00:00:39 beaucoup de ses chefs-d'oeuvre n'auraient jamais existé.
00:00:42 La France est un pays digne des contes de fées.
00:00:45 Il y a tellement d'histoires, une si belle architecture et une riche histoire de l'art.
00:00:50 Fasciné par notre pays, le père de Mickey n'a eu de cesse de sillonner les routes
00:00:55 et de puiser dans notre patrimoine de quoi nourrir sa créativité.
00:00:59 Walt Disney, lorsqu'il parlait de la France, il dit "c'est là où j'ai appris la vie".
00:01:03 Des paysages, une histoire millénaire, des contes et légendes et un art de vivre
00:01:08 qui vont lui servir de modèle pour créer avec beaucoup d'imagination et un soupçon de magie
00:01:14 les décors féériques de ses plus beaux succès.
00:01:17 On pense immédiatement à Cendrillon, à La Belle au Roi Dormant.
00:01:21 Les Aristochats, le beau Sud Notre-Dame, La Belle et la Bête.
00:01:32 C'est bien évidemment une promotion extraordinaire de l'art de vivre à la française.
00:01:44 Des origines du studio d'animation jusqu'à nos jours embarquées aux côtés des artistes Disney et Pixar
00:01:51 pour un fascinant voyage dans le temps aux quatre coins de l'Hexagone.
00:01:56 Nous avons visité la vallée de la Loire, Chambord et Chenonceau.
00:01:59 Vous savez, nous avons dû visiter au moins une douzaine de châteaux.
00:02:02 Nous nous sommes vraiment immergés et nous avons pris des milliers de photos.
00:02:07 Bienvenue dans la bibliothèque de recherche de l'animation.
00:02:10 Allons voir la chambre forte des œuvres d'art.
00:02:14 Pénétrez dans les secrets de fabrication de vos films préférés.
00:02:18 C'est comme si nous avions un bout de Paris ici, dans notre chambre forte.
00:02:22 Et les équipes Disney ne vont pas seulement venir s'inspirer de notre pays,
00:02:26 elles vont aussi s'y installer pendant 15 ans pour y produire des films inoubliables.
00:02:32 Lorsqu'on a su que Disney venait nous voir, on a fait un grand ménage, on s'est préparé, on s'est bien habillé.
00:02:38 Je suis entré dans le studio et j'ai tout de suite vu que c'était une mine d'or.
00:02:43 Il y avait tellement d'artistes incroyables.
00:02:45 Cette déclaration d'amour à la France se scellera même en 1992 par un mariage historique.
00:02:52 Je déclare Earth to be officiellement ouvert.
00:02:58 Disneyland Paris, le célèbre parc d'animation s'installe à Marne-la-Vallée.
00:03:03 Un projet titanesque et unique en Europe.
00:03:07 J'avais le sentiment qu'il fallait construire quelque chose, une sorte d'entreprise, du divertissement,
00:03:13 où les parents et les enfants pourraient s'amuser ensemble.
00:03:16 Vous apprendrez même que Walt Disney était presque français.
00:03:21 On trace l'origine du nom Disney sur la côte normande.
00:03:25 Et au fil des ans, ce Disney s'est transformé en Disney, en Disney et en Disney.
00:03:30 Bienvenue dans les coulisses du royaume de Disney.
00:03:34 Nous allons vous raconter une histoire d'amour méconnue, celle de Walt Disney et de la France.
00:03:40 Embarquement immédiat pour un voyage fascinant dans un pays où les rêves les plus fous prennent vie.
00:03:49 Même si bien d'autres nations aimeraient pouvoir nous disputer le titre,
00:03:53 nous les français, nous savons ce qu'il en est.
00:03:55 La meilleure cuisine du monde est la cuisine française.
00:03:58 Les meilleurs restaurants du monde sont à Paris.
00:04:01 Dans quatre coins de la planète, il est aujourd'hui l'un de nos plus célèbres ambassadeurs.
00:04:06 Ratatouille. Sorti en 2007, le chef d'œuvre des studios d'animation Pixar raconte l'histoire de Rémi,
00:04:14 un petit radégoût amoureux du goût qui rêve de devenir un grand chef cuisinier.
00:04:19 Je n'arrive pas à y croire. La cuisine d'un grand restaurant, là, c'est mes yeux.
00:04:24 Et c'est bien sûr en France, dans la capitale mondiale de la gastronomie, qu'il va tenter sa chance.
00:04:30 C'est vrai. Quand je pense que pendant tout ce temps, j'étais dans les égouts de Paris.
00:04:35 Et si ce décor de carte postale semble si réaliste...
00:04:38 C'est merveilleux.
00:04:40 Il y a une bonne raison.
00:04:42 Pour créer le monde de Rémi, les équipes Pixar, situées en Californie,
00:04:46 ont traversé l'Atlantique, direction la ville lumière, Paris.
00:04:51 Plus de deux ans avant la sortie du film, Brad Bird, le réalisateur, et ses équipes
00:04:57 ont passé plusieurs semaines à explorer les rues et les sites les plus incontournables de la capitale française.
00:05:03 C'est grand.
00:05:05 C'est vaste. C'est très différent des États-Unis, où les grandes villes sont quadrillées.
00:05:11 Oui, c'est vraiment une ville inspirante.
00:05:14 Nous avons choisi Paris en particulier pour sa gastronomie, mais aussi pour la beauté de la ville.
00:05:22 L'objectif de ce voyage hors du commun, étudier et saisir chaque détail,
00:05:28 chaque ambiance de la ville, et s'en inspirer pour les décors du film.
00:05:33 Je suis toujours en train d'observer, et puis de dessiner.
00:05:38 De la Tour Eiffel au Louvre...
00:05:41 Chaque statue est unique.
00:05:44 En passant par les jardins du Palais Royal...
00:05:47 Tout est si photogénique.
00:05:49 Malgré leur allure de touriste, rien n'échappe à l'œil attentif de ces artistes.
00:05:54 Ils ont besoin d'aller sur place et de vivre l'expérience pour s'imprégner des lieux et de l'architecture.
00:06:00 Se rendre compte des proportions, des couleurs lorsque le soleil se couche.
00:06:04 Car dans l'animation, tout cela doit être créé.
00:06:07 Ils ne peuvent pas juste sortir leur caméra, filmer, et le mettre comme ça dans le film.
00:06:13 Pour la première fois, nous vous dévoilons les images rares de ce voyage d'études filmé par les équipes de Pixar.
00:06:21 Ils doivent faire énormément de recherches, prendre des photos et des vidéos, et ensuite tout créer en partant de zéro.
00:06:33 Tout ce que vous voyez à l'écran doit être créé sur ordinateur.
00:06:37 Nous devons même fabriquer les nuages, le ciel et les pavés dans la rue.
00:06:41 Rien n'est laissé au hasard.
00:06:43 Aux côtés de ce pari romantique et utopique, théâtre des aventures de Rémy, l'autre star du film, c'est bien sûr notre gastronomie.
00:06:52 Votre réussite a été fulgurante et pourtant vous n'aviez aucune information. Quel est le secret de votre génie ?
00:06:56 Vendredi matin, on est juste devant la tour d'argent qui se trouve là-haut.
00:07:02 Harley Jessop, chef décorateur, et Jim Capobianco, l'un des scénaristes du film, ont fait partie des heureux privilégiés chargés de découvrir notre patrimoine gastronomique.
00:07:14 Qu'est-ce que je connaissais de la gastronomie ? Absolument rien.
00:07:17 Nous avons donc fait énormément de recherches et nous sommes allés dans beaucoup de restaurants français trois étoiles.
00:07:23 Chacun de ces merveilleux restaurants a une atmosphère singulière et propose une cuisine originale.
00:07:30 Nous sommes dans le train bleu.
00:07:32 C'est un rêve qui se réalise.
00:07:34 Le train bleu, Taïwan, du Cacarton, ou encore la Côte d'Or en Bourgogne, le restaurant du regretté Bernard Loiseau.
00:07:46 Les Américains ont fait le tour des meilleurs tables étoilées de Paris et de province.
00:07:51 Et l'osso eriati au piment d'Espelette.
00:07:54 Du fromage sur du fromage avec du fromage.
00:07:59 Je n'avais pas réalisé qu'il ne fallait pas manger de la journée avant une expérience comme celle-là.
00:08:06 Il y a tellement de nourriture.
00:08:09 Donc au milieu du repas, je me suis dit c'est bon, je suis calé.
00:08:19 Mais les plats continuaient à arriver.
00:08:22 Tu ne peux pas me filmer quand je suis comme ça.
00:08:25 Je devrais me redresser, mais tout ce que j'ai envie de faire c'est de déboutonner mon pantalon.
00:08:30 Imaginez enchaîner un repas 3 étoiles au déjeuner et au dîner, ça commence à faire beaucoup.
00:08:37 Mais bon, il faut savoir donner de sa personne.
00:08:42 Et ce marathon culinaire ne s'est pas arrêté au dessert.
00:08:47 Pour créer chez Gusteau le restaurant étoilé où travaille Rémi,
00:08:52 les équipes Pixar sont allées prendre conseil auprès des plus grandes toques françaises.
00:08:57 Le rat, surtout à Paris, c'est un peu la hantise du restaurateur.
00:09:01 C'est l'obsession des cuisiniers de tout restaurant d'avoir imaginé un rat qui passe dans un restaurant.
00:09:06 C'est l'horreur totale.
00:09:09 C'est vrai que c'est plutôt symbole presque des goûts de saleté et pas de gourmandise en tout cas.
00:09:15 C'était quand même très invraisemblable au départ de monter une histoire comme ça.
00:09:20 Pendant des semaines, Harley et ses compères ont joué les petites souris dans les cuisines étoilées,
00:09:29 comme chez Guy Savoie ou Hélène Darroze.
00:09:32 C'est dynamique dans cette cuisine. Très, très, très dynamique.
00:09:35 Quand les gens de chez Pixar sont venus, ils étaient assez nombreux. Ils étaient 8, je crois, quelque chose comme ça.
00:09:41 Donc je me souviens qu'ils m'ont beaucoup, beaucoup suivi avec une caméra.
00:09:45 Ils m'ont beaucoup filmé. Ils ont beaucoup regardé le moindre de mes gestes.
00:09:49 Les chefs ont un langage corporel qui, je pense, est unique à ce genre de cuisine.
00:09:58 Nous avons donc étudié cela pour Rémi.
00:10:02 Et nous avons appris comment fonctionne la hiérarchie dans une cuisine,
00:10:05 comme dans un navire avec une organisation presque militaire.
00:10:09 Alors, ce qu'ils voulaient voir, c'était en amont de ce qui se passe dans une salle de restaurant.
00:10:16 Savoir ce qui se passe en coulis, au backstage.
00:10:19 Allez, allons-y, allons-y, allons-y.
00:10:21 Nous étions dans un petit coin en essayant de ne pas bloquer le passage.
