• il y a 11 mois
Guy Drut, ancien champion olympique de 110m haies, souligne l'impact émotionnel et inspirant que peuvent avoir les grands champions sur le public. Pour lui, "le champion, c'est l'exemplarité et l'émotion" partagée avec les spectateurs. Dans son livre "Champions inoubliables", Drut rend hommage aux athlètes qui l'ont marqué et dont les exploits ont "bouleversé nos vies". Il estime que son rôle aujourd'hui est de "transmettre cette passion qui nous a habités". Drut considère le sport comme une source d'inspiration, à l'image de son grand-père entraîneur de football. Il voit les compétitions sportives comme "un championnat" où les émotions sont décuplées. En tant qu'ancien ministre des Sports, Drut prône les valeurs d'exemplarité et de dépassement de soi véhiculées par le sport de haut niveau. Il se positionne en "sage" partageant son expérience et sa vision pour inspirer les générations futures. En résumé, Guy Drut célèbre l'héritage émotionnel et inspirant légué par les grands champions, qu'il s'attache à perpétuer à travers ses écrits et son engagement.

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Sport
Transcription
00:00 [Musique]
00:03 - Bonjour Guy Druth. - Bonjour.
00:05 - Votre livre s'appelle "Champion inoubliable".
00:08 On peut dire que vous êtes vous un champion inoubliable.
00:10 Cette médaille incroyable au JO de Montréal en 76 de centimètre est,
00:15 et pour toujours, c'est quelque chose à un moment donné,
00:19 et vous le racontez dans ce livre, un déclic.
00:21 - Ah oui, oui. C'est un déclic ça.
00:24 D'abord c'est un aboutissement, parce que je courais après depuis pas mal d'années,
00:29 surtout depuis Munich où j'avais été médaille d'argent.
00:32 Et donc après l'argent c'est l'or.
00:34 Et ce qui fait que quand j'ai eu à ce moment-là un objectif,
00:37 c'était uniquement la médaille d'or et les titres olympiques.
00:41 Mais quand ça arrive, c'est quelque chose d'extraordinaire.
00:43 - Vous racontez comment vous avez senti à un moment donné.
00:46 Et puis c'était comme une révolte.
00:48 - C'était une révolte. Non, pas une révolte.
00:51 C'était, je vous dis, un aboutissement.
00:53 Mais en fait, cette année-là, 75,
00:56 ça a été ma meilleure saison de toute ma vie.
01:00 Mais 76, j'arrivais pas à trouver vraiment le tempo.
01:04 Et je me souviens très bien que l'ennemi final,
01:07 c'était pas très bien passé pour moi.
01:10 J'arrivais pas à repasser devant Kazanaz et Davenport.
01:14 Et puis à l'issue de l'ennemi final, je me suis vu perdant.
01:16 Je me suis dit, bon, ça va faire comme d'habitude.
01:18 Un Français qui est bon avant et qui finalement n'est pas dans le coup.
01:23 Et puis, je sais pas, quelque chose qui s'est passé.
01:26 - Voilà comment vous vous lavez la tête.
01:29 - Et quand je dis, c'est une interrogation,
01:32 mais je suis déjà à peu près sûr à 99,9% que j'ai gagné
01:37 parce que je vois la photo sur le tableau électronique.
01:41 Mais je voulais en avoir la certitude.
01:43 - Vous êtes membre du CIO et du conseil d'administration de Paris 2024.
01:47 Ça va être des beaux Jeux Olympiques à Paris.
01:50 - En 2024, bien sûr.
01:52 Comme tous les Jeux Olympiques, ils sont toujours très, très beaux.
01:54 Mais on voudrait que ceux-là soient exemplaires, quoi.
01:57 De la façon dont ils sont organisés, d'une part.
02:01 Et puis ensuite, que les autres villes qui souhaitent organiser
02:06 les Jeux Olympiques et les pays puissent le faire
02:10 sans les problèmes qu'on a connus avant.
02:13 Et pour ça, il y a une chose qui est essentielle,
02:16 c'est le respect du budget.
02:18 - Oui, oui, le budget.
02:19 - On est loin d'eux. - Oui, on parle toujours.
02:21 Mais là, c'est pas quoi qu'il en coûte.
02:22 - Ça, c'est l'homme politique, parce que vous avez été ministre des Sports.
02:25 - C'est pas l'homme politique, c'est le citoyen.
02:26 Je n'ai pas envie... Vous savez, j'ai gagné à Montréal.
02:28 Et quand je suis retourné à Montréal,
02:31 les gens m'ont dit, beaucoup de Québécois m'ont dit,
02:34 ah, les Jeux de 76, c'était un bon souvenir.
02:39 Mais on a payé les impôts pendant longtemps.
02:41 Et je ne voudrais pas que ça arrive aux Français.
