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00:00 On va commencer par ce qui s'est passé après l'allocution d'Emmanuel Macron hier,
00:03 des tensions, je vous le disais, dans plusieurs villes de France,
00:06 avec plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées,
00:08 qui pour des concerts de casserole, qui pour des violences, malheureusement.
00:12 Écoutez ce reportage de Marine Sabourin.
00:15 Une nouvelle fois, des cortèges sauvages ont dégénéré partout en France.
00:21 Des poubelles brûlées et des affrontements avec les forces de l'ordre.
00:26 A Lyon, un groupe violent est entré par effraction dans la mairie du premier arrondissement,
00:31 après avoir incendié le poste de police municipal situé à proximité.
00:35 Des sapeurs-pompiers ont été la cible de nombreux jets de projectiles
00:39 et des dizaines de poubelles ont été brûlées par ces individus.
00:43 Depuis 20 heures, de nombreux manifestants s'étaient rassemblés
00:47 et partageaient souvent le même avis.
00:49 Il ne veut pas nous entendre, il ne veut pas nous écouter,
00:51 nous non plus on ne veut pas l'écouter.
00:53 Et donc on sera là pour t'ouvrir sa voie par un concert de casseroles.
00:57 Je ne peux plus le supporter, je ne veux plus l'entendre, je ne veux plus le voir.
01:02 Sincèrement, je suis dégagé.
01:04 Lors de son allocution, Emmanuel Macron a déclaré ne pas vouloir rester sourd
01:07 à la revendication de justice sociale.
01:10 Le président de la République a réaffirmé l'application de la réforme des retraites dès cet automne.
01:15 Franck Louvrier, on a l'impression que les violences ne vont jamais s'arrêter,
01:19 que la colère ne retombe pas.
01:21 J'espère pas, qu'est-ce qu'on veut ?
01:23 Remettre le pays à feu et à sang ?
01:25 C'est quoi l'objectif ?
01:26 Quand vous dites "on", c'est qui ?
01:27 Les gens qui manifestent, ils veulent aller jusqu'où ?
01:30 Je comprends leur désarroi, je comprends que le processus est allé jusqu'à sa fin,
01:36 mais qu'à un moment donné, il faut prendre ses responsabilités.
01:39 Le processus n'est pas à juridique,
01:41 il est à respecter, bien évidemment, notre Constitution.
01:45 Alors maintenant, la recherche et le message d'hier soir du président de la République
01:50 vers un apaisement supplémentaire est indispensable.
01:54 On peut se remettre autour de la table, se remettre à discuter.
01:57 Je veux dire, c'est quoi l'alternative à tout ça ?
01:59 C'est la révolte, la révolution, le chaos complet ?
02:03 On cherche pas ça, il y a quatre ans, avec le président de la République.
02:05 J'entends des gens qui disent "il doit partir",
02:06 mais c'est pas comme ça que ça se passe dans nos institutions.
02:09 On est élu pour un mandat de cinq ans,
02:12 donc à partir de ce moment-là, il a été élu fraîchement en plus,
02:15 parce que c'était il n'y a qu'un an.
02:16 Donc il faut se remettre dans une situation où on traite les choses
02:21 avec à la fois détermination, et je pense que c'était un peu le message d'hier,
02:26 mais aussi avec couverture à l'endroit des sujets qui sont indispensables.
02:30 Et c'est vrai que peut-être que l'ordonnancement des sujets n'était pas le bon,
02:34 on peut, je veux dire, pleurer sur le l'air renversé,
02:37 mais maintenant c'est le cas, la situation elle est là,
02:41 et il faut plutôt apaiser les choses plutôt qu'essayer de mettre de l'huile sur le feu.
02:44 - M. Viendray, vous n'êtes pas d'accord avec ça ? La colère ne retombe pas ?
02:48 - Je pense que cette réforme est légitime au sens des institutions,
02:51 mais son injustice, elle reste, elle demeure.
02:53 Et ce qui est la base de la colère des gens, c'est cette injustice,
02:56 c'est ces gens qui, dès le mois de septembre, vont être amenés à travailler,
02:59 et ce n'est pas les plus favorisés dans le travail,
03:01 qui vont être amenés à travailler deux ans de plus,
03:03 et c'est lourd deux ans de plus pour toutes ces gens
03:06 qui ont déjà travaillé 35 ou 40 ans.
03:10 Bon, donc l'injustice, elle est là, elle est insupportable pour beaucoup de nos concitoyens,
03:16 et alors il y a quelque chose qui se rajoute,
03:17 qui est quelque chose de nouveau, que je disais à Franck,
03:20 qui sait ce que c'est que la popularité,
03:21 parce qu'il l'a mesurée à une autre période.