00:10:25 Every day, like this.
00:10:27 Il y a un rythme, il y a un rythme très, très soutenu.
00:10:32 C'est un peu la DN de nos métiers.
00:10:38 Les heures de déjeuner et de dîner ne bougeront pas.
00:10:41 C'est comme dans le sport. On a deux matchs chaque jour.
00:10:45 Déjeuner, dîner. On doit être prêt dans ces horaires-là.
00:10:49 Et ça, ils l'ont parfaitement saisi.
00:10:51 Le plat du jour.
00:10:53 Avec une laitue à la goutte des maraîchers.
00:10:59 Pour suivre un vin à une salle avec épinards.
00:11:02 Le rythme et la gestuelle des chefs, les décors ou encore les ustensiles utilisés,
00:11:07 voilà comment certains éléments se sont ensuite retrouvés discrètement saupoudrés dans le film.
00:11:13 La cuisine présente des similitudes avec celle de Marsan, le restaurant d'Hélène Darroze.
00:11:19 Quant à la salle à manger, avec son faste et ses dorures.
00:11:24 Alors, est-ce que vous avez fait votre choix, monsieur ?
00:11:27 Oui, je crois que oui.
00:11:29 Elle n'est pas sans rappeler celle du célèbre restaurant gastronomique, le train bleu.
00:11:34 Il y a une magnifique architecture style belle époque qui a été parfaitement préservée.
00:11:38 C'est comme un palace, mais pour la nourriture.
00:11:41 Les casseroles de chez Gusteau semblent être tout droit sorties de la tour d'argent.
00:11:46 Comme l'inoubliable façade du restaurant située sur la rive gauche de la Seine.
00:11:52 Et les immeubles parisiens ne sont pas les seuls à inspirer les studios Pixar.
00:11:56 Sous les traits de certains personnages, on retrouve aussi des monuments de la cuisine française.
00:12:01 Il suffit d'en avoir conscience et de prendre le temps de savourer.
00:12:05 Auguste Gusteau est un mélange de nombreux chefs, parmi lesquels les illustres Bol Bocuse et Bernard Loiseau.
00:12:12 J'aime autant que tu saches tout de suite exactement à qui tu as affaire.
00:12:15 Quant à l'énergie que collète, même si la ressemblance physique n'est pas frappante, c'est Hélène Darroze qui l'aurait inspirée.
00:12:22 Impossible pour une femme d'entrer dans ce ménage. Et pourtant, je suis là.
00:12:25 Sur le moment, donc, j'étais pas du tout au courant qu'il venait aussi pour ça, pour observer une femme en cuisine.
00:12:31 Et quand je l'ai compris, oui, j'étais quand même très fière d'avoir inspiré ce personnage-là.
00:12:38 Et c'est quelque chose qui me suit encore aujourd'hui, parce qu'on m'en parle 15 ans après, on m'en parle encore aujourd'hui.
00:12:43 J'ai une petite part de moi dans ce film-là et c'était plutôt assez plaisant.
00:12:48 Vous êtes monsieur Linguini ?
00:12:51 Le cinéma n'est pas en reste non plus. Antonego, le redoutable critique gastronomique, ressemble à s'y méprendre à Louis Jouvet, célèbre acteur français des années 30.
00:13:03 Mais la véritable star de Ratatouille, c'est bien sûr Rémi.
00:13:08 Résultat, de nombreuses scènes ont été filmées à hauteur de rat.
00:13:14 Nous avons pris des photos des cuisines françaises, à la fois du point de vue d'un humain et de celui d'un rat, au ras du sol et sous les fourneaux.
00:13:22 Donc nous avons vraiment essayé de capturer les deux.
00:13:25 Nous avons filmé l'architecture d'une manière inhabituelle, car le film met en scène un rat.
00:13:34 Et donc, une grande partie des images a été réalisée à hauteur de trottoir.
00:13:39 Tout le film est un contraste entre le monde des rats et le monde des humains.
00:13:45 En général, vous voyez les gens prendre des photos de la tour Eiffel.
00:13:49 Et bien Harley, lui, il était à genoux en train de prendre des photos des petits coins et recoins où les rats pouvaient se faufiler.
00:13:57 Et pour se mettre dans la peau de Rémi, les Américains n'ont pas arpenté que les beaux quartiers.
00:14:02 Ils ont aussi exploré un Paris moins ragoûtant, à commencer par le sanctuaire préféré des rongeurs, les égouts.
00:14:10 Alors, ça sent bon ? Quel doux parfum, n'est-ce pas ?
00:14:17 J'ai découvert que les Parisiens étaient très fiers de leurs égouts. J'ai trouvé ça très intéressant et très drôle.
00:14:25 Vous savez, c'était l'été et c'était particulièrement odorant, cette période.
00:14:30 Une autre chose intéressante était la boutique du Deratiseur.
00:14:35 Nous sommes tombés dessus par hasard et on s'est dit "Mais comment une telle chose peut exister ?"
00:14:41 Et c'était le décor de cinéma parfait.
00:14:44 Ne baisse pas les yeux, Rémi.
00:14:52 Il y avait tous ces rats pendus derrière la vitrine, c'était incroyable.
00:14:56 On est rentrés et on l'a visité.
00:15:00 Le monde dans lequel nous vivons appartient à l'ennemi.
00:15:03 Car vous ne rêvez pas, cette boutique insolite est bien réelle.
00:15:07 Tenue par la même famille de Deratiseur depuis 1872, elle se situe dans le quartier des Halles, à Paris.
00:15:15 Un rat n'est pas agressif si on ne l'agresse pas.
00:15:21 Comme on n'a jamais vu.
00:15:24 Les rats remontent dans les égouts et peuvent passer par les moutons.
00:15:29 C'est effrayant.
00:15:31 Attention !
00:15:35 Oh non, qu'est-ce qu'on fait ? Attends, je vais chercher papa.
00:15:39 Après Paris, c'est dans les studios de Pixar, dans la banlieue de San Francisco, que l'aventure du film s'est poursuivie.
00:15:50 Pour donner vie au monde de Rémy, la production aura duré près de 5 ans.
00:15:55 Ici, plus de 1200 artistes travaillent dans une ambiance décontractée pour animer en images de synthèse les personnages et les décors de ratatouille.
00:16:06 Mets un peu plus de mouvement dans les yeux. Plutôt qu'il tourne et se retourne, moi je ferais tac-tac, tu vois.
00:16:12 Parmi les défis à relever, l'élaboration de la recette star du film.
00:16:17 Un plat typiquement français leur a donné du fil à retordre.
00:16:21 Alors cette fois-ci, c'est à un grand chef américain qu'ils vont demander conseil.
00:16:26 À l'origine, la ratatouille était censée ressembler à une ratatouille classique.
00:16:31 Mais en la dessinant, on s'est dit, ça ne va pas bien rendre à l'écran, ça ressemble à un ragout.
00:16:37 Ça ne ressemblait pas à ce qu'on voulait.
00:16:41 On a donc contacté Thomas Keller, qui a ensuite imaginé la ratatouille du film.
00:16:47 En général, ils coupent les courgettes et les autres légumes en cubes.
00:16:53 Mais vous pouvez aussi les couper en rondelles. Ils sont donc tous ronds au lieu d'être des cubes.
00:17:00 Et c'était parfait, car c'était quelque chose que Rémi, un chef trois étoiles en quelque sorte, allait inventer.
00:17:07 Une ratatouille confectionnée par un vrai chef trois étoiles.
00:17:10 Et ce plat emblématique de notre patrimoine gastronomique va porter chance au studio Pixar.
00:17:16 Événement aujourd'hui sur les écrans, la sortie de Ratatouille, le nouveau film d'animation estampillé Disney.
00:17:22 À sa sortie, le film est un véritable raz-de-marée des deux côtés de l'Atlantique.
00:17:27 Ratatouille totalise plus de 600 millions d'euros au box-office.
00:17:31 Ce film a démocratisé, a popularisé le fait que nous soyons le pays de la gastronomie.
00:17:38 Mais pas simplement aux États-Unis, partout dans le monde.
00:17:40 C'est bien évidemment une promotion extraordinaire de l'art de vivre à la française.
00:17:45 On a envie de venir à Paris, bien évidemment.
00:17:48 Ratatouille est sans doute le film le plus français sur lequel j'ai eu à travailler.
00:17:53 Mais les studios Disney n'ont pas attendu Ratatouille et le rachat de Pixar pour déclarer leur amour à la France.
00:18:03 Cette romance a débuté il y a plus d'un siècle grâce à un homme, Walt Disney.
00:18:10 A l'heure inconnue, il va trouver dans notre pays une source intarissable d'inspiration et la route du succès.
00:18:18 Walt Disney, lorsqu'il parlait de la France, il dit « c'est là où j'ai appris la vie ».
00:18:23 Il faut imaginer ce que c'était qu'un Américain du Middle West qui avait grandi dans une petite ville de la campagne,
00:18:29 vraiment au fond même des États-Unis.
00:18:33 C'est dans la bourgade de Marceline, dans le Missouri, que Walt Disney passe son enfance.
00:18:39 Élevé dans un milieu modeste, il est très haut poussé à travailler avec ses frères et soeurs pour faire vivre la famille.
00:18:46 Il doit distribuer tous les matins des journaux, alors il se lève à 4h du matin.
00:18:51 Donc Walt Disney fera peu d'études, notamment parce qu'il est absolument épuisé quand il arrive à l'école.
00:18:58 Alors, quand la première guerre mondiale éclate en Europe, le jeune Walt y voit une échappatoire à son quotidien.
00:19:06 Walt Disney était vraiment fasciné par l'idée de venir en Europe.
00:19:10 Dès qu'il pourra, il essaiera de partir.
00:19:12 A l'époque, ça peut nous sembler très étonnant aujourd'hui, mais à l'époque, la guerre est une grande aventure pour les jeunes Américains.
00:19:18 Ses grands frères étaient dans l'armée et ils voulaient également s'engager. Mais il était trop jeune, il avait seulement 16 ans.
00:19:24 Et il n'arrive pas, évidemment, à rentrer dans l'armée, mais il entend que la Croix-Rouge, effectivement, admet des adolescents de 17 ans.
00:19:32 Lui n'a que 16 ans, mais il falsifie un papier que lui fait sa mère et il arrive comme ça à rentrer dans la Croix-Rouge.
00:19:41 C'est ainsi que Walt Disney quitte pour la première fois son Amérique natale.
00:19:46 Après un long voyage, il pose le pied sur le sol français alors que l'armistice mettant fin à la guerre vient tout juste d'être signé.
00:19:55 Disney arrive en France en 1918 sur un navire militaire.
00:20:00 Il débarque au port du Havre.
00:20:07 Il est immédiatement envoyé à Saint-Cyr où il est mobilisé.
