Malgré la compétence et l'acharnement des enquêteurs, de nombreux crimes restent sans solution, et nombreuses sont les pièces du puzzle qui demeurent introuvables... incapables de trouver la paix, certaines victimes demanderaient justice par-delà la tombe.
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00:00 Dans la soirée, les parents, les amis ont fait des recherches.
00:04 Vous savez, c'était très inquiétant, étant donné que Sharon n'était pas une jeune fille qui avait l'habitude de fuyer.
00:08 C'est une affaire criminelle qui n'en paraissait pas une pendant un temps.
00:12 La première personne tuée ce jour-là était la belle mère.
00:16 L'arme du crime n'a pas été trouvée tout de suite, même s'il paraissait évident que c'était une hache.
00:21 En 1892, une domestique est alertée par les cris de sa maîtresse.
00:26 Une affaire de meurtre qui va devenir l'un des plus célèbres "Qui a tué ?" de l'histoire.
00:32 En 1969, deux chasseurs découvrent le cadavre d'une jeune fille près de l'autoroute 97,
00:39 qu'on rebaptisera bientôt l'autoroute des larmes.
00:43 En 1975, un apiculteur découvre un corps gelé près de ses ruches.
00:49 En 40 ans, personne ne répondra à la question "Qui a tué Sharon ?"
00:54 Qui ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? A dossier mystère.
00:59 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:03 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:08 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:13 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:18 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:23 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:28 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:33 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:38 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:43 Le coup d'envoi de la hache a été le plus grand défi de l'histoire.
01:48 Comme dans un jeu de société.
01:51 Le jeu du qui, quand, comment, pourquoi.
01:56 Dans sa chambre du troisième étage, Bridget Sullivan somnole.
02:07 La domestique est montée s'étendre quelques instants.
02:14 Depuis le déjeuner, elle a l'estomac à l'envers.
02:18 Il faut dire que la soupe aux moutons servie un peu plus tôt n'était pas des plus fraîches.
02:23 Et la canicule qui règne à l'extérieur n'aide en rien son état.
02:28 L'air est étouffant.
02:31 Etendue sur le dos, elle essaie de se détendre.
02:36 Seul le tic-tac de l'horloge placée sur sa commode brise le silence de la maison.
02:43 "Bridget, Bridget, Bridget venez vite, père est mort, quelqu'un est venu et l'a tué."
02:50 Bridget a reconnu la voix.
02:54 C'est celle de Miss Lizzie, la fille cadette de ses maîtres, Andrew et Abby Bortlen.
03:00 D'un bond, elle saute du lit et se précipite dans l'escalier aménagé spécialement pour les domestiques.
03:10 En pénétrant dans la salle de séjour, sur une petite causeuse, vit le corps affalé d'Andrew Borden.
03:17 Bridget est horrifiée.
03:22 Qui a bien pu commettre tel crime ?
03:25 Cette question va devenir l'une des grandes énigmes policières de l'histoire américaine.
03:35 Nous sommes le 4 août 1892, à Fall River, au Massachusetts.
03:40 Ce matin-là, vers 8 heures, la famille Borden se réunit pour prendre le petit-déjeuner.
03:46 Au 19ème siècle, la famille Borden était l'une des familles les plus puissantes ici, dans la région de Fall River.
03:53 Andrew Jackson Borden avait dû travailler dur pour faire sa fortune.
03:58 Il avait commencé comme charpentier et ébéniste, et finalement avait réussi à devenir banquier.
04:05 Les membres de la famille Borden étaient Andrew Jackson Borden, sa deuxième épouse, Abby Duffy Gray Borden, et ses filles Lizzie et Emma.
04:16 Lizzie et Emma étaient les filles de sa première épouse, Sarah Borden, décédée alors que Lizzie n'avait que 3 ans.
04:23 Monsieur Borden s'était remarié lorsque Lizzie avait 6 ans, et Abby était la seule mère que Lizzie n'ait jamais connue.
04:30 Ce matin-là, il y avait 5 personnes à la maison. Lizzie, qui affirme avoir dormi tard,
04:37 Monsieur et Madame Borden,
04:40 Bridget Sullivan, la domestique des Borden qui était à leur emploi depuis environ 3 ans,
04:46 ainsi qu'un visiteur, l'oncle John Morse. John Morse était le frère de Sarah Borden, la première épouse de Monsieur Borden, et l'oncle de Lizzie et Emma.
04:56 Ce matin-là, John Morse a été le premier à partir, car il avait affaire en ville.
05:02 De son côté, Lizzie dira qu'elle est descendue, qu'elle a trouvé son père assis à table, et qu'elle lui a remis une lettre à poster.
05:14 À la fin du repas, Abby et Bridget s'activent déjà au corvée ménagère.
05:19 Ce matin-là, la domestique doit laver les carreaux à l'intérieur et à l'extérieur.
05:25 Mais celle-ci est soudain prise de nausée et demande à Madame Borden d'être excusée.
05:34 Elle se plaint de la viande pas très fraîche du repas de la veille.
05:42 La marâtre est loin de manifester la moindre sympathie pour la domestique.
05:46 Elle exige qu'elle s'acquitte de ses tâches avant d'aller se reposer.
05:50 Ce que la jeune Irlandaise fait enfin aux alentours de 10 heures.
05:55 À peu près au même moment, Andrew Borden revient du bureau de poste.
06:03 Après avoir parcouru son courrier, il se retire dans un petit salon du second pour y lire le journal.
06:11 M. Borden revient vers 10h40, s'assied et lit le journal.
