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00:00 - 9h45, Laurent Gallien, l'invité de la rédaction ce matin.
00:03 - Sophie Guillon, membre de la Confédération Paysanne en Isère, dans le Pays Varonais plus exactement.
00:08 Bonjour Sophie Guillon.
00:09 - Bonjour.
00:09 - Si on vous a invité aussi, c'est parce que votre syndicat a un regard un petit peu différent des autres,
00:13 sur les raisons de la crise et sur les moyens d'en sortir.
00:16 Première question d'abord, est-ce que vous êtes solidaire de vos confrères, consœurs de la FDSEA
00:23 ou d'autres syndicats qui bloquent les routes des vers du lisier devant les DDT ?
00:28 - Alors, on est solidaires en partie et sur certains points, notamment on peut pas...
00:38 enfin bien sûr qu'il y a des problèmes aujourd'hui dans le monde agricole,
00:42 et notamment au niveau du revenu, au niveau de...
00:50 - Des normes peut-être ?
00:51 - Alors...
00:52 - Ou de la manière dont on voit le marché, on va peut-être y revenir avec vous,
00:55 mais d'abord, il n'y a pas d'agriculteurs de la Confédération Paysanne sur les barrages actuellement ?
01:00 Vous n'appelez pas au blocage ?
01:03 - On est solidaires, certains d'entre nous sont allés manifester,
01:07 après on n'a pas forcément les mêmes façons de manifester,
01:11 les mêmes façons de se faire voir ou d'intervenir, voilà.
01:17 Donc certains d'entre nous étaient hier à Grenoble par exemple,
01:22 mais on n'est pas tout à fait sur les mêmes lignes,
01:26 notamment au niveau de notre vision du système agricole en général.
01:32 Nous...
01:36 - Vous finalement, vous réclamez peut-être plus de régulation du marché, non ?
01:39 - Oui, plus de régulation, tout à fait, plus de sécurité,
01:44 et ça passe aussi par des interventions de l'État, normalement,
01:47 donc un encadrement des prix, qui pourrait nous permettre de sécuriser l'achat de nos produits,
01:55 et un encadrement des prix aux frontières, et aussi à l'intérieur du pays.
02:02 - Parce que comme vos confrères de l'AFD, vous êtes contre par exemple les accords conclus avec la Nouvelle-Zélande,
02:07 - Bien sûr.
02:08 - On négocie avec le Mercosur, etc.
02:10 - Bien sûr, bien sûr, et on demande un moratoire sur tous ces accords de libre-échange.
02:15 En fait, le problème, c'est qu'on est quand même dans un système ultra-libéral,
02:21 soutenu pour le coup par la FNSA, là,
02:25 et c'est ce système ultra-libéral que nous, on récuse, et qu'on voudrait voir évoluer.
02:31 - La sortie de crise, pour vous, effectivement, ce ne serait pas plus de libéral, mais un peu moins, plutôt, c'est ça ?
02:36 - Oui, tout à fait.
02:37 - On va y revenir, on va prendre un premier témoignage à l'antenne,
02:40 on a avec nous Stéphanie de Charron-Cieux.
02:43 Bonjour Stéphanie !
02:44 - Bonjour !
02:45 - Alors expliquez-nous votre témoignage, je vous sais, à propos des circuits courts.
02:48 Vous travaillez avec des producteurs français ou locaux, peut-être, autour de vous, à Charron-Cieux, aux Abrès ?
02:54 - Oui, tout à fait, donc, notre boutique, nous, on travaille en direct avec les producteurs locaux, dans la mesure du possible,
03:01 mais en tout cas, nous, on est à Charron-Cieux, à côté des Abrès,
03:04 donc je vais jusque Andraux, Mardèche, Provence, chercher mes produits,
03:08 donc, moi, je ne vois pas une façon de travailler autre que celle-ci.
03:14 - Et est-ce que vous voulez payer plus cher vos produits que si vous alliez vous servir dans les distributeurs de gros,
03:21 de la distribution, parce que vous avez un magasin ?
03:23 - Non, pas du tout, non, non.
03:25 Donc du coup, moi, je leur assiette au juste prix, je ne négocie rien du tout,
03:28 parce que je respecte leur travail et je ne sais pas si c'est pas sain.