00:20:15 Puis est finalement transféré à Paris où il conduit une ambulance et travaille comme chauffeur.
00:20:20 Il va être au service de la Croix-Rouge parce que juste après la guerre, évidemment, la guerre vient de se terminer, mais la France est dans un état assez catastrophique.
00:20:33 Il y a de nombreux blessés, l'économie est à terre, les gens sont très pauvres et donc les Américains sont restés pendant quelque temps pour aider la France à se relever.
00:20:42 Donc Walt Disney va passer quasiment une année en France.
00:20:46 Il découvre énormément de choses. Il découvre d'abord Paris, évidemment.
00:20:50 Il va ensuite se déplacer vers l'est de Paris dans les Vosges.
00:20:54 À Neufchâteau. Et là, il découvrira effectivement ce village très typique de la France.
00:21:09 C'est la première fois qu'il voyage hors des États-Unis.
00:21:12 Et donc il découvre un univers qu'il ne connaissait absolument pas, un univers européen qui est très très différent de l'univers dans lequel il a grandi, dans le Midwest aux États-Unis.
00:21:23 Dans chaque région qu'il traverse, le jeune ambulancier est fasciné par le patrimoine français.
00:21:29 Tous ses paysages l'émerveillent et stimulent sa créativité.
00:21:37 Walt Disney a commencé à dessiner et à faire de l'animation lorsqu'il était au lycée avant de partir en France.
00:21:43 Il avait donc une attirance pour l'art. Je ne sais pas si on peut le considérer comme un artiste à ce moment-là de sa vie, mais il aimait sans aucun doute dessiner.
00:21:52 Pour s'amuser, il dessinait pour ses collègues et il décorait la toile qui recouvrait l'ambulance qu'il conduisait, en y dessinant ses propres motifs, caricatures et images.
00:22:05 Il a donc réalisé beaucoup de dessins lorsqu'il était en France, juste pour le plaisir.
00:22:11 On a retrouvé deux de ses dessins qui montrent des rats gigantesques qui menacent des membres de l'armée, ce qui est un clin d'œil amusant quand on pense évidemment à la création de Mickey une dizaine d'années plus tard.
00:22:32 C'est en 1928 que le célèbre Mickey Mouse voit le jour. Dans un train entre New York et Los Angeles, Walt Disney imagine une petite souris aux grandes oreilles.
00:22:43 Walt a eu l'idée de le nommer Mortimer. Sa femme Lily lui a dit "Mais tu ne vas pas l'appeler Mortimer ? C'est quoi ce nom Mortimer ? Il a donc dû trouver quelque chose de plus percutant. Pourquoi pas Mickey ? Et le nom Mickey Mouse s'est retrouvé.
00:23:01 Il a été vu pour la première fois par le public dans Steamboat Willie, un court-métrage d'animation à bande sonore synchronisée. Ce qui était très inhabituel et unique pour l'époque. C'était l'un des premiers du genre dont le son était synchronisé avec l'action.
00:23:28 Et c'était révolutionnaire.
00:23:30 Les gens regardent ça et c'est incroyable. Et ça va lancer le succès de Mickey et le succès de Walt Disney. Dans la foulée parce qu'on lui demande immédiatement "Plus de Mickey, plus de Mickey !"
00:23:41 À l'image de son emblématique personnage, Walt Disney devient célèbre dans le monde entier. Grâce à cette nouvelle notoriété, il enchaîne les projets de court-métrage. Mais au début des années 1930, il n'a pas encore réussi à faire de films.
00:24:03 Mais au début des années 1930, le génie de l'animation est épuisé par ce rythme effréné. Pour s'accorder une pause, il part alors quelques semaines pour un grand tour d'Europe.
00:24:22 Walt Disney décide de revenir en France en 1935 avec sa femme, son frère et sa belle-sœur. Et il se trouve que c'est aussi son anniversaire de mariage.
00:24:33 Après une croisière sur le Normandie au départ de New York, Walt et sa famille passent quelques jours en Angleterre avant de rejoindre l'Hexagone, le pays de ses premiers amours.
00:24:47 Le 12 juin 1935, il arrive à l'aéroport du Bourget.
00:24:52 Déjà, il est bien mieux logé que quand il était pauvre soldat et qu'il dormait dans des endroits où il avait froid. Il loge au Crion à Paris. Il est à un autre statut. Mais surtout, il découvre qu'il est un artiste respecté, adoré, adulé.
00:25:07 Ils l'ont célébré. Il a notamment été convié à l'hôtel Crion. C'était incroyable. Il a ainsi rencontré Louis Lumière.
00:25:17 L'un des pères du cinéma.
00:25:20 Il a aussi rencontré des auteurs et des éditeurs de chez Hachette qui publiaient nos livres Mickey Mouse.
00:25:28 Il a aussi fait des réunions professionnelles. Il a lancé son bureau de Paris en 1934. C'est tout nouveau tout ça. Il va voir un petit peu comment les choses se passent.
00:25:38 Walt Disney visite notamment les locaux du journal de Mickey, créé quelques mois plus tôt par Paul Winkler, un amoureux de la petite souris.
00:25:46 Cet hebdomadaire mythique est le premier magazine français de bande dessinée réservé aux enfants. Et aujourd'hui encore, il reste une référence pour toutes les publications Disney dans le monde.
00:25:57 Il a vraiment apprécié son séjour. Il était impatient de montrer à sa femme, son frère et sa belle-soeur tous les endroits où il avait passé du temps après la première guerre mondiale.
00:26:06 Ils ont donc loué une voiture et ils ont commencé leur grand tour de France.
00:26:11 Il va passer par Compiègne, il passera par Soissons, il passera aussi par Château Thierry.
00:26:20 A Verdun, ils ont vu les champs de bataille, puis ils se sont rendus à Strasbourg où il a pu à nouveau visiter la cathédrale.
00:26:27 Walt Disney souhaite montrer à sa famille les automates qui ornent l'horloge astronomique de l'édifice. Ce chef-d'oeuvre de la Renaissance l'avait particulièrement marqué lors de son premier voyage en France en 1918.
00:26:42 Cette horloge astronomique l'a énormément inspirée. Elle apparaît d'ailleurs plus tard dans certains de ses films.
00:26:48 Il y a notamment une séquence chez G.P. Thorpe dans Pinocchio où on voit des horloges mécaniques qui ressemblent à celles de Strasbourg.
00:26:55 Et quand il a créé l'attraction It's a Small World pour Disneyland, il a aussi mis une horloge astronomique.
00:27:07 Chaque 15 minutes, des figurines en sortent. Je suis sûre que cette idée lui est venue de l'horloge astronomique qu'il avait vue quelques années plus tôt.
00:27:16 Walt Disney profite de ses moments de détente en famille. Mais il voit déjà plus loin, car depuis près d'un an, il a un nouveau rêve en tête. Produire un long métrage.
00:27:29 Et pour cela, il a trouvé l'histoire parfaite. Blanche Neige, un vieux conte allemand des frères Grimm qu'il a découvert dans sa jeunesse.
00:27:39 Walt s'était rendu compte qu'en réalisant des courts métrages animés, il n'irait pas bien loin ni financièrement, ni en termes de succès pour son studio.
00:27:52 Le business se trouvait dans la réalisation de longs métrages. Le défi était donc, que fait-on et comment pouvons-nous faire ?
00:27:59 Tous ses amis à Hollywood, tous ses collègues lui disent "tu es fou, un long métrage c'est beaucoup trop cher, personne n'a jamais fait ça, c'est un risque gigantesque".
00:28:15 On ne peut pas garder les gens une heure et demie devant un dessin animé, au pire ça va leur faire mal aux yeux, et puis de toute façon les enfants ne tiendront pas.
00:28:22 La production du film est au point mort. Aucune banque ne veut prendre le risque de le financer. Mais ce nouveau séjour en France va tout faire basculer.
00:28:39 Il se balade sur les Champs-Elysées et il découvre que le cinéma Lord Byron a à son programme un film qui s'appelle "L'heure joyeuse de Mickey".
00:28:47 C'est une compilation de dessins animés, courts métrages, mais une compilation de plus d'une heure.
00:28:52 Il entre dans le cinéma, la personne qui était au guichet veut le faire payer, il lui dit dans son mauvais français "je suis Walt Disney", on le regarde d'un air assez incrédule,
00:29:05 il en fait entrer et là il est stupéfait de voir que les gens restent devant ses dessins animés.
00:29:10 Toute la salle est restée complètement captivée par l'écran. Je pense que c'est à ce moment-là qu'il s'est dit "je peux le faire".
00:29:17 Il savait que le public pouvait rester une heure dans une salle de cinéma à regarder un dessin animé.
00:29:22 La première chose qu'il demande au directeur de la salle c'est une affiche de cette "heure de Mickey", il la ramène avec lui aux Etats-Unis,
00:29:29 et là il dit à son frère "tu vas l'amener à chaque banquier qu'on rencontre et tu vas lui dire que les parisiens, les gens si sophistiqués que sont les français pour les américains,
00:29:39 ils sont une heure et demie devant mes films, donc s'ils tiennent une heure et demie à rigoler devant Mickey, t'inquiète pas ils vont tenir devant Blanche-Neige".
00:29:45 Et effectivement, la Bank of America acceptera de financer Blanche-Neige.
00:29:50 Il a convoqué tout le monde pour une réunion dans le studio.
00:29:54 Blanche-Neige était une jeune fille gentille et simple, elle espérait voir son prince charmant arriver.
00:30:00 Et il a mimé toute l'histoire telle qu'il l'imaginait. Il a dit "voilà ce que nous allons faire".
00:30:07 Certains étaient inquiets à l'idée de ne pas pouvoir y arriver, mais d'autres ont tout de suite été emballés et ont dit "ok, allons-y, faisons-le".
00:30:19 Grâce à sa venue en France, Walt Disney peut désormais voir les choses en grand.
00:30:24 Pour Blanche-Neige et les Sept Pins, un site de production colossal est bâti, sur lequel travaillent plus de 700 artistes.
00:30:32 Le principal défi du studio est l'animation des personnages.
00:30:37 "Notre travail consiste à étudier le mouvement, sa fluidité, décomposer chaque action, chaque réaction, tout ça en même temps".
00:30:45 "Il faut se rendre compte que ça va être un projet extrêmement difficile à réaliser. Mickey n'est pas réellement animé comme on anime un être humain".
00:30:52 "Mickey a des bras en tuyau d'arrosoir, ça bouge comme ça en animation, c'est pas gênant. Quand Walt Disney voit ça, il dit "là c'est pas possible, on peut pas faire Blanche-Neige comme ça".
00:31:02 "Il faut former les animateurs, leur donner des cours d'anatomie, les renvoyer à l'école".
00:31:06 Il a donc demandé à ses artistes d'étudier la façon dont les gens bougeaient réellement, pour que ses personnages soient les plus réalistes possibles.