06:14 Peu de temps après, M. Borden monte à sa chambre, déverrouille la porte car il n'est là que pour quelques minutes,
06:20 puis verrouille la porte derrière lui lorsqu'il redescend au fumoir pour faire un somme.
06:25 À 11h15, Bridget Sullivan, qui s'est assoupie dans son lit, est réveillée par les cris de l'isier.
06:32 La jeune femme hurle que son père a été assassiné.
06:37 Paniquée, Bridget dévale l'escalier qui dépose dans le fumoir pour se retrouver face à l'isier, visiblement sous choc.
06:45 Lizzie découvre la scène et appelle tout de suite la domestique qui est au troisième étage,
06:53 parce qu'elle ne se sent pas bien, et l'envoie chercher un médecin et de l'aide.
06:59 À ce moment-là, le docteur Borden n'est pas chez lui, il fait sa tournée, alors elle laisse le message à son épouse.
07:06 Bridget revient en courant et traverse la rue, l'isier toujours dans la maison derrière la porte moustiquaire fermée,
07:12 et de là crie à Bridget qui traverse la rue d'aller chercher son ami Alice Russell.
07:17 Pendant ce temps, Madame Churchill, dont la maison est tout juste de l'autre côté de l'allée réservée aux carrosses,
07:24 est dans sa cuisine, et par sa fenêtre, regarde Bridget qui court frénétiquement dans la rue.
07:29 Elle aperçoit aussi Lizzie qui se tient derrière la porte moustiquaire, et lui crie "Lizzie, que se passe-t-il ?"
07:36 Et Lizzie lui répond "Madame Churchill, s'il vous plaît, venez m'aider, quelqu'un a tué papa."
07:43 Elles ont appelé la police, les gens sont arrivés, et tout le voisinage était au courant.
07:49 Bientôt, la maison du 92 Second Street grouille de policiers,
07:55 et lorsque les enquêteurs demandent à Lizzie où se trouve sa belle-mère,
08:00 celle-ci leur répond que Madame Borden a quitté plus tôt en matinée pour aller visiter une amie malade.
08:06 Lizzie dira que ce matin-là, sa belle-mère avait reçu une note de la part d'une amie malade,
08:13 et qu'elle était partie lui rendre visite, mais aucune amie malade ne s'est jamais manifestée,
08:18 aucune note n'a été trouvée, et aucun courrier ne s'est jamais présenté pour dire qu'il avait livré un quelconque message à la maison ce matin-là.
08:25 Malheureusement, il n'en est rien.
08:28 En faisant le tour de la résidence, un policier en compagnie de Bridget et d'une voisine
08:34 trouve le corps ensanglanté de Madame Borden dans une chambre du deuxième étage.
08:39 La sexagénaire a elle aussi été assassinée à coups de hache.
08:44 La première personne à avoir été tuée ce jour-là fut la belle-mère.
08:50 Elle était dans la chambre des invités, de cet invité qui était là le matin,
08:54 et elle changeait les draps ou quelque chose du genre.
08:57 Quand quelqu'un est arrivé derrière elle, il l'a frappé à la tête avec une hache environ 19 fois.
09:03 L'arme du crime n'a pas été trouvée tout de suite, même s'il paraissait évident que c'était une hache.
09:08 Un meurtre à la hache est quelque chose de très violent, c'est un crime de passion commis par quelqu'un qui est très en colère.
09:14 Cette personne veut non seulement tuer, mais détruire sa victime de toutes les manières.
09:19 Les premiers soupçons des enquêteurs évoquent un rôdeur qui se serait introduit dans la propriété.
09:24 Après tout, M. Borden, un banquier prospère et avare, a pu être victime d'un vol ou d'une vengeance.
09:32 M. Borden aurait pu avoir des ennemis dans le monde des affaires.
09:44 C'était un homme d'affaires respecté, mais je crois que quelques-uns de ses locataires n'auraient pas vu les choses du même oeil.
09:49 Il était très strict en ce qui concernait la collecte des loyers, et si vous étiez en retard, il ne vous pardonnait pas.
09:55 Lizzie Borden affirme que vers 11h du matin, elle est sortie dans la cour pour cueillir des poires,
10:01 puis qu'elle est allée dans la grange afin de chercher des hameçons en prévision d'une excursion de pêche.
10:06 D'après son témoignage, elle affirme avoir été absente de la maison entre 15 et 20 minutes,
10:11 soit le temps nécessaire pour que quelqu'un s'introduise dans la maison et tue sa belle-mère habillée,
10:16 ainsi que son père Andrew qui sommenait sur le divan.
10:19 Durant le même laps de temps, la domestique Bridget, qui était dans la maison, affirme n'avoir rien entendu.
10:25 Rien n'a été volé, rien n'a été déplacé, aucune trace d'effraction, aucun signe de résistance ou de bagarre,
10:30 ce qui laisse croire que les victimes connaissaient leur assassin.
10:34 L'attention des inspecteurs se tourne vers le seul visiteur présent dans la maison ce matin-là.
10:41 John Morris.
10:43 Un des premiers suspects fut l'oncle John Morris, qui a été rapidement écarté,
10:48 car il était à l'autre bout de la ville, en visite, chez des amis.
10:52 Son alibi était très solide, certains diront même trop solide.
10:56 En revenant sur 2nd Street cet après-midi-là, il aurait conversé avec trois prêtres à bord du tramway
11:04 et aurait même mémorisé le numéro que le chauffeur portait sur sa casquette.
11:09 À son retour, il a aperçu la foule autour de la maison et, plutôt que de se rater pour savoir ce qui se passait,
11:15 il a cueilli une pomme et il est resté debout devant la scène à manger sa pomme.
