• il y a 11 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Francis, vous êtes avec nous sur France Bleu Isère, vous avez la parole ce matin.
00:04 Laurent Gagnon, nous parlons logement.
00:06 - Oui, et réquisition de logement en vide.
00:08 Si on en parle, c'est parce qu'il y a une récente proposition de loi communiste au Sénat
00:13 qui permettrait aux maires d'avoir un peu plus de pouvoir en la matière
00:16 parce que selon les élus communistes, ce serait plus efficace en matière de réquisition.
00:20 Le pouvoir de réquisition est très souvent encore aujourd'hui dans les mains de l'État,
00:25 dans la plupart des cas.
00:26 Pour en parler avec nous, Michel Darron, bonjour.
00:29 - Bonjour.
00:30 - Vous êtes présidente de l'association Un Toit pour Tous,
00:32 vous œuvrez effectivement dans ce domaine-là, du mal-logement, du sans-logement.
00:36 Vous avez aussi un observatoire très précis.
00:39 Alors, on dit 3500 personnes mal logées à peu près dans la métropole de Grenoble.
00:44 Il y a des chiffres qui circulent, 17000 logements vacants.
00:48 Mettre ça en face, c'est par évidence, on se dit, il faut réquisitionner
00:53 et puis comme ça on peut loger tout le monde.
00:54 Est-ce que c'est aussi simple que ça ?
00:55 - Voilà, oui.
00:56 Ce sont toujours les chiffres un petit peu qui…
00:59 Les chiffres des équivalences, un petit peu comme on a pu dire,
01:04 il y a tant de milliers ou de millions de chômeurs
01:06 et il y a tant de milliers ou de millions d'emplois vacants.
01:09 - Ça ne va pas immédiatement l'un dans l'autre.
01:14 - Il n'y a qu'un.
01:16 La question du logement vacant, elle est complexe.
01:19 Nous, Un Toit pour Tous, on le voit bien parce que nous sommes
01:23 dans la production de logements très socials
01:26 et avec une particularité, c'est que nous ne construisons pas
01:31 mais nous produisons en rénovant.
01:34 En rénovant des logements anciens,
01:36 soit des logements confiés par des propriétaires privés,
01:38 parce que c'est possible,
01:40 éventuellement on pourra y revenir sur cette question.
01:42 Et puis nous construisons, nous rénovons des logements que nous achetons
01:49 grâce bien sûr à des subventions, au pouvoir public, etc.
01:53 Donc si vous voulez, nous on voit bien que la question de la captation du logement,
01:58 parce que c'est le terme technique,
02:00 c'est comment on trouve des logements qui peuvent ensuite être sur le marché,
02:06 si je puis dire, du logement très social,
02:08 c'est-à-dire qui deviennent des logements sociaux à des très bas coûts
02:12 pour les personnes les plus en difficulté.
02:13 Et ça, c'est compliqué.
02:15 - Alors, oui, nous avons déjà quelqu'un qui nous appelle au standard.
02:19 Nous avons Chantal Deschirole, bonjour.
02:21 - Bonjour Chantal.
02:22 - Bonjour.
02:23 - Quelle était votre réflexion par rapport à la question du jour et du matin ?
02:26 - Eh bien, finalement, moi je vous entends là sur la réquisition de ces logements
02:33 qui appartiennent à des gens qui ont payé ces logements.
02:35 Aujourd'hui, la question que je me pose, c'est pourquoi les logements sociaux sont aussi chers ?
02:40 Je vois dans mon quartier, il y a des tas de logements sociaux qui sont vides,
02:43 parce que justement trop élevés.
02:45 Moi, je vois, j'ai la moitié de mon salaire qui part là-dedans.
02:49 Donc, pourquoi ne pas faire des logements sociaux qui soient...
02:55 - Abordables.
02:55 - ...abordables pour tout le monde ?
02:57 Et pourquoi on cherche à réquisitionner des logements
03:00 alors qu'il y a des tas de logements qui restent vides ?
03:04 - Alors, c'est une autre dimension.
03:06 Merci Chantal pour votre question et votre témoignage.
03:08 C'est une autre dimension du problème du logement.