00:31:14 C'était vraiment innovant. Personne n'avait jamais fait ça auparavant et c'était une véritable avancée pour l'animation.
00:31:21 Rapidement, Blanche-Neige est un véritable gouffre financier.
00:31:26 Près d'un million et demi de dollars sont dépensés pour ce film, un record à l'époque pour un dessin animé.
00:31:33 Mais Walt Disney ne lâche rien.
00:31:36 "Nous avions investi toutes les économies de la famille sur Blanche-Neige".
00:31:42 "Même le banquier se faisait plus de soucis que moi".
00:31:45 "Un magnifique gala a été organisé pour la première de Blanche-Neige et les Sept Nains, Exquise Féérie réalisée par Walt Disney".
00:31:55 Après quatre ans et demi de production, Blanche-Neige et les Sept Nains, le premier long-métrage d'animation en couleur de l'histoire, sort à quelques jours de Noël.
00:32:05 L'enjeu est de taille pour Walt Disney. L'échec du film précipiterait sa ruine et la fin du studio.
00:32:12 "Lors de la première, le 21 décembre 1937, le tout Hollywood s'est donné rendez-vous".
00:32:18 "Mais tout le monde y a insisté à la mort en direct de Walt Disney, tout le monde est persuadé que Blanche-Neige va être une catastrophe absolue".
00:32:34 "Walt Disney, c'est ce que m'a dit sa femme, que j'ai eu la chance de connaître par la suite, m'a dit pendant toute la séance qu'il me tenait la main, il m'écrasait la main, il était comme ça sur le fauteuil et vraiment, il était hyper tendu".
00:32:47 "Et le moment où Walt Disney a su qu'il avait gagné, c'est le moment où effectivement Blanche-Neige est morte, elle a mangé la pomme".
00:32:57 "Et il entend derrière lui, c'est au premier rang, tout le tout Hollywood qui est en train de se moucher, qui est en train de... voilà, il a compris qu'ils étaient émus, il a compris qu'ils étaient en train de pleurer et donc il s'est dit j'ai gagné quoi, jamais personne n'a fait pleurer les gens avec un dessin sur un écran de cinéma".
00:33:19 Blanche-Neige a été un énorme succès, un énorme succès au box-office dont le studio avait vraiment besoin à l'époque. Cela a changé la trajectoire du cinéma d'animation pour le reste du 20ème et du 21ème siècle.
00:33:30 "On estime que Blanche-Neige a été vue par plus d'un demi milliard de personnes dans le monde au cours de sa très longue histoire et de ses nombreuses ressorties et ça fait de ce film le film le plus vu de l'histoire du cinéma".
00:33:43 Walt Disney a gagné son pari. Grâce aux bénéfices du film, il fait construire un nouveau studio dans le quartier de Burbank à Los Angeles.
00:33:51 Depuis les années 90, un hommage est même rendu sur la façade principale aux sept nains, sans qui rien n'aurait été possible.
00:34:00 C'est dans ce vaste campus que sont créés les plus grands succès Disney.
00:34:05 Le créateur de Mickey reçoit même les honneurs de l'Académie des Oscars.
00:34:11 "A l'époque, on ne récompensait pas les films d'animation mais du coup l'Académie des Oscars a fait faire un grand Oscar et sept petits Oscars pour Blanche-Neige et les sept nains qui ont été remis l'année suivante à Walt Disney par Shirley Temple, la petite star enfant de l'époque.
00:34:25 Ça reste probablement artistiquement le grand moment de sa carrière".
00:34:29 Avec ce premier long métrage, notre pays aura permis à Walt Disney d'ouvrir un nouveau chapitre de son histoire.
00:34:38 Mais vous allez le voir, si la France l'a autant fasciné, c'est aussi pour la richesse de sa culture.
00:34:44 Au cours de ses voyages au pays des Lumières, Walt Disney s'initie au monde des arts.
00:34:52 Le jeune américain a soif de connaissances et c'est dans les musées qu'il va nourrir sa créativité.
00:34:58 "A Paris, ils vont beaucoup pour l'ouvre, c'est là qu'ils voient notamment beaucoup de toiles de Fragonard, beaucoup de choses baroques qui vont les inspirer".
00:35:05 Walt écume les bouquinistes et les librairies et se constitue un véritable trésor littéraire.
00:35:11 "Et ils sont rentrés de ce voyage avec plus de 300 livres, dont 90 qui venaient de France.
00:35:17 On peut dire que toutes les illustrations trouvées dans ces livres à cette époque vont beaucoup lui servir".
00:35:24 "Les livres que Walt Disney a achetés durant ce voyage en 1935 ont constitué la base de notre fond d'archives.
00:35:33 Walt Disney et les dessinateurs les consultaient pour créer de nouvelles histoires.
00:35:37 Il y avait des volumes incroyables avec de magnifiques illustrations, des peintures féeriques de l'époque victorienne et ils ont grandement inspiré les artistes de Disney".
00:35:47 Ces précieux ouvrages sont aujourd'hui encore conservés à l'abri des regards dans les studios de Los Angeles.
00:35:57 Pour pénétrer dans ce bâtiment hautement sécurisé, un privilège rare, il nous est demandé de ne pas dévoiler son emplacement exact.
00:36:05 "Bienvenue dans la bibliothèque de recherche de l'animation. Allons voir la chambre forte des œuvres d'art".
00:36:13 Pour découvrir ce trésor, Fox Carnet, le gardien du temple, nous sert de guide.
00:36:19 "Allons à la chambre forte numéro 3".
00:36:23 Les collections sont conservées dans des pièces comme celle-ci.
00:36:26 "Entrez".
00:36:27 Protégée de la lumière naturelle et maintenue à 16 degrés et 50% d'humidité pour une conservation optimale.
00:36:36 Les archives de Disney abritent la plus grande collection d'art d'animation au monde.
00:36:42 Plus de 65 millions d'œuvres qui couvrent un siècle d'histoire.
00:36:49 Dessins préparatoires, arrière-plan, photographies de référence.
00:36:55 "Ce sont des dessins d'études de la transformation de la robe de Cendrillon".
00:37:00 Sans oublier les nombreux contes européens dénichés par Walt Disney.
00:37:06 "Ce sont des livres illustrés. Les Fables de la Fontaine, illustrées par Gustave Doré. Les Contes de Perrault, aussi illustrés par Gustave Doré.
00:37:16 Des livres d'auteurs français comme Alain de Saint-Augan, le créateur de Zig & Puce.
00:37:24 Des livres d'artistes comme Félix Laurieux, qui illustrait des livres de Disney déjà à l'époque, mais qui illustrait d'autres livres de contes aussi".
00:37:34 Aujourd'hui encore, ces références visuelles sont une source d'inspiration inestimable pour les studios Disney.
00:37:47 "Tous ces grands illustrateurs servent pour respirer à un moment quand les artistes ont besoin de trouver des idées.
00:37:53 Ils s'y plongent et pour un artiste, consulter le travail d'autres artistes est absolument nécessaire".
00:38:13 Et c'est ainsi qu'un tableau rococo du peintre français Fragonard, "Les hasards heureux de l'escarpolette", a plusieurs fois failli trouver sa place dans un film Disney.
00:38:23 "Une reproduction de ce tableau devait initialement apparaître dans "La Belle et la Bête", mais l'idée n'a finalement pas été retenue.
00:38:31 On y a aussi pensé pour le film "Réponse".
00:38:37 Mais ça n'a pas fonctionné, même si l'univers de Fragonard a beaucoup inspiré "Réponse".
00:38:43 Ils ont finalement réussi à introduire le tableau, ou du moins sa caricature, dans "La Reine des Neiges" en 2013".
00:38:50 En continuant à puiser leur inspiration dans le patrimoine culturel français, les studios Disney marchent dans les pas de leurs créateurs.
00:39:04 "Walt Disney était un homme curieux, et il était fasciné par à peu près tout ce qui l'entourait.
00:39:10 Mais je pense qu'il était particulièrement fasciné par les contes de fées européens, les contes de fées français, anglais, allemands.
00:39:17 Dans une certaine mesure, je pense que c'est là qu'il voyait son avenir".
00:39:25 Après les années noires de la Seconde Guerre mondiale, c'est justement sur un vieux conte français que mise Walt Disney pour faire son grand retour au cinéma.
00:39:32 "Cendrillon", écrit par Charles Perrault au 17ème siècle, sort en 1950.
00:39:37 "L'histoire de Cendrillon, qui se déroule en France, c'est la première histoire française qu'il adapte en tant que long métrage".
00:39:45 Une douce princesse condamnée au rôle de servante par sa marâtre de belle-mère et ses filles.
00:39:51 "Bonjour, Javotte, vous avez bien dormi ?"
00:39:54 "C'est pas le choix de tes affaires, ça ne te regarde pas !"
00:39:55 Un prince charmant, un soulier de verre et un soupçon de magie.
00:40:00 Pour Walt Disney, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce qu'on ôte un grand classique.
00:40:10 "Merveilleuse ! Et regardez, des pantoufles de verre !"
00:40:15 "Cendrillon fait partie de ces contes de fées qui se prêtent parfaitement à une adaptation.
00:40:21 Ils avaient commencé à l'adapter dès 1940.
00:40:25 Ils y ont ajouté une histoire secondaire avec ses amis les animaux, pour plus de joie de vivre."
00:40:37 "Vous savez, la version Disney du conte de fées n'a rien à voir avec la version originale, et c'est tant mieux.
00:40:46 C'est parce que les histoires sont faites pour être racontées et réinventées, et c'est exactement ce que Walt Disney voulait faire.
00:40:52 C'est ce que tout conteur veut faire, à raconter l'histoire avec ses propres mots, les mots de son studio."
00:40:58 En 1922, Walt Disney avait d'ailleurs déjà fait un court-métrage de ce conte français.
00:41:07 Mais cette fois, une attention particulière est mise sur l'esthétique et les décors du film.
00:41:16 "Cendrillon a été principalement dessiné par l'artiste Mary Blair. Son travail est remarquable.
00:41:22 Une fois de plus, c'est une interprétation.
00:41:27 Ça ne ressemble pas exactement à un château, ou des décors français.
00:41:32 On y retrouve des détails de l'architecture rococo-française.
00:41:39 Des belles flèches sur les châteaux, aux carrosses avec de grandes roues ornées, des costumes avec des robes majestueuses,
00:41:45 de longs cheveux, et des détails de cette époque que l'on identifie au "Camp de fées".
00:41:50 "On retrouve dans l'escalier, on retrouve dans beaucoup de détails du château du prince, notamment des détails qui font penser au château de la Loire,
00:42:00 alors que le petit châtelet qu'habite Cendrillon au début est plus une fermette un peu à la Marie-Antoinette de Versailles,
00:42:08 et plus à la fin du XVIIIe siècle.