03:24 Je n'ai jamais vu ça.
03:26 Dans mon expérience de politique, je n'ai jamais vu un président de la République
03:30 autant décrié, détesté.
03:33 Vous savez, la dame que vous avez vue, là, qui dit "je ne le supporte plus",
03:37 j'entends ça maintenant de plus en plus autour de moi.
03:39 Il y a des gens même qui ont voté pour lui, qui me disent
03:41 "je me suis fait avoir deux fois, quatre fois, plus jamais je me ferai avoir".
03:44 Il y a un signe qui ne trompe pas.
03:46 J'avais entendu l'histoire des casseroles,
03:48 je me disais "bon, ça va être un peu rigolo, mais dans mon quartier,
03:53 ça n'a pas…", à ma grande surprise, à 20h,
03:55 j'étais obligé d'ailleurs de ne pas regarder le président, d'aller voir,
03:58 parce qu'il y avait les casseroles partout.
03:59 Donc Franck, je pense, je m'excuse,
04:02 mais que par rapport à tout ce que vous avez connu,
04:04 ce que moi aussi j'ai connu, à d'autres moments,
04:06 on a atteint un point maximum.
04:08 Alors excusez-moi, mais on a un président,
04:10 on a une équipe, avec autour du président,
04:12 j'ai rarement vu des incompétents pareils.
04:14 - Ça c'est encore un autre sujet. - Ça c'est autre chose.
04:16 Franck Coubry, après le Bloc d'Académie.
04:17 Le président de la République, dans nos institutions,
04:20 c'est le premier responsable.
04:21 Il n'y a pas de débat là-dessus, il utilise le suffrage universel direct.
04:24 Il n'y a même plus…
04:26 Je voyais, c'était intéressant l'image de tout à l'heure,
04:27 parce qu'on voyait le président de la République avec le premier ministre.
04:29 Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vus ensemble autour d'une table.
04:31 Oui, parce qu'il y a donné 100 jours de plus.
04:32 Non, mais c'est tout à fait intéressant.
04:33 C'est que l'expression "couple exécutif"
04:36 qu'on a connue dans une autre période n'existe plus.
04:38 Plus les commentateurs utilisent le terme "couple exécutif".
04:42 Donc ça prouve bien qu'aujourd'hui,
04:44 il y a bien évidemment un abcès de fixation
04:47 qu'est le président de la République d'une façon ou d'une autre.
04:49 Mais je veux dire, on est aussi un responsable.
04:52 Qu'est-ce qu'on fait après tout ça ?
04:54 On veut quoi ?
04:55 On veut quoi faire dans notre pays ?
04:56 Et à un moment donné, il faut se remettre autour de la table.
04:59 Les images, alors c'est vrai qu'il manque certains facteurs.
05:02 Il y a un personnage, vous le connaissez bien,
05:04 il s'appelle M. De Villepin.
05:05 À un moment donné, je crois,
05:06 quand il a compris que le CPE, ça passait pas,
05:09 malgré qu'il n'a pas promulgué.
05:10 Et je pense surtout au président de la République.
05:13 Dans nos institutions de 58,
05:16 il y a des outils, il y a le référendum, il y a plein de choses.
05:19 Mais il s'est débrouillé pour qu'on n'ait pas de référendum.
05:21 Lui, de prendre les décisions politiques,
05:24 les plus à même, j'ai compris, pendant 100 jours.
05:26 Donc on a 100 jours de réflexion.
05:27 - Ça s'est mal terminé. - Ça dépend pour qui.
05:30 Linda Kébab, quand on voit évidemment que les violences ne s'arrêtent pas,
05:34 qu'il y a des cortèges sauvages à peu près dans de très nombreuses villes,
05:37 24 000 personnes étaient hier en manifestation,
05:40 selon le ministère de l'Intérieur, il y a une soixantaine d'interpellations,
05:43 les policiers vont avoir à affronter ces scènes-là
05:46 pendant des semaines peut-être ?
05:48 Pendant des semaines, peut-être pendant des mois.
05:49 Et encore une fois, on fait peser,
05:52 ça a été exactement la même chose pour les Gilets jaunes,
05:54 on fait peser sur les épaules des policiers
05:56 la responsabilité d'une politique sociale et économique.
05:59 Cette réforme des retraites, moi je vous le dis en tant que représentant du personnel,
06:02 elle est injuste.
06:03 On vient de remplacer les deux meilleures années de retraite
06:05 des gens et notamment des plus précaires par les deux pires années de travail.