03:10 On a parlé aussi d'encadrement des loyers.
03:12 Je crois que la métropole de Grenoble est maintenant dans ce système-là.
03:17 Ça va permettre d'avoir des logements moins chers, peut-être,
03:20 pour commencer déjà à loger les gens qui ont des petits moyens,
03:24 pour leur éviter de tomber dans le mal ou le sang au logement, Michel Darand ?
03:28 - Oui. Alors, dans la question de madame, il y a effectivement deux dimensions.
03:32 Il y a la question du logement vacant.
03:36 Et en l'occurrence, là, c'est dans le logement social, dans les HLM.
03:41 Il y a effectivement une partie des logements dans les HLM qui sont vacants,
03:45 mais je reviendrai après pour les raisons de la vacance.
03:50 Et puis, il y a la question du logement social qui est trop cher.
03:55 Alors, on va commencer éventuellement par là.
03:57 Le logement social, effectivement, à différents niveaux.
04:01 Il y a les logements très sociaux qui sont à peu près à 5 euros le mètre carré.
04:05 Donc, vous faites le calcul.
04:07 Et ceux-là, ils sont en très petit nombre, malheureusement.
04:10 Mais nous, c'est notre secteur.
04:11 On est là-dessus.
04:14 Et puis, il y a les logements sociaux qui sont à 8, 9 euros le mètre carré,
04:18 qui ne sont pas très loin du prix du privé,
04:21 qui commence plutôt à 12 euros le mètre carré.
04:23 Ça dépend de la surface.
04:24 Voilà. Donc, madame a tout à fait raison.
04:26 Pour des raisons, encore une fois, qui dépassent peut-être le cadre de notre discussion,
04:34 le logement social suit les coûts élevés du logement.
04:39 Par ailleurs, par rapport à la vacance, la question de la vacance est un petit peu compliquée,
04:43 même dans le logement social.
04:44 Parce qu'on dit, il y a 3 000, 2 000, par exemple.
04:49 Je vous prends des chiffres qui, hors Grenoble, une grande ville, Paris,
04:54 il y a 270 000 logements qui sont vides, réputés inoccupés, pardon.
04:59 Et ensuite, on descend à 127 000 logements vacants.
05:03 Mais une fois qu'on a 127 000 logements vacants,
05:06 l'Agence d'urbanisme de Paris a fait une étude très approfondie
05:10 et on arrive finalement à 18 000 logements réellement inoccupés et vacants
05:16 et qui pourraient éventuellement être habités.
05:18 Alors ça, c'est encore une partie du débat.
05:21 - On va en parler, effectivement.
05:23 18 000 logements, c'est très...
05:25 - À Paris, sur 127 000, vous voyez là.
05:28 Et c'est la même chose, les mêmes proportions à Grenoble.
05:31 - Il faut se méfier des mots.
05:33 7h52, vous pouvez nous appeler pour venir justement nous donner votre avis.
05:38 - Est-ce que... - Avant de prendre Denis, qui nous appelle d'Airbez,
05:42 justement préciser, peut-être Michel Darron sur ces logements,
05:46 quel logement on peut réquisitionner ?
05:48 Parce qu'il s'agit peut-être de rassurer le propriétaire
05:51 qui est juste en train de vendre un bien, il est temporairement vide.
05:54 C'est pas celui-là qu'il s'agit de réquisitionner comme ça ?
05:56 - Alors pour l'instant, il n'y a pas de texte de loi
05:59 qui permet de réquisitionner au niveau local.
06:03 On a parlé effectivement de l'État qui peut réquisitionner,
06:06 mais dans des situations bien précises
06:09 et qui n'ont pas malheureusement trait à la question du mal-logement,
06:14 mais plutôt à la question de l'ordre public, c'est un autre débat.
06:17 Au niveau local, il n'y a pas encore de levier réglementaire et juridique
06:22 pour pouvoir réquisitionner.
06:24 Si tant est qu'il y en ait un, un jour, et on peut éventuellement le souhaiter,
06:28 qu'il y ait une gestion beaucoup plus locale de la question du mal-logement...
06:31 - C'est le projet de loi communiste au Sénat.