03:31 Et nous, on n'a pas eu d'augmentation, donc moi, il y a trois ans que j'ai créé mon entreprise,
03:36 et donc en trois ans, franchement, j'ai peut-être eu, allez, 5 centimes sur les radis, on va dire, d'augmentation,
03:42 mais sinon, non, les producteurs français, ils ne vont pas augmenter, quoi.
03:46 Après, c'est sûr que début de saison, la tomate, elle est un peu plus chère qu'en fin de saison, mais en tout cas...
03:52 - Après, il y a des variations de marché, effectivement, on fait en sorte que la maturité des produits...
03:57 Par contre, il faut respecter les saisonnalités, ça, c'est une autre dimension.
04:01 Je reviens vers vous, Sophie Guillon, merci, Stéphanie, depuis Charron-Sieu, pour votre témoignage.
04:06 Le modèle, finalement, que décrit Stéphanie, c'est ce que vous cherchez, la Confédération Paysanne, c'est ce que vous encouragez ?
04:12 - Oui, bien sûr. - Produire localement, distribuer localement ?
04:15 - En circuit court, oui, bien sûr, mais ça ne veut pas dire qu'on est contre les circuits longs à la Confédération Paysanne.
04:22 Les circuits longs sont indispensables, mais il faut les encadrer, encadrer les prix, sécuriser ces filières, voilà.
04:30 - De manière à ce qu'on ait pas assez des barres à curants sur "c'est la grande distribution qui se gave", "c'est les transformateurs qui se gavent", etc.
04:36 - Ah bah de toute façon, la grande distribution se gave !
04:40 - Elle vous dirait qu'elle fait les prix les plus bas pour satisfaire les consommateurs ?
04:45 - Oui, il y a eu une loi Egalim, et elle n'est pas respectée, cette loi, par exemple.
04:49 - Ça aussi, vous le partagez avec la FDS ?
04:51 - Voilà, tout l'encadrement des prix qui a été discuté à ce moment-là n'est pas respecté, il n'y a pas eu d'avancée là-dessus.
04:58 Donc il y a quand même un gros problème, bien sûr que le monde agricole est en colère.
05:03 On est face à des enjeux majeurs, climatiques, il va absolument falloir qu'on évolue, et pour ça, il va falloir qu'on soit aidé,
05:13 ou qu'on y aille, mais il faut qu'économiquement on puisse suivre, que le monde agricole doit pouvoir suivre et doit être accompagné pour ça.
05:22 - On va faire une nouvelle petite pause, on va peut-être retourner directement sur la route.
05:25 Est-ce qu'on a Bastien Roch avec nous ? Bastien, vous êtes toujours là, Bastien ?
05:28 - Ça va, il m'a parlé.
05:29 - Allô, Bastien ?
05:31 - Oui, il peut te le dire.
05:32 - Non, on ne l'a pas.
05:33 - Il ne nous entend pas.
05:34 - Ou il ne nous entend pas.
05:35 Bastien Roch est au blocage au niveau du pont de Catane, sur la 481 à Grenoble, donc toujours bloqué,
05:41 et où tout à l'heure, évidemment, la circulation devenait de plus en plus difficile.
05:46 Je reviens vers vous, donc Sophie Guillon de la Confédération Paysanne.
05:50 On l'a dit tout à l'heure, vous êtes contre les grands traités de libre-échange, comme on les appelle,
05:54 négociés de continent à continent, de grands ensembles à grands ensembles,
05:58 mais sans traité de libre-échange, c'est la libre concurrence.
06:02 Et là, peut-être qu'il va y avoir aussi une pénalisation pour l'agriculture française.
06:06 - Oui, bien sûr, oui, oui.
06:08 Ce serait quand même intéressant qu'on garantisse des prix planchers, pour tout produit, que ce soit...
06:15 - Pour vous, c'est la réponse, le prix plancher ?
06:17 - Oui, oui, oui.
06:18 Voilà, des prix minimums au-delà desquels on ne peut pas acheter...
06:24 - Pour vous, ce n'est pas rendre possible aux agriculteurs le fait de traiter ou de produire comme dans d'autres pays ?
06:29 Comme en Espagne, même à l'intérieur de l'Europe ?
06:32 - Alors, sur les traitements, nous, on a une autre position, je pense.
06:37 On souhaite être encadrés au niveau des...
06:42 On souhaite le changement, quand même.
06:44 Parce que le monde change, parce qu'on est face à de grands enjeux,
06:47 et on aimerait pouvoir y aller aussi,
06:50 que le monde agricole puisse évoluer, changer, pour pouvoir faire face à ces changements-là.
