• il y a 11 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Il est très exactement 8h moins le quart, c'est l'invité du 6/9 sur France Bleu, Belfort Montbéliard.
00:06 Thierry Compredon, vous recevez ce matin le directeur de l'armée du salut à Belfort.
00:10 - Oui, puisque le plan Grand Froid a été déclenché dans le territoire de Belfort,
00:14 les associations d'aide aux sans-abri sont donc plus que jamais mobilisées.
00:18 Et si vous êtes sensible au sort des sans-abri et qu'il vous arrive parfois de leur venir en aide,
00:22 n'hésitez pas à nous appeler, on attend vos témoignages dès maintenant au 0384 22 82 82.
00:28 - Bonjour Lionel Fremont, directeur de l'armée du salut à Belfort.
00:32 D'abord un grand merci d'être là ce matin avec nous en studio parce que vous étiez d'astreinte cette nuit.
00:38 Vous avez terminé votre service il n'y a pas longtemps à 6h du matin.
00:42 Quel est le bilan de cette nuit ? Combien de personnes avez-vous accueilli à l'armée du salut ?
00:46 - Alors au-delà des places classiques, on avait ouvert l'accueil de jour exceptionnellement,
00:49 c'est pour ça qu'on a passé la nuit là-bas.
00:52 On a accueilli 5 personnes, ça semble peu mais c'est énorme par rapport à des personnes
00:56 qui avaient refusé tout logement, tout hébergement jusque là et qui face au froid,
01:01 sont revenus vers nous et ça fait vraiment, pour le coup, ça vaut le coup de le dire, chaud au cœur.
01:06 - Plus globalement, est-ce que les solutions d'hébergement sont suffisantes,
01:11 satisfaisantes dans le territoire de Belfort selon vous ?
01:13 - Actuellement, les personnes qui n'ont pas de domicile peuvent faire le 115
01:17 et on arrive à répondre à leur demande.
01:20 Donc on peut déjà se satisfaire de ça.
01:22 La difficulté qu'on a, c'est ces personnes qui sont tellement désaffiliées
01:26 qu'ils n'ont plus le réflexe de faire le 115 et qu'ils sont vraiment en rupture.
01:30 Alors, les différentes causes de rupture, c'est peut-être trop long à évoquer ici,
01:34 mais en tout cas, c'est ces personnes-là qu'on n'arrive plus à contacter
01:37 et les maraudes, là, jouent un rôle essentiel.
01:40 - Alors justement, on va parler des maraudes.
01:41 Nous en avons subi une hier soir à Belfort avec la Croix-Rouge.
01:46 Et ce n'est pas toujours simple de venir en aide aux sans-abri.
01:49 Écoutez le témoignage d'Arnaud, il est bénévole en charge des maraudes à la Croix-Rouge.
01:53 - Par ces temps de grand froid, c'est intéressant de commencer la maraude peut-être un petit peu plus tôt,
01:59 parce que les gens ensuite se replient sur eux et vont dans leur squat et on ne les voit plus.
02:06 Là, on les cherche. Les gens se planquent pour être à la fois tranquilles et au chaud.
02:11 - Alors votre réaction à Lionel Fremont, est-ce qu'il faudrait modifier le fonctionnement de ces maraudes ?
02:16 - Alors, on a toute l'année une maraude pédestre qui fonctionne tous les jours de la semaine.
02:21 Ça c'est très utile, mais c'est vrai qu'on est sur un territoire plus limité.
02:26 On est sur le centre-ville de Belfort et là on rencontre les gens.
02:30 Mais c'est vrai que les maraudes en voiture le soir permettent d'étendre notre secteur d'intervention.
02:35 Et là, effectivement, on peut réfléchir à comment mieux rencontrer les gens.
02:39 Et effectivement, justement j'en parlais cette nuit avec les personnes qui rentraient vers 23h minuit,
02:44 et on se posait la question de se demander, on se posait la question de commencer plutôt les maraudes.
02:48 - Ça serait plutôt dans l'après-midi ou peut-être de manière inopinée dans la journée ?
02:53 - À mon avis dans l'après-midi parce que le matin les gens sont souvent à l'accueil de jour.
02:57 Mais je pense que vraiment l'après-midi il y a beaucoup beaucoup à faire effectivement.
03:00 - Ici Bata, sur France Bleu Belfort Montréal, sur France 3 en France comptée, il est 7h48.
03:04 Nous parlons de la situation des sans-abris en cette période de grand froid,
03:08 avec le directeur de l'armée du Salut à Belfort.
03:10 - Lionel Fremont, l'une des difficultés de votre émission,
03:13 c'est que certains sans-abris refusent systématiquement les propositions d'hébergement d'urgence,
03:19 car ils déplorent selon eux un manque de sécurité dans les logements,
03:23 notamment à cause de personnes ivres ou violentes.