06:33 - Voilà. Si tant est qu'il y en ait un, un jour,
06:35 il va falloir, à mon avis, travailler sur un certain nombre de dimensions,
06:40 à commencer par la dimension de la connaissance,
06:41 comme je vous disais à l'instant.
06:42 C'est quoi un logement vacant ?
06:44 Et qu'est-ce qu'on peut exactement réquisitionner ?
06:46 Et une fois qu'on l'a réquisitionné, qu'est-ce qu'on en fait ?
06:49 Et qui va payer la transformation de ce logement qui souvent est vétuste ?
06:54 Ce n'est pas pour rien que finalement les logements qu'on considère vraiment vacants,
06:58 ce sont ceux qui ont été définis par l'INSEE
07:02 comme étant vacants depuis plus de deux ans.
07:04 - Il ne faut pas forcément imaginer le bel appartement qui est inoccupé
07:08 et qui pourrait permettre de loger quatre familles.
07:09 On n'est pas forcément là-dedans.
07:11 - Voilà. Surtout que là vont arriver sur le marché du locatif ou de la vente
07:17 tous les logements qui sont classés en F et en G qui ne pourront plus être loués.
07:20 Donc là, forcément, vous voyez, il y a des travaux à faire.
07:22 - Est-ce qu'ils pourront être réquisitionnés ? C'est une autre chose.
07:25 Et puis les gens qui sont mal logés n'ont pas à être logés non plus
07:28 dans des passoires énergétiques.
07:29 On va prendre la question de Denis, donc, d'Herbet.
07:32 Bonjour, Denis.
07:33 - Bonjour.
07:35 Je voudrais dire mon propre témoignage,
07:38 mais je voudrais aussi réagir aux propos de la personne qui est passée avant,
07:41 et qui nous a dit que le logement social entre 8 et 12 euros
07:46 qui est pris du marché en gros sur Grenoble...
07:48 - Au mètre carré, vous voulez dire ?
07:49 - Oui, c'est la même chose.
07:51 Cette personne ne doit pas payer des impôts fonciers sur la cuvette grenobloise,
07:55 parce qu'il faut savoir que lorsque vous payez vos impôts fonciers,
08:00 vous payez deux mois et plus de loyer en impôts.
08:04 Ce qui fait qu'entre 8 et 12, vous avez précisément votre marge.
08:08 Donc là, c'est...
08:10 - Forcément, effectivement, le fait de payer des impôts
08:13 renchérit le prix, enfin, c'est répercuté sur le loyer forcément, mais c'était pas...
08:17 - Oui, il n'y a rien du tout répercuté.
08:19 Vous répercutiez ou pas le fiche ou le taxe.
08:22 C'est comme ça en France.
08:23 - Denis...
08:24 - Il faut être sérieux, là.
08:25 - Denis, votre positionnement sur la réquisition de logement,
08:28 est-ce qu'à votre avis, c'est possible de réquisitionner des logements ?
08:31 Et quel logement, peut-être ?
08:32 - Il faudrait que face à ces obligations, il y ait des droits pour le bailleur.
08:36 J'ai eu le cas, donc, d'un couple de Camerounais à qui j'ai fait confiance,
08:41 qui jouaient à fond sur le roquisme.
08:43 Ils m'ont laissé pour 18 000 euros d'un payé, ils m'ont détruit le logement.
08:48 Et derrière, vous n'avez strictement aucune facilité,
08:53 aucune possibilité de récupérer votre argent.
08:55 Et dit même, le groupe Red est juste,
08:59 puisqu'il a fallu constater que les gens avaient abandonné le logement.
09:02 - Denis, on va laisser répondre à notre invité.
09:05 - Vous avez une expérience malheureuse,
09:06 et malheureusement, vous n'êtes pas le seul à avoir une expérience malheureuse
09:09 de propriétaire non payé, de loyer impayé.
09:12 Il y a aussi, et je reviens vers vous, Michel Darand,
09:14 un système de votre côté qui permet de garantir le loyer,
09:18 c'est-à-dire de rassurer aussi le propriétaire,
09:20 quand on loue son bien à une famille qui est dans le besoin,
09:24 de garantir le loyer.