11:20 Alors je crois qu'il savait exactement ce qui se passait et qu'il avait quelque chose à y voir.
11:25 Puis, il y a Emma Borden, curieusement absente au moment des meurtres.
11:31 Emma était à Fairhaven, au Massachusetts, en visite chez des amis.
11:35 Elle était hors de la ville depuis les deux dernières semaines.
11:38 La seule manière dont Emma aurait pu à cette époque venir ici commettre les meurtres,
11:42 puis retourner à Fairhaven à temps pour recevoir le télégramme, ça aurait été d'avoir une Ferrari.
11:47 La domestique, Bridget Sullivan, est quant à elle rapidement disculpée.
11:53 À ce moment précis, Bridget Sullivan est à l'extérieur, occupée à laver les vitres,
11:57 et elle a un alibi, ce matin-là, des gens l'ont vue à l'extérieur.
12:01 Finalement, il ne reste comme possibilité que l'impensable.
12:05 Lizzie Borden aurait tué son père ainsi que sa belle-mère,
12:09 et la scène de crime témoigne d'une rage incroyable.
12:12 Frapper quelqu'un aussi souvent comme Abby, 19 fois, c'est de la rage.
12:19 Frapper le père directement dans la figure, 9 ou 10 fois, je crois, c'est de la rage.
12:28 Avec la mort d'Abby et d'Andrew Borden, Lizzie et sa sœur Emma deviennent les uniques héritières d'une fortune immense.
12:35 À la fin de ses jours, au moment de son assassinat, il valait entre 3 et 500 000 dollars.
12:41 Maintenant, ce qu'elle craignait, c'est que son père ne fasse un testament qui aurait cédé sa fortune non pas à sa sœur et à ses héritiers,
12:48 et à elle-même et à ses héritiers, mais à sa belle-mère et à sa fille.
12:55 Le 11 août 1892, Lizzie Borden est arrêtée pour le double meurtre, les accusations dont elle se dit innocente.
13:02 Son procès s'ouvre le 5 juin 1893, dans la ville voisine de New Bedford.
13:09 Lizzie a été accusée et s'est retrouvée au cœur d'un procès très élaboré qui, pour l'époque, était l'équivalent du procès O.G. Simpson.
13:21 Il s'était prévalu des services d'une défense extrêmement onéreuse. Il pouvait compter sur une équipe de rêve, un "dream team".
13:28 Certes, l'accusation n'en contrait que des preuves circonstancielles.
13:33 Le procureur, maître William Moody, fait défiler à la barre plusieurs témoins.
13:38 Un pharmacien de Fall River témoigne que deux jours avant les meurtres, il a refusé de vendre à Miss Borden de l'acide cyanhydrique.
13:50 Dans l'après-midi du mercredi précédant le meurtre, une femme est entrée dans sa boutique et a essayé d'acheter pour 10 cents d'acide cyanhydrique.
13:57 Il lui a répondu qu'elle ne pouvait pas se procurer ce produit dangereux car il fallait une prescription médicale.
14:02 Ce jour-là, elle a donc quitté la boutique sans l'acide cyanhydrique.
14:06 La police a amené le pharmacien chez les Borden afin qu'il écoute les voix de femmes à l'intérieur de la cuisine.
14:11 Au bout d'un moment, il s'est tourné vers le coroner et lui a dit "oui, c'est bien la femme qui est venue à ma boutique".
14:17 Mais le juge a rejeté cette preuve sous prétexte que les Borden n'avaient pas de toute évidence été empoisonnés.
14:22 Ce matin-là, toute la famille avait été malade, présumément à cause d'aliments variés, mais il est possible qu'elle ait tenté de les empoisonner.
14:30 Alice Russell, une voisine et amie des Borden, jure avoir vu l'accusé brûler une robe.
14:37 "Était-ce la robe que portait Lizzie au moment des meurtres?" interroge le procureur.
14:44 "Le lendemain des funérailles, Alice Russell avait vu Lizzie brûler une robe dans le four de la cuisine. Ce fait a été évoqué au procès.
14:52 Mais le juge a rejeté ce témoignage sous prétexte que ce n'est pas un crime de brûler une vieille robe."
15:00 Bridget Sullivan, la domestique, contredit une partie des affirmations de la principale intéressée.
15:09 "Un fait à signaler est que lorsque les enquêteurs sont entrés dans la maison, Bridget les a guidés au sous-sol et elle a remarqué un panier contenant des guenilles ensanglantées.
15:19 Et elle s'est dit, ça n'était pas là hier. Et Lizzie a répondu, oui ça y était, j'avais mes règles et j'ai posé ça là.
15:27 Mais ça pourrait très bien être les guenilles dont se serait servi Lizzie pour s'essuyer le visage et qu'elle aurait posé là avant d'appeler Bridget à l'aide.
15:37 Elle avait une petite tache de sang, mais elle prétendait qu'elle avait ses règles.
15:40 Le jury étant entièrement composé d'hommes, il n'avait pas la liberté de poser de questions sur ces affaires strictement féminines."
15:47 Le fait que Lizzie Borden soit une femme de bonne famille influence les décisions du juge Albert Mason dans l'admission des preuves potentielles.
15:56 Après l'audition des témoins de l'accusation, maître George Robinson appelle sa cliente à la barre.
16:06 Mais le témoignage en défense de Lizzie Borden paraît tissé de fil blanc.
16:10 "Elle présente une histoire qui ne tient pas debout. D'abord elle affirme qu'après avoir rencontré son père et qu'il soit allé dans le fumoir,
16:18 elle a eu envie de manger alors elle se dirige vers la grange pour chercher des hameçons pour l'excursion de pêche qu'elle prépare.