06:55 Mais tout ça demande des moyens,
06:58 et des moyens à la fois financiers et à la fois humains,
07:05 pour être accompagnés sur ce changement-là.
07:07 - Il faudrait forcément que ça se passe à l'échelle européenne aussi ?
07:11 - Oui, mais ça se passe aussi à l'échelle européenne.
07:14 Il y a, par exemple en agriculture bio, un cahier des charges européen.
07:19 Ça se passe aussi à l'échelle européenne, et on n'est pas contre cette échelle européenne-là.
07:24 Mais après, les normes, elles sont de toute façon contraignantes, c'est sûr,
07:30 mais elles peuvent être intéressantes.
07:33 Il faudrait qu'on soit parfois plus consultés, parce que des fois elles sont quand même...
07:37 - Vous pensez qu'il y a des normes aberrantes ?
07:40 - Ah bah oui, bien sûr qu'il y a des normes aberrantes !
07:43 Et pour ça, ce serait bien qu'on puisse travailler en collaboration avec les services de l'État pour...
07:48 - Pour améliorer les choses ?
07:50 - Bah oui, bien sûr, et puis c'est la façon de les appliquer, etc., qui ne va pas...
07:56 Et surtout, ce sont des normes qui s'appliquent à l'agriculture industrielle.
08:01 Or, quand on n'est pas dans ce modèle-là, ça devient très compliqué.
08:05 - Et très lourd.
08:06 - Et très lourd au niveau de ces normes-là.
08:08 Mais ça ne veut pas dire qu'on est contre un encadrement.
08:11 - A 153 sur France Bleu Isère, ici matin, on va retrouver Bastien Ruck,
08:16 depuis le pont de Catane, au-dessus de l'A480, toujours bloqué, Bastien, j'imagine ?
08:21 - L'A480, oui, toujours bloqué, Laurent.
08:24 Sur le pont de Catane, ça circule...
08:26 J'allais dire normalement non, parce que c'est quand même très bouché,
08:30 mais en tout cas, on peut circuler sur le pont pour passer d'un côté à l'autre,
08:33 mais effectivement, au niveau de l'autoroute, c'est toujours bloqué.
08:37 Un tout petit peu au niveau de la sortie, juste au sud du pont de Catane,
08:40 pour les voitures qui viennent du sud de l'agglomération,
08:43 et puis au niveau de Fontaine, pour celles qui viennent du nord,
08:46 c'est pour ça qu'on n'en voit toujours pas qui arrivent ici.
08:49 Je me permets de réitérer le message qu'on avait passé à 6h du matin,
08:54 attention quand même aux voitures qui viennent du centre-ville
08:56 pour prendre justement le pont de Catane,
08:59 les prévenir qu'elles ne peuvent pas prendre l'autoroute
09:01 pour partir vers le nord, vers Lyon, parce que l'entrée est bouchée par des pneus.
09:05 Et Alexis, que j'avais trouvé là-bas à 6h, il était toujours, il y a quelques minutes,
09:10 à essayer désespérément de faire la circulation pour éviter qu'une voiture n'aille s'encastrer
09:13 sur cette barrière de pneus.
09:15 Donc, la prudence au bon conducteur.
09:17 - Merci Bastien, espérons qu'il aura du renfort quand même,
09:19 peut-être un peu des forces de l'ordre, pour faire la circulation avant qu'il désaccelère.
09:23 - Les gendarmes ont été prévenus à l'instant,
09:24 normalement ils vont envoyer les services de l'autoroute.
09:27 - Est-ce qu'on a également Romain Biteau avec nous ?
09:30 - Oui, oui Laura.
09:31 - Vous êtes vous sur l'A48, entre Rives et Voiron, toujours bloqués cet A48.
09:37 Comment ça se passe ? Est-ce que vous avez à côté de vous un agriculteur peut-être ?
09:41 - Alors non, pas d'agriculteur, parce que beaucoup sont retournés dans leurs tracteurs
09:46 pour en fait partir et retourner travailler dans leur exploitation.
09:50 Il y a un système de roulement, ici de renouvellement on va dire,
09:53 des équipes qui sont en train de bloquer l'A48.
09:56 Donc l'A48 toujours bloqué, et ils n'ont pas prévu,
09:59 les agriculteurs présents sur place n'ont pas prévu de lever le camp.
