• il y a 11 mois
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

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Transcription
00:00 On vous emmène dans l'espace, on va parler d'une autre pollution, la pollution spatiale avec le général Michel Friedling.
00:07 Merci, vous êtes ancien pilote de chasse et vous avez cofondé l'entreprise Look Up Space.
00:13 Vous dites que nos satellites sont en danger parce que votre métier c'est de traquer les débris dans l'espace.
00:19 Oui, c'est la mission de Look Up Space, la société que j'ai cofondée avec un expert du domaine qui est Juan Carlos Dolado,
00:27 le chef du service de surveillance de l'espace du CNES. Notre mission c'est de rendre l'espace plus sûr et plus durable.
00:32 Plus sûr parce qu'il n'est pas aujourd'hui, il n'est pas sûr, et plus durable parce qu'au rythme où vont les choses, il ne le saura pas demain.
00:39 Il y a une véritable pollution, c'est-à-dire une menace qui vient de l'espace avec ces débris qui peuvent entrer en collision avec des satellites.
00:45 Oui, il y a des débris très nombreux et qui vont l'être de plus en plus, qui résultent de l'activité spatiale depuis 60 ans,
00:52 qui résultent aussi d'accidents ou d'événements malheureux comme les tirs de missiles anti-satellites russes et chinois notamment.
00:58 Mais il y a aussi l'apparition de menaces, c'est ce que je décris d'ailleurs dans un livre que je viens de publier.
01:03 Le commandant de l'espace, vous expliquez d'ailleurs que la menace vient et viendra de l'espace.
01:08 D'ailleurs on le voit, on vient d'apprendre qu'il y a six objets mystérieux qui ont été lâchés par un vaisseau spatial chinois.
01:14 Et c'est votre système qui l'a traqué ?
01:16 Alors nous avons, chez LucasSpace, nous déployons, nous développons un radar qui va être capable de détecter les objets dans l'espace
01:23 et nous allons déployer un certain nombre de radars tout autour de la planète pour de manière à suivre en permanence tous les objets qui sont dans l'espace.
01:30 C'est-à-dire des centaines de milliers d'objets de quelques centimètres et plus.
01:33 Et nous allons rapatrier toutes ces données, c'est-à-dire des quantités extraordinaires de données,
01:37 sur une plateforme qui est capable de les fusionner en y ajoutant des données issues d'autres capteurs.
01:42 Ce que nous avons, ce que vous avez vu à l'écran et que peut-être on peut remettre,
01:46 c'est la trace aujourd'hui de cet avion spatial chinois qui est un avion assez mystérieux,
01:52 qui a été mis en orbite il y a quelques jours, le 14 décembre dernier, donc c'est vraiment tout récent,
01:58 et qui à peine quelques heures après a largué dans l'espace cinq objets.
02:02 Alors nous on en voit cinq, d'autres observateurs disent il y en a six.
02:05 Ça peut être quoi ?
02:07 Toutes les hypothèses sont ouvertes, en tout cas c'est une expérimentation, c'est un objet.
02:12 Alors les Chinois disent que c'est une expérimentation scientifique, ça a des applications militaires possibles.
02:17 On ne sait pas ce que sont ces objets, ce qui est sûr c'est que nous,
02:21 avec les données que nous récoltons et que nous fusionnons avec notre plateforme digital Synapse,
02:25 on est capable de dire en permanence à quel endroit ils sont, à quelle altitude et quelle zone ils vont survoler.
02:29 Mais alors j'aimerais savoir comment ça marche votre société,
02:32 vous développez en fait des technologies avec des partenaires industriels de renom ?
02:37 Oui parce que vous imaginez que développer un radar qui va détecter des objets très petits dans l'espace,
02:42 c'est quand même quelque chose de très compliqué, c'est un vrai challenge technologique.
02:46 D'ailleurs on est soutenu par l'État qui, au titre de France 2030,
02:51 subventionne en partie le développement de ce radar.
02:54 Et derrière nous on a 15 sociétés industrielles ou centres de recherche français.
03:00 C'est 15 sociétés plus nous et c'est 200 personnes qui travaillent à temps plein quasiment sur le développement de ce radar.
03:05 Donc ce radar permet de détecter mais après il faudra aller nettoyer, comment ça va se passer ?