03:26 Est-ce qu'il existe réellement des problèmes d'insécurité dans les hébergements d'urgence ?
03:31 - Oui, sur les logements regroupés on peut avoir ces difficultés.
03:36 Sur Belfort même, les centres d'hébergement sont généralement des petits appartements diffus,
03:42 alors ils se retrouvent en cohabitation à 3 ou 4.
03:46 La difficulté qu'on peut avoir, c'est que ces personnes ne doivent pas recevoir d'autres personnes à la rue,
03:52 mais la solidarité fait que généralement ils en reçoivent,
03:55 et effectivement là on arrive dans des cas de surpopulation,
03:58 et effectivement avec des gens qui peuvent avoir bu et donc dangereux potentiellement.
04:01 - Il y a également le problème des sans-abris qui souffrent de troubles psychiques, psychiatriques,
04:07 il n'y a pas forcément une prise en charge satisfaisante pour eux ?
04:11 - Je pense que toutes ces personnes qui sont à la rue, qui sont encore une fois en rupture,
04:15 qui sont des affiliés, ont des problèmes d'addiction,
04:18 et ces problèmes d'addiction sont généralement aussi liés à des troubles psy.
04:22 On sait que la psychiatrie et le parent pauvre actuellement de l'hôpital,
04:26 certaines personnes ne peuvent plus être hospitalisées,
04:28 donc ils sont à nouveau livrés à eux-mêmes dans la rue,
04:32 et c'est là qu'effectivement il y a un danger et qu'on doit pouvoir recréer du lien avec eux.
04:36 Actuellement le problème c'est qu'on a des travailleurs sociaux,
04:39 mais pas forcément suffisamment de travailleurs, de psychologues, de psychiatres
04:43 qui sont à notre disposition pour nous aider.
04:44 - Lionel Fromand, j'imagine que votre hantise au quotidien
04:47 c'est de retrouver un SDF mort dans la rue, c'est ce qui peut arriver de pire ?
04:51 - C'est notre grande crainte, on a quelques personnes en difficulté qui refusent encore notre aide,
04:57 on les signale, on travaille avec l'État, avec le procureur de la République,
05:02 parce que peut-être qu'une hospitalisation contrainte peut être une solution,
05:05 mais c'est vrai que c'est une vraie crainte.
05:07 Heureusement sur un secteur assez petit comme Belfort,
05:10 on sait à peu près où se trouvent les personnes et où aller les rencontrer la nuit.
05:14 - Je vous propose de prendre au téléphone Catherine, qui nous appelle de Belfort.
05:20 Bonjour Catherine.
05:21 - Bonjour.
05:22 - Ce matin on vous posait la question à vous les auditeurs,
05:25 est-ce qu'il vous arrive d'aider les sans-abri ?
05:29 Est-ce que vous êtes sensible au sort des SDF ?
05:32 - Moi oui, parce que dernièrement j'ai une personne qui vient,
05:38 que je ne connais pas, mais qui se met dans mon entrée, 14h rue Jean-Rosetan,
05:43 et donc j'ai dû appeler le 115 pour qu'au moins on lui amène une soupe ou un café.
05:50 Je pense que le 115 pourrait aussi venir dans les alentours voir s'il m'est pas,
05:57 parce que le matin, moi quand je l'entends rentrer à 8h le matin en plein froid,
06:02 il est enmitouflé dans son sac de couchage, mais moi ça me fait mal.
06:08 - Merci Catherine pour votre appel de Belfort, vous habitez donc du côté de la rue Jean-Rosetan.
06:12 Monsieur Frommond, c'est la secteure que vous connaissez, vous connaissez peut-être cette personne ?
06:17 - Alors je ne vais pas vous dire oui, franchement ce n'est pas moi qui ai fait la marronne,
06:20 donc je ne peux pas vous dire si j'en la connais, en tout cas je prends note de l'adresse,
06:23 parce qu'effectivement ce soir on y retournera, on y passera.
06:27 Il faut savoir que le plan Grand Front est déclenché jusqu'à la fin de la semaine,
06:30 donc je remercie cette auditrice de nous indiquer cette adresse et cette personne,
06:33 on prendra un soin particulier à aller la rencontrer ce soir.
06:36 - Merci beaucoup Catherine pour votre appel, merci beaucoup également vous Lionel Frommond
06:40 d'être venu ce matin après avoir passé une nuit dehors à la recherche de SDF
06:46 pour les épauler, pour les aider au quotidien.
06:47 Merci pour votre venue ce matin dans le studio, il est 7h50.

Recommandations