06:09 Celle où l'espérance de vie en bonne santé peut-être sera la moins bonne.
06:12 Parce qu'on nous parle tout le temps et on nous bassine avec l'espérance de vie en France,
06:15 mais on ne nous parle pas de l'espérance de vie en bonne santé.
06:17 Et moi, quand je vois notamment des éboueurs, des personnes qui sont dans la précarité,
06:20 alors on ne parle pas des seniors dont un sur deux est au chômage,
06:24 mais aujourd'hui, à qui on va demander de travailler deux ans de plus.
06:27 Et lorsqu'il y a de la colère qui est légitime,
06:28 la colère est légitime, mais la violence qui ne l'est pas,
06:31 eh bien on va dire aux policiers "bon, prenez des cours,
06:34 et puis surtout, vous ne serez pas de toute manière soutenus,
06:36 ni par vos administrations, ni par le politique".
06:39 Donc oui, en fait, c'est une situation qui est inexplicable,
06:41 parce qu'on a des policiers aujourd'hui qui sont contre la réforme des retraites,
06:44 clairement, cette réforme régressive,
06:46 et qui en même temps doivent faire leur travail parce qu'ils sont républicains,
06:49 parce qu'ils sont respectueux des institutions,
06:50 et parce qu'ils sont courageux, et qu'ils vont sur le terrain,
06:52 et qu'ils vont lutter contre les violences.
06:53 En étant blessés, je rappelle,
06:55 presque 2000 policiers blessés depuis le début des mobilisations.
06:57 - J'ai l'impression qu'il n'y a personne,
06:58 puisque dans les décisions du Conseil constitutionnel,
07:01 les républicains avaient obtenu que la pénibilité,
07:04 les conditions de travail des policiers
07:05 soient prises en considération dans leur départ à la retraite,
07:07 et cyniquement, d'ailleurs, le gouvernement le savait,
07:09 ça a été annulé par le Conseil constitutionnel.
07:11 - Peut-être que ça reviendra l'année prochaine, oui.
07:14 - Les promesses t'engagent que ceux qui les croient.
07:15 - Ces scènes de guérilla qu'on a tous les soirs maintenant dans certaines villes,
07:19 c'est Louis Dragnel, on se demande quand ça va s'arrêter, effectivement.
07:21 - Alors bien malin est celui qui sait quand est-ce que ça va s'arrêter.
07:24 Moi, ce que je constate quand même,
07:25 c'est deux choses par rapport à ce que disait Julien Dray.
07:28 Quand vous citiez des gens qui disaient en fait,
07:29 on n'en peut plus du président,
07:30 c'est des choses effectivement qu'on entend de plus en plus dans le pays.
07:35 Premier élément, la difficulté,
07:37 ce qui est reproché à Emmanuel Macron derrière ces mots-là,
07:40 c'est qu'en fait, il est très autoritaire,
07:42 et en fait, un pouvoir fort souvent exerce une autorité
07:45 qui est plutôt naturelle et acceptée par tous,
07:48 et un pouvoir faible doit exercer l'autorité
07:51 et donc passe pour un autoritaire puisqu'il n'est pas soutenu.
07:54 Et c'est ce qui s'est passé en fait même dans le processus de validation de la loi,
07:59 où on voyait qu'Emmanuel Macron a utilisé tous les artifices constitutionnels et légaux
08:03 pour essayer de passer en force, et c'est ça qui a déplu fortement.
08:06 Le deuxième élément,
08:07 c'est qu'on voit bien qu'Emmanuel Macron ne veut pas partager le pouvoir.
08:11 Et une des réponses politiques aurait été par exemple,
08:15 je parle à Franck Clouvrier qui vient des Républicains,
08:18 peut-être de tendre la main un peu plus aux Républicains.
08:20 Il vous dit "Venez avec moi", mais lui ne fait pas de pas ni de gestes vers vous.
08:24 Et idem en direction du Parti Socialiste.
08:26 Et donc dès lors qu'il ne veut pas partager le pouvoir,
08:28 on a du mal à voir comment la déconfliction, comment est-ce que ça peut retomber.
08:31 Il ne veut pas partager le pouvoir, mais il veut bien chanter.
08:33 On va voir dans un instant qu'il s'est prêté au jeu avec des jeunes dans la rue,
08:38 hier soir après l'allocution télévisée.
08:40 Il est allé se décontracter un peu avec son épouse dans les rues de Paris
08:43 et il a chanté des chants pyrénéens.
08:45 A tout de suite dans Belge.