03:09 Alors nettoyer dans un premier temps ça ne sera pas notre métier,
03:12 dans les cinq années qui viennent on se donne pour objectif de déployer ce réseau mondial de radars.
03:17 On a un avantage stratégique considérable en France qui est de disposer de territoires ultramarins.
03:22 Donc on va déployer ce radar en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie, en Guyane, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à La Réunion
03:29 et en France métropolitaine bien sûr.
03:31 Et avec ça on aura un réseau mondial de radars qui permettra de détecter les objets en orbite à chaque orbite,
03:36 c'est-à-dire toutes les 90 minutes.
03:38 Donc votre rôle ce sera de vendre ces radars ?
03:41 Non, les radars seront à nous, le réseau sera à nous, les données qui sortiront de ce radar pourront être vendues,
03:47 ainsi que les services que l'on va proposer aux opérateurs satellitaires.
03:51 Vous savez par exemple vous-même vous pouvez très bien demain avoir un satellite en orbite
03:55 et on vous préviendra s'il y a un risque de collision et on vous dira quelle manœuvre effectuer pour éviter cette collision.
04:00 Et qui payera l'opération ?
04:02 Les opérateurs privés, les opérateurs de constellation,
04:05 parce qu'aujourd'hui vous savez qu'il y a 10 000 satellites en orbite actifs dont la moitié appartiennent à un seul homme, Elon Musk,
04:10 dans 10 ans vous en aurez à peu près 100 000.
04:13 Donc les opérateurs de satellite qui auront besoin de services très précis sur mesure pour assurer la sécurité de leurs satellites en orbite
04:19 et puis aussi les gouvernements, les agents spatials, les régulateurs qui auront besoin de savoir exactement ce qui se passe dans l'espace
04:26 et d'assurer la sécurité de l'ensemble des opérations spatiales en orbite.
04:30 Dans tous ces objets, est-ce qu'il y a des ovnis ?
04:32 Puisqu'on sait que ça revient à la une de l'actualité, des objets volants non identifiés.
04:37 Oui, ça revient à l'une de l'actualité.
04:40 Nous verrons si nos radars détectent des objets non identifiés, en tout cas non répertoriés, non catalogués.
04:45 Ils en détecteront certainement. Maintenant, ça ne veut pas dire que ce sont des objets martiens ou extraterrestres.
04:52 Mais vous y croyez quand même, c'est important de votre part. On ne s'en souvient pas, ce n'est pas une plaisanterie.
04:58 Non, je ne demande qu'à voir. Ce qui est certain, c'est que dans mes fonctions précédentes en tant que commandant de l'espace,
05:04 je n'ai jamais été confronté à ce phénomène-là. Il ne m'a jamais été reporté de phénomène de ce type-là.
05:09 Contrairement aux Américains qui ont vu, certains pilotes ont vu des objets volants.
05:12 Mais il y a d'ailleurs un groupe étatique qui s'appelle le GEPAN qui étudie ces phénomènes et qui se réunit régulièrement.
05:17 Mais en quatre années de fonction à la tête du commandant de l'espace, je n'ai pas eu de cas particulier à examiner.
05:24 Et vous, l'ancien pilote de chasse, qu'est-ce qui vous a motivé à créer cette entreprise ?
05:29 Alors, pilote de chasse, évidemment, c'était mon métier premier et ma spécialité.
05:34 Mais enfin, j'étais avant tout officier et j'étais cadre dirigeant au sein du ministère des armées.
05:38 Je pense que j'ai finalement un ADN et une âme d'entrepreneur. J'aime construire, j'aime développer.
05:43 Donc aujourd'hui, on a une entreprise qui est jeune, certes, mais qui a déjà une trentaine de salariés,
05:48 qui va encore embaucher une dizaine de salariés, qui a une ambition mondiale avec la capacité à vendre des services à l'ensemble des opérateurs satellitaires.
05:57 C'est ça qui me motive aujourd'hui, c'est développer et être utile parce que je pense que cette société sera utile,
06:02 encore une fois, à un espace sûr et durable.
06:05 Voilà, merci beaucoup. En tout cas, on rappelle votre livre "Commandant de l'espace" qui vient de paraître.
06:10 Merci beaucoup, Général Friedling. Restez avec nous sur CNews.
06:14 [Musique]
06:19 [SILENCE]

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