16:24 Ensuite elle change son histoire et dit qu'elle cherche un fil d'acier pour réparer un moustiquaire de la maison.
16:31 Elle va dans la grange et cueille des poires parce qu'il y a des poiriers dans la cour.
16:34 Mais elle n'arrive pas à être cohérente. Elle change continuellement de version à propos de là où elle est, à quel moment elle y est,
16:40 tout dépendant à qui elle parle et à quel moment."
16:43 Une autre preuve qui sera mise de côté, et c'en est une d'importance, c'est l'ensemble du témoignage de Lizzie.
16:49 Durant ces trois jours de témoignage, le procureur avait souligné pas moins de 50 contradictions.
16:56 Il avait mis dix mois à préparer sa cause contre elle et maintenant toutes les preuves qu'il avait venaient de disparaître.
17:02 Pour son avocat, maître George Robinson, toutes ces accusations ne reposent que sur des spéculations gratuites.
17:11 Où sont les preuves ? Où est l'arme du crime ? Et où est passé le sang sur les vêtements de sa cliente ?
17:19 N'est-ce pas là la preuve de son innocence ?
17:25 À l'issue de deux semaines d'interminables dépositions, le jury met moins d'une heure pour rendre son verdict...
17:31 non coupable.
17:34 "Toutes les preuves circonstancielles la pointe du doigt, les moindres étant celles de collusion ou de complicité,
17:40 et elle est acquittée. Elle est acquittée essentiellement parce que la poursuite a fondé sa cause sur le raisonnement suivant,
17:46 si ce n'est pas Lizzie la coupable, alors qui est-ce ?"
17:50 "Elle fut acquittée, mais ça ne veut pas dire qu'elle était innocente. Elle fut acquittée et elle est retournée vivre le reste de sa vie à Fall River comme une femme solitaire."
18:00 Lizzie Borden est libre. Libre de profiter de son héritage, mais elle vit comme un paria.
18:08 "Lizzie et sa soeur Emma achètent une maison de l'autre côté de Fall River appelée Maplecroft,
18:13 et elle vit là avec une sorte de nuage noir au-dessus de la tête pour le reste de ses jours."
18:18 "Elle avait un grand train à Maplecroft. Elle avait deux grandes chambres, faisait des fêtes somptueuses avec des vedettes de cinéma,
18:23 et avait des compagnons qu'elle n'arrivait pas à garder. En 1905, Emma quitta la maison et les deux soeurs ne se reparleront plus jamais."
18:30 Les rumeurs populaires lui prêtent une liaison avec la jolie comédienne Nancy O'Neill, qui lui est demeurée fidèle.
18:41 En 1913, sa soeur Emma déménage à quelques rues de Maplecroft. Elle n'adressera plus jamais la parole à sa soeur.
18:49 Aurait-elle surpris Lizzie dans une situation scabreuse ? A-t-elle découvert que sa cadette n'était pas aussi innocente qu'elle le croyait ?
18:59 Emma ne commentera jamais les raisons de cette séparation définitive de sa soeur.
19:06 "La seule personne à qui nous savons qu'Emma a confié ses motifs d'avoir quitté Maplecroft est son révérend pasteur.
19:13 Bien sûr, il n'a jamais rien répété à personne, il a simplement suggéré qu'elle s'était sortie d'un mauvais pas."
19:21 Aujourd'hui, la maison du 92 2nd Street a été transformée en un "bed and breakfast" où, pour quelques dollars,
19:32 on peut dormir dans la chambre où Mme Borden a été assassinée.
19:36 On dit l'endroit "hanté par des âmes troublées".
19:42 "Voilà ce qui est intéressant. Cette maison est là depuis plus d'un siècle et demi, et les Borden n'ont vécu là que quelques décennies.
19:48 C'était une maison de chambre, et toutes sortes de gens l'ont fréquentée.
19:52 Et si vous reculez dans l'histoire, vous découvrirez que ce ne sont pas les seules personnes à être mortes dans la propriété.
19:57 Ce ne sont même pas les deux seuls Borden à y être morts."
20:01 "Je n'ai jamais aimé dire "cette maison est hantée". Je préfère dire "la maison est active".
20:05 J'ai aménagé dans cette maison il y a sept ans, et j'étais une sceptique à l'époque.
20:10 Aujourd'hui, en toute confidence, je puis vous dire que j'ai changé d'idée à propos de ce qui se passe dans cette maison.
20:16 Oui, elle est très, très active."
20:19 L'affaire Lizzie Borden demeure l'un des plus célèbres coups d'honnête qui a tué de l'histoire criminelle américaine.
20:28 Une vingtaine de livres lui ont été consacrés. Et jusqu'ici, le mystère persiste.
20:34 Une enquête difficile, un manque de preuves, un doute raisonnable, peuvent-ils cacher la vérité ?
20:45 Avec le temps, le mystère se nourrit de toutes les hypothèses.
20:49 Sur la scène de la vie, les meurtres peuvent être maquillés en accident, en fugue ou en disparition.
20:57 Un meurtre déguisé en disparition et un assassin anonyme, les ingrédients du crime parfait.
21:03 Comme dans l'affaire de l'autoroute des larmes.
21:07 A l'aube, les policiers entreprennent de ratisser un secteur forestier, juste au nord de Terrace.
21:23 Depuis le mois de décembre, on est sans nouvelles de Monica Egnas, une adolescente de la région.
21:30 La jeune femme n'avait aucun motif de fugue et de domicile familial.
21:36 Les policiers croient davantage à un enlèvement suivi d'un meurtre.
21:42 L'histoire va hélas leur donner raison une fois de plus.