00:42:10 On mélange les siècles, dans cette façon qu'avait Walt Disney de penser que c'est ce qu'il aimait de la France,
00:42:15 ces couches d'histoire qu'il trouvait partout.
00:42:18 C'était l'idée de se dire que quand on vit au XVIIIe siècle, à côté de soi, on a encore les ruines du XVIe, on a encore les ruines d'avant.
00:42:25 Et c'est ça qui l'étonnait toujours de la France par rapport à ce que lui connaissait aux Etats-Unis.
00:42:30 Résultat, il sont nombreux les châteaux qui auraient servi de modèles aux chefs-d'oeuvre de Disney.
00:42:37 Fontainebleau et son escalier en forme de fer à cheval.
00:42:40 Chenonceau et ses galeries uniques qui enjamblent le chair.
00:42:45 Chambord, le plus vaste des châteaux de la Loire.
00:42:50 Ou encore, Chaumont et son style médiéval.
00:42:57 Sans oublier l'étonnant château de Pierrefonds, reconstruit au XIXe siècle pour Napoléon III.
00:43:05 Tous ces hauts lieux de notre histoire présentent de troublantes ressemblances avec le palais de Cendrillon.
00:43:10 Un millefeuille d'inspiration que l'on retrouve aussi dans un autre grand classique Disney.
00:43:16 La Belle au bois dormant.
00:43:18 Une fois encore, l'histoire de la princesse Aurora est empruntée au plus célèbre des conteurs français, Charles Perrault.
00:43:26 Le directeur artistique de La Belle au bois dormant, Eivind Hurl, va s'inspirer des livres dans l'huminure médiévale
00:43:33 et créer un Moyen-Âge qu'il invente.
00:43:35 Les Très-Richeseurs du Duc de Berry est un étonnant manuscrit illustré du Moyen-Âge.
00:43:42 Ce manuscrit est plein de magnifiques œuvres représentant des châteaux, des flèches de cathédrales, des gens de la campagne.
00:43:52 Ce manuscrit et ce livre ont été une grande source d'inspiration pour la version Disney de La Belle au bois dormant.
00:44:00 Dans ce livre des Très-Richeurs du Duc de Berry, il découvre une illustration du château de Saumur,
00:44:06 qui était effectivement le château du Duc de Berry.
00:44:10 Et c'est ça qui lui servira d'inspiration pour créer le château de La Belle au bois dormant dans le film.
00:44:18 Mais les dessins préparatoires d'Eivind Hurl laissent Walt Disney perplexe.
00:44:23 Il manque quelque chose au château de la princesse Aurora.
00:44:27 Et c'est lors d'un nouveau voyage dans le sud-ouest de la France en 1957 qu'il va trouver ce qu'il cherchait.
00:44:33 Walt Disney n'est pas satisfait de toutes les visions du château et lorsqu'il est à Carcassonne, il prend des photos de la muraille,
00:44:39 il les ramène au studio lorsque les photos sont développées en disant "Regardez, regardez ça".
00:44:43 Donc tout sert à ça. Donc on ne reconnaît pas, il n'y a pas un monument spécifique de Carcassonne dans La Belle au bois dormant.
00:44:49 Il y a l'idée que la ville doit être sainte de muraille.
00:44:56 Après dix longues années, un record. La Belle au bois dormant voit enfin le jour en 1959.
00:45:04 Ce conte de fées est un nouveau succès commercial qui assure au studio Disney un avenir sans nuages.
00:45:24 Walt est un homme de défis. Infatigable, il décide à cette époque de se diversifier en se tournant vers un monde qu'il a toujours fait rêver, le cinéma.
00:45:42 A partir des années 50, les studios Disney vont produire de nombreux films en prise de vue réelle.
00:45:51 Pour réaliser 20 000 lieux sous les mers, l'un des premiers, c'est encore dans la littérature française qu'il va puiser.
00:45:58 Dans ce livre, 20 000 lieux sous les mers, M. Verne lui-même imagine un univers étrange et merveilleux.
00:46:04 Le film est une adaptation du chef d'oeuvre éponyme de Jules Verne, célèbre écrivain français.
00:46:12 Disney, quand il était enfant, ce n'était pas un gros lecteur.
00:46:17 On sait en revanche qu'il adorait les romans de Jules Verne, qu'il a eu l'occasion de lire les romans de Jules Verne et que c'était son auteur de prédilection.
00:46:23 Alors, Walt Disney déploie les grands moyens pour rendre hommage aux héros de son enfance.
00:46:29 Pour le tournage du film, une réplique grandeur nature d'une Otilus est réalisée dans les studios.
00:46:36 Les prises de vue se font à la fois sur l'eau et sous l'eau.
00:46:40 Les effets spéciaux déployés sont sans précédent.
00:46:45 Résultat, 20 000 lieux sous les mers est le film le plus cher jamais produit à Hollywood à cette époque.
00:46:51 Et 20 000 lieux sous les mers est un des plus grands succès des années 50 du film d'aventure.
00:46:56 Il sera récompensé de deux Oscars.
00:46:59 Walt a réussi son pari et gagné sa place parmi les étoiles du cinéma.
00:47:06 Un an plus tard, en 1955, Walt Disney se lance dans un nouveau défi d'envergure.
00:47:15 Nous voulons vous faire vivre l'expérience de faire de vos rêves une réalité.
00:47:19 Cet éternel enfant réalise l'un de ses rêves les plus fous, l'ouverture de Disneyland, son premier parc à thème en Californie.
00:47:30 J'avais le sentiment qu'il fallait construire quelque chose, une sorte d'entreprise du divertissement, où les parents et les enfants pourraient s'amuser ensemble.
00:47:41 Parmi les attractions, les visiteurs peuvent pour la première fois s'immerger dans les décors de 20 000 lieux sous les mers.
00:47:48 Plus tard, les autres parcs du groupe mettront aussi à l'honneur les aventures de l'auteur français.
00:47:54 Walt Disney World Resort en Floride,
00:47:57 Tokyo Disney Resort au Japon,
00:48:02 où la zone Mysterious Island regroupe plusieurs attractions en hommage au roman de Jules Verne.
00:48:09 Un univers fantastique qui va même traverser les mers jusqu'au pays de cœur de Walt Disney, la France.
00:48:15 1992, par une belle soirée de printemps, le royaume de Mickey accueille ses premiers visiteurs à Marne-la-Vallée, en région parisienne.
00:48:35 Un moment historique, car l'enjeu économique est de taille.
00:48:39 L'Espagne et la France étaient en compétition pour accueillir la version européenne du parc d'attractions.
00:48:45 Mais une fois encore, notre pays a eu la faveur des Américains.
00:48:50 L'accord avec Walt Disney World Resort est un contrat très intéressant et un accord de faire.
00:48:58 Je suis sûr que ce sera un grand succès, car c'est Walt Disney World Resort, et parce que c'est la France.
00:49:05 Paris est la capitale du tourisme mondial, c'est la ville la plus visitée, donc c'est une ville qui est attractive pour Disney.
00:49:11 C'est un choix du cœur aussi, parce que chez Disney, c'est le pays d'Europe avec lequel ils ont le plus d'affinités, dans lequel la culture est très forte.
00:49:19 Mais si la France n'avait pas proposé de prolonger la ligne de RER jusqu'à Marne-la-Vallée, ou accepter de vendre les terrains à des prix attractifs, le parc serait peut-être retrouvé à Barcelone.
00:49:33 Pour sortir de terre, ce projet titanesque et unique en Europe aura nécessité 4 ans de travaux et un budget total de près de 4 milliards d'euros pour le sentier initial.
00:49:44 En 30 ans, Disneyland Paris a accueilli en moyenne près de 15 millions de visiteurs par an, ce qui en fait la première destination touristique d'Europe.
00:49:55 Dans ce lieu féérique, à Discovery Land, on retrouve les décors visionnaires imaginés par l'auteur préféré de Walt Disney.
00:50:03 Chez nous, il y a tout un land à Disneyland Paris qui est inspiré de Jules Verne avec le Nautilus.
00:50:09 C'est avec la forme de Space Mountain.
00:50:15 Avec le vaisseau Hyperion qui est stationné.
00:50:21 À quelques pas de ce monde fantastique, la pièce maîtresse du parc, le château de la Belle au Bois-Dormant, s'élance fièrement vers le ciel.
00:50:29 Donc c'est un autre château de la Belle au Bois-Dormant puisqu'il ne ressemble pas spécialement à celui du film, mais clairement, là le château de la Belle au Bois-Dormant à Disneyland Paris, la silhouette c'est celle du Mont-Saint-Michel.
00:50:49 C'est devenu presque une signature iconique pour les Américains de ce qu'apporte l'idée de l'Europe et de la France.
00:50:55 Et si vous êtes observateur, vous remarquerez peut-être d'autres références plus discrètes et parfois cocasses à la France.
00:51:04 Ces escargots qui escaladent les deux flèches dorées sont un hommage à la gastronomie française.
00:51:13 La toiture si particulière des Hospices de Beaune en Bourgogne a, elle, inspiré les tuiles bleues du château.
00:51:19 À l'intérieur, c'est le plafond de la Sainte-Chapelle à Paris qui a servi de modèle aux voûtes décorées d'éléments fleuris.
00:51:31 Et puis il y a ce blason, un détail présent dans tous les parcs du monde et qui représente les armoiries de la famille Disney.
00:51:43 Walt en a eu l'idée quand il a ouvert Disneyland en Californie.
00:51:47 Il va demander à des généalogistes, finalement, si je devais avoir un blason, quel serait-il ?
00:51:53 Et le généalogiste lui dit, c'est simple, d'où venez-vous ?
00:51:56 Et Walt Disney ne connaît pas l'histoire de sa famille au-delà de son grand-père qui est arrivé du Canada.
00:52:00 Donc les généalogistes vont enquêter, vont voir d'où vient le nom Disney.
00:52:05 Et ce qu'ils découvrent va réserver une surprise de taille au père de Mickey, un secret bien gardé qui va lier son destin à jamais à celui de la France.
00:52:15 Nous sommes à Isigny-sur-Mer en Normandie, une paisible commune de 3 600 habitants, célèbre pour ses produits laitiers.
00:52:30 Mais Isigny abrite aussi un lieu plus inattendu, un musée entièrement dédié à Mickey.
00:52:36 Bonjour Françoise, tu as rangé par thématique.
00:52:39 Tout à fait.
00:52:40 Donc là, il me semble que c'est tout ce qui est jeux et tout ce qui est en rapport avec les projections, parce que tu avais des bobines.
00:52:46 Voilà.
00:52:47 Toutes ne sont pas là.
00:52:48 Une incroyable collection de 6 000 pièces, dont la moitié se trouve dans l'hôtel de ville que dirige le maire Eric Barbanchon.
00:52:58 Une passionnée de la petite souris qui en a fait don à la commune après son décès.
00:53:02 Là, c'est tout ce qui est vaisselle.