09:26 - Voilà. Alors nous, Un Toit pour Tous,
09:28 nous ne sommes pas les seuls, mais en Isère,
09:31 nous ne sommes que deux, je crois.
09:33 Nous sommes aussi une agence immobilière à vocation sociale.
09:36 Ça veut dire que les propriétaires qui nous confient leur logement
09:39 ont cette garantie, la garantie dont vous parlez,
09:41 la garantie impayé le loyer.
09:43 Et en plus, ils ont la garantie que les ménages sont accompagnés.
09:48 C'est-à-dire, nous avons un service social au sein d'Un Toit pour Tous,
09:51 suffisamment étoffé pour pouvoir suivre toutes les familles.
09:55 Nous avons à peu près plus de 2000 personnes
09:57 qui sont logées par Un Toit pour Tous.
09:59 Nous avons plus de 800 logements.
10:00 Donc, les propriétaires qui s'engagent avec nous
10:04 dans un acte solidaire,
10:06 c'est-à-dire qu'ils acceptent d'avoir un loyer plus faible,
10:09 mais en contrepartie, ils ont l'assurance d'un loyer garantie.
10:15 - Voilà, ce qui peut permettre peut-être d'éviter les expériences malheureuses.
10:18 - Voilà, et d'être accompagnés par nos services
10:20 lorsque des difficultés se présentent,
10:22 qui malheureusement, comme dans toutes les locations,
10:25 existent, qu'elles soient sociales ou pas.
10:26 - On va revenir au fond du sujet sur les réquisitions
10:29 de ce projet de loi communiste
10:30 sur le fait de donner plus de pouvoir aux maires en la matière.
10:32 Les maires en ont déjà un peu.
10:34 Je vous propose d'écouter Raphaël Bette du DAL 38, droit au logement.
10:39 - Une jurisprudence de 1997 dit bien que le maire de chaque commune,
10:44 en sa qualité d'officier de police judiciaire,
10:46 est tenu de réquisitionner les logements vacants
10:49 lorsque la dignité des personnes est mise en danger.
10:51 Et être à la rue, d'autant plus aujourd'hui,
10:54 quand on voit les températures extrêmes en hiver comme en été,
10:56 évidemment que les personnes ont besoin d'être relogées en urgence.
11:00 - Alors le maire aurait déjà des pouvoirs,
11:01 en fait c'est pas si simple que ça.
11:03 C'est aussi une question d'ordre public, je crois, dans les textes.
11:05 - Oui, voilà, comme vous le soulignez,
11:08 ça n'est pas exactement l'esprit de la loi
11:11 dont nous aimerions éventuellement voir le jour.
11:16 - Oui, ce que vous aimeriez, c'est qu'il y ait une mise à l'abri
11:20 en cas de danger pour la personne, de danger humain, finalement.
11:23 - Voilà, il existe l'hébergement, l'hébergement d'urgence,
11:26 mais comme vous le savez, il est saturé.
11:28 Les places augmentent, malgré tout, d'année en année,
11:31 mais l'hébergement est sans cesse saturé.
11:34 Les gens qui appellent le 115,
11:36 près de 15% des personnes qui appellent le 115,
11:39 il y a eu plus de 4000 appels cette année en hiver,
11:42 seulement 15% de ces personnes ont une réponse positive.
11:46 Donc il y a un vrai problème sur la mise à l'abri des personnes,
11:50 surtout par les grands froids que nous connaissons actuellement.
11:52 - Et donc il faudrait bien trouver des logements ailleurs,
11:54 et ça, c'est effectivement la base du problème qui nous préoccupait aujourd'hui.
11:58 Merci Michel Darand d'être venu dans le studio,
12:01 président de l'association "Un Toit pour Tous".
12:03 Merci à tous ceux qui ont bien voulu intervenir.
12:05 J'espère qu'on a au moins posé les éléments du débat
12:09 et on continue à réfléchir là-dessus.
12:10 - Voilà, merci à vous qui êtes intervenus,
12:12 qui avez aussi laissé votre commentaire sur la page Facebook
12:15 de France Bleu Isère.
12:16 Info, trafic...

Recommandations