21:46 Derrière des buissons, ils découvrent le corps d'une jeune femme.
21:52 Les agents sont convaincus qu'il s'agit du corps de la jeune Monica Egnas.
21:57 Les médias ne tarderont pas à associer ce meurtre à d'autres assassinats semblables, commis dans le nord de la Colombie-Britannique.
22:05 Des assassinats attribués à un insaisissable et très hypothétique tueur en série baptisé "le tueur de l'autoroute".
22:16 Confrontés à une nature sauvage et démesurée, les habitants des rocheuses canadiennes sont concentrés au sud, près de Vancouver, Victoria et Kelowna.
22:26 Au nord, de petites agglomérations majoritairement autochtones sont clairsemées le long des deux seuls axes routiers au-delà du cinquantième parallèle.
22:39 La route 97 nord-sud qui va de Prince George jusqu'en Alaska et la route 16 est-ouest qui mène à la côte du Pacifique.
22:48 De Prince George à Prince Rupert, il y a environ 800 kilomètres.
22:56 Et le long de cette autoroute, il y a plusieurs segments déserts, des montagnes et des rues.
23:05 Et le long de cette autoroute, il y a plusieurs segments déserts, où on ne trouve que des villages d'autochtones qui ont très peu de services publics de transport.
23:14 Faire de l'autostop était une pratique très fréquente.
23:19 Il n'était donc pas inhabituel pour eux de faire du pouce. En fait, c'était assez courant pour la plupart de ces gens de faire de l'autostop dans cette partie du pays.
23:33 Faire de l'autostop dans cette région n'est pas sans risque.
23:36 Au fil des ans, au moins 32 femmes ont disparu ou ont été assassinées le long de ces routes.
23:42 Une portion de l'autoroute 16, comprise entre Prince George et Prince Rupert, a même été rebaptisée "The Highway of Tears", l'autoroute des larmes, vu le nombre élevé des victimes.
23:54 C'est une affaire criminelle qui n'en paraissait pas une pendant un temps.
23:59 Les gens se disaient que ces jeunes femmes disparaissaient parce qu'elles quittaient, parce qu'elles partaient d'elles-mêmes pour aller voir ailleurs.
24:05 Vous savez, c'est le nord de la Colombie-Britannique ici. Nous avons un style de vie un peu plus libre, où faire du stop est pratiquement un mode de vie.
24:14 Et ça a pris un bon moment avant que ces cas soient reliés les uns aux autres et qu'on se dise "Regardez toutes ces femmes qui disparaissent".
24:22 Et je crois que c'est uniquement lorsqu'on a commencé à trouver des cadavres que les gens ont pris conscience qu'il ne s'agissait pas de simples disparitions, mais bien de l'assassinat de femmes.
24:31 L'histoire de cette série noire commence le 25 octobre 1969 à Williams Lake, près de l'autoroute 97.
24:41 Gloria Moody et son frère Dave se retrouvent dans le bar du Ranch Hotel, où ils logent, pour prendre quelques consommations.
24:51 Puis Dave décide de retourner à sa chambre avec sa sœur.
24:55 En voulant souhaiter bonne nuit à sa sœur, Dave réalise que celle-ci ne l'a pas suivie.
25:06 Il pense que Gloria s'est probablement attardée quelques minutes pour discuter avec des clients du bar.
25:17 Le lendemain, deux chasseurs découvrent le corps de la jeune femme dans un boisé à 10 kilomètres de là.
25:22 Son corps porte des marques de violence.
25:29 Pour les enquêteurs de la GRC, la jeune femme a sans doute été victime de clients trop entreprenants.
25:36 Pour eux, il s'agit d'un crime isolé.
25:42 Moins d'un an plus tard, Micheline Paré, une jeune voyageuse originaire du Québec, disparaît au nord de Prince George.
25:49 Le 8 août 1970, les randonneurs découvrent son corps dans un secteur isolé, près de Tompkins Ranch.
25:58 Elle a été battue à mort.
26:00 Le médecin légiste croit qu'elle a été violée, mais ne peut le prouver vu l'état de sa dépouille.
26:09 En novembre 1973, une autre autostoppeuse, Pamela Darlington, manque à l'appel à son tour dans la région de Kamloops.
26:16 Le lendemain, son corps, parti des vêtus, est retrouvé à Pioneer Park, à l'ouest de la ville.
26:24 Elle a été violée et battue à mort.
26:26 Les enquêteurs apprennent bientôt que, le soir de sa disparition, une voiture blanche ou rose saumon a été vue quittant à vive allure le secteur de Pioneer Park,
26:38 près d'une voie ferrée.
26:39 La piste de la voiture blanche ne donne malheureusement aucun résultat.
26:46 Pendant 20 ans, de 1974 à 1994, des jeunes femmes disparaissent le long de l'autoroute des larmes.
26:58 Celles dont les corps ont été retrouvés ont été violées, puis assassinées.
27:06 Tout porte à croire que les autres ont subi le même sort.
27:09 Les enquêteurs commencent à se demander si ces crimes ne sont pas liés entre eux.
27:16 Il est difficile de relier autant de femmes disparues le long de l'autoroute des larmes.
27:25 Probablement parce que c'est géographiquement gigantesque.
27:32 Quel type de personne, traversant ce genre de paysage, sur une base suffisamment régulière, pourrait être en mesure d'agresser ces femmes ?
27:40 Si les médias parlent alors ouvertement du tueur de l'autoroute, les enquêteurs de la GRC pensent qu'il y a peut-être plus d'un tueur en Syrie à l'œuvre.