00:53:05 Service complet.
00:53:07 Ici, vous ne trouverez personne d'autre que Mickey.
00:53:10 Cherchez bien.
00:53:12 Il doit y avoir des îles à l'entrée, parce que là, vous ne vous laissez Mickey tout seul, mais c'est la seule exception à la collection.
00:53:18 Et si Izzini expose fièrement le célèbre personnage, ce n'est pas tout à fait par hasard, car les ancêtres de son créateur, Walt Disney, ne venaient pas des États-Unis, mais bien d'ici, en Normandie.
00:53:31 Walt Disney est originaire d'Izzini, ou plus exactement ses ancêtres, qui sont partis en 1066 à la conquête de l'Angleterre avec Guillaume le Conquérant.
00:53:40 Ils sont partis du port d'Izzini, se sont installés dans le sud de l'Angleterre, dans le comté de Norton, auquel ils ont ajouté le suffixe "dizini", peut-être pour se rappeler leur Normandie natale.
00:53:49 Et au fil des ans, ce dizini s'est transformé en dizini, en Disney et en Disney.
00:53:54 Disney serait donc presque français.
00:53:57 Monsieur le maire a même fait réaliser une plaque commémorative en 2016 pour l'officialiser.
00:54:03 Elle a été inaugurée à l'occasion du 50e anniversaire de la disparition de Walt Disney en 2016.
00:54:09 C'est ce qui symbolisait ce lien qui unit la ville d'Izzini à la famille Disney.
00:54:12 On a tenu à ce qu'un lieu de la commune porte le nom de Walt Disney, et c'est pour ça que nous avons donné le nom de Walt Disney au jardin qui se trouve juste devant l'hôtel de ville d'Izzini.
00:54:19 En hommage à ses ancêtres français, le beurre d'Izzini est servi aujourd'hui sur les tables de tous les restaurants de Disneyland Paris.
00:54:33 Avec ce parc, l'héritage et le lien unique de Walt Disney avec la France perdurent bien des années après sa mort.
00:54:40 Je donnerais n'importe quoi pour être là avec vous, mais il semble que ce soit l'une de ces périodes où je suis bloqué ici au studio nuit et jour.
00:54:48 Le pionnier de l'animation disparaît brutalement le 15 décembre 1966.
00:54:57 Walt Disney meurt assez brutalement et assez rapidement, et lorsqu'il disparaît, c'est un coup de tonnerre parce qu'il avait 65 ans, il était jeune.
00:55:05 Et donc le monde entier lui rend hommage en France quand la nouvelle tombe.
00:55:10 Paris Batch veut lui consacrer sa couverture. C'est juste Mickey en gros plan avec une petite larme qui coule, adieu à Walt Disney.
00:55:18 Et ce dessin est absolument splendide parce qu'il est très sobre, et en même temps c'est la première fois qu'on voit Mickey pleurer.
00:55:26 Pour toute sa vie, la France aura fasciné Walt Disney, et elle lui rendait bien.
00:55:31 Décoré de la Légion d'honneur en 1936 pour sa contribution au 7e art, il répondait aussi volontiers aux journalistes français,
00:55:39 même s'il reconnaissait ne pas bien maîtriser la langue de Molière.
00:55:43 Comme dans cette interview avec le journaliste Pierre Tchernia, tournée en 1962.
00:55:48 Pierre, je vais répondre en anglais parce que mon français est même moins que celui des touristes américains.
00:55:56 Oui, M. Disney dit qu'il ne sait pas beaucoup plus de français qu'un touriste américain moyen.
00:56:00 Mais avant de tirer sa révérence, Walt Disney va lancer un dernier projet, son ultime déclaration d'amour à la France.
00:56:16 Les Aristochats met en scène les aventures de Duchesse et ses trois chatons dans le Paris huppé et féérique du début du 20e siècle.
00:56:25 On est à Paris, on est en 1910, clairement tout est daté.
00:56:34 Les voitures que l'on voit circuler dans les rues datent de cette époque, les costumes le sont.
00:56:42 On peut trouver dans le beau Paris, le Paris rupin, qu'habite Mme de Bonnefamille, des réménissances d'Auteuil du 16e arrondissement,
00:56:49 où Walt Disney allait chercher les généraux lors de la Première Guerre mondiale.
00:56:54 Je pense que le film Les Aristochats représente sans complexe notre vision américaine de Paris.
00:57:06 Et pour un film réalisé dans les années 1960 à Paris, il doit y avoir de la romance.
00:57:12 Le soleil qui se couche, le crépuscule dans les rues de Paris.
00:57:16 Pour nous les artistes, c'est un endroit vraiment magique.
00:57:21 Et c'est une publicité fantastique pour la France, dans le monde entier, et évidemment aussi aux Etats-Unis.
00:57:30 Vous, vous aussi, vous êtes arrivé.
00:57:33 C'est un beau coup de veine pour moi, je voulais pas le louper.
00:57:36 Oh, mille merci de nous avoir accueillis sous votre toit.
00:57:40 J'ai vu Les Aristochats à sa sortie, ce qui ne me rajeunit pas.
00:57:44 Pour moi, ça a été ma première vision marquante de la France et de Paris.
00:57:49 Quels sont les chats qui habitent les grands quartiers ?
00:57:55 Quels beaux minets ont le plus long pédigré ?
00:58:00 Chantez le générique d'ouverture du film « Qui de mieux qu'un Français ? »
00:58:04 Et c'est à Maurice Chevalier, célèbre artiste français, que les studios Disney vont penser.
00:58:10 Je pense que Walt Disney est mon héros.
00:58:14 Maurice Chevalier accepte de sortir de sa retraite pour chanter la chanson du générique.
00:58:19 Maurice était, je crois, un ami personnel de Walt et il lui a fait cette faveur.
00:58:24 Évidemment, je ne l'aurais pas fait avec un autre qu'avec Walt Disney.
00:58:29 L'homme au canotier s'est même prêté au jeu en anglais dans la version originale.
00:58:33 Mais toujours avec l'accent français, quitte à grossir un peu le trait.
00:58:38 Il a un peu poussé l'accent.
00:58:48 C'est un peu ce que j'appellerais le clin d'œil français.
00:58:52 Juste assez pour donner au public américain la touche française qu'il attend pour un film comme celui-là.
00:58:59 Et quand vous écoutez la chanson, vous pouvez presque entendre le sourire dans sa voix.
00:59:05 Vous voyez à quel point il s'est amusé à le faire.
00:59:09 Les studios Disney poussent le souci du détail jusqu'au nom des personnages.
00:59:24 Ces chats portent des noms d'artistes français.
00:59:28 Pour le public américain et le public du monde entier, c'est clair, on est en France.
00:59:33 Les trois chatons portent des prénoms en hommage à la culture française d'une certaine façon.
00:59:38 Marie, pour Marie-Antoinette.
00:59:41 Hector, pour Hector Berlioz. Dans la version originale, il s'appelle d'ailleurs Berlioz.
00:59:49 Et puis Henri, pour Henri Toulouse-Lautrec, qui dans la version originale s'appelle Toulouse.
00:59:56 Ce film à l'esthétique presque picturale marque un tournant dans l'histoire de Disney.
01:00:07 Il projette les studios dans une nouvelle ère, celle de la modernité.
01:00:13 Les Aristochats sont dirigés artistiquement par Ken Anderson, qui est le grand artiste Disney des années 60-70,
01:00:20 qui donne un style au film.
01:00:23 Le film "Les Aristochats" a été influencé par l'art moderne du milieu du siècle.
01:00:28 Dans les années 60 et 50, les studios et les artistes ont abandonné l'esthétique traditionnelle des contes de fées au profit du modernisme.
01:00:38 Si vous regardez "Les 101 Dalmatiens" ou "Les Aristochats", les couleurs sont très saturées et les formes simples.
01:00:45 Et il est conçu autour d'une esthétique du milieu du siècle plus moderne comparée à un film comme "Blanche-Neige" ou même "La Belle au bois dormant".
01:00:59 "Les Aristochats" est donc un pas vers le modernisme pour Disney, non seulement dans sa technique artistique, mais aussi dans sa narration.
01:01:08 Après ces folles années et le décès de leur créateur, les studios d'animation peinent à rebondir.
01:01:15 Une traversée du désert communément appelée "l'âge des ténèbres" chez Disney.
01:01:21 Alors à l'aube des années 90, pour sortir de l'ombre, la firme aux grandes oreilles décide de revenir à ce qui a fait sa gloire, les histoires de princesses.
01:01:35 "Si l'homme marche, si l'homme court, s'il peut sur terre rêver au grand jour, comme j'aimerais, si je pouvais partir là-bas."
01:01:49 Le succès de "La petite sirène" en 1989 ouvre le bal de cette nouvelle ère.
01:01:55 "Ces cinq dernières années, le département d'animation de Disney est passé d'environ 150 artistes à 550 actuellement, pour revenir aux méthodes d'animation traditionnelles."
01:02:06 "La petite sirène représente, je l'espère, une sorte de renaissance pour les artistes."
01:02:12 Puis deux ans plus tard, "La Belle et la Bête" lui emboîte le pas.
01:02:17 Voilà des années que les studios pensent à adapter ce récit publié par la française Madame Le Prince de Beaumont au 18e siècle.
01:02:26 "Les bonnes idées ne sont jamais abandonnées, elles sont juste mises dans un tiroir, disait Walt Disney."
01:02:32 "C'est-à-dire qu'en fait, on est toujours surpris de voir qu'encore aujourd'hui peuvent sortir des idées qui ont été 40 ans, 50 ans en réflexion."
01:02:40 "C'est le cas de "La Belle et la Bête". Walt Disney avait vu le film de Cocteau qui date de 1946, il l'avait trouvé magnifique et il voulait l'adapter."
01:02:48 "Simplement, quand il regarde avec ses artistes, Walt Disney trouvait que le film était visuellement très beau, mais le scénario ne lui plaisait pas."
01:02:56 "Il dit, en fait, c'est juste une histoire de tous les soirs, il se retrouve à table et la bête lui dit, 'La Belle, voulez-vous m'épouser ?' et elle lui dit non."
01:03:03 "Il dit, on ne peut pas faire un film de ça."
01:03:05 Alors, les studios Disney confient la lourde tâche au producteur du film, Don Hahn, de dépoussiérer le conte avec pour seul mot d'ordre, l'intrigue doit se dérouler en France.
01:03:18 "J'avais travaillé à Londres sur le film "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" et après cela, nous cherchions de nouveaux projets."
01:03:26 "Je crois que le studio Disney était intéressé par "La Belle et la Bête". Même Walt Disney avait manifesté son intérêt."
01:03:32 "Il n'était jamais allé jusqu'au bout car c'est une histoire vraiment difficile à raconter."
01:03:37 "Principalement parce que le deuxième acte se résume à l'histoire d'une jeune fille maintenue prisonnière."