02:44 Je ne voudrais pas qu'on me dise dans quelques années,
02:46 oui, c'était bien, mais c'est nous qui payons.
02:49 C'est pas normal, ça.
02:50 - Oui, oui. Alors là, ce livre, il est incroyable.
02:53 C'est "Champions inoubliables" que vous publiez.
02:56 On voit des photos.
02:58 Voilà, par exemple, c'est Dimax.
02:59 Mais c'est surtout des personnalités.
03:02 - Marie-Jo Perrec, elle est belle, Marie-Jo Perrec.
03:03 - Perrec, qui est en couverture.
03:04 Des personnalités.
03:05 Alors, vous avez Emmanuel Macron, vous avez Edouard Philippe,
03:08 vous avez Nicolas Sarkozy.
03:09 - François Hollande.
03:10 - François Hollande, qui décrivent leurs "Champions inoubliables".
03:13 - Parce que ça a été spontané.
03:16 J'ai pratiquement tous connus.
03:19 Je les connais tous.
03:20 Et donc, quand je les ai appelés,
03:22 tous ont accepté tout de suite, spontanément,
03:26 sans poser de questions, simplement pour témoigner, quoi.
03:30 Et donc, ils ont choisi la photo.
03:33 - Comme Macron a choisi...
03:35 - Emmanuel Macron a choisi...
03:36 - ... le cyclisme.
03:37 - ... en queue de ville, Poulidor.
03:39 Nicolas Sarkozy, je l'ai un peu amené à choisir
03:42 Guitruc à Munich parce qu'il y était.
03:44 Donc, c'est quand même un clin d'oeil aussi.
03:46 - Oui. François Barroin aussi vous choisit.
03:48 - Oui, je lui ai dit aussi, parce que, comme...
03:50 Au départ, j'avais eu cette idée
03:52 de faire commenter cette photo par Jacques Chirac,
03:55 mais je pense que François, d'abord, c'est un ami
03:58 et que c'est le plus bel héritier de Jacques Chirac.
04:01 Et puis, après, il y a eu des autres.
04:03 Il y a Éric Orsenat avec Tabarly,
04:05 il y a Rachel Khan avec, justement, Marie-Jo Perrec,
04:08 il y a Karine Lacombe avec Yannick Noah.
04:11 Et à chaque fois, il raconte l'histoire.
04:13 - On voit une femme libre par Anne Hidalgo
04:15 à propos de Colette Besson.
04:16 - Oui, Colette Besson. Et c'est elle qui l'a choisie.
04:19 Elle veut... "Moi, je voudrais Colette Besson."
04:21 Mais spontanément, et je le répète,
04:23 ça n'a posé aucun problème, quoi.
04:25 - Oui. Et ils choisissent, voilà, par exemple,
04:27 Jean-Paul Lhote qui choisit Yannick Noah.
04:29 - Jean-Paul a choisi... C'est la bande à Yannick,
04:32 c'est la victoire de la... En coupe Davis.
04:34 Yannick Noah, c'est Karine Lacombe.
04:36 Et elle dit "le pompon du malège".
04:38 Parce que Karine n'avait pas...
04:39 Karine Lacombe, Karine Lemarchand.
04:41 Karine Lemarchand n'avait pas la télévision
04:44 chez elle quand elle était gamine.
04:46 Et donc, quand je lui ai eu au téléphone,
04:48 elle me dit "mais..."
04:49 "Je ne sais pas, j'avais pas la télé,
04:51 "mais le premier souvenir que j'ai d'une télévision
04:54 "chez une amie, c'était Yannick Noah."
04:56 Je lui ai dit "allons-y pour Yannick."
04:58 - Voilà, mon idole par Michel Drucker.
05:00 - Michel Drucker, oui. - Et Jean-Paul Thilly.
05:02 - Oui, oui. Ça, j'ai appelé Michel parce que,
05:04 comme je les connais les deux et je les apprécie
05:06 autant l'un que l'autre, je pensais que c'était bien
05:08 parce que je sais que Michel et Jean-Claude
05:11 sont régulièrement en contact.
05:13 - Oui, alors évidemment... - Donc je crois que ça fera
05:15 plaisir à l'un et à l'autre. - La fille qui choisit
05:17 Mohamed Ali... - La boxe, oui, parce que
05:19 c'est sa passion. - Une passion.
05:21 - C'est sa passion et il le dit. - Oui, et chaque personnalité
05:23 a comme ça des souvenirs de champion.
05:25 - Bien sûr, bien sûr. - Ça veut dire,
05:27 ça exprime quoi, Guy Druth ?
05:29 - J'en sais rien, c'est à eux qu'il faut le demander.
05:32 C'est de revenir à un moment
05:34 qui les a marqués.