27:50 Nous n'avons pas d'informations qui pourraient laisser supposer qu'une seule personne ou groupe de personnes soit responsable des disparitions ou des meurtres le long des routes de Colombie-Britannique.
28:01 Quoi qu'il en soit, nous nous devons d'explorer les deux hypothèses et nous restons ouverts aux deux scénarios.
28:07 Mais il y a une crainte aussi. S'il n'y a plus qu'une personne impliquée, ça devient plus inquiétant, parce que cela voudrait dire qu'il n'y a plus qu'une personne qui cible ces jeunes femmes.
28:17 Les autorités policières rendent à leurs collimateurs plusieurs suspects liés à l'une ou à l'autre de ces victimes.
28:25 Des individus louches, parfois aux lourds passés criminels, sont interrogés sans succès.
28:30 Au cours des années, un certain nombre de personnes, disons, dignes d'intérêt, ont pu être identifiées.
28:39 Nous avons même demandé l'aide du public afin d'identifier certains de ces suspects.
28:45 Mais quoi qu'il en soit, aucune accusation n'a jamais été portée en relation avec ces affaires.
28:53 Bien sûr, notre première responsabilité est d'élucider ces cas pour éventuellement permettre aux familles des victimes de faire leur deuil.
29:02 Malgré les efforts des enquêteurs, la liste des victimes s'allonge.
29:07 En juillet 1994, Roxane Tiara, une adolescente de 15 ans, disparaît de Prince Rupert.
29:15 Malgré son jeune âge, Roxane est reconnue pour se livrer à la prostitution.
29:22 Le cadavre est retrouvé le mois suivant dans des buissons près de Burns Lake sur l'autoroute 16.
29:27 Le 21 juin 2002, Nicole Durwin-Harr, une jeune femme de 25 ans, originaire de Red Deer en Alberta,
29:37 venue dans la région de Prince George pour y planter des arbres, n'arrive jamais à destination.
29:43 Les battues d'une ampleur sans précédent sont organisées et une récompense de 25 000 dollars est offerte.
29:52 Son corps ne sera jamais retrouvé.
29:54 Le 21 septembre 2005, Tamara Shipman, une jeune femme de 22 ans, sera vue la dernière fois faisant de l'autostop sur l'autoroute 16 à la sortie de Prince Rupert.
30:08 Aucune trace de la jeune fille ou de son cadavre.
30:14 Le mois suivant, la gendarmerie royale du Canada, qui refusait jusqu'alors de parler ouvertement d'un tueur en série,
30:20 décide de revoir ses disparitions et ses homicides et créer le projet Ipana.
30:25 Le projet Ipana, qui réfère directement à l'enquête sur l'autoroute 16, a commencé à l'automne 2005.
30:36 Pour faire partie de ce projet de personnes disparues, il faut être une femme, il faut avoir été déclarée disparue ou retrouver assassinée à l'intérieur d'un rayon d'un kilomètre et demi de trois autoroutes spécifiques de Colombie-Britannique.
30:50 L'autoroute 97, l'autoroute 16 et l'autoroute 5.
30:57 Six ans après la création du projet Ipana, la GRC annonce avoir enfin résolu un premier cas.
31:05 C'est celui de Colin Macmillan, assassiné quarante ans plus tôt.
31:08 Son meurtrier est Bobby Jack Fowler, un tueur en série américain de l'Oregon.
31:14 Il serait très probablement aussi l'auteur des meurtres de Gaylan Ways et de Pamela Darlington, toutes deux assassinées à l'automne de 1976.
31:24 Fowler, écidemment, possédait à l'époque une Buick blanche.
31:31 Il ne sera jamais inculpé de ses meurtres. Jack Fowler est décédé dans une prison de l'Oregon en 1996.
31:37 Depuis ce temps, d'autres jeunes femmes continuent de disparaître dans cette vaste région de la Colombie-Britannique.
31:43 Comme la brume matinale, un voile de mystère s'accroche à l'autoroute des larmes.
31:48 Les familles des victimes attendent tantôt une réponse et une consolation à leur immense chagrin.
31:55 L'équipe d'enquêteurs du Pana avait eu pour mission de trouver un nom qui serait en rapport avec la douleur que vivent les familles des victimes.
32:03 Et Pana, dans la mythologie inuite, réfère à la déesse Pana, une divinité qui, d'après la croyance, veille sur l'âme des humains qui séjournent dans le monde des esprits en attendant qu'ils soient réincarnés.
32:23 En résolution, les âmes errantes des jeunes victimes planeront éternellement au-dessus de ce coin de paradis dans les rocheuses canadiennes.
32:31 Les policiers n'aiment pas les mystères. Pour eux, la meilleure affaire est celle qui est limpide et sans ambiguïté.
32:46 La victime et son assassin sont rapidement identifiés, l'arme dits crime est sous-scellée et le motif du meurtre est bien établi.
32:53 Pour les enquêteurs, la victime n'est pas un personnage, mais une personne. Sur une scène de crime, le frisson du mystère fait plutôt place à l'horreur et au dégoût.
33:07 Comment ne pas être révolté devant l'injustice d'un assassinat ? C'est la question que se répètent tous les jours les policiers chargés de résoudre les affaires non classées, ces meurtres pour lesquels l'assassin court toujours.
33:19 Les affaires comme celle de la jeune Sharon Pryor.
33:28 Bertrand s'approche de la grille entrebâillée. "Merde", murmure-t-il. Un peu plus tôt en soirée, des voisins l'ont informé que la grille menant au terrain où il garde ses ruches était ouverte.
33:40 L'apiculteur craint le pire. "Des vandales s'en sont-ils pris à mes ruches ?"