01:03:42 "Et en gros, tous les soirs, la bête vient la voir et lui demande si elle accepte de venir dîner avec lui."
01:03:48 "Elle dit non, il dit d'accord et c'est le film."
01:03:51 "Donc, il a fallu beaucoup d'imagination pour pimenter l'intrigue."
01:03:58 "Ils ont d'abord voulu que l'histoire se déroule au 17ème siècle."
01:04:02 "Il y avait évidemment beaucoup de perruques pudrées et de costumes très chargés."
01:04:07 "Ils savaient que ce serait un sacré défi à relever."
01:04:12 Sur ces images rares, on découvre la première version de travail de "La Belle et la Bête".
01:04:19 "Je n'ai pas assez de couleur."
01:04:21 "Viens, s'assoir."
01:04:24 "Je veux voir quelque chose."
01:04:27 "On va devoir faire quelque chose."
01:04:29 Des costumes trop compliqués à animer, pas assez de couleur, dans les hautes sphères de Disney, cette première version ne convainc pas.
01:04:35 Après six mois de travail, les vingt premières minutes du film finissent à la poubelle.
01:04:39 Don Hahn décide alors de transposer l'intrigue de "La Belle et la Bête" au 18ème siècle, dans des décors plus enchanteurs et épurés.
01:04:49 "Bonjour !"
01:04:53 "Le boulanger porte son plateau bien garni, du bon vieux pain de sang fourni."
01:04:59 "Depuis qu'on est arrivés, les gens me sont étrangers, dans les rues qui pleurent d'envie."
01:05:05 "Oh, bonjour, mon père."
01:05:06 "Bonjour, monsieur."
01:05:07 Et pour créer cette ambiance féérique de village français, Don Hahn a une idée qui fera date pour tous les autres films Disney à venir.
01:05:17 "Le studio fait un voyage d'études, donc l'équipe artistique majeure de "La Belle et la Bête" autour de la scénariste, du producteur Don Hahn et des principaux animateurs, vient en France."
01:05:30 "Nous avons pris l'avion jusqu'à Paris, puis direction la vallée de la Loire."
01:05:34 "Salut, c'est Don Hahn, on va y aller."
01:05:37 "Nous sommes allés à Chambord, à Chelonceau, probablement près d'une dizaine de châteaux dans la vallée de la Loire."
01:05:45 "Nous partons, c'est le deuxième jour, en direct de la vie de château. Nous allons visiter les lieux d'abord à Blois."
01:05:52 "À l'époque, en 1989, certains d'entre eux étaient vides. Chambord était quasiment vide."
01:05:58 "Waouh, c'est magnifique. C'est incroyable, non ? C'est incroyable."
01:06:08 "Nous nous sommes donc vraiment immergés et nous avons pris des milliers de photos et de vidéos durant ce voyage."
01:06:16 "L'animation est une forme de caricature. L'idée n'est donc pas de retranscrire une image réelle de la France, mais d'en capturer l'essence."
01:06:31 "On cherche à reproduire l'ambiance, la musique, les décors, les costumes, etc. Nous avons fait de notre mieux pour y parvenir."
01:06:38 "Il y a des choses qu'on ne peut pas voir en feuilletant un livre ou même en regardant les photographies laissées par Walt Disney."
01:06:44 "Il faut s'imprégner. Et là, ils font quelque chose sur lequel désormais il n'y aura plus de discussion."
01:06:49 "Quand on fait un nouveau film chez Disney, les gens viennent sur place."
01:06:52 Pour ajouter de la magie à la belle et la bête, les équipes créatives vont imaginer des personnages annexes.
01:07:00 Dans la pure tradition des films Disney. Pour les dessiner, ils s'inspirent de l'art baroque français.
01:07:06 "Il y a de nombreux personnages. On a une horloge, une théière, un bougeoir et divers objets."
01:07:16 "Certains d'entre eux rendent hommage aux arts décoratifs français."
01:07:20 "Il en va de même pour les œuvres d'art et pour les vitraux."
01:07:25 "Idem avec la bête ou encore pour les costumes et les fusils de chasse de Gaston et Lefou."
01:07:31 "Ils représentent notre interprétation américaine de la culture française."
01:07:36 "Comme vous pouvez le constater, la façade frontale a été supprimée pour révéler le style minimaliste rococo décadent."
01:07:43 "Vous noterez au passage, les plafonds avouent inverser."
01:07:46 "Autre exemple de la fin de la période néoclassique baroque."
01:07:50 "Et comme on dit chez nous, si c'est pas baroque, c'est du toc."
01:07:54 "Parmi eux, le chandelier Lumière porte haut les couleurs de la France."
01:07:58 "Son humour, son accent et même cet hommage à la tour Eiffel sont autant de clins d'œil au pays des Lumières."
01:08:05 "Lumière, c'est encore un stéréotype."
01:08:10 "Vous savez, le stéréotype français."
01:08:13 "Très amoureux et porté sur la romance."
01:08:18 "Mais aussi très festif."
01:08:22 "Chantant, chantant c'est la fête."
01:08:25 "Ce sont des repères visuels."
01:08:36 "Il s'agit de donner une indication visuelle au public."
01:08:49 "Quand on fabrique une tour Eiffel à partir de vaisselle, c'est un peu un gag."
01:08:54 "Mais ça renvoie aussi à ses origines."
01:08:57 "C'est donc un peu stéréotypé, mais c'est léger et ludique."
01:09:02 "Même en version originale, l'humble serviteur de la bête ne se départit jamais de son accent français."
01:09:14 "On raconte des blagues, je fais des trucs avec mes amis candlesticks."
01:09:18 "La voix choisie pour la version américaine était celle d'un acteur américain imitant notre version de l'accent français."
01:09:26 "Ce qui au final ressemble certainement plus à l'accent d'un trappeur canadien."
01:09:33 "Mais nous, nous ne faisons pas la différence."
01:09:37 "Nous avons donc rendu ce personnage aussi français que possible tout en le faisant parler anglais."
01:09:43 "La Belle et la Bête" sort sur les écrans en 1991.
01:09:52 C'est la consécration et le retour du géant Disney dans la lumière.
01:10:03 "Ce film d'animation a été le premier à être nommé pour l'Oscar du meilleur film."
01:10:07 "C'est remarquable."
01:10:09 "Il a remporté le Golden Globe cette année-là, ce qui n'était jamais arrivé auparavant."
01:10:13 Avec cette renaissance, l'histoire d'amour entre Disney et la France entre dans une nouvelle ère.
01:10:28 "C'était en cachette, l'histoire éternelle, touche de son miel."
01:10:36 A l'aube des années 90, les studios d'animation ne vont plus seulement s'inspirer de notre pays,
01:10:46 ils vont même s'y installer.
01:10:48 "La Belle et la Bête"
01:10:50 "De 1989 à 1994, les grands dessins animés de Disney ont eu de plus en plus de succès."
01:11:04 "Ils gagnent énormément d'argent au box-office."
01:11:07 "Les dirigeants de la Walt Disney Company se rendent compte qu'il leur faut augmenter la production de grands dessins animés."
01:11:15 "Mais ils ne peuvent pas augmenter la production de dessins animés en n'ayant qu'un seul studio."
01:11:19 "Disney faisait un tour en Europe des studios les plus représentatifs d'animation en Europe."
01:11:27 "Et puis ils découvrent que les Français sont vraiment très bien formés à l'animation."
01:11:31 "Notamment par l'école des Gobelins, notamment par les écoles d'animation."
01:11:34 "Que les frères Britsi sont des artistes formidables, qui ont une vision très artistique."
01:11:38 Paul et Gaëtan Britsi, ce sont des jumeaux surdoués de l'animation française,
01:11:44 sont à la tête d'un studio d'une quarantaine d'artistes situé à Montreuil, en banlieue parisienne.
01:11:50 "Donc lorsqu'on a su que Disney venait nous voir, on a fait un grand ménage."
01:11:56 "On s'est préparé, on s'est bien habillé."
01:11:58 "Et Disney est venu et ils ont regardé ce qu'on faisait."
01:12:03 "Ils ont regardé les productions qu'on faisait à l'époque."
01:12:05 "Et ils nous ont fait savoir très vite, après leur visite, qu'ils étaient très intéressés à acheter le studio."
01:12:11 "Voilà comment tout a commencé."
01:12:13 "La direction du regard, donc du génie."
01:12:15 "Avoir un producteur comme Walt Disney, ça permet beaucoup de choses et de croire dans les rêves les plus fous."
01:12:23 "De donner la pleine mesure du talent de chacun, à partir du moment où les moyens mis en oeuvre seront plus conséquents."
01:12:31 En s'associant au studio de Montreuil, à partir de 1989, Disney s'offre un pied-à-terre en France.
01:12:39 C'est le début d'une étroite collaboration avec les meilleurs artistes de l'Hexagone.
01:12:45 Les frères Brizzi s'attellent d'abord à l'animation de séries télévisées et d'un film mettant en scène le personnage de Picsou.
01:12:54 "C'est sans doute un premier pas, déjà montrer techniquement le savoir-faire aux Américains, français sinon européens."
01:13:01 "Pour sans doute à ce moment-là avoir plus une French touch sur le deuxième film, ou troisième film, en tout cas sur tous les projets que nous sommes amenés à leur proposer."
01:13:10 En 1994, c'est la consécration.
01:13:14 Les Américains acquièrent officiellement les studios des frères Brizzi et leur confient un ambitieux projet.
01:13:20 L'adaptation d'un monument de la littérature française, encore un, connu dans le monde entier.
01:13:26 Notre-Dame de Paris, écrit par Victor Hugo au 19e siècle.
01:13:31 "Et donc très vite ils se disent, on peut peut-être les utiliser pour d'autres choses."
01:13:36 "Et si on fait un film en France, sur le sujet de Notre-Dame de Paris, autant travailler avec ces artistes-là, autant le faire."
01:13:43 "Et donc ils envoient un certain nombre de leurs grands artistes américains pour former les équipes françaises."
01:13:50 "J'ai commencé à y travailler en 1994, sachant que j'allais y diriger la production du beau sud Notre-Dame."
01:13:59 "Quand je suis entré dans ce studio, j'ai tout de suite vu que c'était une mine d'or."
01:14:04 "L'avantage de travailler en France, c'était d'être totalement immergé dans sa culture."
01:14:10 "De s'y plonger et d'explorer ce qu'était vraiment la France médiévale."
01:14:15 "En plus de ça, j'étais entouré de ces artistes incroyables."
01:14:20 "Ils avaient parfaitement compris comment dessiner la cathédrale."
01:14:24 "C'était même mieux qu'un voyage d'études comme le faisaient les américains."
01:14:27 "Parce qu'au lieu d'envoyer 10 personnes, tout le studio pouvait venir."
01:14:30 "Enfin tous les jeunes artistes de l'époque venaient et se donnaient rendez-vous dans certains jardins de Paris."