05:37 C'est, bon, les...
05:39 les sœurs Goetschel avec mes copines autour, quoi,
05:42 Annie Famos,
05:44 Isabelle Myre,
05:46 etc. Il y a Christine aussi qui est là.
05:49 Et...
05:51 Ben, il se retrouve, c'est David Lappartient
05:54 qui fait les deux maillots jaunes, les trois maillots jaunes,
05:56 plutôt, Hinault, Merckx et Anquetil,
05:59 parce qu'il est président chez Tannamy et il est président
06:01 de la Fédération internationale de cyclisme.
06:04 Kiki Caron, je me souviens plus qui fait...
06:07 Ah, si, Sophie Camoun, pourquoi Sophie Camoun ?
06:10 Parce que c'était aussi une najeune d'exception
06:13 sur le dos et qu'elle s'appréciait l'une et l'autre.
06:16 À chaque fois, j'ai essayé de trouver un fil conducteur
06:19 pour... qui relie Jean-Pierre Rives par Bernard Thibault,
06:23 tout simplement, parce que Bernard m'a dit,
06:25 moi, c'est la moto. Ben, je dis oui,
06:27 mais il n'y aura pas de motocycliste dans mon bouquin.
06:30 Et qu'est-ce que tu aimes ?
06:31 Il me dit j'aime bien le rugby.
06:33 Ben voilà, il a choisi Jean-Pierre Rives.
06:35 - Il y a la Formule 1, il y a l'improste, évidemment.
06:37 - Ah, ça, c'est Luc Ferry, c'est parce que c'est sa passion.
06:40 - Et Sénat, d'ailleurs, sur la photo.
06:42 Ce sont des photos absolument mythiques qu'on retrouve.
06:44 Et surtout, dire, parce que ça vous raconte aussi, Guy Druth,
06:48 et vous vous racontez dans l'introduction
06:50 de votre enfance du sport qui...
06:52 - C'est un peu, c'est partout 1950,
06:54 parce que je suis né en 1950, grande année.
06:57 Et puis, petit à petit...
06:58 - Fil de fer, on veut surnommer.
07:00 - Fil de fer, oui. Druth, en polonais, ça veut dire fil.
07:03 Donc, quand j'étais gamin,
07:04 comme il y a quand même beaucoup de Polonais dans le Nord,
07:07 et qu'à l'époque, il y avait encore des grands-pères
07:10 et des grands-mères qui ne parlaient pas français,
07:12 Druth, c'était Fil. Donc, mon surnom, c'était Fil.
07:15 - Oui, alors, d'abord, c'est le foot.
07:17 Vous avez des passions.
07:18 - D'abord, le foot, parce que ma famille,
07:20 enfin, mon grand-père maternel était footballeur et entraîneur,
07:23 que mon père était gardien de but.
07:25 Et donc, mon premier parrain sportif,
07:27 c'était Léon Glovacki, qui joue au Stade de Reims,
07:30 et qui m'a offert mon premier survêtement.
07:32 Et puis, 1958, c'était Copa, Fourtaine,
07:36 puis Anthony, Jacquet, Jonquet, etc., etc.
07:40 Et donc, ce sont des vrais souvenirs.
07:43 Et puis, après, petit à petit, l'athlétisme est venu.
07:46 Comme avec Michel Zazie, nous sommes nés dans la même rue.
07:49 Pas la même année, mais dans la même rue.
07:52 Michel est resté un ami, un exemple.
07:54 Et puis, ma première idole d'athlétisme,
07:57 c'était Hervé Dancos, qui était un sauteur à la perche,
07:59 assez exceptionnel, un gaucher, de grand talent.
08:03 Et puis, après, je les ai pratiquement tous connus,
08:06 les champions qui sont dans ce livre.
08:10 Disons que j'en connais 90 %.
08:13 Je les ai côtoyés.
08:15 - Oui, à la Mimoune, évidemment.
08:17 - Oui.
08:18 - C'est sur des... Comment dire ?
08:19 À un moment donné, un champion, c'est Pelé, c'est Zidane.
08:22 Ce sont des gens qui galvanisent quelque chose
08:24 à un moment de l'histoire, pratiquement,
08:26 par la culture populaire.
08:27 Si dans... Bon, ils ne m'en voudront pas,
08:30 mais dans le journal du dimanche,
08:32 il y a régulièrement des enquêtes d'opinion
08:34 sur le français préféré.
08:36 C'est très, très souvent un sportif qui arrive en tête.
08:39 - Oui. Il y a le prince Albert de Monaco.
08:42 - Oui, exact.
08:43 - Il choisit, alors, il dit, un king et un roi.
08:46 - Exactement. C'est parce qu'il l'a acheté.
08:48 Il a acheté cette photo aux enchères, dans une vente.