10:03 Mais comme vous pouvez l'entendre, les moteurs vont brise,
10:06 les moteurs des tracteurs, et peut-être que d'autres tracteurs vont venir
10:10 pour relier les agriculteurs déjà sur place.
10:12 - C'est l'heure de la relève donc sur l'A48 au niveau du péage de Rives.
10:16 Merci, merci Romain pour ce point.
10:19 Je reviens vers notre invitée du jour, Sophie Guillon de la Confédération Paysanne
10:26 pour parler du déplacement de Gabriel Attal aujourd'hui.
10:29 Il est en haut de Garonne avec le ministre de l'Agriculture pour faire des annonces.
10:33 Alors les premières pistes ce serait revenir un tout petit peu sur la fin annoncée
10:38 de l'abattement fiscal sur les carburants pour les agriculteurs,
10:42 et également des simplifications dans tout ce qui est paperasse.
10:46 Ça va dans le bon sens, est-ce que ça va assez loin pour vous ?
10:50 - Non, ça ne va pas assez loin.
10:52 Si on en reste là, ça n'ira pas assez loin, ça ne changera pas la face du monde agricole.
10:57 Malheureusement, je pense qu'il faudrait vraiment aller beaucoup plus loin.
11:02 C'est tout un système qu'il faudrait réviser, et une politique.
11:07 Mais il faut avoir le courage aussi.
11:09 - Mais ça c'est à long terme, réviser tout un système ça prend du temps.
11:12 Ça prend beaucoup de temps.
11:14 Là les agriculteurs, ceux qui sont sur les barrages en tout cas,
11:17 et peut-être vous-même, vous réclamez des réponses immédiates
11:19 à ce qu'on fait aujourd'hui et demain.
11:21 - Les aides sur le GNR, sur le carburant,
11:27 ce n'est pas forcément notre vendication première.
11:32 Parce que c'est une aide financière comme une autre,
11:36 mais ce n'est pas ce qui va nous permettre d'évoluer dans nos pratiques.
11:42 Ce qu'on attendrait c'est surtout des mesures sur les prix,
11:51 sur les revenus paysans.
11:55 - C'est une égalim plus plus quoi.
11:57 - Oui, bien sûr, déjà appliquée.
11:59 Et ensuite, après, on aimerait, quand je parle de cet accompagnement,
12:06 il y a eu des régressions sur les aides par exemple à l'agriculture bio,
12:10 les aides au maintien ont disparu.
12:15 Ce ne sont pas des choses qui vont dans le bon sens.
12:19 Et après, il y a le monde agricole dans son ensemble
12:23 qui a besoin d'être soutenu à différents niveaux.
12:30 Comme je le disais tout à l'heure, au niveau financier, mais aussi...
12:32 - Soutenu, mais pas forcément comme longtemps,
12:34 la FNSEA, on a aussi compris ce qui vous différenciait du grand syndicat agricole.
12:40 Soazic Pauley, on a des réactions sur Facebook ?
12:42 - Oui, comme tous les matins depuis mardi matin,
12:45 puisque c'est notre sujet du matin depuis mardi matin.
12:49 Évidemment des messages de soutien à nos auditeurs sur la page Facebook de France Bleu Isère
12:53 qui soutiennent ce mouvement.
12:55 Des agriculteurs qui nous disent aussi qu'ils privilégient effectivement le circuit court,
13:01 les producteurs près de chez eux, en Isère, on a la chance d'en avoir plein.
13:05 Et du coup j'en profite aussi pour vous dire que vous avez la parole aussi toute la matinée sur France Bleu Isère.
13:11 - Voilà, une émission spéciale entre 9h et 11h,
13:13 aux côtés de Pauline Blanc qui recevra et restaurateur et magasin de producteurs,
13:18 des producteurs bien sûr, et vous, auditeurs de France Bleu Isère,
13:21 si vous avez envie de témoigner, n'hésitez pas, dès à présent, 04 76 46 45.
13:26 - En particulier des circuits courts et de vos relations directes finalement aux agriculteurs.
13:32 Merci Sophie Guilland d'être venue nous donner la position de la Confédération Paysanne de l'Isère ce matin.
13:38 Vous êtes, vous, agricultrice dans le pays Vorneuil, je ne vous ai même pas demandé ce que vous faisiez.
13:42 - Alors on est en Gaeque, on produit différentes choses, des céréales,
13:45 on élève des poules pondeuses, des fruits, des petits fruits.
13:48 - Et bien bon travail, merci beaucoup et bonne journée.