01:14:37 "Au terme de Cluny aussi, pour la séquence par exemple de la Cour des Miracles, ça vient de là."
01:14:43 "Donc il y a plusieurs endroits dans Paris où ils venaient et ils étaient là, ils regardaient les pierres."
01:14:48 "Ils dessinaient, ils cherchaient comment dans Notre-Dame tombaient les vitraux."
01:14:53 "Même si on connaît la cathédrale Notre-Dame de Paris, lorsqu'on va la visiter sous un autre oeil, c'est-à-dire..."
01:14:58 "Bon ben on va devoir servir la cathédrale, on la regarde d'une autre façon forcément."
01:15:02 "Et donc on a essayé de restituer ça à travers les storyboards."
01:15:09 Pour reconstituer avec précision le Paris médiéval du 15ème siècle et sa cathédrale,
01:15:14 les Américains s'appuient sur les artistes français, car ils le savent,
01:15:18 s'attaquer à l'œuvre de Victor Hugo est un pari risqué.
01:15:22 "Il était important pour nous de rester fidèles à la culture française."
01:15:28 "Pour être honnête, nous tenions vraiment à être respectueux envers les Français."
01:15:36 "Nous avions même peur de leur réaction."
01:15:39 "Le plus grand défi pour nous était qu'il s'agissait d'une œuvre littéraire reconnue dans le monde entier."
01:15:45 "Particulièrement appréciée de la littérature française."
01:15:49 "Victor Hugo est une sorte de héros national en tant qu'auteur."
01:15:52 "Et nous ne pouvions pas négliger cela."
01:15:54 "Nous voulions respecter son œuvre et la comprendre autant que possible."
01:15:59 "Je pense que grâce au fait qu'on ait été français, on a pu, je pense, apporter notre pierre à l'édifice."
01:16:05 "Connaître mieux le roman de Victor Hugo a pu nous permettre justement de saisir ce qu'il fallait saisir sur l'adaptation cinématographique."
01:16:13 Les frères Brizy vont d'ailleurs se voir confier la réalisation de deux scènes magistrales du Bossu de Notre-Dame.
01:16:21 Alors que la production est en panne d'inspiration pour la séquence d'ouverture du film,
01:16:26 Paul et Gaëtan parviennent à imposer leur vision.
01:16:31 "Il y a eu une réunion où je me souviens, le prologue du Bossu de Notre-Dame, un autre, une autre séquence avait été montrée à Jeffrey Katzenberg, le producteur,
01:16:40 qui avait pas du tout du tout aimé. Il dit mais non, on s'ennuie, il faut commencer très fort, apportez-moi des idées nouvelles et tout ça.
01:16:47 Et Gaëtan et moi avons levé un petit peu le doigt timidement. Ben nous Jeffrey on aurait une idée. On a pitché avec une baguette.
01:16:55 Et puis alors on mettait le ton avec Gaëtan, on s'était répété pour que ce soit exactement synchrone par rapport à ce qu'on voulait dire, à ce qu'on voulait faire.
01:17:02 Et on a eu un vrai, ça fait un peu prétentieux, mais un vrai, les gens ont applaudi tout ça.
01:17:09 Et c'est grâce à ça que Gaëtan et moi avons pu nous exprimer, disons un peu plus personnellement."
01:17:14 "Dans la nuit noire, commença notre histoire, sur les quais de Notre-Dame."
01:17:20 "C'est le père qui veut, on va se faire repérer."
01:17:22 "Vite mon petit."
01:17:23 "Il y a une ouverture digne d'une comédie musicale de Broadway, mais qui devait être très dramatique, dans laquelle ils veulent raconter comment Quasimodo est né, la mère est tuée.
01:17:31 Voilà, c'est vraiment très très fort. Une séquence qu'on n'a pas vue dans un film Disney."
01:17:36 "Azile, mitié, je demande Azile."
01:17:40 "Eux ils voulaient faire quelque chose vraiment qu'il soit une belle mode comédie musicale.
01:17:44 Mais nous justement on mettait en avant l'aspect du romantisme de Victor Hugo."
01:17:51 "Un bébé ? Il est monstrueux."
01:17:55 "La scène d'ouverture du bossu de Notre-Dame a été scénarisée et animée à Paris. Et je trouve que ça se ressent vraiment."
01:18:05 "Cria l'archidiaque."
01:18:17 "Ce n'est qu'une créature démoniaque que je renvoie à l'enfer auquel elle appartient."
01:18:21 "Tout est très intense. La couleur, l'ambiance, la musique. Pour nous américains, c'est profondément européen et profondément français."
01:18:32 "Et les clanches sonnent, sonnent, sonnent, sonnent, sonnent, sonnent, sonnent, sonnent."
01:18:40 "Et l'homme est mort."
01:18:46 "Et puis il y a une autre séquence qui est peut-être encore plus forte que ça, qui est la chanson que chante Frollo, le méchant du film,
01:18:56 où il véritablement exprime l'attrait qu'il a pour Esmeralda et où les Américains sont stupéfaits de voir les storyboards des Brides."
01:19:05 "Il imaginait Esmeralda brûlée sur le bûcher en regardant le feu dans la cheminée.
01:19:18 Et donc les flammes devenaient Esmeralda, mais les flammes sortaient sous forme de volutes de fumée et on l'avait dessinée nue."
01:19:25 "Mais rien de très provocante. Et lui, il embrassait cette fumée, cette femme nue, mais qui n'était que fumée, qui s'évanouissait dans ses bras."
01:19:34 "Et donc il montre cette séquence, et les Américains sont un peu réticents. On devine qu'elle est nue, ce qui n'est pas possible pour un Lys dédo,
01:19:41 on demandera quand même de rhabiller un peu Esmeralda."
01:19:43 "Qu'un rideau de feu soit sur la scène, ou fait qu'elle soit à moi et à moi seule."
01:19:52 "Alors si vous voulez le film, c'est la même scène, mais elle est habillée. On est allé un peu trop loin."
01:20:00 "Mais les Brides vont réussir quand même globalement à faire passer ces deux séquences,
01:20:04 qui étaient inenvisageables si le film avait été réalisé en Californie, et qui contribuent vraiment à la beauté stupéfiante de ce film."
01:20:13 "Seigneur pitié pour moi, fait qu'elle s'offre à moi, ou elle brûlera."
01:20:41 "Bossu de Notre-Dame" sort en 1996, après 4 ans de travail.
01:20:46 Au total, 7 séquences du film ont été entièrement réalisées en France, dans le studio de Montreuil.
01:20:54 Pour le reste de la production restée à Los Angeles, les animateurs ont trouvé une parade pour faire venir la cathédrale à eux.
01:21:05 Un secret bien gardé par Fox Carnet.
01:21:09 "Nous sommes dans la bibliothèque de recherche de l'animation, dans la chambre forte numéro 5."
01:21:19 "Et c'est là que nous stockons nos objets, des maquettes aux diverses sculptures qui ont été réalisées pendant les productions."
01:21:25 Dans cette pièce fermée au public, sont précieusement conservées à l'abri de la lumière, ces statuettes.
01:21:33 Elles font partie des 65 millions de pièces uniques conservées ici.
01:21:39 Des enfilades d'étagères remplies de modélisations 3D qui ont servi à dessiner les nombreux personnages de la grande famille Disney.
01:21:47 Au détour d'une allée, Quasimodo, Esmeralda et Phoebus prennent la pause.
01:21:53 Et au milieu de ce trésor inestimable, se cache un morceau de notre patrimoine.
01:21:58 Une maquette ultra réaliste de Notre-Dame de Paris.
01:22:03 "C'est un peu comme si nous avions un petit Paris dans notre chambre forte."
01:22:08 "Pour construire cette représentation en 3D de Notre-Dame, ils se sont rendus dans un magasin de jouets."
01:22:17 "Ils ont trouvé un modèle réduit qu'ils ont assemblé."
01:22:21 "Ça leur a permis de l'observer sous différentes perspectives et de se dire, tiens, il faudrait un plan comme ça, comment on pourrait l'obtenir?"
01:22:31 "Alors ils tournaient autour du modèle pour visualiser à quoi ça pourrait ressembler."
01:22:38 Après le bossu de Notre-Dame, les artistes de Montreuil ont mis leur savoir-faire au service d'autres productions.
01:22:46 Hercule, Tarzan ou encore Fantasia 2000.
01:22:51 Mais en 2003, après 14 ans d'étroite collaboration, l'aventure Disney s'arrête pour le studio français.
01:22:59 Il est devenu trop coûteux et plus assez moderne.
01:23:03 Car entre-temps, la 3D s'est imposée.
01:23:06 "15 ans chez Disney, oui, moi je garde le souvenir le plus chaleureux de ma carrière."
01:23:14 "Et je sais, c'est long, ça fait depuis 1973 quand même, mais c'est la période Disney qui a été la plus sympa."
01:23:20 Avec la fin du studio de Montreuil, c'est un passionnant chapitre français que la firme américaine a refermé.
01:23:27 Pour autant, la fascination de Disney pour notre pays ne s'est jamais démentie.
01:23:32 Le géant de l'animation continue à venir chercher en France un savoir-faire mondialement reconnu.
01:23:39 "Il y a trois pays d'animation dans le monde, c'est la France, le Japon et les Etats-Unis."
01:23:45 Dans les meilleures écoles d'art graphique, comme les Gobelins à Paris,
01:23:49 mais aussi au Festival international du film d'animation qui se tient à Annecy,
01:23:54 les Américains font régulièrement le déplacement pour recruter la crème de la crème des artistes français.
01:24:01 "Chaque année, Disney, ils viennent lors de la remise des prix aux Gobelins et ils font des propositions aux artistes."
01:24:07 "Chaque artiste qui finit là a des propositions de trois studios américains et de cinq studios en France en sortant."
01:24:12 Ses paysages, son histoire millénaire, son art de vivre envié dans le monde entier et la richesse de son patrimoine,
01:24:20 au royaume de Mickey, la France demeure une source d'inspiration inépuisable.
01:24:27 "L'amour que nous portons à Paris et à la France fera toujours partie de l'ADN des studios Disney."
01:24:34 "C'est une source d'inspiration inépuisable, il y aura toujours des histoires à raconter."
01:24:40 "Il est évident que dans les années à venir, on retrouvera probablement un très grand nombre de projets qui seront basés sur des histoires françaises, sur le folklore français ou sur l'histoire de France."
01:24:53 Un siècle déjà s'est écoulé, mais l'histoire entre Disney et la France n'est pas prête de s'arrêter.
01:25:01 "Eh, Napoléon, on dirait que c'est la fin."
01:25:11 "Attends un peu, c'est moi qui suis le chef, je dirai quand ce sera la fin."
01:25:16 "C'est la fin."
01:25:19 "C'est la fin."
01:25:22 [Musique]

Recommandations