33:46 À part lui, personne ne vient jamais ici. Il est de plus en plus inquiet pour ses colonies d'abeilles.
33:55 Il n'a pour tout éclairage qu'une lampe torche qu'il balaie de gauche à droite.
34:00 Au fond du terrain, il la voit étendue sur la terre gelée, le corps un peu recroquevillé.
34:08 Il s'agit d'une très jeune femme. Elle est nue à partir de la taille. D'instinct, Jacques Bertrand sait qu'il ne s'agit plus que d'un cadavre.
34:19 Sans pousser plus loin, l'apiculteur tourne les talons et court téléphoner à la police. Pour la famille de Sharon Pryor, disparue quatre jours plus tôt, le cauchemar ne fait que commencer.
34:30 À la veille de Pâques, en ce samedi 29 mars 1975, Sharon Pryor s'élevait tôt dans les modestes logis de la rue Congrégation à Montréal.
34:46 Elle se dépêche car elle veut décorer des œufs de Pâques qu'elle va cacher pour ses petits frères Jojo et Steven.
34:52 "Sharon était la plus âgée, c'était mon aîné. Elle était un peu timide, mais lorsqu'elle était avec ses amis, elle était bien."
35:05 "Elle était populaire, amusante, fiable, elle travaillait fort tant à l'école qu'à la maison. Elle aidait sa mère avec les plus jeunes de la famille et elle était tout simplement affectueuse, très attentive."
35:18 "Tout le monde n'avait que de belles choses à dire à son propos. Elle était comme ça, la gentille fille d'à côté, tarte aux pommes et crème glacée."
35:31 Yvonne est allée chercher des lapins de Pâques en chocolat et tout ce qu'il faut pour le dîner pascal du lendemain.
35:36 Il est environ 10 heures.
35:40 À 13 heures, Sharon doit aller récupérer son nouveau blouson brodé aux couleurs de son équipe de quartier.
35:49 "Elle s'est donc rendue au YMCA pour y récupérer son blouson et elle a pris son petit frère adoptif de 4 ans avec elle."
35:58 "Elle m'a demandé si elle pouvait amener le petit Stephen pour qui je servais de famille d'accueil. Elle est donc allée chercher son blouson mais il n'avait pas sa taille."
36:11 "Elle a quand même pris celui de son amie Debbie et en rentrant à la maison, elle est allée le livrer chez elle sur la rue Sharon."
36:20 "Ensuite, elle est rentrée à la maison et s'est mise à peindre des oeufs de Pâques. Elle a fait bouillir environ 8 oeufs et elle s'est mise à les peindre."
36:29 "Elle voulait les offrir au petit Stephen et à son frère."
36:33 "Un peu plus tard, vers 6h30-7h, son amie Darlie est passée à la maison."
36:49 "Elle était habillée pour sortir et se préparait à aller à la pizzeria pour rencontrer ses amis."
36:54 "Elle était de bonne humeur, elle riait."
37:00 "Elle se tenait dans la cuisine et essayait différentes tenues. Non pas qu'elle était nue, elle montait à l'étage, essayait un vêtement et me demandait mon opinion et celle de son amie."
37:11 "C'était très amusant de se changer comme ça."
37:15 "À un moment donné, elle m'a demandé si elle pouvait m'emprunter un de mes vêtements."
37:20 "Vous savez, c'est très fille ça, s'emprunter des vêtements."
37:25 "Ce samedi soir, 29 mars, Sharon quitte le domicile pour se rendre à Marina's Pizzeria, pour y rencontrer ses copines."
37:36 "En temps normal, Yvonne Pryor, la mère de Sharon, ne s'inquiète pas autre mesure."
37:44 "Mais ce soir-là, sans savoir pourquoi, elle a un mauvais pressentiment."
37:48 "Eh bien, la mère de Sharon Pryor était très prudente."
37:52 "C'était une famille très unie et elle prenait bien soin de rester en contact quand Sharon sortait."
37:57 "On avait convenu d'une heure précise pour le couvre-feu."
38:00 "Et quand Sharon prévoyait d'y passer l'heure, elle ne manquait jamais de téléphoner, ça c'était leur routine habituelle."
38:06 "Vers 11h, j'ai ouvert la porte du haut afin de voir si Sharon était au sous-sol."
38:12 "Mais elle n'était pas là."
38:14 "Je me suis dit, très bien, elle a quelques minutes de retard, elle va téléphoner."
38:18 "Mais pas de téléphone."
38:20 "J'ai continué à ouvrir la porte pour vérifier."
38:23 "11h30, minuit moins le quart."
38:26 "Et là, je me suis dit, il y a quelque chose qui ne va pas."
38:29 "Où est Sharon ?"
38:31 "Immédiatement, Yvonne s'est inquiétée."
38:33 "Aussi, dès 1h du matin, elle avait fait toute une série d'appels téléphoniques auprès de différentes personnes, afin de trouver où elle pouvait être."
38:41 "J'ai commencé par appeler ses amours."
38:43 "J'ai d'abord appelé Marie, elle m'a dit, non madame Pryor, je ne l'ai pas vue, elle n'est pas venue à la pizzeria."
38:49 "Ensuite, j'ai appelé Debbie, et Debbie m'a dit la même chose."
38:54 Détail inquiétant, au gré de ces appels, Yvonne apprend qu'en début de soirée, une jeune femme a été agressée à l'arme blanche près de la pizzeria.
39:04 N'eût été l'intervention de deux passants, la jeune femme aurait sans doute été violée.
39:10 La crainte était que Sharon ait pu peut-être croiser le chemin de cet agresseur, qui frustré de n'avoir pu obtenir ce qu'il voulait lors de sa première tentative, aurait alors agressé Sharon.