08:51 - Et donc, voilà, c'est évidemment...
08:53 - Et donc, il a envoyé ça.
08:55 Et puis, il aurait pu choisir aussi son grand-père,
08:58 puisque son grand-père a été champion olympique à Paris,
09:01 en 1924.
09:02 Et c'est la raison pour laquelle Albert,
09:05 le prince Albert II, pardon,
09:07 régulièrement, en tant que membre du CIO,
09:09 remet la médaille aux successeurs, en pluriel,
09:12 de son grand-père.
09:13 Et il le fera certainement à Paris, aussi.
09:16 - Oui. C'est une passion, comment dire,
09:18 d'admirer, comme ça, des champions,
09:20 qui nous font rêver.
09:21 C'est quelque chose qui rappelle l'enfance,
09:23 c'est quoi ?
09:25 - Ça transcende et ça fédère, ça réunit.
09:28 Dans les témoins, ils sont 32 ou 34,
09:31 les témoins que j'ai choisis, que j'ai sollicités.
09:34 Ils aiment tous le sport.
09:40 Il y en a de gauche, il y en a de droite,
09:42 il y en a du centre, il y en a qui sont nulle part.
09:45 Mais tous...
09:47 Bon. Et j'estime que je pense que c'est...
09:50 C'est un rassemblement exceptionnel.
09:53 C'est la grande...
09:54 Le grand privilège du sport et du sportif,
09:57 c'est qu'il réunit autour de lui plein de personnes.
10:01 Et c'est aussi le...
10:02 Jean-Claude Kiel, il a eu une phrase extraordinaire
10:05 à Copenhague.
10:07 Il a dit...
10:08 On dit souvent que le monde est un village,
10:11 et le village olympique, lui, c'est le monde.
10:14 Et c'est ça, quoi.
10:16 Pendant 15 jours, village olympique
10:18 et paralympique, après,
10:20 vous avez des tas de gens,
10:21 des tas de jeunes et moins jeunes,
10:24 de toutes conditions, de tout sexe,
10:26 d'où qu'ils viennent,
10:28 qui sont aussi allemands, etc., etc.,
10:30 et qui sont heureux de se retrouver
10:33 et qui discutent sans problème.
10:35 Et là, il n'y a pas de problème de langue.
10:37 Il n'y a pas les Anglais,
10:39 il n'y a pas l'anglais, l'arabe, le russe,
10:41 le japonais, le chinois, etc.
10:43 La langue du sport, c'est l'esperanto.
10:46 - Oui. En 1976, à Montréal,
10:48 quand vous avez franchi la ligne de tête,
10:50 à quoi vous avez pensé à ce quart de seconde-là ?
10:53 - Moi, j'ai été libéré.
10:55 - Oui ? Vous avez pensé ?
10:56 - J'ai pensé... Je ne sais pas à quoi on pense, d'ailleurs.
11:00 J'étais...
11:02 Je vous dis, c'est l'aboutissement.
11:04 Donc, c'est un plaisir très personnel,
11:07 très égoïste.
11:08 Pendant quelques secondes, quoi,
11:10 vous êtes le roi du monde, quoi.
11:12 Donc, c'est comme ça.
11:14 Vous avez gagné.
11:15 Vous arrivez enfin à aboutir
11:17 au rêve qui vous a porté
11:19 pendant des années et des années.
11:21 Et puis là, c'est fait.
11:23 C'est tout.
11:24 - Oui.
11:25 Et la vie ne sera plus jamais comme avant.
11:27 - Non, ça, c'est sûr.
11:29 Mais il y a toujours ce qu'il faut.
11:31 Les mots que j'aime bien dans le sport,
11:33 c'est que j'étais récemment dans une...
11:36 Un rassemblement où, justement,
11:38 on parlait de l'avenir des Jeux olympiques,
11:41 etc., etc.
11:42 Et il y a 2 termes qui n'ont pas été utilisés,
11:45 que je regrette, c'est la confiance.
11:48 Je crois que c'est ce qui est le plus important
11:51 chez le champion, justement,
11:53 pour qu'il réussisse, et le plaisir.
11:55 Parce que c'est pas pour telle ou telle chose.
11:58 C'est d'abord parce que ça nous fait plaisir
12:01 d'être sur un stade.
12:02 Et moi, quand je suis sur un stade...
12:05 Encore maintenant, d'ailleurs.
12:06 Je suis pas oublié de la même façon.
12:09 Mais c'est toujours un plaisir immense.
12:11 - Merci, Guy Druth.
12:13 "Champions inoubliables" au Cherchemidi.
12:15 On a tous nos champions de coeur.
12:18 Merci, Guy Druth, d'avoir été avec nous.
12:21 - Merci, à vous aussi.
12:22 Sous-titrage Société Radio-Canada

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