39:23 D'autant plus que les lieux de cette agression se trouvent entre le domicile de Pryor et la marina de la pizzeria.
39:30 "C'est les parents de Sharon, en début de nuit, qui ont avisé la police de Montréal pour apporter la disparition."
39:39 "Les policiers sont venus, et je leur ai expliqué ce qu'il en était, et ils m'ont répondu, vous savez, c'est une adolescente, elle a 16 ans, et elle a peut-être oublié, elle est peut-être chez des amis, peut-être même qu'elle a bu."
39:54 "Il m'a dit, appelez-moi demain matin si elle n'est pas rentrée, si vous n'avez toujours pas de nouvelles, rappelez-nous."
40:05 "Le lendemain matin, j'ai appelé les policiers vers 9h. Je n'avais pas dormi de la nuit, j'en étais incapable, j'étais très fatiguée."
40:13 "J'ai donc appelé la police, et ils sont venus. Ils m'ont demandé si j'avais une photo de Sharon, et ils m'ont dit qu'ils allaient remplir un rapport, un rapport de disparition."
40:27 Durant tout le week-end, qui coïncide avec la fête de Pâques, une querelle de bénévoles organise des fouilles minutieuses dans tout le quartier.
40:34 Tous les hangars, tous les terrains vagues et tous les bâtiments abandonnés sont passés au pin de fin, sans succès.
40:42 "Les policiers n'ont pas fait de recherche. Ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas entamer des recherches, du moins pas des recherches sur le terrain avant 24h, mais qu'ils allaient publier sa photo."
40:56 "Alors nous arrivons le lundi matin, la police arrive, je regarde par la fenêtre arrière et j'aperçois plusieurs policiers qui fouillent la ruelle, les sacs poubelles, les cours arrière des voisins."
41:06 Le mardi 1er avril, vers 21h, Jacques Bertrand découvre le corps de l'adolescente.
41:15 "Je suis certaine qu'Yvonne avait encore l'espoir de retrouver sa fille vivante, et n'anticipait pas qu'on retrouve son cadavre."
41:25 Rapidement, les enquêteurs circonstrivent les lieux et trouvent Sharon gisant à demi-vêtue.
41:32 Selon toute vraisemblance, l'adolescente a été violée et battue à mort.
41:40 Pour la police, l'agresseur de Sharon Pryor est un familier du secteur.
41:48 Il a sans doute présumé que les activités à picole ne reprendraient que beaucoup plus tard dans la saison, et qu'à ce moment-là, sa victime ne serait plus qu'un squelette.
41:58 Sa petite culotte accrochait à une branche, et son jean se retrouvait à quelques mètres de là.
42:06 "Les enquêteurs, durant cette enquête-là, ont tenté d'établir des relations avec d'autres événements similaires survenus, que ce soit avant ou après."
42:13 "On sait que le 29 mars 1975, Sharon a été enlevée à Pointe-Saint-Charles, et que quelques minutes avant son enlèvement, un événement similaire est survenu à Montréal."
42:24 "Donc bien entendu, on a consulté ce dossier-là, à l'époque pris par la police de Montréal, pour tenter de faire des relations avec la disparition de Sharon, l'enlèvement de Sharon."
42:32 "Mais malheureusement, aucun lien nous a permis de procéder à l'arrestation ou de cibler vraiment un suspect en particulier."
42:40 L'assassinat de Sharon Pryor glisse peu à peu dans le dossier des cold case, ces affaires non classées et irrésolues.
42:48 En 2004, presque 30 ans après le meurtre de l'adolescente, la police réactive l'enquête, qui dans les faits, n'a jamais vraiment été fermée.
42:59 "Donc en 2004, l'information qui est parue par nos enquêteurs, elle est faite que la jeune Sharon Pryor aurait pu être détenue à un certain moment, dans les trois jours, à l'intérieur d'un garage sur la rue Favard, à Pointe-Saint-Charles."
43:10 "Malheureusement, après enquête, c'est impossible pour nous de confirmer que Sharon a été présente dans ce garage-là, entre le 29 mars et le 2 avril."
43:19 "J'ai vraiment cru que cette enquête serait résolue très rapidement. J'y ai vraiment cru."
43:27 "Je me suis dit que ça allait se faire aujourd'hui, mais pas 37 ans plus tard. Et me voilà assise ici aujourd'hui, et ce n'est toujours pas résolu."
43:36 "Donc c'est un dossier, comme je vous le dis, qui est toujours actif. On attend l'aide du public dans ce dossier-là et les avancées technologiques du laboratoire de sciences judiciaires."
43:46 "Dans mon fort intérieur, tout ce que je peux me dire, c'est que je ne cesserai pas de chercher l'assassin ou les assassins de Sharon, tant que son meurtre n'aura pas été résolu, autant que je ne serai pas arrivée aux derniers jours de ma vie."
44:06 Qui ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Sans réponse à ces questions, une enquête policière s'enlise, et pourrait bien se terminer aux affaires non classées.
44:16 Une voie de garage en attente de nouveaux indices ou de nouvelles technologies.
44:21 La science criminalistique est l'outil numéro un pour traquer les assassins.
44:28 Si Scott Lanyard avait disposé de nos connaissances actuelles, Jack l'éventreur ne serait jamais devenu une énigme.
44:34 Elizabeth Borden aurait fini au bout d'une corde.
44:37 Mais il y a encore trop d'affaires non classées.
44:41 Trop de Sharon Pryor, de Ramona Wilson ou d'Alberta Williams, qui méritent que la justice parle en leur nom.
44:51 Sous-titres par Les Inconnus
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